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Retrouvailles

Manoir d'Isigny - Goa - fin de journée

Pistacharles d'Isigny était assis dans l’un de ses fauteuils en velours rouge, le dos droit, les mains posées sur le registre des comptes familial. Les rayons de soleil couchant traversaient les grandes fenêtres en arcs, plongeant la pièce dans une lumière dorée qui contrastait avec l’austérité du lieu. Le silence régnait, seulement troublé par le froissement des pages lorsqu'il les tournait avec minutie, s’assurant que chaque berry était bien comptabilisé à sa place. Un coup sec résonna à la porte, brisant cette quiétude. Pistacharles, fronça les sourcils, ne daignant même pas lever les yeux.

" - Entrez. " ordonna-t-il d’une voix agacée.







Il détestait être dérangé. D'autant plus lorsqu'il était plongé dans ses finances du vendredi. Quelle joie cela lui procurait-il de compter ses sous durement gagnés ! La porte s’ouvrit sur un homme en uniforme, l'air grave, une enveloppe cachetée à la main.

" - Monseigneur... " s'inclina l'homme en lui tendant l'enveloppe.

" - J’ai des nouvelles impo...
- Donnez-moi ça. "

Pistacharles lui arracha son dû des mains, impatient.

" - Évitez de perdre mon temps avec des discours inutiles. "

Pistacharles l'ouvrit d'un geste sec. Ses yeux marrons se plissèrent en parcourant les lignes du document, la colère montant progressivement en lui. Sa fille, Vaniléa, plongée dans le coma depuis cette mission classée confidentielle, avait été utilisée comme cobaye pour une expérience conduite par un certain Docteur Ambroise Charlotte à Nursery. C’était inacceptable. Le silence du manoir devint oppressant. Les flammes dans la cheminée vacillèrent, comme pour accompagner le trouble qui s'emparait de la pièce. Pistacharles serra le poing autour de la lettre, la déchirant violemment. Sa mâchoire se contracta, et une colère froide s'empara de lui. Quelques plumes poussèrent sur son corps, signe qu'il peinait à se contrôler.

" - Comment ont-ils osé toucher à ma fille sans m’en informer ? " murmura-t-il.

Ce n'était pas tant l'amour paternel qui s'exprimait, mais une atteinte à son autorité, à son nom, à son patrimoine.

" - Qui est ce Docteur Charcotte ? " demanda-t-il d’un ton tranchant.

" - Il s'agit d'un Médecin Général des Armées, Monseigneur. Un scientifique connu pour ses expériences... peu orthodoxes. Il est expert en biologie et en cybernétique. "

Pistacharles se leva brusquement, repoussant la chaise qui émit un grincement aigu. L'un de ses pieds venait de se changer en palme.

"- Ils ont utilisé la fille d'un noble comme un vulgaire sujet d’expérience sans même avoir la décence de m'en informer. Quel affront... Pour qui me prennent-ils ?! "

Vaniléa, bien qu’inconsciente, restait son bien, et personne n'avait le droit de disposer d’elle sans son accord (ou sans dédommagement). Une seule pensée l'obsédait désormais : récupérer son dû.

" - Vous savez ce qu'il vous reste à faire : préparez des hommes de confiance. " ordonna-t-il sans se retourner.

" - Je veux que tout soit prêt avant la fin de la journée. Ils partiront pour Nursery récupérer le corps de ma fille. "

L'informateur hésita un instant avant d’acquiescer.

" - Bien, Monseigneur. Souhaitez-vous qu’ils… enquêtent également sur ce Dr. Charcotte ?
- Non, pas pour l'instant. Evaluons déjà les dégâts avant d'agir davantage. Je ne veux pas que cette affaire s'ébruite. Que diraient les autres Nobles s'ils l'apprenaient ? Peut-être sont-ils déjà au courant... Quelle humiliation... "

Petit à petit, Pistacharles reprenait une apparence complètement humaine. L’informateur s’inclina et quitta précipitamment la pièce, laissant le Noble seul dans son bureau.

Ce n’était pas seulement une question de pouvoir ou d’autorité. C'était une question de contrôle, et Pistacharles ne supportait pas l'idée que quelque chose puisse lui échapper. En silence, il contempla les flammes, son esprit déjà tourné vers les prochaines étapes. Il ne connaissait pas encore l'ampleur de ce qui avait été fait à Vaniléa, mais une chose était sûre : ceux qui avaient osé toucher à sa propriété allaient devoir rendre des comptes.
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Nursery, en pleine nuit, quelques semaines plus tard

Aube dormait d’un sommeil agité, ses rêves peuplés de fragments de souvenirs flous, des images d’INDRA, des bribes de vie de Vaniléa. Son corps, qui lui était encore étranger, se reposait sous l’éclat discret de la lune. Cette tranquillité fragile fut brusquement interrompue par un grincement à peine audible. La porte de sa chambre s’ouvrit en grand, laissant entrer deux hommes de la scientifique en uniforme, leurs visages dissimulés par l’obscurité.

" - Aube, réveille-toi. " murmura l'un d'eux

" - Nous devons partir. "

Aube ouvrit les yeux, encore engourdie par le sommeil. Elle se redressa péniblement, son esprit embrumé essayant de revenir à la réalité.

" - Que se passe-t-il ? Quelle heure est-il ? " demanda-t-elle en fixant les intrus.

" - Dépêches toi. " répondit rapidement le deuxième soldat.

" - Tu dois nous suivre, c’est tout. "

Le cerveau de la belle blonde moulinait tandis que des scénarios prenaient forme dans son esprit. Était-ce le Docteur Charcotte qui les avait envoyés ? Avait-il décidé que sa dernière expérience était un échec ? Il lui semblait pourtant avoir réussi les tests qui lui avaient été imposés... C'était-il tout simplement lassé ? Ambroise pouvait vouloir tout recommencer sur de nouvelles bases, perfectionner sa technique. Les pieds d'Aube touchèrent le carrelage froid de sa chambre.

" - Je ne partirai pas sans savoir où vous m’emmenez. " insista-t-elle, la tension montant dans sa voix.

Les soldats échangèrent un bref regard. Était-ce de l'inquiétude qu'Aube perçut ? Se pouvait-il qu'Ambroise ne soit pas au courant ? Quelqu'un pouvait-il chercher à s'approprier ses travaux ? La jeune femme connaissait ces hommes, elle les avait souvent croisés dans les couloirs de l'hôpital militaire. Devait-elle crier pour alerter la sécurité ? L'un des deux hommes dû percevoir son hésitation.

" - Ne rends pas les choses plus compliquées... "

Le scientifique lui indiqua une seringue préremplie sur la commode. Quelques gouttes de sédatif perlaient au bout de l'aiguille. Décidant qu'il valait mieux rester consciente, la jeune femme obéit sans un mot. Si en temps normal elle aurait pu se débarrasser de ces deux scientifiques sans difficulté, sans état la ramena à la dure réalité : elle était encore vulnérable et faible dans ce nouveau corps. Sans plus de cérémonie, ils la guidèrent à travers les couloirs déserts de Nursery. La lumière des veilleuses dessinait des ombres inquiétantes sur les murs, et le silence pesant n’était troublé que par le bruit de leurs pas précipités. Ils la conduisirent vers une sortie secondaire, loin des regards indiscrets. Peut-être aurait-elle dû crier finalement...

Dehors, l’air marin frappait son visage, réveillant un peu plus ses sens. Sur le quai, un petit navire était amarré, ses voiles à moitié repliées, prêt à lever l’ancre à tout moment. Trois hommes attendaient près du navire, leurs visages dissimulés sous des capuches. L’un d’eux s’approcha en silence, observant Aube avec une curiosité mal dissimulée.

" - C’est elle ? "

Les deux scientifiques acquiescèrent.  

" - Vous devez faire erreur, nous étions censés récupérer le corps d'une jeune femme dans le coma. Vaniléa d'Isigny.
- C'est elle, maintenant dépêchez vous de partir ! "

Sans un mot, les hommes la poussèrent vers le navire. Une fois sur le pont, les hommes l’encerclèrent, ne lui laissant aucune chance de s’échapper. Le navire, léger et rapide, se détacha du quai, emportant Aube loin de Nursery. Le vent s’engouffrait dans les voiles, poussant le navire à toute allure vers une destination inconnue.

" - Aïe ! "

La jeune femme posa la main sur son cou, l'un de ses ravisseurs tenait une seringue dans sa main gantée. Avant qu'elle ne puisse réagir, tout s'éteignit.
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Après un long voyage en bateau, dans le manoir familial des d'Isigny, République de Goa

Aube reprit conscience dans l'obscurité la plus totale. Son souffle chaud se propageait dans l'espace confiné, le léger tissu du sac sur sa tête se collant à ses lèvres à chaque inspiration. Elle était assise sur un fauteuil confortable, libre de tout mouvement. Autour d'elle, des voix basses murmuraient. La plupart des mots était indistincte, comme étouffée par la distance ou la barrière du sac. Seules quelques bribes atteignaient ses oreilles, confuses et déformées.

" - Je vous avais pourtant expliqué ... Abîmée... "

La méfiance grandissait en elle, son esprit mélangeant des fragments de mémoire, des éclats de la vie de Vaniléa qu’elle ne maîtrisait pas encore complètement. Les murmures s’interrompirent soudain, suivis du bruit d'une porte qui s’ouvrait et se refermait doucement.

Tac, tac, tac

Une présence se déplaçait lentement dans la pièce, les pas résonnant sur un sol en marbre. Un claquement sec retentit, et soudain, le sac lui fut rapidement enlevé de la tête. La lumière crue l'aveugla un instant, et elle cligna des yeux pour ajuster sa vision. Devant elle, assis sur le bord d’un large bureau en merisier, se trouvait un homme qu’elle n’avait jamais vu… et qu’elle connaissait pourtant. Pistacharles d'Isigny, avec son air sévère et sa prestance rigide, la fixait de ses yeux perçants. Il portait une tenue luxueuse, aussi stricte que l'expression figée sur son visage. Autour de lui, tout respirait la richesse et le pouvoir : les murs couverts de tentures somptueuses, les étagères remplies de livres reliés de cuir et des coffres ornés de dorures trônant en arrière-plan. Un flot de souvenirs assaillit Aube. Des images de Vaniléa, petite fille, jouant dans les vastes jardins du manoir d'Isigny. Les réprimandes froides de ce père si souvent absent. Les dîners en silence, la tension palpable. Ces souvenirs, empreints de la vie de Vaniléa, se mélangèrent à ceux d'INDRA, la confondant. Mais l'identité de l'homme devant elle ne faisait aucun doute. Pistacharles d’Isigny.

" - Eh bien... "

Son père, le père biologique de Vaniléa. Pourtant, quelque chose dans son expression trahissait une émotion qu'elle ne lui avait jamais vue avant. Une fraction de seconde, son regard s'était adouci. Etait-ce de l'affection ? Une agréable surprise ? Il restait figé, fixant Aube comme s'il peinait à concilier l'image de sa fille, qu'il imaginait plongée dans un coma profond, avec celle de la jeune femme éveillée et assise devant lui.

" - Vaniléa... ? " murmura-t-il, sa voix légèrement éraillée par l'incertitude.

C'était étrange d'entendre ce nom, de sentir le poids des souvenirs de Vaniléa se réveiller en elle. Ce nom, ce passé, ne lui appartenaient pas vraiment, et pourtant, elle ne pouvait nier ce lien. Pistacharles sembla se ressaisir, chassant l'étonnement pour reprendre son habituel masque de dureté.

" - Comment... comment est-ce possible ? Quelle est donc cette sorcellerie ? " demanda-t-il, une lueur d'interrogation passant furtivement dans ses yeux.

Il la scrutait, cherchant des indices, essayant de comprendre ce qui se tenait réellement devant lui. Aube, encore sous le choc, tenta de maintenir son calme. Était-il là pour la récupérer, pour lui offrir une seconde chance en tant que sa fille ? Ou bien... Une autre pensée, bien plus sombre, s'immisça en elle. Et si Pistacharles avait entendu parler de l’expérience, de ce qu'elle était devenue ? Et s’il était ici pour évaluer la valeur de cette "nouvelle Vaniléa", pour décider si elle méritait encore son intérêt ? La jeune femme était aussi perdue que lui. Elle respira profondément, sentant le poids de ce regard, le fardeau de ces souvenirs qui se bousculaient en elle.

Elle savait que la suite de cette rencontre allait déterminer bien plus que sa place dans la famille d’Isigny.
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Pistacharles observait Aube, ses yeux plissés derrière ses fines lunettes en argent, un mélange de surprise et de méfiance dans son regard. Le bureau imposant derrière lequel il se tenait, semblait encore plus massif dans la pénombre de la pièce. Des tableaux anciens, représentant ses ancêtres, tapissaient les murs du salon privé, leurs visages sévères semblant juger silencieusement la scène qui se déroulait. Une lampe à huile diffusait une lumière tamisée, projetant des ombres dansantes sur le tapis Kanokunien qui couvrait le sol.

" - Explique-toi. " ordonna Pistacharles, sa voix froide tranchant le silence.

" - Comment est-ce possible que tu sois ici, éveillée, alors que tu es censée être dans le coma ? Que t'est-il arrivé ? "

Aube se mordit légèrement la lèvre, cherchant les mots justes pour expliquer l'inexplicable. La vérité qu'elle s'apprêtait à révéler était difficile à croire, même pour elle.

" - Je... je ne suis plus vraiment Vaniléa. " commença-t-elle, hésitante.

" - Je suis le résultat d'une expérience menée par le docteur Ambroise Charcotte, à Nursery. Il a utilisé ce corps pour y implanter la conscience d'un Pacifista, un vieux modèle qui fut détruit au combat."

Le visage de Pistacharles se figea, mais elle vit une lueur de surprise traverser ses yeux. Derrière le bureau Aube ne put le voir, mais quelques plumes blanches apparurent par endroit. Le Noble resta silencieux un instant, le regard rivé sur elle, comme s'il essayait de la déchiffrer. Puis, d'une voix rauque, il posa LA question.

" - Alors... est-ce que ça signifie que ma fille est morte ? "

Aube sentit son cœur se serrer. Comment y répondre sans lui causer trop de peine ? L'homme lui paraissait soudain bien vieux, rabougri sur ce si grand bureau. Elle baissa les yeux un instant, prenant une profonde inspiration.

" - Non. " répondit-elle doucement.

" - Votre fille vit toujours en moi. J'ai ses souvenirs, certains de ses goûts... Mais je ne suis pas entièrement elle. C'est... comme si il s'agissait d'une deuxième naissance. "

Pistacharles fronça les sourcils, son scepticisme palpable.

" - Prouve-le. " exigea-t-il.

" - Donne-moi un souvenir d'enfance, quelque chose que seule Vaniléa pourrait connaître. "

Aube fouilla dans les souvenirs fragmentés qui s'entrechoquaient dans son esprit. Elle devait bien faire attention à ne pas choisir un moment appartenait au Pacifista IDRA. Finalement, après de longues secondes, elle trouva.

" - Je me souviens du jour où, petite, vous avez accepté de me montrer votre berry fétiche. " commença-t-elle, sa voix douce, hésitante.

Ce n'était peut-être pas le meilleur choix de souvenir... mais c'était le seul qui lui parvenait aussi nettement.

" - Vous m'avez dit que c'était le premier que vous aviez gagné, que c'était grâce à lui que notre famille avait prospéré. Je voulais le tenir, juste une seconde, mais vous ne m'avez jamais laissé l'approcher. Vous m'aviez expliqué que sa valeur était inestimable et que même moi, votre propre fille, ne pouvais pas le toucher. À ce moment-là, j'ai compris que rien n'était plus important que l'argent à vos yeux. Quoi que j'allais faire ensuite, jamais ma valeur n'atteindrait celle de ce berry. Cette admiration que j'ai lue dans vos yeux ce jour là, plus jamais je ne l'ai revue. "

Pistacharles resta silencieux. Ce souvenir, il le reconnaissait. C'était un moment qu'il avait partagé avec sa fille, un des rares où il avait jugé utile de lui apprendre ce qui comptait vraiment.

" - Et si tu es vraiment Vaniléa, dis-moi... pourquoi ne pas croire que ce coma t’a simplement endommagé l’esprit ? Que tu n'es pas simplement folle. Tu ne serais pas la première de cette famille. " demanda-t-il, toujours sceptique.

Aube secoua négativement la tête.

" - Si vous avez des doutes, vous pouvez consulter les travaux du docteur Ambroise Charcotte. Il a publié des articles scientifiques dans la presse spécialisée. Ces expériences sont documentées. "

Pistacharles resta immobile, les yeux plissés, réfléchissant à ce qu'elle venait de dire. Evidemment, tout ceci il l'avait déjà fait. Il ne pouvait nier que ce qu'il voyait devant lui n'était pas une illusion, mais accepter la réalité qui se présentait à lui était une autre affaire. Finalement, il se redressa, perdant les quelques plumes qui étaient apparues un peu plus tôt.

" - Sais-tu depuis combien de temps tu es éveillée ? Je continue de payer des frais auprès de Nursery pour ton maintient dans le coma. Cela me semble aujourd'hui grotesque, il est hors de question que je me laisse racketter sans rien dire. "

Et voici que revenait le véritable Pistacharles.
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Pistacharles d’Isigny se redressa. Un éclat glacé dans les yeux, il fit quelques pas dans la pièce, passa sa main sur son bureau où s’empilaient des documents et des coffres miniatures remplis de pièces d’or. Le regard fixé sur Aube, il reprit la parole d’un ton plus tranchant, retrouvant son naturel calculateur.

" - Très bien, il est temps de remettre de l'ordre dans cette affaire. Ce qui est fait est fait. Mais cela ne signifie pas que je vais accepter les pertes sans en comprendre l’étendue. "

Il se tourna vers Aube, les mains toujours posées sur le bord du bureau.

" - Parle-moi de cette expérience. Qu’a-t-elle impliqué exactement ? Quelles sont les conséquences physiques et mentales que tu as subies ? Et surtout, qu’est-ce que tout cela a coûté ? "

Aube, toujours légèrement désorientée par la situation, essaya de rassembler ses pensées. Des souvenirs d’INDRA, froids et analytiques, se mélangeaient à ceux de Vaniléa, chaotiques et émotionnels. Elle se redressa légèrement dans son fauteuil, réfléchissant à la meilleure manière de répondre.

" - L’expérience en elle-même… Elle a consisté à implanter la conscience d’une machine, celle du Pacifista INDRA, dans le corps de votre fille, Vaniléa. Physiquement, j’ai récupéré une enveloppe charnelle mais mentalement les choses sont plus complexes. J’ai des souvenirs des deux vies, de Vaniléa et d’INDRA. "

Se doutant que ce n'était pas cette partie qui l'intéressait le plus, la jeune femme coupa court.

" - Pour les pertes financières, je ne pourrais pas vous donner de chiffre. Vous devriez contacter Ambroise Charcotte."

Pistacharles fronça les sourcils, insatisfait.

" - C’est une réponse bien vague, Aube… Ou Vaniléa… ou peu importe. Dis-moi plutôt, est-ce que tu as subi des dégâts qui nécessiteront des soins coûteux ? Ou bien, est-ce que cette transformation a affecté ta capacité à... comment dire... générer des revenus ? "

Aube sentit un léger malaise l'envelopper, comment répondre à ce type de question ?

" - Je n’ai pas connaissance de blessures nécessitant des soins. Quant à ma capacité à… générer des revenus, je suppose que cela dépend de l’usage que vous envisagez de faire de mes compétences ? Je n'ai plus les capacités des Pacifistas mais le corps de votre fille est fort, et je sens que je peux développer et pousser ses compétences. J'ai également conserver des souvenirs qui pourraient se révéler utiles s'ils sont utilisés à bon escient. "

Pourquoi se sentait-elle obligée de se vendre ainsi ? Qu'avait-elle à prouver ? De son côté, Pistacharles hocha la tête.

" - Hum, un atout potentiel alors... Mais il reste ce préjudice. Il va falloir évaluer combien cela m’a coûté en termes de réputation. Une fille dans le coma, c’était déjà un fardeau. Mais maintenant… qu’est-ce que cela implique pour ma famille ? Des rumeurs vont circuler, et il faudra peut-être graisser la patte de certaines personnes pour contrôler cela. "

Il se dirigea rapidement vers une étagère où étaient soigneusement rangés des classeurs et des livres de comptes.

" - Je vais devoir consulter mes conseillers. Il est hors de question que je sorte affaibli de cette histoire. Cette expérience a été menée sans mon consentement et sans dédommagement aucun ! "

Son père, toujours en train de calculer mentalement, semblait plus concentré que jamais. Ses mains pianotèrent rapidement sur un boulier antique qu’il gardait à proximité. Il murmura pour lui-même des chiffres, additionnant les coûts possibles, les pertes de réputation, les frais éventuels de « gestion » des rumeurs, et bien sûr, le manque à gagner sur les alliances qu’il avait prévues grâce à la position de Vaniléa. Il se redressa finalement, un chiffre net et précis gravé dans son esprit.

" - Nous en arrivons à la somme rondelette de..."

Il fixa Aube avec intensité.

" - ... 200 millions de berrys, à minima bien-sûr. "

C'est à cet instant qu'un premier frisson parcourut le corps de la jeune femme. Quelque chose dans les yeux du Noble n'allait pas...

" - Maintenant, la question est : qui va payer cette somme ? Toi ? Ou dois-je récupérer cette perte sur les biens de la famille ? "

Aube sentit la question la frapper de plein fouet. C'était donc cela. Elle tenta de répondre avec calme malgré la pression.

" - Je... Avec tout mon respect, je ne pense pas être en mesure de payer une telle somme. Mais Ambroise Charcotte... il est possible qu'il en ait les moyens. Peut-être pourrait-il être tenu pour responsable de ce préjudice. "

Pistacharles éclata d’un rire froid.

" - Charcotte, hein ? Ce serait une option, en effet. Mais cet homme est protégé par le Gouvernement Mondial. Ce ne sera pas si simple de le forcer à régler l’addition. Non, tu vas me rembourser. "

Aube se souvint alors pourquoi Vaniléa détestait les repas de famille.

" - A moins que tu ne préfères retourner dans le coma ? "
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Aube sentit son estomac se nouer violemment. Deux cents millions de berrys... Le montant lui semblait irréel, presque absurde. Comment pouvait-il lui demander une telle somme ? Le noble, voyant son expression, sourit froidement.

" - Ce montant te semble élevé, n’est-ce pas ? "

La jeune femme n'osa pas acquiscer.

" - Réfléchis un instant. Toi, éveillée… c’est un risque pour notre famille et moi-même. Il va falloir t’entretenir, t’héberger, te surveiller. Tout cela a un coût, que je ne peux même pas répercuter avec une union. Quel noble irait de lui-même épouser une femme robot ? Il s'agit là d'une perte sèche. "

Il s’arrêta un instant, fixant Aube de ses yeux perçants.

" - Tandis que si tu retournais dans le coma sur Nursery… Un petit versement régulier pour que le personnel là-bas s’occupe de toi, et le problème serait résolu. "

Aube sentit la peur s’insinuer en elle. Le ton de Pistacharles avait pris une tournure sinistre.

" - Vous… vous ne feriez pas ça… " balbutia-t-elle.

Mais la vérité la frappait avec force : Pistacharles avait non seulement les moyens de le faire, mais aussi la froideur nécessaire pour envisager une telle solution.

" - Tout est une question de rentabilité. Je suis un homme d’affaires, et les émotions, les liens du sang… tout cela ne pèse pas bien lourd dans mes calculs. Ce qui compte, c’est le bénéfice que tu peux m’apporter. Si ce n’est rien d’autre que des tracas et des dépenses… alors je trouverai un moyen de minimiser mes pertes. "

Aube sentit un frisson glacial parcourir son échine. Elle était piégée, seule face à un homme pour qui elle n’était qu’une ligne dans un bilan comptable. Prenant une profonde inspiration, la jeune femme tentait de garder son calme.

" - Je vais trouver cet argent. " répondit-elle d’une voix qui se voulait ferme.

" - Je te conseille de commencer par rendre visite à notre entreprise familiale, Goarnier. Elle est située sur l’archipel de Shabondy, grove n°40. "

Aube fronça les sourcils, incertaine de ce que cela impliquait.

" - J'ai remarqué que les bénéfices y ont chuté ces dernières semaines, sans explication apparente. Si tu es capable de redresser la situation, ce serait une première étape vers l’amassement de ces 200 millions. Considère cela comme ton premier test.
- Et comment puis-je m'y rendre ? "

Le Noble la regarda comme si elle avait posé la question la plus absurde du monde.

" - Te rendre à Shabondy ? Débrouille-toi. Je ne vais certainement pas dépenser mes berrys pour jouer les taxis. "

Il émit un petit rire sec.

" - À moins que tu veuilles aussi récupérer la facture de ton transport depuis Nursery…
- Non mer...
- C'est bien ce qu'il me semblait. "

Aube se pinça les lèvres, elle ne pouvait s’attendre à aucune aide de sa part.

" - Je vais faire parvenir une lettre au gérant, Brachyura. Il saura que tu viens de ma part. Garde ton état de santé secret, cela ne devrait pas être difficile puisque Vaniléa ne l'a jamais rencontré. "

Aube hocha la tête. Aux yeux de son père, elle n'était plus Vaniléa d'Isigny. Sa fille était morte et celle qui se tenait devant lui n'était qu'un outil, un moyen détourné pour récupérer des liquidités. Sans lui accorder plus d’attention, il se replongea dans ses comptes, murmurant pour lui-même des chiffres qu’il seul comprenait.

Aube se leva lentement de son fauteuil et quitta la pièce, sans se retourner.
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