Zhihao Meng, Électro-Marine
Sexe : Femme
Race : Homme-Poisson (type anguille électrique) Métier : Soldat de la Marine
Groupe : Marine
But : Neutraliser le plus de pirates possible, s’élever dans la hiérarchie de la Marine et peut-être un jour faire revenir son pays dans le giron du Gouvernement Mondial.
Équipement : Barda et uniforme, armes de service (épée, pistolet, fusil, baïonnette), masque à gaz.Parrain : Aucun.
Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Nope.
Si oui, quel @ l'a autorisé ? Néant.
Codes du règlement :
Description physique
Zhihao est une jeune femme athlétique, de taille moyenne, aux cheveux noirs et aux yeux d’un bleu électrique. Elle pourrait presque passer pour humaine – une conséquence de son héritage familial – si sa peau refusant obstinément de bronzer au soleil n’était pas d’une teinte que l’on retrouve chez les personnes souffrant d’argyrisme, et si ses dents n’étaient pas un peu trop pointues. Elle fait généralement de son mieux pour dissimuler sous des vêtements couvrants les autres traces de sa nature de femme-poisson : une paire de branchies à la base de son cou, des mains légèrement palmées et une série de petites dépressions le long de ses membres et de sa colonne vertébrale. Détail étrange pour une militaire de profession, son corps ne porte aucune cicatrice et ses mains ne sont pas aussi calleuses qu’elles devraient l’être, ce qui amène souvent ceux qui s’en rendent compte à ne pas la prendre au sérieux, croyant à tort qu’elle fuit systématiquement le combat.
En dépit de ses origines kanokuniennes, ses atours ne portent nulle trace de sa nationalité. Elle passe le plus clair de son temps en uniforme, ses armes à portée de main et protégée par une armure légère, appréciant le confort apporté par l’impression de faire partie de quelque chose de plus grand qu’elle. Même en habits civils – généralement noirs et sobres, car elle préfère les effets simples et n’entravant pas ses mouvements aux accoutrements plus élaborés –, elle conserve le plus souvent la protection recouvrant ses bras ainsi qu’une arme de petite taille cachée dans sa tenue, en cas d’attaque-surprise : vigilance constante, un principe durement inculqué par ses instructeurs.
À ce sujet, elle est difficile à prendre par surprise. Très consciente de son environnement immédiat, elle peut donner l’impression d’avoir des yeux derrière la tête, ce que certains peuvent trouver dérangeant.
Cherchant à se comporter en soldat modèle de la Marine, elle s’assure d’être toujours présentable, tente de donner une image confiante et disciplinée, et s’exprime de façon polie et professionnelle, même si cette façade peut s’effriter dans le feu de l’action pour laisser place à des paroles autrement plus hargneuses. Elle reste toutefois parfaitement capable de passer inaperçue lorsque les circonstances l’exigent, ou plus simplement lorsqu’elle n’est pas en service et souhaite éviter les accrochages.
Description psychologique
La femme-poisson est quelqu’un de très sérieux, dotée d’un grand sens du devoir et des responsabilités. Déterminée, studieuse, prête à se jeter au devant du danger, désireuse de faire honneur à sa famille et à l’institution dont elle fait partie, elle est d’ordinaire calme, patiente, discrète, réfléchie et fait preuve d’un grand respect envers les autorités, même si celles-ci ne sont pas toujours méritantes. Autant de traits soigneusement cultivés par ses parents pour non seulement la préparer à une carrière militaire, mais lui permettre d’y exceller. Toutefois, cela ne représente que la partie émergée de l’iceberg.
En effet, Zhihao est également une jeune femme cynique et amère, nourrissant une profonde colère envers sa patrie ainsi que tous ceux qui défient la loi et l’autorité du Gouvernement Mondial. Elle était autrefois animée par un patriotisme fervent, dans lequel elle fut éduquée dès son plus jeune âge, faisant d’elle une parfait petit soldat quasiment dénué d’individualité et d’esprit critique… une dévotion qui s’est faite moins extrême à mesure qu’elle grandissait et faisait l’expérience du monde réel, et qui a presque totalement disparu après que son pays ait quitté le Conseil des Nations. Elle a très mal pris cet événement, qu’elle a vécu comme une trahison. Ses pensées concernant sa terre natale ont depuis opéré un revirement à 180 degrés : elle rejette désormais ses racines, voue l’Empereur aux gémonies et a reporté sa loyauté sur le GM. Elle sait pertinemment que ce dernier est loin d’être parfait, a conscience d’avoir choisi ce qu’elle croit être le moindre mal, cependant de son point de vue ni les révolutionnaires, ni les pirates ne sont capables de faire mieux en donnant au monde la paix et la stabilité durables dont il a tant besoin. Dans la même veine, elle pense que toute tentative de réforme interne du GM est vouée à l’échec tant que ces rebelles et hors-la-loi s’opposeront à l’Ordre Mondial.
Curieusement, l’anguille électrique en veut moins aux révolutionnaires qu’aux pirates, reconnaissant que les premiers essayent au moins de créer un monde meilleur, même si, ne brillant pas par son empathie ou la flexibilité de ses idéaux, elle trouve leurs méthodes dangereusement contre-productives. Quant aux seconds, elle les voit au mieux comme des idéalistes casse-cou et irréfléchis ou des idiots égoïstes et irresponsables, et au pire comme de la vermine à éradiquer. Elle considère enfin les chasseurs de primes avec suspicion, tant la frontière est mince entre les moins scrupuleux d’entre eux et les criminels qu’ils sont censés traquer.
Zhihao apprécie davantage la violence qu’elle ne veut bien l’admettre. On lui a répété pendant toute son enfance qu’elle devait se contrôler, à plus forte raison parce qu’il lui aurait été si facile de blesser quelqu’un par accident, et elle a vu ce qui arrivait à ses congénères incapables de se maîtriser ; la marque d’une bête dominée par ses pulsions et non d’un être civilisé, selon ses parents. Elle doit donc souvent réprimer son envie de réagir par la violence lorsqu’elle arrive à bout de patience, et se réjouit secrètement quand des ennemis de la justice se portent volontaires pour lui servir d’exutoire.
L’officier supérieur qui l’a commandée pendant deux ans a eu une grande influence sur elle, et elle s’efforce de prendre exemple sur lui : elle se réfère constamment à ses leçons et, lorsqu’elle est face à un choix difficile, il n’est pas rare qu’elle se demande ce que le Commodore von Falingen ferait à sa place. Elle n’est cependant pas prête à se montrer aussi cavalière que lui quand il s’agit de transgresser les règles : il en faut beaucoup pour la pousser à s’opposer à un supérieur et, lorsque c’est le cas, elle préférera faire remonter une protestation en bonne et due forme par la voie hiérarchique ou, dans les cas les plus extrêmes, exploiter une faille dans ses ordres plutôt que d’y désobéir. Elle partage encore moins ses goûts culinaires, elle ne veut plus voir une seule choucroute de sa vie.
Mariée à son travail, la kanokunienne apprécie les hobbys productifs, lorsqu’elle ne passe pas son temps à s’entraîner : lecture, cuisine, couture et bricolage. Elle a du mal à s’ouvrir aux autres suite à un traumatisme de trop, et est à peu près aussi romantique qu’une brique. Peu portée sur la rigolade, son sens de l’humour est grinçant… du moins en apparence, car elle se laisse parfois aller à d’étranges réflexions en son for intérieur, là où personne ne peut l’entendre. Elle dissimule également son affection pour les chiens – plus ils sont gros et poilus, mieux c’est – car si elle s’écoutait, elle perdrait toute dignité en se jetant dessus pour leur faire des papouilles.
Biographie
La côte nord de Kanokuni abrite une localité portuaire mineure, située à l’embouchure d’un fleuve et contrôlant l’accès vers l’intérieur des terres. L’endroit, abrité derrière la colossale Muraille de Ming, n’a rien de spécial comparé à la capitale ou au port principal de la baie de Jing… si ce n’est la présence d’une petite communauté d’hommes-poissons, vieille de plusieurs siècles. Une curiosité dont seule la bureaucratie impériale devait encore connaître la raison, probablement écrite dans un antique rouleau remisé dans une quelconque salle d’archives poussiéreuse.
Quoi qu’il en soit et en dépit tout ce temps écoulé, les descendants de ces immigrés ont largement échoué à se faire une place dans la société kanokunienne. Cela n’est guère surprenant, la seule existence de la Muraille suffisant à révéler ce que les autochtones pensaient des étrangers, à plus forte raison quand les étrangers en question sont membres d’une race qui professe souvent sa supériorité par-rapport à l’humanité et dont nombre des plus célèbres représentants se sont illustrés par des actes de piraterie. Ceux d’entre eux qui gagnent leur croûte en tant que pêcheurs ou dockers sont parmi les plus chanceux, beaucoup de leurs congénères étant relégués à des métiers autrement plus ingrats, quand ils ne sombrent pas purement et simplement dans la mendicité, la délinquance et la criminalité, ce qui ne fait que renforcer le stéréotype.
Une lignée se distingue cependant des autres parmi cette communauté, l’un de leurs lointains ancêtres en quête d’intégration et d’ascension sociale ayant jadis tenté de surmonter la barrière entre les races en rejoignant les rangs de l’armée impériale. Il ne fut pas le seul à avoir eu la même idée, mais aucun des autres ne peut se targuer d’avoir persisté dans cette voie et transmis le flambeau à ses enfants au point que cela ne devienne une tradition familiale, une tradition continuant jusqu’à nos jours. Cela ne veut pourtant pas dire que leur approche fut couronnée de succès, au contraire même : malgré des générations de bons et loyaux services, aucun d’eux ne parvint à se distinguer ou à s’élever bien haut dans la hiérarchie militaire. Les relations avec leurs congénères se dégradèrent dans le même temps, ces derniers n’appréciant pas de les voir « renoncer à leur fierté d’hommes-poissons » en adoptant un patronyme kanokunien pour se conformer à la culture locale, et encore moins de les voir s’unir à des humains à plusieurs reprises.
C’est dans ces circonstances que Meng Zhihao vit le jour, dernière-née d’une famille d’hommes-poissons marginalisée par son propre peuple et essayant désespérément de se faire accepter de l’humanité. Une tâche rendue d’autant plus difficile pour une enfant-poisson de type anguille électrique, risquant de choquer quelqu’un à la moindre frayeur ou saute d’humeur. En cela, vivre dans une famille de soldats était un avantage, puisque la discipline avec laquelle elle fut élevée dès son plus jeune âge lui apprit à maîtriser ses émotions et à réduire la fréquence de ses « accidents »… Il faut dire également que voir le fils d’un voisin – un garçon-requin – être abattu comme un animal après avoir été rendu fou furieux par l’odeur du sang et avoir mutilé plusieurs gardes tentant de le maîtriser alors qu’elle avait neuf ans faisait une excellente motivation. Un incident que ses parents, qui l’avaient biberonnée au patriotisme et à la propagande, ne manquèrent pas de transformer en leçon sur la nécessité de dompter la sauvagerie de leur nature.
Comme tous ses ancêtres avant elle, elle grandit déterminée à intégrer l’armée, n’envisageant aucune autre possibilité de carrière. Toutefois, à la différence de ses prédécesseurs, ses géniteurs avaient les moyens de lui donner une chance de devenir plus qu’un simple gros bras qui passerait sa vie à servir sans gloire. Si leur famille n’était ni aussi respectée ni aussi influente que même la plus humble des maisons nobles, pour qui l’admission à l’académie militaire n’était qu’une formalité, elle avait néanmoins patiemment accumulé un modeste pécule, ainsi que suffisamment de connexions pour permettre à Zhihao d’accéder aux ressources qui lui permettraient d’étudier pour l’examen d’entrée. Car il ne lui suffirait pas d’être forte si elle voulait un jour décrocher le rang d’officier, il lui faudrait aussi être instruite…
Désireuse de faire son devoir et de ne pas gaspiller cette opportunité, elle passa sa jeunesse à s’entraîner et à étudier tout aussi ardemment, au détriment de sa vie sociale, et alla jusqu’à rejoindre la garde locale afin d’acquérir de l’expérience sur le terrain. Hélas, les événements la forcèrent à changer de voie : la guerre civile s’intensifiant et le pays s’entre-déchirant un peu plus de jour en jour, sa famille se demanda si l’armée impériale était bien la meilleure destination pour elle. Kanokuni avait connu son lot de luttes intestines bien sûr, le pays était même renommé pour cela, sauf que celle-ci n’était pas comme les autres : loin d’une guerre de palais, elle était beaucoup plus violente, impliquait des révolutionnaires venus de l’extérieur, et il n’était même pas sûr que le système impérial y survivrait, ou que des régiments entiers de l’armée ne seraient pas purgés une fois qu’un vainqueur serait déclaré. Et évidemment, ils n’étaient pas non plus pressés de faire couler le sang de kanokuniens innocents dont le seul crime était d’être au service de nobles se trouvant du mauvais côté d’un conflit politique.
Pour toutes ces raisons, il fut décidé que Zhihao quitterait le pays et tenterait plutôt d’intégrer la Marine. Une occasion de rappeler au Gouvernement Mondial qu’il y avait toujours des kanokuniens qui lui étaient loyaux, et qui sait, peut-être même qu’elle aurait de meilleures opportunités d’avancement au sein d’une force plus cosmopolite ? Ce fut donc entourée de compatriotes, la plupart quittant l’île pour des raisons similaires, qu’elle embarqua sur un navire de la Marine, direction le camp de recrutement et d’entraînement.
Si tout ce qu’elle avait fait pour se préparer à l’académie militaire ne lui fut pas forcément utile dans ce nouveau cadre, elle s’en tira néanmoins mieux que la majorité de ses camarades. Et, plus important, maintenant qu’il lui fallait voler de ses propres ailes – ou plutôt nager de ses propres nageoires ? – loin de sa ville natale, de sa famille et de sa réputation, elle commença à s’ouvrir aux autres, de jeunes recrues venues des quatre coins de Kanokuni et d’ailleurs, qui ne partageaient pas les mêmes préjugés que ceux avec qui elle avait vécu toute son existence. Tout ne se déroula évidemment pas sans frictions et elle eut droit à son lot de sobriquets vaguement insultants – bleusaille, Sparky, l’écailleuse – mais elle n’était pas plus mal lotie que ses condisciples. Elle se décoinça peu à peu, au fil des exercices qui les soudèrent par l’animosité envers leurs sadiques d’instructeurs, des soirées où ils se racontaient leurs vies, leurs rêves et ambitions… Cela n’eut toutefois pas que des conséquences positives : elle se jura ainsi de se tenir aussi éloignée que possible de l’alcool à l’avenir, suite à une engueulade spectaculaire de son sergent après avoir failli mettre le feu à la caserne.
Ce dernier incident ne l’empêcha pas de compléter sa formation et d’être affectée au même bâtiment que ses compatriotes. D’innombrables félicitations et serments plus ou moins sérieux furent échangés cette nuit-là : celui de ne jamais abandonner leurs camarades, de débarrasser West Blue de sa vermine, de faire retentir leurs noms sur les sept mers et d’être promus aux plus hauts échelons de la Marine… Quel ne fut pas leur désespoir donc, lorsque la terrible nouvelle tomba à peine un mois après le début de leur première patrouille en mer : la guerre civile à Kanokuni était terminée. Elle s’était achevée sur la victoire des révolutionnaires, après que des troupes loyalistes se soient opposées aux efforts du Gouvernement Mondial, venu reprendre le contrôle de l’île. L’empereur avait trouvé le moyen de conserver son trône par on ne sait quel tour de passe-passe, mais la sécession du pays était actée, et ceux qui servaient le Gouvernement Mondial n’y avaient plus droit de séjour.
Dire que la femme-poisson et ses condisciples étaient dévastés aurait été un euphémisme. Pire, leur loyauté était désormais suspecte aux yeux de la Marine. Si d’autres régiments plus anciens avaient eu le temps de prouver leur dévotion et échappèrent à l’opprobre, eux n’eurent pas cette chance : leur unité tout juste formée fut immédiatement dissoute, et ses membres séparés puis mis aux arrêts.
Ce fut donc dans une cellule que l’anguille électrique passa des semaines à se morfondre dans l’angoisse et l’incertitude, sans nouvelles de ses camarades, avec la lecture du journal ou les questions des interrogateurs en costume-cravate noir pour seules distractions. Elle se sentait trahie, abandonnée, et par dessus tout, perdue. Qu’allait-il lui arriver ? Allait-on la mettre à la porte, ou pire ? Même si elle échappait à l’emprisonnement, que se passerait-il ensuite ? Elle était à présent apatride, ne pouvant plus revenir chez elle et n’étant plus citoyenne d’une nation affiliée au Gouvernement Mondial. Elle ne pouvait plus non plus entrer en contact avec ses proches restés au bercail ; Zhihao ne savait même pas si ses parents étaient toujours en vie. À supposer qu’on lui rende sa liberté… depuis toute petite elle s’était préparée à être soldate, elle ne savait rien faire d’autre. Pourrait-elle trouver un autre pays à qui offrir ses services ? Devrait-elle se tourner vers le mercenariat, ou devenir chasseuse de primes ? Des perspectives peu réjouissantes, mais tout valait mieux que d’être pirate ; elle préférait se tirer une balle plutôt que de déshonorer ses ancêtres de cette façon.
Elle n’eut cependant pas à en arriver là, puisqu’un beau jour ses geôliers vinrent la sortir de sa captivité pour la ramener à la caserne. Après quelques heures pour reprendre possession de sa dignité, on lui expliqua que les Affaires Internes n’avaient rien trouvé d’incriminant à son sujet, et qu’elle était autorisée à reprendre du service sous les ordres d’un autre officier supérieur, car ses anciens camarades avaient été dispersés entre plusieurs unités par précaution, au cas où les enquêteurs auraient loupé quelque chose. Sa nouvelle affectation serait auprès de la 28ème Flotte Mobile, menée par le Commodore Gustav von Falingen.
Lorsque la 28ème arriva deux jours plus tard, ce fut avec un espoir renouvelé qu’elle monta à bord en même temps que le reste des nouvelles recrues. Mais une ombre ne tarda pas à s’inviter au tableau…
La jeune femme avait été moyennement surprise d’apprendre que les circonstances particulières de son recrutement lui valaient un entretien avec les pontes de la 28ème. Elle le fut beaucoup plus lorsque le Commandant en charge de la gestion des effectifs lui révéla qu’il avait personnellement requis son affectation, la mine fière de sa nouvelle acquisition. Elle ne savait pas pourquoi, mais s’il était content, c’était plutôt une bonne nouvelle pour elle, non ? Malheureusement, cela ne dura pas : l’homme se renfrogna à mesure que la discussion avançait, et lorsqu’ils arrivèrent aux capacités de la kanokunienne, toute trace de sa précédente jovialité avait entièrement disparu.
« Si j’avais su, je ne me serais pas donné la peine de vous faire cette proposition… Une femme-poisson de Kanokuni qui ne connaît ni le karaté aquatique, ni le Hasshoken ? Mais à quoi servez-vous, en fait ? » interrogea-t-il avec le ton dédaigneux de quelqu’un qui pensait être en train de perdre son temps.
La peur d’être mise dehors et de finir livrée à elle-même faisait son grand retour. Zhihao était partagée entre l’envie de mourir de honte et celle de lui mettre une droite, l’ascenseur émotionnel des dernières semaines n’ayant pas arrangé son tempérament. Elle sut cependant se maîtriser en pensant aux conséquences probables d’un tel acte, ne serait-ce que parce que l’officier était sûrement capable de l’écrabouiller avec les yeux bandés et une main dans le dos, et entreprit de s’expliquer de façon plus raisonnable.
« Je n’ai jamais eu accès à un instructeur, pour l’un comme pour l’autre, mon Commandant. Personne n’enseignait le karaté aquatique là d’où je viens, et le Hasshoken est réservé aux troupes d’élites. »
« Épargnez-moi vos excuses ! Dire que je me suis abaissé à recruter une poiscaille, vous êtes complètement inutile et – »
Elle ne sut jamais comment il comptait terminer sa phrase, car ce fut ce moment que choisit le Commodore, jusque-là assis à son propre bureau, pour se lever et interrompre son subordonné en lui enveloppant la tête de son énorme paluche, avant de se mettre à frotter avec tant de force qu’elle craignit qu’il ne lui brise le cou.
« Quel manque d’imagination Gunther, moi je vois plusieurs façons dont elle peut se rendre utile… Certainement plus utile qu’un Dummkopf de Commandant pistonné qui ne lit même pas les dossiers des soldats qu’il recrute, en tout cas. » gronda l’officier supérieur en se saisissant du dossier de la femme-poisson, le tournant à la bonne page et mettant la section sur ses capacités de combat sous le nez de son subalterne – une section où ne figurait aucune mention des deux arts martiaux en question. Ceci fait, il tourna vers elle son visage buriné, orné d’une cicatrice horizontale ainsi que d’une impressionnante moustache en guidon de vélo, avant de lui sourire à pleines dents… ce qui ne fit que la rendre encore plus inquiète. « Ne vous en faites pas ma petite, c’est moi qui décide et je dis que vous êtes engagée. Je ne tarderai pas à avoir une mission pour vous. »
Se demandant dans quel pétrin elle venait de se fourrer, elle ne put que saluer et le remercier de sa sollicitude.
« Vous voyez ce vaisseau pirate, là, matelot ? » demanda le lieutenant alors que leur chaloupe camouflée se faufilait au milieu des écueils. Question rhétorique, car il était impossible de rater le galion mouillant à quelques encablures de leur position, aux voiles décorées d’un immense Jolly Roger.
« Oui, mon lieutenant. »
« Et bien je ne veux plus le voir. Envoyez-moi ça par le fond, fissa. »
« ...Pardon, mon lieutenant ? Vous voulez que je fasse ça toute seule ? »
« Non, pas toute seule évidemment ! Vous et votre nouvelle amie ! » annonça l’officier dont la personnalité changea du tout en tout en ôtant la bâche recouvrant ce qu’ils transportaient depuis qu’ils avaient laissé la flotte derrière eux, de l’autre côté de l’île. Elle avait déjà sa petite idée, elle savait que le mystérieux objet était une grosse sphère de métal, mais elle espérait se tromper… hélas non, elle avait deviné juste : il s’agissait d’une énorme bombe. Une mine navale modifiée, pour être précise.
L’homme ignora joyeusement son expression horrifiée et continua son explication comme si de rien n’était : « C’est un peu soudain, j’en conviens, mais le Commodore veut que ses soldats soient capables de gérer les imprévus. Pour en revenir à la mission, c’est très simple : cet équipage est très doué pour fuir et fait tourner nos collègues en bourrique depuis des mois. Si nous essayons de les approcher avec nos navires, ils mettront voile et nous ne les rattraperons jamais, c’est pourquoi nous devons procéder de façon plus subtile. Normalement nous employons des plongeurs de combat pour ce genre d’opérations, mais une femme-poisson devrait pouvoir s’acquitter de la tâche plus simplement et plus efficacement, vous ne pensez pas ? »
Zhihao commençait à comprendre pourquoi elle avait reçu autant de regards compatissants et de tapes dans le dos lorsqu’elle avait dit qu’elle était affectée à la 28ème. Suivis de condoléances de la part de ses nouveaux collègues lorsqu’ils avaient appris qu’elle avait attiré l’attention personnelle du Commodore. Le bizutage n’était guère sorti de l’ordinaire et la première semaine à bord s’était déroulée relativement normalement, si l’on exceptait le fait que le grand patron abhorrait l’oisiveté et insistait pour que plutôt que de passer leur temps libre à boire, commérer ou jouer aux cartes, ses hommes s’entraînent autant que possible, ou à défaut profitent de la présence d’une librairie à bord du Himmelhorn, le cuirassé-amiral de la flotte, pour se cultiver un peu. L’homme était également très pragmatique et précautionneux, ayant instauré une rotation à bord de ses vaisseaux pour que chaque marin serve tour à tour en cuisine, à l’infirmerie, auprès du quartier-maître ou dans la salle des machines, ce afin de s’assurer qu’ils aient les bases de chaque rôle et puissent maintenir la fonctionnalité de la flotte au cas où un affrontement tournerait mal et aboutirait à la perte de personnels-clés. Éminemment logique et raisonnable. Ça, par contre…
« Donc, je prends cette bombe – »
« Hilda. »
« ...Je prends Hilda, je nage sous l’eau jusqu’au navire en la remorquant, je l’attache sous la coque, je l’arme… ? »
« Oui, puis viendra le moment de dire adieu à Hilda, et de déguerpir avant que la minuterie n’atteigne zéro, à moins que vous ne désiriez l’accompagner dans son noble sacrifice. » confirma l’homme en sortant un mouchoir brodé de sa poche, avant de s’en servir pour délicatement tapoter le coin de ses yeux, où perlaient des larmes d’émotion. « Je vous déconseille de le faire bien évidemment, une seule tragédie suffit… et puis le Commodore a beaucoup d’espoir pour vous, il serait dommage de vous perdre si tôt. Des combattants nous en avons déjà, mais un soldat amphibie qui nous offre de nouvelles options tactiques, vous comprenez… ? »
« Oui, je comprends tout à fait. » se hâta-t-elle de répondre avant de s’emparer
Il fallait cependant admettre que le spectacle d’un navire écumeur coulant à cause d’un trou béant dans sa coque, sans qu’aucun autre Marine n’ait eu à se mettre en danger, en valait le coup.
Contrairement à ce qu’elle avait espéré, la jeune femme n’était pas au bout de ses surprises. Régulièrement, le Commodore prenait personnellement en main l’entraînement de ses subordonnés, afin notamment de leur apprendre comment survivre face à un adversaire très au-dessus de leur niveau. Cela voulait dire qu’elle se retrouvait maintenant à esquiver désespérément des coups d’épée assez puissants pour trancher l’acier comme du papier, ce dont elle s’était rendue compte la première qu’elle avait essayé d’en parer un, et lui avait valu d’y perdre son niuweidao. Le Commodore avait émis un commentaire désobligeant sur le manque de qualité des armes kanokuniennes, lui avait fourré d’autorité une épée bâtarde dans les mains, puis avait recommencé à les martyriser, elle et ses camarades. Chacun des coups de l’officier jetait à terre une demi-douzaine de soldats, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’ils étaient tirés d’affaire : ils devaient se relever et soit repartir à l’assaut, soit prendre leurs jambes à leur cou, et recommencer encore et encore jusqu’à ce que leur supérieur se lasse.
L’anguille électrique en était elle-même à sa cinquième défaite en autant de minutes, et comme la quasi-totalité de ses collègues faisait de son mieux pour échapper au colosse moustachu, tout espoir de victoire étant parfaitement illusoire. En dépit de tous ses efforts, elle se retrouva bien vite acculée, et résolut de vendre chèrement sa peau… peut-être que si elle arrivait à le distraire, l’un de ses camarades pourrait en profiter pour frapper à son tour ? Elle avait bien le droit de rêver…
Un mouvement souple du poignet dévia la lame de son adversaire, même si elle eut l’impression de supporter tout le poids du cuirassé ce faisant, et elle crut un instant pouvoir contre-attaquer… jusqu’à ce qu’un pied chaussant du 74 s’écrase dans son estomac, lui faisant rendre son déjeuner et décrire un magnifique vol plané qui l’éjecta par-dessus bord. Elle ricocha plusieurs fois à la surface de la mer avant de s’arrêter enfin, uniquement pour entendre la voix de stentor du Commodore s’élever au-dessus du fracas : « Meng, si vous n’êtes pas remontée dans deux minutes, vous me ferez 500 pompes ! »
« C’est bon, la voie est libre... » songea-t-elle en se servant d’une lanterne pour faire des signaux lumineux. Le précédent propriétaire de ladite lanterne gisait à ses pieds : l’une des sentinelles du navire pirate qu’elle venait d’égorger par derrière après être montée furtivement à bord. L’équipage se croyait sans doute en sécurité, ancré au milieu de la rade et pensant que la Marine n’oserait pas les attaquer avec tous les otages qu’ils avaient dans la cale, mais c’était sous-estimer le Commodore, qui avait mobilisé ses soldats les plus discrets pour une attaque nocturne.
Ses compagnons ne tardèrent pas à émerger des flots, se hissant sur le pont et y laissant leur encombrant équipement de plongée. Ceci fait, tous se saisirent de leur baïonnette et pénétrèrent dans les entrailles de la frégate, prêts à secourir les otages et à tuer les hors-la-loi dans leur sommeil.
« Pourquoi toujours de la choucroute ? » se désola-t-elle en voyant ce qui venait d’atterrir dans son assiette. La même chose que la cuisine servait tous les jours depuis qu’elle était montée pour la première fois à bord du Himmelhorn.
« Plat préféré du Commodore. » répondit l’homme assis à sa droite au réfectoire.
« Oui, d’accord, mais tous les jours ? »
« Dis-toi que ça pourrait être pire, Sparky. » opina sagement le matelot à sa gauche.
« C’est vrai, il en mangerait à tous les repas s’il pouvait, mais le docteur y a mis son veto. » renchérit le caporal en face.
« T’es pas obligée d’en manger tu sais, mais comme le cuistot n’a rien préparé d’autre, tu vas devoir te débrouiller toute seule. »
« Vous savez quoi ? C’est ce que je vais faire. »
Elle se leva en ignorant les regards interloqués de ses compères – et le soldat qui fondit immédiatement tel un oiseau de proie sur son assiette abandonnée –, quitta la pièce, fit un détour par l’armurerie pour se munir d’un harpon, puis ressortit à l’air libre et plongea ensuite dans la mer. Dix minutes plus tard, elle revint trempée en transportant un thon presque deux fois plus gros qu’elle et une grande brassée d’algues comestibles, direction les cuisines. Les regards se tournèrent de nouveau vers elle, et il ne fallut que quelques secondes avant que l’un de ses camarades ne reprenne la parole :
« Dis Sparky, je peux en avoir aussi ? »
« Moi aussi ! »
« Et moi ! »
En entendant le concert de voix, le Commodore, assis à la table des officiers, leva finalement le nez de sa huitième assiette de choucroute, avisa le spectacle et haussa les épaules.
« Faites comme vous voulez, ça en fera plus pour moi ! »
« Ce n’est pas un peu excessif, tout ça ? » se demanda la kanokunienne alors que l’intégralité de la 28ème Flotte Mobile – un cuirassé, deux croiseurs et cinq caravelles – poursuivait une pauvre petite goélette pirate solitaire, appartenant à une petite frappe dont la prime n’atteignait même pas les 10 millions. Le navigateur ennemi avait beau déployer des trésors d’ingéniosité, ses efforts étaient futiles : ce n’était plus qu’une question de minutes avant que la Marine n’arrive à portée de canon.
« Le vieux Gustav n’aime pas prendre de risques, Meng. On ne sait jamais si un de ces rats des mers n’a pas déniché un Fruit du Démon depuis la date du dernier rapport, et même un pouvoir en apparence ridicule peut transformer n’importe quel abruti en arme de destruction massive. »
Zhihao hocha la tête. Elle avait entendu suffisamment d’histoires d’horreur à ce sujet, que ce soit à bord du Himmelhorn ou de la part d’autres équipages de la Marine dont ils croisaient occasionnellement la route.
« En plus, tu connais son avis sur la capture de forbans quand la mention « mort ou vif » figure sur l’affiche et qu’ils refusent de se rendre quand on les somme, non ? »
« Un gâchis de temps, d’argent, de navires et de soldats qui pourraient être mieux employés ailleurs, oui. »
Il était vrai que quand on connaissait le coût humain, financier et matériel de tous ces transports de prisonniers à destination des tribunaux du Gouvernement Mondial, puis soit d’une exécution publique, soit d’une peine de prison à vie, on pouvait être tenté de faire des économies en choisissant la solution de simplicité. C’était même plus humain comme ça, quand on savait que la peine de prison s’assortissait souvent d’années de torture. Il fallait ajouter à cela le fait que le grand patron était d’avis qu’il valait mieux se débarrasser des petits problèmes avant qu’ils ne deviennent grands, ce qui voulait dire éliminer tous les flibustiers croisant leur route pour ne pas leur laisser le temps de gagner en force et en expérience.
Comme d’habitude, elle comprenait la logique, mais force était de constater que le Commodore avait une manière bien à lui de faire les choses. Une manière qui avait tendance à déplaire à sa hiérarchie, tant ses méthodes n’étaient pas celles dont la Marine pouvait se vanter dans les journaux, ce pourquoi il était recommandé pour ceux qui couraient après les promotions de demander à être mutés ailleurs.
« Amenez-moi plus près, je veux les frapper avec mon épée ! » beugla le musculeux moustachu, perché sur le mât de beaupré. En réponse à la nouvelle instruction, les canons firent feu une minute plus tard, tirant des boulets à démâter qui immobilisèrent leur cible ; la jeune femme et ses confrères dégainèrent leurs armes, parés à l’abordage.
« Alors Sparky, cette petite virée à terre ? »
« C’est sergent Sparky. Et ça a marché, beaucoup mieux après que j’ai mis mon poing dans la figure du type qui n’arrêtait pas d’essayer de me tripoter, bizarrement. »
« C’est ça les boucaniers, ça ne comprend que la violence, alors forcément, pour faire croire que tu es des leurs... »
Zhihao concéda le point. Elle aurait eu l’air plus suspecte en essayant d’éviter les problèmes, mais en se comportant comme l’un de ces stéréotypes d’homme-poisson qui avaient recours à la violence en réponse à la moindre provocation, elle avait réussi à renforcer sa couverture. C’était la dernière idée brillante du Commodore : tout le monde savait qu’il y avait beaucoup plus de chances de retrouver des hommes-poissons dans les rangs de la flibuste que dans ceux de la Marine, ce qui faisait d’elle une espionne toute trouvée pour aller à la pêche aux renseignements dans l’un de ces ports sans foi ni loi qui accueillaient volontiers la pire vermine des sept mers. Cela lui avait demandé plusieurs jours de préparation avant que tout le monde soit certain qu’ils ne l’envoyaient pas en mission-suicide, mais les résultats étaient indéniables.
Elle n’avait plus qu’à aller faire son rapport à son supérieur, et ils pourraient passer à l’attaque. Il faudrait qu’elle mette un masque pour éviter qu’un éventuel survivant ne la reconnaisse et n’aille ébruiter leur stratagème, mais cela ne devrait pas l’empêcher de passer ses nerfs pour se venger de toutes les indignités qu’elle avait dû subir.
Deux ans passés au sein de la 28ème, comme le temps s’écoulait vite. Deux ans de pérégrinations à travers tout West Blue, et même au-delà. Elle ne s’attendait pas au début à éprouver un tel attachement envers cette flotte, toutefois c’était pourtant ce qui était arrivé. Elle s’était raccrochée à la figure du Commodore comme à une bouée de sauvetage – un comble pour une femme-poisson – après la sécession de son pays, la perte de contact avec ses parents, la dissolution de son unité d’origine, sa mise aux arrêts et la peur d’être virée de la Marine, plus la mauvaise expérience avec le Commandant Gunther. Gustav von Falingen était un excentrique, pire que tous ses sergents-instructeurs réunis, doté d’un amour immodéré de la choucroute, à la fois très critique de son propre pays natal et extrêmement chauvin, ne supportant pas que quiconque d’autre que lui n’en dise du mal. Oh, il ne lui avait somme toute accordé que très peu de temps, cependant elle lui devait tant… c’était grâce à lui si elle avait pu poursuivre sa vocation, développer ses capacités, reprendre confiance en elle et rencontrer ses frères d’armes.
Quelle injustice donc, qu’elle doive à présent lui dire adieu, à lui et à tant d’autres de ses camarades.
Tout s’était passé si vite. La journée avait commencé tout à fait normalement, et tout d’un coup, ils s’étaient retrouvés sur le chemin d’une armada pirate plus nombreuse que la leur. Celle de « Shark-Feeder » Barents, un vétéran de la Grand Line qui n’avait rien à faire à West Blue. Ils avaient tenté de fuir, mais les écumeurs étaient plus rapides, comme une cruelle inversion du jeu du chat et de la souris auquel ils se livraient habituellement avec leurs propres proies. Ils avaient essayé d’appeler du renfort, mais les communications escargophoniques étaient brouillées. Ils avaient dû se résoudre à combattre, et l’issue…
Dire qu’ils s’étaient fait décimer aurait été très en-dessous de la réalité : la 28ème n’avait pas perdu 10 % de ses effectifs, mais plus de 90 %. Leur chaîne de commandement avait été décapitée : Barents à lui seul avait tué plus de la moitié de leurs officiers supérieurs – des hommes que Zhihao n’était même pas capable d’égratigner – en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, et ses lieutenants s’étaient occupés du reste. Le Commodore était le seul à être assez fort pour lui tenir tête, mais même lui ne pouvait que retarder l’inévitable ; il avait ordonné à tous les survivants d’embarquer à bord de leur seul croiseur encore vaguement en état de voguer pour aller prévenir leurs homologues du danger. Il avait ensuite péri en même temps que son bâtiment : le Himmelhorn avait foncé droit dans la formation des pirates, éperonnant leur navire-amiral juste avant que les ingénieurs restés à bord ne déclenchent l’explosion simultanée des chaudières et des réserves de poudre à canon.
Ce n’étaient que grâce à son sacrifice et à sa prudence prémonitoire que les survivants hagards – beaucoup d’entre eux des marins que la kanokunienne avait sauvés de la noyade – étaient arrivés à la base Marine la plus proche. Une nouvelle flotte avait rapidement été mobilisée pour donner la chasse aux flibustiers, mais ceux-ci s’étaient déjà évanouis dans la nature, et ils ignoraient si le Commodore était parvenu à emporter son adversaire avec lui dans la tombe.
Les choses ne s’étaient cependant pas arrêtées là : avant d’être de la Marine, son supérieur était un aristocrate, qui devait à ce titre être enterré dans sa contrée natale, même s’ils n’enseveliraient qu’un cercueil vide. Les rares soldats en état de voyager, dont Zhihao, avaient donc fait le déplacement pour les obsèques. Le souverain local lui-même avait fait une apparition pour prononcer un discours louant ce héros de la nation, une farce à laquelle le Commodore ne se serait jamais plié de son vivant…
Elle n’eut cependant pas le temps de s’en insurger car à peine la cérémonie terminée, son petit groupe de survivants endeuillés fut abordé par un Marine venu leur annoncer deux nouvelles qui leur firent l’effet d’un coup de poing dans l’estomac. Premièrement, la 28ème Flotte Mobile était dissoute, son leadership étant décédé, ses vaisseaux coulés et ses hommes massacrés ; les rescapés aptes à reprendre du service seraient dispersés dans d’autres unités. Cruelle ironie du sort, se dit-elle amèrement : était-elle condamnée à devoir revivre sans cesse les mêmes événements, à devoir dire adieu à ses compagnons d’arme et à être rétrogradée au statut d’étrangère ? Y aurait-il seulement quelqu’un pour la repêcher ce coup-ci, ou la vieille peur dont elle pensait à tort s’être débarrassée était-elle sur le point de se concrétiser ? Le Commodore avait cru en son potentiel et ne tolérait nulle discrimination au sein de son équipage, une règle que même le Commandant Gunther n’avait pas osé transgresser, se contentant de lui adresser des regards noirs, mais tous ne partageaient pas ses idées, bien loin de là.
Ses petites préoccupations personnelles furent cependant balayées par la seconde nouvelle : la flotte de renfort avait capturé un pirate à la dérive, un survivant de l’affrontement. Rien d’exceptionnel en soi, si ce n’est que le rat des mers avait laissé entendre que la mauvaise rencontre de la 28ème n’était pas due au hasard. Non, si Barents s’en était pris à eux, c’était parce qu’il agissait pour le compte de quelqu’un d’autre.
Zhihao faillit perdre le contrôle en entendant cela, une chose qui ne lui était plus arrivée depuis des années. Elle sut à ce moment-là que quoi qu’il arrive, elle n’avait pas le temps de broyer du noir et de maudire son impuissace, ne pouvait pas se permettre de baisser les bras. La justice devait être rendue ; il y avait encore des criminels à stopper, et le Commodore aurait voulu que ses hommes poursuivent son œuvre.
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- Votre prénom / pseudo : Rogos
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- Votre personnage préféré (de One Piece) : Moria, Akainu, Mihawk, Ener
- Vous vous définiriez comme : Un procrastinateur qui essaye de se reprendre en main.
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- Comment avez-vous connu le forum ? Topsites.
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