Le désir de revenir en arrière.Chapitre 1La barrière se casseLes éperons qui tintillaient dans la rue provoqua la curiosité des badauds. Il fut rare de croiser la route d’une habitante d’Hat Island sur une île quelconque de Grand Line, à une distance assez éloignée d’Union John. Mais que pouvait bien faire une femme d’un tel accoutrement dans ces rues tranquilles de cette ville ? Beaucoup se posèrent cette question, à croire que leur vie quotidienne semblait être très ennuyeuse pour s’occuper de celle d’une inconnue. La plupart détailla cette silhouette féminine aux courbes faisant jalouser certaines nymphes du paradis. Cependant, Jaina Rosenberg n’avait rien d’un ange. Elle ressemblait plus à un démon sortant des enfers pour y semer le chaos.
Ses lèvres charnues pincèrent avec douceur une cigarette à moitié consumée. Sa langue passa de temps en temps sur le cul du filtre lorsqu’elle avala sa salive. Ses perles d’un rouge éclatant restaient cachés derrière les verres teintés des lunettes de cette dernière. L’albinos se balada sans faire attention à son entourage. Elle marchait avec assurance, sachant où aller dans cet endroit fort inconnu. Quelques citoyens reniflèrent avec mépris à cause de l’artillerie accompagnant la pirate. Morrigan sur son dos, accroché par une lanière. Lilith, la Faiseuse de Veuves reposant dans son étui porté par une ceinture marron en cuir.
La femme s’arrêta en chemin pour laisser passer une troupe de marmots qui jouait à se courir après. Elle se surprit à émettre un léger sourire. Tournant légèrement son visage pour observer les enfants, la Louve Blanche attrapa sa cibiche pour expirer la fumée prisonnière de ses poumons. Son index tapota le dos de sa drogue afin d’y retirer la cendre. Reprenant son chemin, sa route, Jaina Rosenberg s’échappa de la rue centrale pour emprunter une venelle miteuse qui semblait être évitée par beaucoup de personnes. L’odeur de détritus picotait les narines de la Ravengeuse. Des rats sortirent de leur cachette et passèrent entre les jambes de Rosenberg. La Dame Blanche n’émit aucune peur, elle n’était pas phobique de ce genre de bestiole.
En milieu de cet endroit miteux, la pirate se stoppa devant une maison accoudée à d’autres. Une porte en bois lui interdisait l’accès. Sa boîte aux lettres était ouverte, dans un état déplorable. Jaina toqua à la porte et se recula de trois pas. Elle attendit une petite minute et entendit des bruits de pas se rapprocher de l’entrée.
Une femme bien plus âgée que la mère de Jaina, fronça ses épais sourcils grisonnant et lorsque Jaina retira ses lorgnons, la propriétaire des lieux écarquilla ses paupières. Elle ouvrit ses bras et emprisonna tendrement sa petite-fille.
Qui était-elle ? Une femme que Jaina n’avait pas vue depuis tant d’années. Une dame toujours aussi magnifique pour son âge avancée. Une âme qui restait toujours aussi tendre et chaleureuse envers les membres de sa famille. Flora Rosenberg, la mère de Lawrence, qui était le père de Jaina.
« Tu nous avais interdit de te retrouver, mais je ne pouvais pas obéir aveuglement, surtout en ce moment. » déclara Jaina qui se retint de verser des larmes de joie.
La vieille dame, sa mamie, l’autorisa à rentrer. L’intérieur de sa baraque était bien entretenu. La poussière se faisait rare ou se cachait devant l’ancienne gouvernante qu’était Flora. La doyenne des lieux lui indiqua de s’asseoir sur un des fauteuils, près du feu déjà allumé. La mémé retira aussitôt la clope de Jaina pour la jeter dans les flammes. Elle avait toujours eu horreur de cette cochonnerie.
« Veux-tu du thé ? »
« Volontiers. »
Préparant la boisson chaude, Flora Rosenberg jeta un œil par sa fenêtre, craignant quelque chose provenant de l’extérieur. Il faut dire que sa tendre petite-fille ne passait pas inaperçu avec son accoutrement. Elle plaqua ses mains contre le buffet, remuant négativement son visage de gauche à droite.
« Que me vaux la visite d’une pirate primée ? » questionna la vieille dame porteuse d’un regard émeraude. « C’est fou comme tu as bien grandi. La dernière fois que je t’ai vu, tu n’avais que cinq ans. Je dois dire que tu ressemblais beaucoup à ton père quand je l’élevais dans l’ombre. Farouche, casse-cou, borné et j’en passe. »
Un doux sourire se forma sur le visage blanchâtre de l’albinos. Elle se remémora son enfance, plus précisément lorsque Flora était avec eux. Sa grand-mère lui avait tiré les oreilles pour s’être battu contre sa grande sœur Annie. Non seulement elle avait perdu, mais en plus de cela Jaina obtenait la réprimande de sa mamie.
« J’aimerais tellement revenir dans le passé, changer les erreurs que j’ai commises. » répondit mélancoliquement la cow-girl. « Tu n’imagines pas à quel point je voudrais revenir en arrière mamie. Câliner mon père, lui dire à tel point que je suis fière d’être sa fille. De faire la paix avec Annie et d’entendre une nouvelle fois la douce voix de Pearl. Ainsi que d’être une mère exemplaire aux yeux de Wanda. » lâcha de tristesse la Dame Blanche qui s’effondra en exposant toute sa faiblesse, son chagrin qu’elle retenait tant devant son équipage et sa propre fille Wanda.
Versant le thé dont une grande partie est composée de chanvre pour améliorer le moral, Flora se rapprocha de sa petite-fille pirate puis déposa le plateau sur une table basse. Elle lui ordonna de boire un peu et de ne pas se priver de pleurer. Son corps en avait besoin.
« Ta mère m’avait écrit pour m’informer de la mort de ton père et de ta sœur. » La vieille dame détenant encore une resplendissante beauté, ouvrit une petite boîte métallique sur une étagère en bois incrusté dans la cheminée. Flora lui tendit la lettre écrite par Daisy. L’écriture était propre, bien que l’encre soit légèrement sale sur deux coins du papier. Sûrement des larmes de sa mère qui avaient tâché ses écrits. « Je ne peux imaginer la douleur qu’a ressenti ma belle-fille. Elle méritait un bonheur incommensurable. Lawrence s’était rangé pour l’amour qu’il portait envers ta mère. J’en était presque jalouse de ne pas avoir reçu un tel sentiment…venant du père de Lawrence, ton grand-père Connor. »
À l’énonciation du nom de Connor, Jaina se raidit, fronça ses fins sourcils neigeux et sentit la colère se réveiller au plus profond de son être. Remarquant le changement d’attitude, Flora s’installa dans le sofa en face de l’albinos et croisa ses bras sous sa poitrine. Il était temps…de parler de ce terrible danger qui menaçait l’existence des Rosenberg.
Dernière édition par Jaina Rosenberg le Sam 21 Sep 2024 - 13:52, édité 3 fois