Le bruit des couteaux

[1629] Orgueil et préjugés :
Les Cinq Vénérables l'ont demandé, ils l'ont obtenu. Après l'élimination d'une cellule révolutionnaire à Shabondy, les renseignements recueillis ont conduit Mountbatten à Aeden, le quartier général de l'Armée Révolutionnaire sur les Blues. Grâce à son infiltration, le Buster Call dirigé par le vice-amiral Salem s'est révélé être un succès éclatant. Le Fantôme a donc rempli le contrat proposé par le Gorosei et a prouvé sa valeur. C'est une Kenora méprisante et dédaigneuse qui s'occupera de remettre la lettre de marque, faisant de Mountbatten un membre des Sept Grands Corsaires, sous le nom de Pride.


- Et voila chef, c'est dans le journal, on a un nouveau corsaire.





- Mountbatten a eu droit à sa grâce ?





- Un paiement pour ces bons et loyaux service à Aeden. Un titre qui vaut son poids de sang et de larmes.





- Quel nom il a pris ?





- Orgueil.
- Ça lui va bien.
- C'était dans le plan Aeden ?
- Non.
- Parce que c'est moche...
- Difficile de l'imputer au corsaire avant l'amiral. Mais oui, ça a du être moche. Quand à savoir si ce sera compensé. Ce n'est pas à nous à répondre a cette question pour l'instant.
- Il finit à combien ?
- 760 Millions.
- Mieux que Sloth.
- C'est la plus grosse prime des sept. Je me demande si ça joue sur leur placement à table.
- Quelqu'un vois Mount se pointer et prendre la place de Sloth ?
- Héhé, aucune chance. Sauf à vouloir se retrouver balancé en mer a trente bornes de la.
- Il va rejoindre Adela tu crois ?
- Il n'aura probablement pas vraiment le choix. Un Corsaire à de nombreux privilèges, mais aussi de nombreuses obligations.
- Alors on le verra à Jaya.
- Possible. On jugera sur place.

Matinée classique au Repos des Cieux. Comme à chaque fois que je reviens dans le coin, je m'installe au QG des Usuriers avec la troupe, mais le sauna et les bains de nuage qu'a installé Izya dans son palace sont vraiment le meilleur endroit ou déjeuner. Ou lire les dernières nouvelles de la gazette en se faisant masser. J'ai toujours aimé tremper dans de l'eau chaude, mais depuis que mon fruit à rendu mortel le moindre assoupissement dans un bain à bulles, je me méfie. En remplaçant la flotte par des nuages, Izya a su remettre au gout du jour pour tout les maudits les joies de la source chaude, et c'est un plaisir dont je me lasse jamais.

- Du coup on fait quoi ?
- Tu sais très bien ce qu'on va faire. Quelqu'un a un den den ?
- J'appelle les Nochers.

Pas si loin que ça du Repos des Cieux, il y a un autre établissement ou on loge des gens. Il est confortable, agréable, on y est bien nourri et bien logé. Mais on y rentre rarement de son plein gré pour en sortir souvent les pieds devant. Du coup, les gens d'ici l'appellent le Styx, comme le fleuve qui sépare le royaume des morts de celui des vivants. Faisant des pensionnaires de l'établissement des types en cours de transfert sur la barque du passeur, pas encore morts, mais déjà plus tout à fait vivants non plus.

Et pourtant ces types en sursis sont les membres les plus vitaux d'Armada. C'est d'eux que proviennent les vive card qui permettent tous les jours à une centaine de capitaines de rallier la cité flottante. Plus efficace que le plus puissant des phares, ils servent de mire à tout ceux qui viennent s'amarrer et commercer ici. S'il devait leur arriver quelque chose, la cité se retrouverait soudain aussi inaccessible que le sommet de Red Line. Alors on en prend grand soin. Le Styx est une prison dorée aussi fortifiée qu'un fort de la marine, et les gardes des Nochers veillent jalousement sur leurs protégés.

Enfin, la plupart du temps.

Parce que le rôle de balise est à double tranchant, et que la cité pirate n'a aucune envie d'accueillir par exemple une flotte de la marine et ses gros canons. Alors on tient un compte précis des vive card que l'on distribue, et de la santé de ceux qui les possèdent. Et quand un capitaine pirate ne répond plus aux appels, ou quand son nom apparait soudain dans le journal, les Nochers se rendent aux Styx, attrapent le pauvre malchanceux dont la vive card est maintenant aux mains de la marine, et lui tranchent la gorge avant de le balancer par dessus bord dans le sillage d'Armada. C'est pour ça qu'on les appelle Tire la Treize. Du nom de la treizième carte du Tarot de Marijoa, la Mort.

- Oui ? ici Styx





- Salut Styx. Tu as lu le journal ?

Celle qu'on nomme "La sorcière" n'est pas la patronne des Nochers, mais c'est tout comme. C'est elle qui s'occupe de la fabrication des Vive Card et qui dirige le Styx. Veillant à la santé de ses pensionnaires jusqu'a la fin de leur service ou leur mort, et s'assurant que seuls ceux qui en ont le droit ait accès à la cité pirate.

- Non, mais on m'a prévenu pour Mountbatten.
- J'aime les gens qui n'ont besoin de personne pour leur boulot. Désolé du dérangement.
- J'aime les gens qui ne laissent pas passer les détails. Merci de votre appel Capitaine..


Quelque part dans les couloirs du Styx, un pauvre type est en train d'apprendre qu'il a tiré la Treize. On lui file un dernier verre empoisonné. On récupère la lettre sur laquelle un Tire la Treize prévoyant à rédigé ses dernières volontés. Et dés que le poison agit, un nocher lui colle un coup de lame dans l'œil pour assurer sa mort, avant de le trainer au sous sol, de le coudre dans un sac avec une paire de boulets de canon, et de le passer sur la trappe qui ouvre directement sur la mer.

Plouf.

Les requins se régalent, et quelque part dans la cabine d'un corsaire, une vive card s'effrite et cesse de s'agiter.

- Et maintenant ?
- Maintenant ? On va s'assurer qu'il n'en ai pas d'autres qui trainent dans le coin.
- Qui s'occupe d'Omega industrie ?
- A toi la main Baker.

Un pirate qui devient Corsaire, c'est pas un processus fréquent, mais ça arrive. Il faut dire que le poste est attractif, être corsaire c'est garder presque tous les avantages de la piraterie tout en en éliminant la majorité des inconvénients. Votre prime est annulée, vous pouvez a nouveau vous promener en paix dans le giron du gouvernement mondial sans craindre de vous faire attaquer par des chasseurs de primes ou d'être coulé en mer par la marine. Et en échange de quelques menus services, le gouvernement ferme les yeux et vous couvre sur la majeure partie de vos exactions de criminels.

Il n'y a qu'un défaut à la vie de corsaire, c'est que tous vos amis pirates vous considèrent comme un traitre et se mettent à vous en vouloir salement. Et comme, en tant que corsaire, vous êtes un de ces pirates qu'on ne vient pas emmerder sur un coup de tête, c'est souvent sur vos possessions que commencent par s'acharner les gens.

Mais hé ? C'est le jeu hein ?

- J'ai terminé l'affiche.

- Superbe.

Sur Armada, qui regroupe beaucoup de pirates puissant, et qui est donc un endroit plus susceptible qu'un autre de voir des amis de longue date devenir des Corsaires, on est toujours prêt à réagir aux changements de camp. Et gare à ceux qui sont un peu trop attachés à leurs patrons, et pas assez à la libre cité des pirates.

Devant les hangars d'Omega Industrie, l'heure n'est pas à la fête. Pour un syndicaliste chevronné, ça sentirait même plutôt le début de grève. Pas de bruits de machines, des attroupements devant les hangars, des mines sombres, des discussions a voix basse, des journaux qui passent de mains en mains et des contremaitres qui ont l'air aussi perdu que les ouvriers.

Il faut dire que l'heure est aux questionnements, il se passe de choses !

- Je vous dit que je l'ai vu !
- Qui ça ?
- Le Capitaine Red !
- Ben, moi aussi je l'ai déjà vu...
- Non mais ici bougre de crétins ! Je l'ai vu ici ! Ce matin !
- Ici ?!
- Avec ses gars ! Ils sont allés dans le bureau de Marian, et ils sont pas ressortis depuis...
- Putain...
- Vous pensez que c'est lié a ce qu'il y a dans la gazette ?
- Mais non, bien sur que non. On bosse pour un type qui vient de passer corsaire, il se point ici, arrête la boite, mais ça n'a surement aucun rapport.
- Ouf, j'ai cru qu'on allait y passer...
- Mais on va peut être tous y passer !
- Regarde les bords du cadran ! T'as pas l'impression qu'on est cerné ?!
- Mais moi je le connais pas Mountbatten ! Je suis Armadien depuis toujours !
- Ben moi aussi. Mais c'est la guerre !
- Je suis pas en guerre je suis mécano !
- Red t'entende...
- Il va quand même pas tout bruler ?
- On en sait rien, va savoir ce qu'il peut faire, si ça se trouve on va tous finir dans un trou noir.
- Les gars ! Y'a du mouvement dans les bureaux ! Venez tous !

Et en moins de temps qu'il n'en faut pour hurler "On va tous mourir" tout le personnel d'Omega industrie se retrouve massé dans le hangar ou se trouve le bureau du patron. Patron qui justement émerge sur la passerelle qui lui permet en temps normal d'embrasser d'un regard l'activité de la boite. Patron qui a visiblement du faire une sévère chute dans l'escalier en venant au travail, vu les hématomes qui ornent son visage. Heureusement qu'a coté de lui, un des hommes du Capitaine Red semble se dévouer à le soutenir.


- Chers collaborateurs, tout d'abord je dois vous dire, pas de panique ! Tout va pour le mieux !

- Tout va pour le mieux ?! Vous avez vu votre tête ?
- C'est rien ! Rien du tout ! J'ai juste glissé dans l'escalier !
- Les marches d'escaliers, elles ressemblaient pas vachement au phalanges de ce gars par hasard ?
- Et si c'était le cas, ça vous poserait un problème ?

- Euh, ben en fait...
- En fait non, pas du tout ! Si vous avez du le taper c'est qu'il méritait. Hein les gars ?
- Ouais c'est sur.
- Euh, vive le Capitaine Red !
- Exactement ! Vive le Capitaine Red ! Et c'est justement de ça que je voudrais vous parler. Comme vous l'avez surement appris, notre ancien actionnaire vient récemment de choisir une option de carrière qui lui interdit de revenir ici, ce qui pourrait nous mettre, nous, nos familles, nos amis, en difficulté avec nos voisins. Mais ne vous inquiétez pas, le Capitaine Red dont le représentant est justement avec nous, vient de nous apporter une solution, en se portant acquéreur de la totalité du chantier. Une offre que, vu les circonstances, je me suis empressé d'accepter. Monsieur Baker, si vous voulez bien prendre la suite...

- Merci Marian. Bon, on va être rapide. pour vous pas de changements majeurs. Je vais juste vous demander de rester la aujourd'hui le temps que mon équipe fasse un rapide entretien individuel avec tout le monde. Et a partir de demain vous serez libre de reprendre vos activités comme avant.
- La journée sera payée ?
- Ouais.
- VIVE LE CAPITAINE RED !