Parce que quitte à explorer les océans, autant devenir pirates, elles acceptèrent de rejoindre le premier équipage de forban qu'elles croisèrent. Elles avaient pas beaucoup d'autre choix, faut l'admettre, dans leur bateau trop petit, qui prenait doucement l'eau, y'a quelques jours. Le large navire qui essaya de les braquer fut un signe du destin. Irina et Leda étaient désormais matelots, officiellement membres d'une bande de criminels des mers composées d'une dizaine de flibustiers. Notamment Marine Pirate, leur supérieure hiérarchique directe, puisqu'arrivée trois jours avant elles. Qu'Irina avait eu l'ennui de rencontrer plusieurs fois lorsque les soldats en poste à Sanderr étaient invités à diner au palais. Ca les dérangeait pas pour autant, les deux femmes heureuses de pouvoir se balader sur les océans. Irina prête à bosser s'il le faut, parce qu'elle sait pas encore que le travail c'est la mort, la pauvre, elle a jamais vraiment eu à œuvrer de sa vie. Alors elle court partout sur le pont, balance des cordes à droites et à gauches, fait des nœuds quand on lui gueule de le faire. Jusqu'à apercevoir, les yeux rivés sur l'horizon, ce que tous pirates dignes de ce nom veulent.
- CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE, ÎLE EN VUE !!
[Capitaine Steve "Bloody" Camilla]
[1011 dorikis]
On s'approche un peu plus, le navire, et surtout son capitaine, choisissant de s'arrêter avant d'atteindre l'île. Choix remis en question de façon éhontée et virulente par Leda et Irina, en faisant fi de toute hiérarchie. Normalement elles auraient du adresser leurs plaintes à Marine Pirate, qui les aurait transmises à Matelot-En-Chef Pirate -un muet analphabète arrivé trois jours avant Marine-, qui les aurait transmises au maître d'équipage, qui les aurait transmises au second, qui les aurait transmises au capitaine. Qui les aurait ignorées comme tous les membres d'équipage avant lui, à commencer par Matelot-En-Chef Pirate qui est aussi sourd. Elles ne furent pas particulièrement convaincues quand on leur expliqua qu'il fallait d'abord envoyer une barque en éclairage. C'est malgré tout extrêmement excitée à l'idée de bientôt visiter sa première île, qu'Irina s'attela aux différentes tâches nécessaires pour arrêter le véhicule. C'est tout aussi excitée qu'elle ne remarqua pas la grosse-poutre-qui-tient-une-voile, je sais pas comment ça s'appelle et la flemme de vérifier, toutes ces heures sur Sea of Thieves avec Jolan gâchées, l'approchant à toute vitesse alors que le navire ne bougeait enfin plus. La percutant à toute vitesse, l'envoyant par dessus bord tout aussi vite. Provoquant avec une vélocité remarquable, le fou rire de Leda, assistant à la scène. L'équipage s'entassa sur le côté gauche, je crois qu'on appelle ça "côté jardin" en termes nautiques si vous préférez, pour se foutre de la tronche de l'ex-princesse.
- Hahahah, regardez-la cette incapable ! S'exclama le capitaine Camilla lui-même.
- Elle pourrait rester concentrée... Ne manqua pas de remarquer le second.
- Hé, Irina, fais gaffe aux requins ! Réussit difficilement à articuler Leda entre deux rires.
- Elle coule bien, hein. Observa le maître d'équipage.
- ... Précisèrent-ils tous, surtout Matelot-En-Chef Pirate.
- Elle sait nager ?
- Pas sûre, l'eau est froide par chez nous, et elle aime pas le froid. Répondit Leda qui rigolait un peu moins.
- ...
- Mais, mais ! S'offusqua Marine Pirate, regardant tous les autres à tour de rôle.
- Ouais, elle coule bien.
- Mais enfin ! Il faut l'aider ! Bande de criminels ! C'est de la non-assistance à personne en danger, c'est un délit ! Conclu la matelot en sous-chef, avant de plonger à la rescousse. Un magnifique plongeon, presqu'aucunes éclaboussures lorsque son corps entre en contact avec l'eau.
- Wow ! S'échappa des lèvres du maître d'équipage.
- ... Se contentèrent d'exprimer les autres lorsque des bulles commencèrent à atteindre la surface.
- Elle coule bien aussi, non ?
- IRINA ! Cria finalement Leda lorsque la réalité réussit à atteindre son cerveau.
Elle se jeta dans l'océan, avec beaucoup moins de grâce que Marine, mais avec le net avantage de savoir nager une fois la flotte atteinte. Ses bras séparant l'eau, les yeux grands ouverts, le sel lui faisait mal mais elle persistait, voyant sa princesse sombrer. Elle y mit toutes ses forces, bravant la marée, la distance, l'envie de dire "beurk j'ai touché un truc bizarre" quand sa peau érafla un poisson. Pour finalement atteindre la main d'Irina, le contact la réchauffant instantanément, capable de faire bouillonner la mer. Difficilement, tenant dans ses bras sa camarade, elle remonta à la surface. Les deux femmes s'écrasant sur le pont lorsqu'on les repêcha. Irina toussant le trop-plein d'eau, sa main toujours serrée dans celle de Leda.
- Oh Leda... J'ai cru que j'allais sombrer à jamais.
- Je ne t'abandonnerai pas, Irina, j'irai te chercher jusqu'au fond des enfers.
- T'aurais pu ramener Marine aussi... Irina ne réussit pas à se retenir de rougir, les larmes toujours présentes dans ses yeux.
- Merci Leda. Savoir que je peux compter sur toi... Ca me rend plus forte pour cette grande aventure.
- Quelqu'un va chercher Marine ?
- Je ne te laisserai jamais mourir, Irina, cette aventure, on la vivra ensemble.
- Vous faites chier, j'vais être trempé...***
- Capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine capitaine Les débits étaient rapides, alors que Marine grelotait, une serviette autour du corps, le teint particulièrement pâle.
- QUOI ?!
- J-j'ai vu... J'ai vu le tribunal des enfers... Les yeux dans le vide, fixés sur le néant.
- Est-ce qu'on peut aller en ville en éclairage ???
- Les dieux des océans étaient là pour me juger...
- S'il vous plaaaaaaaaaît, capitaine... Suppliait Irina, ses grands yeux larmoyant, les mains jointent.
- Je leur ai dis que j'allais assurer ma propre défense...
- Pffff, ok, ok. Il faut bien que vous appreniez un jour. Vous allez prendre la barque et atteindre discrètement la ville. Puis vous revenez et vous nous faites part des informations.
Les cris de victoire poussés par les deux pirates ne furent pas très distingués. C'est trépignant d'impatience qu'elles rejoignirent la large barque. Prêtes à poser pied sur cette île inconnue, à explorer une nouvelle terre. Prêtes pour l'aventure.***
Le capitaine soufflait doucement alors qu'il observait le résultat. Essayant de garder son calme, la main sur les paupières, se massant doucement les yeux. Le navire de nouveau en marche, en direction de la ville de Chom. Le nez froncé, l'envie de gueuler une fois de plus. Il sait qu'il devrait faire attention, qu'on commence à l'appeler "Bloody" à travers North Blue quand il pète un câble. Et il veut pas, ça lui plaît pas comme surnom, c'est quand même pas sa faute si des débiles se mettent toujours sur son chemin. C'est après un soupire époumonant qu'il finit par articuler, doucement.
- Qu'est-ce que vous avez foutu toutes les deux ? C'est quoi toutes ces conneries ?
- Wow, c'est pas des conneries, capitaine ! Répondit aussitôt Leda, outrée par les accusations gravissimes.
- C'est des trucs, capitaine ! Des trucs qu'on a acheté en ville.
- Des trucs ?! Vous avez dépensé tout l'argent que je vous ai donné en cas de nécessité ?!!
- Ah oui, pardon capitaine, fallait pas ? On croyait que c'était pour l'éclairage.
- Mais on a récupéré des trucs supers ! On a des muffins, enfin on les a mangé, et des bottes de pluie, et des éponges à moitié prix, et des briquets, et des allumettes au cas où les briquets marchent mal, et des petits cristaux jolis, et des posters pour notre chambre, Marine on t'en a trouvé un avec des lois écrites dessus, et heu... et les deux vélos !
- Parlons-en, des vélos ! Qu'est-ce que vous allez foutre avec des vélos sur un bateau ?!
- Suffit de maîtriser capitaine, y'a la place sur le pont !
- Dis ça à Stefan ! Stefan regardait Irina d'un air mauvais, massant sa jambe, qu'elle avait percutée de plein fouet sur son vélo, à peine descendue de la barque.
- J'vais apprendre...
- Non, vous avez fait n'importe quoi ! Vous avez de la chance que j'vous colle par aux fers pour deux semaines. Puisque c'est votre première fois, j'vais pardonner...
- On pourrait pas de toute façon capitaine, faut qu'on retourne rapidement en ville. On a une réservation pour deux à un restaurant qui a l'air très sympa.***
Trop longtemps ils sont restés cachés. Trop longtemps terrés sous les pieds, à laisser les hommes travailler leur territoire, déranger leurs divinités de cristaux. Les miner, les rapporter à la surface pour les vendre et s'enrichir sur leurs dos. Ils ne vont plus se laisser faire. Ils sont nés au fond des grottes, à l'insu de tous, ils y ont vécu, mais désormais les humains du dessus les craindront. Ils sortent enfin des mines, prêts à semer le chaos et la destruction.
[Ugrrr Krorrd]
[1008 dorikis]
- AAAAH !! PUTAIN !! MES YEUX, MES YEUX, c'est quoi cette horreur, la lumière aérienne, elle brûle !! Qu'il balança, une fois sorti de son trou.
Adolescence programmée
"...avec un peu de vin, ma chère je vous prie- belle plaidoirie matelot supérieur-mais-pas-en-chef Marine !"
"... j'suis quand même pas sure que la justice -et du sel s'il vous plaît!- ait gagné dans cette affaire."
"Mais si ! Certainement ! Voyons, elles avaient égoïstement utilisé l'argent de l'équipage, il était bien normal qu'il revienne à ce dernier ! Et quel meilleur représentant -oh, madame, remettez-m'en un peu s'il vous plaît- que son capitaine !"
"Bien sur, bien sur... mais n'y avait-il personne de mieux placé que moi pour en être l'autre -garçon!- bénéficiaire ?"
"Ecoutez mon p'tit, sans vous, cette récompense n'aurait profité à personnne puisque -cheffe!- normalement, j'aurais puni ces gamines et on se serait barré frustré. Ce n'est que juste récompense."
"Je suppose, capitaine, je suppose... mais je me sens un peu coupable pour mes nouvelles cops, vous voyez ? Après tout, c'est ma faute si -bon ils arrivent les desserts oui?- elles nous regardent avec envie depuis une demi-heure..."
"Elles avaient qu'à pas acheter de vélos. On va pas aller bien loin avec ces foutus -oh, et un café si jamais, ce serait compliqué de le propo-"
"BORDEL MAIS QU'ILS SONT CHIANTS CES CLIENTS !"
Marine esquiva par réflexe l'argenterie qui lui arrivait à la figure, mais le pauvre capitaine Camilla n'eut pas cette chance et constata avec une certaine âpreté qu'avoir une fourchette qui vient se planter dans la joue n'est pas hyper agréable. Irina et Leda, punies dans le coin du restaurant, se mirent à pouffer, ce qui finit d'agacer le corsaire dont la bénévolence qu'il ne cessait de travailler commençait doucement à atteindre ses limites. Il arracha brutalement le couvert de son visage, en serrant les dents parce que quand même ça fait mal eh, puis se leva, profitant du sang qui lui coulait du visage pour s'octroyer une bouffée de charisme. Soudain mal à l'aise face au pirate dont le surnom commençait à se faire connaître sur North Blue, le serveur qui avait quelques secondes plus tôt perdu patience se jeta sur ses genoux en espérant ne pas subir les remontrances de son client, mais soupira soulagé quand il vit passer les pieds de celui-ci se diriger vers ses subordonnées.
"Merde
merde
merde
merde
merde
merde
merde
faut
qu'on
s'tire !"
Leda attrapa Irina et un des vélos avec lesquels le capitaine les avait forcé à les suivre, envoya la première sur le second et sauta à l'avant du véhicule pour faire tourner les jambes vitesse grand V. Camilla fulminait en les voyant renverser toutes les tables du restaurant pendant qu'elles le traversaient, se prit les sourcils entre les doigts en les voyant passer la porte, puis poussa un long soupir pour tenter de reprendre son calme. C'était sans compter sur Marine, vindicative, qui s'en alla enfourcher la deuxième bécane, commença à rouler en cercle dans le restaurant parce qu'incapable d'appuyer sur les pédales au même rythme à cause de son pied bot, chamboulant au passage le reste du mobilier jusqu'alors laissé tranquille par l'agitation, avant de finalement prendre le coup et se diriger à son tour vers la sortie.
"Pas d'inquiétude, capitaine, monsieur le serveur ! Resto-basket et puis quoi encore ! La justice vaincra, elles paieront pour leur crime ! Après elles ont peut-être déja payé en réservant ?J'sais ap' en vrai"
Soudain, Steve 'Bloody' Camilla oublia ses bonnes résolutions.
______________
Au milieu de la pampa d'Inu Town, Marine, Irina et Leda regardaient en cercle, un peu désabusées, les deux vélos devant elles. L'un avait la roue complètement plié, l'autre le cadre complètement cassé. La princesse et la voleuse d'abord, avaient fait un soleil dans un buisson après avoir pris la roue dans une racine qui passait là. La justicière au rabais, apercevant au loin l'accident, avait ensuite cherché à esquiver ses deux nouvelles compagnes d'aventures pour finalement se prendre l'arbre correspondant à la racine de plein fouet, chutant lamentablement dans la foulée. Les filles, vêtements arrachés et complètement sans dessus dessous, s'étaient ensuite jugé d'un œil pour savoir si l'une allait chercher des crasses aux deux autres, mais en constatant que la mésaventure avait globalement coupé les envies de baston aux fuyardes comme à la gendarme, avaient finalement décidé de s'entre-aider à se recoiffer puis de s'asseoir pour réfléchir à une solution à leur problème.
"Flemme de rentrer à pieds."
"Clair."
"Trop."
Leda renifla fort.
"En plus, fait froid."
"Mais oui !"
"De ouf !"
Irina tapota du pied d'impatience.
"P't'être le maître d'équipage il va encore venir nous sauver ?"
"Il a sauvé que toi."
"C'est pas juste. Sauve-moi Leda !"
Marine se renfrogna dans ses genoux avant de penser à ce qu'elle avait dans sa poche. Elle sortit l'un des posters avec des textes de loi que les filles lui avaient offert. Prise d'émotion et de détermination, elle se releva avec la motivation nouvelle d'arranger la situation.
"La justice appartient à celles qui se lèvent tôt ! Venez les gonz', on va trouver des gens pour nous aider ! Doit bien y avoir des pélos qui traînent ! On va faire jouer nos charmes !"
"Y a un gars là."
"Après il a pas l'air net, approche pas Irina."
"MES YEUUUUUUUX ARGHHH TROP DE LUMIERE ARGH ARRETEZ LE SOLEIL, ARRETEEEEEEEEZ !!"
Les trois gamines, soudain flattées par cet individu qui les comparait à l'astre des cieux, firent toutes en même temps une pirouette sur elles-même pour montrer que le compliment avait été apprécié. Bien décidées à profiter de la situation, elles se rapprochèrent ensuite de celui qu'elles pensaient voir en contrejour depuis quelques instants avant de se rendre compte que l'humanoïde n'avait d'humain que son profil. Formé de cristaux sombres et de roches noires comme le charbon, la chose ne présentait pas de visage, marchait frénétiquement devant lui sans but apparent, et dieu seul sait d'où provenait le son de la voix qu'elles avaient entendu hurler une trentaine de secondes auparavant. Les filles se regardèrent circonspectes alors qu'Ugrrr Krorrd atteignait finalement une zone d'ombre sous l'arbre proche desquels les vélos abîmés se tenaient encore.
"Eh beh punaise, quelle saloperie ! Comment je me débrouille pour pas que ça me gène dans mes plans de vengeance contre l'humanité ? … Oh !"
Sous le regard horrifié de Marine, l'individu ramassa la casquette de marine qu'elle avait laissé à côté des vélos et la posa sur son crâne. Il sortit ensuite de nouveau la tête au soleil, mais cette fois protégé des rayons de celui-ci par son nouvel accoutrement, se mit à rire de manière frénétique et soulagé avant de tourner la face vers nos héroïnes. Ces dernières n'en demandèrent pas tant pour se mettre à courir dans le sens opposé.
______________
"Mais c'est pas vrai, à combien elles sont con ces gamines ?! Elles m'ont saccagé les bicyclettes ! Elles m'avaient presque convaincu que c'était une bonne idée !"
Camilla frappa avec le pied dans la roue du vélo le plus proche. Il savait pas où étaient passées ces p'tits connes, mais s'il ne fallait retourner l'île que deux-trois fois pour mettre la main dessus et leur apprendre à respecter leur capitaine, alors il était temps de s'y mettre !
« Pour une première escale, Inu Town n'est généralement pas le choix par défaut.
Il faut dire qu'avec ses cinquante mile habitants au grand maximum et ses multiples déboires avec les pirates et révolutionnaires, on est en droit de se poser la question suivante : Est-ce qu'une escale à Inu Town est vraiment un choix sensé ? Avec pour seul contre argument sérieux la station thermale de Karnutes. Mais soyons honnête : quel genre de marin accepterait de payer pour encore plus d'eau ? Même de l'eau chaude et sans sel. Non, soyons réalistes, il n'y a guère que l'exploitation minière de ces cristaux aux angles acérés, aux couleurs chatoyantes, au son cristallin, à la douce odeur minérale, au toucher comme de la soie, qui apporte un certain cachet à Inu Town. Quelle femme ne rêverait pas d'une alliance sertie de cette pierre aux teintes subtiles ? Quel homme refuserait de voir ses boutons de manchettes étinceler en captant ce dernier rayon de soleil ? Quel pirate ne s'enorgueillirait pas de magnifier un piercing d'un cristal si parfaitement poli par nos maîtres artisans ? Quelle dent en or ne jalouserait pas ce plombage plus éclatant encore ? Quel banquier refuserait votre projet quand vos oreilles ou votre montre arborent le luxe d'un cristal d'Inu Town ? Je le dis et je le répète, si vous accostez sur cette pittoresque île, ça ne peut être que pour y découvrir enfin ce qu'il manquait à votre vie quasiment parfaite ! La Serterie d'Inu, un produit et une qualité d'exception pour un service irréprochable !
Et en plus l'île est toute petite... on peut en faire le tour à vélo en quelques heures seulement. »
Axel sortit d'un pas prudent en prenant garde de ne pas claquer la porte vitrée de la petite boutique, couvert par les injures du vendeur un peu vénèr' qu'il ne lui ait rien acheté et se soit contenté de critiquer d'un regard les minuscules éclat de verre que sa bijouterie tentait de faire passer pour des cristaux de haute qualité. Et peut-être que notre protagoniste avait fait une réflexion déplacée sur un capitalisme gangrené que le revendeur n'avait pas plus apprécié que sa tentative d'ouvrir une vitre sécurisée pour tâter du doigt les boucles d'oreilles pourtant décorée d'une jolie affichette « Toucher avec les Yeux ! Merci ! ». Après tout, il était bien possible que notre adolescent lui ait fait perdre quelques clients pourtant happés par son discours animé.
Axel recula de quelques pas et observa le drapeau métallique qui annonçait la boutique. Bijoutier d'Inu. Méprise naturelle avec la fameuse Bijouterie d'Inu. Méprise volontairement induite par ce vendeur un peu véreux. Axel s'inclina donc littéralement devant cette duperie savante et s'éloigna en gratifiant l'enseigne d'un doigt d'honneur paresseux.
Axel aurait pu continuer de se promener au petit bonheur la chance, mais il ne croit pas en cette dernière, donc à la place il se dirigea d'un pas décidé dans des petites rues que le soleil n'éclairait pas en quête d'un sandwich ou d'un café allongé. Il ignora une boulangerie bondée, esquiva une place avec un attroupement suspect autour d'un mec en costume trois pièce sur un piédestal en carton, décida qu'il n'avait pas envie de tokoyaki après avoir passé dix minutes devant la carte des choix, puis s'engagea dans une grande rue poussiéreuse aux pavés mal entretenus. Les devantures s'entassaient de part et d'autre des trottoirs et toutes faisaient vent de leurs menus exotiques ou au contraire parfaitement locaux. Mais tandis que son ventre criait maintenant famine, presque quarante minute d'hésitation après avoir décidé qu'il avait faim, un doux chahut vint lui chatouiller les tympans.
"Pas d'inquiétude, capitaine, monsieur le serveur ! Resto-basket et puis quoi encore ! La justice vaincra, elles paieront pour leur crime ! Après elles ont peut-être déjà payé en réservant ? J'sais ap' en vrai."
Passèrent alors en trombe devant lui trois gamines sur deux vélos rouges. La première assise en équilibre sur le guidon brandissait le poing avec ferveur. La seconde pédalait avec difficultés, ses dents claquants sur chaque pavé que les roues de la bicyclette heurtaient, ses cheveux noirs voletant de droite puis de gauche en rythme avec le roulis du cadre qu'une surcharge imposait. La troisième passa presque plus lentement, et ce fut un exploit. Allant à l'encontre des lois de la nature et des vélos, elle pédalait comme on rame : une de ses jambes allait plus vite que l'autre. Ainsi son trajet serpentait à la suite des deux gamines fuyardes.
Axel eut la très forte envie de j'ter la patte et, pourquoi le taire ?♫ rejeter la boiteuse à terre. Mais un tel mépris des règles de la physique ne lui administrèrent qu'une bouffée de respect qu'il manifesta d'un salut militaire.
Axel mit ensuite ses poings gantés dans les larges poches de sa veste qu'il avait déjà trop portée, et s'avança négligemment dans la direction du ramdam que les trois concurrentes pour les olympiades avaient laissé sur le pavé. Là bas un grand monsieur avec des frusques dépassées et larges comme un bandit de western piétinait d'une colère qu'il n'avait pas su contenir plus longtemps. Il se tenait raide à l'extérieur de l'un des restaurant dont l'entrée avait été éventrée et l'intérieur saccagé. Son visage était couvert d'écarlate et ses bras agités de spasmes portaient les mêmes traces de sang. Il tenait dans ses mains une orange qu'il pelait avec l'application d'un homme en rage. Une orange sanguine, évidemment. Il jetait les pelures autour de lui par petits coups secs et grognant à chaque fois que l'une d'entre elle s'échappait d'entre ses doigts.
"Je les déteste un peu ; beaucoup ; à la folie.
Je vais peut-être les abandonner là ; probablement ; certainement ; pas du tout."
Dans un soupir exagéré, il sortit un mouchoir de sa poche et s'appliqua à éponger ses manches et son visage. Il extirpa une bourse de laquelle il sortit une petite liasse de billet qu'il posa sur le paillasson, sous une pierre. Gobant l'orange dénudée, il s'élança alors à la poursuite des trois demoiselles turbulentes.
Axel se pencha pour jeter un coup d’œil à l'intérieur du restaurant où un serveur gisait par terre, entouré de ses collègues. Il avait les avant-bras lacérés. Et criait de douleur avec exagération. Avec un petit sifflement admiratif, notre protagoniste s'inséra dans l’entrebâillement explosé, abandonnant cet homme violent à sa nouvelle quête de vélos volés. Il s'installa sur l'une des tables rescapées et appela un serveur pour passer sa commande. Dans le chaos le plus total.
Axel ressortit de longues minutes plus tard, quand tout le monde eut fini de crier et de remettre les tables en place. Il trouvait qu'elles étaient bien mieux par terre, mais n'avait pas son mot à dire. Il avait finalement convaincu son voisin de derrière d'échanger leurs plats puis s'en fut sans payer. Mais laissa un généreux pourboire pour le décor atypique du lieu et l'investissement des employés. Se souvenant de la raison pour laquelle il errait dans les rues, il demanda son chemin à un passant un peu pressé, échangea sa veste avec la sienne, un peu moins propre, puis s'engagea sur la route ensoleillé qui le mènerait vers l'une des mine du coin : la Buffete Exploitation.
Il y avait plusieurs mines sur Inu Town, et plusieurs sites d'exploitation ou d'extraction, mais la Buffete Exploitation était la seule qui possédait déjà une fiche toute faite avec un pnj tout beau et un pj à ennuyer. C'est donc là-bas que se dirigea Axel qui jonglait avec une unique pomme qu'il avait décidé de ne pas manger. Et c'est brisant les règles tacites des ellipses qu'il arriva aux portes de la boutique. Elle se trouvait un peu en périphérie de Chom, dans une toute petite zone industrielle, et l'on pouvait deviner que l'unique bâtiment administratif collé contre une colline artificielle menait directement au cœur des boyaux d'extraction des cristaux. Le petit bâtiment tout carré était flanqué d'un grand entrepôt, lui aussi très certainement lié à de nombreux tunnels. Le tout était d'une laideur à faire pleurer. Sa distance avec le port laissait aussi à désirer quant à la qualité du transport des minéraux qui devaient sortir de cette usine souterraine. Une route large et abîmée ralliait la route principale et reliait l'entrepôt avec la ville de Chom mais surtout repartait dans la direction d'où venait Axel pour rejoindre le port de Karnutes, en attente d'exporter les cristaux.
Marcher en pleine chaleur et sans l'ombre d'un orme avait essoufflé Axel qui regrettait d'avoir gardé sa veste. Enfin celle du passant. Il s'assit sur un truc qui dépassait genre petit muret sans prétention et entreprit de dénouer ses chaussures aux lacets fluorescents qu'il attacha autour de son cou. Ses chaussettes finirent dans la poche de sa veste et la veste sur son épaule. Il remit ensuite son sac sur le dos, parce que oui, Axel portait depuis le début de la journée un gros sac dans lequel étaient fourrées toutes ses affaires plus une pomme. Puis d'un bon pas, il franchit la porte de la Buffete.
Fiche de boutique oblige, la pièce principale n'était qu'une large antichambre avec trois portes sur les côtés, un petit bureau en guise d'accueil, et dans le fond, plongeant directement dans les entrailles de l'île, un boyau éclairé régulièrement par des lanternes à pétrole ou à gaz dont les ombres fantasques dessinaient de vagues formes humanoïdes sur les parois de roche et de terre consolidées par de vulgaires étais de bois et de piliers de renforts. De même, un peu au-devant de la porte, Galden Gem alias GG tournait le dos à Axel et beuglait avec panique des mots mâchés par la terreur à l'attention de deux mineurs qui traversaient le tunnel au pas de course et manifestement effrayés. GG les exhortait à courir plus vite.
Par contre, ce que ni la fiche d'île ni la fiche de boutique ne précisaient, c'était le grondement sourd et menaçant qui venait des tréfonds de la mine. Ce râle roulant en échos sur les murs nus et vibrant au diapason avec les battements de cœur du comptable prostré dans un coin. Et que ces ombres dérangeantes qu'Axel avait aperçu n'était en réalité que des silhouettes titubantes et agressives dont les mâchoires crissantes produisaient un son rauque semblable à un rire métallique et auto-tuné. Moche. Et que cette vision affreuse se déroulait dans tous les tunnels miniers de l'île. Même cette petite grotte marine que tous ignorent à part quelques enfants de marins courageux.
-Mais putain grouillez-vous ! Ils sont juste derrière vous !
-Nial s'est foulé la cheville !
-Viens nous aider GG !
-T'es fou ? Je protège les bureaux des voleurs, moi. Je la protège pas de la mine !
-Y'en a encore plein dans les veines !
-Y'en a probablement dans toute l'île !
-Mais c'est quoi ces monstres ?!
-Moins de parlotte, plus de course !
-Aaaaaah !
-MORT AUX HUMAINS QUI PILLENT NOS DIVINS CRISTAUX !
¤J'aurais pas dit mieux. Vous en auriez pas en rab par contre ?
-RAAAAAHHH !
Mais on doit bien lui rendre honneur, à ce bon vieux marchand, il faut bien reconnaître que pour une première escale, Inu Town n'est vraiment pas le choix par défaut.
Il faut dire qu'avec ses cinquante mile habitants au grand maximum et ses multiples déboires avec les pirates et révolutionnaires, on est en droit de se poser la question suivante : Est-ce qu'une escale à Inu Town est vraiment un choix sensé ? Avec pour seul contre argument sérieux la station thermale de Karnutes. Mais soyons honnête : quel genre de marin accepterait de payer pour encore plus d'eau ? Même de l'eau chaude et sans sel. Non, soyons réalistes, il n'y a guère que l'exploitation minière de ces cristaux aux angles acérés, aux couleurs chatoyantes, au son cristallin, à la douce odeur minérale, au toucher comme de la soie, qui apporte un certain cachet à Inu Town. Quelle femme ne rêverait pas d'une alliance sertie de cette pierre aux teintes subtiles ? Quel homme refuserait de voir ses boutons de manchettes étinceler en captant ce dernier rayon de soleil ? Quel pirate ne s'enorgueillirait pas de magnifier un piercing d'un cristal si parfaitement poli par nos maîtres artisans ? Quelle dent en or ne jalouserait pas ce plombage plus éclatant encore ? Quel banquier refuserait votre projet quand vos oreilles ou votre montre arborent le luxe d'un cristal d'Inu Town ? Je le dis et je le répète, si vous accostez sur cette pittoresque île, ça ne peut être que pour y découvrir enfin ce qu'il manquait à votre vie quasiment parfaite ! La Serterie d'Inu, un produit et une qualité d'exception pour un service irréprochable !
Et en plus l'île est toute petite... on peut en faire le tour à vélo en quelques heures seulement. »
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Axel sortit d'un pas prudent en prenant garde de ne pas claquer la porte vitrée de la petite boutique, couvert par les injures du vendeur un peu vénèr' qu'il ne lui ait rien acheté et se soit contenté de critiquer d'un regard les minuscules éclat de verre que sa bijouterie tentait de faire passer pour des cristaux de haute qualité. Et peut-être que notre protagoniste avait fait une réflexion déplacée sur un capitalisme gangrené que le revendeur n'avait pas plus apprécié que sa tentative d'ouvrir une vitre sécurisée pour tâter du doigt les boucles d'oreilles pourtant décorée d'une jolie affichette « Toucher avec les Yeux ! Merci ! ». Après tout, il était bien possible que notre adolescent lui ait fait perdre quelques clients pourtant happés par son discours animé.
Axel recula de quelques pas et observa le drapeau métallique qui annonçait la boutique. Bijoutier d'Inu. Méprise naturelle avec la fameuse Bijouterie d'Inu. Méprise volontairement induite par ce vendeur un peu véreux. Axel s'inclina donc littéralement devant cette duperie savante et s'éloigna en gratifiant l'enseigne d'un doigt d'honneur paresseux.
Axel aurait pu continuer de se promener au petit bonheur la chance, mais il ne croit pas en cette dernière, donc à la place il se dirigea d'un pas décidé dans des petites rues que le soleil n'éclairait pas en quête d'un sandwich ou d'un café allongé. Il ignora une boulangerie bondée, esquiva une place avec un attroupement suspect autour d'un mec en costume trois pièce sur un piédestal en carton, décida qu'il n'avait pas envie de tokoyaki après avoir passé dix minutes devant la carte des choix, puis s'engagea dans une grande rue poussiéreuse aux pavés mal entretenus. Les devantures s'entassaient de part et d'autre des trottoirs et toutes faisaient vent de leurs menus exotiques ou au contraire parfaitement locaux. Mais tandis que son ventre criait maintenant famine, presque quarante minute d'hésitation après avoir décidé qu'il avait faim, un doux chahut vint lui chatouiller les tympans.
"Pas d'inquiétude, capitaine, monsieur le serveur ! Resto-basket et puis quoi encore ! La justice vaincra, elles paieront pour leur crime ! Après elles ont peut-être déjà payé en réservant ? J'sais ap' en vrai."
Passèrent alors en trombe devant lui trois gamines sur deux vélos rouges. La première assise en équilibre sur le guidon brandissait le poing avec ferveur. La seconde pédalait avec difficultés, ses dents claquants sur chaque pavé que les roues de la bicyclette heurtaient, ses cheveux noirs voletant de droite puis de gauche en rythme avec le roulis du cadre qu'une surcharge imposait. La troisième passa presque plus lentement, et ce fut un exploit. Allant à l'encontre des lois de la nature et des vélos, elle pédalait comme on rame : une de ses jambes allait plus vite que l'autre. Ainsi son trajet serpentait à la suite des deux gamines fuyardes.
Axel eut la très forte envie de j'ter la patte et, pourquoi le taire ?♫ rejeter la boiteuse à terre. Mais un tel mépris des règles de la physique ne lui administrèrent qu'une bouffée de respect qu'il manifesta d'un salut militaire.
Axel mit ensuite ses poings gantés dans les larges poches de sa veste qu'il avait déjà trop portée, et s'avança négligemment dans la direction du ramdam que les trois concurrentes pour les olympiades avaient laissé sur le pavé. Là bas un grand monsieur avec des frusques dépassées et larges comme un bandit de western piétinait d'une colère qu'il n'avait pas su contenir plus longtemps. Il se tenait raide à l'extérieur de l'un des restaurant dont l'entrée avait été éventrée et l'intérieur saccagé. Son visage était couvert d'écarlate et ses bras agités de spasmes portaient les mêmes traces de sang. Il tenait dans ses mains une orange qu'il pelait avec l'application d'un homme en rage. Une orange sanguine, évidemment. Il jetait les pelures autour de lui par petits coups secs et grognant à chaque fois que l'une d'entre elle s'échappait d'entre ses doigts.
"Je les déteste un peu ; beaucoup ; à la folie.
Je vais peut-être les abandonner là ; probablement ; certainement ; pas du tout."
Dans un soupir exagéré, il sortit un mouchoir de sa poche et s'appliqua à éponger ses manches et son visage. Il extirpa une bourse de laquelle il sortit une petite liasse de billet qu'il posa sur le paillasson, sous une pierre. Gobant l'orange dénudée, il s'élança alors à la poursuite des trois demoiselles turbulentes.
Axel se pencha pour jeter un coup d’œil à l'intérieur du restaurant où un serveur gisait par terre, entouré de ses collègues. Il avait les avant-bras lacérés. Et criait de douleur avec exagération. Avec un petit sifflement admiratif, notre protagoniste s'inséra dans l’entrebâillement explosé, abandonnant cet homme violent à sa nouvelle quête de vélos volés. Il s'installa sur l'une des tables rescapées et appela un serveur pour passer sa commande. Dans le chaos le plus total.
*****
Axel ressortit de longues minutes plus tard, quand tout le monde eut fini de crier et de remettre les tables en place. Il trouvait qu'elles étaient bien mieux par terre, mais n'avait pas son mot à dire. Il avait finalement convaincu son voisin de derrière d'échanger leurs plats puis s'en fut sans payer. Mais laissa un généreux pourboire pour le décor atypique du lieu et l'investissement des employés. Se souvenant de la raison pour laquelle il errait dans les rues, il demanda son chemin à un passant un peu pressé, échangea sa veste avec la sienne, un peu moins propre, puis s'engagea sur la route ensoleillé qui le mènerait vers l'une des mine du coin : la Buffete Exploitation.
Il y avait plusieurs mines sur Inu Town, et plusieurs sites d'exploitation ou d'extraction, mais la Buffete Exploitation était la seule qui possédait déjà une fiche toute faite avec un pnj tout beau et un pj à ennuyer. C'est donc là-bas que se dirigea Axel qui jonglait avec une unique pomme qu'il avait décidé de ne pas manger. Et c'est brisant les règles tacites des ellipses qu'il arriva aux portes de la boutique. Elle se trouvait un peu en périphérie de Chom, dans une toute petite zone industrielle, et l'on pouvait deviner que l'unique bâtiment administratif collé contre une colline artificielle menait directement au cœur des boyaux d'extraction des cristaux. Le petit bâtiment tout carré était flanqué d'un grand entrepôt, lui aussi très certainement lié à de nombreux tunnels. Le tout était d'une laideur à faire pleurer. Sa distance avec le port laissait aussi à désirer quant à la qualité du transport des minéraux qui devaient sortir de cette usine souterraine. Une route large et abîmée ralliait la route principale et reliait l'entrepôt avec la ville de Chom mais surtout repartait dans la direction d'où venait Axel pour rejoindre le port de Karnutes, en attente d'exporter les cristaux.
Marcher en pleine chaleur et sans l'ombre d'un orme avait essoufflé Axel qui regrettait d'avoir gardé sa veste. Enfin celle du passant. Il s'assit sur un truc qui dépassait genre petit muret sans prétention et entreprit de dénouer ses chaussures aux lacets fluorescents qu'il attacha autour de son cou. Ses chaussettes finirent dans la poche de sa veste et la veste sur son épaule. Il remit ensuite son sac sur le dos, parce que oui, Axel portait depuis le début de la journée un gros sac dans lequel étaient fourrées toutes ses affaires plus une pomme. Puis d'un bon pas, il franchit la porte de la Buffete.
Fiche de boutique oblige, la pièce principale n'était qu'une large antichambre avec trois portes sur les côtés, un petit bureau en guise d'accueil, et dans le fond, plongeant directement dans les entrailles de l'île, un boyau éclairé régulièrement par des lanternes à pétrole ou à gaz dont les ombres fantasques dessinaient de vagues formes humanoïdes sur les parois de roche et de terre consolidées par de vulgaires étais de bois et de piliers de renforts. De même, un peu au-devant de la porte, Galden Gem alias GG tournait le dos à Axel et beuglait avec panique des mots mâchés par la terreur à l'attention de deux mineurs qui traversaient le tunnel au pas de course et manifestement effrayés. GG les exhortait à courir plus vite.
Par contre, ce que ni la fiche d'île ni la fiche de boutique ne précisaient, c'était le grondement sourd et menaçant qui venait des tréfonds de la mine. Ce râle roulant en échos sur les murs nus et vibrant au diapason avec les battements de cœur du comptable prostré dans un coin. Et que ces ombres dérangeantes qu'Axel avait aperçu n'était en réalité que des silhouettes titubantes et agressives dont les mâchoires crissantes produisaient un son rauque semblable à un rire métallique et auto-tuné. Moche. Et que cette vision affreuse se déroulait dans tous les tunnels miniers de l'île. Même cette petite grotte marine que tous ignorent à part quelques enfants de marins courageux.
-Mais putain grouillez-vous ! Ils sont juste derrière vous !
-Nial s'est foulé la cheville !
-Viens nous aider GG !
-T'es fou ? Je protège les bureaux des voleurs, moi. Je la protège pas de la mine !
-Y'en a encore plein dans les veines !
-Y'en a probablement dans toute l'île !
-Mais c'est quoi ces monstres ?!
-Moins de parlotte, plus de course !
-Aaaaaah !
-MORT AUX HUMAINS QUI PILLENT NOS DIVINS CRISTAUX !
¤J'aurais pas dit mieux. Vous en auriez pas en rab par contre ?
-RAAAAAHHH !
Mais on doit bien lui rendre honneur, à ce bon vieux marchand, il faut bien reconnaître que pour une première escale, Inu Town n'est vraiment pas le choix par défaut.
Les applaudissement retentirent dans la rue alors que l'artiste saluait avec une exagération toute calculée. Cela faisait une vingtaine de minutes qu'il s'était installé sur une estrade de fortune, dans l'ignorance générale. Mais il ne s'était pas laissé intimider. Il avait connu des publics plus exigeants. Il avait donc commencé à prendre une pose audacieuse et inconfortable, gardant l'équilibre sur un pied, tandis qu'il penchait en avant, comme pour cueillir un fruit à la branche d'un arbre. L'étonnante performance eut tôt fait d'attirer un curieux, puis un second, un troisième... Et bientôt le petit piédestal fut entouré par une foule de passants. C'est seulement à ce moment que le jeune homme commença à bouger, telle une statue ayant reçu le don de la vie. Une fois captée, l'audience fut réceptive, souriant aux pitreries et s'exclamant aux jongleries audacieuses. De temps à autre, un membre du public s'approchait pour glisser quelques pièces dans un chapeau laissé négligemment au sol.
Marcel haussa les épaules en applaudissant de manière peu enthousiaste. La prestation n’avait rien d’exceptionnel. Le costume de l’artiste était clairement de seconde main, et ses numéros auraient pu faire fureur s’il les avait exécuté trois ans plus tôt. Il s’agissait d’un amateur qui tirait la profession vers le bas. Il allait lui montrer ce qu’était un vrai professionnel !
Le mime s’éloigna donc de la foule, traversa la rue et sélectionna un emplacement qui permettrait à son vis-à-vis de l’observer depuis la caisse horriblement mondaine qu’il osait traiter de scène. Personne ne s’intéressait encore à lui, mais cela ne saurait tarder. Marcel s’accroupit et sortit de la valise qui l’accompagnait toujours quelques pièces de métal dorées qu’il assembla jusqu’à former la structure d’une petite estrade. Il sortit également quelques planches d’ébène vernies qu’il posa sur la structure et constata avec plaisir que, déjà, son podium était nettement plus sophistiqué que celui de son voisin.
D’un point de vue pratique, on pourrait au passage se demander combien pèse la valise de Marcel pour contenir un tel attirail, et comment il peut se balader en permanence avec ça. Ce à quoi on répondra que sept cent vingt dorikis, il faut bien que ça serve à quelque chose. Bien que, soyons clairs, nous serons surtout axés ici sur des dorikis de destinée plus que sur ceux de force. Mais vu que le règlement stipule à peu près que c’est de la force, Marcel porte une grosse valise. Ce que j’aurais bien sûr pu préciser dans sa présentation physique si j’avais pris plus de trente secondes pour y réfléchir.
Marcel, donc, fier de son œuvre, prit également quelques minutes pour ajuster son maquillage traditionnel, épousseta son costume pour en chasser les plis et la saleté et se hissa enfin sur son estrade. De l’autre côté de la rue, il nota un froncement de sourcil perplexe de la part de son « collègue ». Il lui répondit par une révérence avant de se mettre à l’œuvre. Malheureusement pour l’amateur, les quelques secondes de regard intrigué qu’il accorda à Marcel furent assez pour pousser son public à se retourner. Attirés par la nouveauté, quelques personnes commencèrent à traverser la rue. Marcel ne tarda pas à les accueillir avec un sourire charmeur. Il ôta son chapeau pour saluer, mais fit mine de le trouver fixé en place et entama une routine autour d’un objet supposément inamovible. Les rires ne tardèrent pas à récompenser sa pantomime et il continua en sortant un second chapeau de sa valise. Le public applaudit au ressort comique et l’amateur, en face, osa une grimace agacée. Bien, si ce nouveau venu voulait jouer, ils allaient jouer ! Son estrade était peut-être moins élaborée, il n’avait besoin de luxe pour prouver sa valeur. Il sortit donc de sa poche quelques balles avec lesquelles il se mit à jongler avec adresse, surprenant ses spectateurs lorsqu’il sembla faire apparaître trois nouvelles balles du néant.
Pff. Amateur, vraiment, songea Marcel. La magie était l’apanage des mimes qui ne savaient pas pousser les limites de leur art. Pour le prouver, Marcel se mit soudainement à changer le rythme de ses gestes et la foule se récria lorsqu’il parut être pris dans une violente tempête qui paraissait déterminée à le pousser hors de la scène. En face, l’amateur ne tarda pas à répliquer.
Les deux artistes continuèrent ainsi à se tancer, chacun sur son estrade, tandis que la foule oscillait de l’un à l’autre, comme les spectateurs d’un intense match de tennis. Petit à petit, des clans se mirent à se former, d’un côté les partisans de Marcel, de l’autre ceux de l’amateur, et tous se mirent à se haranguer, certains oralement, d’autres par gestuelle, à l’image des mimes qui ne faiblissaient pas dans leurs efforts de prouver leur légitimité. Comme il se doit lors de ce genre d’événement, quelques fruits et légumes entreprirent de fuser et tout aurait pu dégénérer sans l’intervention inopinée de deux vélos qui débaroulèrent sur la place, fendant la foule à grands coups d’acrobatie et de figures téméraires.
Le numéro eut le mérite de calmer tout le monde pendant quelques minutes, chacun y allant de son commentaire pour apprécier la prouesse technique et l’impression de facilité donnée par les cyclistes malgré la vitesse à laquelle elles exécutaient leur numéro. Cependant, une fois l’étrange trio passé, le public sembla se souvenir ce qui se passait avant l’interruption. Heureusement, on sait bien qu’il n’y a rien de plus fédérateur qu’un ennemi commun et, agacés d’avoir été distrait de la sorte par des opportunistes qui avaient voulu voler la vedette de leurs artistes préférés, les spectateurs décidèrent de reporter leur colère sur les cyclistes et se mirent à courir dans la direction qu’elles avaient emprunté.
Pris au dépourvu, Marcel et l’amateur se consultèrent du regard et arrivèrent à la même conclusion : sans public, aucun moyen de les départager. Ils se dépêchèrent donc de tout remballer et partirent à la poursuite de leurs spectateurs, l’un une lourde valise en main, l’autre un carton sous le bras.
Marcel haussa les épaules en applaudissant de manière peu enthousiaste. La prestation n’avait rien d’exceptionnel. Le costume de l’artiste était clairement de seconde main, et ses numéros auraient pu faire fureur s’il les avait exécuté trois ans plus tôt. Il s’agissait d’un amateur qui tirait la profession vers le bas. Il allait lui montrer ce qu’était un vrai professionnel !
Le mime s’éloigna donc de la foule, traversa la rue et sélectionna un emplacement qui permettrait à son vis-à-vis de l’observer depuis la caisse horriblement mondaine qu’il osait traiter de scène. Personne ne s’intéressait encore à lui, mais cela ne saurait tarder. Marcel s’accroupit et sortit de la valise qui l’accompagnait toujours quelques pièces de métal dorées qu’il assembla jusqu’à former la structure d’une petite estrade. Il sortit également quelques planches d’ébène vernies qu’il posa sur la structure et constata avec plaisir que, déjà, son podium était nettement plus sophistiqué que celui de son voisin.
D’un point de vue pratique, on pourrait au passage se demander combien pèse la valise de Marcel pour contenir un tel attirail, et comment il peut se balader en permanence avec ça. Ce à quoi on répondra que sept cent vingt dorikis, il faut bien que ça serve à quelque chose. Bien que, soyons clairs, nous serons surtout axés ici sur des dorikis de destinée plus que sur ceux de force. Mais vu que le règlement stipule à peu près que c’est de la force, Marcel porte une grosse valise. Ce que j’aurais bien sûr pu préciser dans sa présentation physique si j’avais pris plus de trente secondes pour y réfléchir.
Marcel, donc, fier de son œuvre, prit également quelques minutes pour ajuster son maquillage traditionnel, épousseta son costume pour en chasser les plis et la saleté et se hissa enfin sur son estrade. De l’autre côté de la rue, il nota un froncement de sourcil perplexe de la part de son « collègue ». Il lui répondit par une révérence avant de se mettre à l’œuvre. Malheureusement pour l’amateur, les quelques secondes de regard intrigué qu’il accorda à Marcel furent assez pour pousser son public à se retourner. Attirés par la nouveauté, quelques personnes commencèrent à traverser la rue. Marcel ne tarda pas à les accueillir avec un sourire charmeur. Il ôta son chapeau pour saluer, mais fit mine de le trouver fixé en place et entama une routine autour d’un objet supposément inamovible. Les rires ne tardèrent pas à récompenser sa pantomime et il continua en sortant un second chapeau de sa valise. Le public applaudit au ressort comique et l’amateur, en face, osa une grimace agacée. Bien, si ce nouveau venu voulait jouer, ils allaient jouer ! Son estrade était peut-être moins élaborée, il n’avait besoin de luxe pour prouver sa valeur. Il sortit donc de sa poche quelques balles avec lesquelles il se mit à jongler avec adresse, surprenant ses spectateurs lorsqu’il sembla faire apparaître trois nouvelles balles du néant.
Pff. Amateur, vraiment, songea Marcel. La magie était l’apanage des mimes qui ne savaient pas pousser les limites de leur art. Pour le prouver, Marcel se mit soudainement à changer le rythme de ses gestes et la foule se récria lorsqu’il parut être pris dans une violente tempête qui paraissait déterminée à le pousser hors de la scène. En face, l’amateur ne tarda pas à répliquer.
Les deux artistes continuèrent ainsi à se tancer, chacun sur son estrade, tandis que la foule oscillait de l’un à l’autre, comme les spectateurs d’un intense match de tennis. Petit à petit, des clans se mirent à se former, d’un côté les partisans de Marcel, de l’autre ceux de l’amateur, et tous se mirent à se haranguer, certains oralement, d’autres par gestuelle, à l’image des mimes qui ne faiblissaient pas dans leurs efforts de prouver leur légitimité. Comme il se doit lors de ce genre d’événement, quelques fruits et légumes entreprirent de fuser et tout aurait pu dégénérer sans l’intervention inopinée de deux vélos qui débaroulèrent sur la place, fendant la foule à grands coups d’acrobatie et de figures téméraires.
Le numéro eut le mérite de calmer tout le monde pendant quelques minutes, chacun y allant de son commentaire pour apprécier la prouesse technique et l’impression de facilité donnée par les cyclistes malgré la vitesse à laquelle elles exécutaient leur numéro. Cependant, une fois l’étrange trio passé, le public sembla se souvenir ce qui se passait avant l’interruption. Heureusement, on sait bien qu’il n’y a rien de plus fédérateur qu’un ennemi commun et, agacés d’avoir été distrait de la sorte par des opportunistes qui avaient voulu voler la vedette de leurs artistes préférés, les spectateurs décidèrent de reporter leur colère sur les cyclistes et se mirent à courir dans la direction qu’elles avaient emprunté.
Pris au dépourvu, Marcel et l’amateur se consultèrent du regard et arrivèrent à la même conclusion : sans public, aucun moyen de les départager. Ils se dépêchèrent donc de tout remballer et partirent à la poursuite de leurs spectateurs, l’un une lourde valise en main, l’autre un carton sous le bras.
-Et donc, quels sont les avantages de venir faire ses études à Cloud'Academia me direz-vous ? Et bien, pour commencer, l'académie de Weatheria est la meilleure école pour étudier la science de la météorologie. Et grâce à ses connaissances, On s’arrange pour aller à des endroits où il fait toujours beau ! Étudier à Cloud'Academia, c'est l'assurance de faire ses études sans jamais déprimer sous la pluie !
-Excuse me ! I am a tourist from a very distant country. I came to visit North Blue, and since your island is currently based in Inu Town, I decided to stop by. I'm interested in your school, but I didn't quite understand your last speech. Could you try to translate it?
-Euh well of course. Hem... Cloud'Academia have a lot of advantages. It's the best for the science of meteorology. Is that what we call it ? And there is sun. Many many sun. All year, yep. Basically, it never rains cats and dogs hahaha.
-♫MMMMIIIIIIIAAAAAAAA♫...
-What the fractus ?
........
♫-AAAAAAAAOOOOOOOUUUUUUUU♫
Visiblement, il va être l'heure d’atterrir. Pas trop tôt, ça doit faire trois heures que j'ai été projeté par ce canon à Bulgemore. Mais enfin la terre ferme. Enfin, pas vraiment la terre, mais y'a des bâtiments, donc c'est pareil. La puce dans mon cerveau me dit que nous sommes à Weatheria, mais franchement, à quoi ça m'avance ? Bon le problème c'est que je vais vite. Il va falloir bien plier les genoux pour amortir la chute. J'arrive droit sur un bâtiment. L'école de Cloud'Academia, me souffle mon colocataire virtuel. Allez, atterrissage en douceur !
*CLING !*
*BOOOOOM !*
*FRISHHHSISHHHH !*
*BOOOOOM ! à nouveau*
*PLOUF !*
Bon, raté pour l'atterrissage en douceur. J'ai visiblement traversé une vitre, suivi d'un mur, suivi d'une étagère contenant des bouquins, faisant voler des tonnes de papier, suivi d'un plancher qui fait le même bruit qu'un mur, suivi d'un nuage. Le tout est tout de même assez douloureux, c'est désagréable. En plus j'ai loupé ma chance et maintenant je suis sous l'île. Bon, dans mon malheur, y'a une autre île en dessous. Inu Town apparemment. Inu veut dire chien dans la langue oubliée de Wa No Kuni. J'me fiche de tout ce que me dit la puce d'ordinaire, mais j'aime pas les chiens. Je me hérisse. Je me rappelle que je suis toujours en pleine chute et me calme.
Ok, au moins, cette péripétie m'aura un peu ralentit. Je calcule à peu près où je vais tomber pendant le temps qu'il me reste. Visiblement, mon point de chute sera un chemin en terre. Pas génial, mais mieux qu'un rocher. Oh ! Attends ! Y'a des bipèdes qui courent sur le chemin. Si j'arrive à légèrement orienter ma trajectoire... Tomber sur de la peau c'est mieux que de la terre. Je bat l'air un peu avec ma queue pour me déplacer légèrement et....
Je plie les genoux...
Je préviens de mon arrivée :
♫-MIIIIIIIIIIIIIIIAAAAAAAAAAAAAA♫
Je rentre en contact avec le visage de la cible !
J'amortie le choc en pliant mes pattes. La bipède fait de même en pliant les siennes, mais seulement pour tomber en arrière.
-Irina !
Et soudain c'est tout bon, je suis arrêté. Ça fait du bien. Je m'assois sur le visage de la bipède, et je procède à un auto-check rapide. Sept... Huit... Neuf... Ok, toutes mes vies sont encore là. J'ai un peu mal aux articulations, mais globalement rien de cassé. Plus de peur que de mal. Je lève la tête pour voir deux humaines me fixer, l'air ébahi. Sous la pression de leur regard alarmé, je commence à faire nonchalamment ma toilette, en commençant par le coussinet de la patte gauche.
-Excuse me ! I am a tourist from a very distant country. I came to visit North Blue, and since your island is currently based in Inu Town, I decided to stop by. I'm interested in your school, but I didn't quite understand your last speech. Could you try to translate it?
-Euh well of course. Hem... Cloud'Academia have a lot of advantages. It's the best for the science of meteorology. Is that what we call it ? And there is sun. Many many sun. All year, yep. Basically, it never rains cats and dogs hahaha.
-♫MMMMIIIIIIIAAAAAAAA♫...
-What the fractus ?
........
♫-AAAAAAAAOOOOOOOUUUUUUUU♫
Visiblement, il va être l'heure d’atterrir. Pas trop tôt, ça doit faire trois heures que j'ai été projeté par ce canon à Bulgemore. Mais enfin la terre ferme. Enfin, pas vraiment la terre, mais y'a des bâtiments, donc c'est pareil. La puce dans mon cerveau me dit que nous sommes à Weatheria, mais franchement, à quoi ça m'avance ? Bon le problème c'est que je vais vite. Il va falloir bien plier les genoux pour amortir la chute. J'arrive droit sur un bâtiment. L'école de Cloud'Academia, me souffle mon colocataire virtuel. Allez, atterrissage en douceur !
*CLING !*
*BOOOOOM !*
*FRISHHHSISHHHH !*
*BOOOOOM ! à nouveau*
*PLOUF !*
Bon, raté pour l'atterrissage en douceur. J'ai visiblement traversé une vitre, suivi d'un mur, suivi d'une étagère contenant des bouquins, faisant voler des tonnes de papier, suivi d'un plancher qui fait le même bruit qu'un mur, suivi d'un nuage. Le tout est tout de même assez douloureux, c'est désagréable. En plus j'ai loupé ma chance et maintenant je suis sous l'île. Bon, dans mon malheur, y'a une autre île en dessous. Inu Town apparemment. Inu veut dire chien dans la langue oubliée de Wa No Kuni. J'me fiche de tout ce que me dit la puce d'ordinaire, mais j'aime pas les chiens. Je me hérisse. Je me rappelle que je suis toujours en pleine chute et me calme.
Ok, au moins, cette péripétie m'aura un peu ralentit. Je calcule à peu près où je vais tomber pendant le temps qu'il me reste. Visiblement, mon point de chute sera un chemin en terre. Pas génial, mais mieux qu'un rocher. Oh ! Attends ! Y'a des bipèdes qui courent sur le chemin. Si j'arrive à légèrement orienter ma trajectoire... Tomber sur de la peau c'est mieux que de la terre. Je bat l'air un peu avec ma queue pour me déplacer légèrement et....
Je plie les genoux...
Je préviens de mon arrivée :
♫-MIIIIIIIIIIIIIIIAAAAAAAAAAAAAA♫
Je rentre en contact avec le visage de la cible !
J'amortie le choc en pliant mes pattes. La bipède fait de même en pliant les siennes, mais seulement pour tomber en arrière.
-Irina !
Et soudain c'est tout bon, je suis arrêté. Ça fait du bien. Je m'assois sur le visage de la bipède, et je procède à un auto-check rapide. Sept... Huit... Neuf... Ok, toutes mes vies sont encore là. J'ai un peu mal aux articulations, mais globalement rien de cassé. Plus de peur que de mal. Je lève la tête pour voir deux humaines me fixer, l'air ébahi. Sous la pression de leur regard alarmé, je commence à faire nonchalamment ma toilette, en commençant par le coussinet de la patte gauche.
Dernière édition par Gredin Purr Tech. le Jeu 12 Sep 2024 - 19:32, édité 1 fois
Aux quatre coins de l'île, des cris de frayeur résonnaient et se répondaient.
Il faut dire que pour le chaland classique d'Hinu Town, et non pas d'Inu Town (faut être sacrément dyslexique pour confondre les deux îles), les cris qui se font écho sont monnaie courante, du haut des minarets, ne serait-ce que pour capter l'attention d'un marchand au cerveau frit et le prévenir d'une nouvelle tempête de sable. Sur Inu, bien loin d'Hinu, les seuls cris sont ceux des vaches, un peu comme si on était en vacance sur Kage Berg. Alors sur cette île qui n'est ni celle des chiens ni celle des vaches mais plutôt celles des pécores, à la religion même pas hindu, hein, donc, disais-je, les cris de panique sonnent plus comme un appel au loup. En même temps, c'est pas loin de l'hinu, le loup. Mais revenons au pays des leus, puisqu'Inu faudra bien ça pour comprendre la suite de l'histoire.
On en était où... ?
Aux quatre coins de l'île, des cris de frayeur résonnaient et se répondaient. Au sein des villes principales, tout d'abord, puisque c'est là-bas que les hurlements se répandirent comme une traînée de poudre ou un virus pathogène sacrément virulent. Au cœur même de certaines maison, ce qui ressemblait à un tout petit affaissement de cuisine ou peut-être un mini glissement de salle-à-manger éclata dans plusieurs bâtiments du centre ville de Chom. Et de chaque pustule de terre ainsi éventrée sortit un à deux humanoïdes de boue, de terre et de cailloux, à l'odeur et à l'aspect aussi peu ragoutant qu'une plaie infectée.
Dans les campagnes, ce fut au milieu de champs, donc beaucoup moins impressionnant. Non seulement il n'y avait personne pour les entendre ou presque, mais il était plus difficile d'émerger d'une galerie qui donnait directement sous un étang, dans un champs de vaches territoriales ou au beau milieu d'une kermesse des fleurs devant un arbre gravé de mile visages et des paysans plus effrayants que ne le seraient jamais les créatures. Ces derniers repartirent sous terre en prenant soin de bien reboucher derrière eux.
Une espèce d'invasion zombie bon enfant, quoi.
-Eh beh punaise, quelle saloperie. Comment on se débrouille pour pas que ça nous gène dans nos plans de vengeance contre l'humanité ?
-Je sais pas bien, Drorrk, mais la lumière aérienne, elle brûle, c'est une horreur !
¤Vous devriez trouver des lunettes de soleil, les essayer c'est les adopter.
Leurs mains tenant toujours fermement la porte par laquelle s'étaient enfuis les employés, les deux élémentaire de terre se dévissèrent littéralement la tête pour observer Axel. Lui farfouillait dans le bureau de l'accueil abandonné par tous. Ils étaient finalement sortis comme des furies, hurlant de toute la puissance de leurs poumons, pour échapper à ces deux monstres crissants et suintant. Axel se demanda une seconde ce que pouvait bien être le liquide qui les couvrait partiellement, puis chercha à identifier l'odeur, mais abandonna bien vite, plus intéressé par ce que renfermait le bureau. Mais c'était globalement de la paperasse administrative et des CVs nuls sur lesquels GG avait gribouillé des moustaches.
-C'est quoi des nulettes de soleil, Urgurr ?
¤C'est des morceaux de verres opacifiants que l'on sertit sur des montures en métal, placés sur votre visage et plus précisément sur les yeux, pour éviter que la lumière du soleil ne les brûle. Vous savez pas où ils rangent leurs stocks de cristaux ?
-C'est ce qu'il nous faut, Drorrk ! Avec ça nous allons pouvoir nous venger de l'humanité qui nous vole nos divins cristaux !
-Toi, l'humain ! Donne nous des nulettes de soleil ou on te tue !
¤Hein ? Mais si vous faîtes ça vous aurez pas vos lunettes de soleil et vous aurez pas votre revanche... votre vengeance... sur quoi d'ailleurs ?
-SUR LES HUMAINS QUI VOLENT NOS CRISTAUX !
¤Oh cool. Vous savez où je peux en trouver alors ? J'en ai besoin pour partir de cette île.
-TU VEUX VOLER NOS CRISTAUX ?!
¤Du coup non, mais je veux bien vous les échanger contre des lunettes de soleil et un plan pour vous venger de la société humaine de la surface qui vole vos cristaux. C'est un échange honnête je trouve !
Axel engouffra dans sa poche une petite liasse de billets qui traînait dans son tiroir, à peine une centaine de berrys oubliés, et s'assit en tailleur sur le bureau simple en métal blanc. Il observa le duo en penchant la tête sur le côté, un peu comme un cocker qui cherche à se faire bien voir d'un petit enfant dans l'unique espoir de recevoir un morceau de son hot-dog. Ses doigts se perdirent mécaniquement sur les cordons du col de sa nouvelle veste comme s'il l'avait toujours connue.
-Un instant s'il te plaît.
Les deux êtres s'élancèrent dans un conciliabule cartoonesque à grands renforts de gestes et de têtes relevées à des intervalles d'une régularité qui donna la nausée à Axel. Ce dernier sauta alors à bas de son bureau d'accueil et s'invita dans les autres pièces. Ce n'était que des bureaux sans intérêt. Mais avec une agrafeuse murale qu'il enfourna avec les précédents billets et une paire de lunettes bien rangée dans leur étui. Axel avisa un encrier jamais utilisé et le subtilisa à son tour.
Cette veste était trop bien. Les poches étaient super grandes !
Dans la dernière pièce, Axel découvrit le comptable, prostré en position fœtale sous son bureau, tremblant de peur, un couteau à beurre dans la main. Avec un clin d’œil et un pouce levé, Axel ressortit sur la pointe des pieds et referma la porte derrière lui sans un bruit.
-Très bien, fit l'une des deux créatures à l'odeur âcre. On va t'emmener dans les tunnels pour te donner des cristaux et après tu nous donnera des nulettes de soleil pour tout le monde.
-Et tu vas nous donner ton plan pour nous venger des humains !
¤Haha ! Marché conclu ! Je vais vous enseigner comment briser le capitalisme qui a ruiné votre vie ! Quelle belle journée !
Tandis que le trio s'enfonçait dans l'un des nombreux boyaux sous-terrain des mines d'Hinu Town, Axel, les mains croisés derrière la tête qu'il renversait en arrière pour observer le plafond, se demanda combien de cristaux il lui faudrait pour racheter un sous-marin à la guilde des usuriers. Et ce qu'il encourrait vraiment s'il décidait de leur voler. Et alors qu'ils prenaient à droite à l'embranchement, il réfléchit sérieusement à comment détruire le capitalisme à la surface. Quel rêve magnifique ce serait ! Quel agréable chaos cela présageait ! Souriant de toutes ses dents, Axel s'étira de tout son long, ses doigts frôlant le plafond humide.
Il lui tardait d'entendre les cris de frayeur aux quatre coins de l'île.
-Tiens, y'a une sortie de galerie par ici ?
-Putain Urgurr, je t'avais dit que c'était toujours à gauche. On est perdus maintenant ...
¤Allons jeter un œil pour voir où on est, tant qu'à y être.
Il faut dire que pour le chaland classique d'Hinu Town, et non pas d'Inu Town (faut être sacrément dyslexique pour confondre les deux îles), les cris qui se font écho sont monnaie courante, du haut des minarets, ne serait-ce que pour capter l'attention d'un marchand au cerveau frit et le prévenir d'une nouvelle tempête de sable. Sur Inu, bien loin d'Hinu, les seuls cris sont ceux des vaches, un peu comme si on était en vacance sur Kage Berg. Alors sur cette île qui n'est ni celle des chiens ni celle des vaches mais plutôt celles des pécores, à la religion même pas hindu, hein, donc, disais-je, les cris de panique sonnent plus comme un appel au loup. En même temps, c'est pas loin de l'hinu, le loup. Mais revenons au pays des leus, puisqu'Inu faudra bien ça pour comprendre la suite de l'histoire.
On en était où... ?
Aux quatre coins de l'île, des cris de frayeur résonnaient et se répondaient. Au sein des villes principales, tout d'abord, puisque c'est là-bas que les hurlements se répandirent comme une traînée de poudre ou un virus pathogène sacrément virulent. Au cœur même de certaines maison, ce qui ressemblait à un tout petit affaissement de cuisine ou peut-être un mini glissement de salle-à-manger éclata dans plusieurs bâtiments du centre ville de Chom. Et de chaque pustule de terre ainsi éventrée sortit un à deux humanoïdes de boue, de terre et de cailloux, à l'odeur et à l'aspect aussi peu ragoutant qu'une plaie infectée.
Dans les campagnes, ce fut au milieu de champs, donc beaucoup moins impressionnant. Non seulement il n'y avait personne pour les entendre ou presque, mais il était plus difficile d'émerger d'une galerie qui donnait directement sous un étang, dans un champs de vaches territoriales ou au beau milieu d'une kermesse des fleurs devant un arbre gravé de mile visages et des paysans plus effrayants que ne le seraient jamais les créatures. Ces derniers repartirent sous terre en prenant soin de bien reboucher derrière eux.
Une espèce d'invasion zombie bon enfant, quoi.
-Eh beh punaise, quelle saloperie. Comment on se débrouille pour pas que ça nous gène dans nos plans de vengeance contre l'humanité ?
-Je sais pas bien, Drorrk, mais la lumière aérienne, elle brûle, c'est une horreur !
¤Vous devriez trouver des lunettes de soleil, les essayer c'est les adopter.
Leurs mains tenant toujours fermement la porte par laquelle s'étaient enfuis les employés, les deux élémentaire de terre se dévissèrent littéralement la tête pour observer Axel. Lui farfouillait dans le bureau de l'accueil abandonné par tous. Ils étaient finalement sortis comme des furies, hurlant de toute la puissance de leurs poumons, pour échapper à ces deux monstres crissants et suintant. Axel se demanda une seconde ce que pouvait bien être le liquide qui les couvrait partiellement, puis chercha à identifier l'odeur, mais abandonna bien vite, plus intéressé par ce que renfermait le bureau. Mais c'était globalement de la paperasse administrative et des CVs nuls sur lesquels GG avait gribouillé des moustaches.
-C'est quoi des nulettes de soleil, Urgurr ?
¤C'est des morceaux de verres opacifiants que l'on sertit sur des montures en métal, placés sur votre visage et plus précisément sur les yeux, pour éviter que la lumière du soleil ne les brûle. Vous savez pas où ils rangent leurs stocks de cristaux ?
-C'est ce qu'il nous faut, Drorrk ! Avec ça nous allons pouvoir nous venger de l'humanité qui nous vole nos divins cristaux !
-Toi, l'humain ! Donne nous des nulettes de soleil ou on te tue !
¤Hein ? Mais si vous faîtes ça vous aurez pas vos lunettes de soleil et vous aurez pas votre revanche... votre vengeance... sur quoi d'ailleurs ?
-SUR LES HUMAINS QUI VOLENT NOS CRISTAUX !
¤Oh cool. Vous savez où je peux en trouver alors ? J'en ai besoin pour partir de cette île.
-TU VEUX VOLER NOS CRISTAUX ?!
¤Du coup non, mais je veux bien vous les échanger contre des lunettes de soleil et un plan pour vous venger de la société humaine de la surface qui vole vos cristaux. C'est un échange honnête je trouve !
Axel engouffra dans sa poche une petite liasse de billets qui traînait dans son tiroir, à peine une centaine de berrys oubliés, et s'assit en tailleur sur le bureau simple en métal blanc. Il observa le duo en penchant la tête sur le côté, un peu comme un cocker qui cherche à se faire bien voir d'un petit enfant dans l'unique espoir de recevoir un morceau de son hot-dog. Ses doigts se perdirent mécaniquement sur les cordons du col de sa nouvelle veste comme s'il l'avait toujours connue.
-Un instant s'il te plaît.
Les deux êtres s'élancèrent dans un conciliabule cartoonesque à grands renforts de gestes et de têtes relevées à des intervalles d'une régularité qui donna la nausée à Axel. Ce dernier sauta alors à bas de son bureau d'accueil et s'invita dans les autres pièces. Ce n'était que des bureaux sans intérêt. Mais avec une agrafeuse murale qu'il enfourna avec les précédents billets et une paire de lunettes bien rangée dans leur étui. Axel avisa un encrier jamais utilisé et le subtilisa à son tour.
Cette veste était trop bien. Les poches étaient super grandes !
Dans la dernière pièce, Axel découvrit le comptable, prostré en position fœtale sous son bureau, tremblant de peur, un couteau à beurre dans la main. Avec un clin d’œil et un pouce levé, Axel ressortit sur la pointe des pieds et referma la porte derrière lui sans un bruit.
-Très bien, fit l'une des deux créatures à l'odeur âcre. On va t'emmener dans les tunnels pour te donner des cristaux et après tu nous donnera des nulettes de soleil pour tout le monde.
-Et tu vas nous donner ton plan pour nous venger des humains !
¤Haha ! Marché conclu ! Je vais vous enseigner comment briser le capitalisme qui a ruiné votre vie ! Quelle belle journée !
Tandis que le trio s'enfonçait dans l'un des nombreux boyaux sous-terrain des mines d'Hinu Town, Axel, les mains croisés derrière la tête qu'il renversait en arrière pour observer le plafond, se demanda combien de cristaux il lui faudrait pour racheter un sous-marin à la guilde des usuriers. Et ce qu'il encourrait vraiment s'il décidait de leur voler. Et alors qu'ils prenaient à droite à l'embranchement, il réfléchit sérieusement à comment détruire le capitalisme à la surface. Quel rêve magnifique ce serait ! Quel agréable chaos cela présageait ! Souriant de toutes ses dents, Axel s'étira de tout son long, ses doigts frôlant le plafond humide.
Il lui tardait d'entendre les cris de frayeur aux quatre coins de l'île.
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-Tiens, y'a une sortie de galerie par ici ?
-Putain Urgurr, je t'avais dit que c'était toujours à gauche. On est perdus maintenant ...
¤Allons jeter un œil pour voir où on est, tant qu'à y être.