Et vous, qu'en pensez-vous ?

Vaniléa d’Isigny était allongée dans un lit d’hôpital, son corps mince et fragile enveloppé dans des draps soyeux. Ses beaux cheveux blonds encadraient son corps et venaient rouler sur le lit. La chambre était baignée d’une lumière douce et tamisée, filtrée par les rideaux tirés, créant une atmosphère calme et sereine. Pourtant, à l’intérieur de son esprit, la tempête faisait rage. Elle fixait le plafond, son regard incroyablement bleu perdu dans les motifs abstraits des carreaux. Les souvenirs des derniers jours affluaient, une marée d’images et de sensations douloureuses, ses poings se serrèrent.

Elle se souvenait du moment où elle avait ouvert les yeux pour la première fois, sentant l’air remplir ses poumons de manière aussi brutale qu’une gifle. L’air qui auparavant n’était qu’une donnée à analyser était devenu une sensation invasive, brûlante, dangereuse. Le moindre contact était une torture. La texture du drap contre sa peau nue était insupportablement rugueuse, chaque pli, chaque fibre semblant l’écorcher vive. Ses doigts avaient tremblé en tentant de saisir un verre d’eau, le froid du verre lui envoyant des éclats de douleur jusqu’à son cerveau. Et ces exemples n’en étaient que quelques uns parmi tant d’autres. Vaniléa tourna lentement la tête, regardant les machines qui entouraient son lit, des moniteurs affichant ses signes vitaux, des perfusions administrant des fluides essentiels. Les bip réguliers des appareils lui rappelaient de manière cruelle la froideur mécanique de son existence passée. Elle avait été un Pacifista, une machine implacable, parfaite.

Maintenant, elle était une pauvre humaine, submergée par un torrent de sensations et d’émotions qu’elle n’avait jamais connues. Elle passa une main tremblante sur son visage, sentant la douceur de sa propre peau. La douleur s’était atténuée, mais les souvenirs de cette souffrance initiale restaient vifs. Chaque souffle était un rappel de sa nouvelle réalité. Elle se souvenait des nuits sans sommeil, tourmentée par des cauchemars et des hallucinations. La confusion, la peur, l’angoisse. Les moments où elle avait hurlé, suppliant qu’on mette fin à cette agonie insupportable. Elle avait été forte, invincible, une arme. Maintenant, elle se sentait faible, vulnérable, perdue. Les jours et les nuits s’étaient confondus dans un tourbillon de souffrance et de désespoir. Elle ferma les yeux, tentant de repousser les larmes qui menaçaient de couler. Ambroise Charlotte lui avait rendu la vie, mais à quel prix ?

Toc Toc
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Entrant sans annonce, une femme blonde le nez dans la paperasse pénétre dans la chambre suivi de près par un medecin en blouze blanche. Leur conversation est déjà bien entamée.

“... et c’est pour ses états de service que j’ai décidé de transférer la conscience d’INDRA.
-Vous prévoyez donc de sauver un atout pour la Marine.
-En plus, d’avoir réalisé la première transplantation d’une conscience de pacifista sur un être vivant sans le Ope Ope no mi.
-Déroutant…

Arrivé devant le lit du sujet, la femme à la malette noir et la robe à la mode de Saint-Uréa lève les yeux.

Oh tiens, vous êtes réveillé? Je me présente Agent Tarentule du Cipher Pol numéro 4, chargée des affaires de la Marine et affiliés. Votre soi-disant sauveur Ambroise Charcotte est parmi nous.
-Soi-disant? Vous avez le résultat en face, mademoiselle.”


Elle toise un instant le visage de ce petit bout de femme en ignorant la remarque du médecin général.

Nous savons bien que vous devez traverser une grande confusion. Je prendrais mon temps pour vous donner quelques repères pendant que votre bienfaiteur vous examine.

A peine sa phrase terminée, Ambroise s'approche du chevet de la patiente pour examiner son degré de consciences à travers des tests basiques. A croire qu’il n’attendait que cela. L’agent Tarentule, quant à elle, place un siège non loin pour s’y installer en croisant les jambes avec une certaine nonchalance.

INDRA, vous avez été un pacifista ayant sacrément dérouillé dans votre carrière. On peut néanmoins supputer que le risque vous à value des louanges. Aujourd’hui, INDRA n’est plus. Votre ancien corps est certainement au fond d’une décharge. Accueillez donc cette nouvelle naissance…
-Je parlerais plus d’éveil ou de puberté, comme comparatif.
-Soit, peu importe. Officiellement, vous n’êtes plus INDRA. Votre nom est Vaniléa d’Isigny, marine dont l’état de service lui permettait de parcourir le Nouveau Monde pour défendre le Gouvernement Mondial. Sa famille est issue de la noblesse de Goa. D'autres détails vous seront donnés en fonction du déroulement de nos contrôles.
-Mon travail est excellent. Ces tests de conscience et de réflexe sont très bon. Cette greffe est une réussite absolue.
-Evitez de trop vous enorgueillir de cette prouesse. Vous avez dévié le cadre légal pour cette folie.
-Cela n’en reste pas moins un miracle.
-Si vous pensez que le Gouvernement mondial vous rétribuera à la hauteur de vos résultats, vous vous fourrez le doigt dans l'œil jusqu’au coude. Mais, cessons de tergiverser, mon cher Docteur. Le centre de notre attention devrait être cette nouvelle chimère.

Le docteur s'agace, mais la jeune femme ne semble sans soucier. Armée d’un simple calepin, malgré son air blasé, elle témoigne d’une rigueur dans sa tâche ici. Il tient à elle de juger si cette expérience est véritablement apte à être déployée ou représente un danger et une instabilité pour les rangs du Gouvernement. La blonde commence avec une question simple pour souder si elle parle toujours à une machine ou à un véritable nouvel humain.

Comment vous sentez-vous?
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“ - Comment vous sentez-vous ? “

La jeune femme qui lui faisait face semblait vouloir aller droit au but, mais cela ne dérangeait pas IND… Vaniléa. Son cœur se serra à la mention de son corps de Pacifista à la décharge. Était-ce un premier test ?

“ - Je… “

Alors qu’elle allait expliquer à l’agent Tarentule toute l’horreur de sa situation, elle croisa le regard d’Ambroise. Ce dernier semblait attendre une réponse bien précise qui n’était évidemment pas celle qu’elle aurait donnée. Elle n’était pour lui qu’une expérience, un marchepied vers une reconnaissance scientifique. Que se passerait-il s’il venait à être déçu ? Allait-il l'éliminer pour recommencer ? Elle venait à peine d’ouvrir les yeux, il était hors de question de les refermer.

“ - Je suppose que pour quelqu’un dans ma condition… Je me porte plutôt bien. “

La jeune femme retint un haut-le-cœur en sentant le parfum du scientifique à ses côtés. Si elle s’habituait petit à petit au toucher et à la vue, l’odorat et le goût étaient encore des sens qui perturbaient complètement son organisme. Elle essaya alors de se concentrer sur les paroles de l’agent qui lui faisait face.

“ - Vous avez parlé de la noblesse de Goa ? Je suis désolée mais je n’ai presque aucun souvenir de ce corps. J’ai bien quelques bribes, mais tout est très flou. “

Devait-elle jouer sur l’importance de son sang pour s’assurer une tranquillité ? Elle aurait dû y penser avant de répondre… Mais quelque chose lui disait que cet argument n’aurait pas pris. Elle se sentait observée, disséquée et analysée sous toutes les coutures. Dans cette situation, rien de mieux que de donner un peu de vrai pour détourner l’attention.

“ - Pour être honnête, je ne me sens ni Vaniléa, ni INDRA. Les souvenirs se mélangent, c’est comme si j’avais gardé un peu de chaque. “

Rien de mieux qu’un supplément “honnêteté” pour inspirer confiance. Il ne lui reste alors plus qu’à enfoncer le clou.

“ - Et bien évidemment j’ai hâte de prendre… ou reprendre ?... du service. Servir la Marine c’est toute ma… mes… vies. “

Elle leur sourit, fière d’elle, elle n’avait presque pas menti !
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L'agent Tarentule plisse les yeux au discours de cette femme. Cela lui confirme bien qu'une nouvelle personne est né de l'expérience de ce savant. La blonde se demande si l'esprit dérangé et pervers n'est pas un critère de sélection dans la scientifique. Probablement est-elle mal placée pour se plaindre au vu des critères de sélection de sa propre Institution. Elle laisse un silence en observant le regard fier d'Ambroise. Le créateur et sa création. Dans combien de contes ce genre d'histoire finit mal? Bien trop. Il y a une époque l'agent Tarentule n'aurait pas remis en cause les volontés d'une personne à redevenir de la chair à canon pour la Marine. Mais, aujourd'hui, une certaine clémence des derniers jours dans son service lui prend. Après tout, à quoi bon donner ce que l'on nous rend pas. Cette agente devoué a perdu tout le respect qu'elle a pu avoir pour le Gouvernement. Griffonnant quelques lignes, elle ferme son dossier en interpellant le médecin.

Mon cher Docteur, avez vous terminé vos contrôles de pacotille ?
-Votre ton me déplaît.
-Cela tombe bien, le Cipher Pol m'a certainement envoyé pour vous agacer. Il n'est pas bon de toucher l'ego des hautes instances. Dans les couloirs, on se demande si vous prenez pas pour Végapunk avant l'heure.
-Je fais ce qui bon pour le camp de l'ordre.
-Oui, oui. On connaît. Votre hôpital a été brulé par des Pirates que vous avez accueilli, bla, bla, bla. Finalement, vous ne cherchez que la repentance de votre propre faiblesse. Cette créature ne vous offrira pas le salut que vous désirez.
-Vous pensez tout savoir sur moi. L'orgueil des CP n'a aucun limite.
-Oh ! Détrompez-vous. J'ai bien conscience d'être remplaçable. Mais vous l'êtes tout autant, mon cher.


Elle sort de sa malette un parapluie. D'un seul geste, elle décroche la poignée révélant lentement une lame. Le médecin fronce les sourcils, méfiant. Sentant le danger, il se pose en retrait les mains dans ses poches. Sa posture témoigne d'une certaine défiance.

“On ne vous enverrai jamais me tuer.
-Et pourquoi pas?
-Ne faites pas ce que vous regretterez.
-Regardez vous. Coincé dans votre petit monde, centré sur vous même, vous n'avez même pas conscience les bavures que vous compères peuvent traîner. L'un de vos homologues créent des armes biologiques obscurs, un autre abuse du Ope Ope no mi pour créer des immondices, le suivant n'est qu'un psychopathe qui en cherche d'autre. Finalement, au milieu de tous cela, vous vous pensez indispensable ?
-Mon domaine d'action est totalement différent !
-Mais bien sûr. Des prothèses de cyborg et de la chirurgie, personne ne fait cela de nos jours.
-Je suis le meilleur dans le domaine.
-Je vous en prie. Vous êtes fatiguante. Dois je vous faire taire dès à présent?


Sortant sa fine lame, elle la contemple avec une certaine douceur.

“J'offre mon travail tout entier à la Cause du Gouvernement ! Je n'ai jamais menti sur mon dévouement à éradiqué la Piraterie sur la surface de notre planète. Pourquoi voudrait-il m’eliminer?
-Comment pouvez-vous encore croire que notre Grandiose et Sérénissime Gouvernement veuille eradiquer la Piraterie ? Un Empereur qui meurt par ci, un marin qui devient Empereur par là. Il n'en a absolument que faire. Il n'agit véritablement que lorsque qu'il se sent offenser. Et vous comprendrez rapidement que ce colosse se vexe très vite.


Soudain, l'agent Tarentule disparaît de son siege en un clin d'œil. Sa maîtrise du Soru lui permet de réaliser cette prouesse même en position assise. Ambroise se met en alerte. Ses mains sortent de ses poches. Des scalpels sortent de son bras mécanique tandis qu'il se tourne cherchant du regard l'agent du CP.

Ce jeu était bien plus drôle à l'époque.


Le médecin venait de faire un tour complet, lorsqu'il trouve la blonde assise à la même place. Elle range délicatement sa lame avec un regard nonchalant.

Voir des visages en proie au doute ne met fait plus rien. Je suis vraiment fini. Bref, tout cela pour vous dire que vous êtes sur la celette. Personne ne voit d'intérêt de transformer un Pacifista contrôlé à un être capable de trahir comme l'homme. Au contraire, n'est-ce pas une menace? Deguerpissez pour profiter de votre sursis.
-...vous êtes l'être le plus abjecte qu'il m'a été donné de rencontrer.
-Je ne vous retiens pas, mon cher Docteur. Laissez-moi finir rapidement mon travail avec votre patiente.


Ambroise sert son poing avant de tourner les talons sans un mot. Un dernier regard haineux par dessus l'épaule et, celui-ci claque la porte. L'agent Tarentule s'interesse à nouveau à Vaniléa, témoin de toute la scène.

Perturbant n'est ce pas? Vous devez vous demander si nous sommes du même côté en fin de compte. Quoiqu'il en soit nous sommes enfin entre filles.

Capulina rouvre le dossier s'affalant sur son siège, deux doigts surportant sa tête par la tempe.

Vaniléa d'Isigny, voici votre histoire. Vous êtes né à Goa bien avant ses troubles politiques qui la pourrissent aujourd'hui. Votre famille est ruiné, mais il semblerait que leur salut se trouve dans leur adhésion dans le Gouverneur Mondiale. Une de vos cousines semblent bien réussir dans nos rangs. Je n'ai jamais eu le plaisir de la rencontrer. On m'a dit un jour que je lui inspirais la peur. Tant mieux, elle m'a l'air d'une pimbeche de loin, alors de près, cela risque d'être pire.


Elle lève les yeux un instant pour vérifier que cette femme suit toujours son discours.

Vous avez fait de bon service, jusqu'à ce jour. Malheureusement, lors d'une mission au nouveau monde pour rechercher certainement un truc dont tout le monde se fiche et qui ne mérite pas autant de risque, vous êtes revenus inconsciente.


La blonde fixe un instant Vaniléa en soupirant.

Ne me regardez pas comme cela, ma chère. Ce qui ne m'intéresse que très peu, je fais comme tout le monde. Je lis que les dialogues. De toute manière, ce n'est pas comme si l'on vous renvera dans une mission suicide. Ou alors faudra vous questionner sur la personne qui vous déteste dans les hautes sphères. Depuis le drame, en tout cas, votre père n'a de cesse de demander des nouvelles de votre état, malgré qu'il n'est fait aucune demarche pour prendre en charge des visites plus frequentes que ce que lui offre le Gouvernement mondial.


Capulina referme le dossier et se redresse pour s'approcher de cette patiente sans devier son regard blasé.

Néanmoins, ce n'est qu'une part de votre histoire. À présent, vous n'êtes ni Vaniléa, ni INDRA. Qui êtes vous donc? Je suppose que vous ne seriez me le dire. Ainsi vous n'êtes probablement pas moins sûr de votre dévouement pour quoique ce soit, car vous ne savez plus pourquoi vous vous battez. Vous n'êtes plus rien.


Elle plonge à nouveau sur son siège en reluquant ses ongles.

Sans votre identité, il n'y a pas de certitude. Pourquoi ne pas prendre le temps de vivre plutôt que de survivre dans un métier ingrat? Je vous propose une retraite anticipé, vous avez toutes les conditions pour. Vos deux anciens corps ont assez donné pour que vous puissiez en profiter tranquillement en civil. C'est une offre bien rare, si vous désirez un bon salaire, on peut même vous offrir un poste dans les gourvernorats. À prendre ou à laisser, ma chère.


Qu'elle accepte ou refuse, cela ne chandera pas la vie maussade de l'agent Tarentule pour autant. À quoi bon faire le mal à ce niveau. Faire une fleur au moins une fois dans sa carrière ne changera rien à sa finalité.
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Vaniléa agrippa les draps dans ses mains, que venait-il se de passer ? Ambroise et Tarentule n'étaient-ils pas censés être dans la même équipe ? Cette agente du Cipher Pol était insaisissable, une réelle énigme. Face au danger que cette blonde représentait, son cœur s'emballa. Un sifflement retentit dans ses oreilles et ses mains moites lâchèrent le tissu qu'elles tenaient. Elle était désormais seul, ne pouvant compter que sur elle-même.

“ - Néanmoins, ce n'est qu'une part de votre histoire. À présent, vous n'êtes ni Vaniléa, ni INDRA. Qui êtes vous donc? Je suppose que vous ne seriez me le dire. Ainsi vous n'êtes probablement pas moins sûr de votre dévouement pour quoique ce soit, car vous ne savez plus pourquoi vous vous battez. Vous n'êtes plus rien. ”

Reprenant difficilement ses esprits, Vaniléa tenta de raccrocher les wagons et écouter attentivement cette femme qui pouvait se révéler être un danger mortel.

" - Euh... C'est-à-dire que ... "

La jeune femme se gifla mentalement, il fallait qu'elle se reprenne, et vite. L'agent Tarentule s'était montrée patiente jusqu'à présent, mais qui sait si cela allait durer.

" - Ambroise m'a nommée Adaptation Unique de Bio-Echange (A.U.B.E). Je ne sais pas encore comment je dois me considérer, mais c'est un prénom que j'apprécie. Aube...

La patiente se perdit quelques secondes dans ses pensées avant de revenir au présent, ses yeux bleus se posant sur celle qui lui faisait face. La proposition de l'agent était généreuse, étrange, déroutante. Lui était-il réellement possible de ne pas s'engager ? Était-ce un choix véritable ou un énième test ?

" - Vous êtes sérieuse ? "

La femme blonde lui semblait sincère mais elle ne pouvait pas complètement lui faire confiance. Si Ambroise n'avait pas pu lui tenir tête, ce n'était sûrement pas dans cet état qu'elle le pourrait. Consciente de sa faiblesse, elle n'avait pas d'autre choix que de se montrer honnête, et croiser les doigts pour que l'agent reste dans cette bonne disposition.

" - Je ne sais pas quoi vous dire... Je suppose que c'est une offre très généreuse, mais êtes vous réellement en capacité de me l'accorder ? Je doute qu'Ambroise ou les autres scientifiques me laissent partir librement sur les mers. A vrai dire... Si je ne finis pas en pièce exposée dans un musée j'aurais déjà de la chance.

La jeune femme frissonna à cette idée.

" - Je n'y avais pas réfléchi jusqu'à présent, mais je pense qu'au fond, si je souhaite reprendre du service c'est pour m'assurer un minimum de liberté, tout en restant dans le girond des scientifiques de Nursery en cas de besoin. "

Ces questions la poussait à réfléchir, à se creuser davantage les méninges. Des réponses superficielles ne suffiraient certainement pas à convaincre cet agent.

" - De plus, depuis que je suis réveillée, je me sens attirée vers la Marine. Ce n'est pas un choix de ma part, c'est une évidence, comme quelque chose de naturel. C'est peut-être des restes de mon passé de Pacifista, mais je sens que ma place se trouve dans cette institution. Si place il y a... "
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Le regard de l'agent Tarentule reste perplexe devant le discours de cette femme.

Hum. J'ai du mal à être convaincu par vos mots. Tout ce que vous dites transpire la confusion.


Roulant des yeux en abordant le nouveau nom de la patiente, l'agente agite sa main comme pour balayer l'affirmation.

Aube n'est qu'un nom rassurant qui décrit l'expérience qui vous à permis de voir le jour. Mais cela ne révèle rien sur vous. Je ne me définis pas par le moyen dont ma mère m'a mise au monde. Votre niaiserie me donne envie de vomir. De toute manière, vous ne pouvez changer de nom. Votre corps a une famille et une histoire qu'il faut que vous appreniez à connaître et accepter.


Son expression laisse transparaître de l'agacement. Cette femme émane en elle la docilité et la faiblesse de caractère. Elle n'a pas connu Vaniléa avant le comas, mais Capulina peine à croire qu'elle aurait pu être officière avec cette mentalité. Il ne sert plus à rien de rechercher l'ancien esprit de ce corps. Le nouveau devra s'adapter.

Cessez donc de me parler de ce que feront les autres médecins. Vous n'êtes plus une machine. Vous avez libre arbitre de choisir entre la soumission et la liberté. Si jamais un médecin vous traque illégalement, votre statut de vétéran vous protégera. Il sera plus intéressant pour Ambroise de réitérer l'expérience plutôt que de vous chercher au risque de tout perdre. Ne m'avez vous pas entendu? Nous sommes tous remplaçables.


L'agent Tarentule soupire un instant. Son visage redevient impassible.

En réalité, ce que j'entends de votre bouche se résume par une simple phrase. Vous ne connaissez rien d'autre que la Marine et vous avez peur de ne plus avoir de cadres pour vous guider… ou vous contenir.


Ses yeux se perdent dans les airs pour mobiliser un de ses souvenirs.

Certains disent qu'un Marine qui n'a pas choisi profondément de servir l'ordre et la justice n'est qu'un esclave-soldat sans passion, ni âme. Sûrement que pour eux, il y a un salut dans l'engagement. Maintenant que vous avez un cœur, il serait probablement temps d'apprendre à le comprendre avant de l'abandonner.


La blonde se met à nouveau à fixer Vaniléa. Sa voix est un peu plus grave avant de se relever de son siège.

Je réitère une dernière fois ma proposition. Prenez tout le temps d'y réfléchir. Une fois bien décidé, vous pouvez me rejoindre dans la Maternelle. Il est divertissant de prendre le thé devant des Pacifistas luttant pour leur survie.


Capulina range rapidement ses notes et son dossier dans sa mallette noire. Elle progresse vers la sortie tout en s'adressant à cette dame alitée.

Sur ce, je vous laisse avec vous-même. Je m'assurerai à ce qui personne ne vous dérange pendant vos réflexions. Reposez vous bien, ma chère Vava.


Après avoir attribué son surnom, la blonde ouvre la porte pour la claquer derrière elle. Le silence envahit à nouveau la pièce lorsque le bruit des talons s'atténuent à mesure que les pas de l'agent Tarentule s'éloigne.
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Convaincre quelqu'un alors qu'elle-même était incertaine était cause perdue. La jeune femme venait à peine de prendre conscience, à peine de goûter à la vie, et déjà on lui demandait de choisir une voie, de tracer son propre chemin.

Tic tac, tic tac...

La vieille horloge indiquait 23h57.

Il se faisait tard mais la jeune femme ne parvenait pas à trouver le sommeil. Comme promis elle n'avait pas été dérangée, même pour le souper. De toute façon elle n'aurait pas été en capacité d'ingérer quoi que ce soit. Elle était encore nourrie par sonde, et ce pour encore quelques jours selon Ambroise. Ambroise... L'agent Tarentule lui avait assuré que son statut de vétéran la protégerait, et elle en était maintenant convaincue.

" - Hum... "

Elle n'avait plus besoin de se trouver des excuses pour s'engager de nouveau dans la Marine. La vérité, bien plus simple, était qu'elle était désormais libre. Mais pourquoi cette liberté, si précieuse, pesait-elle soudain si lourd ? Pourquoi le simple fait de choisir sa voie semblait-il plus complexe que de suivre un ordre ? Chaque souvenir, qu'il soit d'INDRA ou de Vaniléa, était profondément enraciné dans la vie militaire. Les missions, les camarades, les faits d'armes, les batailles... tout semblait graviter autour de cette institution.

La jeune femme ferma les yeux, cherchant à s'ancrer dans ses souvenirs, tentant de se les approprier. La plupart restaient flous, comme de faibles échos, des souvenirs d'un film qu'elle aurait vu il y a des années. Malgré tout, elle revoyait des visages, des hommes, des femmes, des vieillards, souriants, reconnaissants d’avoir été secourus. Le sentiment de fierté, celui de servir une cause plus grande qu'elle-même la fit sourire. C'était aussi ça la Marine. Pourtant, chaque souvenir apportait avec lui une part d'amertume, un poids qui la tiraillait. Il y avait les victoires, mais aussi les pertes, les sacrifices, les victimes. Elle se souvenait des nuits sans sommeil, des blessures laissées par les batailles, des regards vides des camarades tombés. C'était une vie dure, impitoyable, ingrate comme l'avait si bien soulignée Capulina.

Elle rouvrit les yeux, fixant le plafond de sa chambre. Le dilemme continuait de la hanter.

La jeune femme se redressa lentement, s'agrippant au fauteuil roulant à côté du lit avant de s'y glisser avec précaution. Ses mouvements étaient encore mal assurés, mais elle s'efforçait de retrouver un semblant de contrôle. Elle roula doucement vers la porte de sa chambre et l'ouvrit d'une main tremblante. L’horloge indiquait 00h54 lorsqu'elle se décida enfin à quitter la pièce. Les couloirs de Nursery étaient plongés dans l'obscurité, les lumières éteintes enveloppant le bâtiment d'une ambiance presque irréelle. Seul le grincement des roues se faisaient entendre. Guidée par les souvenirs d’INDRA, la jeune femme trouva sans difficulté le chemin vers la Maternelle. Ce bâtiment, qu’elle connaissait bien sans jamais l’avoir véritablement visité, était le cœur de la certification des Pacifistas. C'était ici que les machines du Gouvernement mondial étaient rigoureusement testées, approuvées, ou renvoyées pour correction. Chaque salle du complexe reconstituait un environnement différent : les dunes brûlantes d'Alabasta, les eaux troubles des mers de Wano, jusqu'aux agglomérations grouillantes de Parisse. L’objectif était de voir comment chaque Pacifista interagissait avec son environnement afin de déceler d’éventuels dysfonctionnements.

Elle roulait lentement à travers ces couloirs familiers, écoutant les murmures fantomatiques de souvenirs d'une vie antérieure, alors qu'elle approchait de la Maternelle, le lieu où elle-même avait jadis été testée, sans jamais vraiment comprendre ce qu'était la vie. Et maintenant, tout était différent.

" - Identification... "

Un Pacifista imposant se trouvait devant la porte du hangar.

" - Patiente Vaniléa d'Isigny. Accès autorisé. Attendue en salle Boréa. "

La salle enneigée ? Un éclair blanc la frappa, c'était là-bas qu'INDRA avait passé son test de certification. L'agent Tarentule était décidément pleine de ressources.
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Habillée dans une robe polaire, des collants chauds, des bottes et un manteau, l'agent Tarentule est installé sur un fauteuil devant un feu de camp. Une tasse à la main, elle semble profiter de sa boisson chaude en silence. À côté d'elle,  des objets sont couvert de grandes bâches pour les protéger de la neige. Capulina est seule au milieu de cette gigantesque salle climatique parsemée de colines de neiges. Seul le vent et le brouillard artificielle accompagnent la douce lueur de son camp. Affalée sur son siège, elle incliné simplement la tête lorsque Vaniléa se présente enfin.

Déjà ? J'ai eu le temps de faire qu'une seule grosse sieste. Moi qui comptais me prélasser ici encore quelques jours. Il faut croire que la nostalgie de mes nuits froides à Boréa attendra. Installez-vous, ma chère. Quelle heure est-il? J'ai déjà perdu la notion du temps dans cette salle.


La blonde au bonnet sirote son thé chaud entre ses gants de velours. Elle semble étrangement savoir se détendre dans les pires conditions. Capulina patiente que la nouvelle venue prenne place sur le siège en face, sur lequel est déposée une chaude couverture.

J'avais même préparé de quoi m'occuper pour le séjour. Ce sont des instruments. L'un d'eux, j'ai pu en apprendre dans mon enfance, l'autre, je m'y suis mise récemment mais mon niveau est correct. Dites-moi, Vava, que préfèrez-vous entre le son du violoncelle et celui d'une guitare électrique?


L'agent Tarentule semble prendre des sujets totalement annexe plus à cœur que ses objectifs d'inspection. Peut-être car il n'y a plus besoin d'avoir le moindre zèle dans son métier. Mais elle ne peut retarder l'échéance éternellement.

J'imagine que vous n'êtes pas venu pour discuter musique. Avez-vous donc fait votre choix ?
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La salle Boréa était d'un réalisme incroyable. Elle ressemblait à un fragment d'île que l'on avait arraché. Le froid y régnait en maître, mordant, si intense qu'il semblait pouvoir geler jusqu'à la moelle. Sous les pieds, la neige crissait, une épaisse couche de poudreuse d'un blanc immaculé, étendue à perte de vue. Elle laissait derrière soi des empreintes profondes qui s'effaçaient presque aussitôt à cause des bourrasques glaciales. Ces dernières se produisaient à intervalles réguliers, rare témoignage de l'artificialité de l'endroit. Pour se repérer et ne pas se perdre, la Marine avait installé d'immense panneaux lumineux sous la neige, indiquant par des flèches géantes les différentes sorties. De part et d'autre, des pics rocheux s'élevaient, leurs flancs abrupts couverts de glace scintillante. Les parois de la salle étaient dissimulées derrière ces montagnes artificielles, sculptées pour créer l'illusion d'une vallée coincée entre des sommets imposants. Le vent s'engouffrait dans les crevasses, hurlant comme une bête affamée. Le ciel artificiel était peint en un gris menaçant. Au centre de ce décor immaculé se trouvait l'Agent Tarentule, visiblement à son aise.

" - J'ai toujours pensé que les araignées étaient sensibles au froid. "

Loin de sembler en souffrir, la jeune femme paraissait confortablement installée, presque déçue d'être déjà rejointe.

" - Il doit être environ 1h30 je pense ? J'ai perdu la notion du temps ces derniers jours.
- Ce sont des instruments. L'un d'eux, j'ai pu en apprendre dans mon enfance, l'autre, je m'y suis mise récemment mais mon niveau est correct. Dites-moi, Vava, que préférez-vous entre le son du violoncelle et celui d'une guitare électrique ? "

Vava ? Les joues froides de Vaniléa s'embrunirent légèrement.

" - J'avoue avoir un faible pour violoncelle. Sûrement des "restes" de mon passé au sein de la noblesse de Goa. Malgré tout je préfère encore davantage le saxophone. Après vous savez, les goûts et les couleurs... "

La jeune femme essaya de discerner les objets se trouvant sous les bâches, sans succès. Y avait-il des armes ? L'agent du Cipher Pol avait-elle emmené une pelle pour enterrer son corps dans la neige en cas de réponse négative ? Un frisson lui parcouru la nuque, et ce n'était pas dû au froid.

“ - J'imagine que vous n'êtes pas venu pour discuter musique. Avez-vous donc fait votre choix ?
- Oui. "

La jeune femme prit une grande inspiration, laissant l'air frais glisser de sa gorge jusqu'aux poumons. Sa respiration et ses battements de cœur ralentirent tandis qu'elle se préparait à donner sa réponse. Elle ne devait pas craindre Tarentule. Après tout, pourquoi aurait-elle amené des armes ? Vu ses agissements avec Ambroise, si elle désirait la tuer elle le pouvait aisément. Non, elle devait croire en sa bonne foi.

" - J'ai choisi de rejoindre à nouveau la Marine. "

Les mots étaient lâchés. Sortant de sa bouche comme les flocons tombant du faux ciel, elle ne pouvait plus revenir en arrière.

" - Mon choix est fait. "

Les yeux cristallins de l'Agent Tarentule ne cessaient de la fixer, lui donnant l'impression de devoir se justifier.

" - Grâce à vous je pourrais choisir de tout arrêter ici. Disparaître, mener une vie simple, loin de la Marine et des dangers du monde. N’être qu’une ombre parmi d’autres, sans autre ambition que de vivre en paix. Mais… Ce n'est pas ce que je souhaite. "

Plus elle parlait et plus la jeune femme était persuadé de ses dires. La neige et le froid n'y faisaient rien, elle se sentait pousser des ailes, sûre de d'elle pour la première fois depuis sa naissance dans ce nouveau corps. Elle parlait d'une voix forte, claire, audible.

" - Fermer les yeux sur le chaos, sur la souffrance que d'autres endurent ? Me contenter de regarder le monde brûler alors que je pourrais agir ? Laisser les pirates piller les pauvres gens ? Permettre aux Révolutionnaires de se servir du désespoir des peuples pour leur soif de sang ? Non. Je ne peux pas faire ça. Si je ne me bats pas pour les arrêter, qui le fera ? Ce n'est pas moi, je ne suis pas de ceux qui détournent le regard face à l'injustice. "

La mention des pirates et des révolutionnaires enflamma son être, elle ne pourrait supporter de poser le regard sur ces raclures.

" - Les pirates, les révolutionnaires… ils continueront à semer la destruction, à voler la paix d'honnêtes citoyens. Je sais que je ne suis qu'une arme pour le Gouvernement Mondial, un outil de plus dans leur arsenal. Mais peu importe. Soit je dois redevenir une arme, un soldat qui obéit aux ordres, et bien soit. J'ai été un Pacifista, j'ai survécu, j'y survivrai de nouveau. "

Était-ce de l'auto persuasion ? Peu importe.

" - Si je peux aider ne serait-ce qu'une seule personne, alors cela en vaudra la peine. Le monde a besoin de gens prêts à se dresser contre le chaos, et même si cela signifie sacrifier ma propre paix, alors ainsi soit-il. "

Elle ne subissait plus le regard de l'Agent Tarentule, elle le soutenait.

" - Je vais reprendre ma place dans la Marine, non pas pour la Gloire, mais pour défendre ceux qui n’ont personne. "

Les flocons avaient arrêté de tomber.

" - Je suis Aube d’Isigny, peu importe que vous trouviez mon nom cucul."
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Et c'est tout à votre honneur, Vaniléa d'Isigny.

Balayant en une phrase la résolution de cette femme, Capulina n'en a finalement rien à faire qu'elle choisisse un nouveau nom. Que cela complique les relations avec sa famille, que cela rende le GM ridicule, finalement ce sera pas la première, ni la dernière fois. Ils n'en font qu'à leur tête, alors elle aussi.

Bien, votre personnalité semble mieux se définir. Je n'ai pas à remettre en cause votre décision.


La blonde n'a rien compris aux aspirations de cette chimère. Trop niais pour qu'elle puisse l'appréhender, mais après tout, la finalité reste la même, de la chaire à canon pour des missions suicides inutiles. Chacun ses choix, au pire si on regrette, la voix de la trahison semble ouverte à tous pour devenir un grand pirate. Red le premier, qui sera le dernier? L'agent Tarentule se lève, pose sa tasse et empoigne les bâches pour le secouer un peu.

Il est temps que vous appreniez plus que mon simple nom de code. Ici, vous comprendrez pour quelles raisons je suis crainte et conspuée.


D'un coup, elle retire les bâches pour dévoiler les instruments de musique et les denden amplis. Sa main se pose sur le violoncelle.

Il me revient d'évaluer votre niveau en fonction de vos rangs précédents. Mais j'aimerais vous pousser vers vos derniers retranchements pour vous faire ressentir une chose intrinsèque à l'homme : l'instinct de survie.

L'agent Tarentule se positionne le violoncelle devant elle collé à son torse. Caressant les cordes, elle continue à s'adresser à Vaniléa sans un regard.

Si vous mourrez, c'est que finalement vous n'étiez pas prête. Si vous survivez, je vous laisserez l'honneur de mourir où bon vous semble pour une autre cause futile.

Capulina s'empare de l'arche pour frôler les cordes de son instrument.

Malgré tout, j'aime faire les choses de manière inovantes. Connaissez-vous la différence entre un malandrin banal et un parangon du machiavélisme ? Le sens du spectacle. Cette composition, ma chère, est en l'honneur de celle dont vous avez volé le corps,  dont vous tuez le souvenir et dont vous gâcherez la fin.


Dès les premières notes, les quelques collines de neige qui entourent l'agent Tarentule vibrent soudain. Des Pacifistas en phase s'élèvent de toute leur hauteur, désagrégeant les tas de neige. Leurs capteurs pointant vers la créature d'Ambroise, leurs pupilles deviennent rouges.

“Initialisation. Cible détectée : Vaniléa d'Isigny. “

Levant leurs bras, les premiers tirent de lasers sont envoyés. L'agent Tarentule dispose, en effet, d'une puce pour les contrôler et toute cette scène a été préparée par ses soins. Pourtant ses paupières fermées, un faible sourire transparaît sur un visage qui s'évade au rythme de sa musique et des explosions.
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Les yeux d'Aube s''écarquillèrent lorsqu'elle comprit, trop tard, ce qu'il se passait.

" - Vous plaisantez ?! "

Avant même qu'elle ait pu esquiver le moindre le geste, les rayons lasers s’abattaient déjà tout autour d'elle dans des gerbes de neiges fondues. L'Agent du Cipher Pol ne s'arrêta pas pour autant, jouant son morceau comme l'orchestre d'un ballet macabre. Une brume s'éleva, enfantée par la rencontre du froid et du chaud. Habituée à se repérer grâce à des prothèses oculaires de Pacifistas, la belle blonde fut déstabilisée, terrifiée.

" - Arrêtez-ça ! "

N'y avait-il pas de bonnes réponses ? Elle avait répondu sincèrement à ses questions, et pourtant elle était là, transie de froid, à devoir subir des tirs de Pacifistas. Aurait-elle dû mentir et accepter une vie simple, en dehors de la Marine et du Gouvernement Mondial ? À quel moment avait-elle échoué ?

" - Ordre de désactivation ! ID : 4528NUR-UUM-963210MLK-GDTER40 !
- Accès refusé.
- Merde ! »

Elle avait appris ce code lors de précédente mission, toutefois la sécurité de Nursery semblait avoir été réactive en le désactivant. Si la brume avait faiblie, c'était encore trop pour qu’elle puisse clairement discerner ces ennemis. Aube avait compté trois Pacifistas, elle espérait ne pas s'être trompée. De leur côté, dotés d'une vision thermique et nocturne, les automates ne semblaient pas gênés par le manque de visibilité. Les tirs se faisaient plus précis, manquant de toucher la jeune femme de plein fouet. Soulevant la couverture chauffante qui lui était destinée, elle sentit dans la doublure une lame qu'elle se dépêcha d'extraire. Visiblement, l'Agent Tarentule souhaitait la tester de façon plus équitable qu'annoncée.

" - Initialisation... "

L'un des Pacifistas était arrivé à sa hauteur. Par réflexe, avant d'imaginer le mouvement, Aube dessina un arc de cercle parfait qui se termina par la main du robot. Deux doigts tombèrent dans la neige. L'arme, tout à fait commune, se révéla d'une qualité suffisante pour mener un affrontement. Le combat semblait être comme le vélo, certaines choses ne s'oublient pas, ce corps en avait encore des souvenirs.

" - Calcul des dégâts... "

Pour avoir été l'une des leurs, Aube se servit de ses connaissances pour trouver une ouverture.

" - 1... "

Elle se plaça précipitamment sur son flanc droit.

" - 2..."  

Les autres Pacifistas avaient cessé leurs attaques, visiblement gêné par l'Agent Tarentule, qui continuait de jouer sans se soucier du chaos autour d'elle. La jeune femme saisit l'opportunité et fit en sorte de toujours la garder entre elle et ses adversaires pour manœuvrer avec plus de sécurité.

" - 3 ! "

Transperçant l'omoplate du Pacifista avec son sabre, elle sentit les mécanismes et les écrous se briser sous la lame, comme la chair tendre d'un avocat trop mûr. Elle avait trouvé le point faible qu'elle recherchait, un secret bien gardé, connu seulement de quelques scientifiques et des Pacifistas eux-mêmes. Dans un dernier soubresaut, son adversaire s'immobilisa, vaincu. Alors qu'elle tournait la tête vers les deux autres Pacifistas, un rayon laser la frappa de plein fouet. L'Agent Tarentule en avait visiblement assez de servir de bouclier humain. Pourtant, la mélodie continuait, insaisissable et persistante.

" - Aaah... Aaaaah... "

Il lui était impossible de vaincre trois Pacifistas seule, et l'Agent Tarentule devait bien s'en douter. Quel était donc le but de toute cette mascarade ? Elle lui avait parlé d'instinct de survie, mais à quoi cela lui servirait-il une fois morte ? Elle se trouvait dans une impasse.

CRAAAAAC

Levant les yeux au ciel, Aube aperçut un projectile blanc traverser les vitres du plafond avec fracas. Les éclats de verre se dispersèrent alors que l'étrange projectile fonçait droit sur elle.

" - KWAAAAK ! "

La jeune femme reconnut instantanément ce cri familier.

" - Nautile ! "

Un profond soulagement l’envahit à l’arrivée de son amie. Nautile, une mouette qui l'avait accompagnée durant de longues années, même lorsqu'elle se trouvait encore dans le corps d'un Pacifista. Elle l’avait sauvée lors d'une mission de routine, et depuis, la mouette ne l'avait jamais quittée. Pour Aube, Nautile était bien plus qu’un simple animal, elle la considérait comme un membre de sa famille. Sentant son amie en danger, la mouette s'était précipitée à sa rescousse. Sans perdre un instant, et profitant du fait que les Pacifistas n'avaient reçu aucun ordre la concernant, Nautile cracha un étrange liquide visqueux sur l'un des deux Pacifistas. Recouvert de cette substance collante, le Pacifista glissa, incapable de retrouver son équilibre.

" - De la sève de Yarukiman... "

Chutant lourdement dans la neige, la sève, habituellement utilisée pour les revêtements de navires, enferma le Pacifista dans une bulle qui, en dévalant la pente enneigée, accumula de plus en plus de neige. Gagnant en vitesse, la boule de neige finit par s'écraser violemment contre les murs. Le choc fut si puissant que le Pacifista, immobilisé, ne put continuer le combat.

" - Bravo, Nautile ! "

La mouette se posa sur l'épaule d’Aube, frottant affectueusement sa tête contre sa joue. Peut-être avaient-ils finalement une chance de s’en sortir.  
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L'agent Tarentule finit son morceau et d'un claquement de doigt, elle ordonne le Pacifista restant de cesser le combat et de prendre sa place. Laissant son violoncelle, la blonde s'approche des restes du Pacifista massacré par Vaniléa. S'agenouillant auprès de lui, elle pose sa tête sur ses genoux avec une certaine tendresse.

Je suis agréablement surprise que vous ayez perdu tout respect pour vos semblables, Vava. Ce n'était qu'une machine. Probablement, trop fragile pour ce monde. Une ligne de code de plus dans un inventaire de la Marine. Mais depuis que je vous vois, je ne peux cesser de me demander ce qu'il aurait pu devenir si on lui avait offert votre chance. Aurait-il accepté de prendre sa retraite ? Aurait-il fondé une famille? Serait-il devenu une machine à tuer ? Qu'aurait-il fait de sa liberté ? Des merveilles ? Des horreurs ? Une vie médiocre mais heureuse ? Tant de potentiel inexploité, n'est-ce pas ce que l'on nomme l'enfance?

Redressant la tête, le visage impassible et le ton monotone, elle continue son discours laissant le Pacifista immobile l'instrument en main.

Des questions futiles car vous ne vous les posez pas. Vous avez déjà acquis l'égo de notre espèce. Celui qui vous fait sentir si supérieur. Vous ne désirez rien considérer autre que votre propre personne. Ce qui compte finalement n'est pas de protéger les faibles, ce n'est que valoriser votre vie qui n'a plus aucun sens.


Sa tête se baisse à nouveau, caressant délicatement le visage de ce robot sans âme. Tout ceci n'est qu'une mise en scène pour ébranler cette chimère, rien de ce que dit Capulina n'est le fond de sa pensée. A-t-elle même un fond?

Avez vous eu le moindre frisson lorsque vous avez planté vos lames dans son corps? Finalement vous êtes la preuve que la frontière entre un Pacifista et un homme n'est plus si opaque. Le maillon reliant conserve donc les pires vices de l'humanité. Le Gouvernement sera ravi de voir que vous tuerez de sang froid n'importe qui… même votre ancien vous.

Capulina, l'air grave, dépose le crâne du Pacifista cisaillé sur la neige. Elle se relève en frappant des mains. Le robot encore intact se met à jouer une partition.

 


Il faut que je vous apprenne une autre caractéristique de l'humanité, ma chère.


Ajustant ses gants, elle enjambe le corps de la machine. Son pas est lent, scandé au rythme de ses mots.

La rage. La colère. L'amertume. Le désir de vengeance. En somme, le cycle de la haine.


Un vent brumeux se lève, et l'agent Tarentule disparaît. Grâce au Soru, son déplacement à paru imperceptible. Un courant d'air gifle le visage de Vaniléa. La voix de la CP résonne froidement derrière cette femme…

Shigan.


Balançant sa main d'un geste vif, du sang chaud gicle sur la neige blanche. Des plumes blanches s'envolent. Dans un silence, l'oiseau sur l'épaule de sa maîtresse tombe lentement.
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" - Shigan ? "

La question était sincère, l'étonnement à son comble.

" - Nau...tile ? "

Puis vint le sang. L'information, sous forme d'un signal électrique, venait d'atteindre l'hypothalamus. Ce n'était pas simplement le cerveau, non. C'était bien plus profond que cela, il s'agissait du centre de l'amour, de la joie... de la haine.

" - NAUTILE ! "

Aube se figea, le temps semblait s'être arrêté. Du sang tachait la neige blanche, et la vue de l'oiseau gisant au sol, les ailes tordues, lui arracha un cri de douleur. Elle se précipita vers la mouette, s’agenouillant à ses côtés. Le souffle de l’oiseau était faible, ses yeux à demi fermés, mais toujours fixés sur elle. Un mélange d’effroi et de colère fit bouillir son sang. Ses mains tremblaient, non pas de peur, mais d’une fureur grandissante, incontrôlable. Une vague de rage la submergea, faisant chauffer son corps de l'intérieur. La jeune femme sentit une énergie inconnue s’éveiller en elle, une force qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant. Son cœur battait à un rythme frénétique, chaque pulsation était incertaine, comme si son cœur pouvait s'arrêter à tout moment. Cette rage, viscérale et implacable, cherchait une issue, une façon de s’exprimer.

" - Vous ! "

Aube se redressa lentement, les poings tellement serrés que ses ongles pénétraient ses chairs. La chaleur qui parcourait son corps se concentra dans ses bras, se transformant en une énergie tangible, presque palpable. Sa vision se troubla un instant, puis tout devint plus clair, plus net. Le monde autour d’elle s’estompait, ne laissant place qu’à l’Agent du Cipher Pol, la cible de toute sa haine. Sans même comprendre ce qui se passait, Aube vit ses mains se recouvrir d’une teinte sombre, comme si elles étaient devenues acier. La jeune femme n’avait jamais utilisé le haki auparavant, elle n’en avait même jamais été consciente. Mais en cet instant, ce pouvoir s’éveilla en elle, alimenté par sa colère.

Sans réfléchir elle s'élança, et de tout son élan frappa l'Agent Tarentule au visage.
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L'agent Tarentule esquisse enfin un grand sourire lorsqu'elle contemple le visage enragé de Vaniléa. Elle étend les bras comme pour l'accueillir.

Ouihihihi, Moi !


Sans aucune résistance, la joue de Capulina encaisse avec violence le coup chargé en Haki. Même pas de Tekkai pour amoindrir le choc, l'agente est traîné à quelques mètres avant de s'étaler dans la neige. Sonnée quelques secondes, elle finit par se redresser toujours au sol. Malgré les larmes collants sur son visage et l’équimose, les provocations de la peste blonde ne cessent pas.

Hihi ! Alors, cela fait du bien? Ne vous gênez pas, Vaniléa ou qui que vous pensez être. Massacrez-moi pendant que votre pigeon se vide de son sang !


Pourquoi un individu si fière se laisse rouer de coups sans aucune garde? Car la douleur lui fait oublier sa misère. Elle avait bien trop d'attaches pour le Gouvernement, en faisant une mère de substitution. Mais, au final, peu importe son labeur, elle n'obtiendra que de l'indifférence. Son rêve de reconnaissance lui est refusé de la manière la plus cruelle qui soit. Capulina souffre de ses rêves brisés. Si la Miséricorde est la toute puissance et la perfection incarnée, qui peut en saisir le moindre schéma ? Aucun homme, encore moins les Saints. Qui nous dit qu'elle voudrait notre réussite ? Notre félicité ? Notre santé ? Tout ceci ne sont que des aspirations sûrement vaines pour des êtres insondables.

Qu'y a-t-il d'exceptionnel à flatter son ego ? Tout le monde fait de même que ce soit les médiocres aux puissants. La vraie liberté est sans attache. Détruire tout ce qui entoure notre être. Se concentrer sur l'instant. Accepter de tout perdre. Tuer nos idoles. Capulina, ayant chuté de haut, préfère à présent creuser sa propre voie. Quitte à s'autodétruire.

Ainsi pour se libérer de ce qu'elle chérissait, Vaniléa n'est qu'un outil et cette épreuve, un prétexte.

Je sens encore sa tendre chaire lacérée par mes doigts. Gnihihihi !


Un rire exagéré à dessein. Qui connaît l'agent Tarentule, sait qu'elle apprécie peu se salir les mains. Tuer ne l'a jamais fait vibrer. Mais la colère et le désespoir sont ce qu'elle cherche chez l'autre. Elle a toujours existé ainsi. Mais, aujourd'hui, la plus dévoué des agents du Cipher Pol en a déjà perdu le goût. Tout ceci n'est que la mise en scène de la destruction de son propre égo.


Dernière édition par Agent Tarentule le Sam 24 Aoû 2024 - 21:37, édité 1 fois
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Aube se tenait au-dessus de l’Agent du Cipher Pol, ses poings continuant de s’abattre avec une violence débridée. Chaque coup résonnait avec un écho sourd, amplifié par les parois glacées de la salle. Chaque impact soulevait des nuages de flocons.

" - Comment... Comment peux-tu faire ça ?! " criait-elle, sa voix se perdant dans le hurlement simulé du vent.

" - Comment une personne peut-elle devenir aussi cruelle, aussi... monstrueuse ?! "

La froideur de l’endroit mordait sa peau, renforçant la brutalité du moment. Mais la jeune femme était trop submergée par la rage pour sentir le froid qui s’insinuait sous ses vêtements, trop concentrée sur l'Agent gisant à ses pieds. La violence dont l’Agent avait fait preuve, cette volonté de blesser pour le plaisir, la laissait déconcertée. Les coups portés à Capulina  étaient autant de questions sans réponse. La neige, teintée de rouge, se collait à ses bottes, fondant sous la chaleur de son corps surchauffé par la rage.

" - Réponds-moi ! " hurla Aube.

Alors que sa fureur atteignait son apogée, une silhouette apparut, se découpant nettement contre le blanc immaculé. Avant qu’elle ne puisse réagir, Aube sentit une présence imposante s’interposer entre elle et l’Agent. En une fraction de seconde, une main d’une force inhumaine arrêta son poing en plein vol. L’impact entre son poing et cette main provoqua une décharge d’énergie qui fit vibrer l’air autour d’eux, soulevant la neige autour d’eux en un tourbillon. Si la jeune femme n'avait pas son haki de l'armement il ne faisait aucun doute que sa main aurait été brisée.

" - Que... "

Aube leva les yeux, son souffle court, et se retrouva face à une femme mystérieuse, imposante et pourtant étrangement gracieuse. Elle se tenait là, immobile, ses traits dissimulés.

" -  Stop. " la coupa l'étrangère d’une voix froide, mécanique.








Aube tenta de se libérer de la prise, sans succès. La nouvelle arrivante la repoussa avec une facilité déconcertante, projetant Aube dans la neige à quelques mètres plus loin, auprès de Nautile. Son haki disparut progressivement, sa peau retrouvant sa couleur d'origine.

" - Qui êtes-vous ? " murmura Aube, tentant de reprendre son souffle.

" - Automata 1.0, modèle PS. Une rareté... " répondit une voix grave, presque théâtrale, surgissant des ombres.

Aube se figea, surprise, tandis qu'Ambroise Charcotte émergeait du blizzard artificiel, ses pas lourds laissant des empreintes profondes dans la neige synthétique. Enveloppé dans un épais manteau de fourrure, il se tenait là, ses yeux perçants braqués sur elle avec une lueur de satisfaction mal dissimulée.

" - La plus aboutie des créations de la Brigade Scientifique. " poursuivit-il, son ton empreint de fierté.

Le Médecin Général des Armées s'approcha calmement, un léger sourire en coin.

" - Je me doutais que notre chère Agent du Cipher Pol ferait des siennes. Et je ne pouvais décemment pas la laisser seule avec ma création sans prendre quelques précautions. Automata, assure-toi que notre invitée ne cause plus de problèmes. " ordonna Ambroise d'une voix ferme.

La machine hocha la tête reconnaissant l'autorité du scientifique, prête à intervenir à tout moment. Ambroise se tourna alors vers l'Agent Tarentule, un sourire glacial étirant ses lèvres.

" - Il est temps pour vous de quitter Nursery, Agent Tarentule. Un navire est déjà amarré pour vous renvoyer à Marie-Joie. Votre mission ici est terminée. Je suis certain que votre rapport sera... intéressant. " poursuivit-il avec une fausse amabilité à peine voilée.

" - Il semble que vous ayez déjà causé suffisamment de chaos ici. Je suis sûr que votre évaluation préliminaire est plus que suffisante. Nous attendrons avec impatience de savoir si d'autres examens psychologiques sur Aube sont nécessaires. Je me suis permis de contacter le Directeur Davys pour lui signaler votre retour... imminent. "

Même si cette femme le terrifiait, le scientifique savait qu’il était en position de force. Avec l’Automata à ses côtés, ainsi que d'autres Pacifistas en attente, il était maître de la situation.

Du moins pour le moment.  
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Il fût..

Crachant du sang dans la neige, le visage blessé et dégoulinant de rouge, Capulina titube un instant avant de se redresser maladroitement.

Il fût un temps où je vous aurais jamais laissé l'espace d'agir,  mon chère Ambroise.

A moitié vacillante, la blonde retire ses gants tachés pour les laisser tomber dans la neige. D'une expression neutre malgré les forts picotements de ses blessures, elle semble avoir repris son calme placide.

Mais je vais me contenter de laisser les choses se faire car c'est ce m'irrite le plus. Ne veillez pas trop tard, mes chers compatriotes.

Se délester de sa mission comme si elle en acceptait l'échec est le dernier clou dans le cercueil de sa carrière. L'agent Tarentule n'est pas allé au bout de sa couture. Elle a laissé le fil se rompre. Marchant avec une certaine difficulté, elle finit par tomber de la manière la plus pathétique qui soit. Personne n'est là pour la rattraper. Un rire retentit, un rire triste résonnant dans la salle climatique. Capulina se relève péniblement. Une fois devant le médecin, elle effectue une fragile révérence avec un grand sourire.

Merci de m'avoir libéré plus tôt que prévu de ma tâche.


Sans se soucier des affaires qu'elle a pu laisser dernière, la jeune femme continue son chemin. Son sourire s'affaisse. Elle a accepté la défaite. Est-ce une victoire contre son égo ? Peut-être. Néanmoins, Capulina ne peut s'empêcher de penser que, au fond,…

…elle a loupé une occasion de mourir.

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Quelques jours plus tard, le visage parsemé de pansements, l'agent Tarentule est affalé sur un siège en face du bureau de son Directeur. Une tasse de café en main, celui-ci semble esquisser un sourire témoignant de sa bonne humeur.

“Agent Tarentule. J'ai lu votre dernier rapport même si le médecin général Ambroise Charcotte m'a fait part de certaines choses. Il est rare qu'un officier de la Marine me contacte directement. D'expérience, cela empire toujours son cas. Haha!”


Alors que l'homme a l'habitude de communiquer ses bonnes ondes, devant lui, il n'y a aucune réceptivité. Capulina reste totalement impassible en fixant son supérieur. Une atmosphère désagréable met le Directeur assez mal à l'aise pour écourter son badinage.

“Arum. Il a clairement fait obstruction à vos tests. Voulez vous initier une démarche pour conflit d'intérêt ou contacter la main de Vegapunk pour usage abusif d'Automata 1.0?
-En effet, je pourrais faire ces choses.


La jeune femme soupire. Déliant son regard pour lever les yeux, elle semble totalement détachée.

Mais, à quoi bon? Vaniléa d'Isigny a fait son choix. Le reste, qui cela intéresse ?


Le Directeur comprend bien qu'elle fait référence à leur ancienne discussion. Depuis ce jour, une rupture a fracturé toute la dévotion de l'agent Tarentule. Il lui est difficile de l'ignorer par sa nature plus humaine.

“Vous avez changé depuis notre dernière conversation.
-J'apprends à laisser les choses couler, monsieur le Directeur.


Korn Davis reste silencieux en sirotant son café. Il hoche simplement la tête en guise de réponse.

Je suppose que vous ne me convoquez pas seulement pour une mission routinière.
-Oui, j'espère que cela vous remontera le moral. Si vous êtes encore attaché au poste de Gouverneur, vous pouvez d'ores et déjà préparer vos affaires. Dès la semaine prochaine, nous serons libérés de nos obligations au Cipher Pol.”


Alors que le Directeur affiche un grand sourire et que son ton enjoué, Capulina ne bouge pas d'un cil. D'un voix aussi monotone qu'au début de la conversation, elle répond sans fioriture.

Parfait.

Korn se racle une nouvelle fois la gorge. Il a devant lui les documents confirmant le transfert, mais il semble hésitant. L'agent Tarentule si dévouée dans sa carrière paraît à présent filer d'un mauvais coton. Le monsieur d'expérience décide d'effectuer un test.

“Une petite  curiosité de ma part. On dit East Blue très paisible et prospère. Beaucoup pensent que le poumon de notre Gouvernement se trouve dans cette mer. Et vous, qu'en pensez vous?”


Capulina hausse les sourcils, un instant. Elle répond sans réfléchir selon ses connaissances actuelles de la situation d'East Blue.

J'en pense que les temps changent. Goa n'a plus rien de prospère. L'instabilité de Dawn sera votre plus grosse épine, sans compter l'orgueil des Isigny.
-Vous semblez déjà renseigné.
-Une mauvaise habitude.
-Haha. Si vous le dites, j'espère que vous la garderez longtemps.”

La réponse de Capulina semble le rassurer sur la qualité de la subalterne qu'il choisit. Car, en effet, si la blonde devient Gouverneure, c'est que Korn Davis est nommé Archi-gouverneur.

Ce sera tout?
-Oh. Oui, vous pouvez disposer, Mademoiselle Dubal.”


La femme en robe blanche se lève. Effectuant une révérence polie, elle quitte ainsi le bureau en silence. Aucune excitation ne lui prend aux tripes alors que tout s'apprête à changer. L'humeur morose, elle contemple son petit bureau. Capulina commence à trier ses affaires lentement, les yeux se gorgeant de larmes. Son départ n'a jamais été aussi imminent, mais elle n'a plus rien à proposer ici. Toutes ses envies, ses ambitions et sa motivation sont mortes. Ce n'est pas ici qu'ils renaîtront… s'ils renaissent un jour.
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