« Mr Cleaner, je tiens à vous faire remarquer que nous avons accepté de faire un détour pour vous déposer sur Logue Town …
« Je sais bien Colonel, je vous en remercie encore ! »
« Cependant, vous nous demandez de revenir vous rechercher dans deux jours, c’es bien ça ? »
« Tout à fait »
« Vous êtes de ces marginaux du gouvernement qui pensent qu’un homme capturé sans preuves est un homme coupable tout de même, sachez que si d’ici deux jours vous vous pointez avec nos deux hurluberlus sans une once de preuves, je ne vous prends pas à mon bord ! Je ne vous ai jamais aimé Mr Cleaner, vous le savez ça !»
« Nous disons donc après demain sans fautes colonel ? »
Tournant les talons, le colonel Marquizz, un bulldog à la démarche massive, pestait à l’encontre du bonhomme qu’il venait de débarquer. Crachant ses ordres à la face des plus incompétents de son équipage, il larguait les amarres pour une courte mission de reconnaissance sur Belt. Après un dernier crachat dans les remous marins, le colonel disparut dans sa cabine en grommelant, aux grands damnes de Cleaner qui demeurait sur le port en agitant sa serpillière comme une ménagère secouait son linge blanc pour l’amant qu’elle ne reverra pas.
« Ahaha, il est trop lui ! »
Alors que le navire aux voiles blanches allait n’être qu’un point à l’horizon, Wash décida de faire face à la populace du port. Il lâcha un petit sourire en suivant du regard les grosses caisses quii passaient de mains en mains pour finir sur le quai ou dans la flotte. Sa serpillière nouvelle qualité sur l’épaule, notre homme partit en direction du cœur de la ville, en quête du bistrot mentionné dans son formulaire de mission « Le Ten Bar ». La mission était dans les cordes de Cleaner, il devait trouver deux hommes suspectés d’être les investigateurs d’un trafic de faux Berry. Logue commençait à voir circuler de l’argent falsifié et cela mettez en péril l’économie locale, la fausse monnaie était devenue le sujet de discutions premier et la chasse aux faussaires était planifiée par les commerçants locaux. Ce qui avait attiré la municipalité sur l’existence de ce trafic intra urbain demeurait dans la conception du Berry, le signe en lui-même. Le B avait sa barre verticale qui obliquait légèrement vers la droite, rendant la falsification visible. Le bouche à oreille étant, la diffusion fut stoppée durant un temps, mais le gouvernement suspecte une nouvelle tentative pour renverser l’économie de l’Archipel. C’est là que notre technicien devait intervenir.
Ses lunettes reflétaient les Berrys falsifiés qu’il tenait dans le creux de sa main, le gouvernement avait glané une petite bourse de faux Berrys pour lui donner un ordre d’idée. La barre du B décidemment trop inclinée pour laisser un doute quant à la valeur véritable du lot.
« Je ne vois pas bien comment les gens ont pu se laisser berner … Ce n’est pas un travail propre ça ! »
Après avoir croqué à pleine dent dans l’une d’entre elles pour en vérifier la solidité, il acquiesça du fait qu’elles étaient quand même bien réalisées sur certains points, il les rangea dans la bourse et sifflota un petit air en marchant en direction dit troquet.
La serpillière tournoyait dans sa main, il avait adopté une démarche évasive qui tenait plus du zigzag que de la ligne franche, mais il ne pouvait résister à l’idée de marcher vers les coupeurs de bourses qui feignaient de demandaient son aide à chaque coin de rue. Entre la grand-mère gauchement maquillée qui habitait une dague de la hauteur de sa gaine et le mec pas clean qui feignait le malaise, il y avait de quoi choper du nigaud. Il avait une envie folle de tester la force de lavage de sa nouvelle arme, il avait déjà fracassé une demi-dizaine de petits voleurs, ce qui attestait suffisamment de la solidité de son outil. Quant aux performances, il avait pu constater que ses pouvoirs se combinaient parfaitement à la serpillière, lors de la traversée, il avait gommé la partie centrale du pont, aux grands damnes du Colonel. Après une remontrance et une foule de menaces, Cleaner avait dû rematérialiser l’ensemble. Une chose était sure, il allait s’amuser comme un petit fou du ménage.
Le Ten Bar - Rhumerie du Town Heart-
« En voilà une enseigne qui sait attirer l’œil ! »
La musique qui sortait de la baraque en planche ricochait sur les pavés de la grande place. Poussant les portes battante du bout de sa serpillière, Wash entra en scène avec son plus parfait des sourires. La mission stipulait qu’il ne devait pas se faire repérer, la face des clients stipulait que c’était grillé. La musique se tue aussitôt.
La gueule défoncée, les mains charnues, des membres amputés, un doigt par ici, une jambe par là, il y avait même un pauvre bougre dont le tronc était posé sur deux planches qui le tenaient en équilibre précaire… Le physique des clients ne laissait aucune hésitation sur leur profession : de bons vieux loups de mer ! L’orchestre composé d’un pianiste aussi poussiéreux que son piano, un accordéoniste à l’accordéon percé et un violoniste ne jouant plus que sur deux cordes. Ces piteux musiciens se tenaient sur une estrade en fond de salle à la gauche du comptoir et faisant face aux tables. Quatre vieux boucaniers faisaient une partie de cartes et deux autres plus jeunes s’attaquaient à une troisième tournée de rhum.
« Messieurs, à la votre !»
Il marqua une courbette en replaçant ses lunettes de soleil, décidemment bien inutile dans cette sombre bâtisse, il se dirigea ensuite vers le bar. La musique reprit de plus belle, une balade de Brook l’ancien, et la beuverie de même.
« Tu viens pour l’annonce étranger ? »
L’homme qui avait parlé était le tenancier, un homme fort aux mains calleuses. Il portait une moustache tombante en dessous du menton et un chiffon sur l’épaule. Il se tenait bien campé sur ses appuis, derrière son comptoir, comme une barrière qui le protégeait des gerbes et crachats de la chienne de vie qui se hissait sur les chaises et les tables de son respectable taudis.
La serpillière virevoltant dans les airs, le tenancier ne la lâchait pas des yeux, se qui suspectait que l’annonce en question concernait le nettoyage et au vu de la crasse macérant sur le parquet, ce n’était pas une surprise.
« Bien vu mec »
Le gros bonhomme afficha une moue de « bordel, c’est quoi ce plouc » mais il ne tiqua pas un mot. Il savait que son bistrot ne demeurerait que plus sale s’il renvoyait le seul gars qui se portait volontaire depuis un mois.
Quant à Wash, il sentait la situation formidablement engagée, le cadre crasseux l’inspirait au plus haut point pour laisser place à son art ménager. Il replaça ses lunettes du majeur et le pointa ensuite vers le patron. La pose classe.
« J’te promet de rendre ce taudis plus classe que le fond de tes verres ! »
Lançant un regarde au verre que tenait le patron, il reconsidéra ses dires.
« Plus classe que devrait être tes verres ! «
Devant la pose du justicier à la serpillière, la musique s’était arrêtée pour la deuxième fois de la soirée, les deux ivrognes semblaient avoir dessaoulé, les vieux bretteurs n’osez plus poser une carte de crainte de … En fait, ils ne savaient pas trop pourquoi mais ils s’en seraient voulus de casser la pose du marginal.
« C’est ça, commence par l’estrade gamin … Pff »
Cleaner chopa le seau que lui tendait son nouveau boss et fila vers le coin gauche de la salle. Il passa la soirée à nettoyer le taudis, en maitre qu’il était de la merde bien séante, il avait rendu le fond de la salle plus propre qu’à ses premières heures. Les nouveaux clients qui poussaient la porte se massaient sur les tables de l’arrière-salle, le clivage « crasse-propreté » était marquée au fur et à mesure de l’avancée monstrueuse du nouvel homme d’entretien. Le patron se frottait ses mains de gérant en remerciant le bon dieu de cette nouvelle animation. Même les vieux bretteurs du début avaient lâché leurs cartes pour porter haut le rhum.
« Tu paieras une chope pour le gars au balai patron ! Ahaha »
« Et une autre de ma part ! »
« Hip Hip Hip pour le balayeur ! »
Sifflotant dans ce brouhaha d’éloges, Cleaner enchainait le rhum et la serpillière en sifflotant sur les airs endiablés des instruments dépoussiérés. Son instrument martelait le sol, l’eau aspergeait d’écumes les pieds de tables et la mousse se mêlait à la bile, c’était définitivement la joie dans son esprit. Les clients affluaient et la caisse n’en pouvait plus d’être ouverte, c’est ainsi que la bonne ambiance perdura toute la nuit jusqu’au matin dans le Ten Bar, cœur du district des bandits et des joyeux coupeurs de bourses.
°°°°°°°°°°°°°°°°°
« Hey … Faut que tu te réveilles, on va bientôt ouvrir »
« La vache … C’était l’ivresse hier, enfin ce matin, enfin … il est quelle heure patron ? »
« Bientôt l’heure du diner »
« J’vais me faire engueuler moi … Héhé… Encore demain, remarques... »
La face contre le sol, Wash avait dormi comme un bébé, sa serpillière en guise de doudou et un verre de rhum décidemment trop vide pour tutute. Se frottant les sacs, il lança un regard à la salle qui avait une autre gueule, un véritable taudis de haute prestance. Les lustres étaient resplendissants, les tables avaient retrouvée la couleur claire qui redonnée tout le cachet au lieu et le comptoir n’était plus le piège à ivrogne d’autre fois.
« J’aime le travail bien fait, j’aime mon travail, j’aime ma vie, bordel que c’est bon ! »
L’air javellisé s’engouffrait à pleins poumons, l’orchestre se mettait en place sur sa scène et la caisse était prête à retourner à plein régime. Reprenant son poste de balayeur jovial, il passait entre toutes les tables pour en laver chaque miettes et gerbes mal avisées de tomber sur son terrain de chasse. Il avait les oreilles qui se baladaient partout où il se disait des potins, ses dreads se balançaient au rythme des discutions, il ne savait plus où donner de la tête ni du manche.
« Et tu sais ce qu’elle m’a dit cette chienne ? Que j’en ai une plus petite que… »
« Et là mon gars, j’lui ai marave s’te tronche de lard avec mon … »
« Il parait que j’en ai une bien plus imposante que son empaffé d’ex, j’te jure… »
« Il est foutrement bon ce rhum, ca me rappelle l’année où… »
« Tu crois qu’on aura le temps de changer le tampon de la machine avant la fin de la semaine papi? »
Le mouvement de la serpillière arrêta net de suivre le rythme imposé par l’orchestre, Cleaner venait de faire mouche, sa mission lui était revenue en pleine face en une simple phrase. L’homme qui venait de la prononcer était assis à la table du fond, un capuchon noir courait sur son dos, en face de lui une sorte de grand-père à la gueule creusée par le temps. Le vieux donna un foutu coup de pied sous la table et le gamin se tût aussitôt.
« T’es pas fou toi ! La moitié des commerçant de s’te bourgade veulent not’ mort et toit t’en parles comme ça ?! Putain de branquignol ! »
Un sifflotement de fierté émergea de la glotte du nettoyeur, il avait retrouvé ces cibles, la salle était clean en plus de ça, il allait être dans le temps imparti. Plus qu’un jour.
La soirée s’enchaina comme la veille à la seule différence que Cleaner ne but pas une goutte de rhum, aux grands déboires des habitués qui ne purent revoir le technicien à l’action. Il n’y avait d’ailleurs plus une miette de pain qui jonchait le sol, son boulot était pour ainsi dire terminé, il ne dépendait maintenant que des faits et gestes des deux compères de la table 17. Les minuits approchèrent lorsqu’ils décidèrent de quitter la virale harmonie du Ten Bar, la porte battante s’ouvrit pour les libérer de l’ivresse de la soirée. Cleaner allait leur emboiter le pas lorsque le patron le prit par le bras.
« Tu vas où comme ça ? T’es mon employé j’te rappelle. »
D’un revers de bras, Wash passa le manche de sa serpillière contre la gorge bien portante de l’homme, la folie de la soirée était telle que personne n’objecta de la situation.
« Mon boulot est terminé, Patron. Je ne veux pas d’argent pour ma peine, un merci serait la garantie d’un amour sans limites. Dis-moi que tu m’aimes patron. »
Le gros barman suait à grosses gouttes, son reflet blême se perdait dans les lunettes de Cleaner. Il tenta un raclement de gorge impossible et bégaya un « merci » des plus inaudibles. Relâchant la pression sur sa gorge, il fut invité à reformuler plus distinctement, ce qu’il s’empressa de faire sans une once d’hésitation. Cleaner avait adopté une moue de bambin en boudinant sa lèvre inférieure.
« Merci pour ton travail qui que tu sois »
« C’est bon l’amour ! J’aime l’amour ! Ahaha»
Les portes battantes grincèrent comme pour rire de la situation et notre homme s’engouffra dans la nuit immatérielle de Logue Town.
Tous cela ne l’avait amené qu’à perdre la trace de ses deux faussaires, traces qui fut vite retrouvée lorsqu’un es deux hommes, visiblement encore enjoué de la soirée, entama une chanson populaire à base de femmes, de rhums et de bières. Le petit jeune ne semblait pas tenir formidablement bien les substances alcoolisées.
« Mais tu vas t’vas fermer ta grande gueule?! Rentres donc là ! »
Le vieux bonhomme poussa le jeune encapuchonné dans une maison ronde aux rideaux tirés et lumière tamisées. Ce qui n’arrangeait bien sur pas notre bon Cleaner qui se contenta de sourire en sifflotant l’air du jeune homme. Arrivé contre la porte de la maison, il se contenta d’enfoncer son doigt dans la serrure en activant son pouvoir, le morceau de métal disparut au fur et à mesure, laissant une poignée munie d’un trou béant en guise de serrure. Il entra en toute discrétion, une trappe dans la pièce centrale était relevée laissant apparaître un sous-sol éclairé. Une machine au repos apparaissait dans l’ouverture, les deux hommes autours.
« On changera l'tampon demain matin, d’ici là, dodo ! »
Sur ceux, ils débouchèrent de la trappe, ignorant l’homme qui se cachait, pris de cours, derrière sa serpillière. Le petit jeune tenta bien de formuler un doute sur le lampadaire touffu qui se dressait aux cotés du canapé, mais il pensa que Morphée lui indiquait de stopper les frais pour ce soir et il acquiesça d’un œil complaisant.
Toutes lumières éteintes, Wash quitta sa « cachette » et s’engouffra dans la trappe. Il se trouva face à une machine, boulons et plaques d’acier, bordée d’une cinquantaine de cagettes de faux Berrys.
« Te voilà ma jolie ! »
Au fond du sous-sol, une table demeurait éclairée, seule lumière autre que l’esprit de Cleaner. Un tampon noir, destiné à compléter la presse, était posé sur une montagne de schémas, une sorte de B à la barre désaxée en guise de reliefs. La preuve était là. Il se retourna et effectua un revers de serpillière sur la grosse machine.
*Cleaning Right*
Les morceaux d’éponges s’entourèrent d’un halo blanchâtre et la machine fut divisée en deux parts égales. Son noyau était purement gommé, rendant le tout aussi inutile qu’un tas de boulons oxydés. D’un second geste, il passa sa main sur le tampon et il fit la même manipulation non pas sans un large sourire. Par la suite, il gribouilla sur une feuille de papier un message sous forme de rendez-vous pour les deux gusses.
- Je me suis permis de prendre ce joli tampon, j’en tirerais un bon prix au marché du port. Merci -
Après un dernier regard à la dépouille en acier, il s’éclipsa dans la nuit tombante.
°°°°°°°°°°°°°°°
« Eh bien Mr Cleaner, vous semblez ne pas avoir dormi et, qui plus est, bredouille ! Vous n’êtes pas à la hauteur de vos pronostiques à ce que l’on peut voir ! »
Le Colonel était plus enjoué qu’à l’habitude, la mission sur Belt avait été couronné de succès avec l’arrestation d’un équipage pirates et rajoutons à cela la déculotté de l’impétueux Cleaner, sa journée ne pouvait mieux commencer. Il avait arrimé son galion aux bites d’amarrages plus tôt que prévu, juste à temps pour voir le nettoyeur se pointer la serpillière sous le bras. Jouissif.
« Mon Colonel, je suis moi aussi ravi de vous revoir ! Je me permets de rajouter que mon horaire n’est pas encore dépassé ! Tenez, voilà d’ailleurs nos hommes ! »
Courant le capuchon au vent, le petit jeune et le papi avaient déboulé comme des balles au détour de la zone d’arrimage du navire. La face blême, le vieux stoppa net la course de son jeune camarade, ils étaient à une vingtaine de mètres d’un galion bourré de marines aux yeux rivés sur eux.
« Pshhh gamin ! Fait mine de rien, j’crois qu’on s’est trompé de marché … »
Reprenant la course à l’envers, ils se mangèrent le manche de la serpillière, la face contre terre.
« Bonjour messieurs, on a eu l’occasion de se croiser mais je me présente Wash Cleaner »
« Mr Cleaner, je ne vois que deux zouaves pressés, je vous avez demandé des preuves il me semble ! »
« Bien parlé ! »
Relevant le plus âgé des deux qui semblait feindre le malaise lymphatique, il engouffra sa main gauche au fond de la poche du veston de l’ancien.
*Smealing Left*
Le tampon reprit sa forme et lorsque Wash ressortit sa main, il afficha un large sourire de victoire.
« C’est le tampon qui a permis à ces hommes de fausser la monnaie locale, vous pouvez le voir par la barre du B qui est de biais. »
« Tu l’avais dans ta poche depuis le début papi ? »
« Rho mais fermes là donc toi… il me tuera ce gosse … »
Un marine prit le dit tampon et, après une courte analyse, il acquiesça d’un signe de tête à l’attention de son colonel.
« Mr Cleaner, vous outrepassez les logiques de ce monde… Le délai est respecté, il semblerait que nous puissions quitter port. »
« Ce sera sans moi, j’ai une petite réception dans une vingtaine de minutes, je vous les laisse. Au fait, vous auriez une cravate ? »
« Je sais bien Colonel, je vous en remercie encore ! »
« Cependant, vous nous demandez de revenir vous rechercher dans deux jours, c’es bien ça ? »
« Tout à fait »
« Vous êtes de ces marginaux du gouvernement qui pensent qu’un homme capturé sans preuves est un homme coupable tout de même, sachez que si d’ici deux jours vous vous pointez avec nos deux hurluberlus sans une once de preuves, je ne vous prends pas à mon bord ! Je ne vous ai jamais aimé Mr Cleaner, vous le savez ça !»
« Nous disons donc après demain sans fautes colonel ? »
Tournant les talons, le colonel Marquizz, un bulldog à la démarche massive, pestait à l’encontre du bonhomme qu’il venait de débarquer. Crachant ses ordres à la face des plus incompétents de son équipage, il larguait les amarres pour une courte mission de reconnaissance sur Belt. Après un dernier crachat dans les remous marins, le colonel disparut dans sa cabine en grommelant, aux grands damnes de Cleaner qui demeurait sur le port en agitant sa serpillière comme une ménagère secouait son linge blanc pour l’amant qu’elle ne reverra pas.
« Ahaha, il est trop lui ! »
Alors que le navire aux voiles blanches allait n’être qu’un point à l’horizon, Wash décida de faire face à la populace du port. Il lâcha un petit sourire en suivant du regard les grosses caisses quii passaient de mains en mains pour finir sur le quai ou dans la flotte. Sa serpillière nouvelle qualité sur l’épaule, notre homme partit en direction du cœur de la ville, en quête du bistrot mentionné dans son formulaire de mission « Le Ten Bar ». La mission était dans les cordes de Cleaner, il devait trouver deux hommes suspectés d’être les investigateurs d’un trafic de faux Berry. Logue commençait à voir circuler de l’argent falsifié et cela mettez en péril l’économie locale, la fausse monnaie était devenue le sujet de discutions premier et la chasse aux faussaires était planifiée par les commerçants locaux. Ce qui avait attiré la municipalité sur l’existence de ce trafic intra urbain demeurait dans la conception du Berry, le signe en lui-même. Le B avait sa barre verticale qui obliquait légèrement vers la droite, rendant la falsification visible. Le bouche à oreille étant, la diffusion fut stoppée durant un temps, mais le gouvernement suspecte une nouvelle tentative pour renverser l’économie de l’Archipel. C’est là que notre technicien devait intervenir.
Ses lunettes reflétaient les Berrys falsifiés qu’il tenait dans le creux de sa main, le gouvernement avait glané une petite bourse de faux Berrys pour lui donner un ordre d’idée. La barre du B décidemment trop inclinée pour laisser un doute quant à la valeur véritable du lot.
« Je ne vois pas bien comment les gens ont pu se laisser berner … Ce n’est pas un travail propre ça ! »
Après avoir croqué à pleine dent dans l’une d’entre elles pour en vérifier la solidité, il acquiesça du fait qu’elles étaient quand même bien réalisées sur certains points, il les rangea dans la bourse et sifflota un petit air en marchant en direction dit troquet.
La serpillière tournoyait dans sa main, il avait adopté une démarche évasive qui tenait plus du zigzag que de la ligne franche, mais il ne pouvait résister à l’idée de marcher vers les coupeurs de bourses qui feignaient de demandaient son aide à chaque coin de rue. Entre la grand-mère gauchement maquillée qui habitait une dague de la hauteur de sa gaine et le mec pas clean qui feignait le malaise, il y avait de quoi choper du nigaud. Il avait une envie folle de tester la force de lavage de sa nouvelle arme, il avait déjà fracassé une demi-dizaine de petits voleurs, ce qui attestait suffisamment de la solidité de son outil. Quant aux performances, il avait pu constater que ses pouvoirs se combinaient parfaitement à la serpillière, lors de la traversée, il avait gommé la partie centrale du pont, aux grands damnes du Colonel. Après une remontrance et une foule de menaces, Cleaner avait dû rematérialiser l’ensemble. Une chose était sure, il allait s’amuser comme un petit fou du ménage.
Le Ten Bar - Rhumerie du Town Heart-
« En voilà une enseigne qui sait attirer l’œil ! »
La musique qui sortait de la baraque en planche ricochait sur les pavés de la grande place. Poussant les portes battante du bout de sa serpillière, Wash entra en scène avec son plus parfait des sourires. La mission stipulait qu’il ne devait pas se faire repérer, la face des clients stipulait que c’était grillé. La musique se tue aussitôt.
La gueule défoncée, les mains charnues, des membres amputés, un doigt par ici, une jambe par là, il y avait même un pauvre bougre dont le tronc était posé sur deux planches qui le tenaient en équilibre précaire… Le physique des clients ne laissait aucune hésitation sur leur profession : de bons vieux loups de mer ! L’orchestre composé d’un pianiste aussi poussiéreux que son piano, un accordéoniste à l’accordéon percé et un violoniste ne jouant plus que sur deux cordes. Ces piteux musiciens se tenaient sur une estrade en fond de salle à la gauche du comptoir et faisant face aux tables. Quatre vieux boucaniers faisaient une partie de cartes et deux autres plus jeunes s’attaquaient à une troisième tournée de rhum.
« Messieurs, à la votre !»
Il marqua une courbette en replaçant ses lunettes de soleil, décidemment bien inutile dans cette sombre bâtisse, il se dirigea ensuite vers le bar. La musique reprit de plus belle, une balade de Brook l’ancien, et la beuverie de même.
« Tu viens pour l’annonce étranger ? »
L’homme qui avait parlé était le tenancier, un homme fort aux mains calleuses. Il portait une moustache tombante en dessous du menton et un chiffon sur l’épaule. Il se tenait bien campé sur ses appuis, derrière son comptoir, comme une barrière qui le protégeait des gerbes et crachats de la chienne de vie qui se hissait sur les chaises et les tables de son respectable taudis.
La serpillière virevoltant dans les airs, le tenancier ne la lâchait pas des yeux, se qui suspectait que l’annonce en question concernait le nettoyage et au vu de la crasse macérant sur le parquet, ce n’était pas une surprise.
« Bien vu mec »
Le gros bonhomme afficha une moue de « bordel, c’est quoi ce plouc » mais il ne tiqua pas un mot. Il savait que son bistrot ne demeurerait que plus sale s’il renvoyait le seul gars qui se portait volontaire depuis un mois.
Quant à Wash, il sentait la situation formidablement engagée, le cadre crasseux l’inspirait au plus haut point pour laisser place à son art ménager. Il replaça ses lunettes du majeur et le pointa ensuite vers le patron. La pose classe.
« J’te promet de rendre ce taudis plus classe que le fond de tes verres ! »
Lançant un regarde au verre que tenait le patron, il reconsidéra ses dires.
« Plus classe que devrait être tes verres ! «
Devant la pose du justicier à la serpillière, la musique s’était arrêtée pour la deuxième fois de la soirée, les deux ivrognes semblaient avoir dessaoulé, les vieux bretteurs n’osez plus poser une carte de crainte de … En fait, ils ne savaient pas trop pourquoi mais ils s’en seraient voulus de casser la pose du marginal.
« C’est ça, commence par l’estrade gamin … Pff »
Cleaner chopa le seau que lui tendait son nouveau boss et fila vers le coin gauche de la salle. Il passa la soirée à nettoyer le taudis, en maitre qu’il était de la merde bien séante, il avait rendu le fond de la salle plus propre qu’à ses premières heures. Les nouveaux clients qui poussaient la porte se massaient sur les tables de l’arrière-salle, le clivage « crasse-propreté » était marquée au fur et à mesure de l’avancée monstrueuse du nouvel homme d’entretien. Le patron se frottait ses mains de gérant en remerciant le bon dieu de cette nouvelle animation. Même les vieux bretteurs du début avaient lâché leurs cartes pour porter haut le rhum.
« Tu paieras une chope pour le gars au balai patron ! Ahaha »
« Et une autre de ma part ! »
« Hip Hip Hip pour le balayeur ! »
Sifflotant dans ce brouhaha d’éloges, Cleaner enchainait le rhum et la serpillière en sifflotant sur les airs endiablés des instruments dépoussiérés. Son instrument martelait le sol, l’eau aspergeait d’écumes les pieds de tables et la mousse se mêlait à la bile, c’était définitivement la joie dans son esprit. Les clients affluaient et la caisse n’en pouvait plus d’être ouverte, c’est ainsi que la bonne ambiance perdura toute la nuit jusqu’au matin dans le Ten Bar, cœur du district des bandits et des joyeux coupeurs de bourses.
°°°°°°°°°°°°°°°°°
« Hey … Faut que tu te réveilles, on va bientôt ouvrir »
« La vache … C’était l’ivresse hier, enfin ce matin, enfin … il est quelle heure patron ? »
« Bientôt l’heure du diner »
« J’vais me faire engueuler moi … Héhé… Encore demain, remarques... »
La face contre le sol, Wash avait dormi comme un bébé, sa serpillière en guise de doudou et un verre de rhum décidemment trop vide pour tutute. Se frottant les sacs, il lança un regard à la salle qui avait une autre gueule, un véritable taudis de haute prestance. Les lustres étaient resplendissants, les tables avaient retrouvée la couleur claire qui redonnée tout le cachet au lieu et le comptoir n’était plus le piège à ivrogne d’autre fois.
« J’aime le travail bien fait, j’aime mon travail, j’aime ma vie, bordel que c’est bon ! »
L’air javellisé s’engouffrait à pleins poumons, l’orchestre se mettait en place sur sa scène et la caisse était prête à retourner à plein régime. Reprenant son poste de balayeur jovial, il passait entre toutes les tables pour en laver chaque miettes et gerbes mal avisées de tomber sur son terrain de chasse. Il avait les oreilles qui se baladaient partout où il se disait des potins, ses dreads se balançaient au rythme des discutions, il ne savait plus où donner de la tête ni du manche.
« Et tu sais ce qu’elle m’a dit cette chienne ? Que j’en ai une plus petite que… »
« Et là mon gars, j’lui ai marave s’te tronche de lard avec mon … »
« Il parait que j’en ai une bien plus imposante que son empaffé d’ex, j’te jure… »
« Il est foutrement bon ce rhum, ca me rappelle l’année où… »
« Tu crois qu’on aura le temps de changer le tampon de la machine avant la fin de la semaine papi? »
Le mouvement de la serpillière arrêta net de suivre le rythme imposé par l’orchestre, Cleaner venait de faire mouche, sa mission lui était revenue en pleine face en une simple phrase. L’homme qui venait de la prononcer était assis à la table du fond, un capuchon noir courait sur son dos, en face de lui une sorte de grand-père à la gueule creusée par le temps. Le vieux donna un foutu coup de pied sous la table et le gamin se tût aussitôt.
« T’es pas fou toi ! La moitié des commerçant de s’te bourgade veulent not’ mort et toit t’en parles comme ça ?! Putain de branquignol ! »
Un sifflotement de fierté émergea de la glotte du nettoyeur, il avait retrouvé ces cibles, la salle était clean en plus de ça, il allait être dans le temps imparti. Plus qu’un jour.
La soirée s’enchaina comme la veille à la seule différence que Cleaner ne but pas une goutte de rhum, aux grands déboires des habitués qui ne purent revoir le technicien à l’action. Il n’y avait d’ailleurs plus une miette de pain qui jonchait le sol, son boulot était pour ainsi dire terminé, il ne dépendait maintenant que des faits et gestes des deux compères de la table 17. Les minuits approchèrent lorsqu’ils décidèrent de quitter la virale harmonie du Ten Bar, la porte battante s’ouvrit pour les libérer de l’ivresse de la soirée. Cleaner allait leur emboiter le pas lorsque le patron le prit par le bras.
« Tu vas où comme ça ? T’es mon employé j’te rappelle. »
D’un revers de bras, Wash passa le manche de sa serpillière contre la gorge bien portante de l’homme, la folie de la soirée était telle que personne n’objecta de la situation.
« Mon boulot est terminé, Patron. Je ne veux pas d’argent pour ma peine, un merci serait la garantie d’un amour sans limites. Dis-moi que tu m’aimes patron. »
Le gros barman suait à grosses gouttes, son reflet blême se perdait dans les lunettes de Cleaner. Il tenta un raclement de gorge impossible et bégaya un « merci » des plus inaudibles. Relâchant la pression sur sa gorge, il fut invité à reformuler plus distinctement, ce qu’il s’empressa de faire sans une once d’hésitation. Cleaner avait adopté une moue de bambin en boudinant sa lèvre inférieure.
« Merci pour ton travail qui que tu sois »
« C’est bon l’amour ! J’aime l’amour ! Ahaha»
Les portes battantes grincèrent comme pour rire de la situation et notre homme s’engouffra dans la nuit immatérielle de Logue Town.
Tous cela ne l’avait amené qu’à perdre la trace de ses deux faussaires, traces qui fut vite retrouvée lorsqu’un es deux hommes, visiblement encore enjoué de la soirée, entama une chanson populaire à base de femmes, de rhums et de bières. Le petit jeune ne semblait pas tenir formidablement bien les substances alcoolisées.
« Mais tu vas t’vas fermer ta grande gueule?! Rentres donc là ! »
Le vieux bonhomme poussa le jeune encapuchonné dans une maison ronde aux rideaux tirés et lumière tamisées. Ce qui n’arrangeait bien sur pas notre bon Cleaner qui se contenta de sourire en sifflotant l’air du jeune homme. Arrivé contre la porte de la maison, il se contenta d’enfoncer son doigt dans la serrure en activant son pouvoir, le morceau de métal disparut au fur et à mesure, laissant une poignée munie d’un trou béant en guise de serrure. Il entra en toute discrétion, une trappe dans la pièce centrale était relevée laissant apparaître un sous-sol éclairé. Une machine au repos apparaissait dans l’ouverture, les deux hommes autours.
« On changera l'tampon demain matin, d’ici là, dodo ! »
Sur ceux, ils débouchèrent de la trappe, ignorant l’homme qui se cachait, pris de cours, derrière sa serpillière. Le petit jeune tenta bien de formuler un doute sur le lampadaire touffu qui se dressait aux cotés du canapé, mais il pensa que Morphée lui indiquait de stopper les frais pour ce soir et il acquiesça d’un œil complaisant.
Toutes lumières éteintes, Wash quitta sa « cachette » et s’engouffra dans la trappe. Il se trouva face à une machine, boulons et plaques d’acier, bordée d’une cinquantaine de cagettes de faux Berrys.
« Te voilà ma jolie ! »
Au fond du sous-sol, une table demeurait éclairée, seule lumière autre que l’esprit de Cleaner. Un tampon noir, destiné à compléter la presse, était posé sur une montagne de schémas, une sorte de B à la barre désaxée en guise de reliefs. La preuve était là. Il se retourna et effectua un revers de serpillière sur la grosse machine.
*Cleaning Right*
Les morceaux d’éponges s’entourèrent d’un halo blanchâtre et la machine fut divisée en deux parts égales. Son noyau était purement gommé, rendant le tout aussi inutile qu’un tas de boulons oxydés. D’un second geste, il passa sa main sur le tampon et il fit la même manipulation non pas sans un large sourire. Par la suite, il gribouilla sur une feuille de papier un message sous forme de rendez-vous pour les deux gusses.
- Je me suis permis de prendre ce joli tampon, j’en tirerais un bon prix au marché du port. Merci -
Après un dernier regard à la dépouille en acier, il s’éclipsa dans la nuit tombante.
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« Eh bien Mr Cleaner, vous semblez ne pas avoir dormi et, qui plus est, bredouille ! Vous n’êtes pas à la hauteur de vos pronostiques à ce que l’on peut voir ! »
Le Colonel était plus enjoué qu’à l’habitude, la mission sur Belt avait été couronné de succès avec l’arrestation d’un équipage pirates et rajoutons à cela la déculotté de l’impétueux Cleaner, sa journée ne pouvait mieux commencer. Il avait arrimé son galion aux bites d’amarrages plus tôt que prévu, juste à temps pour voir le nettoyeur se pointer la serpillière sous le bras. Jouissif.
« Mon Colonel, je suis moi aussi ravi de vous revoir ! Je me permets de rajouter que mon horaire n’est pas encore dépassé ! Tenez, voilà d’ailleurs nos hommes ! »
Courant le capuchon au vent, le petit jeune et le papi avaient déboulé comme des balles au détour de la zone d’arrimage du navire. La face blême, le vieux stoppa net la course de son jeune camarade, ils étaient à une vingtaine de mètres d’un galion bourré de marines aux yeux rivés sur eux.
« Pshhh gamin ! Fait mine de rien, j’crois qu’on s’est trompé de marché … »
Reprenant la course à l’envers, ils se mangèrent le manche de la serpillière, la face contre terre.
« Bonjour messieurs, on a eu l’occasion de se croiser mais je me présente Wash Cleaner »
« Mr Cleaner, je ne vois que deux zouaves pressés, je vous avez demandé des preuves il me semble ! »
« Bien parlé ! »
Relevant le plus âgé des deux qui semblait feindre le malaise lymphatique, il engouffra sa main gauche au fond de la poche du veston de l’ancien.
*Smealing Left*
Le tampon reprit sa forme et lorsque Wash ressortit sa main, il afficha un large sourire de victoire.
« C’est le tampon qui a permis à ces hommes de fausser la monnaie locale, vous pouvez le voir par la barre du B qui est de biais. »
« Tu l’avais dans ta poche depuis le début papi ? »
« Rho mais fermes là donc toi… il me tuera ce gosse … »
Un marine prit le dit tampon et, après une courte analyse, il acquiesça d’un signe de tête à l’attention de son colonel.
« Mr Cleaner, vous outrepassez les logiques de ce monde… Le délai est respecté, il semblerait que nous puissions quitter port. »
« Ce sera sans moi, j’ai une petite réception dans une vingtaine de minutes, je vous les laisse. Au fait, vous auriez une cravate ? »
!!!! HAN !!!! ► Affirmation/Rage
.... HEM ..... ► Doute/Gêne
???? HUM ????► Interrogation/Surprise
?!?! HOM ?!?! ► Incompréhension/Hésitation