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[Q] Sixième chapitre ; Parce qu'il faut bien ruser dans la vie... (2)


- « Colonelle Tina Descharmes de la Base G-2 de East Blue, c’est bien cela ? »

- « Commodore à présent. J’ai été affecté sur Grand Line vu les derniers remous de cette fin d’année. »
Répondit sereinement Violetta.

Trois jours plus tard, nous étions enfin au siège de la M-Boat comme convenu. Malfada Kripke en personne avait daigné nous recevoir en dépit de la masse de travail qu’elle avait sous les bras. La marine ne semblait pas la laisser souffler à première vue, si bien que je l’aurai presque plaint. Cela dit, elle affichait toujours un air austère, voire même plus colérique que les Zauniens les plus farouches. Autant dire qu’elle faisait flipper et que faire affaire avec elle devait être généralement compliqué. Assise sur le seul siège visiteur du bureau face à la big boss du chantier naval, Violetta ou plutôt Commodore Descharmes, affichait un sourire paisible, comme si elle n’était nullement intimidée par son vis-à-vis. L’aura qu’elle dégageait la rendait vraiment crédible, si bien que j’me fis la réflexion qu’elle savait vraiment jouer la comédie et qu’elle devait bien s’amuser, tiens ! Elégante jusqu’aux bout des ongles, Tina Descharmes avait revêtu un qipao blanc et noir surplombé par un manteau de la marine dont les épaulettes attestaient le grade dont elle semblait s’enorgueillir. Derrière elle, trois personnes étaient debout, silencieuses : Ben Sistross, sergent d’élite local bien connu de tous, Serenity qui avait caché son troisième œil à l’aide d’une mèche de cheveux et qui avait revêtu un manteau de lieutenante, ainsi que bibi avec le même manteau sur les épaules, mais toujours aussi bien déguisé pour brouiller les pistes, au cas où.

Après tout, même si je n’avais pas d’avis de recherche sur la gueule, je n’étais pas à l’abri qu’un plouc me reconnaisse peut-être, d’où mes précautions…

- « Très bien commodore. Et donc ? Que me vaut votre visite ? »

- « Comme vous devez le deviner, je souhaiterais acquérir l’un de vos engins plutôt réputés dans nos rangs. Etant donné que j’aurai à collaborer avec la sous-marine sur Grand Line, j’ai eu la permission d’opter pour un submersible. J’ai déjà des fonds nécessaires pour l’acquisition d’un de vos joyaux et votre prix sera assurément le mien. La seule contrainte est clairement l’urgence du moment, raison pour laquelle j’ai éhontément choisi de venir avec le sergent local pour qu’il m’aide à appuyer ma demande… Avec l’aval de son supérieur, bien évidemment. »


C’est avec un ton calme et une gestuelle maitrisée que Violet- excusez-moi, Tina avait répondu à la noiraude qui se trouvait face à nous. Cette dernière tirait sur sa clope en nous toisant d’un air toujours farouche. Elle avait l’air bien coincé, celle-là ! Le genre de workaholic qui n’avait que le travail dans sa vie. Pour peu, je l’aurai plaint là encore, mais puisqu’on était clairement là pour l’entuber et pas qu’un peu, j’risquais pas de compatir ! Un blanc s’était installé pendant un petit moment, avant qu’elle ne reprenne finalement la parole : « J’ai quelques engins déjà prêts à être livrés effectivement, mais quand bien même nous avons un partenariat quasi exclusif avec la marine, vous paierez le prix fort en fonction de votre choix. » Son ton fut sec et tranché. Pas de fioritures. Pas du tout de discussion à rallonge. Vu que nous faisions apparemment partie de la faction qui lui commandait tous ses navires, elle ne semblait pas une seule seconde douter de nous. Qui plus est, avec la présence de Ben, l’administratif de la marine local qui avait une signature pour ordre du colonel actuel, la dirigeante de la M-Boat n’avait aucune espèce de raison de douter une seule seconde de nous. Le charisme naturel de Violetta jouait également pour beaucoup sur le moment. J’avais bien fait de lui laisser le rôle de la supérieure plutôt que de l’endosser moi-même. Il y avait des moments où le perso principal devait savoir être en retrait.

- « Nelly. Donne un catalogue à la commodore Descharmes. »

Nelly était la jeune secrétaire de Malfada, debout dans un coin du bureau derrière sa patronne. Elle s’exécuta en silence et vint passer une espèce de flyers qui datait de quelques années en arrière, quand ils avaient des clients diversifiés. Depuis que la marine s’adjugeait tous leurs produits dans un quasi-monopole indécent, la société ne se faisait plus chier à faire de la publicité. C’était pas comme si elle était à plaindre de toute façon, puisque le Gouvernement Mondial payait ses engins à de bons prix. L’officière s’empara du flyer, remercia la secrétaire et le déplia pour avoir un visuel des quelques sous-marins qu’ils commercialisaient. Le petit plus chez M-Boat, c’est qu’ils avaient en plus développé une espèce de sonar qui était plutôt pratique dans le genre. Ils avaient en tout et pour tout une dizaine de modèles différents. Cela dit, l’un d’eux me tapa immédiatement à l’œil. Un sous-marin plutôt imposant et qui semblait être leur dernière série -et donc certainement la mieux développée. Violetta les parcourut du doigt un à un jusqu’à ce qu’elle arrive au modèle qui m’intéressa, ce qui me poussa à tousser deux à trois fois pour qu’elle comprenne celui que j’souhaitais acquérir. De son côté, la black me toisa du regard pendant quelques secondes avant de poser son cigare dans un cendrier posé sur son bureau, côté gauche. Elle observa ensuite Tina qui semblait réfléchir longuement. Cinq minutes s’éculèrent ainsi avant qu’elle ne fasse "son choix".

- « Le modèle M-1993. »

- « Comme attendu… »

- « Je vous demande pardon ? »

- « La plupart des marines choisissent ce modèle. L’habitude. Vos options ? »

- « Le maximum de places possibles et de quoi nous défendre, évidemment… »


La directrice sembla cogiter pendant un très court instant, avant de répondre :

- « 200 places maximum. Une dizaine de canons avec des torpilles. La nouveauté est un système de propulsion et de répulsion pour des manœuvres immédiates et urgentes. Le système de navigation, lui, sera basé sur des hélices et votre alimentation se fera à la fois à l’huile de coude et sur une grande quantité de cola. Le tout vous reviendra à 400 millions. »

- « Cela me sied parfaitement, dame Kripke. Nous avons sur nous les fonds nécessaires. »

- « Fort bien. De notre côté, nous avons un submersible déjà prêt à être vendu. A l’origine, il devait être livré à la base de Navaronne, mais un retard de paiement a suspendu la livraison depuis maintenant un trimestre. »

- « Nous saurons nous excuser au commandement de Navaronne en temps opportun, vu que nous leur coupons un peu l’herbe sous le pied ! »

- « Ce n’est pas mon problème honnêtement. Et ce n’est même pas la première fois que vous vous tirez dans les pattes pour être les premiers servis… »
Répondit Mafalda d’un ton sarcastique, un brin amusée par ce phénomène interne chez les mouettes. « Nous pouvons procéder à une visite avant la conclusion de l’accord, si vous voulez bien. »

- « Ce serait avec grand plaisir ! »
Répondit Tina, toujours aussi souriante, avant de serrer la poignée de main que lui tendait la cheftaine des lieux.

Ça sentait bon tout ça…
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C’est quelques minutes plus tard que nous étions descendus des étages du bâtiment principal de la M-Boat pour nous rendre au chantier naval où étaient stockés les submersibles. Là, force était de constater que la surveillance du coin n’était pas d’la gnognotte. Des portes coulissantes et blindées partout, des authentifications oculaires et digitales, des hommes armés çà et là et même quelques marines assignés à la surveillance du chantier naval H24… Autant dire que la M-Boat ne badinait pas avec la sécurité. C’est en traversant tous ces checkpoints, que j’me fis la réflexion d’avoir bien fait d’opter pour la manière douce… Et surement la plus facile de ce point de vue-là. J’échangeai même de longs regards avec Serenity qui devait partager le même avis que moi, tandis que devant nous, Violetta ou plutôt Tina bavardait tranquillement avec Malfada qui semblait apprécier la présence d’une autre femme aussi « forte » qu’elle. Une certaine sororité s’était installée entre les deux femmes, sans doute facilité aussi par le fait que nous avions les moyens d’acquérir le sous-marin qu’elle nous proposait. Même pour la marine, décaisser immédiatement autant d’argent n’était pas évident. Les lourdeurs administratives étaient les principales causes de ces soucis et pour avoir y été confronté en tant qu’aspirant Cipher Pol par le passé, la situation presque inédite de Navaronne et de sa commande ne m’étonnait pas trop…

- « Voilà l’engin. Beau, n’est-ce pas ? »

Nous étions arrivés à un hangar interne plus immense que les autres. Le sous-marin ne mouillait pas encore, mais était positionné sur une structure métallique au bord d’un accès à l’eau. Cela dit, le fait qu’il était encore à l’extérieur nous permettait de constater à quel point il était immense et majestueux. Noire et complètement métallique, la bête devait faire plus de 100 mètres, facilement. Les hélices étaient visibles à l’arrière et quelques canons également. L’engin dégageait une impression d’invulnérabilité que les navires classiques n’avaient clairement pas. On était sur le top du top de la technologie actuelle. Personnellement, je n’avais aucun doute sur le fait que c’était une bonne affaire et un coup d’œil vers les autres me permit de constater qu’ils avaient des regards admiratifs. Seul Ben semblait un peu à l’ouest, mais c’était les effets de mon hypnose que j’avais un peu dilué par la force des choses pour qu’il paraisse un poil plus naturel et ne fasse pas tiquer Malfada qui n’y avait vu que du feu. De son côté, Violetta se pâmait d’admiration pour l’engin. Véritable engouement ou jeu d’’actrice encore une fois ? Va savoir. Toujours est-il qu’elle jouait son rôle à la perfection et que la dirigeante de la M-Boat, malgré son sale caractère, semblait assez flattée des compliments de notre blonde aux formes tellement plantureuses que ça en frisait l’exagération… D’ailleurs, mon petit doigt me disait qu’elle n’était pas insensible aux charmes de la fausse commodore…

- « Bien… Allons visiter l’intérieur du submersible. »

C’est donc en file indienne que nous suivîmes la dirigeante des lieux à l’intérieur du sous-marin qui allait devenir notre moyen de locomotion principale, mais aussi notre piaule fétiche. Et une fois à l’intérieur, l’émerveillement fut au rendez-vous. Il y avait tout ce qu’il fallait. L’endroit était certes un peu exigu à quelques endroits, mais il était tout de même parfait et bien mieux qu’un navire classique. L’éclairage tamisée était au top, les salles de machines où il fallait charger les litres de cola étaient incroyables. La tour de commandement n’était pas non plus en reste et ne parlons même pas des dortoirs, chambres d’officiers et tout ce qui allait avec comme salles d’eau privatives. Le réfectoire pouvait contenir 50 personnes en même temps, les cuisines étaient assez spacieuses et ne parlons même pas des salles où stocker des marchandises de toutes sortes, comme les provisions -même si j’voyais plutôt l’endroit être rempli de babioles et d’objets de toutes sortes pour recels. Durant toute la visite qui dura au moins une heure, Malfada nous présenta minutieusement les pièces une par une, nous décrivit leur utilité et nous fit comprendre comment le tout marchait. Bien évidemment, le contrôle et la bonne marche de l’engin serait dévolu à Hitch, mon lieutenant homme-poisson, mais ce dernier n’était pas encore présent. Cependant, il m’avait assuré maitriser ce genre de machines en sa qualité d’ingénieur naval et j’doutais absolument pas de ses compétences…

Restait plus qu’à conclure rondement l’affaire…

- « Le tout vous convient, commodore ? » Redemanda une dernière fois Malfada à Tina.

- « Absolument. Nous reviendrons dans une heure avec l’argent. Est-il possible que vous puissiez effectuer la mise à l’eau de l’engin pendant ce temps ? Une fois l’achat terminé, nous ne comptons pas nous éterniser à Zaun. »

- « Très bien. J’imagine que je devrais aussi en informer le commandant d’élite Blackwood pour qu’il assiste à la mise en service de votre navire et signe certains documents… »


Sortie de nulle part, cette information provoqua alors un blanc de notre côté pendant quelques secondes, avant que…

- « Ce ne sera point nécessaire. » Répondis-je finalement en brisant le silence. C’était la première fois que je prenais la parole et pas pour rien. « Le commandant est occupé et c’est bien pour cela qu’il a délégué le sergent Sistross à cette acquisition pour tout ce qui concerne les questions administratives. »

- « Je pourrais apposer des signatures pour ordre. Aucun souci à vous faire, Malfada. » Renchérit Ben, toujours sous l’effet de mon hypnose…

Et pas que lui d’ailleurs. En effet, en prenant la parole, j’avais fait usage de mon pouvoir hypnotique pour me montrer persuasif, en espérant que ça fonctionne…

- « Très bien. Faisons donc comme cela. » Répondit platement la dirigeante de la M-Boat, visiblement sous l’emprise de ma capacité qui avait brillamment fonctionné et heureusement ! « Je vais déjà m’occuper de la paperasse avec le sergent Sistross. »

- « Ne vous en faites pas. Nous reviendrons très vite ! » Conclut Violetta, non sans le sourire qui va bien.

Bordel ! C’était pas passé loin…
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Un quart d’heure plus tard, de retour à notre navire temporaire qui mouillait au port…

- « Apparemment, Ben ne nous a pas donné les bons chiffres… » Déclara Serenity, ronchonne.

- « Si. Il a donné une moyenne. Mais vu qu’on a tapé dans du haut de gamme et qu’on est venus à l’improviste, elle a profité pour nous faire casquer. Sacrée Malfada ! »

- « Pourquoi tu n’as pas essayé de l’hypnotiser pour qu’on l’ait gratuitement ? »

- « L’hypnose marche selon des niveaux. Devant une personne faible, tu peux clairement tout lui demander à l’image de Ben qui n’est pas si fort que ça. Pour les personnes plus fortes physiquement ou mentalement, tu peux seulement opérer des suggestions. Avec Malfada, demander un truc gratos aurait eu l’effet inverse… Elle aurait inconsciemment capté le subterfuge et c’était la merde pour nous, sans doute… »


J’eus un petit rire sec. Ça m’arrachait de le dire, mais Malfada était assez forte pour ne pas se faire prendre de bout en bout. C’est bien pour cela que je lui avais suggéré de ne pas appeler le gradé du coin, qui, s’il débarquait ferait certainement tout capoter. Autant dire qu’on a eu chaud. Pour autant, l’idée était de faire très vite, histoire qu’elle ne se rende pas compte qu’il y avait quelque chose qui clochait avec Ben. C’est la raison pour laquelle notre retour sur notre navire provisoire s’était fait très très rapidement ! Une fois notre salle de réunion rejointe dans les ponts inférieurs, le reste de ma troupe m’attendait tranquillement. Ou plutôt anxieusement vu leurs mines… Mais ils furent soulagés lorsqu’ils virent nos tronches tranquilles, d’autant plus qu’on ne venait absolument pas en catastrophes. Pour eux, l’opération s’était globalement bien passée, ce qu’on allait plus ou moins confirmer pas plus tard que dans les secondes à venir…

- « Où sont les billets que j’ai imprimés hier ? » Demandais-je.

- « Ils sont dans des mallettes prêtes. » répondit Jiro. « On en a pour 150 millions de faux billets. »

- « Parfait ! Apprêtez 250 millions en vrais billets et recouvrez les faux ! »

- « Tant que ça ?! »
S’étonna Laylah qui s’attendait également à un prix plus bas.

- « C’est le prix à payer. 2/3, c’est mieux que rien. Et puis t’inquiète pas qu’on va se refaire. Question de temps… »

Circonspects, Laylah et Jiro ouvrirent les quelques coffres forts de la pièce qu’ils surveillaient eux-mêmes pour commencer à remplir les mallettes déjà pleines de faux billets. Pendant ce temps, j’eus un soupir et je m’autorisai une pause en allant me chercher une bouteille de vin que j’me mis à entamer au goulot. Pour être honnête, ça piquait un peu quand même. 250 millions comme ça, au vent ? Ouais, fallait l’faire ! Cela dit, j’étais plutôt content de les pigeonner quelque part. Durant les deux derniers jours, j’avais fait usage d’une imprimante bricolée depuis le nid des vaches pour produire des faux billets en petites coupures. Le poids du papier, les filigranes, la texture, la peinture, le dessin… Tout avait été effectué au millimètre près… Un travail d’artiste, quoi. Ou plutôt de faussaire chevronné qui avait roulé sa bosse dans la confection de faux billets, tant au sein du Gouvernement Mondial qu’en dehors.

- « Hitch, tu nous suis cette fois-ci. T’es le seul à pouvoir piloter l’engin. Prends un uniforme de sous-officier et éventuellement une casquette que tu doubleras d’une capuche. »

L’homme-poisson ne tarda pas à s’exécuter à son tour. D’ailleurs, je donnai le même ordre à une cinquantaine de larbins qui firent rapidement la même chose en allant revêtir des uniformes d’hommes de terrain. Notre passage allait soulever des questions, mais la descente de marines de navires banalisés n’était pas quelque chose de très rare, in fine. De toute façon, celui qui s’amuserait à nous démasquer le ferait trop tard, à moins qu’on ne tombe sur un os en cours de route. Il n’y avait plus qu’à prier pour éviter un coup de malchance ! « Laylah, pendant ce temps, toi et Jiro allez superviser l’endroit. Dès qu’on descend, commencez à lever l’ancre pour une manœuvre rapide. Qu’importe l’issue, faudra prendre le large rapidement. Avec ou sans nous. » Les deux lieutenants acquiescèrent sans rien dire. Cinq minutes plus tard, les valises pleines à craquer étaient prêtes. De vrais billets recouvrant des faux billets par milliers.

Tous mes hommes furent également prêts à nous accompagner au chantier naval.

Parfait ! Plus qu’à les couillonner et se barrer fissa d’ici !
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Une heure plus tard, de retour au chantier naval…

- « Vous avez fait vite ! » S’exclama Malfada, étonnée.

- « C’est comme je vous l’avais dit. Notre situation est assez urgente. D’ailleurs, c’est vous que nous remercions d’avoir accédé à notre requête égoïste et pressante ! » Répondit Tina (Violetta) en pouffant de rire.

Malfada resta stupéfaite, puis fit signe à ses hommes de main (présents cette fois-ci pour la transaction) d’ouvrir les mallettes floquées du logo de la marine. Au nombre d’une dizaine, ces derniers ouvrirent les contenants, prirent quelques liasses qu’ils passèrent sous des détecteurs de faux billets. Evidemment, il n’eut aucune sonnerie ou aucun bip. Les billets qu’ils avaient testés étaient les vrais. Après quelques essais qui durèrent plusieurs minutes, les vérificateurs, apparemment rassénérés, se mirent à compter l’argent. Ils n’y virent que du feu entre les vrais et les fausses coupures qu’ils eurent à toucher, palper et compter dans tous les sens. Au bout d’une quinzaine de minutes, ils firent signe à leur patronne que le compte était bon. A son tour, la basanée acquiesça et leur fit signe d’aller ranger cet argent certainement dans leur coffre-fort. Et, pendant qu’ils s’en allèrent de son bureau avec l’argent, Malfada nous présenta les documents qu’elle et Ben avaient signé. Tous les titres de propriétés et permis y étaient, tout simplement…

- « Vous pouvez les parcourir tranquillement. »

Et c’est ce que fit alors Violetta. Trop de précipitation serait suspect, raison pour laquelle elle prit son temps et lut toutes les clauses, mentions et déclarations que comportaient ces documents. Là encore, un gros quart d’heure s’en suivit avant qu’elle n’ait un sourire et ne s’empare à son tour d’un stylo non loin pour signer tous les documents dont leurs photocopies que M-Boat allait certainement garder en cas de litiges. Puis, lorsque la commodore Tina finit de signer la paperasse, Malfada récupéra les photocopies, rangea les originaux dans des chemises et les tendit à notre supposée cheffe. En prenant le tout, cette dernière tendit sa main pour échanger une poignée. « Ravie d’avoir fait affaire avec vous, Malfada. » Cette dernière eut un sourire franc pour la première fois et répondit également : « De même commodore. Il ne reste plus qu’à aller à votre sous-marin. Nous l’avons mis à l’eau et nous nous sommes permis de peindre le nom que nous lui avons donné. » Ah oui… Vieille tradition des ingénieurs navals… Pourquoi pas hein !

- « Oh ? J’ai hâte de voir ça ! »

Et c’est ainsi que nous fumes escortés jusqu’à l’un des docks de leur chantier naval où était stationné notre précieux ! Encore plus majestueux lorsqu’il flottait à l’extérieur ! Ça c’était une bête ! 250 millions hein ? Worth it ! La déception d’avoir dépensé autant fit place à une joie certaine ! Et sur la coque avant, nous pûmes enfin voir le nom : "Nautilus II". Classique certes, mais pas mal ! Il y avait pire ! On allait s’en contenter, heh ! Devant le gigantesque engin, Hitch se dépêcha de s’y engouffrer ; plus par excitation et par curiosité que par réelle envie de se barrer fissa. De son côté, Serenity passait un appel discret via escargophone portatif à Laylah et Jiro pour qu’ils lèvent l’ancre, parce que le plan avait fonctionné fort heureusement ! Les deux lieutenants ne se firent pas prier pour quitter le port hostile de Zaun. A moins d’un impératif, j’me promis également de ne plus jamais remettre les pieds dans cet endroit paumé de North Blue. J’en avais connu des endroits, mais celui-là, il était vraiment moche. Moche, con, ennuyant et tout ce que vous voulez. Autant dire que j’étais bien content de me barrer d’ici enfin ! La belle vie quoi.

- « Nous pouvons procéder au baptême de votre sous-marin si vous vou- »

- « Non merci ! » Coupais-je Nelly, la secrétaire de Malfada qui avait pris la parole pour nous proposer certainement un baptême suivi d’une réception et tout le tralala qui allait avec… « Nous avons malheureusement à faire Permettez-nous de nous en aller s'il vous plait. » Dernière dose d’hypnose pour les inciter à nous laisser partir sans trop de cérémonials.

- « Comme mon lieutenant Blinks vient de le dire, nous préférons rallier rapidement notre destination. Un long voyage nous attend jusqu’à Grand Line et vu que tout a été administrativement bouclé… » Fit Tina, sourire radieux aux lèvres.

Et là-dessus, nous exécutâmes tous un salut militaire, bien marine, bien vrai comme il se doit.

- « Au plaisir Malfada. Sergent, transmettez également nos remerciements à vos supérieurs ! » Clama-t-elle à l’égard de Ben qui nous avait suivi dans tout le processus. « Sur ce ! »

C’est sur ces réponses que nous nous engouffrâmes dans le sous-marin… Qui, cinq minutes plus tard, sous le commandement de Hitch amorça sa sortie du dock sans aucun problème.

Un quart d’heure plus tard, le Nautilus II avait disparu dans les eaux territoriales de Zaun… Et le navire avec lequel nous avions accosté avait également disparu au large…

Une mission un poil chère, mais rondement bien menée !
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Le soir même, à la M-Boat…

- « UNE PERTE DE 150 MILLIONS ?! VOUS VOUS FOUTEZ DE MA GUEULE ? »

- « E-En passant le portique détecteur de faux billets qui mène aux coffres-forts, ça a bipé très fort… »
Bégaya l'un des hommes de main...

- « Et donc, on a prix sur nous de revérifier toutes les coupures parce qu’on comprenait pas et… »[/b] Continua un autre, sans réellement pouvoir terminer sa phrase.

Dans sa paluche droite, Malfada brisa son cigare en deux, la gueule plus rouge que jamais et les dents serrées, voire grinçants ! Elle s’était fait avoir. Lorsque l’hypnose s’était dissipée, elle avait appelé par réflexe les commandants Blackwood et Bathory pour expliquer la vente qu’elle avait effectué, mais ces derniers furent étonnés de ce qu’elle racontait, puisqu’ils n’avaient reçu aucune demande et ne connaissaient aucun commodore du nom de Tina Descharmes. Intrigués, Sissy Bathory était allée elle-même interroger à son tour le sergent Ben, mais trouva ce dernier inconscient dans sa chambre. Après un tour dans l’infirmerie de la garnison, ce dernier ne se souvint de rien une fois réveillé, hormis sa rencontre avec un fameux « Nihil » dans un bar, quelques jours auparavant. Les toubibs locaux, via des examens médicaux, n'eurent pas de mal à comprendre que Ben avait été victime d’hypnose, tout bêtement. Une rapide incursion au port de Zaun et quelques interrogatoires des dockers leur permirent de comprendre qu’ils s’étaient tous faits rouler dans la farine, marines comme travailleurs de la M-Boat…

Et comme un malheur n’arrivait jamais seul, c’est à ce moment-là que les hommes de l’armatrice, longtemps confus et gênés, vinrent lui annoncer la perte énorme : un tiers du prix initial.

Autant dire que la pauvre dirigeante faillit devenir folle à force de s’arracher autant les cheveux…

Parce que la perspective d’une poursuite était vaine. Ses arnaqueurs pouvaient être n’importe où…

- « SOIS MAUDIT NIHIL ! SOIS MAUUUUUUDDIIIIIIIIITTTTTT !!!!! »

***

- « Santé à tous ! »

- « Santé boss ! »


C’est au sein de notre sous-marin flambant neuf que nous étions en train de trinquer ! Après une heure de navigation, notre engin avait émergé à la surface pour qu’on puisse récupérer Laylah et Jiro. Quant au navire restant et à l’équipage qui allait avec, je leur avais ordonné de retourner fissa au nid des vaches pour recommencer à travailler. Et c’est ainsi que les deux embarcations se séparèrent au large, l’une fonçant vers Red Line ou plutôt vers l’île la plus proche. C’était décidé, j’voulais me frotter à Grand Line et y faire mes preuves ! Les Blues, c’était bien beau, mais je commençais tout doucement à stagner et il n’était plus question d’y végéter. Néanmoins, une préparation s’imposait tout de même ! On allait devoir prendre le matos qui allait avec à savoir… Un log pose. C’était la condition sine qua non pour pouvoir voyager plus ou moins tranquillement sur cette mer ô combien dangereuse. La perspective enchantait autant qu’elle effrayait toute mon équipe, mais nous étions trop excités et trop heureux de notre coup fumant qui venait de marcher à merveille ! Une sale opération qui risquait encore de faire parler de moi, tiens…

Bah qu’importe… On fait pas d’omelettes sans casser les œufs, hein !
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