OPA hostile - partie 4bis

Jim et Carl, deux vigies du Roc, plaisantaient en cette belle journée. Le clan Burn avait été réduit en pièces, grâce aux outsiders et au plan retors d'X-Bronze. C'était une ambiance de fête qui régnait sur la forteresse du clan Darkness ! Une petite escouade avait été envoyée, de manière à s'assurer que le ronin et sa petite troupe de bras cassés triomphent de Foster Red, avant d'être mis au pied du mur. Clairement, après avoir rasé la Favela, ils n'auraient plus assez de jus pour marcher sur la forteresse de leur clan ! Ils allaient devoir composer avec le clan Darkness pendant un moment... avant qu'X-Bronze ne trouve un moment de se débarrasser d'eux. Ensuite, il suffirait de mettre la main sur les clans Omega et Avast... et leur clan serait le seul maître de Carcinomia ! Peut être même qu'il était déjà en train d'envoyer un Enigmatique les abattre ? Dans tous les cas, pour aujourd'hui comme pour tant d'autres jours, les deux sentinelles se la coulaient douce.

Jim s'étira et tourna, par réflexe, le regard vers un mouvement en contre bas.

Ses yeux s'écarquillèrent, et sa mâchoire en tomba.


- CARL ! Fais sonner l'alarme !
- Hmm... Késktudis ? lui répondit son compère d'un ton à moitié endormi.


Lorsque le flemmard tourna les yeux vers ce qui avait fait blêmir son collègue, il hoqueta de surprise. Son cœur loupa un battement, en posant les yeux sur le petit groupe qui avançait, droit vers les portes blindées du Roc. Après un bref juron, Carl fila vers une cloche qu'il fit sonner de toutes ses forces. Jim, quant à lui, décrocha un Den Den Mushi pour appeler son boss en extrême urgence. Comment ? Pourquoi ? Après s'être farci le clan Burn, ils allaient vraiment les attaquer en frontal ?! Ils étaient complètement tarés ! Mais, au fond de lui, un sentiment bien plus alarmant tordit les entrailles de Jim...

Ils avaient merdé !




Les immenses portes blindées de la forteresse grossissaient à vue d'oeil. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, l'escadron d'attaque se rendit compte de la taille de l'édifice... le Roc était gigantesque ! Le petit groupe progressait d'un pas tranquille, laissant à Hayato la possibilité de récupérer de son affrontement précédent. Il avait écopé de multiples blessures qui, si elles n'étaient pas fatales, le faisaient néanmoins souffrir. De multiples bandages, camouflés sous son kimono en loques, ceinturaient le corps musclé du bretteur. Ce dernier fit craquer son cou, lorsqu'ils arrivèrent aux pieds des lourdes portes en acier.


- À toi l'honneur, l'invita Kong avec un geste élégant.
- Merci, répondit Hayato d'un ton décontracté.





Le Tocsin résonnait sur toute la plaine. L'écho de la cloche se répercutait sur les parois abruptes de la falaise, au sein de laquelle le Roc avait été taillé à même la pierre. L'impression de force et de solidité de l'ouvrage forçaient le respect. L'imposante double porte barrait le passage au petit groupe soudé. Pourtant, les assaillants ne s'y trompèrent pas un seul instant... Ils allaient entrer. Que leurs adversaires le veuillent ou non.

Le chef du clan Suisou s'approcha d'un pas serein de l'obstacle. Son cœur battait la chamade. La colère ne l'avait pas totalement quitté. La raison ? Tant la perfidie de Foster Red, que la duplicité d'X-Bronze. Il inspira profondément. Son corps se relâcha, et le calme envahit son esprit. D'un geste fluide, Hayato saisit le fourreau de Kashuu de sa main gauche.  De la droite, il comprima l'air autour de lui, avant de se saisir de son meitou. Immédiatement, l'air sembla se distordre autour du bretteur, sous l'oeil estomaqué des quelques curieux encore sur le mur. En une fraction de seconde, le sabre fusa. Il trancha l'atmosphère dans un sifflement retentissant !


- Yama Oroshi !


Dans un vacarme assourdissant, la gigantesque attaque trancha l'acier comme une motte de beurre. Le verrou central céda sans la moindre résistance. Immédiatement, des cris de terreur s'élevèrent du chemin de ronde. Plusieurs fusiliers se réveillèrent de leur stupeur, se saisirent de leurs armes et tentèrent de faire feu. Ils furent abattus sans sommation par l'équipage de Lamia. Pleine de fougue, Rougui s'élança et frappa de toutes ses forces les deux vantaux. Ils s'ouvrirent dans un fracas innommable, tandis que la cuisinière frappait ses poings l'un contre l'autre. Des flammes semblaient sortir de ses yeux, alors qu'elle fulminait de rage. Contrairement à son chef, elle n'avait aucune intention de se calmer !


- RAMENEZ-VOUS, BANDE DE NAZES ! hurla-t-elle sans aucune retenue.


Le ton était donné.

Rougui enrageait presque, l'œil injecté de sang et les veines gonflées d'un feu intense. De leur coté, Zack et Kong tentaient de garder la tête froide et d'évaluer leur environnement. Ils avaient certes repéré les maisonnées aux alentours, mais n'en avaient fait que peu de cas. Ils étaient partis du principe que, tout comme pour la Favela, le Roc serait déserté de tout civil et que, donc, elles seraient inhabitées. Grave erreur. Lorsqu'ils entendirent le cri d'alerte de Triste Lune et Lamia, ils grincèrent des dents face à leur manque d'expérience. Ils avaient beau avoir parcouru les mers pour s'améliorer, à l'instar de leur chef, il leur restait tant à apprendre !

Après tout, il s'agissait de leur première bataille rangée.

Néanmoins, les deux bras droits du clan Suisou réagirent au quart de tour. Kong relaya l'information haut et fort. Zack attrapa de force Rougui pour la mettre à l'abri avec eux, sous le dôme de la double porte. Malgré tous leurs efforts, le feu croisé allait les prendre à revers et les faucher ! Hayato se retourna et brandit son sabre dans un mouvement éclair :


- Teppeki.


Sa langue claqua aussi vite que son meitou. Dans un sifflement abominable, l'air ambiant se condensa et créa un mur ascendant d'Air Breath ! Les balles destinées à sa famille furent déviées et finirent leur course dans les remparts de la forteresse, réputée imprenable. Les alliés de Lamia, sous les créneaux, n'eurent pas cette chance et furent écharpés. Le bretteur maugréa. Il aurait du se douter que ce ne serait pas si facile ! Une erreur de débutant : il s'était engouffré dans un tunnel de vision. Trop obnubilé par la destruction du clan Darkness et, pour commencer, l'ouverture des portes en acier, l'épéiste avait occulté l'information capitale des maisons. Sans Lamia, il aurait condamné son clan.

Décidément, il lui restait beaucoup à apprendre.

Malgré tout, il se reprit bien vite et lança ses ordres :


- Zack, Kong ! Occupez vous des ennemis dans les maisons ! Rougui, avec moi.


Alors que le moine et le mink se ruaient à l'assaut, un feu nourri s'éleva des murailles et des maisons. Après le premier moment de stupeur, les défenseurs du Roc s'étaient ressaisis. La situation était très clairement à leur désavantage, ainsi encerclés de toute part. Car, non content d'être une cible parfaite pour les tireurs embusqués, un autre problème allait les mettre à mal. Dans la vaste cour, derrière les portes ouvertes de force, plusieurs escouades pointaient déjà le bout de leur nez. Elles déferlaient par de nombreuses ruelles qui sinuaient entre les bâtiments du Roc. Pour l'heure, ils se trouvaient juste à la cour d'entrée, bien loin de la forteresse en elle même. Un long chemin les attendait ! Leurs ennemis ne perdaient pas de temps pour autant. Prêts à en découdre, ils tentaient de prendre position en se retranchant derrière des maisons, des barricades improvisées avec du mobilier ou, tout simplement, commençaient déjà à les charger. La réponse de son équipe ne se fit pas attendre.

Rougui fonça tête baissée.

Avec un sourire contrit, le chef du clan lui emboita le pas en quatrième vitesse. Cette femme ne connaissait pas la modération ! Dans un cri de guerre guttural, la cuistot enfonça la première barricade d'un coup de poing rageur. Sous les regards exorbités des miliciens, la flamboyante boxeuse commença à les passer à tabac sans aucune sommation. De son coté, l'ex vagabond assura les arrières de la jeune femme. Il repérait les tireurs embusqués, ou les ennemis qui tenaient de la prendre à revers, avant de les faucher avec des lames d'air précises.

D'un bref regard en arrière, Hayato put apprécier le travail conjoint de ses bras droits et de l'équipage de Lamia. Les fusiliers cachés passaient un sale quart d'heure ! Plusieurs maisons étaient déjà sens dessus dessous, mais d'autres restaient encore à décimer. Il reporta rapidement son attention sur la grande place qui, peu à peu, se gorgeait d'ennemis en tous genres. La plupart ressemblaient à du menu fretin, tout juste bon à échauffer la cuistot enragée. Cependant, il repéra plusieurs têtes aux mines patibulaires qui sortaient du lot. Sans aucun doute, des lieutenants arrivaient déjà.


« Deux solutions. », résuma en pensée Hayato. « Effectuer une percée tout de suite, au risque de me retrouver isolé et de perdre Rougui si elle ne suit pas... ou tenter de consolider notre position, avec la possibilité de se faire submerger si nous n'avons pas de renfort rapidement. »


La seconde suivante, il avait fait son choix. Hayato avait déjà été bouleversé par les blessures de Matsuri, il ne souhaitait absolument pas mettre en péril son clan avec une tentative irraisonnée. Il prit donc la décision de balayer les quelques équipes et d'inverser la vapeur.


- Tengai Giri !


Une gigantesque lame d'air, mêlée à une technique d'Air Breath, surprit la masse grouillante qui déferlait sur la place centrale. En un instant, Hayato trancha tous les bâtiments alentours dans un fracas de tous les diables ! Les murs et les toits s'effondrèrent, pour bloquer de nombreux accès à cause de gravats. Cela leur permettrait de gagner un peu de temps : il faudrait que les ennemis brisent les débris ou les escalades, avant de les rejoindre. De son coté, Rougui continuait à monter dans les tours sans se soucier de ce genre de tactique.

Hayato soupira et se relança dans la bataille.

La marée humaine menaçait de les engloutir.

Sans doute avait il minimisé la force de frappe du clan Darkness. Ou bien, à force d'avoir délité leurs effectifs en ralliant la famille Valthane et les Enigmatiques, Hayato s'était il mis en tête que l'affrontement en deviendrait simple ? Il déchantait peu à peu. Rougui et lui-même avaient beau se démener, ils avaient l'impression de voir apparaître trois ennemis pour chaque adversaire qu'ils envoyaient mordre la poussière ! Néanmoins, grâce à l'intervention de Lamia et de son équipage, l'équilibre fut bien vite retrouvé. Suite à la charge magistrale de ses troupes, l'épéiste retrouva son souffle. Les blessures dont il avait écopé le faisaient toujours souffrir, en particulier celle qu'il devait à l'enfant qui l'avait attaqué en traitre... Il sourit néanmoins face à la taquinerie de Lamia.


- Je me suis peut-être un peu laissé emporter, admit le bretteur avant de retrouver son sérieux. Grace à vous, nous avons mis un pied dans la cour, et nous allons le garder. Il nous faut juste trouver une faille pour réussir une véritable percée. Tant que la tête d'X-Bronze ne roulera pas au sol, nous nous enliserons dans une bataille sanglante.


Soudain, une énorme détonation s'éleva et, bien vite, l'ex vagabond en aperçut l'origine : une ogive s'élevait vers le dôme de pierre qui faisait office de ciel pour Carcinomia. Elle explosa soudain, à la manière d'un feu d'artifice, afin de laisser apparaître une énorme boule rouge. Avec un sourire, Hayato glissa à sa coéquipière :


- Il semblerait que Talkan-san soit déjà de la partie. Sa famille se trouve dans les environs. Elle ne tardera pas à nous prêter main forte ! Que diriez vous de profiter de leur aide pour fausser compagnie à la piétaille, et aller couper la tête du serpent, dans la forteresse ?


Si Lamia répondait par l'affirmative, il lui expliquerait son plan :


- Kong, Zack, Rougui et Triste Lune peuvent très bien tenir cette place, avec l'aide de vos hommes. Je pense qu'il est plus utile de les laisser faire, pendant que nous faisons le tour du Roc pour gagner la forteresse. De là, nous ne serons que deux, mais je ne me fais pas de souci pour vous. L'autre alternative est de progresser en massacrant toutes âmes qui vive... ce qui risque d'être fastidieux. Qu'en dites vous ?


Du coin de l'oeil, il vit Kong et Zack arriver sur la place. Ils devaient avoir terminé de réduire en miettes les maisons piégées. Tout autour d'eux, le fracas de la bataille rendait la discussion malaisée, mais pour l'heure la supériorité numérique du clan Darkness semblait nullifiée par l'écart de niveau entre les deux factions. Pour autant, il suspectait X-Bronze de ne pas avoir envoyé ses meilleurs combattants tout de go. Après tout, les épuiser avec de la chair à canon, avant de les achever avec ses lieutenants... voilà une tactique simple et mesquine, qui collait bien à la réputation du personnage.

Les différentes barricades et ruelles devenaient le théâtre d'affrontements sanglants. Les armes blanches, les fusils, les poings et les bêtes s'entassaient dans un carnage informe. Les hommes criaient, les sabres s'entrechoquaient, la poudre rugissait... Il n'avait pas vu tant de violence, depuis la fameuse nuit où son père avait été tué. Il secoua la tête et chassa ces pensées délétères.

Si Lamia avait un meilleur plan à lui proposer, c'était le moment.

La remarque de Lamia arracha un sourire au bretteur, au milieu du chaos ambiant. Les balles fusaient en tous sens, au dessus de leur tête, mais les deux meneurs s'en souciaient comme d'une guigne. Le chef du clan Suisou reprit bien vite la parole :


- J'estime qu'un leader doit mener par l'exemple. Si nous passons par des situation dangereuses, je me dois de les affronter, si je veux demander à mes hommes d'en faire autant. Je sais que je ne m'en sortirai pas indemne... Pour autant, j'espère toujours m'en sortir en vie !


Avec un autre sourire serein, il répondit à l'autre question de Lamia :


- Le seul chemin viable : au travers.


Sans doute allait elle le prendre pour un sot ou, pire, pour un fou furieux. Vouloir charger au travers des barricades et de la masse grouillante d'ennemis ? Il ne s'agissait plus de courage ou de témérité... mais bel et bien d'un assaut suicide ! Cela, seulement si le terrain n'avait pas été préparé. Avec un calme olympien, malgré le bataille sanglante, Hayato lui expliqua ce qu'ils avaient en tête, avec Talkan-san :


- La famille Valthane est spécialisée dans l'armement et va trahir X-Bronze. Le premier feu d'artifice rouge signifiait qu'ils étaient en place. Lorsque j'y répondrai, ils lanceront les hostilités et nous créeront une brêche. À ce moment, il faudra frapper vite et fort ! Nous passerons en force, en profitant de la confusion...


Zack et Kong l'écoutaient d'une oreille attentive. De son coté, fidèle à elle-même, Rougui passait ses nerfs sur tous les pauvres bougres qui croisaient son chemin.


- Soyez prêts à vous battre comme des lions ! Mais, également, à faire en sorte que Rougui reste proche de vous. Nous passerons en force avec Lamia. Vous quatre, avec Triste Lune, vous vous occuperez du siège et de la progression lente et visible. Pendant que vous accaparerez toute l'attention, nous décapiterons le commandement pour faire cesser les combats. Talkan-san m'a fait parvenir un plan du secteur. Il nous faut rejoindre la grande artère centrale, puis progresser à couvert.


Tandis qu'Hayato donnait des explications quant au chemin à suivre à Lamia, Kong se grattait le menton. D'un air songeur, le moine finit par reprendre la parole :


- C'est risqué... glissa Kong.
- Ça m'a l'air sympa ! GRAOU !
- J'espère que nous pouvons faire confiance à nos nouveaux alliés. Sinon, nous n'aurons pas le temps de nous lamenter, reprit l'ex-moine servite.
- J'ai confiance en vous, leur affirma Hayato avec un sourire serein. Tenez vous prêts !


Lorsque la petite troupe fut aux aguets, Hayato lança une lame d'air gigantesque vers le ciel. Elle fendit les cieux dans un sifflement effroyable, jusqu'à disparaître sur la voute de granit de Carcinomia. Les secondes passèrent, longues et poussives comme un cheval à l'agonie. Son cœur se serra un bref instant, à l'idée de s'être peut être trompé sur le patriarche de la famille Valthane. Cependant, ses graines de suspicion furent bien vite tuées dans l'oeuf. Deux gigantesques explosions secouèrent la place, droit devant eux. Elles éparpillèrent tant les barricades que les hommes du clan Darkness... et créèrent la brèche tant espérée !


- Maintenant ! tonna Hayato.


Sans plus attendre, l'épéiste fonça d'un Shunpo éclair. Il dégaina et trancha quelques miliciens hagards, tandis que derrière lui, un formidable rugissement du mink secouait les rangs adverses. La charge fut lancée et, bientôt, Hayato se perdit dans l'échapée belle. Il fauchait les soldats désemparés tout en courant de toutes ses forces. Il espérait que Lamia et sa monture le rattraperaient sans souci !




Derrière lui, ses deux bras droits empêchèrent les soldats de retrouver leurs esprits et leur tombèrent dessus, comme la misère sur le bas peuple. De son coté, Rougui n'avait pas besoin d'assister au briefing pour saisir sa chance. Elle s'était immédiatement jetée dans la brèche, à la suite d'Hayato. Cependant, loin d'égaler la vitesse de son chef, elle fut rapidement rattrapée par plusieurs larbins, qu'elle entreprit de massacrer joyeusement. Les combats s'intensifièrent et, bientôt, quatre têtes patibulaires apparurent. Pour rétablir l'équilibre, chacune s'empressa de bloquer l'avancée des quatre autres têtes d'affiches qui restaient sur la place !

Kong se retrouva nez à nez avec un long bras maniant le Bo-Jutsu en métal. Complètement chauve, hormis une queue de cheval qui lui arrivait à la taille, l'artiste martial portait une tenue noire brodée de fils d'or. Ce dernier poinçonna brutalement le sol, pour y laisser une marque digne d'un pistolet ! Circonspect, l'éminence grise du clan Suisou recula et se mit en garde.

Zack fut attaqué par un homme poisson-baudroie. La mine hideuse de son adversaire arracha une grimace à l'homme-lion, mais bien moins que toutes les balles d'eau qu'il dut esquiver en quatrième vitesse ! Que son ennemi soit capable d'aussi bien manier l'eau ambiante l'impressionna. Ce n'était pas à la portée du premier venu ! Cependant, il fut bien plus estomaqué par la laideur de l'amphibien... et ne s'en cacha pas !

Rougui esquiva in-extremis un poing énorme, qui vint fracasser le sol à ses pieds. Elle se releva pour faire face à une véritable montagne de muscles ! Un golgoth de plus de deux mètres de haut, en pantalon et tunique de jute marrons informes. Sa machoire carrée de crispa, tandis que ses cheveux blonds volaient au vent. Ill cracha au sol et la chargea en hurlant, sans plus de préambule. Avec un sourire, la cuistot gronda à son tour et se lança à l'assaut.

Enfin, Triste Lune vit sa progression arrêtée par une épéiste agile. Elégante et gracile, la jeune femme revêtait une tenue moulante blanche, ainsi que des bottes qui lui remontaient jusqu'aux genoux. Une longue mèche bicolore, noir de jais et rouge, lui tombait sur un coté du visage. Armée d'une rapière, elle manqua d'éborgner la seconde de Lamia, avant de la harceler de la pointe de son épée !

Tout autour d'eux, la bataille reprenait de plus belle. Les troupes de chaque faction durcissaient les échanges. La violence venait de monter d'un cran et, si l'on ajoutait les explosions et la confusion qu'elles avaient causées... nul ne semblait avoir remarqué l'absence des deux plus grosses têtes d'affiche ! Pour le moment, tout du moins.

Hayato transportait la civière avec Lamia.

Leur plan simple mais efficace semblait fonctionner pour le moment ! Après avoir abattu leurs poursuivants, ils s'étaient grimés en revêtant les uniformes de leurs victimes. Tout du moins, celles qui n'étaient pas en loques ou gorgées de sang. Ainsi, la flibustière en armure et le vagabond en kimono n'étaient plus que de vulgaires soldats. Sans grande surprise, perdu au sein du flux ininterrompu de blessés, les deux intrus passèrent sous la vigilance des sentinelles, pour arriver en vue de la forteresse du Roc à proprement parler.

Le bretteur se contint de justesse, devant l'édifice absolument gargantuesque, d'écarquiller les yeux et d'ouvrir en grand la mâchoire. L'imposante structure, taillée à même la roche, demeurait impressionnante de loin... mais absolument sidérante lorsque l'on s'approchait ! Les portes d'enceintes devaient mesurer huit mètres de haut, pour trois mètres d'épaisseur dans un alliage qu'il devinait extrêmement résistant. Le parvis était en réalité une mosaïque taillée dans la roche, afin de relater les exploits du clan Darkness. De même, de multiples colonnes soutenaient un toit aux allures robustes. En y prêtant un œil curieux, l'épéiste distingua de multiples détails gravés dans les parois de l'édifice : autant de fresques et d'histoires contées pour les générations futures. Un raclement de gorge le ramena à la situation présente, alors qu'une sentinelle le toisait d'un œil mauvais.

Il acceléra le pas en baissant la tête.

Bien vite, les deux imposteurs pénétrèrent à l'intérieur du gigantesque bâtiment, dont le plafond culminait à plusieurs mètres de hauteur. Ils suivirent l'interminable file de blessés pour arriver dans une énorme infirmerie. D'innombrables lits s'alignaient en plusieurs rangées. L'odeur aseptisée, les bips incessants des moniteurs et le tumulte des soins de guerre les engloutit immédiatement. Les blessés criaient, pleuraient ou appelaient à l'aide les infirmières et les médecins qui couraient en tous sens. Lamia et Hayato déposèrent leur malade, puis après avoir échangé un regard, commencèrent à s'éclipser discrètement. Une voix les hêla bien vite :


- HEP ! Vous deux, là ! Venez nous aider au lieu de tirer au flanc !


Un instant, Hayato hésita. Ne pas obéir aurait été suspect. Tenter de se séparer de Lamia, à présent dans qu'ils étaient dans la gueule du loup, serait extrêmement risqué. De peur de se faire démasquer avant d'avoir pu apercevoir X-Bronze, ils n'avaient pas vraiment le choix :


- Bien sûr, répondit-il d'une voix calme. Comment puis-je aider ?
- Tenez moi ce gredin ! Il refuse de se calmer et j'ai besoin de le recoudre !


Le pauvre gosse ne devait même pas avoir la vingtaine. Il avait reçu une vilaine balafre au thorax et saignait d'une plaie au scalp. Sans aucun doute, Hayato devait être à l'origine de ses maux. Il eut la bonne grâce de rougir, lorsqu'il restreignit les mouvements du jeune adulte. Le médecin n'y alla pas par quatre chemins et n'usa même pas d'anesthésiant ! Cependant, l'ex vagabond fut bien forcé de lui reconnaître une dextérité redoutable ! En quelques instants, les deux plaies avaient été lavées, parées, suturées et pansées. Sans plus attendre, le soignant le réquisitionna pour passer au malade suivant. Avec un autre regard auprès de Lamia, Hayato comprit qu'il allait devoir prendre son mal en patience quelques instants.

Ce ne fut que quelques malades plus tard qu'il trouva un échappatoire, lorsque le docteur lui demanda de maintenir un pauvre homme qu'il allait devoir amputer. Hayato mima des nausées et s'éloigna en quatrième vitesse... tandis que le médecin grognait et attrapait un autre passant pour remplacer son aide. Feignant un malaise, l'épéiste sut trouver la sortie de l'infirmerie, d'un pas hésitant. Il réussit à échanger un regard entendu avec la flibustière, qui l'imita bientôt. Quelques instants plus tard, les deux conspirateurs se retrouvaient dans un coin à peu près tranquille... à tenter de se faire oublier.

La forteresse grouillait d'activité. Les gardes, les messagers, les flux de blessés ou de renforts... ses couloirs semblaient ne jamais vouloir désemplir ! Dans ce brouahaha incessant, Hayato sut garder son calme et reprendre leur mission. Discrètement, le duo s'enfonça dans l'antre du clan Darkness. Ils passèrent par plusieurs corridors, portes imposantes et salles richement décorées... jusqu'à tomber sur ce qu'il cherchait. Il pointa du doigt un motif sur le mur avant de déclarer à mi voix :


- Regardez, cela ne vous rappelle rien ?


Au milieu de cette fourmilière dans laquelle il avait tapé d'un grand coup de pied, Hayato venait de tomber sur le sigle des Enigmatiques. Il s'approcha et passa discrètement sa main sur le pictogramme... la peinture était fraiche. Le sabreur jeta regard vers Lamia, avant de hocher la tête. Bien vite, ils empruntèrent la porte à coté de laquelle l'oeil avait été tracé, puis continuèrent leur traque aussi vite et naturellement que possible. Il aurait été dommage de se faire démasquer si prêt du but ! D'ailleurs, à présent, il lui fallait trouver le meilleur moyen de débusquer X-Bronze et de le séparer du reste de sa garde. Car, en bon chef de clan, il ne doutait pas que la brute serait bien accompagnée.

Fort heureusement, Lamia et Hayato l'étaient tout autant.

Lamia lui avait grandement facilité le travail.

En quelques instants, elle avait réussi à attirer toute l'attention de la troupe sur elle. Tant et si bien qu'il vit, depuis sa cachette improvisée, une ribambelle de soldats la poursuivre en toute hate. Alors que les échos de course s'éloignaient, il entendit l'ordre de refermer la porte s'élever. Hayato grinça des dents et fonça. D'un bond, il rejoignit le sol et, à peine avait il posé les pieds par terre, enchainait-il avec un Shunpo. Le bretteur passa in extremis et taillada les deux gardes qui refermaient la lourde porte, qui lui aurait barré l'accès à la chambre de commandement. D'un regard aux alentours, Hayato détailla rapidement la grande salle ovale. Au centre de celle-ci trônait une table de réunion, où les escargophones semblaient pousser tels des champignons. Immédiatement, les regards se tournèrent vers lui. L'ex vagabond déglutit en comptant encore, malgré l'intervention de Lamia, une bonne quinzaine d'ennemis ! Si plusieurs faciès blêmirent à sa vue, celui d'X-Bronze s'empourpra lorsqu'il croisa le regard d'airain du bretteur. Sa réaction ne se fit pas attendre :


- LIQUIDEZ-LE !


Une dizaine de soldats ouvrirent le feu, tandis que d'autre dégainèrent et se ruèrent vers lui. Instinctivement, Hayato trancha l'air pour éliminer les tireurs. Il esquiva les attaques au sabre d'une roulade en arrière, ce qui le força à retourner momentanément dans le couloir. Il se releva et...

Sentit une lame sur sa jugulaire.

Un instant, une sueur froide coula le long de son dos. Il s'immobilisa, complètement hagard. Il était certain de n'avoir laissé aucun ennemi derrière lui ! Un rire froid s'éleva depuis la pièce, tandis qu'X-Bronze partait dans une hilarité incontrôlable. Ses hommes, quant à eux, encerclaient peu à peu l'épéiste. Bientôt, une dizaine de lieutenants l'entouraient, sabres au clair. La voix éraillée du meneur des Darkness s'éleva de nouveau :


- Bien joué, Jomiar ! Heureusement que je peux compter sur toi !
- Jomiar ? releva à mi-voix Hayato.
- Et maintenant... tue le.


L'ordre tomba tel un couperet. Pourtant, l'exécution peina à suivre. Un bref instant, le temps sembla s'arrêter. La sensation de flottement devint inconfortable, alors que de multiples paires d'yeux glissaient vers le directeur des Enigmatiques. Ce dernier se tenait derrière Hayato, l'intrus, sa lame posée délicatement sur son cou. Il leva un regard indéchiffrable vers le leader du clan Darkness, sans bouger d'un iota. Ce fut à ce moment précis qu'un vent froid secoua l'assistance, lorsqu'il ouvrit finalement la bouche :


-  Votre destin est entre vos main, jeune homme.


Le ton, solennel et sans équivoque, prit l'aspect d'un avertissement. Une fraction de seconde, le chef du clan Suisou écarquilla les yeux, de peur de s'être trompé. Pourtant, lorsque Jomiar retira son arme du cou de l'épéiste, l'assistance se figea. L'avertissement... n'était pas pour Hayato ! La seconde suivante, une dague transperçait la gorge d'un des lieutenants d'X-Bronze. Sous le choc, seule la moitié d'entre eux purent réagir à temps. Ils esquivèrent un sort similaire, réservé par des Enigmatiques sortis de nulle part ! Les autres finirent leurs vies dans un gargouillis infame.

La situation vira au cauchemar en un instant.

X-Bronze, déconfit, vit ses sbires se faire éventrer un à un, tandis que des énigmatiques apparaissaient de toutes parts et croisaient le fer avec ses gardes du corps restés sur place. Lorsqu'il glissa un regard derrière lui, Hayato ne vit qu'un couloir vide. Il soupira d'aise, et se tourna de nouveau vers le cyborg à la tête du clan Darkness. Ce dernier lui jeta un regard ulcéré, avant de pousser un hurlement qui se répercuta sur les murs de la forteresse :


- JOMIAR ! SALE FILS DE CHIEN !


Soudain, X-Bronze lança une grenade en plein milieu de la mêlée. Hayato se couvrit les yeux et recula. L'explosion souffla une partie des combats dans une détonation tonitruante. Un sifflement infame perturba son ouïe, alors qu'il chassait la poussière à grands gestes. Il toussa, cracha, mais finit par éventer la fumée. Lorsqu'il retrouva sa vision, il put apercevoir le pied de sa cible disparaître par la porte, à l'autre bout de la salle. Immédiatement, Hayato fonça à sa poursuite, tandis que les assassins lui libéraient le passage d'un commun effort.


« Je n'en ai pas terminé avec toi, X-Bronze ! », s'exclama-t-il en pensée.

Le salopard tapait comme un sourd ! Rougui avait beau se targuer d'une solide expérience en pugilat, la nature était impitoyable. Le mastodonte en face d'elle était plus lent, plus pataud et moins adroit qu'elle... mais il compensait par une résistance et une force bien supérieures ! Peu à peu, les échanges semblaient pencher de plus en plus en faveur de son adversaire. Ses propres coups ne semblaient pas fonctionner, alors que ceux du golgoth prélevaient un lourd tribu ! Un revers brutal l'envoya à terre. Elle avait beau l'avoir bloquée, la puissance de l'attaque l'avait encore une fois surprise. La cuistot se releva, une seconde avant qu'un pied énorme ne s'écrase à l'endroit où se trouvait sa tête.

L'autre grogna et repartit à l'assaut. Il arma un crochet du droit évident. La jeune femme passa sous l'attaque d'un vif bond en avant, avant de lui coller son poing dans le menton d'un somptueux uppercut ! La montagne de muscles recula de deux pas, avant de s'ébrouer comme si de rien n'était. Le combat reprit, dans un torrent de testostérone et de jurons bien sentis !



Le mink grondait. Dans un terrain urbain, l'homme lion n'était pas totalement à son aise et, évidemment, son adversaire s'en était rendu compte. L'amphibien le canardait à la moindre occasion, afin de le tenir à distance avec l'énergie du désespoir ! Qu'importait la vitesse qu'utilisait Zack, l'ennemi réussissait à se soustraire à ses assauts d'une manière grotesque ! Avec la tête hideuse de son adversaire, Zack n'arrivait pas encore à se concentrer totalement...


- Ce que t'es laid ! GRAOU !
- C'est très vilain, de dire ça ! Piou ! répliqua la morue d'une voix aigue.
- Comment je fais, pour me concentrer, moi... maugréa le mink en esquivant une salve de balles d'eau.


Si l'attaque frontale ne fonctionnait pas, il allait utiliser la ruse. Il se dissimula derrière des débris, avant de coincer une tuile dans un équilibre précaire. Ensuite, le traqueur s'évertua à disparaitre aux yeux de son adversaire, pour le contourner. Ce dernier n'était clairement pas serein. Il jetait des regards éperdus, tentait de débusquer le lion en l'invectivant... en vain. Enfin arrivée à l'opposé de son piège, Zack lança un caillou sur sa droite, et un autre, en parabole, en direction de son piège. La distraction fonctionna à merveille ! L'homme poisson crut reconnaître la véritable position du mink et canarda la pauvre tuile... offrant son dos au prédateur.

Zack plongea.

Au dernier moment, l'homme poisson comprit son erreur et esquiva, in extremis, l'attaque sournoise du chasseur. Il le renvoya bouler d'une attaque bien sentie :


- Attaque des cents tuiles !


Zack fut projeté dans un tas de débris. Bien vite, il roula sur le coté. Faisant fi de sa douleur au ventre, il grogna de plus belle face à cet adversaire enquiquinant !



Les deux artistes martiaux échangeaient les aimabilités à un rythme effréné. N'importe quel spectateur pouvait admirer la technicité pointue des deux combattants. Rapides, précis, incisifs... les coups pleuvaient dru ! Mais aucun ne touchait sa cible. Le Hasshoken de Kong était systématiquement esquivé par son adversaire, bien au fait des dangers des ondes de choc. L'assassin refusait totalement d'entrer au contact, que ce soit pour bloquer, parer ou dévier les attaques du moine. De même, son bâton fusait pour tenter de perforer le corps de Kong, mais était retenu au dernier moment en cas de risque de contact.

La manœuvre demeurait délicate et énergivore.

De son coté, Kong appuyait sur ses points forts. Il multipliait les feintes, les tentatives de contournement et les attaques sournoises pour pousser dans ses retranchements son adversaire. Lors d'une nième passe d'arme, l'assassin frappa soudainement le sol de son bâton. Il se projeta ainsi d'un saut périlleux, au dessus de l'attaque de Kong. Enfin, il frappa de toutes ses forces pour asséner un vilain coup de talon sur le crane du moine. Ce dernier fut projeté au sol, qui se fracassa sous l'impact. Le maitre du bô-jutsu s'élança pour achever son adversaire, d'un Shigan au bâton en plein cœur... avant d'effectuer en catastrophe un bond en arrière pour se mettre à l'abri.

D'un soupir, Kong se releva en se massant le crane.


- T'es moins bête que t'en as l'air... dommage.


Sans un mot de plus, le combat d'experts reprit de plus belle.



La duelliste s'en donnait à cœur joie. Sa rapière fusait en tous sens à la recherche d'une faille dans la garde de son adversaire. Elle attaquait comme une guêpe : rapide, précise et sans relâche. Avec une véhémence étonnante, la jeune femme en justaucorps tentait de pousser son avantage par tous les moyens. Elle bondit en arrière pour éviter une contre attaque de Triste Lune, avant de repartir à l'assaut. Une feinte. Une deuxième, puis une attaque pour poinçonner la cuisse et réduire les mouvements de la pirate. L'échec de sa tentative fit froncer les sourcils de l'épéiste. La flibustière savait se défendre !

Qu'à cela ne tienne.

Sa rapière siffla. Elle attaque à la tête, bifurqua au dernier moment et tenta de désarmer son adversaire, avant de relâcher une seconde la pression... puis repartir sur le bras droit, l'abdomen, le cou... les attaques pleuvaient et poussaient Triste Lune sur la défensive. Cette dernière, stoïque, prenait son mal en patience, prête à profiter du moindre relâchement.




Chausses trappes. Grenades. Fumigènes. Embuscades. Larbins jetés en pâture à son poursuivant... X-Bronze semblait s'enfoncer de plus en plus bas, vers des abysses de médiocrité et de perfidie. À l'instar de Foster Red, Hayato n'éprouvait qu'une antipathie marquée envers son adversaire retors. La course poursuite s'étirait dans le temps mais, pour une curieuse raison, un mauvais présentiment montait au creux de l'estomac du sabreur. Ils montèrent les escaliers quatre à quatre, tandis qu'une  autre poignée de larbins tentaient de le prendre par surprise pour le ralentir ! L'épéiste n'en fit qu'une bouchée. Lorsqu'enfin les deux chefs de clan arrivèrent au sommet, dans une vaste cours déserte, Hayato compris.

Un autre piège, évidemment.

X-Bronze était en nage, le souffle court et visiblement nauséeux. De son coté, Hayato n'en menait pas large. S'il pouvait se targuer d'une endurance bien plus conséquente que celle de son ennemi, sa condition n'était pas non plus à envier. Sa blessure au ventre s'était rouverte et la douleur lancinante lui taraudait le flanc. D'un coup d'oeil aux alentours, Hayato repéra son environnement. Sur sa droite, les créneaux et moellons, taillés à même la roche, délimitaient un mur d'enceinte qui plongeait à pic, vers le vide. La cour rectangulaire, tout en longueur, était longée sur la gauche par la montagne. En face, une sorte d'arche et un beffroi lui coupaient la vue. Soudain, le cyborg plongea sa main dans une poche pour en ressortir...


- Des pillules ? releva Hayato à mi-voix.


Trois billes de couleurs différentes : verte, jaune et rouge. Lorsque l'assassin avala tout rond les deux premières, un éclair traversa les yeux de l'ex-vagabond. « Le Régime » ! Les pilules dopantes du clan Omega ! Bien entendu, il avait mis la main dessus avant le combat... Tandis que le corps d'X-Bronze mincissait à vue d'oeil, trois coups de feu retentirent soudain. Si la première balle se logea dans le bras modifié de son adversaire, les deux autres furent esquivées avec une facilité déconcertante ! Sous l'effet des drogues de combat, le chef du clan Darkness ressemblait à un autre homme ! Emacié, le regard vicieux et une aura malfaisante qui s'échappait de tous les pores de sa peau... X-Bronze ressemblait à l'incarnation du mal. Il reprit soudain la parole d'une voix grave et éraillée :


- J'vais te fumer jusqu'à la moelle, sale clochard !
- J'en doute, répondit sobrement Hayato en dégainant.


Alors, le ricanement macabre de son adversaire se répercuta sur les flancs de la montagne. On aurait dit un lion au regard fou, qui se gaussait d'une proie sans défense. Malheureusement pour ce pseudo félin, Hayato n'avait rien d'un petit faon effarouché. X-Bronze leva sa main intacte, avant de l'abaisser d'un coup sec. Immédiatement, un coup de canon perça les tympans de l'épéiste. Il entendit plus qu'il ne vit le boulet lui foncer dessus. D'un mouvement éclair, il trancha le projectile d'acier d'un coup net. Les deux parties n'avaient pas encore touchée le sol, qu'Hayato attaquait à distance. D'un mouvement sec, il créa une lame d'air qui vint briser le canon, dissimulé dans un beffroi... coupant la tour en deux par la même occasion. Avec perte et fracas, l'édifice s'effondra avec les hommes du clan Darkness à l'intérieur. Lorsque le bruit assourdissant de la démolition retomba, Hayato reprit la parole :


- Si vous avez fini de sacrifier vos hommes, je vous attends.
- Misérable vermine ! J'vais t'apprendre à me respecter !


Sans crier gare, il hurla :


- BUTEZ-MOI CE CONNARD !


Comme un seul homme, une multitude d'assassins dissimulés sortirent de leurs cachettes. Ils sortirent de derrière des draps aux mêmes couleurs que la roche, d'échauguettes, de renfoncements dans la roche, de trappes dissimulées ou même du bâtiment à moitié détruit, derrière X-Bronze. Dans un formidable cri de guerre, ils se lancèrent tous sus à l'ennemi.

De son coté, l'épéiste raffermit sa prise sur Kashuu et attendit la charge.

Le combat tournait au carnage. Aucun des deux pugilistes ne diminuait la cadence. Pire ! Ils accéléraient tous deux. Que ce soit la vitesse, la force ou l'intentionalité de leurs frappes... chaque seconde devenait plus intense que la précédente. Malgré toute sa motivation et sa hargne, peu à peu, Rougui perdait du terrain. Elle vendrait chèrement sa peau, cela dit. Chaque échange, le mastodonte en face d'elle recevait plusieurs attaques cognées qui, à présent, lui arrachaient des grognements de plus en plus marqués. Pour autant, le prix à payer pour passer outre les formidables défenses de la brute était élevé. La peau glabre de la jeune femme se pâmait de multiples hématomes, des plaies par tuméfaction se multipliaient peu à peu. C'était un miracle qu'elle n'ait rien de cassé pour le moment !

Mais tout cela n'était pas vain.

Elle le sentait, elle commençait à comprendre comment l'autre tanche se battait. Ses petites habitudes, ses coups préférés et les contres qu'il détestait. Après un autre échange musclé, la jeune femme trouva une faille dans la garde du molosse et se lança dans un combo dévastateur :


- Pepper Combo !


La rafale de coups de poings prit par surprise le golgoth. Rougui passa sous sa garde et pilonna l'abdomen de son adversaire ! La rate, le foie, l'estomac... tout y passa ! D'un formidable uppercut, elle repoussa le montre qui fit un vol plané en arrière. Ce dernier mordit la poussière, cracha du sang... mais finit par se relever douloureusement. Sonné, passablement énervé et le ventre en compote, le guerrier des Darkness hurla de rage et reprit le combat de plus belle. La cuisinière crachat du sang sur le coté et, faisant fi des douleurs sur tout son corps, retourna au contact avec un sourire endiablé.



Cet homme poisson poisson était décidément très chiant ! Le mink avait beau user de tout son arsenal et de son environnement... les sens de la vieille morue puante lui sauvaient la mise ! Quelque soit la tactique utilisée, les diversions, les attaques surprises... rien n'y faisait. Après avoir été salement reçu à trois reprises, le corps de l'homme lion le faisait souffrir de plus en plus. Si l'amphibien savait esquiver... la frappe dans le tas ne lui était pas inconnu non plus !


- Saleté de poiscaille... En plus, t'es vraiment moche...
- PIOU ! Mais ça suffit de répéter tout le temps la même chose ! SALE CHATON !


Un rugissement bestial secoua la plèbe. Malgré la fureur sourde qui bouillonnait en lui, Zack sut se contenir... Ce ne fut que lorsque son adversaire cria à ses collègues, un peu trop près, de s'enfuir, qu'il saisit sa chance. Zack repéra bien vite des hommes de main du clan Darkness un peu partout autour de lui. Avec un rictus mauvais, le mink bondit et estropia plusieurs quidams qui trainaient un peu trop près de son combat.


- EH ! Laisse les tranquilles, vieux matou tout moisi ! PIOUUUUU !
- Force moi ! Vieille morue !
- PIIIOUUUUUU !


La rafale d'Uchimizu frôla la crinière de Zack. Ce dernier, loin de se démonter, poussa sa chance. Il trouvait des cachettes impromptus, pour se dissimuler aux yeux de l'homme poisson... avant de bondir sur des patrouilles, des renforts ou, tout simplement, un assassin du clan Darkness qui avait baissé sa garde. La technique semblait porter ses fruits ! Alors que Zack continuait de ravager les rangs adverses, le gyojin lui courrait après... tout en s'essoufflant de plus en plus.

Un sourire mauvais fendit le visage du mink. Il avait trouvé la solution !



La technicité du combat allait crescendo. Les passes d'armes se multipliaient, s'accéléraient même ! Alors que la cadence augmentait, Kong semblait céder peu à peu. Le maitre du bô-jutsu avait pour lui une allonge supérieure et des attaques dévastatrices. La pointe de son arme semblait pouvoir transpercer l'acier ! Quand au moine, il avait toutes les peines du monde à trouver une parade efficace. Son adversaire ne se laissait pas approcher. Il prenait également bien garde à ne pas laisser son arme rester trop longtemps au contact du moine et de son Hasshoken ! Soudain, le rythme du combat changea. Une attaque vicieuse au bâton surprit Kong : son adversaire venait de viser ses yeux, pour faire dévier l'arme et attaquer à l'épaule ! Il avait reculé en toute hâte, pour se mettre à l'abri.

La pointe de l'arme s'était alors détachée, reliée à une chaine au reste du bâton, pour conférer au porter une allonge encore plus grande ! Comme si cela ne suffisait pas, des lames jaillirent et transpercèrent l'épaule de Kong ! Tout du moins, c'était ce que croyait l'assassin du clan Darkness. Le moine avait réussi, in extremis, à bloquer l'arme d'un revers... c'était donc sa main qui avait du encaisser l'attaque tranchante.


- AH AH ! C'est bon, maintenant que j'ai pris ta main, tu vaux plus rien !
- On vend la peau de l'ours un peu trop tot, à ce que je vois ?! se moqua le moine.


Alors que le maitre du Shigan fronçait les sourcils, il écarquilla les yeux en regardant son arme. La partie qui avait frappé Kong venait d'éclater ! Il serra les dents lorsqu'il comprit : ce salaud avait eu le temps de frapper avec sa technique ! Loin de laisser le temps à son adversaire de se remettre, Kong repartit à l'assaut pour pousser son avantage.




Triste Lune comprenait peu à peu le fonctionnement de son adversaire. Elle avait beau être vive, son cycle d'attaque semblait tout droit tiré d'un bouquin d'escrime ! Attaque, feinte, estocade, puis recherche de point faible. Si on tentait de contre attaquer, elle paraît et repartait dans son cycle. La belle affaire ! La flibustière laissa donc la demoiselle lancer un nouvel échange stéréotypé, avant de l'interrompre au moment de l'estocade. La pirate bloqua la lame, puis amorça un coup de pied vicieux qui força la duelliste à reculer. Au moment où l'épéiste allait repartir dans un contre, une détonation retentit. La bretteuse tituba et s'agrippa la cuisse, avant de lever un regard outré vers Triste Lune.


- C'est pas parce que j'ai une épée, que je n'ai pas le droit de me servir d'autre chose ! répliqua cette dernière.


Ainsi handicapée, le combat allait tourner court ! La sabreuse du clan Darkness avait beau crier au scandale, au coup fourré, à tenter de se rebiffer... Triste Lune n'en avait cure. Dans un affrontement entre pirate, il n'y avait aucune règle ! Cette pimbèche allait bientôt l'apprendre à ses dépends.




Les ennemis l'encerclaient. Les lames jaillissaient en tous sens. Les balles fusaient. X-Bronze attendait son heure. Hayato avait arrêté de penser, et laissait sa lame virevolter à son gré. Kashuu volait, laissait les rayons du soleil la déformer à mesure que l'épéiste tranchait. Dans un état second, le corps d'Hayato réagissait presque seul, tandis que son esprit suivait le flux du combat, comme une rivière suit son lit. Il prenait les vies des pauvres fous qui osaient l'attaquer de front. Pour autant, il le sentait, il n'allait pas tenir ainsi bien longtemps. Le combat contre Foster Red avait prélevé son du, sa blessure s'était rouverte suite à la course poursuite... il devait reprendre le contrôle de la situation ! Tandis qu'il tranchait trois larbins, à l'aide d'une coupe horizontale, Hayato se libéra un bref instant pour souffler... et contre attaquer !


- Tetsu Arashi !


D'une coupe circulaire, il créa un cyclone ascendant qui balaya un grand nombre de sous-fifres, sans plus de formalité ! X-Bronze n'en demandait pas tant. Grâce aux pilules du clan Omega, le cyborg avait vu sa vitesse et ses réflexes décupler. Il sut donc profiter de la technique du sabreur pour lui loger plusieurs balles dans le bras gauche ! D'un bond, Hayato se mit à couvert et laissa le reste des munitions s'écraser sur la roche. Bien vite, son adversaire relança l'assaut de ses hommes. Malgré son recours à des produits dopants, Hayato savait qu'il avait l'ascendant sur lui... le seul problème était qu'il utilisait ses hommes comme des boucliers humains. La douleur dans son bras gauche le fit grincer des dents, mais il tint bon.

Une nouvelle salve de munitions pilonna le renfoncement dans lequel il s'était caché. Hayato y vit un cadeau : il pouvait estimer la localisation de son adversaire ! Tandis que d'autres larbins lui fonçaient dessus, l'épéiste plia les genoux et attendit. Lorsqu'X-Bronze dut recharger, il sortit de sa cachette et voulu foncer. Cependant, il tomba sur des bachibouzouks qui lui barrèrent le passage. Il en faucha plusieurs, tandis qu'une demi-douzaines d'autres fonçaient sur lui. Hayato allait s'en occuper à leur tour, lorsque le bruit du canon de main de son ennemi attira son attention. Immédiatement, il dressa un mur d'air devant lui et s'accroupit de son mieux :


- Teppeki !


Grâce à sa technique, les balles furent déviées et l'évitèrent de peu. Pour autant, le chef du clan Darkness tua ses propres hommes dans le dos, sans même s'en soucier. Hayato sentit, une nouvelle fois, la colère monter face à cet être immonde ! D'un grand geste, le bretteur trancha l'air et lança une attaque monumentale :


- Tengai Giri !


La monstrueuse lame d'air prit ses ennemis au dépourvu. Elle trancha tout sur son passage, forçant X-Bronze à effectuer un formidable bond dans les airs. Alors que ce dernier ajustait sa visée, il écarquilla les yeux lorsqu'il vit Hayato le fixer d'un regard d'airain. La seconde suivante, avant même que le chef du clan Darkness ne puisse esquisser le moindre mouvement, ce dernier sentit un courant d'air le traverser. Toujours en plein saut, il regarda derrière lui, déboussolé, et y retrouva Hayato en chute libre. Ce dernier venait de bondir, à l'aide d'une bourrasque d'Air Breath. Il semblait rengainer lentement son sabre pendant la descente. Sans aucun moyen d'esquiver. Le cyborg n'allait pas laisser passer pareille occasion ! Alors que les deux hommes retombaient vers le sol, il leva son canon… et se figea.


- Kanpuu Giri !


Lorsqu'enfin l'épéiste rengaina Kashuu, le cyborg sentit finalement la lame le trancher ! La douleur insoutenable lui arracha un cri... qui se transforma en hululement de rage, lorsqu'il vit son bras modifié se détacher de son corps ! Les deux hommes retombèrent lourdement à terre. Hayato tentait de retrouver son souffle, le corps meurtri et les muscles endoloris. De son coté, une seule idée obstruait littéralement le flux de pensées d'X-Bronze.

Tuer ce salopard.

Sans même réfléchir, le chef du clan Darkness attrapa dans sa poche la dernière pilule rouge du clan Omega... avant de la gober aussi sec. Quitte à mourir, il allait emporter ce clochard dans la tombe avec lui !

Les échanges atteignaient leur paroxysme de brutalité. Les deux combattants puisaient dans leurs dernières ressources pour passer outre la douleur et la fatigue. Ils tiraient le meilleur d'eux même, frappant, contrant, esquivant au mieux. Pourtant, le golgoth du clan Darkness semblait perdre en lucidité. Ses coups perdaient en précision, là où il préférait tenter de frapper dur et fort... mais manquait de plus en plus Rougui. Cette dernière restait affutée et déterminée. Lorsque son adversaire fit un faux pas et perdit l'équilibre, la jeune femme ne lui laissa pas l'occasion de se reprendre. Elle le frappa de toutes ses forces juste à coté de l'oreille, puis au menton et tenta d'enchainer. Dans sa descente aux enfers, le mastodonte lança un direct du droit. Coup de chance éhonté ? Instinct du boxeur ? Peu lui importait, son coup fit mouche. Alors que Rougui lui envoyait un énorme uppercut, elle reçut en même temps une terrible frappe au plexus. Deux craquements distincts retentirent et firent frémir l'assistance. Les deux combattants furent projetés en arrière et terminèrent leur course par terre, en soulevant des nuages de poussière.

Sous les regards effarés des sous fifres du clan Darkness, leur colosse venait d'être envoyé au tapis par une maigrichonne aux cheveux de feu ! Ces derniers écarquillaient les yeux, incapable du moindre geste. Devaient ils intervenir ? Porter assistance à John ? Ou bien le laisser achever la rouquine ? Les larbins se regardaient, complétement perdus... jusqu'à ce qu'un bruit ne les tire de leurs introspections. Lentement, les volutes de poussière étaient éparpillées par les vents. Devant le spectacle qui s'offraient à eux, plus d'un quidam recula de quelques pas. La jeune femme aux allures frêles se relevait, tandis que John, champion de boxe du clan, restait au sol. Rougui se fit craquer la nuque, crachat un glaviot de sang et se racla la gorge, avant de lancer haut et fort :


- AU SUIVANT!



Le mink prenait un malin plaisir à mettre son plan à exécution. Sans relâche, l'homme poisson le poursuivait, mais le lion lui glissait entre les doigts palmés. Pire encore ! Il réussissait à semer la zizanie dans les troupes du clan ! Toutes les escouades entendaient son rugissement puissant s'élever, au dessus du fracas des armées, lorsqu'il décimait un groupe de plus. Bientôt, le gyojin sentit un point de coté lui tarauder le flanc... mais il ne pouvait pas laisser ses amis mourir ! Il poursuivit donc sa route à toute allure...

Au détour de la ruelle suivante, il fut accueilli par un coup de griffe chirurgical. Il évita, in extrémis, de se faire sectionner la jugulaire. Au lieu de quoi, il écopa d'une immonde balafre au thorax ! D'une contorsion grotesque, la morue réussit à contre attaquer d'un coup de Karate des hommes poissons. Cependant, l'efficacité semblait bien moins importante. Zack fut repoussé, mais réussit à encaisser le contre coup bien mieux qu'auparavant ! Le mink repartit à l'assaut avec un autre rugissement bestial. Pris de court, l'amphibien perdit ses moyens. Il tenta une attaque directe, trop gauche et télescopée pour inquiéter le chasseur. Ce dernier para sans mal le coup et laboura l'abdomen de son adversaire sans aucune pitié. L'homme poisson était un contreur, un homme tactique... pas un combattant chevronné. La différence de niveau se fit radicale. En quelques instants, Zack l'envoya au tapis, dans une mare de sang.

Le lion mit un genou à terre, essoufflé, afin de récupérer. Le combat avait été rude, pour lui. Tant au niveau des coups reçus, avec plusieurs cotes cassées, que du point de vue cardio... le mink était dans le rouge ! Pourtant, il ne pouvait pas se permettre de se reposer. Ses coéquipiers continuaient de se battre ! Ils avaient besoin de lui. Immédiatement, le chasseur se releva et repartit en quête d'escouades à supprimer.



Le combat prit une pente glissante pour le maitre du bô-jutsu. Malgré toutes ses tactiques vicieuses pour garder la main, il n'arrivait plus à contenir le moine. Ce dernier se rapprochait de plus en plus, le forçant à user de son arme d'une manière moins orthodoxe. Une à une, il dut révéler ses bottes secrètes. Pour autant, son arme volait un peu plus en éclat à chaque tentative ! Il serra les dents, tandis que Kong rentrait un peu plus dans son maai. Le moine esquiva un vilain coup de pied retourné, avant de foncer au corps à corps. Pris de court, l'assassin du clan Darkness recula et tenta le tout pour le tout. Il fit pivoter son arme, telle une hélice, afin de garder son ennemi à distance.

En vain.

D'un enchainement de coups destructeurs, Kong frappa avec une précision surhumaine les parties du bâton qui tentaient de le restreindre. En quelques secondes, ce qui restait de l'arme se brisa en milles morceaux. Loin de s'avouer vaincu, l'assassin tenta le tout pour le tout. Il fonça au corps à corps, mitraillant Kong d'une pluie de Shigans ! Le moine para au mieux. Il reçut de plein fouets plusieurs attaques, avant de trouver enfin une ouverture. D'un somptueux coup de pieds retourné, il frappa d'un coup de talon appuyé, pile sur le menton de son ennemi. L'assassin tituba, avant que son équilibre ne soit définitivement rompu. D'un coup de poing en plein sternum, Kong envoya une dernière décharge d'Hasshoken qui pulvérisa la cage thoracique de son adversaire. Ce dernier tomba au sol, inerte.

À bout de souffle, le moine se baissa pour récupérer des morceaux de vêtements de son ennemi vaincu. Il se confectionna un pansement de fortune, pour sa main blessée, avant de reporter son attention sur le reste du champ de bataille. La guerre n'était pas terminée !



Depuis qu'elle avait mis un peu de plomb dans le corps de la duelliste, Triste Lune respirait. Elle avait à présent l'avantage de manière incontestable. Les échanges tournaient systématiquement en sa faveur, peu importait ce que tentait l'épéiste adverse. Cette dernière ne pouvait plus effectuer ses cycles classiques, ni même tenter une autre approche académique... Triste Lune ne lui en laissait plus le temps ! La pirate forçait son ennemie à repousser des assauts vicieux incessants. Si la bretteuse tentait de s'y soustraire, la flibustière la canardait de nouveau. Tant et si bien, qu'en quelques passes d'armes, l'épéiste du clan Darkness se retrouva à genoux, le souffle court, et une sueur abondante ruisselant sur son corps.


- T'as eu ton compte, on dirait.


Alors qu'elle s'approchait pour lui porter le coup de grâce, Triste Lune restait sur ses gardes. Elle était bien trop expérimentée pour se laisser avoir par un changement de comportement aussi rapide. La suite lui donna raison. Alors que la pirate arrivait à portée, la duelliste tenta le tout pour le tout. Elle plongea en avant, tout en sortant une dague en plus de sa rapière. Dans une pirouette tournoyante, la sabreuse du clan Darkness tenta de taillader son adversaire. En vain. Triste Lune lut la manœuvre et, d'un bond éclair, trancha la duelliste de part en part. Cette dernière cracha une gerbe de sang, avant de s'écrouler, les yeux révulsés.

Alors, la pirate s'épousseta, puis jeta un regard aux alentours. Bien vite, elle reprit le contrôle de l'assaut sur le Roc. Elle distribua des ordres et remit son équipage en branle, afin de maintenir une pression monstrueuse sur le clan Darkness. La masse grouillante d'ennemis restait un problème de taille, malgré la chute des lieutenants... Il fallait espérer qu'Hayato ne traine pas.





La fatigue le ralentissait. Ses blessures s'accumulaient. Son corps tout entier le faisait souffrir. Face à lui, X-Bronze s'était transformé en une véritable machine. La peau de l'assassin avait viré au rouge. L'hémorragie qui coulait à flot de son bras gauche, quelques secondes auparavant, s'était tarie lorsque ses muscles avaient décuplés. Une vapeur inquiétante s'échappait à présent de son corps, dont les veines pulsaient à un rythme inquiétant. Hayato resserra sa prise sur Kashuu, lorsque la bête humaine se lança de nouveau à l'attaque.

Voilà déjà plusieurs minutes qu'il subissait le combat. La vitesse décuplée du monstre, à présent dopé aux anabolisants, le laissait sans voix ! De même, sa résistance l'inquiétait au plus haut point... Il aurait dû rendre l'âme, avec toutes les balafres qui lui barraient le tronc ! En une fraction de seconde, X-Bronze fut de nouveau sur lui. La déferlante de coups l'obligea à rester sur la défensive, et à serrer les dents. Il réussit à contrer la plupart des attaques, mais fut pris de court par un coup de pied vicieux dans sa blessure. Il grogna, se courba à moitié sous le choc... pour recevoir un coup en plein thorax. La douleur lui arracha un hoquet grotesque. L'épéiste fut projeté en arrière mais, loin de se laisser abattre, il effectua une pirouette pour retrouver son équilibre. À peine ses pieds touchaient ils par terre qu'il envoya une série d'attaques pour trancher l'air devant lui. Les lames d'air traversèrent le corps de son adversaire sans qu'il ne bronche ! Pire, il sembla enrager un peu plus encore ! Alors que la bête le chargeait, Hayato utilisa l'air Breath pour s'échapper :


- Shunpo !


Le bond fulgurant lui permit d'esquiver un monumental coup de poing. L'assassin frappa la falaise qui, sous sa force démesurée, se fissura sur plusieurs mètres ! Loin d'en rester là, le monstre fusa sur lui. Hayato tenta le tout pour le tout. Il arma une formidable coupe verticale et, au dernier moment, trancha de toute son âme. Le meitou fendit l'air, la lame de Kashuu sembla se distordre sous la vitesse d'exécution.

Et X-Bronze attrapa le bras d'Hayato, in extremis.

Estomaqué, l'épéiste vit son attaque déjouée, juste avant de sentir un poing s'enfoncer dans son foie. Il fut projeté contre un bâtiment, traversa un mur et sentit les débris s'écrouler sur lui. La conscience du bretteur commença à s'étioler, peu à peu...




X-Bronze souffrait le martyr. Depuis cette fichue mission et sa cybernisation, le chef du clan Darkness ne passait pas un jour sans ressentir mille et une douleurs. Il avait beau retourner le monde, rien ne semblait pouvoir le soulager ! Rien, sauf le plaisir de dominer autrui. La douleur ne disparaissait jamais. Oh que non ! Mais elle passait en arrière plan, lorsqu'il laisser libre court à toute la sauvagerie qui l'habitait ! Aussi, voir un cancrelat dégueulasse tenter de lui ravir son trône ? Il avait vrillé. Au fond de lui, il se savait condamné. Après avoir gobé la dernière pilule du « Régime », il n'en avait plus que pour quelques minutes. Mais, au moins, il avait la satisfaction de défourailler ce clodo ! Le marteler de coups lui avait fait un bien fou ! L'enfoiré avait tenté de le doubler... il avait même réussi à retourner la famille Valthane et les Enigmatiques contre lui ! Son plus grand regret ? Il n'aurait jamais le temps de tous les buter, avant que la pilule rouge n'ait sa peau... Mais au moins, il en avait eu un ! Il allait pouvoir le clamer haut et fort. S'approchant des créneaux, l'assassin gonfla ses poumons au maximum avant de hurler :


- CE BATARD DE SAMOURAI EST MORT ! VOUS M'ENTENDEZ ? IL EST...


Deux sifflements stridents lui parvinrent, dans son dos. Immédiatement, il se jeta sur le coté. Le bond prodigieux lui permit de voir, au loin, un spectacle qui le révulsa. Les lames d'air tranchèrent net la muraille en formant un cône. Toute une partie des créneaux tombèrent à pic, avant de s'écraser des dizaines de mètres plus bas. S'il était resté sur place, il aurait été emporté, lui aussi ! En tournant la tête, il retint un juron. Sa migraine reprit de plus belle, tandis qu'il serrait les dents à s'en faire éclater la mâchoire.

Devant lui, le fumier se tenait debout, le souffle court, le sabre au clair... Il avait beau pisser le sang, il tenait toujours debout ! Et, toujours, cette lueur dans les yeux. Il se croyait meilleur que lui. Plus fort ! Plus valeureux ! Plus méritant ! Plus sage que lui ! Batard immonde...  La rage enveloppa X-Bronze tout entier, tandis que son adversaire se remettait en garde. Il allait le crever... lui faire bouffer ses yeux !






Hayato inspira calmement, avant de maintenir Kashuu entre le cyborg et lui. Le chef du clan Darkness n'était décidément pas à prendre à la légère. Compte tenu de leurs états respectifs, l'épéiste le savait... il s'agissait de la dernière passe d'arme. Il sentait son corps tout entier, tremblant, brulant, lui rappeler les folies de ce jour. Si son corps commençait à atteindre ses limites... son esprit atteignait des sommets. Il sentait sa conscience se stabiliser, s'élever, légère comme jamais auparavant. Il se sentait vivant, ressentait la douce brise sur sa peau, les échos des combats lointains, la rage brulante de son adversaire... ses sens étaient portés à leur paroxysme ! Lucide, sur ses gardes et prêt à donner le maximum, le sabreur campa sur ses positions.

La suite lui donna raison.

X-Bronze hurla à la mort, tel un animal blessé. D'expérience, Hayato savait qu'il s'agissait du pire ennemi à combattre : prêt à tout pour sauver sa peau. Mais la situation était pire encore : son adversaire se savait condamné... Ergo, il n'aurait rien à perdre et ne se retiendrait en rien. Les muscles d'X-Bronze se bandèrent une dernière fois. Ses yeux injectés de sang jetèrent des éclairs, alors qu'un rugissement bestial secoua la cour.

Il fonça.

Droit devant, tel un sanglier qui chargeait, X-Bronze l'attaqua de front en hurlant. Il arma un poing vengeur, gangréné de haine et drogue, afin de poinçonner le crane d'Hayato d'un formidable direct du droit. L'épéiste resta serein, tel la montagne face à la tempête. Jusqu'au dernier moment, il ne bougea pas d'un iota. Il se contenta de fixer les prunelles démentes de son adversaire qui approchait, chaque instant, toujours un peu plus.

Le poing fusa.

Un clignement d'oeil.

Hayato et X-Bronze s'étaient croisés.

L'épéiste rengainait sobrement, tandis que l'assassin laissait son poing envoyer une bourrasque d'air dans un claquement assourdissant. Un instant, les deux hommes se tournèrent le dos. Quelques longues secondes, durant lesquelles Kashuu retourna dans son fourreau. Enfin, lorsque la garde du meitou claqua, la voix d'Hayato s'éleva :


- Yama Oroshi.


Immédiatement, une monstrueuse balafre s'ouvrit sur tout le corps d'X-Bronze. Ce dernier hoqueta. Il tenta de se retourner, de faire quelques pas vers sa nemesis... mais, au troisième, il tomba face contre terre, dans un bruit spongieux. Ainsi, le chef du clan Darkness rendit son dernier souffle, sous les coups d'Hayato. Ce dernier tomba à genoux un instant. Le contre coup des deux combats était terrible. Sa blessure au flanc continuait de saigner et de le tarauder, sans compter toutes celles dont il avait écopé lors de son combat contre le clan Darkness ! Il se sentait épuisé mais, il le savait, son devoir ne s'arrêtait pas là. Lentement, malgré la douleur et le feu dans ses muscles, il se releva. Il s'assura de la mort de son ennemi, avant de se diriger vers la muraille en trainant son cadavre. Il se montra à la vue de tous et, d'un ultime effort, présenta la dépouille d'X-Bronze à tout le champ de bataille. L'effort lui arracha un grognement et augmenta encore le saignement de son abdomen. Mais il tint bon. Sa voix porta sur toute la plaine du Roc :


- X-Bronze est tombé ! Cessez le combat, clan Darkness ! La bataille est terminée !


Lentement, l'écho des affrontements régressa, jusqu'à mourir lui aussi. Alors, un silence de mort s'appesantit sur le Roc. En ce jour historique, les clans Burn et Darkness avaient été défaits. Le clan Suisou et ses alliés venaient de jeter un pavé immense dans la mare ! Cependant, ce n'était que le commencement d'un projet bien plus grand encore.

La poussière retombait lentement sur le Roc. Les dommages, considérables, se présentaient à la vue de tous. Les pertes humaines dépassaient tout ce que le clan Darkness avait bien pu connaître. Les gigantesques portes blindées de l'enceinte, les infrastructures, leurs lieutenants et, bien entendu, X-Bronze... tout était retourné à la poussière. Les Enigmatiques et la famille Valthane les avaient trahis, tant et si bien que le clan Suisou avait réussi à prendre le dessus. Le corps de leur ancien chef, inanimé, leur avait prouvé qu'ils venaient de subir une défaite totale. La majeure partie des assassins avaient jeté leurs armes et s'étaient rendus, médusés devant le spectacle. Malgré tout, une petite poche de résistance s'était organisée, à l'intérieur de la forteresse en elle même. La situation tendue semblait inextricable

Pourtant, l'arrivée d'un homme changea la donne du tout au tout.

Hayato restait isolé, tout en haut de la forteresse. Rougui, Zack et Kong, ainsi que l'équipage de Lamia, tentaient de trouver un moyen de le rejoindre malgré les portes closes. Aussi, lorsqu'ils entendirent des bruits de pas derrière eux, ils se retournèrent, prêts à en découdre si besoin. Ils découvrir une petite troupe hétéroclite, menée par Lamia et Triste Lune. Derrière elles, progressaient deux hommes que la plèbe saluait et acclamait. Kong finit par comprendre la situation, en reconnaissant l'un des deux hommes. Il hocha la tête en direction des flibustières, avant d'inviter ses coéquipiers à les laisser passer. Willian Darkness, l'héritier légitime, venait revendiquer le trône. Le jetsetteur s'avança, laissant ses chaussures immaculées fouler le marbre du grand perron. Il frappa, trois fois, aux vantaux. Immédiatement, une voix s'éleva de l'autre coté :


- Dégagez ! On vous a déjà dit qu'il faudra nous passer sur le corps, avant qu'on vous ouvre !
- Ce ne sera pas nécessaire. Inutile de faire couler plus de sang.
- Wi.... WILLIAN-san ?!
- Ouvrez, nous devons discuter.


Un grand brouhaha s'éleva, de l'autre coté des lourdes doubles portes. Plusieurs minutes, une querelle sembla se dérouler en coulisse, jusqu'à ce qu'une question ne fuse :


- Comment est ce qu'on peut être sur que c'est vous, et pas...
- Vous n'avez qu'à regarder dans les multiples oeils-de-bœufs, les mini-caméras Den Den Mushi ou les trappes dissimulées réparties ici, ici, là et là. Maintenant, arrêter de me faire perdre mon temps. Ouvrez.


Un silence pesant retomba sur la place. Puis, en quelques secondes, de multiples cliquetis s'élevèrent et, bientôt, les loquets s'ouvrirent enfin. Dans un grincement inquiétant, les deux lourds vantaux firent grand place, pour révéler les irréductibles, aux mines peu rassurées. Néanmoins, comme personne ne planta un poignard dans le dos de Willian, pas plus qu'on ne leur sauta à la gorge, ils semblèrent se détendre un tant soit peu. Lentement, l'héritier du clan Darkness reprit la parole :


- Passez le message, nous acceptons notre défaite et annonçons notre reddition au clan Suisou. Conduisez ces hommes auprès de leur chef, puis qu'ils me retrouvent tous dans la salle de réunion.
- B... Bien, monsieur.


Les fidèles du clan hochèrent respectueusement la tête. La mine basse, ils coururent exécuter leurs ordres. Rougui s'assit dans un coin, épuisée, tandis que Zack reposait son dos sur le mur, juste à coté d'elle. Kong, quant à lui, courut rejoindre l'okashira. Après être passé dans un dédale de couloirs et de portes, il finit par grimper le long d'un escalier qui le mena à une tonne de débris. D'un coup d'Hasshoken, il pulvérisa l'obstacle. Enfin, il passa la tête et retrouva la cour... ainsi que le carnage causé par Hayato. Ses guides hoquetèrent, devant le spectacle saisissant.

Plusieurs dizaines d'assassins gisaient, face contre terre, la vie prise par un sabre. Le champ de bataille était perclus de balafres, d'impacts de balles, de fissures et de cratères. Face à eux, le beffroi n'était plus, tranché net sur toute sa largeur. Sur leur droite, contre la muraille à présent éventrée, adossé à un moellon, se reposait un homme en kimono bleu, les paupières closes. Son sabre reposait sur son épaule gauche, et la dépouille d'X-Bronze, face contre terre, gisait non loin de lui. Lorsqu'il les entendit arriver, Hayato ouvrit les yeux et posa un regard serein sur le groupe hétéroclite. Il salua Kong d'un geste de tête, avant de se relever péniblement.


- Le descendant du clan Darkness nous attend dans la salle de réunion.
- Je vois. Ne le faisons pas attendre.


Sobre, claire et efficace. À l'image des deux hommes. L'échange était allé à l'essentiel, laissant de coté tout ce qui ne demandait pas leur attention immédiate. La journée avait été suffisamment longue, pour s'éviter d'autre digressions. Lentement, la procession rejoignit la salle de réunion où Lamia, Triste Lune, Rougi, Zack, Willian Darkness et le mandataire des Tempiestas patientaient déjà. Lorsqu'Hayato, le kimono déchiré et le corps en sang, passa le pas de la porte, plusieurs hommes hoquetèrent de surprise. Rougui se pinça les lèvres, mais ne se détendit que lorsque Zack lui chuchota des mots apaisant à l'oreille, tout en lui tapotant l'épaule. Sans un mot, le chef du clan Suisou s'avança à la table des négociations. Paré d'une aura apaisante du plus bel effet, après la guerre qui avait ravagé l'édifice, le sabreur s'assit sur la chaise que lui tira Kong. Lorsqu'enfin, il fut installé, il soupira d'aise.


- Merci d'être venus, Willlian, Pablo. déclara-t-il d'une voix calme. Merci à tous. Mes excuses, si je vous ai fait attendre.
- Je... ce n'est rien, répondit l'héritier du clan Darkness.


Ce dernier se racla la gorge, avant de jeter un regard en coin au représentant Benedetto. La différence avec X-Bronze était stupéfiante ! Lentement, le jetsetteur se leva, avant de s'incliner diligemment devant l'épéiste. D'une voix claire et maitrisée, il reprit la parole :


- Moi, Willian Darkness, vous annonce notre capitulation, séance tenante.
- Moi, Suisou Hayato, accepte voter reddition, Willian, et vous remercie pour votre sagesse. Nous pouvons ainsi épargner de nombreuses vies. Avez-vous des conditions particulières à formuler ?
- Si le vous le permettez, j'aimerais prendre la tête du clan Darkness, en votre nom. Je souhaite en prendre la responsabilité, afin de faciliter la transition et de maintenir la paix sur Carcinomia. Si vous acceptez, nous vous jurerons loyauté.
- L'idée me plait, Willian. Si vos hommes l'acceptent également, je vous accepterai avec joie à la tête du clan Darkness.


Comme aucune contestation ne s'éleva, les deux hommes se serrèrent la main, scellant officiellement la passation de pouvoir. Immédiatement, la tension quitta les épaules des participants. Un soupir collectif s'échappa de toute l'assistance, tandis que les chefs de clans débattaient des actions urgentes à réaliser. Pour l'heure, la priorité fut donnée aux blessés. Immédiatement, les Den Den Mushis chauffèrent et de multiples appels furent passés pour annoncer la grande nouvelle. Les membres du clan Suisou resté au QG du clan Wave, les clans Avast et Omega, l'équipage de Lamia resté sur Ogre station ainsi que les hommes poissons patrouillant dans les flots... tous reçurent le même message. Le Roc était tombé. Rapidement, le transfert des blessés, notamment de Matsuri et de sa sœur, fut organisé vers l'infirmerie de la forteresse. Des médecins du clan Avast, ainsi que des botanistes du clan Omega, furent dépêchés pour prêter main forte aux soins. Le but était, évidemment, de d'ores et déjà débuter la coopération entre les différentes factions du clan Suisou.

Lorsque les événements se tassèrent quelque peu, Kong vint au chevet d'Hayato dans l'infirmerie. Il était en train de se faire recoudre par une Medusa scandalisée.


- Mais qui m'a foutu un chef pareil... Une multitudes de plaies à suturer, des balles coincées dans le bras, une balafre au flanc que t'as laissé se rouvrir... Et toi tu retournais au combat comme si de rien n'était ?! T'aurais pas pu me dire, après l'arène, que t'avais une plaie béante dans le bide ?! SALE PATATE ! De quelle matière t'es fait, au juste ?!


Tout penaud, l'épéiste eut la bonne grâce de rougir. Le moine le sauva des affres d'un soin avec Medusa, en se raclant la gorge.


- Quoi ? Toi aussi t'as... commença la médecin avant de remarquer un détail. Kong. Pourquoi t'as une main derrière le dos ?
- Je...
- Montre ta main, betterave mal dégrossie.


Lorsque le moine s'exécuta. La médecin soupira et grogna... avant de serrer le poing en direction de, supposément, son supérieur hiérarchique. Elle finit par maugréer dans sa barbe inexistante, avant de se replonger dans les sutures. Les deux hommes échangèrent un sourire discret. Lentement mais sûrement, le calme revenait sur Carcinomia. Cependant, les actions du clan sur l'île n'étaient toujours pas terminées. Ils avaient gagné la guerre, certes.

Il leur fallait gagner la population, à présent.