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Faire naître l'équipage du Kraken

Le rocher, celui qui menaçait la quiétude de South Blue, celui que la Supernova Clotho avait fait sien, voici le nouveau terrain de jeu du Kraken. Ses échecs à monter un équipage, ces dix dernières années, se comptaient par centaines. Récemment, le Cimetière d'épave avait constitué sa toute dernière déconvenue, alors qu'après s'être approprié le commandement d'un équipage en décrépitude, il les avait massacré en pleine mer sur un coup de sang. Environ deux ans auparavant, il avait même tenté d'arnaquer les Usuriers pour récupérer un navire, mais après une brève escapade en haute mer, il s'était fait rattrapé par le Mécakraken et son illustre capitaine. L'Empereur avait failli le tuer, d'ailleurs, sûrement le pensait-il mort. Mais Salazarr n'était pas homme à périr si facilement, ce damné dont la seule vocation était la destruction de ce monde avait survécu, se nourrissant des requins venus le dépecer et parvenant à s'extirper du tombeau qu'on lui avait prévu.

Capitaine n'était pas un rôle que l'on pouvait s'inventer. Enfin, c'était ce que pensait l'homme-pieuvre. Pour lui, être un leader dans l'âme était nécessaire pour dompter les mers suivi d'une bande forbans. Mais, à vrai dire, Salazarr ne cherchait pas vraiment la vie de flibustier non plus, ses ambitions allaient bien au-delà. Lui voulait voir Marie-Joie brûler, écorcher vif chacun des Dragons Célestes qui s'y engraissaient et se servir de leur peau pour en faire son pavillon. Alors, la piraterie n'était qu'une étape, qu'un moyen d'y parvenir. Le Kraken se rapprochait plus d'un chef de guerre qu'autre chose, sauf que son ennemi n'était pas un petit bourgeois local, mais bien le Gouvernement Mondial et toutes ses institutions. Autant dire que lorsqu'il jouait franc jeu avec les équipages qu'il avait ameuté autour de lui, ses rangs se dégarnissaient aussitôt. Puis, après ses quelques premières colères, le reste des derniers courageux l'abandonnaient et c'était souvent dans le sang et la douleur.

Mais cette fois-ci, l'homme-pieuvre comptait être plus sélectif. Il voulait des marins endurcit, des gars capables d'affronter tempêtes de vents et d'aciers, de massacrer sur ses ordres et de mener les combats qu'il avait choisi.

Après s'être rendu à La Bonne, Salazarr conclu que l'endroit était bien trop propre et ne correspondait pas au profil de ceux qu'il recherchait, alors, il jeta son dévolu sur la Zone. Il s'agissait de la zone de non-droit d'une île pirate, autant dire que ce qui pouvait se passer ici dépassait de loin l'imagination de ceux dont l'âme était encore capable d'être sauvée. Le Kraken, lui, avait déjà sa place de choix en enfer et il n'en était pas peu fier. Alors, autant qu'il commence à s'entourer d'une véritable armée de démons. Lorsqu'il marchait, hasardeux, dans les ruelles malfamés de la Zone les regards se tournaient vers lui. Parfois quelques homme-poissons étaient de passage ici, notamment ceux envoyés par les Dent d'ta mère du Cimetière d'épave, mais rare étaient ceux que l'on pouvait comparer à Salazarr. Sa boiterie, le bruit sec de sa jambe de bois claquant contre le sol, sa barbe de tentacules et la pince qui lui servait de main gauche, il dégageait une aura aussi sombre que ses ambitions. Rapidement, il fit circuler la rumeur qu'il cherchait à recruter des pirates, vantant une sélection rude et qui s'avérerait mortelle pour les faibles. Pour la disséminé au plus vite, il chargea quelques sans-domiciles frêles et malades, que son regard avec effrayé, d'être ses émissaires. Ceux-ci détalèrent et racontèrent à tous ceux qu'ils croisèrent que l'homme-pieuvre montait un équipage de damnés. Certains se défilèrent par peur de mourir, d'autres déclinèrent l'invitation par simple désintérêt alors que d'autres furent titillé par la curiosité ou la soif de sang, parfois même les deux.

Alors, cinq jours plus tard, une foule de déchets humains était assemblée autour de Salazarr. Au sein même de la Zone, un peu à l'écart des rues principales, il les avait réunit au croisement de deux ruelles. Seul face à eux tous, il scrutait ceux qui postulaient. Son regard acéré et sombre leur glaçait le sang, certains déglutirent lorsqu'il le sentirent se poser sur eux.

Je suis Salazarr, le capitaine des pirates du Kraken que vous r'joindrez si vous survivez aux deux tests que j'vais vous soumettre, commença-t-il sans fioritures. J'sais pas qui vous êtes, c'que vous avez fait pour arriver ici et j'en ai rien à foutre, si vous espérez une vie d'aventures et de rêves à accomplir alors dégagez ! Y'a pas d'idéalistes chez moi, j'vous promet qu'une place en enfer, rien d'autre ! Si avant ça vous voulez tuer, voler, et faire tout ce qu'un pirate de la pire espèce fait, alors suivez moi, tonna-t-il enjoué. Le Malvoulant est mort, mais croyez moi qu'il n'avait rien à m'apprendre ! Ces quelques mots lâchés par la voix abyssale et effrayant du Kraken résonnèrent en chacun. Quelqu'un fit un pas en arrière, avant de tourner les talons et de s'en aller.

Deadly Ink Bullet

Après s'être craché un jet d'encre dans la main droite, l'homme-pieuvre fit un mouvement de lancé en direction du fuyard. Une bulle noirâtre suivi son bras, comme une balle de fusil avala la distance en un rien de temps. L'homme fut transpercé dans le dos, la balle aqueuse le transperça et éclata contre le sol. L'homme tomba en avant, crachant du sang.

Arghhhhhh, hurla-t-il de douleur alors que son sang se répandait en une flaque visqueuse autour de lui. Salazarr aurait pu l'achever, mais il ne le fit pas, jugeant que ces hurlements de douleur rajoutaient un peu de spectacle à l'ambiance macabre qu'il faisait peser sur les lieux.
Vous êtes venus ici, vous ne pouvez plus vous défiler, ricana-t-il d'un air machiavélique. Face à lui, plus de cent vingt forbans, criminels et déchets humains attendaient. Premier test, dès que vous aurez tué trois gars, venez à mes côtés, annonça-t-il comme un coup de tonnerre.
Heu...
Mais j'pas d'armes moi, se plaignit l'un des postulants qui voyait que certains s'étaient, eux, bien équipés

J'espère que tu sais t'battre ou qu'tu cours vite, ricana Salazarr. Le recrutement commence maint'nant !

Pan.

Il avait dégainé son pistolet et tiré en l'air, annonçant avec fracas le début d'un jeu mortel qui verrait se dévoiler les plus vils et violents pirates de ce large groupe. De son œil aiguisé, il scrutait les affrontements pour voir se révéler des talents.
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Depuis la mer, cet amas de rocher n'était pas accueillant.Rokade une île rocheuse plus on s'y avançait et plus les rochers et les crevasses se dresser dans le ciel. L'écume et le fracas des vagues de l'océan la rendaient comme envoûtante et dangereuse ; une île qui ne se laisse pas domptée. C'est multitude falaise et coline de roc rendais l'île très sombre.

Manfrid s'était rendu sur Rokade sur les bons conseils d'un pirate dénommé "Red" un parfaite inconnu qui a su trouvé les mots entre deux services sur le baratie.La venue du jeune homme solitaire sur ce caillou était. D'une d'écoulée, c'est marchandise volée et de deux d'aller dans un quartier peu recommandé. La Zone des ruelles étroites, un ciel fais de pierre là où même les rayons du soleil pénètrent timidement. Un lieu mal famé sans foie ni loi. Ou seul les plus forts survivre et les plus faibles meurt ; Quel bel endroit pour mourir l'arme a la main. L'air était lourd, la température était élevée. Et le temps humide.

Il ne savait pas dire si la population de rats bien portants a la panse tendue dans la zone ; était dû à la météo humide et chaude ou au corps fraîchement abattus qui jalonner la rue. À la vue du mammifère qui rentrait et sortait de l'intestin d'une femme éventré au sol. Le jeune homme se dit que le rongeur ne devait pas avoir mangé de légumineux depuis un moment et que sont régime carnivore lui convenait à ravir. Dans cette ambiance macabre et lugubre, Manfrid se sentait dans son élément. Côtoyer la mort et la puanteur le rendait frustré et impatient.Ce n'était pas de la peur, mais une excitation viséralle de faire couler le sang. Chaque flaque de sang dans laquelle il marchait faisait monter sa frustration que ce ne soit pas lui qui en soit la cause. La main sur son sabre a la taille qu'il serrait de toutes ses forces.Son envie de tuer le prochain homme qui croiserait sa route était déjà tout écrite. Malheureusement ou heureusement le destin peut parfois être clément avec certains. Alors que le garçon au cheveu mi-long caché derrière sa capuche avais dégainer aux trois-quarts sont sabre de son fourreau.Il se déclina à assouvir ses pulsions aux paroles de l'homme amaigri au teint pâle. Titubant dans la rue se cognant la tête de son plein gré a chaque coin de rue. Lui fit ranger son arme et l'envie de meurtre.

"l'homme pieuvre et là, dans 5 jours, il se réunit avec des forbans pour former un équipage.Aidé nous cet homme et la mort incarnais " disait-il en tombant au sol.Manfrid saisit l'homme affaibli a l'allure de squelette tout tremblotant et lui demanda avec un large sourire.

"Cet homme pieuvre, il est si effrayant que ça ? Et t'il fort ? Réponds-moi ? RÉPONDS!!!!!!!!!" Hurla le garçon d'euphorie à l'homme malade
" Ou ce réunis l'équipage de cette pieuvre. Parce que je n'ai jamais eu l'occasion de croiser le fer contre un démon"
Manfrid se rendit au fameux lieu du rendez-vous. S'assoie a même les pavés et fit taire son envie criminelle et se canalisa pour une fois le moment venu tout déchaîné sur l'homme pieuvre qui avait effrayé l'homme malade. Le sourire aux lèvres, il patienta au même endroit. Depuis plusieurs jours, il se forçait à ne pas dormir et à engloutir des rats farcis à l'homo sapiens. Le goût était écoeurant, mais il fallait garder des forces. Bien entendu, un homme a ses faiblesses au bout de plusieurs jours, il ferma les yeux. Pour dire toute la vérité il tomba raide mort de fatigue, ses paupières ce fermant sans même qu'il ne s'aperçoive de la situation.

Un bruit sourd et soudain le fit sortir de son coma et de son état végétatif."PAN" une foule de jeunes brigand plus ou moins en forme était là en nombre. Parmis cette foules il y avait des hommes bien portant d'autre au cicatrices profondes et a l'aspect tourmenté. Et tous étaient rivés en direction d'un homme. Le regard écarquillé en direction d'un homme. Un homme gigantesque faisant approximativement sa taille deux mètres cinquante au trait plus qu'atypiques. Une barbe de tentacule une peau visqueuse et d'une couleur dérangeante.Ce n'était pas humain le vieillard malade avais raison, il était terrifiant et dégoutant. Une pince effrayante Manfrid avait. attendu l'homme pieuvre. Tout en se relevant et sortant totalement sont sabre de sont étui a la taille. Il lui fit faire a son sabre un cercle complet de gauche à droite au-dessus de sa tête entaillant deux mécréants qui était trop prés de lui.
Manfrid fixé l'homme pieuvre et ce rapproché de lui l'arme sortie entaillant et trucidant tout obstacle entre lui et l'homme poison sans savoir que ça en était un

"je tes enfin trouvé démon" dit-il le faciès heureux et l'envie d'en découdre
    Deux, trois.. six.. Le jeune homme brun qui s'avançait vers le Kraken ne détournait même pas son regard de l'homme-poisson lorsqu'il tranchait les malheureux qui se dressaient face à lui.

    Les affrontements battaient leur plein et déjà la séance de recrutement déraillait. Le regard sombre de Manfrid se plongeait dans les abysses de celui de Salazarr. La tension était palpable, alors que le jeune homme avançait encore et encore, défiant celui qui voulait devenir capitaine.

    - Bien petit, laisse-en aux autres, tonna Salazarr comme un véritable boulet de canon. Mais cela n'arrêta pas le jeune homme, qui se comportait comme un véritable prédateur, approchant sa proie. Range ton arme et place toi derrière moi, c'est mon dernier avertissement, fit l'homme-poisson alors que son regard en fit frémir plus d'un.

    Un véritable combat de regard s'engagea, il dura peut-être dix secondes, mais parut en durer bien plus pour ceux qui se trouvaient autour. Finalement, sans dire le moindre mot, Manfrid exécuta l'ordre du capitaine. Salazarr n'avait pas encore dégainé son arme, peut-être que l'absence de volonté de se battre avait fini par raison le jeune homme. Autour, la mêlée générale se transformait en bain de sang. Les coups de feux, les estocades et coups de poings fusèrent dans tous les sens, dans la cohue d'une bataille. Cris, râles de douleur, pleurs et complaintes macabres se mélangeaient en un brouhaha incompréhensible. Le sol se gorgeait de sang, de tripes et de membres découpés. Les derniers debout se battaient dans une mare pourpre, l'odeur de la mort embauma les rues adjacentes. A mesure qu'un homme en abattait trois autres, il venait se placer derrière Salazarr, signifiant qu'il était ainsi sélectionné pour le second tour du recrutement.

    Aussi, sur les deux cent pirates qui s'étaient présentés, il n'en restait plus qu'environ quatre-vingt-dix. Le premier tri était fait et fut bouclé lorsque le dernier forban fut abattu à coups de poings par son homologue. Salazarr invita le dernier à rejoindre les vainqueurs, puis se tourna vers eux.

    - Vous êtes les braves qui avez survécu à cette bataille où la mort était le seul juge, mais pas l'temps pour les félicitations, fit-il cinglant. Dirigez-vous vers le centre du champs d'bataille, fit-il en leur montrant l'endroit où la mélasse de poussière et de sang était la plus profonde, leur arrivant jusqu'aux chevilles. Alignez-vous et faites-moi face, dignes comme des hommes !

    Ils se dressèrent alors tous les uns à côtés des autres, comme le feraient des soldats. Nulle ne savait ce qui l'attendait et certains s'en inquiétaient.

    - Je vais v'nir face à chacun d'vous et lui mettre un coup, bloquez-le et vous mont'rez sur l'navire ! Expliqua-t-il, laissant volontairement en suspend l'option selon laquelle l'individu ne parviendrait pas à bloquer le coup. Bien évidemment, tous comprirent que ne pas réussir à bloquer signifiait mourir.

    Salazarr s'avança alors, sa jambe de bois claquant à chacun de ses pas. Il ne parlait pas, jouant de son aura macabre pour entamer le moral de ceux qui lui faisaient face. Dans une danse dégoûtante et presque hypnotique, les tentacules qui trônaient au niveau de sa mâchoire se mouvaient. Boîtant mais n'inspirant aucune pitié, le pirate fit face au premier des hommes de la longue ligne de quatre-vingt-dix. Il le toisait de plusieurs tête, car l'homme-poisson affichait deux mètres cinquante sous la toise. Le pirate déglutit, se cramponnant au manche de son sabre. Le Kraken dégaina à son tour son épée, un sabre d'abordage, légèrement courbé vers l'arrière. La lame mesurait pas loin de deux mètres, s'adaptant ainsi à son physique hors-normes. Puis, d'un mouvement véloce il abattit son courroux contre le pauvre pirate qui n'eut qu'à peine le temps de réagir. Son arme s'opposa à celle de Salazarr, mais fut emportée vers le bas par la puissance de la frappe qu'il subit. Il n'y eut aucun cris, seulement le bruit du corps tombant à genoux quand il fut fendu en deux comme une bûche. Un frisson se propagea chez les forbans les moins aguerris, nulle ne voulait regarder ce qu'il se passait, par peur d'être abattu. Tous sauf quelques-uns. Le Kraken poursuivit son test, frappant contre chaque pirate, l'un après l'autre. Certains mourraient sur le coup, d'autres agonisaient en gémissant sur le sol, tandis que les plus robustes parvenaient, plus ou moins bien, à bloquer le sabre.

    - A ton tour gamin, fit Salazarr en se dressant face à Manfrid.
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    Le brun ne tremblait pas, imperméable à la peur qui même, lui procurait un frisson de plaisir indescriptible. Il tenait son katana d'une main sûre, la poigne détendue pour le moment. Salazarr, boitant, vint se mettre devant lui, le surplombant de toute sa hauteur. Il empestait, ses tentacules gesticulaient devant le visage du jeune Manfrid, qui restait imperturbable. Le regard noir de l'homme-poisson se plongeait dans celui, défiant, du garçon qui osait tenir encore debout face à lui. La tension était palpable, si bien que tous les survivants avaient les yeux rivés sur eux. Les plus observateurs avaient bien vu que le brun n'était pas net, près à défier ce pirate terrifiant alors qu'eux-mêmes en avaient peur. Les autres, se demandaient simplement comment quelqu'un de si frêle serait capable de bloquer l'épée du Kraken. L'atmosphère s'alourdit encore d'un cran, de Salazarr émanait une sensation désagréable, comme une aura nauséabonde, noire et abyssale. La mort elle-même semblait s'être incarnée sous les traits d'un homme-poulpe, abattant son terrible courroux sur les fous se dressant face à elle.

    - Montre-moi ce que tu vaux, fit la voix caverneuse de Salazarr alors qu'il abattit son sabre comme pour fendre son adversaire en deux, dans la diagonale.

    Le brun esquissa un sourire malsain en coin, ses cheveux mi-long devant le visage dissimulaient ses yeux sans obstruer sa vue. Alors que l'acier approchait à grande vitesse de son cou, il dressa sa lame en opposition avec une vélocité ahurissante. Le choc fut ressenti dans les entrailles de chacun, tandis que le fil des armes chanta une mélodie des plus stridentes. L'instant d'après, le silence avait repris ses droits et les deux opposants restaient immobile, lame contre lame. Chacun forçait, l'un pour trancher et l'autre pour repousser. Leur jeu de force dura quelques instants qui semblèrent durer des minutes entières. A cet instant, leurs regards se plongèrent l'un dans l'autre, le brasier de celui de Manfrid contre les abysses de Salazarr. Tous retinrent leur souffle.

    - Pas mal, confia Salazarr en lâchant la pression qu'il exerçait sur le jeune homme.

    Alors qu'il s'apprêtait à partir pour tester le matelot suivant, Salazarr eut un réflexe salvateur qui lui permis d'éviter le coup d'estoc lui barrant le chemin d'un simple pas en arrière.

    - Que fais-tu gamin ?! S'étonna le Kraken.
    - On a pas fini, fit Manfrid dont l'excitation était tangible.

    L'instant d'après, le brun menait un assaut en traître que la lame de Salazarr bloqua habilement. Il allait réprimander la fougue de son jeune matelot, mais devant le regard fou de celui-ci, ne pris pas la peine de dire quoi que ce soit. Il avait devant lui une énième tête brûlée, le genre qui finissait en cadavre jeté par dessus bord. Le genre dont les corps tapissait le fond des océans. Poussant un simple soupire, qui en disait long sur son état, il répondit à la violence par une puissance exagérément déployée. Là où d'autres auraient simplement repris leur test en y allant un peu plus fort, lui se déchaîna totalement. Il frappait de toutes ses forces, chaque coup était donné pour tuer. Le gamin encaissait plutôt bien, déviant la force colossale du capitaine avec brio, mais y laissait une énergie folle. Chaque frappe était plus lourde que la précédente, le sabre s'abattant comme un coup de tonnerre sur le katana de Manfrid. Véloce, agile et très mobile, tout ce que n'était pas Salazarr, le jeune homme usait de ses avantages pour contrecarrer la force écrasante de l'homme-poisson. Les forbans assistait à un combat dantesque, qu'aucun d'eux n'aurait pu tenir ne serait-ce qu'une demi-seconde. Manfrid courait autour du Kraken, esquivant ou bloquant les coups, comme une guêpe autour d'un ennemi trop imposant.

    Mais il donnait tellement d'énergie pour éviter de mourir, qu'il avait du mal à trouver l'opportunité de frapper à son tour. Les cris rauques de Salazarr ponctuaient ses attaques dévastatrices, qui chaque fois se rapprochaient un peu plus de faire mouche. La danse meurtrière se poursuivit quelques minutes encore, plongeant les spectateurs dans un état où la fascination se mêlait à l'effroi.

    Soudain, le sabre écrasa le katana sous son poids, tranchant au passage une mèche de sa chevelure noir de jais. Manfrid regarda ses cheveux tombés au sol, puis défia à nouveau Salazarr du regard.

    - Enfin je t'ai trouvé, démon ! Ponctua le jeune homme, dont le sourire carnassier ne quittait plus le visage.
    - Arrête, ou tu n'verra plus jamais l'jour, l'avertit l'homme-poisson.
    - Impossible, j'ai jamais été aussi heureux de ma vie, rétorqua le brun qui jubilait d'une excitation dévorante.

    L'instant d'après il repartait à l'assaut, comme revigoré, avec toujours plus d'intensité.
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    Schling.

    Les lames s'entrechoquèrent une fois plus, l'air était électrique. Face à l'affront qu'avait entamé Manfrid, de s'opposer avec autant d'audace face à Salazarr, qui tentait d'imposer son charisme naturel, la rage montait. Une rage qui, non contente de se traduire en une danse cinglante d'acier, bouillonnait jusque dans ses entrailles. Il ne pouvait, s'il souhaitait fonder un équipage sans peur, se laisser ainsi provoquer. Alors après un râle venu du fin fond des abysses, l'homme-poisson changea d'attitude. Là où chaque coup était donné pour tuer, désormais chaque coup avait pour but de dépecer, d'anéantir, de réduire en bouillie, d'annihiler. Ce n'était plus une colère violente, mais une rage destructrice. Il n'était plus une armée prête à croiser le fer, mais une armada déchaînant le feu de son Buster Call. 

    La pointe du katana fila mais fut intercepté par la pince qu'il l'attrapa au vol. Bloqué par la poigne du Kraken, Manfrid tenta de récupérer son arme, d'un mouvement vers l'arrière, mais n'y parvint pas. L'instant d'après, Salazarr basculait son poids sur sa jambe de bois et balayait les appuis du jeune garçon. Le brun se retrouva sur le dos, acculé et ne pu que voir s'abattre sur lui la faux de la mort. 

    - Arghhhhhhh, hurla-t-il, alors que le sabre de se plantait dans son épaule, le clouant ainsi littéralement au sol dégueulasse de la Zone de Rokade.
    - Le prochain qui tente de m'tenir tête, finira comme lui, lança Salazarr à l'intention des autres postulants qui seraient aussi fou que Manfrid. La rage au lèvres, il se dressait au-dessus du corps du jeune homme, comme l'ombre de la mort.
    - Crève démon, c'était trop bien, exultait Manfrid dont la folie masochiste se dévoilait. Libère-moi, qu'on remette ça, l'invectivait-il.
    - Débile, le désigna Salazarr alors qu'il enfonçait plus profondément son sabre dans la chair du garçon en se délectant de ses cris de souffrance. Tu crèverais en mer, laisse moi t'épargner ça gamin, fit-il sadique.

    Les pirates, choqué par l'enchaînement des événements étaient partagés, certains voulaient voir le gamin taré se prendre une bonne déculottée, d'autres transposaient l'image d'un fils qu'ils ne voulaient pas voir disparaître et protestaient déjà. 

    Mais ils n'étaient pas prêts.

    Bloqué par la lame contre le sol crasseux, Manfrid tentait de la retirer, mais elle était solidement enfoncée. Chacun de ses mouvements était périlleux, lui arrachant une grimace de douleur alors que l'hémorragie s'aggravait. Il sentait l'acier glacé, déchirant ses muscles. Soudain, le Kraken se dressa sur sa jambe de chair et d'os, puis abattit dans une extrême violence son appendice de bois, sur le visage du jeune garçon. Le coup était terrible, la tête du brun cogna le sol, l'arcade ouverte qui pissait le sang. 

    - Oh ! Protestèrent quelques matelots qui restèrent bien sagement sur leur position.
    - Quoi ? Vous m'écoutez, ou vous mourrez ! Tonna Salazarr, qui enchaîna avec un second coup plus cruel encore. 
    - Arrêt... bafouilla Manfrid entre les coups qui s'enchainèrent de plus en plus vite. Il tentait bien de se protéger d'une main, mais cette protection n'était guère efficace.
    - Arrêtez ! Firent plusieurs marins qui sortirent cette fois-ci du rang, alors que l'acharnement de l'homme-poisson était horrible à voir. Il frappait, frappait et frappait encore, comme quelqu'un piétinant un vulgaire papier sur le sol, mais avec une haine féroce. 

    Pan. 

    Tandis qu'il continuait à écraser le visage de Manfrid à grands coups, Salazarr avait dégainé son pistolet grâce à l'un de ses tentacules et avait tiré dans la jambe d'un contestataire.

    - Arghhh, hurla-t-il de douleur en se tenant le genou, la balle si était logée, se coinçant dans son articulation. 

    Le spectacle macabre continua bien après que Manfrid n'oppose plus la moindre résistance, qu'il n'expire son dernier souffle, alors que les sévices subits par son corps se poursuivaient. Le visage du brun n'était plus qu'une bouillie informe, nulle ne pourrait reconnaître ce garçon aux traits sombres mais magnifiques. La mélasse de poussière et de sang était visqueuse, collait à la jambe de bois de Salazarr, accompagné de morceaux, de chair, d'os et de cervelle.
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    Les matelots étaient immobiles devant le spectacle horrifique d'un jeune homme, gisant sans vie, le visage tuméfié et méconnaissable. C'était terrifiant, un massacre venait de se dérouler sous leurs yeux, sur fond de cris de souffrance de l'homme qui s'était fait tiré dessus. La lumière était faible, le sol crasseux et l'odeur du sang embaumait les lieux. Les jambes de certains forbans se dérobaient sous eux, l'envie de vomir était puissante, viscérale, certains rendaient déjà leur dernier repas. D'autres, sûrement des pères, étaient pris aux tripes par une haine et une rage terrible. Bouillonnant de l'intérieur, plusieurs d'entre eux s'avancèrent poings et mâchoires serrées. Les plus prévoyants d'entre eux, brandissaient déjà leurs armes, tandis qu'une petite minorité détournait simplement le regard, par désintérêt ou couardise. D'un seul coup, l'extermination de Manfrid avait uni la soixantaine de pirate derrière un même dessein. 

    - Chopez ce monstre, héla l'un des matelots. 

    Comme un seul homme, tous fondirent sur l'homme-poisson, le courage revigoré par leur supériorité numérique. Le fer de lance de l'offensive, aussi hardi qu'ignorant fut également le premier à périr. La lame de l'homme-poisson le traversa au niveau du front, avant qu'il ne jette le corps sur la gauche d'un mouvement empli de désintérêt. Le second fut accueilli d'un coup de coup dans le torse, puis fendu en deux d'une frappe descendante. Le troisième, un grand gaillard atteignant facilement les trois mètres, se retrouva, gants métalliques aux mains, prêt à en découdre. 

    Sea Pressure.

    Alors qu'il sauta au cou de Salazarr, ce dernier lui envoya un coup de poing terrible en plein torse. L'air ambiant sembla, l'espace d'un instant, se figer. Le corps du colosse était resté droit, imperturbable, mais uniquement d'apparence. D'un seul coup, comme lorsque l'on retient un ressort, tout explosa. L'eau présente dans le corps du malheureux fut projetée vers l'arrière, entraînant avec lui l'homme qui atterrit plusieurs mètres plus loin. 

    Les cris de fureurs se turent.

    Les regards hébétés des pirates se croisèrent, le silence s'installait. Leur courage, aussi ardent fut-il, n'en était pas moins fugace et s'était tarit aussi vite qu'il ne s'était embrasé. Devant eux, véritable démon des abysses, se dressait Salazarr. Ce n'était qu'une illusion dû à la peur qu'il avait su installer, mais tous le voyaient comme nappé d'un manteau de brume noir, grand, sombre et horrifique. L'incarnation même de la mort. Ils se sentaient petit, affreusement petit et surtout prisonnier de la bête.

    - M... gamin... geignit l'un des matelots qui s'était abaissé auprès du corps sans vie de Manfrid. Il aurait pu être mon fils, constatait-il avec véhémence.
    - T'aurais eu un fils con ! Vous êtes mes pirates, nous iront réduire les institutions en cendres ! 
    - Bata..
    - Laisse, il va t'bouffer, l'arrêta l'un de ses camarades.
    - Quelqu'un a que'qu'chose à dire ?! Questionna Salazarr. 

    Les soixante se figèrent, faisant un signe de non de la tête. Ils étaient désormais les pirates de Salazarr. Des pirates qui, sans le savoir, s'était d'ores et déjà mis à dos tous les ennemis que c'était fait le Kraken.
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    Fier, à la tête d'une bande de pirates désireux de le dépecer, Salazarr n'en était pourtant pas moins confiant. Laissant les cadavres parsemer les rues de la Zone, il pris la tangente vers Les Degrés de Pierre. L'archipel escarpé, des miettes aiguisées et inhospitalières, se dressaient comme un affront à l'océan déchaîné. L'homme-poisson s'y était réfugié pour éviter d'avoir à croiser, une fois encore, les hommes de Clotho. La guerre n'était pas ouverte entre les deux hommes, mais la haine nourrie par le Kraken était profonde. La zone restait sous la coupe de la Supernova, mais le relief oblige, Salazarr avait moins de chance de les croiser. 

    Un camp de fortune, monté à la va-vite leur servit de quartier général. Obligatoire, car pour l'heure, le Kraken était à la tête d'un équipage sans navire. Sans le sou, l'idée première de l'homme-poisson fut d'en voler un, encore, mais cela lui avait joué un tour lorsque, traqué par le Mécakraken, il s'était fait rattrapé par Red qui l'envoya par le fond. Cette fois-ci, Salazarr n'allait pas s'attaquer à un grand pirate, pas encore. Il scrutait l'horizon, envoya ses hommes chercher des opportunités de navires marchands, mais ceux-ci ne revinrent jamais. Ils lui laissèrent leurs affaires, leurs armes, décidés à ne jamais revoir ce tyran complètement fou. 

    Le Kraken se retrouva seul, seul et plein d'amertume. La violence. La haine. Voici ses seules amantes et pourtant, il ne parvenait pas à plier l'humain à sa volonté. Ses tentatives de créer un équipage s'étaient soldés par des échecs, à chaque fois. Il inspirait la peur, mais juste trop. Il n'imposait pas sa loi, il faisait fuir. Finalement, Clotho avait raison, lorsqu'il lui avait dit qu'à vouloir diriger de cette manière il n'arriverait à rien. Salazarr fulminait devant ce constat, sans travestir ses intentions pour le monde, peut-être devrait-il changer son approche. Car à vouloir agir ainsi, jamais il ne pourrait créer l'équipage dont il a besoin, la bande de pirate assez folle pour partir en guerre contre les Dragons Célestes. 

    Alors la peur oui, un peu. La violence, bien sûr, mais mieux dosée. La haine, un soupçon, justement dirigé. Salazarr n'avait pas réussi à réunir de forbans autour de sa cause, mais, peut-être touchait-il du doigt la formule qui lui permettrait de le faire à l'avenir.
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