Raiko Hayabusa - L'ombre électrique

Raiko avoisine le mètre et soixante-cinq centimètres mais cela n’est en rien une faiblesse à ses yeux. Se déplaçant toujours sur la pointe des pieds, Raiko est une jeune femme prête à bondir à la moindre ouverture, chose que ses jambes solidement entraînées et ses réflexes impressionnants lui permettent de faire. Si elle vous en laisse l’occasion, vous pourrez peut être apercevoir son visage délicat et fin entre deux coups de pieds rotatifs, voire même ses lèvres tracer un sourire si vous n’êtes pas K.O. après un tel assaut. Son rictus est loin d’être rare et est souvent empreint de défi.

Ses cheveux d’un noir de jais atteignent le milieu de son dos mais elle préfère les maintenir en un chignon soigné, ce qui rend toute acrobatie bien plus évidente à réaliser. Une broche dorée vient généralement siéger en haut du chignon pour le tenir en place alors que deux mèches tombent de part et d’autre le long de son front. Il lui arrive aussi simplement de les attacher à l’aide d’un élastique pour gagner du temps.

Ses iris affichent un marron ambré et brûlent de détermination lors de ses entraînements. Ses cheveux et ses yeux créent un contraste avec sa peau qui en fait ressortir la blancheur éclatante. Malgré le soleil chaud de son île, c’est en se déplaçant dans les ombres que Raiko préfère agir.

De par son éducation rigoureuse, Raiko sait se comporter en femme distinguée, tant dans sa manière d’agir que dans ses paroles. Mais il va sans compter que ces mascarades sonnent plus comme des futilités et des pertes de temps pour celle qui aime prioriser l’efficacité aux bonnes manières.

C’est grâce à un entraînement rigoureux et draconique que sa musculature s’est développée et lui permet désormais de réaliser des acrobaties impressionnantes.

Raiko est sûre d’elle. Elle sait de quoi elle est capable et connaît ses limites. Elle préfère se tromper que d’hésiter. Cette confiance naturelle a parfois tendance à se transformer en arrogance lorsqu’il s’agit d’entrer en compétition avec un pair. Il lui arrive en effet de sous-estimer ses adversaires, rendant la défaite encore plus amère.

Malgré ce défaut, l’objectif de Raiko reste la perfection. Éliminer sa cible sans laisser de traces, ses ambitions sont sans limite lorsqu’il s’agit de s’améliorer et de dépasser son prochain. Ce côté ambitieux vient également avec une très grande pression qu’elle s’inflige, constamment persuadée que ce qu’elle réalise n’est pas suffisant et qu’il faudra faire mieux la prochaine fois. Ce perfectionnisme destructeur est à l'origine de la plupart de ses maux.

Si vous écoutez ses propres dires, Raiko se présentera comme quelqu’un d’intelligente et possédant une certaine vivacité d’esprit, choses qui sont totalement exactes. Elle sait faire preuve d’une grande stratégie et cela se ressent dans les approches qu’elle adopte lors des confrontations.

Malgré toutes ces caractéristiques, Raiko dispose d’un grand sens de l’humour, tant que ce dernier n’entrave pas les résultats de ses opérations. N’hésitant pas à se moquer à la fois de ceux qu’elle méprise mais également de ceux qu’elle estime égaux à elle-même, il lui arrive également de profiter de sa discrétion et de son agilité pour tendre des pièges à ses confrères.

Malgré les facettes qu’elle se crée, Raiko peine à dissimuler certaines émotions, notamment sa frustration. Elle possède un seuil à ne pas dépasser, auquel cas il lui arrive de perdre ses moyens.

Enfin, elle fait preuve d’un franc-parler qui pourrait en surprendre plus d’un. Elle n’a pas sa langue dans sa poche et cela rentre en parfaite adéquation avec son caractère bien trempé.

Raiko Hayabusa est née en l’an 1608, sur l’île de Shimotsuki. Élevée dans une famille riche et aimante, son enfance fut ponctuée à la fois par des moments chaleureux mais aussi une éducation stricte. Étant une fille unique, ses parents avaient décidé de pleinement se consacrer à la formation de la demoiselle et ce dès son plus jeune âge.

Cours d’étiquette, de bonne conduite et de répartie, l’enfant savait déjà tenir tête à de jeunes adultes alors qu’elle n’était âgée que de douze ans. En somme, Raiko avait tout de l’enfant modèle, dont toute famille riche et distinguée pourrait rêver. Avec l’adolescence, la jeune Hayabusa ressentait l’envie de découvrir de nouvelles choses, se trouver une vocation pour la divertir en dehors des repas élégants et couverts d’hypocrisie que ses parents organisaient avec des invités haut-placés sur son île natale.

Voulant à tout prix apprendre à se battre, la jeune adolescente milita auprès de son père pour obtenir son accord d’intégrer l’école aux trois sabres. Trouvant cette pratique trop dangereuse, le père de famille parvint finalement à convaincre la jeune fille de s’orienter vers l’école des poignards volants, persuadé que cette dernière serait un peu moins dangereuse que le premier choix de sa fille.

Cela était bien sûr sans compter sur l’aspect perfectionniste de la jeune Raiko, voulant autant que possible dépasser ses jeunes camarades. Appliquant avec précision et diligence chaque exercice qui leur était présenté, ses efforts tant mentaux que physiques se remarquèrent rapidement, que cela soit dans ses yeux remplis de nouvelles ambitions ou sur son corps qui gagnait autant en muscles qu’en ecchymoses.

La volonté de Raiko lui permit de rapidement apprendre comment manier un poignard ou encore la manière d'éliminer une cible avant même que cette dernière n’ait conscience de notre présence. Après plusieurs mois d’acharnement, les explosifs et les armes de jet n’avaient plus aucun secret pour elle, et son agilité avait atteint des seuils qu’elle n’aurait jamais imaginés. Peu à peu, ses coups à mains nues gagnaient en précision et en dangerosité, alors qu’elle ressentait de moins en moins la douleur à force de torturer son corps. Elle y découvrit même comment générer de l'électricité depuis son propre corps, endurant la souffrance pour réaliser des coups encore plus dévastateurs.

Les parents de la jeune Hayabusa, qui devenait de plus en plus mature, ne s’étaient pas attendu à un tel changement et par peur que la femme en devenir n’oriente son futur vers une vie dangereuse, ils envoyèrent cette dernière dans une formation de plusieurs années, loin d’eux et de cette vie de ninja. C’est ainsi qu’en 1626, Raiko intégra l’université Figura, sur l’île de Koneashima.

Heureusement pour elle, on lui laissa le choix de sa spécialité et c’est sans grande surprise qu’elle se prit de passion pour les études en chimie et en sciences de la combustion, spécialité de l’île qui regorge de grixendre, une poudre aux propriétés pyrotechniques impressionnantes.

Il va sans dire que ces études n’avaient en aucun cas calmé les ardeurs de la jeune femme quant à sa passion pour la voie du shinobi. Elle se répétait quotidiennement les préceptes de son maître Hanzo, celui qui lui avait tout appris et elle n’avait plus qu’une hâte : mettre en application les connaissances théoriques qu’elle accumulait. Comme à son habitude, Raiko excellait dans sa formation, prenant rapidement la tête du peloton.

Cependant, malgré le fait que la jeune femme sorte du lot, et cela pour des bonnes raisons, un bon matin elle fut convoquée par la direction de l’académie. C’est avec une absence totale de délicatesse qu’on lui annonça qu’elle ne pouvait poursuivre ses études au sein de l’établissement, par faute de paiement.

Raiko n’en revenait pas, il devait forcément y avoir une erreur, pour quelles raisons sa famille qui était si riche et qui accordait une importance capitale à son éducation aurait-elle soudainement décidé d’arrêter de payer ses frais de scolarité. C’est dans l’incompréhension totale et une colère non dissimulée que la jeune femme prit le premier navire pouvant la ramener chez elle.

Sur le trajet, tous les scénarios possibles lui passaient par la tête, allant même jusqu’à la mort de ses géniteurs dans des circonstances mystérieuses. Lors de son arrivée sur l’île, la jeune Hayabusa se précipita vers le domaine familial. Cela faisait plus de trois années qu’elle n’avait pas foulé l’île, et la demeure qui l’avait vue grandir n’avait plus rien de ce qui en faisait sa splendeur.

Les arbres fruitiers dépérissaient à vue d'œil, les meubles couverts de dorures et qui occupaient les pièces avaient laissé place à un parquet poussiéreux. Les vastes chambres et salles d’accueil étaient soudainement tristement vides. La jeune femme ne comprenait pas ce qui avait pu se passer pendant ces quelques années. Elle grimpa les escaliers auparavant couverts de somptueux tissus et qui étaient désormais grinçants et à nu.

En arrivant au bureau du père de famille, la shinobi ne put s’empêcher de remarquer les reçus et les contrats, signés de la propre main de son paternel, actant des crédits de berries de plus en plus conséquents. Les papiers jonchaient le sol, et tous les prêts étaient au nom de la même famille : les Iyazaki.

Au même instant, des pas se firent entendre en bas des escaliers, les deux parents de Raiko étaient enfin rentrés et venaient à sa rencontre.

“- Qu’est ce que tu fais avec les Yakuzas papa ?” demanda la jeune femme sans même prendre la peine de se retourner et de les saluer après tant d’années d’éloignement.

“- J’ai que-quelques emprunts à rembourser, mais ça va le faire, j-je sens qu’aujourd’hui c’est le bon jour ! Je vais retourner à la salle de jeux et je vais me refaire !” rétorqua l’homme en bégayant.

Lui qui avait toujours eu une posture droite, fière et élégante, se retrouvait maintenant recroquevillé sur lui-même, le dos voûté, les genoux fléchis. L’homme n'était plus que l’ombre de ce qu’il était.

“- Tu es devenu si misérable, tu me dégoûtes.” lui cracha Raiko au visage alors qu’elle commençait à sortir du bureau.

“- Attends, où comptes-tu aller ?” l’interpella sa mère en la retenant par la manche.

“- Je compte faire ce qui est nécessaire pour notre propre bien, à défaut que vous en soyez capable. A partir de maintenant, c’est moi qui prends les choses en main.” déclara la jeune femme, retenant autant que possible sa frustration bien qu’elle s’entendait dans sa voix. “A combien s’élèvent les dettes ?”

“- Presque un milliard de Berries…” murmura l’homme.

“- Ajoutes-y un million, désormais je serai celle qui chasse pour faire survivre notre famille.” finit par dire Raiko, déterminée à redorer son nom.