Treizes Ors. C’était là, la nouvelle destination de la 888 ème division. Le temps de repos avait été court, tous étaient répartis remplir différent objectif avant que la marine finisse par rappeler la Colonelle d'Élite pour lui attribuer un but : aller se confronter à Ravrak pour reprendre Treizes Ors. L’île était remplie d'intérêt indéniable pour le gouvernement mondial. En ressource, mais surtout en position. Et si la Colonelle d'Élite y allait alors Ada …
“ … Vous suivrez la Colonelle d'Élite dans la prise de Treizes Ors. Les soupçons la concernant ne s’étant pas dissipé, le Cipher Pol veut garder un œil sur elle.
Il y a actuellement une criminelle, prénommée Alice, en cellule dans la Base G-5 que l’on soupçonne d’avoir un lien avec Ravrak. Commencez par là vos investigations sur l’île.
Bonne chance Agent Viper.
Un coordinateur du Cipher Pol.”
Si Ada pensait qu’en passant dans le Cipher Pol 9 on lui laisserait l’occasion de partir venger son père, elle se mettait le doigt dans l'œil jusqu’au coude. Le Cipher Pol n’avait pas l’intention de lâcher la Colonelle d'Élite avant d’avoir écarté tous soupçons. Et tant qu’il faudrait quelqu’un sur le coup, alors ce serait Ada qui serait envoyée. Elle grognait déjà en repliant la lettre d’une main.
Suite à son affrontement contre la Colonelle d'Élite, elle avait bien sous estimé ses blessures. L'adrénaline de l’instant lui avait fait oublier plus d’une douleur et si elle avait pris un long repos, elle se retrouvait tout de même avec plusieurs côtes fracturées et une luxation de l’épaule. Si elle voulait être remise sur pied pour le départ, elle devait faire attention.
Elle s’alluma une cigarette avant de faire brûler son ordre de mission et le laisser disparaître entre ses doigts. Le dernier bout de papier fut lâché dans un cendrier alors qu’Ada se levait pour aller chercher Pandore. Elle aurait besoin d’elle pour trouver sa prisonnière mais aussi, elle ne voulait pas la laisser seule trop longtemps.
D’un pas rapide, elle rejoignait le bureau attitré à la revenante le temps de sa présence à G-5. Elle toqua deux coups avant d’ouvrir sans attendre d’être invitée. Avec le temps, Ada avait fini par adopter une attitude plus que familière avec la marine. Ou peut-être que cela venait de sa rancune de s'être encore fait massacrer ?
-“ Colonelle d'Élite ? J’aurais besoin de vous pour trouver quelqu’un. Une certaine Alice en prison ici.”
Ada, tout en restant sur le seuil de la porte, attrapait la cigarette qu’elle avait entre les dents pour inspirer un grand coup avant de souffler la fumée en dehors de la pièce.
Alice, qui es-tu ?
Alice qui es-tu?
Feat
Ada
Enfin.
L'action se présentait à ta porte, et il ne te manquait plus que quelques feux verts avant de pouvoir silloner les mers en quête de ta prochaine proie. Le repos avait du bon pour les troupes, mais pour toi qui n'en avait que trop peu besoin, cela était semblable à une torture. Combien de temps avais-tu passé dans ton propre Limbo ? Dans ce Purgatoire séparant la mort et la vie ? Beaucoup trop. Rester là à ne rien faire, ce n'était pas la vie que tu étais désireuse de mener. De toute façon, il n'y avait presque personne à même de t'arrêter désormais. Tu étais libre d'aller où tu voulais quand tu voulais, mais bénéficier du réseau du Gouvernement était toujours un luxe que tu préférais avoir avec toi.
Cela rendait la traque plus simple et excitante.
Cette fois-ci, la cible était une île entière. T'envoyer comme émissaire du Gouvernement sur une île qui jusqu'ici avait été laissé à l'ombre de l'influence de celui-ci, cela ne voulait dire qu'une chose : le Gouvernement était prêt à tout pour s'approprier ses ressources. On envoyait pas une va-t'en-guerre comme toi pour faire de la diplomatie, c'était un fait.
- Vipère. Que sais-tu sur cette île ?
- Les archives et les rapports ne disent pas grand chose. Elle serait protégé par Ravrak, bien que nous n'ayons aucun trace de cette déclaration quelque part. La population sur place est patriotique et sera certainement belliqueuse à notre approche. Mais les ressources que l'on y trouve font d'elle une cible de choix.
Un sourire frappé sur le visage. Soit. Cela n'allait pas être de tout repos. Vipère s'acharnait à amasser le plus d'informations possible et à les trier avant de te ressortir les plus essentiels. D'une certaine manière, tu avais industrialisé ton propre cerveau, divisant tes personnalités en des tâches dans lesquels ils excellaient plus que quiconque. Vipère étant toi, tu étais en quelque sorte ta propre conseillère. Amusant.
Mais ton visage vint à légèrement se crisper, percevant les bruits de pas d'une démarche que tu ne connaissais que trop bien. A la fois complaisante et discrète.
- Ada.
Elle n'avait pas daigné recevoir l'autorisation avant d'ouvrir la porte. Plissant les yeux, tu écoutais ses paroles avant de décider si tu devais la renvoyer sur un lit de mort ou pas. Alice ? A ce nom Vipère vint à se retourner vers Ada pendant quelques instants avant de fouiller à nouveau dans les archives que tu avais fait remonter jusqu'à ton bureau. Bien. Elle avait obtenu ton attention.
- Que ferais-tu sans moi ? Eh. Bien. Allons y et trouvons cette Alice. Je suppose que ton doigté nous sera utile.
Tu t'amusais de son pouvoir qui lui avait été inutile avec toi. Oh sans doute aurait-elle pu s'en servir pour obtenir des informations précieuses, mais son arrogance l'avait condamné à prétendre que tu n'étais qu'une personne parmi tant d'autres. Te levant alors de ta chaise, laissant Vipère revenir en toi, tu vins cependant à marquer une pause.
- Oh. Avant toute chose, laisse moi te présenter Charles. Lui aussi un Agent du Cipher Pol. Il sera à mes côtés désormais.
Redressant ses lunettes et affichant une posture des plus droites, il vint à sortir du coin de la pièce où il s'était posé. Tu avais échangé longuement avec lui, il serait un atout précieux à l'avenir pour toi. Dans un monde où il fallait avoir des yeux derrière la tête, il saurait surveiller tes angles morts. Y compris si l'attaque venait de tes plus proches alliés.
- Agent.
S'assurant que sa cravate ornait parfaitement son accoutrement porteur d'une symétrie quasi parfaite, il plongea ses yeux dans ceux d'Ada. Quant à toi, tu ne pouvais que t'amuser de cet échange silencieux, de cette confrontation muette. Ada avait sans doute déjà comprit. Tu ne laisserai pas un point dans ton échiquier prendre trop de l'importance. Si le Cipher Pol te soupçonnait de quoi que ce soit ou cherchait simplement à faire de toi un futur bouc émissaire pour une quelconque raison, tu saurais les doubler de bien plus d'une manière. Après tout. Ce Charles était-il là pour aussi te surveiller ? Ou pour surveiller Ada ?
Une situation qui promettait d'être amusante.
- Allez. Allons-y.
Never-UtopiaOn était tout droit retournés dans une cour de maternelle. Qu'espérait faire la Colonelle avec une présentation de la sorte ? Un nouvel agent ? Cela ne faisait pas partie de sa dernière missive. Et maintenant, elle se reprochait d’avoir été trop sérieuse et de l’avoir brûlé dans la foulée. Avait-elle manqué quelques lignes ? Non, cela était risible. Surtout qu’au regard de Pandore, Ada se demandait si toute cette scène n’était pas que provocation ? Tout du moins, cela y ressemblait. Et l’Agent Viper aurait pu jouer des heures que cela ne l’atteignait pas, elle sentait son cœur se serrer à l’idée d’être si facilement remplacé sur cette mission. Serrant le poing, se crispant devant le passage de Pandore, suivi de son nouveau toutou, Ada relançait ses blessures qui peinaient à guérir devant si peu de repos et de temps mort. Mais tout cela ne devait rester qu’une jalousie instinctive et animale. Elle ne pouvait laisser ce petit jeu entraver le reste des opérations. Alors elle tira sur sa cigarette une nouvelle fois, avant de tapoter au cul pour faire tomber la cendre sur le parquet ciré du bureau de la Colonelle et de fermer la porte pour se diriger vers les cellules du G-5.
En arrivant dans les sous-sol de la base, Ada se retrouvait devant un marine assis à une table, se tenant juste à côté d’une grille métallique séparant l’entrée de cette prison temporaire du long couloir où donnaient les cellules. Les pieds sur la table, le marine attendait surement que quelqu’un se pointe pour servir un discours de “qui êtes-vous”, “pourquoi êtes-vous là”, au premier approchant, avant d’ouvrir la grille sans vraiment rien vérifier et retourner à son état de somnolence latent.
- “Oui ? C’est pour quoi ?” demandait l’homme en se redressant, un bâtonnet de sucette dans la bouche.
Un manque de sérieux flagrant qui ne manqua pas de faire tirer une grimace à la Kindachi. Mais soit, elle voulait rapidement passer à autre chose.
- “Agent Viper, Cipher Pol 9. Je souhaite voir une prisonnière. Elle s'appelait Alice.”
- “Humm …”
L’homme se penchait sur le côté de son bureau pour attraper un imposant registre poussiéreux. Il l’ouvrait en soulevant un nuage de poussière concentré et tournait les pages jaunis en silence. Puis, au bout d’un moment, il écrasa un de ses doigts sur une ligne avant de clamer :
- “Alice, capturé pendant le conflit du Malvoulant. Cellule 5.”
- “C’est elle, ouvrez nous, ce ne sera pas long.”
- “Humm non, ce sera pas possible.”
- “Comment ça ?”
- “Il est écrit à côté : suspicions de relation avec un empereur, accès autorisé pour les officiers généraux de la marine uniquement. Vous êtes “officiers généraux de la marine” ?”
- “Non je vous ais dis, je suis du Cipher Pol 9.”
- “Alors c’est pas possible.”
Puis il refermait le registre avec un nouveau nuage de poussière. Le marine gardait son calme, tournant dans sa bouche sa sucrerie alors que la colère commençait à monter en Ada. Comment pouvait-elle reprocher à ce garde d’appliquer à la lettre la procédure qui lui avait été donnée. Mais en même temps, elle ne supportait pas de se faire fermer la porte de la sorte par un jeune bas gradé. Son regard frustré se tournait alors vers Pandore, attendant son intervention. Après tout, elle était allée la chercher pour faire face à ce genre de chose.
Alice qui es-tu?
Feat
Ada
Risible...
Même si elle n'en disait rien, tu commençais à connaître ses petites manies. Tu l'avais que trop bien observé ces derniers mois. Contrairement à toi, elle était bien incapable de changer du tout au tout ses manies et ses expressions. L'annonce de la présence d'un autre Agent avait sonné comme un véritable couperet s'abattant sur sa personne. Tu avais eu l'impression d'arracher une glace des mains d'un enfant.
Tu n'allais cependant rien dire de plus à ce sujet. Soucieuse de ne pas tout de suite trop remuer le couteau dans la plaie. Tu saurais t'en amuser davantage plus tard.
Arquant un sourcil, légèrement en retrait, tu marchais alors dans les pas d'Ada. Elle ne t'offrait que son dos et sa démarche légèrement plus empressée qu'à l'habitude. Son pouvoir n'en restait pas moins un outil très utile. Si cela pouvait te donner une avance non négligeable sur ta mission, tu l'utiliserais sans la moindre honte. Il fallait confirmer cette rumeur et envisager l'amplitude des forces ennemies si celles-ci étaient bien existantes.
Une méfiance et une paranoïa exacerbée par l'ancien Boss lui-même. Sans le savoir il avait crée la recette de sa propre déchéance en prenant ta tête. Quelle drôle d'ironie. D'une certaine manière, tu avais hérité de sa propre capacité à planifier à l'avance chaque chose jusqu'aux moindres détails. Ce n'était pas la première personne tu absorbais les compétences, et sans doute pas la dernière.
Finalement, elle se heurta à un mur et pas des moindres. Un homme, un geôlier qui apparemment n'avait pas usurpé le mérite de sa paye. Bien qu'il paraissait manquer clairement de bon sens et de jugeote. Tu aurais laissé volontiers Ada se débattre inlassablement face à lui, mais elle se tourna rapidement vers toi en perdant patience assez aisément. Ne cachant même pas ton sourire et ton air moqueur, tu vins à lâcher un petit rictus avant de t'avancer.
- Ouvrez cette Cellule.
- Vous êtes un officier général de la marine ?
Il ne vint même pas à lever la tête vers toi. Perplexe, Cobra ne mit pas longtemps à se manifester lui et sa gueule béante avant de lever ses crocs comme désireux d'engloutir la tête de ce pauvre homme. Cette fois-ci, il n'y avait plus de question de protocole, simplement d'un instinct de survie primaire qui le poussa à se vider dessus.
- Oh ! Vous êtes la Colonelle Pandore. P-p-pardonnez moi. Je vous ouvre ça tout de suite.
Cobra se ravisa donc. Pas de repas pour lui. L'avantage de ne pas être un agent du Cipher Pol, c'était que la réputation faisait énormément de chose et les accélérait bien souvent.
- Je ne connais pas les limites de ton pouvoir, mais de ce que j'en ai vu... Il en possède. Tu pourras obtenir quelque chose d'elle ? Elle croupie ici depuis un certains temps il faut croire.
Ce n'était là que des déductions basiques basées sur des observations précises. Mais si elle était si confiante dans cette tentative au point de réclamer ton "aide", tu pouvais bien la suivre encore un peu dans son idée. Ada était bien souvent pleine de surprise. Des bonnes comme des mauvaises.
- Si les suspicions sont avérées, je compte sur toi pour lui soutirer l'intégralité de ce qu'elle sait.
Et tu ne parlais pas uniquement de son pouvoir étrange. On formait bien chaque membre du Cipher Pol à l'art de l'interrogatoire non ? Si tu devais te salir les mains toi-même, tu finirais sans doute par obtenir ce que tu désirais mais il n'y aurait plus aucune Alice à terme à emprisonner.
Dernière édition par Pandore le Jeu 26 Sep - 6:10, édité 1 fois
- “La prisonnière a déjà subi un interrogatoire musclé mais elle n’a pas lâché un mot. Si la marine peut se targuer d’avoir des indomptables, les empereurs semblent avoir eux aussi des sujets loyaux.” expliquait Ada en suivant le marine qui les guidait dans le couloir de geôle. “On a demandé mon intervention car mon fruit semble être le dernier moyen de tirer quelque chose de cette femme.”
Le jeune garçon avait pris une torche en main pour éclairer le fond du corridor. C’était là-bas qu’était enfermée la fameuse Alice. Une humidité ambiante donnait laissait un fond de l’air plus que frigorifique. Ada eut un frisson alors que tous s’arrêtaient devant un ensemble de barreau métallique. Depuis combien de temps cette pirate était là ? Dans les rapports, on parlait de plusieurs mois. Mais Ada avait plus que conscience des limites de son pouvoir, et à son niveau actuel, elle n'arrivait pas à remonter au-delà des sept derniers mois.
- “Bon, voilà la prisonnière.” disait le marine en ouvrant la porte de la cellule. “Fai… prenez votre temps.”
Le jeune homme tremblait de froid mais s’était tout de même ravisé devant la présence de l’illustre Colonelle d'Élite. Surement n’avait-il pas envie de servir de repas pour une des têtes féroces de l’hydre.
Au fond de la cellule se tenait recroquevillé une silhouette. Ada avançait prudemment, suivi de Pandore et de son acolyte. A leur approche, Alice se redressait pour tenter de donner un coup à l’Agent Viper, mais cette dernière l’esquiva sans mal et laissa la prisonnière tomber à ses pieds. Elle était dans un bien triste état. Les pieds bleus à cause du froid, les doigts abîmés à force de les gratter contre la roche, des signe de meurtrissure sur le corps, et sûrement encore assez de volonté pour simplement survivre. Mais on pouvait reconnaître que l’agent de Ravrak était tenace.
Ada s’accroupit à ses côtés, saisissant la machoire de la femme d’un main ferme avant de tourner son visage d’un côté comme de l’autre. Des traces de sang séché descendant de ses oreilles comme de la commissure de ses lèvres trahissaient une torture sévère mais ancienne. Les yeux de la jeune fille étaient révulsés à la lumière de la torche. Elle finira sûrement par mourir ici. Le Cipher Pol avait dit vrai.
Confiante en son institution, Ada se contenterait alors de fouiller les souvenirs de la femme comme on lui avait demandé. Le contacte avait été suffisant pour enregistrer l’apparence d’Alice alors elle relachait sa prise en laissant la jeune femme s’écrouler au sol.
- “Sortons. Je n’ai pas besoin de rester à ses côtés pour la suite.”
Ada ressortait alors de la cellule, suivi de Pandore et l’autre agent, avant que le jeune marine ne vienne refermer la cellule d’Alice. Puis, tout en regagnant la pièce d'accueil de la prison, Ada commençait déjà à transitionner vers le renard, puis vers l’apparence d’Alice. Une fois au centre, elle fouillait les souvenirs fouillis de la femme avant de demander :
- “Posez-moi des questions précises, Colonelle d’Elite. Cela m’aidera à chercher plus efficacement dans ces souvenirs. Que voulez essayer de savoir ?”
Alice qui es-tu?
Feat
Ada
Pathétique...
Tu fixais la prisonnière avec un air de dédain qui t'étais propre. Elle n'était plus rien, même pas l'ombre de celle qu'elle aurait pu être. Sous le poids de l'enfermement et des tortures diverses et variées, c'était à peine si tu percevais un quelconque éclat dans le reflet de ses yeux. Ada était apparemment la dernière possibilité pour le Gouvernement de tirer quelque chose de cette coquille vide. Tu n'en étais pas persuadée totalement, mais cela semblait vraisemblablement être le cas.
Tu étais restée silencieuse. Chose rare ces derniers temps. Tu te contentais de laisser ton regard de braise inspecter les gestes d'Ada plus en détails. Quel dommage que tu ne pouvais pas récupérer sa capacité pour toi-même. Tu étais une éternelle apprentie du monde, tu t'emparais aisément des talents d'autrui. Mais il y avait des choses que tu ne pouvais même pas frôler du bout du doigt et cela était frustrant. Faire sans n'était pas un drame mais, faire avec aurait été sans doute source d'extase.
Plissant les yeux, tu cherchais du regard celui d'Alice une dernière fois. Vu son état, il ne lui restait plus beaucoup d'espoir. En refermant cette geôle, tu la condamnais à tout jamais. Et tu n'en avais que faire. S'il lui restait encore un peu de fierté dans cette enveloppe inanimée, elle mettrait elle-même fin à ses jours sinon, le temps s'en chargerait de lui-même.
Soupirant alors, tu fixais le spectacle d'Ada. Cette fois-ci elle ne s'était pas évanouie. Bien. Tu avais été assez claire avec elle la dernière fois. Tu ne la traînerais plus jamais de toi-même jusqu'à un quelconque lit d'hôpital. Cela devenait bien trop redondant sur le long terme.
- Tu semblais pourtant bien savoir chercher seule lorsque tu t'étais amusée à utiliser ton petit pouvoir sur moi.
Une dernière pique. Sa frustration d'aujourd'hui n'était que la résultante de ses actes passées. Tu avais été claire avec elle. En utilisant son pouvoir sur toi, il y aurait des conséquences. Elle avait déjà subit celles physiques. Aujourd'hui elle commençait à entrevoir le reste.
- Qu'importe. Je veux connaître son rapport de subordination exacte avec l'Empereur. Les missions qu'elle a réalisé pour son compte. Chaque nom, chaque visage, je veux tout savoir sur les relations qu'elle a pu avoir avec d'autres soldats de Ravrak.
Il n'y avait aucune mauvaises informations en l'état. Vous n'en saviez que trop peu sur l'une des têtes les plus primées des Mers. La quête d'information était tout autant primordiale que celle de la puissance. Les deux étaient nécessaires pour conquérir ces mers, et tu ne le savais que trop bien. Une leçon acquise et maîtrisée directement sous la tutelle du Boss. Léchant tes lèvres à cette pensée, tu revins à tes questions.
- Retrace moi son parcours, de l'île la plus éloignée chronologiquement que tu es capable d'obtenir à la plus récente.
Ton regard brillait quant à lui d'une certaine ingéniosité. Avoir autant de personnalités dans un si petit crâne, cela permettait de réfléchir vite, très vite. Mais surtout d'imaginer le monde sous presque l'intégralité des angles possibles. Ada était capable de se remémorer des souvenirs qui n'étaient pas les siens. Toi tu étais capable de te les imaginer.
- Et je veux une analyse de ta part. A quelle point tu penses qu'elle était importante pour ce cher Empereur ?
En fonction de la réponse, tu commençais doucement à t'imaginer un plan assez cruel, même pour un soldat du Gouvernement Mondial. Alice n'était plus qu'un être sans volonté, mais cela ne voulait pas dire qu'elle était totalement inutile. Encore fallait-il le confirmer.
Si Pandore aimait jouer à la maline, Ada avait rapidement compris que la marine n’avait en réalité aucune idée de comment marchait son fruit. Une pensée rassurante et à la fois fatigante. Elle n’avait pas envie de lui expliquer en détail le blocage qu’elle avait rencontré lorsqu’elle avait touché, cela n’aurait fait que renforcer l’égo de la nouvelle personnalité de la Colonelle d'Élite. Alors elle soupirait simplement à la remarque de la marine.
Elle fermait les yeux pour commencer à chercher. Une fois les mois de captivité passés, il ne lui en restait plus tellement de liberté. Et en remontant le plus loin, elle ne trouvait qu’un vague souvenir d’un échange avec Ravrak sur son navire. Une mission …
- “Ravrak lui a demandé de lui remonter les activités du Malvoulant. L’empereur de l’équilibre semblait méfiant vis-à-vis des actions de Teach. Alice était son agent de confiance pour recueillir des informations à travers le monde. C’était son espion …”
Des échanges simples, une petite tape sur l’épaule et la jeune femme repartait en mission. Elle prenait des bateaux, rencontrait des informateurs. Mais elle n’atteignait pas l’un d’eux.
- “Elle a été capturé par le Cipher Pol 9 avant de rencontrer son informateur.”
Elle était indépendante et discrète, si bien qu’elle ne remontait à Ravrak que pour lui faire ses rapports. Mais rien n'était véritablement exploitable dans la configuration des choses. Ada n’avait pas encore assez de puissance pour pousser son pouvoir plus loin que les sept derniers mois.
- “Elle ne laisse pas de trace, elle ne dit à personne où elle va. Je ne la vois rencontrer personne d’autre que son Yonkou. Ravrak lui-même ne peut converser avec elle que lorsqu’elle le contacte. Il ne doit pas savoir pour sa captivité mais avec la mort du Malvoulant et l’absence de retour de son espion, il doit se douter de sa mort ou de sa capture.” puis elle ouvrit les yeux, le regard fixant le sol pavé. “Je n’ai accès à rien de plus. Cela fait trop longtemps qu’elle est captive.”
Mais il était clair d’une chose, Alice était un agent de confiance du gardien de l’équilibre. Sans elle, il perdait une grande partie de sa faculté de renseignement sur le nouveau monde ou sur les actions des autres empereurs. Il était aveugle depuis un moment maintenant.
- “Je pense que sans elle, Ravrak sera bien moins réactif. Elle était son temps d’avance. Il a perdu en influence dès lors qu’elle s’est fait capturer.”
Alice qui es-tu?
Feat
Ada
Finalement pas grand chose...
Pensive, tu laissais les détails à Vipère qui fonctionnait comme une acharnée, siégeant littéralement dans tes arrières pensées. Plissant les yeux, tu fixais l'Ada sous les traits d'une autre, vêtu d'un costume de chair improvisé. Cette fois-ci elle ne s'était pas effondrée, elle n'avait pas marqué de problème. Son récit semblait pour autant contenir quelques trous bien qu'on ne pouvait s'en rendre compte qu'en sachant sa duperie initiale. Intéressant.
- Personne n'est irremplaçable. Penser que l'on arrive Empereur en se laissant affaiblir de la sorte ne serait-ce qu'un seul instant. Elle ne doit pas être la seule personne de confiance aux ordres de Ravrak avec les même talents.
L'arrogance. Une arme subtile qui n'avait pas encore coûté la vie à l'Agent. Pas encore. Penser contrôler la situation avait été la première erreur face à la Cabale. Espérer pouvoir reprendre le contrôle avait été la seconde. Des vulnérabilités que tu avais très vite comblé en revenant à la vie.
- Son influence est la même qu'avant.
Cette fois-ci ton regard se faisait plus grave. Il n'y avait absolument rien d'intéressant à ce que te disait Ada en réalité. L'on ne batissait pas un Empire aussi puissant à même de tenir aussi longtemps en mettant tout ses œufs dans le même panier. Par contre, en changeant ton fusil d'épaule, tu commençais à peindre un certain fil rouge à respecter menant potentiellement à la victoire. Ce n'était qu'un brouillon, mais Vipère s'acharnait pour en faire un chef d’œuvre.
- Par contre. Nous pouvons nous servir d'elle. Tu penses que Ravrak est du genre sentimental ?
Finalement la nature assez obscure de cet homme était la principale clé de voûte de ton approche. Si tu arrivais à la déterminer, à te la dessiner avec précision, alors tu saurais faire de lui ta prochaine conquête, au même titre que le Boss et bien d'autres avant lui. On t'avait demandé de prendre Treize'Ors, d'en sceller les premières démarches que ce soit dans la parole ou dans le sang. Mais te confronter à un Empereur... S'en était excitant. Pour progresser il fallait toujours viser le plus grand des sommets possibles, et tu n'en voyais aucun autre d'aussi imposant pour le moment.
- Je m'assurerai qu'elle reste à notre disposition pour les prochains temps. Hors de question de lui dérober des mains le possible rôle de sa vie.
Cela allait à l'encontre des protocoles établis mais tu avais assez d'influence et d'esprit pour les outrepasser. Les joies du grade et de la renommée.
- Bien. Assure-toi de garder son apparence de côté.
A cela tu souriais à plein dents faisant peut-être comprendre à Ada que tu en savais plus que ce que tu n'en avais laissé paraître. Vraiment ? Peut-être pas ? Certainement. Qui sait ? Dans tout les cas, cela voudrait dire que l'autre Agent qui lui était resté dans ton ombre tout ce temps avait bien fait son travail. Puis, tu lâchas tes ordres au pauvre geôlier, lui ordonnant qu'il ne lâche pas cette Alice des yeux. Mieux, qu'il lui réserve double ration et qu'il soit aux petits soins avec elle.
- Oh et continuez à faire votre travail. Ne laissons pas autre chose que des officiers de la marine mettre leurs mains sur nos prisonniers.
A cela tu riais avec tout le sarcasme possible avant de te diriger vers ton bureau, préparant le départ très prochain vers le chapitre suivant de ta carrière.
L’attitude de la Colonelle d'Élite troublait Ada toujours plus. Elle avait dû mal à comprendre ce qui avait transformer la femme de la sorte et lui avait fais perdre une partie de sa raison. Ses rires, ses moqueries, ses provocations. Cette impression latente que tout n’était que décevant à ses yeux. Malgré la grande intelligence stratégique dont elle faisait preuve, ne passait-elle pas à côté de l’essentiel ?
- “Tous les empereurs sont sentimentaux, c’est comme ça qu’ils ont construit leur empire. Et c’est ce qui les a rendus légitime à s’opposer au Malvoulant. Ravrak ne vaudrait pas mieux que Teach s’il abandonnait cette femme en la remplaçant par un nouveau pirate à peine la communication rompue. N’imaginez pas qu’ils sont aussi organisés que peut l’être le gouvernement et qu’ils ont à la pelle une dizaine d'hommes formés et efficaces près à remplacer leur supérieur s’il venait à disparaître. Ils sont bien moins nombreux et leur force repose sur des individualités. A chaque perte, cela leur coûte de l’influence.”
Et Alice plus que d’autre car elle était les yeux de l’équilibre. Ses yeux, ses oreilles et sa voix. Un empereur aveugle, n’était-ce pas ce qui permettrait à la Marine d’avoir un temps d’avance pour prendre Treize Ors ?
La colonelle était partie accompagnée de son acolyte, laissant Ada reprendre son apparence normale. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander si tout cela avait encore un sens. Son pouvoir était compétent, elle l’avait prouvé plusieurs fois. Mais sur la Colonelle, il n’y avait rien à faire, cela n’avait pas fonctionné. Ce n’était plus une question de puissance. Il n’y avait rien. Et cela ne faisait que la conforter dans la disparition de l’ancienne Pandore, remplacée par une nouvelle entité méprisante. Mais étrangement, son allégeance ne semblait pas avoir changé bien que son rapport à ses alliés soient dorénavant plus … bestial. Un nouveau rapport au Cipher Pol se faisait donc nécessaire. Tout comme au NOM.
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