L'heure de couper les ronces

“- … et c’est là que je me suis rendu compte que j’avais de la peinture plein les cheveux !” finis-je mon monologue qui semblait d’ailleurs n’intéresser personne d’autre que moi, si je me fiais à la mine exaspérée de Trisha qui préférait regarder par le hublot du sous-marin que de m’écouter une seconde de plus.

Heureusement qu’America était toujours là pour me remonter le moral, me sollicitant pour lui lancer une balle qui rebondissait plus ou moins aléatoirement selon les mouvements du véhicule.

“- Tiens on est bientôt arrivés, je reconnais les algues du coin !” m’exclamai-je en m’imposant au niveau du même hublot occupé par la révolutionnaire grisonnante pour constater les fonds marins.

Cela faisait maintenant un bon moment que nous naviguions d’île en île, et en ayant eu vent de notre destination finale il était on ne peut plus logique que je peinais à retenir mon excitation. Voilà que j’allais enfin retrouver mon île natale, celle qui m’avait vu grandir et qui m’avait donné cette fougue artistique qui avait continué de croître en moi, alors même que j’avais été châtiée de cette terre fleurie.

La situation avait bien évolué depuis mon départ. En effet, le Sultan était tombé, le climat révolutionnaire de l’île semblait l’avoir emporté, mettant un terme à cette ère de tyrannie qui était à l’origine de tous mes malheurs. Cela faisait maintenant presque deux années que la situation s’arrangeait sur tous les plans pour l’île, cependant Hypérion, un homme en grande partie responsable du mouvement contestataire à l’époque, et surtout en contact avec l’Armée Révolutionnaire, nous a récemment contacté suite à une crainte plus que fondée.

Sa demande était aussi claire que mystérieuse, il avait besoin d’aide au plus vite et l’avenir de l’île en dépendait. Nous avions donc été dépêchés avec plusieurs sous-marins afin d'intervenir. La première étape était désormais de débarquer sur l’île sans faire de vagues et de prendre contact avec l’homme. Profitant d’un angle mort dans une falaise de l’île, notre sous-marin émergea de la mer salée, nous déployant une simple barque pour rejoindre le port de Rosetta. Là-bas débarquent habituellement un grand nombre de bateaux marchands et touristiques et c’est aussi l’endroit le plus proche de notre point de rassemblement.

J’avais tout de même pris la peine de me couvrir d’une cape, dissimulant mon visage. Sûrement une vieille crainte d’être reconnue alors que j’avais été chassée de l’île avec des menottes aux poignets. Sur mon dos se trouvait un sac contenant mes prothèses mécaniques, je craignais toujours de perdre mes nouveaux bras en bois dans un accident quelconque. Mes pieds foulaient à nouveau cette terre au parfum si délicat. C'était comme dans mes souvenirs, la garde des ronces en moins. Ces brutes de la milice avaient dû déguerpir en même temps que le retour du Roi et ce n'est pas le peuple qui allait les regretter.

Malgré les années, je me revoyais sans difficulté en train d'arpenter les pavés de la ville, cherchant le meilleur endroit pour avoir un éclairage parfait, ou simplement pour trouver le plus beau paysage en longeant les falaises. Je fis signe de me suivre à mes collègues, tentant de me fondre dans la foule et le décor. Puis après quelques minutes, je finis par réaliser que les tensions habituelles de l'endroit semblaient apaisées, les gens vaquaient avec le sourire et les marins s'occupaient de décharger leurs garnisons. J'en vins à soulever ma capuche, me sentant plus que jamais chez moi, alors que je dirigeais le groupe vers notre première étape.

“- Bon, tout d’abord il nous faut nous aventurer dans la forêt de Rosetta… J’ai eu quelques instructions pour trouver l’endroit voulu, mais je n’ai moi-même jamais mis les pieds au-delà des pavés dorés qui forment un sentier. Je ne sais honnêtement pas à quel point les légendes qui entourent l’endroit sont véridiques alors restez sur vos gardes, il paraît que des esprits habitent les endroits dépourvus de toute lumière… Qui veut ouvrir la voie ?” me retournai-je vers mes deux compagnons, n’ayant pas particulièrement envie d’être la cible des créatures inconnues de l’endroit. “Promis je vous guiderai, de derrière…” tentai-je de les rassurer alors que nous apercevions au loin les premiers champignons luminescents de la forêt.

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C'est donc ça Rosetta, la ville champignon.

Analysant la nouveauté architecturale qui l'entoure, Trisha Campbell interrompt sa contemplation pour prendre connaissance des indications de l'artiste révolutionnaire. La Cavalière, tout aussi encapuchonnée, s'approche de sa camarade en silence. Attrapant les bords de sa capuche en silence, elle lui remet sur la tête en rapprochant son visage. Son ton baisse et se veut plus discret.

Attendons d'être plus à l'écart, Calypso.

L'ange sans aile scrute les environs un instant, avant de lâcher le vêtement de la jeune femme. Elle est accompagnée par une nouvelle génération qui a su s'illustrer pendant sa captivité en tant que vulgaire esclave. Cependant, ils ont à présent une prime qui leur colle à la peau, ou au pelage. Une nouvelle renommée dont certains chasseurs de prime indiscrets pourraient flairé. Il serait dommage qu'après tant d'efforts pour arriver discrètement, les choses dérapent.  

Elle s'agenouille ensuite pour caresser le chien à ses côtés. Trisha tente de comprendre tant bien que mal les animaux, surtout qu'elle n'est absolument pas aussi douée que Cassandre ou Paul. Secouant le poil de son cou entre ses mains,  sa voix est plus aiguë.

On va aller se promener, mon beau.

Certains camarades lui ont affirmé qu'après l'ingestion d'un fruit du Démon, America est devenu autonome. Elle ne sait pas encore à quel point. Ainsi Trisha continue d'imiter ce que faisait Cassandre lors de sa première rencontre avec l'animal. Elle se relève en fixant l'objectif.

J'ouvre la marche. Je te fais confiance.

Repérant la forêt luminescente au loin, une grande curiosité l'encourage à presser son pas.

Allez, viens, America.

Le groupe s'éloigne ainsi progressivement de la ville des champignons. La Cavalière s'attend à d'autres merveilles. Malgré son visage sans expression, elle ressent un plaisir enfantin à la découverte.

Parvenant à la lisière de la forêt, le groupe pose pied sur les dalles dorées indiquant le chemin classique à prendre pour voyager en sécurité dans ce milieu. Du moins, c'est ce que lui indique un panneau. Cependant, la météorologie se rapproche du sol sans prévenir. Elle touche du bout des doigts les dalles couleurs or. Soudain, une décharge électrique apparaît et comme une onde progresse le long du chemin.

Du vrai. La ville est donc si riche.

Dans son domaine d'expertise, la Cavalière sait différencier les métaux les plus conducteurs et l'or en fait partie. Elle reste étonnée qu'aucun lascar n'ait tenté d'en voler. Peut-être que les locaux restent silencieux à ce propos. Quoiqu'il en soit, Trisha vient de découvrir un avantage de choix pour contrôler les passages si besoin. Un petit cri résonne provenant de plus long sur le sentier. Son test semble avoir fait mouche. Elle regarde sa camarade en haussant légèrement les épaules avec un petit sourire coupable, reconnaissant sa faute.

Ne tardons plus.

Déviant rapidement du chemin de dalles d'or, les renforts révolutionnaires s'engouffrent dans le Bois des Esprits. Il y a des champignons de toutes sortes dans l'obscurité forestière. Tout en s'aventurant, il lui arrive d'en admirer certains au passage, mais sans plus d'intérêt. Les indications de Calypso sont suivies à la lettre, malgré ce mélange de nouvelles odeurs qui envahit ses narines dans certains recoins. Trisha enjambe une branche, puis prend un temps de répit en patientant les autres. Retirant sa capuche, elle libère une chevelure blanche et pleine de santé. Depuis peu, ses stigmates se sont atténué. Ses poils ne sont plus abîmés et brûlés par l'usage répété de son Electro et, malgré la présence de veines noires sous ses yeux, les douleurs du poison mortifère qui lui avait été injecté ont disparu. Elle prend une inspiration profonde profitant de ce renouveau avec une humeur plus chaleureuse. L'ange jette un œil vers sol, cherchant America du regard pendant leur progression.
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Droite, gauche, droite, gauche.

America traversait le passage devant les révolutionnaires en courant. Il était excité par les nouvelles odeurs, les nouveaux sons, les nouvelles couleurs de l’endroit. Son système en surchauffe devant tant d'informations à traiter ne suffisait pas à l’aider à comprendre ce qu’il voyait ou sentait. Alors naturellement, c’était les restes de son instinct canin qui avait pris le dessus, l’incitant à renifler chaque objet pour en enregistrer l’odeur.

Les champignons le dépassaient aisément mais cela était loin de l’inquiéter. Car non loin, il avait de nouveaux repères. Si avant sa consommation du Fruit du Démon, il avait tendance à prendre son temps pour accorder sa confiance, maintenant qu’il entrevoyait les brides du concept que représentait la révolution, il avait fini de s’inquiéter lorsqu’il était en présence de ses membres. Il se laissait seulement porter par les échanges des jeunes femmes, regardant régulièrement dans leur direction pour s’assurer qu’il ne les avait pas perdues de vue.

Puis il sautait. Dans des talus de terre, soulevant des nuages de spores qui venait se prendre dans sa cape. Car lui aussi était recherché, bien plus que beaucoup de ses camarades. La dangerosité de ses capacités de piratage avait l’air d’avoir inquiété le gouvernement mondial. Mais lui, il ne se faisait pas de soucis. Il ne savait même pas ce que voulait dire “prime”.

Entre ses crocs, il avait gardé sa balle en caoutchouc rouge. La même avec laquelle il avait joué dans le sous-bateau, l’engin de déplacement préféré de l’Armée révolutionnaire. America n’en était pas particulièrement friand, cela le déconcerté plus qu’autre chose. Mais une fois sortie, il oubliait bien vite cette expérience pour se concentrer sur tout ce qu’il avait de nouveau à découvrir.

- “America, viens là !” Avait crié Trisha.

La tête se redressant de derrière un jeune champignon, le chien courait pour rejoindre le point d’origine de la voix. Et rapidement, il finit par s’arrêter aux pieds des deux révolutionnaires, devant une imposante chanterelle de plusieurs mètres de haut. Et dans sa face avant, une porte se dessinait. Etait-ce là le point de rendez-vous ?

America mit d’instinct le museau au sol. Reniflant les passages les plus récents, il ne sentait ni peur, ni colère. Seulement de l’impatience. Il avançait vers l’entrée du champignon, reniflant une douce odeur de nourriture en train de cuire. Naturellement, son estomac criait famine, alors au travers de plusieurs coups de patte, il venait gratter le bois.
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Les instructions d'Hyperion, bien que semblant confuses au premier abord, s'étaient montrées drôlement pertinentes. A plusieurs reprises dans notre excursion, j'aurai pu jurer voir des silhouettes se mouvoir dans l'ombre des arbres, mais à chaque fois que je faisais rapidement volte-face, je ne constatais que des champignons, de taille plus ou moins imposante. Nous finîmes par atteindre notre destination, affichant tout d'abord un énorme champignon dont la partie supérieure se recroquevillait vers l'extérieur, avec au centre du corps une double porte en bois large comme deux hommes. En inspectant les contours du champignon, je remarquai rapidement que de multiples autres champignons semblaient collés à la première bâtisse. Cela ressemblait à un véritable complexe, creusé à même les champignons géants.

"- Vous pensez qu'on peut rentrer ?" murmurai-je à mes compagnons.

America eu à peine le temps de se retourner dans ma direction en ressentant la présence inconnue, qu'une main se posa sur mon épaule.

"- Seuls ceux qui méritent de rentrer arrivent jusqu'ici. Suivez moi." déclara avec une voix calme et froide une jeune femme portant une robe fleurie et aux manches amples.

S'agissait il de la personne responsable de ma récente paranoïa quant aux esprits de la forêt ? Quoi qu'il en soit, cette dernière poussa l'une des deux portes, révélant un escalier en colimaçons qui nous mena en haut de la corolle du champignon d'entrée. Un parquet et un toit semblaient avoir été aménagés à même le champignon et ce dernier se poursuivait dans de nombreux couloirs.

"- Par ici." poursuivit la femme en nous baladant d'un champignon à un autre.

Finalement, nous arrivions dans une grande pièce, habillée d'une large table ronde en son centre couverte d'un drap, de multiples tableaux sur lesquels étaient attachés moults papiers, connectés les uns aux autres par des fils. Dans le coin de la pièce se trouvait un impressionnant nombre de maquettes, sculptées dans je ne sais quel matériau, mais dont les représentations ne me laissaient aucun doute. L'homme habitant ici avait reconstitué tous les lieux importants de l'île dans des versions miniatures, sûrement afin de pouvoir prendre plus facilement des décisions stratégiques.

"- Je te remercie d'avoir guidé et protégé nos hôtes lors de leur voyage Violette. Chers membres de l'Armée Révolutionnaire, je me présente, Hypérion, chef et maître stratège des Nostalgiques de Pétales. Si j'ai fait appel à vos forces, c'est avant tout car un grand danger plane sur cette île. Vous le savez aussi bien que moi, il n'est plus grand fléau que les principes esclavagistes et tyranniques du Gouvernement Mondial. Nous pensions avoir libéré Pétales de la dictature en mettant fin au règne du Sultan, mais cela n'a fait que rapprocher une menace plus grande sur l'île.

Peut-être connaissez vous Almerich de Kissinger. Si ce n'est pas le cas, dites vous simplement que cet homme est prêt à tout pour le pouvoir. Il est au centre de tous les malheurs ayant frappé cette île de près ou de loin. Depuis le retour de notre roi, cet homme s'est vu offrir une place au conseil des nations et nous avions déjà des doutes quant à ses intentions depuis ce moment. Violette, mon assistante dont vous connaissez désormais la discrétion, l'a alors pris en filature. Nos craintes étaient fondées, puisque c'est au détour d'une conversation avec sa femme que notre espionne l'a entendu déclarer que sous peu, son nom serait connu de tous au conseil des nations et que la prochaine étape serait une place au conseil des cinq étoiles."
nous expliqua l'homme à la barbe aussi longue que son corps.

"- Et cela impliquera sûrement une annexion de l'île par le Gouvernement Mondial..." murmurai-je alors que je réalisais les véritables objectifs de l'homme, ce à quoi l'homme acquiesça de la tête.

"- Voici donc le plan anti Kissinger." poursuivit l'homme en soulevant le tissu qui recouvrait la table et qui dissimulait de nombreux documents.

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Par la rumeur, le peuple sera informé des manœuvres insidieuses de ce puceron tenace.
-Un puceron qui a sauvé notre Majesté des griffes du Sultan, tout de même, le vieux.


Violette prend soudain des manières de fillette amusé en s'asseyant sur la table. Sans prendre gare à la fragilité des maquettes, elle touche les différentes structures estimant, sans le montrer, leur qualité. Le vieil homme s'insurge et, de gestes vifs des mains, il tente de la chasser de ce coin de table.

Tu appelle ça du respect, gamine ! J'aurais pu le faire ! Ce n'est qu'un vil parasite, sans aucune valeur. Il tuerait la tige qui le nourrit pour sauver sa peau. Si c'est pour dire des inepties pareil. Du balais. Allez, ouste !
-C'est bon, je me tais. C'était trop facile.


La jeune femme soupire en se mettant sur ses pieds. Elle s'accroupit pour s'accouder à la table, l'air ennuyé. Trisha la fixe, un instant, étonné de la scène. La froideur et le calme ne semblent n'être qu'une facette de cette personne. Hyperion y paraît être habitué et reprend son discours.

Où en étais-je? Hum… nous informerons le peuple de ses manœuvres en mettant à profit nos réseaux déjà bien établis. Néanmoins, monter les foules ne suffira pas. Nous sortons d'un régime de terreur et d'une guerre civile. Le souvenir est encore frais. Le risque de massacre ne veut plus être encouru. Il faudra entreprendre une logistique qui rassure nos sympathisants. C'est ici que vous interviendrez. Grâce à un point stratégique dans la capitale vous veillerez à entretenir tout le nécessaire et à sécuriser les convoies pour le ravitaillement des mouvements contestataires. Ceci attirera l'attention du Roi et de sa Cour pour une audience…
-Et bam ! On met Almérich le nez dans son caca devant tout le monde. Échec et mat, les poussins. C'est plié. À moi, la villa à Verminia. Hihihi !

La climatologue hausse les sourcils, tandis qu'Hyperion les fronce. Les regards fixent la jeune femme bien plus intrigués par sa subite prise de parole que par ces mots.

Quoi encore ? C'est la moindre des choses pour le service rendu. Pff.

Croisant les bras, Violette fait la moue. Le vieil soupire et l'ignore comme un enfant qui boude.

Je pense que vous avez le topo. Avez-vous besoin de précisions supplémentaires ?

Trisha s'approche pour observer et contempler les plans et les maquettes de la ville.

Que fait-on si cela dégénère ?
-C'est aussi pour cette raison que l'on vous à parmi nous. Je suppose que vos compétences de combat sont assez connues pour évoluer dans un conflit quel qu'il soit. Je fais confiance à l'armée révolutionnaire.
-Il ne reste plus qu'à vous donner raison. Quel est le repère à sécuriser ?


Dernière édition par Trisha Campbell le Mar 10 Sep 2024 - 3:59, édité 2 fois
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America n’avait rien compris. Trop de mots, trop de tournure de phrase complexe et sons système interne, bien qu’il avait essayé de suivre la discussion pour retranscrire le tout au cerveau canin bien plus simple n’avait tout bonnement pas réussi à assurer le débit de son interlocuteur. Alors au bout d’un moment, tous les sons ressemblaient bien plus à des variations d'émotions que de vrai parole pour l’animal.

Et les voilà en route pour la future plaque, interne à la capitale de Pétale. Ils avaient suivi la jeune fille qui connaissait étrangement bien les recoins et passages discrets pour quelqu’un qui n’avait jamais rien fait d’illégal. Et son air espiègle ne plaisait pas vraiment au berger allemand qui faisait une mine renfrogné à chaque fois qu’elle tendait la main pour venir caresser le haut de son crâne. Alors, rapidement, l’enfant avait cessé d’essayer pour se conformer à simplement guider les révolutionnaires dans cette ville pleine d'odeurs.

Les canaux olfactifs d’America étaient saturés et régulièrement, ce dernier venait éternuer en se frottant le museau avec sa patte. Il n’aimait pas l’endroit. Il était bien trop lourd en senteur pour ses sens avancés.

- “Tada !” clamait Violette en se plantant devant un bâtiment branlant. "Bah quoi ? Fallait pas vous attendre à un palais non plus."

Le grand sourire sur le visage de l’enfant montrait un amusement devant le miteux endroit qu’elle leur proposait. Une attitude qui fit grincer plus d’un dans le trio. Cependant, l’Armée Révolutionnaire ne se voyait jamais abandonner devant un logie mal famé. Non. Le quartier était animé et l’endroit pas si mal placé. La rue avait seulement été déserté devant le peu d’activité qu’elle proposait au profit d’une artère plus bruyante et colorée. Mais cela était d’un grand avantage pour le trio qui se voulait un minimum discret sur l’île.

Les fenêtres étaient barricadées de planche de bois. La porte à la peinture écaillée grinçait à chaque mouvement. L’intérieur était poussiéreux. Cependant, au travers des lattes se dégageait une lumière naturelle qui éclairait l’endroit et laissait entrevoir la poussière ambiante. En entrant, l'odeur plus neutre rassurait America qui faisait battre sa queue à nouveau. Il avait toujours aimé les bâtiments désaffectés, car Tom lui laissait toujours l’occasion de fouiller et de garder certains objets. Alors naturellement, laissant les révolutionnaires discuter de la suite, il avait couru dans un coin de la pièce.

- “Il nous faudrait une couverture facile à mettre en place. Avez-vous des talents particuliers ?” avait demandé Trisha au groupe même si cette interrogation s’adressait bien plus à Calypso qu’au chien.

Et avant même que la jeune révolutionnaire n’ait le temps de répondre, America venait renverser un chevalet de bois, une toile recouverte d’un drapé marron et plusieurs tubes de peinture pour sortir d’une boîte un lézard en plastique.

*Pouic*

Le chien était fier de montrer sa trouvaille au duo alors que le regard de la blonde s’était déjà tourné vers le nécessaire de peinture rudimentaire.
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L'endroit ne payait pas de mine, mais il fera très bien l'affaire le temps de cette opération. Cependant une planque n'est efficace que si sa devanture n'attire pas les soupçons, et encore plus si des personnes innocentes vont et viennent dans cette dernière pour crédibiliser l'enseigne. Que cela soit par maladresse ou par talent, le chien robotique dévoila dans un coin les fournitures poussiéreuses de peinture. Les toiles avaient pris l'humidité, comme en témoignaient les champignons qui avaient élu domicile dans le coin de celles-ci et qui étaient bien différents de ceux rencontrés dans la forêt.

"- J'ai la couverture parfaite..." laissai-je s'échapper alors que mes yeux pétillaient déjà d'excitation. "- Transformons l'endroit en boutique de peinture ! Aller hop hop hop, je m'occupe de la devanture, remettez moi l'intérieur en forme. Eurk satanées toiles d'araignée..." soupirai-je en me dirigeant vers l'extérieur.

Tout d'abord, se débarrasser des barricades qui empêchaient la lumière de pénétrer dans la bâtisse. J'aurai pu me saisir d'un marteau ou d'un pied de biche pour forcer sur les planches, mais il était bien plus aisé de profiter du calme de la ruelle pour me servir de mon fruit du démon. D'un simple contact avec la structure, les planches se désolidarisaient au niveau des clous et tombaient au sol. D'un second toucher, le bois des murs extérieurs se dilatait là où les clous étaient enfoncés, faisant s'extraire les morceaux de métal que je récupérais tour à tour au creux de ma main. En même temps, je demandais à Violette de me trouver une bonne vingtaine de planche de bois pour aménager au mieux l'endroit.

En rentrant, je pouvais constater Trisha qui faisait au mieux pour essuyer les tâches de saleté tandis qu'America s'amusait à souffler sur les moutons de poussières qui parcouraient les lattes délabrées du parquet. Celles-ci s'entremêlaient alors que je progressais sur le plancher, ramenant les planches détachées dans leur emplacement d'origine, fusionnant les bois entre eux pour en maximiser le maintien.

"- Trisha, je compte sur toi pour aller acheter des fleurs et des jardinières suspendues, je veux une super devanture !" ordonnai-je alors que je savais où je devais me rendre désormais.

Le plus crédible pour une boutique de peinture manquait, à savoir : les œuvres d'art, et je savais précisément où me rendre pour m'en procurer. J'empruntais le chemin que j'avais autrefois tellement pratiqué, des allers retours qui avaient ponctué mon adolescence alors que je multipliais les commissions au sein de la capitale. L'arrivée de ce trajet étant bien évidemment la maison où j'avais grandi et par conséquent là où se trouvaient tous mes tableaux.

A cette heure de l'après midi, mon père devait probablement être en train de s'occuper des champs, tandis que ma mère devait se trouver au marché. Dans le doute, cela faisait depuis le début de ma balade que je me déplaçais à visage couvert, les chances pour qu'on me reconnaisse étaient loin d'être nulle malgré les deux années qui m'avaient éloignée de l'île. Mais je n'avais pas beaucoup de temps devant moi, c'est avec le pas pressé que je me dirigeais vers la porte en bois de ma maison dont les fibres s'écartaient pour me laisser passer au moment où j'apposais ma main sur cette dernière.

Montant quatre marches par quatre, je me précipitai dans ma chambre, remplissant mon sac de tout type de fournitures nécessaires pour faire s'exprimer mon art. Puis je me saisis de deux lanières en cuir, et j'attachais avec délicatesse une dizaine de toiles réalisées par mes soins plusieurs années auparavant. Ma récupération d'œuvres d'art étant effectuée, je me hâtai à nouveau pour quitter les lieux et retourner vers la boutique en devenir. Sur le chemin du retour, je reconnus sans difficulté la femme aimante qui m'avait élevée qui revenait de sa sortie quotidienne, les bras chargés de légumes frais. Je baissais la tête, mais j'étais si impatiente de pouvoir la reprendre dans mes bras quand la situation sera plus calme.

A mon retour à l'établissement, Violette et Trisha avaient commencé à installer les étagères, auxquelles j'ajoutais de jolies courbures pour les rendre plus travaillées. Il restait quelques détails à peaufiner mais nous étions en bon chemin. Alors que j'inspectai l'arrière boutique pour y déposer les toiles le temps de monter les présentoirs, je remarquais une trappe à même le plancher, qui s'ouvrait sur une échelle et qui semblait mener à un second étage.

"- Premier étage presque fini, reste celui qui nous intéresse le plus désormais..." murmurai-je à bout de souffle.

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Oh ! Je crois bien que c’est ici que je vais vous laisser, hein. Je dois prévenir le vieux que l'on avance bien et tout, et tout.

Alors que Violette commence à tourner les talons en souriant, Trisha l’attrappe par l'oreille et la tire vers le sous-sol à retaper.

Aïe ! Qu'est-ce qu… ouille ! Non, j'ai l'oreille sensible. Trisha, arrête. Aie ! Mais, c'est trop ! Pourquoi le vieux, il bouge jamais lui, hein ! Aieuuh ! OK, OK, je te suis, arrête ça maintenant.


Ainsi, la Cavalière et l'espiègle Nostalgique balaient et nettoient l'espace qui servira de stockage et de planque pour les révolutionnaires blessés. Des toiles d'araignée et de la poussière plein les cheveux, les deux révolutionnaires déblaient des débris à l'extérieur et Calypso s'occupe de s'en débarrasser ou de les modeler grâce à ses capacités remarquablement efficaces dans cette opération.

A la fin de ce débarrassage digne de déménageurs du dimanche, Violette finit assise dehors, haletante et en sueur. Trisha, la peau brillante à la lumière du soleil, vient lui faire de l'ombre. La jeune fille lève la tête, avec une grande lassitude.

Debout, on a des caisses à stocker.
-Oh nooon. Pitié, juste une pause. On doit tout transporter en chariot en plus…


En une étincelle, l'ange en combinaison disparaît et réapparaît en quelques secondes. Le légendaire logia de la lumière montre ses capacités exceptionnelles. Connaissant le chemin, elle utilise un tracé de lumière pour se déplacer à une vitesse fulgurante. Une caisse de ravitaillement tombe à ses pieds. Violette écarquille les yeux.

Un chariot est moins efficace que moi. J'apporte, tu range.
-Qu…je vais pleurer, Trisha ! Je sens plus mes bras !


Trisha réitère l'opération déposant un nouveau colis à côté de la râleuse. Elle montre un ton plus autoritaire pour la faire bouger.

Deuxième caisse. La Révolution n'attend pas les retardataires.
-Pff.


La Cavalière disparaît encore, lorsque Violette se relève avec nonchalance. Celle-ci commence à singer Trisha pour exprimer sa frustration dans sa barbe.

Gnagnagna, la révolution n'attend pas les retardataires. Facile à dire quand on a mangé un fruit dégueux qui te rend plus fort.
-J'ai entendu.
-Ah. Euh… Je vais ranger tout ça.


La Nostalgique sursaute, honteuse, et se met à transporter les caisses pour fuir le regard sévère de sa camarade. Les convoies continuent ainsi pendant que Calypso et Violette aménagent ainsi la planque révolutionnaire utilisant des pots de peinture et des draps pour dissimuler les armes et les vivres. Quelques couches sont aménagées et dissimulées pour les blessés importants.

Ces travaux physiques arrivent finalement à terme dans la soirée. Trisha dépose les dernières caisses de vivres transportées d'une manière plus classique car, dans la soirée, son pouvoir est trop facilement repérable. Étalé sur le sol, les cheveux en vrac, amorphe et blasé, Violette, à la joue collé au plancher, fixe America avec un brin de jalousie.

Je crois que je vais mourir… toi tu as de la chance d'être un chien.


Trisha l'enjambe sans y prêter attention et s'empare d'une toile vierge, l'air songeuse.

Qu'est-ce qu'il nous reste à faire?
-Rien ! On a tout fait, nourriture, herbes médicinales, armes et matelas. Laisse-moi agoniser en paix, pitié.


La Cavalière l'ignore une nouvelle fois, considérant ses plaintes comme du bruit ambiant. Elle s'adresse à Calypso.

Il faudrait travailler notre couverture. Faisons quelques toiles.


Violette espère qu'elle ne sera pas obligée de peindre avec ses membres en compote et ses crampes douloureuses. La mine plaintive, la jeune fille redresse seulement la tête vers l'ange au teint foncé.

Vous allez me laisser là ?
-Tu dois prévenir Hyperion que le repère est opérationnel.
-Je suis décédé, je peux pas marcher.


D'un soufflement du nez, Trisha repose la toile et s'approche du corps de la feignante. La tirant par le corps, elle soulève Violette en laissant ses jambes traînées.

"Euh… Trisha? Non mais tu sais, je suis bien là en fin de compte. Le plancher est doux et moelleux, c'est très confortable. Je t'assure. Tu peux me lâcher, s'il te plaît ?


La Cavalière se retourne un instant pour prévenir sa camarade peintre.

Je reviens vite. Prépare donc le matériel pour nos peintures. Pour America, aussi.
-Comment ça ? C'est inhumain ! Calypso, fait quelque chose.


L'ange révolutionnaire embarque Violette comme un vieux sac, et l'escorte jusqu'au repère d'Hyperion. Sans tergiverser, elle s'en retourne en ville.
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Alors que Trisha disparaissait rapidement en emportant la jeune fille, elle laissait America seule avec Calypso. Ils ne leur restaient plus qu’à peindre et cela, la jeune artiste l’avait bien compris parce qu’à la simple prononciation de ces mots, America avait senti une ambiance exaltée monter dans l’air. Le chien tournait la tête vers la jeune révolutionnaire, secouant la queue, attendant sagement que cette dernière lui installe de quoi peindre lui aussi. Car s’il avait un cerveau bien plus développé qu'un canidé normal, il restait trop petit et surtout, toujours sans pouce opposable. Une condition qui aurait pu se trouver complexe si America n’avait pas abandonné son organisme pour un système robotique.

Calypso venait lui poser une toile contre le mur, à même un simple drap étalé sur le sol pour ne pas le tacher d’avantage, avant de lui poser un nécessaire de peinture sur le côté. Un bras robotique se détachait entre les plaques de métal du chien, saisissant un pinceau sous le regard médusé de la jeune peintre.

- “On m’avait dit que tu étais différent, mais ce pouvoir reste impressionnant.” disait-elle, des étoiles plein les yeux. “On m’a dit que tu pouvais imprimer des choses sur le papier. Si je te fais une affiche, tu penses pouvoir la reproduire ?”
- “Oui !” aboyait le chien tout en continuant de peindre ses premiers traits sur la toile.

D’abord un marron crémeux, traçant la structure principale que l’animal se représentait. Des contours grossier qui viendraient se détailler et se préciser par de nouveaux coups de pinceau. Puis un blanc laiteux, remplissant un tier de sa silhouette, pour être complété par le le marron précédemment utilisé. L’animal plissait les yeux, son système calculant des donnés de couleur et d’éclairage, des courbes et des tracés pour représenter au mieux son image mentale. Puis en fond, du vert sauvage, délicatement déposé, cerclé d’un bleu profond. Des traits rectilignes qui se scindaient en différent embranchement, des trais de blanc représentant des points plus lumineux et rapidement, America parvenait aux ombrages de son tableau. Le tout prenait forme gracieusement, tout du moins, pour le regard du canin.

- “Fini !”

America se reculait d’un pas pour laisser Calypso admirer sa toile. Fier de lui, il remuait sa queue, les oreilles droites et l'œil vif. Ses babines s’étaient détendues, s’il avait su sourir, il l’aurait surement fait.

- “Oh heu … c’est … c’est joli. Qu’est-ce que c'est ?” demandait Calypso gêné devant l’oeuvre.
- “Un écureuil !”

Et si pour le chien, tout semblait clair, même pour le regard habitué de l’artiste aux choses abstraites, tout cela ne ressemblait guère plus qu’à un amat de couleur disposé aléatoirement et formant des figures d’une main fébrile et tramblante. Et tout en bas de la toile, une empreinte de coussinet du chien en guise de signature.
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