Hypnodance !

Plusieurs jours avaient passé depuis leur dernière arrestation, et c'est sur une île tranquille que le trio se reposait avant de définir leurs destinations respectives. Suite à son dernier affrontement, une discrète cicatrice habillait la joue gauche de Raiko, souvenir d'une balle de fusil déviée au dernier instant. Sur la terrasse d'un café, la femme sirotait un thé tandis que Lully grommelait dans sa barbe.

"- Quand est-ce que tu retournes chez toi et qu'on ne te revoit plus ?!" cria le mink bleuté à Raiko, toujours aussi agréable à son égard.

"- Aussi tôt que possible, ça me fera d'ailleurs moins de personne avec qui partager ces primes." répondit la ninja toute enjouée, découvrant dans le journal une annonce qui venait d'attirer son attention.

"- Fais voir !" cria la loutre en ôtant à vive allure le papier entre les mains de la shinobi. "Shimotsuki... Très dangereux pirates, blablabla... 10 millions chacun ! Beethoven, l'Océan a mis cette annonce sur notre chemin." se retourna Lully en s'adressant à son disciple.

"- Et Raiko avec ?" demanda l'homme poisson.

"- Non, rien à voir, elle c'est le mauvais vent qui l'a amenée ici." fit mine de s'offusquer l'avare. "On prend le prochain bateau pour Shimotsuki !"

Raiko reprit son journal et lit plus en détails l'annonce. L'équipage pirate était composé de deux personnes, sévissant dans East Blue et ayant été repéré en bord d'île de Shimotsuki pour la dernière fois. Ceux-ci auraient repoussé et même tués les agents de la marine ainsi que les chasseurs de primes ayant tenté de s'en prendre à eux.

La ninja avait beau être originaire de l'île, cela n'était pas une raison nécessaire pour se précipiter dans la gueule du loup. Patience et réflexion étaient les maîtres mots de sa discipline après tout. Cependant, attendre trop longtemps impliquerait probablement que les primes leur passent sous le nez.

"- Dans ce cas là je serai votre guide !" s'exclama la femme, ne sachant pas si elle était vraiment heureuse de retourner sur son île natale ou non.

Le plus important pour l'instant restait de trouver le bateau marchand le plus proche en direction de Shimotsuki, fort heureusement l'île importait et exportait à foison et les transports maritimes ne manquaient pas, ils prirent alors la mer le soir même, malgré les contestations de Lully.

En arrivant à Shimotsuki, Beethoven observait avec attention la ville portuaire où ils avaient atterris. Il était déjà venu. Une fois, peut-être plus. Il y avait rencontré Raiko il y a de cela bien longtemps. Le temps, comme les îles, lui semblait bien dérisoire. Il n’y pensait que rarement. Sans réel but, il amassait les richesses, guidés d’un jour sur l’autre par les motivations de l’instant de la loutre bleuté sur ses épaules. Et devant ce fait, il souriait. Satisfait de son existence.

- “Là-bas !” criait Lully dans les oreilles de l’Homme-Poisson en pointant un large panneau de bois sur lesquels étaient placardées plusieurs affiches de prime.

Et sans attendre plus longtemps, Beethoven s’y rendit pour scruter avec attention les différents papiers. Mais pas que. Son regard se perdait autour de l’endroit, il tournait sur lui-même en cherchant quelque chose.

- “C’est curieux.”
- “Tu l’as remarqué aussi ? Il n’est pas là.”
- “Oui, sûrement sommes nous arrivés trop tôt ?”
- “Je ne pense pas, c’est bien l’heure.” répondait la loutre en pointant le soleil haut dans le ciel.
- “Mais de qui vous parlez ?” demandait Raiko, surprise de l’échange des deux hommes.
- “Du vieil homme.”
- “Le vieil homme ?”
- “Oui, quand tu cherches une prime, tu vas sur l’île en question, tu t’approches d’un panneau et d’un coup, un vieil homme énigmatique te donne la localisation de l’homme traqué.”
- “Mais pas du tout.”
- “Tu penses qu’on va devoir trouver notre homme … nous-même ?”

Une pensée qui fit tressaillir l’homme-poisson. Il ne savait pas par où commencer ni même à qui demander et la loutre sur ses épaules ne semblait pas prête à l’aiguiller davantage.

- “Ah ah trop marrant la ninja !”
- “Je ne rigole pas. Bande d’idiot.”
- “Au secours ! Au secours !”
- “Ah voilà, il suffisait d’attendre un peu.”

Un jeune femme courrait au travers des rues vers le duo de chasseur de prime. Sa tenue délabrée et la saleté couvrant son visage laissaient présager d’une agression qu’elle aurait pu subir. Surement pourrait-elle en dire plus au duo.

"- Que vous arrive-t-il mademoiselle ?" demanda Raiko en tentant de rassurée celle à l'air paniqué.

"- C'est.. c'est Thierry, mon frère, il est devenu complètement fou ! On faisait une balade sur la plage, vers les récifs et les falaises, et après avoir suivi un crabe dans une grotte, il est revenu vers moi en courant et m'a agressée ! J'ai réussi à me débattre et à m'enfuir, mais j'ai bien peur qu'il soit resté là-bas et qu'il s'attaque à d'autres passants..." expliqua-t-elle en reprenant petit à petit son souffle

La ninja n'arrivait pas à déterminer si cette affaire été liée à l'équipage qu'ils recherchaient, mais il fallait intervenir. Non pas par bonté de cœur, mais bien car arrêter un homme qui attaque les innocents vaut forcément son pesant d'or.

"- Entendu, emmenez nous au lieu de l'agression, nous allons voir ce qu'il en est de nos propres yeux." répondit Raiko à la jeune victime.

"- Et notre chasse ?"
"- Et notre argent ??"

"- Il faut savoir provoquer sa chance messieurs, et une piste en mène toujours à une autre !" leur rétorqua la shinobi, ayant déjà emboîté le pas de la jeune femme.

Après plusieurs longues minutes à arpenter les ruelles que Raiko connaissait déjà comme sa poche, le quatuor arriva au niveau du sable fin. La victime leur indiqua d'un doigt tremblant le dernier endroit où elle avait aperçu son compagnon, puis elle partit sans demander son reste. Les chasseurs de primes s'approchèrent avec précaution de la cavité dont s'échappaient des bruits ricochant sur les parois rocheuses. Seuls des bruits de pas, rythmés, parvenaient à sortir de l'endroit sombre de premier abord.

"- Tiens toi prêt Beethoven, ça ressemble à un piège de l'autre poisseuse..." murmura Lully suffisamment fort pour que la ninja puisse tout de même l'entendre.

Puis les pas s'accélérèrent et vinrent dans leur direction.

"- Pourrissez pas mon groove !" hurla un homme hors de ses moyens, un couteau à la main.

"- C'est notre suspect !" cria la ninja en balayant le fou avant même qu'il ne puisse frapper.

Cependant un autre homme, visiblement lui aussi hors de contrôle, surgit de l'ombre dans des pas rythmés, une hache à la main.

"- Faites taire les bruits !" hurla-t-il.

Et alors que Raiko sauté sur l'homme à terre pour l'immobiliser, Beethoven se retrouvait à éviter les coups de hache vigoureux de ce nouvel adversaire. De pas agiles et sûrs, l'homme-poissons se déplaçaient avec aisance sur la pierre humide et glissante qui composait une partie du sol de la grotte. Le son de goutte lointaine leur parvenait, tout comme les râles d'autres ennemis qui devaient se tenir plus loin dans les galeries.

- "Raiko, penses-tu que nous avons à faire à nos hypnotiseurs ?" demandait calmement Beethoven en s'écartant d'un pas pour éviter un coup de hache.

L'arme lourde de l'homme venait s'enfoncer dans la roche dans un impact puissant alors qu'emporter par le poids de sa hache, il basculait vers l'avant. Beethoven en profitait alors pour dégainer son arme et assener un coup de pommeau dans la nuque de l'attaquant. Assommé sur le coup, l'hypnotisé tombait sur le sol de tout son poids, laissant son arme planté à même la roche.

- "De toute évidence, il s'agit de pauvres victimes collatérales." disait l'homme-poisson sur un ton triste.

Lully venait grimper sur ses épaules pour lui saisir les joues et lui écraser le visage avec toute sa force disponible. Un air renfrogné sur le visage, la loutre grondait :

- "Reste concentré sur le plus important. D'abord on récupère l'argent, ensuite on sauve les innocences."
- "Mais maitre, comment est-ce qu'on peut faire les choses dans cet ordre ?"
- "Chut, c'est moi qui sait."

Et malgré le doute présent dans l'esprit de Beethoven, il ne venait pas contredire l'animal qui avait fini par poser sa patte sur la bouche de l'homme-poisson pour l'interdire de débattre d'avantage. L'épéiste se tournait alors vers Raiko qui finissait de ligoter son homme qui se débattait en rageant.

- "Nous devrions nous dépêcher d'agir tant qu'il fait jour."

"- Victimes collatérales ou non, si je dois choisir entre ma vie et la leur, je n'y réfléchirai pas à deux reprises." claqua Raiko.

Elle était là pour se faire de l'argent, sauver des innocents n'était qu'un bonus dans cette mission. De plus, si elle venait à être blessée voire pire, ce seraient d'autres innocents qu'elle pourrait ne pas être en position de sauver dans l'avenir. D'un coup sec, la jeune femme claqua les deux oreilles de l'homme ligoté, ce qui sembla le sortir de sa folie.

"- Qu'est-ce que.. Je fous quoi ici, vous êtes qui ?!" commença-t-il à paniquer. "C'est vous les malades qui capturent les gens ?? AHHHHH !!!" continua-t-il d'hurler.

D'un simple signe de tête, la ninja supplia le bretteur d'assommer l'homme comme il l'avait si bien fait pour son précédent adversaire. Une fois son clapet fermé, il ne restait plus qu'aux chasseurs de primes de continuer à progresser dans cette grotte humide. Il y avait définitivement d'autres personnes au fond de cette dernière, des bougies et des torches avaient été disposées çà et là pour éclairer le chemin qui devait mener à l'antre des bandits. Des voix de mauvaises humeurs se faisaient entendre et ricochaient sur les parois rocheuses.

"- Je pars en éclaireur, attends moi ici, je reviens dans quelques minutes." chuchota Raiko en remontant son col sur sa bouche et en attachant ses cheveux en un chignon soigné.

Comme elle savait si bien le faire, la jeune femme se fonda dans l'ombre laissée par les diverses sources de lumières, profitant des aspérités et irrégularités de la roche pour s'y faufiler telle la brise. La grotte avait rapidement ouvert la vue sur une grande salle, aussi haute que large d'au moins trente mètres. Des chemins creusés naturellement dans les murs permettaient de se déplacer sur plusieurs niveau de hauteur, tandis qu'au centre de la salle, un peu en contre-bas, se trouvaient deux individus bien différents des autres. Coiffés de tous types de bijoux et de parures dorées, ceux-ci dansaient ensemble, riant à voix haute, tandis qu'une dizaine de personnes, sans aucun doute hypnotisées, arpentaient les couloirs rocheux, errant sans but ou simplement pour apporter de quoi se désaltérer aux jeunes pirates. D'un coup, Raiko se sentit partir, les pas du duo étaient mesmérisant et elle se redressa contre son gré alors qu'elle était juste à côté d'un esclave, qui cria de peur.

Cette simple interruption suffit à rendre les idées claires de la ninja qui asséna un coup de pied rapide derrière la nuque de ce dernier et le rapatriant avec elle.

"- Bon, on a de quoi s'amuser... Ils sont une bonne douzaine, dont deux énergumènes qui sortent du lot. Ce sont sûrement les hypnotiseurs, j'ai commencé à perdre le contrôle rien qu'en les observant. Je n'arrive pas à savoir si leur pouvoir vient de leurs mouvements ou des sons qu'ils produisent, prenons garde." résuma Raiko avec sa discipline habituelle.

- " Tu lui fais confiance ?"
- "A qui donc Maitre ?"

Le duo avait été laissé un peu plus en arrière de la grotte, attendant sagement le retour de la ninja avant de continuer à progresser au sein des couloirs rocheux. Beethoven avait laissé Lully glisser le long de son bras pour descendre à même le sol et il regardait la loutre ramasser des pierres qu'il trouvait au sol. Dans quel but ? Excellente question.

- "Raiko bien-sûr !"
- "Elle a toujours été un allié fiable par le passé et sa présence nous a sortie de bien des situations inconfortables. Je lui fais confiance."
- "Et bah pas moi !" grondait la Loutre. "Je sens qu'elle va essayer de nous doubler un jour. Et puis elle attire les ennuies."

D'un sourire amusé, Beethoven regardait l'animal serait son tas de cailloux dans les bras en essayant d'en poser une de plus sur le sommet sans réussir. Il savait bien que le mink n'appréciait pas la jeune fille mais leur échange conflictuel le laissait bien indifférent. Surement que Lully n'aurait pas apprécié Mozart également s'il l'avait connu.

Un cri d'effrois se répendait au travers des couloirs rocheux jusqu'au duo attendant. Beethoven se redressa d'un coup, le regard inquiet avant de ramasser la loutre avec hâte, lui faisant tomber sa collection de pierre, et courant au travers le chemin emprunté par la Ninja. Lully reprenait rapidement place sur les épaules de l'Homme-Poisson qui découvrait Raiko au détour d'un couloir, l'entrée d'un grand espace où grouillait les adversaires. Entre ses bras, un homme qu'elle avait fini par assommer et qu'elle laissait tomber par terre en douceur.

Calmant son cœur palpitant, l'homme-poisson écoutait attentivement les propos de la Ninja avant de s'interroger sur la bonne marche à suivre. Le mieux serait surement d'interrompre les danseurs hypnotiques par surprise et de brouiller au maximum la vue de tous. Histoire d'éviter de se battre les yeux complètement fermés. Et ça tombait bien, car pour ça, la jeune femme était surement un allié de choix.

- "Brouille leur la vision avec tes fumigènes. Je me charge de les séparer." disait l'épéiste en gardant un regard attentif mais entre coupé de petite tape de Lully à chaque fois qu'il commençait à être absorbé par leur hypnose. "Ce combat ne va pas être évident."

La présence des chasseurs de primes venait probablement de parvenir aux criminels en herbe après le cri que l'homme avait poussé, raison pour laquelle il gisait inconscient, à même le sol. Beethoven avait raison, il fallait agir en conséquence et profiter que l'ennemi n'avait aucune connaissance de nos forces pour frapper.

"- T'as raison, la tournure des évènements commence à me plaire ! Si jamais tu aperçois que je fais péter un fumigène plus sombre que les autres, essaye de pas traîner à proximité, tu risquerais d'y laisser des écailles." précisa Raiko à son coéquipier.

Elle disposait plusieurs bombes à son arsenal, mais sa petite concoction personnelle, mélangeant fumigène et métaux légers, lui permettait de créer un vrai nuage électrisé et représentait une fierté personnelle. Mais il ne fallait pas en abuser et la ninja elle-même n'était pas à l'abri de voir une telle arme se retourner contre sa créatrice.

A en juger par la réaction qu'elle avait eu contre son gré, la shinobi en avait déduit que l'hypnose des pirates devait reposer sur le rythme de leur pas et sur la mélodie que leurs claquettes dégageaient. Roulant rapidement des morceaux de tissus entre ses paumes, elle s'assura de confectionner des bouchons d'oreille improvisés qui suffirait, avec un peu de chance, à atténuer l'emprise hypnotique des adversaires. Le col à nouveau remonté sur le bas de son visage, Raiko procédait avec précaution et discrétion, ne communiquant avec Beethoven que par le biais de signes de mains, qui paraissaient limpides pour la ninja mais auxquels l'homme poisson se contenter d'hocher la tête et d'avancer plus ou moins dans les directions pointées. Il allait sans dire que Lully quant à lui, répondait par d'autres gestes de mains bien moins grâcieux et... utiles.

Après un décompte silencieux partant de son majeur et finissant sur son pouce, Raiko projeta simultanément trois bombes fumigènes, plongeant une grande partie de la grotte dans la panique et dans un nuage opaque pour quiconque ne se trouverait pas en son sein. Maintenant, elle devait scruter les faits et gestes de son allié et prendre à partie l'individu que Beethoven parviendrait à isoler.

Et d’un coup de sabre, l’épéiste venait trancher l’air entre le duo de pirate. Avec agilité, les deux s’étaient séparés, évitant la lame de justesse. La jeune fille disparaissait derrière la fumée épaisse. Beethoven avait frappé presque à l’aveugle et si son coup avait permis de séparer les deux, il était clair que la fumée de Raiko était aussi handicapante pour eux que pour leur ennemi. Une fois de plus, il avait l’impression de se battre dans le noir.

Le garçon qui accompagnait la pirate venait coller un coup de pied puissant dans le flanc de Beethoven, profitant de l’élan du coup raté et de sa vitesse pour prendre le chasseur de prime par surprise. Se décalant d’un pas, l’homme-poisson encaisse le coup, concentré sur un nouveau coup d’épée horizontal qui fit reculer l’hypnotiseur.

- “Chris !”
- “Ne t’inquiète pas Mélina. Je vais bien. Ce rustre ne m’a pas touché.”
- “Rustre ?! Tu vas voir qui est le rustre !”

Lully s’excitait sur l’épaule de l’homme-poisson alors que celui-ci tendait la main, non pas pour calmer le mink, mais pour lui éviter de chuter vers l’avant sous ses mouvements brusques. Dans le nuage de gaz de Raiko, les combattants n’y voyaient pas après un mètre. Alors tant que Beethoven gardait au contact son ennemi, il pourrait aisément se battre contre lui et maintenant qu’il était séparé de son duo, l’hypnose ne devait surement plus être possible. Peut-être …

Une main maintenant Lully en place, l’autre tournant sa lame, Beethoven fonçait vers son adversaire. Mais dans un mouvement de pas agiles, il se sentait partir. Stoppant alors sa course, il tournait la tête. Chris continuait sa danse agile et aérienne, tournant dans le nuage de gaz et repoussant l’air opaque de ses mouvements déplaçant l’air. De toute évidence, même seul, le pirate pouvait hypnotiser. Et alors que le chasseur évitait de tourner les yeux vers son adversaire, il sentait Lully glisser le long de son bras. Beethoven était pris de panique, il venait poser les yeux sur le mink bleuté qui reprenait la chorégraphie du pirate, l’imitant à la perfection et avançant doucement vers lui.

- “Maitre ?”

L’homme-poisson était perdu. Lully avait été happé par l’hypnose sous un rire désagréable de son adversaire satisfait.

Raiko avait l'habitude de cet environnement brumeux, contrairement aux pirates, elle savait pertinemment que parler à voix haute signifier révéler sa position et ainsi s'exposer à tout type de dangers dissimulés dans le brouillard. Ainsi, avec le bref échange de paroles qui eut lieu, la ninja connaissait presque à la perfection la position des trois autres protagonistes de ce combat. Sautant d'un rocher à l'autre à très haute vitesse, Mélina peinait à comprendre où se trouvait réellement la voltigeuse, qui ne manquait pas d'écharper la pirate à chaque fois qu'elle passait à sa portée. Décidément, la criminelle n'avait vraiment rien pour elle pour se défendre. Du moins c'est ce que pensait Raiko jusqu'à ce qu'un otage hypnotisé, presque deux fois plus grand que la ninja, l'attrapa par la cheville avant de la balancer plusieurs mètres plus loin.

Ses réflexes permirent à Raiko de se réceptionner plus ou moins correctement, minimisant les dégâts fatals qu'elle aurait pu subir en rencontrant le mauvais rocher. En redressant la tête, la shinobi aperçut Lully en train de se déhancher et de réaliser des pas de danse qui ne collaient clairement pas avec son sale caractère.

"- Oh la loutre, c'est un champ de bataille ici, pas une piste de danse !" hurla la femme en s'approchant pour tenter de le sortir de sa phase.

Au moment où sa main aurait du atteindre sa joue, le mink tourna sa tête sans prévenir, mordant violemment la main de la jeune femme et grimpant le long de son bras pour se loger dans ses cheveux qu'il commençait à mordre sans répit.

"- BEETHOVEN T'AS INTERET A M'ENLEVER CE TRUC AVANT QUE TU TE RETROUVES AVEC UN MAITRE EN PLUSIEURS MORCEAUX !!!" criait Raiko.

De toute évidence, quand cela touchait à son brushing et à sa tolérance à la douleur, tous ses préceptes de discrétion s'envolait en fumée. En parlant de fumée, cette dernière commençait à se dissiper, et Mélina en sanglot et en sang était montée sur les épaules du colosse hypnotisé. Le duo maintenant devenu trio encerclait les chasseurs de prime tandis que Raiko parvenait enfin à dégager Lully de sa tête. Le mink fit plusieurs roulé-boulés avant de glisser dans une flaque, ce qui sembla le ramener à la réalité.

"- Priorité aux victimes hypnotisées ou à notre survie ?" demandait elle à Beethoven contre qui elle avait fini dos à dos, à force d'être acculée par les pirates.

Raiko adapterait son arsenal selon la réponse de l'homme-poisson, mais une chose était sûre, la tournure du combat allait changer peu importe le choix de son coéquipier.

- "Priorité à Lully."

Cette fois plus de blagues ou d'hésitations. Dans l'esprit de l'homme-poisson, le choix à faire était très clair. Ses sourcilles s'étaient froncés, son torse légèrement penché vers l'avant et son attention porté sur la loutre gesticulante dans l'eau sale de la grotte. Mais avant même qu'il n'ait pu faire un pas, le colosse tendit le bras pour l'attraper. Une main sur son sabre, Beethoven dégaina si rapidement que son coup fut presque invisible. Même sans eau, le tranchant de son sabre restait redoutable et la lame d'acier était venu sectionner le bras tendu. Dans une complainte de douleur, le colosse reculait d'un pas, chancelant avec la jeune pirate sur les épaules. Cette ouverture permis à Beethoven de courir rejoindre la loutre plaignante.

- "AAAH Beethoven ! Je suis tout mouillé ! Et j'ai un sale gout dans la bouche ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!"
- "Je vous expliquerais plus tard maitre."

Si Raiko avait été laissé en plan, rapidement, sa route était bloqué par le fameux Chris et sa dance hypnotique. Car du côté de l'homme poisson, c'était bien Mélina et son colosse le nouvel adversaire. Malgré la souffrance du bras blessé de l'hypnotisé, celui ci se dirigeait vers l'auteur de blessure avec une aura meurtrière. Sa cavalière tapait des talons dans un rythme entrainant, guidant son soldat monture au combat. Beethoven tournait la tête pour voir le duo approcher et commençait à se sentir happer par l'hypnose, alors que Lully commençait déjà à enfoncer de la mousse trouvée au fond de sa flaque dans ses oreilles. Puis grimpant sur les épaules de son élève, il venait enfoncer ses doigts poilus dans les conduits auditifs de Beethoven. Rapidement après ça, le sabreur retrouva son attention. Lully retira un doigt, le temps de lui glisser :

- "Occupe toi du combat ! Moi je te bouche les oreilles. Travail d'équipe !"

Puis le mink se remit en position, laissant la situation dessiner un sourire amusé et rassuré sur le visage de son élève. Les yeux rivés sur l'otage approchant, Beethoven laissait la lame de son sabre se planter dans la flaque environnante. Puis, lorsque le premier coup arrivait, il lâcha :

- "Suprématie de l'Océan : Danse des Courants !"

Et telle une danse, Beethoven se déplaçait autour de son adversaire, tranchant son corps et évitant les attaques qui lui était porté. Ses pas, agile et souple, lui permettait de tourner autour de l'ennemi devant le regard agacé de Mélina qui ne pouvait s'empêcher d'accélérer le rythme de ses claquements pour essayer de remotiver son hypnotisé.