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Eradication des Niveleurs partie III

Partie précédente:

- Voici Martha, fit l'homme qui organisait la visite des lieux à Wolt en désignant la femme qui tenait la pharmacie. De taille moyenne, elle avait la cinquantaine passée et des mèches grises qui lui encadraient le visage. Elle sourit, hocha la tête, mais ne s'aventura pas à intervenir dans la discussion. L'espion lui rendit la politesse, tout en restant à l'écoute de son interlocuteur. Bon, tu vas dans le rayon, tu attrapes une boîte de Molicrane, en 1000 et tu l'apportes au comptoir. Tu lui dis "Ouvrir l'œil, et le bon" et elle te fera passer dans l'arrière boutique, allez suis-moi, l'invita-t-il.
- Pourquoi cette phrase, fit innocemment le blond.
- Tu l'découvriras bien vite, se moqua l'homme, alors qu'ils se dirigeaient vers la zone qui, selon les informations glanées par l'agent Wolt, conduirait au réseau de sous-sols constituant le quartier général des Niveleurs.

L'arrière boutique était composée de quatre rangées de deux grandes étagères sur lesquelles le stock était entreposé. Dans le fond, la pièce perdait de l'espace à cause d'une pièce dissimulée derrière une porte fermée à clé. L'homme s'y présenta, avec Wolt qui lui emboîtait le pas. Il s'arrêta net, puis frappa avec la seconde phalange de son index, deux coups enchainés rapidement, une pause et un troisième. Il patienta. Les deux hommes échangèrent un bref regard, avant qu'ils n'entendirent le mécanisme de la porte de se mettre en action. Les deux se raidirent, jusqu'à ce qu'enfin la poignée ne s'abaisse et qu'ils découvrent un homme aux cheveux longs, un blond qui s'était fait des dreadlocks lui arrivant aux genoux. Derrière lui, des escaliers s'enfonçaient dans l'obscurité. Le rythme cardiaque de l'espion s'accéléra légèrement. Après soixante-et-onze marches très exactement, ils atteignirent le niveau moins un. Une lumière blanchâtre, faible émanait d'une ampoule autour de laquelle dansait un papillon de nuit hésitant.

Là, ils arrivèrent dans une pièce rectangulaire, dans laquelle trois personnes travaillaient assembler les composants de bâtons de dynamites et autres bombes artisanales. Derrière leur petit pupitre, ils s'affairaient presque à la chaîne, travaillant à une cadence ahurissante. Leurs gestes étaient millimétrés, leur dextérité sans égale. 

Une production à haute cadence, cela signifie certainement que le jour J est pour bientôt, se dit l'espion qui, professionnellement, faisait mine d'être heureux de ce qu'il voyait. 

- Si ça avait été deux vrais soldats, j'aurais été ravi d'les faire péter, avança Wolt en mémoire de son test qui s'était conclu par un piège de Jonathan Nivel. Que devrais-je faire ? Se hasarda-t-il à demander. Le trentenaire ne reçu qu'un grognement en guise de réponse, ainsi qu'un mouvement de main l'incitant à suivre la marche. 

Au bout du quadrilatère, alors que se trouvait là un mur bien lisse, l'homme décala l'horloge et se dévoila une poignée qu'il abaissa, déclenchant un mécanisme complexe. Aussitôt, le mur s'enfonça d'un demi centimètre et une porte s'ouvrit sur une seconde pièce, à peine plus grande que la première. Cette fois-ci, c'était un amoncellement de caisses et de tonneaux, foisonnant d'explosifs en tous genres. 

- C'est le stock, fit sobrement l'homme qui présentait les lieux au nouveau Niveleur. 
- Impressionnant, ce contenta-t-il de constater.
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Wolt scruta les murs, instinctivement, mais cette fois-ci nulle pièce secrète ne lui fut dévoilée. L'homme lui lança un calepin, un crayon à papier et un haussement d'épaule presque désolé.

- Va falloir qu'tu fasse l'inventaire, lui annonça-t-il, comme s'il le vouait à la pire tâche possible. Faut qu'tu comptes chaque mèche, chaque tête explosive, chaque détonateur, le boss veut 0 marge d'erreur, reprit-il l'air grave. Tu notes tout, dès qu't'as fini tu toc à la porte pour revenir en arrière, c'est bon ? 
- Entendu, je vous fais signe dès que j'ai terminé, répondit sobrement Wolt. 

L'homme s'en alla et laissa le nouveau à son dur labeur. Méthodiquement, satisfait même de pouvoir faire l'inventaire de la puissance de feu de l'ennemi, l'espion envoyé par le Gouvernement Mondial fit des merveilles. Inspectant chaque caisse, chaque tonneaux et faisant attention au plus petit détail, il avait répertorié à quoi ressemblait les explosifs et leur nombre. Appuyant très fort sur la mine de graphite, au risque de la rompre, il avait intelligemment décalqué sa prise de note sur une seconde feuille. Il la déchira et la glissa dans l'une des poches de sa veste. La prise d'informations, était l'un des rôles essentiels du Cipher Pol. Pendant la longue formation menant au poste d'agent, celle-ci était l'un des piliers de l'apprentissage. Etrangement, à mesure que les agents prenaient du galon, ils avaient la fâcheuse tendance à oublier leurs fondamentaux et à troquer discrétion et récolte d'informations par les entrées fracassantes et combats dantesques. 

La traîtresse Annabella Sweetstrong, ex-directrice du Cipher Pol Neuf en était le parfait exemple. Le fruit des tremblements n'était, à priori, pas l'apanage des personnalités les plus discrètes. D'autres exemples, en nombre, pouvaient appuyer ce constat. 

Wolt lui, était de ceux qui préféraient soigner leurs acquis, avant de s'éparpiller en poses charismatiques et autres frivolités. Ainsi, il mena à bien sa première mission dans le camp adverse en moins de temps que l'homme ne l'avait prévu. Aussi, il avait pris une chaise et s'adossait contre le mur avec le dossier, laissant les deux pieds avant dans le vide. Il attendait, sa mission à lui étant de jauger la fiabilité et les compétences de la nouvelle recrue. Ayant prévu environ une heure pour l'inventaire de l'espion, l'homme s'était perdu dans ses pensées, se remémorant quelques blagues racontées entre camarades anarchistes. Aussi, lorsque Wolt toqua à la porte, il fut surpris et ne s'attendait pas à pareille rapidité. Etonné, il attendit que le faux révolutionnaire ne réitère son signal, pour se redresser et lui ouvrir. Alors qu'ils se retrouvèrent nez à nez, l'espion replaça ses lunettes d'un doigt.

- Vous trouverez ici mon comptage, puis-je servir à autre chose ? L'homme hésita un instant.
- Je pense que tu peux remonter, un gars, Timer, vas te donner des instructions. Sinon, soit là demain matin à 4h20, ça pique mais on aura besoin d'toi. Allez, file !
- Oui monsieur, fit Wolt en tournant les talons et se dirigeant vers l'étage supérieur.

Cela ne va pas être une partie de plaisir non plus, se dit-il en constatant la méfiance dont pouvait faire preuve les membres du groupe suivant les idéaux extrémistes de Jonathan Nivel.
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Lorsqu'il revint au rez-de-chaussée, là où Martha distribuait médicaments et décoctions destinés à lutter contre divers maux, celle-ci paraissait ne pas trop savoir quoi lui dire. Wolt esquissa difficilement un léger sourire. Cherchant à droite et à gauche, il ne voyait aucun homme dans la boutique. Alors, il s'avança d'un pas lent vers le comptoir de la dame.

- Bonjour Martha, je suis Wario, Wario Bros et on m'a dit de demander Timer, vous savez où il peut bien se trouver ? Elle lui répondit un sourire gêné, dans un premier temps, avant de dévoiler une voix douce, apaisante et empreinte d'empathie.
- Monsieur Timer se trouve là-bas, fit-elle en désignant un petit réduis dissimulé derrière sur le mur de droite. Malgré son air qui en disait long, Wolt fut quelque peu négligeant. 

L'espion s'élança aussitôt dans la direction indiquée et, d'une traite, traversa la boutique. Il se trouvait à quelques centimètres de la porte et, alors que ses phalanges allaient cogner la porte, il entendit une détonation gastrique absolument immonde. Un enchevêtrement de gaz et de selles explosives, qui le dégoutèrent aussitôt. S'il avait été un peu plus attentif, il aurait su lire dans le regard de Martha, car ses yeux criaient "N'y vas pas malheureux". Non pas qu'il soit précieux, mais l'espion était désormais habitué aux bonnes manières, côtoyant des professionnels du Gouvernement Mondial, les bruits et les odeurs du bas peuple l'incommodaient souvent. Le trentenaire se ravisa de toquer et attendit patiemment que le fameux Timer se soulage les intestins. Quelques minutes plus tard, alors que l'on aurait pu croire à un Buster Call dans les toilettes de la pharmacie, un homme d'une soixante d'années bien tassés en sortie triomphant. L'odeur vint avec lui, soulevant le cœur de l'espion qui garda la face autant qu'il le pouvait. L'homme n'était pas très grand, rachitique, chauve et une barbe négligée. 

- Monsieur Timer ? Tenta Wolt qui n'avait eu qu'une envie, celle de revenir le lendemain matin.
- Ouais, c'est Pitivier qui t'envoie ? Dit-il en envoyant sa main pour serrer celle de l'espion. 
- Tout à fait, commença l'espion en refusant délicatement la poignée de main, n'ayant entendu aucun lavage de main. Il m'a dit de voir avec vous s'il vous restait une mission pour moi.
- Hum... fit-il en se grattant le sommet du crâne. Ouais.. brup, rota-t-il en envoyant des relents peu ragoûtants. Désolé, les épices de Kanokuni, moi je n'les supporte pas trop.. ça m'a mis en vrac, se justifia-t-il. J'ai besoin qu'un gars aille sur le port et observe les arrivées et départs des navires de la Marine, y'a Ponam qu'a la chiasse depuis c'matin, il n'est pas à son poste. 
- Alors je m'en occupe.
- Tu pourras pas te tromper, faut que tu te diriges vers le bar "Chope-la" et que tu te fondes dans le décor. Tu regardes les passants, tu fais mine d'attendre quelqu'un, de mendier un truc ou tu joues aux dés avec les parieurs. Tu n'as qu'à observer, jusqu'à 20h histoire qu'on sache ce qu'il en est de la surveillance du port. Capiche ?
- Oui monsieur, j'y vais de ce pas.
- Moi c'est Timer mon garçon, fit-il avec un sourire jaunit pas la saleté. 
- A ce soir 20h monsieur, reprit militairement l'espion.
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Wolt était resté en planque pendant toute la durée de la mission qui lui avait été donnée, sans se plaindre ni même se révéler impatient. Agent double, son rôle d'observateur lui collait à la peau depuis son arrivée à Las Camp. Sa capacité d'analyse couplé à sa patience lui permettaient d'être extrêmement efficace dans ce genre de situation, son infiltration réussie en était la preuve. Cependant, il ne perdait pas de vu l'objectif final de cette mission : l'assassinat de Jonathan Nivel et l'éradication des Niveleurs. Derrière son costume de monsieur-tout-le-monde, le blond était également un homme d'action. Il ne lui manquait plus que l'occasion de jouer de son rokushiki pour se dégourdir les muscles, chose qu'il espérait voir venir assez vite. Mais sa cible ne lui était toujours pas apparu, l'anarchiste rouquin était prudent, très prudent.

Alors qu'il était revenu auprès de l'homme qui lui avait fait passer son test, Timer, les deux hommes échangèrent quelques mots dans l'arrière boutique de la pharmacie. Là, à l'abri des regards car le rideau était baissé, Wolt lui fit son rapport. Un compte-rendu parfaitement exécuté, complet et exhaustif qui fut saluer par le responsable du recrutement. Le nouveau Niveleur était efficace et cela fut remarqué. Après une poignée de main franche, l'espion s'en alla. Méthodologiquement, il pris soin de rendre caduque toute potentielle filature en zigzaguant dans les ruelles pendant presque quarante minutes. Alors, lorsqu'il fut sûr et certain qu'aucun regard inquisiteur ne se portait sur lui, il grimpa sur un toit et disparu, à coups de Soru.

Agréable, se disait-il en sentant l'air frais de la nuit lui caresser le visage, alors qu'il se déplaçait avec une célérité surhumaine. 

[...]

Deux semaines plus tard, Las Camp


La quinzaine qui suivit ne vit pas vraiment de grands changements s'opérer. Wolt était cantonné aux basses missions, principalement de l'observation et de la prise de notes. Le trentenaire était quelque peu frustré, bien qu'il sache pertinemment que tel était le lot de ceux qui s'infiltrait dans les lignes ennemis. Lorsqu'il était encore agent en formation, il avait été subjugué par l'abnégation de certains vétérans du Cipher Pol Six, devenus formateur, leurs racontant des mois, des années voir des décennies d'infiltrations chez les Révolutionnaires. Bien qu'il n'avait pas forcément vocation à emprunter le même chemin, une telle prouesse forçait son admiration. Il rongeait alors son frein, comprenant la difficulté de la mission dans laquelle il s'était embarqué. Le moindre faux pas aurait pour résultat la mort, ou l'échec de la mission. Or, il préférait de loin le trépas à la seconde option. Ainsi, il fit la petite main deux longues semaines durant, restant aux ordres de Timer. La routine de l'agent gouvernemental était désormais bien établie, il effectuait ses tâches quotidiennes pour les Niveleurs puis, la nuit, il rédigeait ses rapports à destination de ses Coordinateurs. Ancien gratte-papier de l'institution, avant de devenir agent de terrain, il s'acquittait de ses rédactions comme un métronome, réglé comme du papier à musique. 

Dans la semaine, il rendait régulièrement visite à l'agent de liaison qui lui permettait de faire remonter les dossiers jusqu'aux bureaux du Cipher Pol Deux, sans qu'il n'ait à le faire lui-même. Ainsi, nulle trace de denden dans sa planque, rien ne pouvait le trahir si celle-ci était fouillée. Le plan était parfaitement ficelé, mais n'en était pas moins difficile à tenir. Sous pression constante de commettre une erreur, Wolt dormait peu et était en hypervigilance. Un état qu'il maintenant depuis désormais près d'un mois, ce qui n'allait pas l'aider. A mesure que la mission s'allongeait, son niveau de difficulté augmentait, à moins qu'il parvienne à mieux se reposer. Heureusement, il avait encore quelques réserves, son entraînement d'agent lui permettait de tirer encore quelque temps, son corps et son esprit le lui permettaient encore. 
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- J'ai donc votre accord ? Demanda Jonathan Nivel à son interlocuteur
- Bien entendu, répondit le marchand, qui se tenait face à lui. Les deux hommes se trouvant à bord de son navire de fret de marchandises.
- Alors c'est un grand pas vers notre Idéal, vous êtes un brave, le félicita le rouquin.

Ainsi, l'anarchiste venait de conclure un marché ô combien important pour ses projets terroristes. Le marchand qu'il avait rallié à sa cause avait une flotte de navires de fret, dont certains approvisionnaient les ports du Don des Saints. Ainsi, le borgne à l'œil bionique s'était arrangé pour entrer sur l'île qu'il souhaitait rayer de la carte. Du temps où il s'agissait encore du Troop Perdu, terre du traître Tahar Taghel, il ne s'y rendait déjà pas. Mais lorsque leur Sainteté les Yonesku ont jeté leur dévolu sur cette île qui faisait tâche, son sang n'avait fait qu'un tour. Ce fervent opposant du Gouvernement Mondial ne pouvait laisser des Dragons Céleste s'installer si près de lui. Alors, il avait imaginé un attentat visant la demeure des Yonesku, pour, à défaut de les éliminer, les faire fuir une bonne fois pour toute. Un projet dont le taux de réussite pouvait paraître nul, à cause de la présence de la Marine conjointement à celle du Cipher Pol Sept, mais Jonathan était plein de ressources. 

Son attaque était millimétrée, il avait les bons partenaires qui, désormais, lui assuraient un droit d'entrée jusqu'au fameux bâtiment. Pour agir sur place, il avait également tout prévu. certains de ses hommes prendraient la place de ceux de la compagnie de fret, assurant ainsi la livraison jusqu'aux bureaux qu'il voulait faire sauter. Une attaque rapide et radicale, qui porterait un grand coup au Gouvernement Mondial. C'était, finalement, peut-être son apothéose, son chef d'œuvre et il y potassait depuis désormais plusieurs mois. Alors, il ne lui manquait plus que quelques ressources matérielles et son plan pouvait être mis à exécution. Il jubilait intérieurement, son sang bouillonnait à chaque fois qu'il y pensait.

[...]

Du côté de Wolt, Las Camp


Timer avait donné rendez-vous à l'agent sous couverture à quinze heures, il était moins cinq. L'espion attendait, les yeux rivés sur sa montre à gousset. Il n'était jamais en retard, ou du moins essayait-il de ne pas l'être. Alors, comme souvent lorsque l'on est ponctuel, il détestait les retardataires. Malgré cela, il contenait sa patience, bien obligé par son devoir de discrétion, la mission était longue, mais il se devait d'être parfaitement fondu dans le paysage, pour ne pas éveiller les soupçons.

- Oh Wario, l'interpella le recruteur qui arrivait à hauteur du blond. Il lui serra la main, d'une main ferme.

Il serait si simple de la lui broyer, se dit Wolt alors qu'il contenait les muscles de sa main, pour ne pas réduire en bouillie celle de Timer.

- Alors, que voulais-tu me dire ? 
- Entrons, je te dirais ça en bas, lui répondit le recruteur, qui faisait attention à ce qu'on ne l'entende pas trop. Ils se suivirent, réalisèrent le protocole pour avoir accès à l'étage inférieur, se rendirent dans l'arrière boutique puis descendirent l'escalier. 

Dans la pénombre, alors que les marches se devinaient à peine, l'espion aurait pu éliminer Timer cent fois. Il en avait terriblement envie, mais cela ne servirait à rien. Il pourrait tenter de prendre en chasse chacun des Niveleurs, mais cela serait trop long, trop laborieux, de s'assurer qu'aucun n'en réchappe. Il devait agir vite et bien, en une seule fois. Le timing n'était pas encore bon, d'autant plus qu'il n'avait toujours pas rencontré Jonathan et que celui-ci n'était pas encore rentré de son dernier déplacement. Ceux-ci étaient rare, ce qui laissa penser à Wolt que les choses s'accélérait. Il serait donc bientôt temps d'agir, un plan se dessinait déjà dans son esprit, fallait-il encore pouvoir réussir à le mener à bien.


Dernière édition par Wolt Hender le Ven 11 Oct 2024 - 12:02, édité 1 fois
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Les deux hommes se retrouvèrent dans la pièce d'assemblage, là où les explosifs étaient mis au point. Cette fois-ci, c'était huit personnes qui s'affairaient dans le sous-sol, sans quitter des yeux les éléments qu'ils manipulaient, par peur de tout faire sauter. Rigueur et précision leur était imposé, par les ordres de leur chef, mais également par la nature même des substances utilisées. 
Ainsi, dans l'atelier souterrain ils étaient à l'abri d'oreilles indiscrètes. Ils pouvaient donc parler librement.

- Wario, va falloir qu'on parle... commença Timer d'une voix lasse. Le rythme cardiaque de l'espion s'accéléra d'un coup, les scénarios défilaient dans son esprit. Pour autant, il restait de marbre, gardant une attitude égale. 
- Je t'écoutes, lui répondit tout simplement Wolt.
- On est sur le pied d'guerre, va falloir augmenter la cadence mais aussi optimiser la logistique. On a besoin de tout le monde. Faut que tu refasse l'inventaire, Pitivier te donnera plus d'explications. On a de plus en plus de monde qui va v'nir pour assembler, donc ça va rapidement devenir une fourmilière ici, alors t'étonnes pas si on se marche dessus.
- Très bien, du moment que j'aide la Cause. Tu sais où on va taper ?
- Ouais, on v..
- Salut les gars, fit un voix qui venait du fond de la pièce. Les deux interlocuteurs se retournèrent et découvrirent Pitivier qui s'approchait d'eux. Alors, comment vas-tu ? Demanda-t-il à Wolt en lui posant la main sur l'épaule, lui dévoilant ses dents jaunes en esquissant un sourire.
- Bien merc...
- Bon allez viens, j'vais te montrer les choses qui ont changé pour les stocks, enchaîna Pitivier en entraînant Wolt dans son sillage. Ils quittèrent alors aussitôt la pièce d'assemblage, pour rejoindre la zone de stockage.

Les deux hommes échangèrent, Wolt découvrit que les stocks avaient presque doublés par rapport à son premier inventaire. C'était tout bonnement ahurissant, malgré plusieurs semaines d'observation, il n'avait pas réalisé à quel point la production des équipes était élevée. Avec autant d'explosifs, la force de frappe était là, capable de raser, selon une rapide estimation, la moitié d'une ville sans le moindre problème. Usant de la même stratégie que la dernière fois, il appuya fort avec son crayon contre le papier, pour garder une trace de ses comptes sur la feuille de derrière. Il déchira celle-ci et l'enfourna dans l'une des poches de sa veste. En déplaçant les caisses, il tomba nez-à-nez avec l'une d'elle, dont il manquait l'une des faces. A l'intérieur était soigneusement entreposé la maquette d'un bâtiment, celle dont s'était servit Jonathan Nivel pour faire la présentation de son plan. Le niveau de détail étant plutôt fidèle, il reconnu rapidement la demeure des Yonesku au Don des Saints. L'espion blêmit. Les Niveleurs s'apprêtaient à commettre un tabou, les faisant passer d'anarchistes activistes de West Blue à Ennemi public numéro un. 

Ils sont complètement fou, pensa Wolt. Il fixait la maquette, quand il entendit le mécanisme de la poignée s'enclencher, il retourna alors la caisse en vitesse et fit mine de poursuivre le comptage des explosifs.  

- Bientôt fini ?!
- Oui monsieur, il ne me reste que celles-ci, désigna-t-il du doigt grossièrement, et j'aurais terminé. Puis-je faire quelque chose pour vous ?
- Non, termine déjà l'inventaire, je repasserais d'ici une demi-heure, ça te vas ?
- C'est parfait, expédia Wolt qui vit Pitivier s'en aller en refermant la porte derrière lui.

Seulement, malgré son air presque simplet, Pitivier n'avait rien d'un bleu. Il avait perçu le bruit de la caisse frottant contre le sol, lorsque l'espion l'avait retourné à la hâte. Aussi, ses soupçons se portaient déjà sur cette nouvelle recrue, qu'il trouvait un peu trop parfaite, lisse. Rien ne lui permettait d'émettre la moindre accusation, mais c'était un ressenti. Il s'agissait de l'un des Niveleurs de la première heure, fidèle homme de main de Jonathan, il s'était spécialisé dans le contre-espionnage, déjouant à de nombreuses reprises la surveillance de la Marine comme du Gouvernement Mondial. Son instinct le trahissait rarement, alors il se tint plus prudent encore que d'habitude.
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Le lendemain, 

- Nous avons réalisé l'inventaire, nos forces se concentre ici pour que nous puissions leur donner les consignes afin que tous puissent se coordonner, expliquait Pitivier à Jonathan qui était enfin rentré à son quartier général.
- Parfait mon ami, nous allons donc pouvoir frapper bientôt, se réjoui l'anarchiste rouquin. J'suis presque triste que Valco ne soit plus de c'monde pour voir l'apothéose de notre cause... reprit-il avec un soupçon de nostalgie dans la voix. Il posa la main sur l'épaule de son ami fidèle. Les Dragons Célestes vont déguerpir de notre mer, soyons efficace. Moi, j'ai trouvé un partenaire qui nous y mènera, il s'agit d'un armateur qui envoie régulièrement des marchandises sur le Don des Saints, certaines même directement chez les Yonesku. Ils se disent des Dieux ? J'vais en faire de beaux boudins, c'est tout, se mis à rire frénétiquement le leader des Niveleurs.
- Faudrait juste pas qu'on se fasse court-circuiter. J'ai un soupçon sur quelqu'un... dévoila Pitivier.
- Alors élimine-le, j'veux pas qu'on prenne le moindre risque, trancha Jonathan.
- Ouais, mais à cause de l'attaque de la dernière fois, on a déjà taillé dans nos rangs, il nous manque 10 personnes... se désolait Pitivier. Si on continue on aura jamais assez de monde pour le jour J. 
- Fais chier... bon bah il te reste plus qu'à t'assurer de sa sincérité.. j'te propose de l'rencontrer, je vais le cuisiner un peu. Je veux déjà que tu l'suives, puis demain je vais le convoquer, on va voir s'il fait le malin.


[...]

Trois jours plus tard, dans la rue des Baumettes


L'agent W, matinal, s'approchait de la pharmacie quand il croisa le regard de Martha qui, depuis l'intérieur, lui fit non de la tête. Interrogatif, il marqua un temps d'arrêt et vit sur sa droite quelqu'un venir l'aborder. 

- Bonjour, t'es Wario, c'est ça ? Lui demanda l'homme encapuchonné.
- Tout à fait, fit simplement Wolt.
- Alors suis moi, l'invita l'homme qui tourna les talons et pris la direction de l'échoppe de l'ébéniste de la rue. 

Ce magasin se trouvait juste après le prêteur sur gage, lui-même à côté de la pharmacie. L'espion fut prompt à la réflexion, il avait obtenu d'Adria, la Niveleuse qu'il avait torturé sur Whiperia, que ces trois bâtiments étaient connectés par leur sous-sol. Chose qu'il avait constaté, la pièce d'assemblage était la cave de la pharmacie, logiquement la pièce de stockage était sous le prêteur sur gage et le sous-sol de l'ébéniste restait un demi-mystère. Qu'un demi, car Wolt conjecturait qu'il s'agissait du bureau de Jonathan, un lieu stratégique où il pouvait recevoir les siens, dispenser ses ordres et planifier ses actions. Il allait enfin pouvoir le vérifier de lui-même.

Naturellement, il emboîta le pas de l'homme et entra dans la boutique où de nombreuses pièces de bois étaient entreposées, les tables couvertes de sciure et d'outils usés. Au fond, ils passèrent par une porte qui menant à une arrière-boutique, où quelques pots de peintures entassés soutenaient des réalisations, comme des cadres en bois, des sièges habilement sculptés et autres sculptures. Aussitôt entré, Wolt se rendit compte qu'il n'y avait aucune autre porte que celle par laquelle il était arrivé, ce qui le surpris. Mais l'homme, lui, n'était pas décontenancé et, de son pieds tâta les planches du sol. Après avoir tapoté de son talon à deux ou trois reprises, l'une d'elle sonna étrangement et il s'abaissa pour la retirer. Il enleva deux lattes de bois supplémentaire et dévoila une trappe.

Un homme prudent, je comprends qu'il ait nargué la Marine jusqu'à présent. Mais ne t'inquiète pas Jonathan, ton exploit ne se réalisera pas.

- Descend, je t'attends ici, lui dit l'homme, invitant Wolt à descendre par une échelle. L'espion ne se fit pas prier et affronta l'inconnu sans sourciller. 

La trappe se referma aussitôt, plongeant le trentenaire dans le noir total. Il descendait à tâtons se fiant à ses pieds qui, hasardeux, le guidaient. Jusqu'à ce que son pied se pose à plat sur un sol dur, alors il su qu'il était arrivé, mais n'y voyait toujours rien autour de lui. Il envoya donc ses mains, cherchant quelque chose à quoi se raccrocher. Il capta trois mur, qu'il inspecta rapidement et, longeant l'un d'eux, alla dans la direction qui n'était pas bouchée. Ca recherche lui parut durer vingt minutes, peut-être était-ce moins. Ses mains touchèrent du bois, là où jusqu'à présent les autres surfaces étaient rugueuses comme de la pierre. D'un coup de phalange il toqua à ce qu'il identifiait comme une porte et attendit. 

- Entre ! Lui fit une voix lointaine. L'agent du Gouvernement Mondial sonda la surface tout entière, jusqu'à enfin trouver la poignée, qu'il identifia grâce au froid du métal.
- Bonjour, fit-il en poussant la porte. Ses yeux furent submergés par la vive lumière qui éclairait le bureau. Celui-ci n'était pas bien grand, mais comportait l'ameublement nécessaire à la gestion d'opérations.
- Alors, Wario c'est bien ça ? Fit la voix. Wolt avait mis son bras en protection de la vive lumière qui l'aveuglait. Les secondes passants, il s'habituait à la luminosité et pu enfin arrêter de se protéger. Il découvrit alors le terroriste qu'il traquait, ses bretelles par-dessus son pull rouge, son bonnet et sa barbe rousse. En un instant il remarqua l'œil bionique, qui le scrutait sous toutes les coutures.
- Monsieur Nivel, je suis ravi de vous rencontrer, répondit l'espion tout en s'avançant vers lui. 

Le rouquin lui tendit la main et ils s'empoignèrent. Ils étaient fermes, l'instant sembla durer une éternité. Chacun jaugeait l'autre, une atmosphère lourde s'installa aussitôt. 

Un Shigan dans la carotide et je m'en vais, le problème est réglé, pensa Wolt désireux d'en finir avec cette mission. Malgré l'envie qui lui brûlait les doigts, il ne le fit pas. Il resta courtois et délivra un petit sourire avant de relâcher la main de celui qui était son chef.

- T'es un nouveau et j't'ai même pas rencontré... quel boulet j'fais ! Alors, dis moi, pourquoi t'es avec nous toi ?
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- Ma famille était plutôt aisée, on avait de l'influence sur Est Blue, puis le GM nous a spolié nos terres. On a perdu nos titres, notre fortune et tout ce qui va avec... commença Wolt. Mon père a essayé de se refaire, on a travaillé dur, mais on était boycotté et... fit-il en marquant une pause feintant l'émotion. Incapable de nourrir la famille, mon père s'est suicidé, pendu haut et court dans le salon. Je l'ai trouvé comme ça.. ma mère ne s'en est toujours pas remise.
- Hum... grogna Jonathan en croisant les bras, assis sur son siège. Un ancien de ces nobliaux à la con... Pourquoi j'devrais avoir confiance en un gars comme toi ? Frappa Jonathan, complètement dénué d'empathie envers son interlocuteur. Son œil bionique bougeait mécaniquement, la pupille se rétractant puis s'agrandissant dans un léger bruissement. Se sentant menacé, par le regard du terroriste, Wolt comprenait bien que cette discussion serait à la fois décisive et complexe.
- Je... hésita-t-il, cette fois-ci sans que ça ne soit calculé de sa part. Je ne vais pas vous mentir monsieur Nivel, j'ai été et désormais je ne suis plus rien. A vrai dire, je m'en fous de libérer le monde, je ne vais pas distribuer des tracts pour un monde meilleur. Je ne veux rallier personne à mes idées, mon objectif c'est pas d'aider les autres, je veux déverser la douleur que subit ma famille contre les responsables. Mon père en est mort, pendant que d'autres se gavent sur le fruit du travail de mes ancêtres. Le discours de l'espion s'animait d'une flamme de conviction, ardente et dévorante. Les Révolutionnaires ne m'intéressent pas, vous, vous ne m'intéressez pas, tonna-t-il. Vous avez besoin de monde pour agir ? Moi j'ai besoin d'agir pour exister.. Le coup de poket de l'agent gouvernemental avait été improvisé sur l'instant, son rythme cardiaque s'accélérait.
- Un véritable orateur, constata le rouquin. J'aime cette motivation, mais j'veux pas de tête brûlée, j'ai déjà donné et ça fout la merde dans les opérations, se souvint douloureusement Nivel. Pour être efficace, faut agir comme des putain d'robot, c'pour ça qu'ils ont développés des Pacifistas  d'ailleurs. T'es prêt à obéir au doigt et à l'œil ? Wolt entendit Pitivier faire une blague sur l'œil bionique, comme il en avait l'habitude.
- Demandez à Pitivier ou Timer, je suis quelqu'un de carré, très organisé alors n'ayez aucune crainte pour ça !
- Je vais leur d'mander leur avis, il faut que je fasse ma sélection rapidement. Bon, ça m'semble ok... cherchait Jonathan... c'est toi qui a fais l'comptage, c'est ça ?
- Tout à fait, un souci ?
- Je vois ici qu'on a une semaine de retard sur mes prévisions, tu as réalisé l'inventaire quand ?
- C'était il y a... quatre jours je crois bien, rétorqua l'espion.
- Hum... ça m'fais chier, on était censé avoir le compte... faut qu'on se démerde pour aller plus vite. Bon, j'vais gérer l'problème, soufflait-il emmerdé. Bon merci, tu peux r'monter Wario, allez !

Lorsque Wolt remonta enfin à la surface, il émis un léger soupire. Cette rencontre était en demi-teinte. D'une part il était ravit pour le ralentissement artificiel de l'opération, mais restait sur ses gardes. Selon lui, quelque chose d'étrange se tramait. Un "jenesaisquoi", un peu de son instinct d'enquêteur peut-être, en tout cas il n'était pas pleinement confiant pour la suite. Pourtant, le temps pressait.

[...]

Quatre jours plus tôt, Las Camp


Au détour des étales de poissons, légumes et marchandises de contrebandes qui pullulaient dans les allées sinueuses du marché de Last End, Wolt retrouva la demoiselle qui lui servait de contact avec l'Administration. Il lui glissa un document dans une cagette avec des instructions. L'opération fut rapide, indiscernable aux yeux des passants. Le mot avait était écrit de la main de l'espion lui-même en ces mots.


W. a écrit:Demandez une copie urgente de ce document à Mr David STEIN du CP2, faites la moi parvenir d'une quelconque manière à mon hôtel, cela doit être fait au plus vite.

L'espion n'avait pas pris le temps de crypter son message, car il l'avait donné en main propre et son contact s'exécuta aussitôt. Le document fut transmis à Métanoïa, où se trouvait alors David Stein, celui que l'on nommait communément "Le faussaire". Grand spécialiste de la reproduction, il était capable de réaliser des copies parfaites d'œuvres d'arts comme de documents officiels. Aussi, lorsqu'il fut avertit de la mission urgente qu'on lui attribuait, il ne masqua pas son mépris. D'un ton sec et cassant, il envoya paître le Coordinateur qui lui présenta le registre des stocks remplie par Wolt et signé par Pitivier. Selon lui, un amateur aurait pu s'en charger, il était vexé d'avoir à le faire lui-même. Malgré ses protestations, l'homme aux lunettes ne put faire autrement que de s'exécuter et renvoya le document. Si bien que, la veille du rendez-vous entre Jonathan Nivel et l'agent W, se dernier reçu la copie et la glissa à la place de l'originale, dans un dossier à la couverture orange. 

L'opération avait été un succès, menée à bien grâce à la discrétion de l'agent gouvernemental, mais aussi et surtout grâce à l'absence du terroriste qui était en déplacement. Wolt avait utilisé cette information à son avantage, mais il s'en était fallu de peu. Un jour d'avance sur le programme et le plan volait en éclats, les conséquences auraient pu être terribles.
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- Voilà, fit Timer en donnant une lettre à Wolt. On va bientôt s'lancer, t'as toutes les informations là dedans ! En attendant, silence radio, on passe en sous-marin. T'es un mec lambda, tu fais des courses, tu t'balades, tu fais l'amour à ta femme et basta ! Bref, dans la lettre t'as la date et l'heure de notre rendez-vous pour qu'on s'casse en mission.
- On ne bosse plus en attendant ? Lui demanda Wolt, curieux.
- Non, c'est bon, les stocks sont en cours de finalisation, toi ta mission est finie.
- Ah d'accord, bon et bien je ferais comme ça, du coup on a plus aucun contact avec les autres gars ?
- Surtout pas, il est interdit de fréquenter qui que ce soit du groupe, jusqu'au départ. Il n'y a que Pitivier, un ou deux autres gars et moi qui pouvons garder le contact, on reste en lien avec "n'aqu'unoeil", pouffa-t-il de rire. En cas d'urgence, on vous regroupera pour gérer la situation. Bon, c'est compris ?
- Entendu, je disparais, résuma sobrement l'agent gouvernemental. Il avait soigneusement posé ses questions, pris le soin d'enregistrer les réponses, comme à son habitude. Il serra la main de son interlocuteur et le quitta. 

Dès lors, l'espion était libre de ses mouvements, son infiltration mise en pause. Il sentait le poids qui lestait ses épaules s'amenuir. Bien que ce répit n'était que de courte durée. Car lorsqu'il ouvrit la lettre à son attention, il lu que le rendez-vous était donné pour dans trois jours. 

C'est tout ? S'étonna-t-il, alors qu'il espérait avoir retardé le lancement de la mission d'au moins une semaine.

Les dés étaient jetés, l'ultime ligne droite s'annonçait à l'horizon. La journée se passa, comme si de rien n'était. Le trentenaire arpenta les rues de la ville, comme n'importe qui le ferait. Se fondant dans la masse, il retourna à l'anonymat le plus complet, sans la moindre difficulté. 
Heureusement pour lui son identité d'homme d'affaires n'était pas encore reconnue à l'échelle de West Blue. Il avait donc encore la possibilité de s'infiltrer dans des groupes, mais à mesure qu'il allait gagner en notoriété, cela ne sera plus possible. A ce moment là, il devra changer ses méthodes, ou bien ses affectations de mission.

Le soir même, il s'endormit épuisé, éteignant la lumière qui le tenait jusqu'alors éveillé. Sur le coin du lit, une feuille toute griffonnait reprenait les étapes de son plan.


Dernière édition par Wolt Hender le Ven 18 Oct 2024 - 9:03, édité 1 fois
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Wolt s'était réveillé de bonne heure, sachant pertinemment que les deux jours de battement avant le départ de la mission ne laisserait, pour lui tout du moins, pas une minute de repos. Tout simplement car là où les autres Niveleurs devaient disparaître avant, au termes de cette période, enfin partir en mission, lui devait faire en sorte de les éradiquer. Il avait pensé, un temps, les assassiner un à un, mais ceci n'était techniquement pas possible. Bien qu'il tentât de se rapprocher de chacun, le temps qu'il passa infiltré ne fut pas suffisant pour qu'il soit assez proche de tous, et sache ainsi les trouver. S'il ne pouvait les trouver, l'agent du Cipher Pol opta alors pour l'autre option, les attirer à lui. Une élimination massive et radicale, comme le Gouvernement Mondial l'avait si bien fait au fil du temps. Une éradication en bonne et due forme, sans laisser la moindre chance à un quelconque survivant. Le Buster Call d'Ohara avait mené à l'avènement de la célèbre archéologue des Pirates du Chapeau de Paille, Wolt ne voulait pas que ressurgisse les revendications des Niveleurs. Puissant, maîtrisant quatre des six arcanes du rokushiki, l'espion  était capable de les éliminer un par un, mais, étant donné qu'il voulait les faire venir à lui, il devait s'assurer de ne pas mener un combat de front. Car à une trentaine contre un, il risquait bien d'y passer avant de réussir à tous les occire.

N'acceptant aucune marge d'erreur, la perfection étant sa ligne de conduite, l'agent W échafauda donc un plan plus subtil, qu'il voulait être le plus efficace possible. L'objectif était assez simple, éliminer Jonathan Nivel dans un premier temps puis réunir ses sbires les changer en poussière. L'avantage, les explosifs étaient déjà sur place, alors il n'avait aucune manutention à faire. Par contre, le plus compliqué serait de faire sortir le terroriste de son terrier. Ce point, particulièrement, posait problème et ouvrait la voie à de l'improvisation. Or, improvisation étant souvent synonyme de prise de risque, Wolt se devait d'être prudent et pragmatique. Il passa la matinée à réfléchir à son approche, pour réussir à atteindre le rouquin, sans forcément l'alerter pour autant. Il fit de nombreuses simulations mentales, cherchant une faille lui permettant de faire sortir Jonathan de son bureau sécurisé, mais la plupart échouèrent. C'était un problème majeur. Se jetant corps et âme dans ce casse-tête psychique, l'espion appréciait secrètement ce défi. Il voyait en ce fameux Nivel, un homme qui valait le coup d'être affronté par la stratégie. Une sensation grisante qui, comme rarement jusqu'alors, ranima sa flamme. Celle-ci s'était éteinte depuis longtemps, lorsqu'il avait sombré dans l'alcool, puis que sa femme et sa fille étaient mortes. D'un coup, il cru respirer à nouveaux à pleins poumons, comme s'il avait été en apnée depuis. Un sourire en coin se dessina sur son visage, alors qu'il testait de nouvelles idées pour piéger le chef des Niveleurs.


[...]

Du côté de Jonathan Nivel, dans son bureau sous la boutique de l'ébéniste,

Les yeux rivés sur une feuille jaunit que sa main droite froissait, Jonathan était irrité. La carotide gonflée, les narines distendues, il était enragé. Le papier qu'il tenait, un format A3, dévoilait son portrait, un vieux portrait car le Gouvernement n'avait pas de clichés récent de lui. Les mots "Only dead" firent vrombirent ses tempes. 

- 'Culés... pesta-t-il. Ils ont du nez ces enfoirés... Vous m'aurez pas, que vous mettiez 50 millions, ou 500, j'vais faire sauter votre p'tite salope de Yonesku, vous n'y verrez qu'du feu, et d'la dynamite !!! Merde... j'aurais dû l'enregistrer celle-là ! 

Malgré cette arrogance naturelle, Jonathan n'était pas parfaitement serein. Non pas que la hausse de sa prime ne lui fasse peur, il savait que cela était inévitable, mais c'était le timing qui l'inquiétait. A seulement deux jours du départ de sa plus importante mission, voilà que le Gouvernement Mondial pointait le doigt sur lui. Un doigt à cinquante millions de berrys. Ce qu'il craignait, c'était que cela interfère avec l'opération sur le Don des Saints et qu'ils se fassent stopper. La mort l'attendait et il le savait depuis longtemps, mais, peut-être pour la première fois de sa longue expérience de terroriste, il craignait qu'elle ne survienne trop tôt. Quelques jours de plus, c'était tout ce qu'il souhaitait, le temps de devenir l'ennemi numéro un du Gouvernement Mondial, en tuant l'un de ces êtres abjectes se pensant au-dessus de l'humanité. La pression montait, il le sentait. Il était aux aguets, prêt à réagir au quart de tour.
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Le lendemain, l'agent gouvernemental tournait en rond dans sa chambre d'hôtel, qui surplombait la rue sous laquelle se trouvait le quartier général des Niveleurs. Faisant les cent pas, il se triturait l'esprit encore et encore. Appâter Jonathan n'était pas une mince affaire. Il avait pensé faire intervenir la Marine, ne serait-ce que pour faire diversion, mais la récente hausse de la prime du rouquin avait court-circuité cette idée. Car l'espion savait pertinemment que le terroriste avait eu vent des cinquante millions offerts pour sa tête, alors l'affoler avec la présence de soldats ne ferait que le rendre plus craintif. Non, l'objectif c'était plutôt de l'obliger à intervenir de lui-même, de faire fi de tous les dangers. Au-delà d'être un anti Gouvernement Mondial extrémiste, le chef des Niveleurs était avant tout un homme d'une extrême prudence. Un homme minutieux, qui avait monté son projet sur plusieurs longs mois, pour que son plan se déroule sans le moindre accroc. Wolt souhaitait être ce grain de sable, qui coincé dans l'engrenage ferait sauter toute la machine. D'un coup, la vérité lumineuse lui vint à l'esprit. Mais cela restait risqué. Il pesa les pours et les contres, pris en compte qu'il ne lui restait qu'un malheureux jours et que la cible de l'attaque n'était nulle autre que Cassandra Yonesku elle-même. Le trentenaire ne pouvait réfléchir plus longtemps, la situation lui imposait de prendre ses responsabilités. L'air déterminé, il enfila sa veste anthracite et descendit de sa chambre, rejoignant la pharmacie. 

Il lui était interdit de s'y rendre, jusqu'au jour du départ, mais la force des choses l'obligeait à briser cette règle. Martha le vit rentrer, lorsque la clochette tinta à l'ouverture de la porte. Les yeux affolés, elle avait reçu l'ordre de prévenir Jonathan à la moindre écartade de l'un des sbires du groupuscule. Pour cela, un bouton enclenchait un mécanisme qui parvenait à faire tinter une clochette dans le bureau de Jonathan. Un système ingénieux, mais qu'elle n'eut pas le temps d'activer lorsque Wolt lui adressa la parole.

- Martha, je vous pris de m'excuser, mais avant de partir pour cette mission, je heu.. fit-il mine d'hésiter, avec une voix gênée. Depuis que je suis ici, j'aime vous voir chaque jour, vous me plaisez.. Pourrais-je vous inviter à boire un verre après votre journée ? 
- Je ne veux rien savoir, se dédouana la dame qui avait pour ordre de ne pas se mêler des affaires des Niveleurs. Oh.. répondit-elle surprise. Heu.. elle était prise de court. Vous savez, j'ai déjà un mari et des enfants, alors comprenez que je ne puisse que décliner... disait-elle en mettant au mieux les formes pour ne pas peiner le blond. 
- Je comprends, reprit Wolt en arborant une mine peinée. Je m'excuse pour ma démarche... vous savez, je crois que la perspective de.. fin vous savez... mourir, me pèse aujourd'hui. Excusez-moi, je ne devrais pas vous déranger avec mes états d'âme...
- Wario, murmura-t-elle alors que son coeur se serrait. Allons... que.. que diriez-vous qu'on discute un peu à ma pause ? Je termine d'ici deux heures, attendez-moi au coin de la rue, vers... vers le bar où... fin vous voyez de quoi je veux parler, insinuait-elle en désignant un bar à prostituées. Gardez le moral d'ici là, l'encourageait-elle.
- Vous feriez ça pour moi ? Vous êtes trop bonne, c'est très gentil de votre part. Pourriez-vous ne rien leur dire ? Vous savez, à Eux. Je ne voudrais pas qu'ils m'évincent, ce n'est que passager.

Il pu ainsi sortir de l'échoppe médicinale sans que l'alarme ne fut envoyée à Jonathan, qui n'en su rien. Au fil de son infiltration, Wolt avait longuement analysé chaque personne qu'il voyait et, s'était attardé sur Martha, bien qu'elle semblait insignifiante dans cette opération. Pourtant, lui l'avait observé et s'était rendu compte, lorsqu'elle parlait à des clients ou avec certains autres Niveleurs, qu'elle avait un grand cœur et l'instinct protecteur d'une mère. Son plan fonctionna à merveille, il l'amadoua aisément. L'espion attendit au point de rendez-vous et, lorsque le soleil arriva à son zénith, se fit rejoindre par la cinquantenaire. 

- Alors ? Dit-elle à Wolt en s'asseyant à ses côtés sur un muret qui sentait l'urine et le vomi. Que vous arrive-t-il ? 
- Oh pas grand chose, minimisait habilement l'espion, en se faisant plaindre. Ce ne sont que les remords d'un homme qui n'a jamais connu l'amour et qui craint le trépas, sans rien laisser auprès de qui que ce soit...
- Mais ne dites pas cela voyons, vous avez sûrement fait craquer de nombreuses femmes, bel homme que vous êtes ! 
- Ne croyez pas cela, j'étais affreux plus jeune, se moqua de lui-même Wolt. Je ne me suis fais beau que tard, mais la timidité m'a toujours bloqué et je n'ai jamais connu de femme. 
- Ah oui ? Fit-elle surprise de comprendre à demi-mot que l'homme qui se tenait devant elle était toujours vierge.
- Oui, je sais c'est honteux, mais bon... Je m'y étais presque fait, mais la perspective de mourir sans laisser le moindre souvenir à qui que ce soit.. fin vous comprenez..
- Vous avez une famille, ils vous aiment et rendront hommage à l'homme que vous êtes, tenta-t-elle.
- Je les ai perdu, tous et depuis un bon moment déjà... non, il ne me reste personne, fit Wolt qui feignit un léger trémolo dans la voix.
- Oh je m'excuse, je ne savais pas... répondit Martha gêné par la gaffe qu'elle venait de faire.
- Du coup je n'ai personne, et je n'ai jamais connu la douceur d'une femme, ni la chaleur de son étreinte, c'est un triste constat.. Martha rougit, devant les allusions de l'espion.
- Je... je ne sais pas vraiment comment je pourrais vous aider... je... elle était mal à l'aise. Après, peut-être faudrait-il que vous rencontriez une femme, pour chasser tous ces regrets qui vous hantent. Elle regarda l'entrée du bar où des filles de joies vendaient leur corps. Ce marché la répugnait, mais dans le cas, particulièrement triste de Wolt, elle se dit que ce n'était peut-être pas si mal. Après tout, elle entendait dans sa voix un véritable mal être, un véritable appel à l'aide. Peut-être qu..
- Dites-moi, je possède un petit pécule, pas grand chose, mais je voudrais qu'il vous revienne, j'aimerais beaucoup que vous l'acceptiez, fit Wolt en plongeant son regard dans celui de Martha. Ne refusez pas, je vous en pris, reprit-il en posant sa main sur celle de la femme. Elle eu un léger mouvement de recul.
- Non mais ce n'est pas... fin comprenez que je ne peux accepter, je dois éviter de perturber les affaires de monsieur Nivel.
- Je vous jure qu'il n'en sera rien, s'il vous plaît, j'aurais au moins l'impression de ne pas être partie en vain, ma mémoire vivra au moins en quelqu'un, peut-être cela vous permettra-t-il d'élever vos enfants avec un peu plus d'aisance. Elle se tut, pleine d'hésitations. Dites-moi votre adresse et je vous fais parvenir cela par le service de courrier, personne n'en saura jamais rien.
- Vous êtes sûr ?
- Oui, cela restera secret et vous pourrez en faire profiter votre famille, vous êtes une bonne personne, acceptez la main tendue, vous qui êtes prête à m'écouter parler et m'apitoyer sur mon sort. Pensez à vous, à vos enfants et acceptez la dernière volonté d'un mort-vivant, qui ne sera plus d'ici quelques jours. Martha eu une larme en coin de l'œil, lorsqu'elle vit que les yeux de Wolt s'emplissaient de larmes. 

La gorge nouée, elle accepta et fit une longue accolade à son interlocuteur avant de lui noter son adresse sur un petit morceau de papier. Elle le consola encore un peu, avant de s'en retourner au travail, laissant Wolt avec un meilleur moral, elle l'espérait.
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Le soir même, Martha rentra chez elle et, un sac de courses dans les bras tiqua lorsqu'elle vit la porte de son modeste appartement entrouverte. Suspicieuse, elle savait que son mari détestait le bruit et les odeurs des rues malfamées de Last End, donc qu'il n'était pas du genre à oublier ce genre de choses. Elle poussa la porte en bois, qui dont les gonds grincèrent comme dans les dendenfilm d'horreurs. 
Elle lâcha subitement son sac de course, répandant fruits, légumes et morceaux de viandes sur le sol poussiéreux, alors qu'elle poussa un cri de terreur. Devant elle, son mari était étendu au sol, inconscient. Elle accouru à ses côtés, s'accroupissant pour se mettre à sa hauteur. Elle implorait déjà, priant de tout son être pour qu'il ne soit pas déjà mort. Elle ne voyait aucune trace de sang, mais dans le doute, elle préférait s'en remettre aux dieux. Elle retourna difficilement son homme, l'inspecta et le secoua un peu après s'être rendu compte qu'il respirait encore. Petit à petit, il reprit conscience, tandis qu'elle pu souffler de soulagement. Enfin, ceci ne furent que quelques instants de répits, car elle s'empressa de se rendre dans la chambre de son fils. Outre l'odeur acre de l'adolescence, qui embaumait la petite pièce sombre, il n'y avait pas âme qui vive. Seul un mot, écrit sur le coin d'une feuille, traînait sur le lit défait de l'enfant. Martha fondit en larme et, accompagnée de son mari, lu avec effroi le contenu de cette lettre anonyme.

Ce soir faites un choix, demain soyez une bonne mère.

Mettez le feu dans l'escalier descendant au sous-sol de la pharmacie, puis appeler le roux qui se terre sous vos jupons. Aidez le à éteindre les flammes et assurez vous que personne d'autre n'en soit au courant. 

Si vous prévenez qui que ce soit, votre fils meurt.
Si vous ne respectez pas mes instructions, votre fils meurt.
Si vous expliquez ce qu'il se passe au roux, votre fils meurt.
Respectez mes consignes, votre fils rentrera à la maison demain après-midi à 15 heures.

Faites votre choix.

Effarés, apeurés, les parents se blottirent l'un contre l'autre en pleurant toutes les larmes de leur corps.

[...]


Le lendemain à midi, pharmacie de la rue des Baumettes,


Le doigt de Martha enfonça le bouton qui déclenchait la sonnette dans le bureau souterrain de Jonathan Nivel. Le mécanisme ingénieux s'enclencha et, de rouages en rouages, aboutit au tintement dans les oreilles du rouquin. Alors qu'il s'apprêtait à dévorer une ration militaire, issue d'une cargaison volée sur le port, il bondit sur ses deux jambes. Son rythme cardiaque s'était envolé, ses tempes pulsaient. Il espérait que ce ne soit pas une alerte donnée à cause d'une inspection de la Marine, ou quoi que ce soit dans ce style. Alors, il attrapa rapidement le denden qui venait de se réveiller au coin de son bureau.

- Martha ? Martha ? C'est quoi l'problème ?
- Un feu... y'a le feu, fit-elle.
- Comment ça ? Où ? 
- L'escalier... dans l'escalier qui descend, lui dit-elle alors qu'elle priait pour que son fils rentre à la maison sain et sauf.
- J'arrive, prépare de l'eau ! Il raccrocha aussitôt, ayant bien peur que les flammes ne passent les portes jusqu'à atteindre le stock d'explosifs. Le résultat en serait dramatique.

N'ayant pas d'accès à l'eau dans son bureau et ne sachant pas jusqu'à quel point les flammes avaient avancé, le terroriste dû se résoudre à sortir par l'extérieur. Il ouvrit la porte de son bureau, grimpa dans le noir jusqu'à la trappe qu'il ouvrit et rabattit sans la verrouiller. Le plancher avait valdingué, mais il ne pris pas le temps de dissimuler l'entrée du souterrain, car pressé par le danger imminent qui le guettait. Il sortit de l'échoppe de l'ébéniste à la hâte et couru dans la rue jusqu'à l'entrée de la pharmacie où il retrouva Martha, blême et terrorisée.

- T'as l'eau ? La pressa-t-elle.
- O.. oui, fit-elle en pointant du doigt un sceau qu'elle venait de remplir. 

Il s'en saisit et tous deux se dirigèrent vers l'arrière boutique. Les étagères bondées de médicaments étaient intactes, mais vers le fond, là où se trouvait la porte menant vers l'étage inférieur, des flammes léchaient les murs. Elles grimpaient, se nourrissant de papiers et substances pharmaceutiques à base d'alcool, particulièrement inflammables. La situation était grave et le rouquin en prenait la mesure. Ils firent alors une chaîne, lui balançant les sceaux sur le feu dévorant, tandis qu'elle faisait des aller-retour pour le remplir d'eau. La lutte dura peut-être quinze bonnes minutes, desquelles ils ressortirent éreintés, mais victorieux. Après de brèves explications, un peu tirées par les cheveux, Jonathan décida de retourner à ses quartiers, par crainte que les forces de l'ordre ne se pointent et ne l'y trouve. Pour autant, il pris le temps de passer un appelle rapide à ses hommes de confiance, en passant par Pitivier. 

- On va pouvoir se rejoindre, j'te fais... Kof Kof... sonner pour t'envoyer le signal définitif.. kof kof.. ok ? Parvint-il à dire entre deux quintes de toux, causées par l'inhalation de fumée.
- Tout va bien ?
- Ouais, un départ d'feu dans l'arrière boutique d'la pharmacie, mais c'est.. kof kof.. fini.
- Pas de problèmes ?
- Nan, c'est bon, reprit-il d'une voix étranglée.
- Allez, j'attends l'signal du coup.

Il pris le temps de saluer Martha et se dirigea vers l'extérieur de la pharmacie. Il aurait préféré faire autrement, mais il devait bien ranger ce qu'il avait fait. Alors, il entra chez l'ébéniste, qui n'était jamais là et ferma la trappe, avant de la recouvrir des lattes du plancher. Puis, il retourna à la pharmacie, enfonçant bien son bonnet sur son crâne, pour finalement filer dans l'arrière-boutique et prendre les escaliers. Il traversa la première pièce, puis celle du stock avant, en utilisant une clé qu'il cachait dans son caleçon, ouvrit l'ultime porte qui menait à son bureau. 
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