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Une cible, deux Chasseurs. Ft Jaina

Entente précaire.
Davinia se promenait dans les rues sombres et tortueuses de Carcinomia, une ville où chaque recoin semblait imprégné d'une atmosphère de danger palpable. La lumière faible des lanternes accrochées aux murs vacillait, projetant des ombres incertaines qui dansaient sur les pavés irréguliers. L'air était lourd, une combinaison de sel marin et de sueur des docks voisins. Elle se dirigeait d’un pas déterminé vers un petit bar malfamé du quartier de Palafitte, un endroit où seuls les plus téméraires ou les plus désespérés osaient mettre les pieds.

Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait reçu cette mission, un test pour jauger son évolution au sein des Énigmatiques. Le directeur aimait bien éprouver ses meilleurs assassins et espions, même ceux qui, comme Davinia, avaient depuis longtemps fait leurs preuves. Mais ce contrat avait quelque chose de différent, plus insidieux. La cible, un criminel de haut rang dirigeant une petite organisation mafieuse, n'était pas qu’un simple défi physique. Il possédait des capacités redoutables, capables de contrer directement les techniques habituelles de Davinia. Elle savait qu'une approche frontale serait vouée à l'échec.

En réfléchissant à sa mission, elle se glissa à travers la foule, son visage dissimulé sous un voile léger, son allure banal masquant la dangerosité de ses intentions. Ces derniers jours, elle avait étudié l’homme en détail, espionné ses habitudes, payé des informateurs — même des prostituées qui connaissaient bien ses caprices — pour amasser un dossier complet. Elle savait tout de lui, ou presque. Mais une chose la bloquait : le poison, une méthode qu’elle avait envisagée d’abord, était inutile contre lui. Le criminel avait développé une tolérance en s'administrant chaque jour des doses subtiles de toxines. Paranoïaque jusqu’à l’extrême.

Mais Davinia n’était pas du genre à abandonner. Elle avait récemment entendu une rumeur intéressante, transmise par un informateur peu fiable, mais néanmoins intrigant. Une étrangère, nouvelle en ville, recherchait une cible à éliminer. Il avait été question d’une compétition de pistoleros — des tireurs d'élite cherchant à prouver leur suprématie. L’idée germa rapidement dans l'esprit brillant de l'énigmatique. Et si elle pouvait utiliser cette étrangère à son avantage ? Peut-être pourrait-elle l’approcher, la manipuler, et lui faire croire qu'elles avaient un intérêt commun. Mieux encore, l'étrangère pourrait accomplir le sale boulot à sa place.

Le petit bar de Palafitte se profilait enfin à l’horizon, une bâtisse délabrée avec des fenêtres cassées et des volets rongés par le sel. Un lieu où l'odeur de l'alcool bon marché se mêlait à celle des conspirations murmurées dans l'ombre. Davinia resserra son manteau autour de ses épaules, son esprit déjà en train d’échafauder le plan qui allait renverser les attentes. La clé de la victoire ne serait ni sa force ni son habileté à se battre, mais bien son intelligence aiguisée. Elle sourit pour elle-même. L’art de la manipulation était une danse délicate, et elle en était la meilleure danseuse.

Davinia pénétra dans le bar mal famé, l’atmosphère imprégnée d’une odeur de tabac et d’alcool bon marché. Les conversations se turent brièvement, les habitués et le tavernier la dévisageant avec méfiance. Elle ignora les regards, ajustant doucement son manteau noir pour masquer l’éclat mortel des dagues à sa ceinture. Sans un mot de plus, elle se dirigea vers le comptoir, demandant une bouteille et deux verres.

Le barman hésita, une brève lueur d’incertitude traversant son regard, mais il obéit sans poser de questions, déposant la bouteille avec un léger bruit de verre sur le bois usé du comptoir. Davinia paya rapidement avant de se tourner vers la salle, scrutant les ombres, ses yeux sombres s’attardant enfin sur la silhouette qu’elle recherchait : la pistolera.

Jaina, une femme de grande stature aux cheveux blancs, portait un chapeau de cowgirl incliné de manière à cacher partiellement son regard. Son visage marqué de légers traits d’expérience et de dureté, encadré par des mèches tombant négligemment. Ses vêtements de cuir noir, usés par les batailles, étaient agrémentés de plaques d’argent, rappelant l’expérience de la vie. Une veste ouverte sur une chemise blanche délavée laissait entrevoir un gilet ajusté, décoré de quelques cartouches prêtes à l’emploi. À sa ceinture, une imposante carabine reposait, poli par l’usage mais intimidante dans sa présence.

Davinia s’approcha de la table de la solitaire, ses pas à peine audibles sur le sol en bois, et sans plus de cérémonie, déposa la bouteille et les deux verres devant elle. Elle prit place face à Jaina, ses mouvements calculés et silencieux, puis versa une partie du contenu de la bouteille dans les verres, un sourire subtil jouant sur ses lèvres tandis qu’elle glissait un verre vers la pistolera. Sans dire un mot, elle attrapa son verre, trempa ses lèvres avant de souffler :

« J'ai entendu dire que vous cherchez une cible particulièrement forte avec des armes à feu. Je crois avoir la cible parfaite pour vous. »


Dernière édition par Davinia Valthane le Mer 16 Oct 2024 - 21:02, édité 1 fois
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Une cible, deux Chasseurs.

With Davinia Valthane



Un homme courrait à toutes jambes, bousculant les badauds se trouvant sur son chemin. Il regardait plusieurs fois derrière lui, tentant de se rassurer d'échapper à quelque chose qui l'effrayait. Car oui, son visage remplit de sueur était terrorisé. Le fuyard haletait, puisant dans ses réserves physiques et mentales pour ne pas penser à son douloureux point de côté. La plus grande source de lumière, de simples lanternes, ne permettaient aucunement au trouillard de connaître la position exacte de cette chose qui le poursuivait dans le quartier de Palafitte. Hélas, sa course l'entraîna dans un cul de sac, une impasse impossible à franchir, à escalader. Il jura dans sa barbe de quelques jours et s'apprêta à rebrousser chemin.

Une mélodie chantonnée par un harmonica défia le silence environnant. À son écoute, le sang de l'homme se glaça. Son dos se plaqua contre le mur, une goutte de sueur coulant depuis la racine au dos puis au bout du nez, se jeta pour s'étaler sur le sol. Des sons d'éperons se mirent à accompagner l'air de la musique qui se rapprochait lentement, mais sûrement. Les lanternes dessinèrent une ombre féminine porteuse d'un Stetson.

La Louve Blanche se montra dans le champ de vision du désespéré. La prédatrice s'arrêta à quelques mètres tout en poursuivant sa musique. Sa tête penchée, empêchait l'inconnu d'apercevoir les perles rouges de l'albinos. Puis, lorsqu'elle termina ce concert gratuit, les plaintes du pleurnicheur se firent entendre. Il gémissait de désespoir, demandant la pitié de Jaina Rosenberg.

Le gibier à genoux, fut projeté contre le mur de l'impasse en recevant un coup de pied au centre de son ventre graisseux. Son odeur corporelle dérangeait beaucoup les nasaux de la Louve Blanche. Elle avait presque envie de vomir. Tout cela à cause d'un mélange de drogues, de transpiration et de poisson pas frais. Jaina se demanda même, si elle devait nettoyer sa santiag.

« Ton nom est sur ma liste. » gronda la pistolera qui sortit de sa veste sans manche un papier froissé possédant plusieurs identités. Une grande partie fut barré. Celui qui attirait l’attention de la victime fut son identité. Visiblement, la cow-girl connaissait ce bougre. L’albinos lâcha son instrument de musique qui pendouilla autour de son cou, l’harmonica balança de gauche à droite, comme une pendule d’une horloge. Les lèvres charnues de la demoiselle attrapèrent avec amour une cigarette. Son Zippo fut retiré d’une petite sacoche en cuir marron. Le couvercle se leva, Jaina fit rouler la molette contre son pantalon par un mouvement de va-et-vient à l’aide de son bras. La flammèche brûla la tête de la clope. « Il paraît que tu sais te servir d’une arme à feu. Les rumeurs circulent que tu es un as du tir. Je me trompe ? »

Aucune réponse sortit des cordes vocales du peureux. Il était tétanisé et ses yeux firent comprendre à la prédatrice que sa cible devait être du genre à mentir pour obtenir une soi-disante réputation. Mordant férocement le cul de sa cibiche, Jaina attrapa l’un de ses deux colts et élimina la nuisance d’une balle dans la tête. Un nouveau nom fut barré de sa liste…

Quelques heures plus tard, la Louve Blanche se reposa dans un terrier, dans un bar malfamé. Elle avait volé l’argent de sa proie pour au moins se payer un coup à boire. Disons que son portefeuille était très maigrichon. Alors, elle se contenta d’une bière et d’un seul verre. Son pichet était à moitié consommé.

La dame se perdait dans sa bulle, à inspecter une nouvelle identité qui se trouvait également à Carcinomia. Mais, d’après le barman, sa nouvelle proie n’allait pas être simple à chasser. Il semblait être un membre de la mafia, qui dirigeait lui-même son organisation. Ce qui voulait dire que la rêveuse du titre de Reine des tireurs allait devoir se frayer un chemin pour accéder au chef. C’est-à-dire éliminé les nuisances sur sa route.

« Je peux te servir un verre ma jolie ?! » proposa un inconnu détenant un parfum empestant l’alcool, que ce soit sur ses vêtements et dans sa bouche. La cow-girl bougea lentement son visage avec lassitude, inspectant le spécimen des pieds à la tête.

« Non, dégage. » gronda l’albinos qui réussit à bien se faire comprendre en dégageant son regard du diable contre le gêneur. L’homme s’éclipsa aussitôt, comme-s-il venait d’apercevoir un fantôme. Désireuse de foutre le camp, de reprendre sa chasse, elle vida d’une traite le restant de sa bière et s’apprêta à partir. Sauf, qu’une autre personne vint l’importuner. Au moins il s’agissait d’une femme et non d’un homme. « Je ne suis pas une Chasseuse de primes, ma jolie. » déclara Jaina qui plissa ses billes sanguines pour découvrir la silhouette de la dame. Devait-elle se méfier ? Ou bien tenter de tourner autour ? La louve préféra garder ses distances et ne pas retrousser ses babines. « Si ce n’est pas la mafioso Luigi Salvi, je passe mon tour. »

La cow-girl croisa délicatement sa cuisse droite contre la gauche, rangea ses bras sous sa poitrine généreuse et mâchouilla le cul de sa clope.

« Et s’il s’agit de lui, j’accepterai uniquement si tu me payes un repas chaud. Je suis à sec, mais pas en munitions si cela peut te rassurer. »


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Entente précaire.
Davinia observait la femme en face d'elle, un sourire finement dessiné sur ses lèvres. Jaina, avec son air décontracté, dégageait une aura d'assurance brute qui fascinait Davinia. Elle avait prévu que la pistolera serait méfiante et cette approche directe n’était pas une surprise. Davinia préférait les dialogues francs, mais son esprit calculateur travaillait déjà en arrière-plan, évaluant les réactions de son interlocuteur, analysant la situation comme elle le faisait toujours.

« Intéressante... » pensa-t-elle tout en prenant une gorgée de son verre, ses yeux sombres brillants d'une curiosité inquisitrice.

À la mention de Luigi Salvi, ses doigts effleurèrent subtilement la table, un tic nerveux qu’elle maîtrisait à peine, mais elle ne laissa rien paraître. La cible était bien celle qu’elle espérait, et Jaina semblait ouverte à une négociation, tant qu’un repas était en jeu. La mention des munitions fit sourire davantage Davinia, c’était un partage d’information intéressant. Elle haussa légèrement un sourcil, l’air amusé. Sa voix, douce et feutrée, s’éleva enfin après un bref silence.

« Un repas chaud ? Cela me semble un prix très raisonnable pour un travail aussi… délicat. » Elle versa une nouvelle rasade dans son propre verre, laissant celui de Jaina intouché, comme pour lui laisser le choix d'accepter l'offre en s'emparant du verre. « Et je te rassure, il s'agit bien de Luigi Salvi. » dit-elle d'un ton presque chantant, ses doigts tapotant la table, comme si elle marquait déjà les prochaines étapes de leur collaboration dans son esprit.

Elle croisa ses jambes avec une élégance discrète, adoptant une posture décontractée.

« Mais au-delà d’un simple repas, imagine un contrat qui te permettrait de gravir les échelons. De faire parler de toi dans les cercles que tu souhaites atteindre. » Elle inclina légèrement la tête, ses yeux scrutant ceux de Jaina avec intensité.

Davinia savait jouer de ses mots comme des cartes précieuses, chaque phrase une invitation à pousser Jaina à réfléchir au-delà du simple gain immédiat. Elle ne cherchait pas simplement une mercenaire, elle voulait un outil affûté et motivé. L’Égnimatique se leva avec une grâce maîtrisée. Elle s’éloignait vers le comptoir, commandant calmement un repas et une chambre. Son assurance naturelle transparaissait dans ses gestes.

La clé en main, elle la désigna en silence vers Jaina, marquant d'un simple geste où devait rejoindre le repas tant attendu. Puis, avec un pas léger, à peine audible sur le parquet usé et grinçant du bar, elle retourna vers la table. Reprenant place face à Jaina, elle glissa la clé de la chambre réservée vers la pistolera d'un geste fluide, accompagné d’un sourire faussement détaché.

« Cadeau de la maison, le repas devrait arriver sous peu. » Elle attrapa son verre, le portant à ses lèvres d’une manière délibérément lente, avant de continuer, ses yeux sombres ne quittant pas Jaina. « Pour ce qui est de Luigi Salvi, » murmura-t-elle en baissant légèrement le ton, créant une ambiance de confidence, « j'ai mis la main sur plusieurs informations qui te seront utiles... Je sais notamment où il se terre en ce moment. »

Elle fit une pause, savourant sa gorgée avant de lever ses pupilles sombres vers la cow-girl, un éclat brillant dans ses prunelles. C’était un test subtil, une manière de jauger la réaction de Jaina face à cette révélation. Davinia n’avait pas seulement besoin d'une tireuse, mais d'une alliée temporaire capable d'agir avec rapidité, sans poser trop de questions.

« C'est un homme prudent, peut-être trop pour sa propre sécurité, » ajouta-t-elle doucement. « Mais avec tes talents et les miens... » Elle laissa sa phrase en suspens, sachant que Jaina pouvait deviner la suite.
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