Le soleil se fait discret sur Armada aujourd'hui. Caché derrière de gros nuages blancs, il éclaire la cité flottante d'une lumière douce et terne. Quant à la capitale pirate, elle est toujours égale à elle-même : peuplée des pire coupe-jarrets et autres aigrefins, heureusement que ma notoriété m'évite d'avoir affaire à cette lie de l'humanité. Il faut bien dire que j'ai clairement montré qu'avec moi qui s'y frotte s'y pique. Mon massacre de la population de la Zone a marqué les esprits et cet "exploit" me permet d'avoir la paix. Il y a bien quelques jeunes loups aux crocs qui rayent le plancher qui pensent pouvoir prendre ma place, ceux-là ont vite fait de revenir à la réalité. Et même lorsque je ne suis pas là, mes hommes font respecter ma loi sur mon Cadran. Bref, aujourd'hui, j'arpente les travées de cette catin des mers comme si c'était mon jardin. Certes, mon apparence d'ange aux ailes noires dans une longue robe blanche immaculée tranche avec le décor, mais je n'en ai cure. Après tout, Armada n'est un bric-à-brac géant, reflets des goûts et des aspirations des propriétaires des Cadrans.
Je marche donc vers la Part des Anges, pardon, le Caprice des Dieux. Ma maison est toujours aussi animée, je vois même quelques habitués qui sirotent paisiblement leur consommation en terrasse. Suivie de près par Hephilllia, Gaston et Diego, je pénètre dans l'établissement. Ce que j'apprécie ici, c'est que le silence ne se fait pas, le tumulte des conversations continue comme si j'étais une personne des plus ordinaires. Je salue d'un geste de la main le petit personnel que je vois au travail. Tous sont ravis de me voir, il faut dire que depuis que j'ai à faire dans le Nouveau Monde, je ne reviens que rarement ici. La bataille de Jaya aura au moins eu ça de bon va-t-on dire. Mes amis m'accompagnent jusque dans mes bureaux, et une fois seuls, on peut enfin commencer à parler.
"C'est un endroit charmant." ironise la blonde d'un ton badin.
"Je ne te voyais pas en mère maquerelle." continue un Diego impassible. "C'est un côté de ta personnalité que je ne te connaissais pas."
"Et toi Gaston?" dis-je en me retournant vers mon médecin aux cheveux roses. "Ma maison te plaît?"
" … " Mon ami a le visage cramoisi, je ne le pensais pas si prude, je trouve ce coté de sa personnalité touchant.
"Bon, on va ramener la Part des Anges sur Libertalia." annoncé-je brutalement.
"Hein?" répond une Héfy sous le choc. "On a le droit?"
"C'est mon Cadran, j'en fais ce que je veux." poursuis-je. "J'ai quand même prévenu le patron."
"Je ne te pensais pas si … prévenante." pouffe l'homme-poisson sous son masque.
"Les meilleures batailles sont celles qu'on ne livre pas."
"On fait comment?" demande Gaston fort à propos.
"Sortir la Part des Anges d'Armada n'est pas bien compliqué. Après tout, tout ici est sur planches. Donc on a qu'à couper les cordages qui retiennent le bar et remorquer le tout avec la Lépreuse."
"Dit comme ça, c'est super simple." nuance ma conseillère borgne. "Mais c'est un travail de dingue.! Il va falloir renforcer la flottabilité pour qu'on puisse voyager en mer avec, libérer le passage pour pouvoir le sortir, déménager les matériel et le personnel … Il y en a pour plusieurs jours de travail! Et je ne parle même pas des imprévus qui vont nous tomber sur la gueule!"
"C'est pour ça que je vous confie cette mission. J'ai d'autres choses à faire de mon côté."
J'entends leurs protestations. Je ne leur confie pas une tâche facile. Mais la Part des Anges est ma principale source de revenus. Je ne peux pas l'avoir aussi loin de moi, ou de mes activités principales. Cependant, je ne compte pas abandonner Armada pour autant. Stratégiquement, ça reste intéressant d'avoir un pied ici, alors je dois diversifier mes activités. Et j'ai déjà ma petite idée sur comment procéder.
Et l'idée en question m'amène à arpenter les ruelles de la Zone. Depuis quelques temps j'ai ouï dire qu'une petite criminalité s'y est installé et qu'elle y prospère. Je ne vais franchement pas faire ma surprise : on est sur Armada! Que les souris dansent quand le chat n'est pas là est monnaie courante ici. Ce qui me chagrine par contre c'est que certains ont un petit peu trop d'ambition pour leur propre bien. Et donc quand la vermine prend un peu trop ses aises, c'est à moi que revient le plaisir de nettoyer le bazar. Comme souvent, la chose ne se fait pas sans heurts ; à croire que personne n'a encore compris que je n'usurpe en rien ma prime et ma réputation.
Les dépouilles des malheureux qui ont croisé mon chemin iront pourrir dans l'antre de Davy Jones. Cependant, il y en un qui fait quelque chose d'assez inattendu. Il me supplie de le garder en vie.
"S'il vous plait, ne me tuez pas!" m'implore-t-il d'une voix traînante.
L'homme est d'un âge avancé. Il semble avoir roulé sa bosse dans le milieu et connaît la valeur de la vie, surtout de la sienne. Ses cheveux poivre et sel, sa barbe soigneusement entretenue et son complet noir me semblent complètement hors de propos dans une cité pirate comme Armada, mais bon, si on y réfléchit bien, ne suis-je pas moi-même une exception dans le monde de la flibuste? Je regarde donc le vieux monsieur qui rampe dans une mare de sang.
"Vous pouvez arrêter la comédie, nous savons tous les deux que ce n'est pas votre sang." lui dis-je d'une voix inhabituellement froide. "Vous n'êtes même pas blessé."
L'individu se relève un éclat de malice brillant au fond de ses yeux gris. Il a attiré mon attention et il le sait.
"Madame a l'œil aiguisé." flagorne-t-il. "Vous …"
"Mademoiselle." le coupé-je. "Et je préfère vous prévenir, la flatterie ne vous mènera nulle par sauf au tombeau."
"Hé bien, Mademoiselle est franche."
Il déglutit difficilement. Ma dernière phrase l'a clairement pris de court, mais je ne souhaite pas profiter de cet avantage pour autant. En fait, je suis comme un chat qui sait que la souris ne peut pas lui échapper mais qui joue avec pour tuer le temps. Le voir se débattre m'amuse, je retarde donc le moment de sa mise à mort, tant qu'il me divertit, tout du moins.
"Hé bien, j'attends." m'impatienté-je.
"Si je peux me permettre, vous nettoyez à nouveau le quartier dans le but d'y construire des hôtels?"
"En effet." Approuvé-je surprise de sa clairvoyance.
"C'est une mauvaise idée, Mademoiselle. C'est la zone ici."
"Merci de m'apprendre le nom de mon propre Cadran."
"Non, enfin, oui, mais ce n'est pas ce que je veux dire." se reprend-t-il. "L'endroit craint vraiment. La population est pauvre, et hormis autour de votre rade, il n'y a que des criminels qui vivent ici. Vous pouvez descendre deux trois fois par an pour la nettoyer, la vermine reviendra toujours."
"Vous semblez avoir raison. Et je suis certaine que si je vous laisse développer, vous aurez une solution clef en main à me proposer."
"Ha ha, Mademoiselle est aussi belle qu'intelligente!"
"Ca suffit, je vous ai dit d'arrêter de me flatter. Et je n'aime pas me répéter." Il déglutit difficilement. "Continuez, je vous prie."
"Vous avez encore libéré pas mal de place chez vous, là. Il y a quelques logements libres et pas trop mal fichus." J'acquiesce. "Et il y a aussi pas mal d'endroits super sympas sur Armada qui ne sont pas occupés toute l'année parce que leur pirates d'occupants voguent sur Grand Line à la recherche d'un bon butin."
"Je ne saisis pas bien le rapport."
"Ces logements sont la plupart du temps vides et bien plus confortables que la plupart des hôtels sur Armada!" s'exclame-t-il.
"Sauf que je me vois mal aller installer des gens de passage chez l'habitant sans prévenir ces derniers." objecté-je.
"Mais les propriétaires seront au courant, bien évidemment!" renchérit-il. "On loue les bicoques à ceux qui les possèdent et on les sur-loue à ceux qui veulent vivre ici."
"Si j'ai bien compris, on joue les intermédiaires." Je vois son regard s'illuminer. "Mais je ne comprends pas bien en quoi ça va régler mon problème de fréquentation de la Zone."
"Evidemment, à ce stade ce n'est pas clair." m'accorde-t-il. "Mais on sait tous qu'un pirate ne revient pas forcément à la date prévue, voire, des fois, il ne rentre pas du tout. Mais quand il revient, il lui faut un pied-à-terre sur Armada. Et c'est là qu'on leur propose des logements dans la Zone. Petit à petit vous remplacerez vos zonards par des pirates fortunés, et l'insécurité de votre Cadran baissera en conséquence."
"Très bien, et pour mettre en œuvre ce projet, quel volume d'argent serait nécessaire?"
"Hum..." réfléchit-il. "Pour commencer, une cinquantaine de millions me semble correct."
"Je vous en donne soixante et vous commencez dès aujourd'hui."
"Très bien, Mademoiselle." répond-t-il obséquieusement.
"Venez à la Pa.. au Caprice des Dieux et vous aurez votre argent. D'ailleurs, c'es quoi votre nom?"
"Gallagher, Graham Gallagher."
L'homme m'accompagne à ma maison et après quelques formalités d'usage, repart avec l'argent nécessaire au projet.
Je marche donc vers la Part des Anges, pardon, le Caprice des Dieux. Ma maison est toujours aussi animée, je vois même quelques habitués qui sirotent paisiblement leur consommation en terrasse. Suivie de près par Hephilllia, Gaston et Diego, je pénètre dans l'établissement. Ce que j'apprécie ici, c'est que le silence ne se fait pas, le tumulte des conversations continue comme si j'étais une personne des plus ordinaires. Je salue d'un geste de la main le petit personnel que je vois au travail. Tous sont ravis de me voir, il faut dire que depuis que j'ai à faire dans le Nouveau Monde, je ne reviens que rarement ici. La bataille de Jaya aura au moins eu ça de bon va-t-on dire. Mes amis m'accompagnent jusque dans mes bureaux, et une fois seuls, on peut enfin commencer à parler.
"C'est un endroit charmant." ironise la blonde d'un ton badin.
"Je ne te voyais pas en mère maquerelle." continue un Diego impassible. "C'est un côté de ta personnalité que je ne te connaissais pas."
"Et toi Gaston?" dis-je en me retournant vers mon médecin aux cheveux roses. "Ma maison te plaît?"
" … " Mon ami a le visage cramoisi, je ne le pensais pas si prude, je trouve ce coté de sa personnalité touchant.
"Bon, on va ramener la Part des Anges sur Libertalia." annoncé-je brutalement.
"Hein?" répond une Héfy sous le choc. "On a le droit?"
"C'est mon Cadran, j'en fais ce que je veux." poursuis-je. "J'ai quand même prévenu le patron."
"Je ne te pensais pas si … prévenante." pouffe l'homme-poisson sous son masque.
"Les meilleures batailles sont celles qu'on ne livre pas."
"On fait comment?" demande Gaston fort à propos.
"Sortir la Part des Anges d'Armada n'est pas bien compliqué. Après tout, tout ici est sur planches. Donc on a qu'à couper les cordages qui retiennent le bar et remorquer le tout avec la Lépreuse."
"Dit comme ça, c'est super simple." nuance ma conseillère borgne. "Mais c'est un travail de dingue.! Il va falloir renforcer la flottabilité pour qu'on puisse voyager en mer avec, libérer le passage pour pouvoir le sortir, déménager les matériel et le personnel … Il y en a pour plusieurs jours de travail! Et je ne parle même pas des imprévus qui vont nous tomber sur la gueule!"
"C'est pour ça que je vous confie cette mission. J'ai d'autres choses à faire de mon côté."
J'entends leurs protestations. Je ne leur confie pas une tâche facile. Mais la Part des Anges est ma principale source de revenus. Je ne peux pas l'avoir aussi loin de moi, ou de mes activités principales. Cependant, je ne compte pas abandonner Armada pour autant. Stratégiquement, ça reste intéressant d'avoir un pied ici, alors je dois diversifier mes activités. Et j'ai déjà ma petite idée sur comment procéder.
Et l'idée en question m'amène à arpenter les ruelles de la Zone. Depuis quelques temps j'ai ouï dire qu'une petite criminalité s'y est installé et qu'elle y prospère. Je ne vais franchement pas faire ma surprise : on est sur Armada! Que les souris dansent quand le chat n'est pas là est monnaie courante ici. Ce qui me chagrine par contre c'est que certains ont un petit peu trop d'ambition pour leur propre bien. Et donc quand la vermine prend un peu trop ses aises, c'est à moi que revient le plaisir de nettoyer le bazar. Comme souvent, la chose ne se fait pas sans heurts ; à croire que personne n'a encore compris que je n'usurpe en rien ma prime et ma réputation.
Les dépouilles des malheureux qui ont croisé mon chemin iront pourrir dans l'antre de Davy Jones. Cependant, il y en un qui fait quelque chose d'assez inattendu. Il me supplie de le garder en vie.
"S'il vous plait, ne me tuez pas!" m'implore-t-il d'une voix traînante.
L'homme est d'un âge avancé. Il semble avoir roulé sa bosse dans le milieu et connaît la valeur de la vie, surtout de la sienne. Ses cheveux poivre et sel, sa barbe soigneusement entretenue et son complet noir me semblent complètement hors de propos dans une cité pirate comme Armada, mais bon, si on y réfléchit bien, ne suis-je pas moi-même une exception dans le monde de la flibuste? Je regarde donc le vieux monsieur qui rampe dans une mare de sang.
"Vous pouvez arrêter la comédie, nous savons tous les deux que ce n'est pas votre sang." lui dis-je d'une voix inhabituellement froide. "Vous n'êtes même pas blessé."
L'individu se relève un éclat de malice brillant au fond de ses yeux gris. Il a attiré mon attention et il le sait.
"Madame a l'œil aiguisé." flagorne-t-il. "Vous …"
"Mademoiselle." le coupé-je. "Et je préfère vous prévenir, la flatterie ne vous mènera nulle par sauf au tombeau."
"Hé bien, Mademoiselle est franche."
Il déglutit difficilement. Ma dernière phrase l'a clairement pris de court, mais je ne souhaite pas profiter de cet avantage pour autant. En fait, je suis comme un chat qui sait que la souris ne peut pas lui échapper mais qui joue avec pour tuer le temps. Le voir se débattre m'amuse, je retarde donc le moment de sa mise à mort, tant qu'il me divertit, tout du moins.
"Hé bien, j'attends." m'impatienté-je.
"Si je peux me permettre, vous nettoyez à nouveau le quartier dans le but d'y construire des hôtels?"
"En effet." Approuvé-je surprise de sa clairvoyance.
"C'est une mauvaise idée, Mademoiselle. C'est la zone ici."
"Merci de m'apprendre le nom de mon propre Cadran."
"Non, enfin, oui, mais ce n'est pas ce que je veux dire." se reprend-t-il. "L'endroit craint vraiment. La population est pauvre, et hormis autour de votre rade, il n'y a que des criminels qui vivent ici. Vous pouvez descendre deux trois fois par an pour la nettoyer, la vermine reviendra toujours."
"Vous semblez avoir raison. Et je suis certaine que si je vous laisse développer, vous aurez une solution clef en main à me proposer."
"Ha ha, Mademoiselle est aussi belle qu'intelligente!"
"Ca suffit, je vous ai dit d'arrêter de me flatter. Et je n'aime pas me répéter." Il déglutit difficilement. "Continuez, je vous prie."
"Vous avez encore libéré pas mal de place chez vous, là. Il y a quelques logements libres et pas trop mal fichus." J'acquiesce. "Et il y a aussi pas mal d'endroits super sympas sur Armada qui ne sont pas occupés toute l'année parce que leur pirates d'occupants voguent sur Grand Line à la recherche d'un bon butin."
"Je ne saisis pas bien le rapport."
"Ces logements sont la plupart du temps vides et bien plus confortables que la plupart des hôtels sur Armada!" s'exclame-t-il.
"Sauf que je me vois mal aller installer des gens de passage chez l'habitant sans prévenir ces derniers." objecté-je.
"Mais les propriétaires seront au courant, bien évidemment!" renchérit-il. "On loue les bicoques à ceux qui les possèdent et on les sur-loue à ceux qui veulent vivre ici."
"Si j'ai bien compris, on joue les intermédiaires." Je vois son regard s'illuminer. "Mais je ne comprends pas bien en quoi ça va régler mon problème de fréquentation de la Zone."
"Evidemment, à ce stade ce n'est pas clair." m'accorde-t-il. "Mais on sait tous qu'un pirate ne revient pas forcément à la date prévue, voire, des fois, il ne rentre pas du tout. Mais quand il revient, il lui faut un pied-à-terre sur Armada. Et c'est là qu'on leur propose des logements dans la Zone. Petit à petit vous remplacerez vos zonards par des pirates fortunés, et l'insécurité de votre Cadran baissera en conséquence."
"Très bien, et pour mettre en œuvre ce projet, quel volume d'argent serait nécessaire?"
"Hum..." réfléchit-il. "Pour commencer, une cinquantaine de millions me semble correct."
"Je vous en donne soixante et vous commencez dès aujourd'hui."
"Très bien, Mademoiselle." répond-t-il obséquieusement.
"Venez à la Pa.. au Caprice des Dieux et vous aurez votre argent. D'ailleurs, c'es quoi votre nom?"
"Gallagher, Graham Gallagher."
L'homme m'accompagne à ma maison et après quelques formalités d'usage, repart avec l'argent nécessaire au projet.