La 102e division à l'honneur

Les lumières illuminent la ville dans la nuit, la soirée est fraîche dans les rues de Loguetown. La Grand-Place est quadrillée de plots et un long tapis rouge au sol guide un chemin vers les portes grandes ouvertes du palais gouvernemental. Des foules de journalistes semblent prendre des photos de la figure devant les grandes portes. Ce n'est autre que la Gouverneure, Capulina Dubal, habillée d'une robe de soirée dont l'expression semble ennuyée par la situation. L'un de ses accompagnants qui n'est autre que son secrétaire lui chuchote à l'oreille.

“Madame, souriez au moins aux invités.
-Étions-nous réellement obligés de faire tout cela?
-Voyons, c'est un grand nom de la Marine. Un héros de l'Élite. Il est en tête de lice pour devenir Major aux coudes à coudes avec la Colonelle Pandore. Logue Town doit se montrer à la hauteur.
-Je n'aurais pas dû me laisser convaincre, ce genre de choses me rappelle des traumatismes d'enfance.
-Un gala en l'honneur d'un bataillon prestigieux de la Marine vous est traumatisante. Eh bien, voilà une enfance bien tragique qui n'a rien à envier aux orphelins.
-Que voulez-vous, malgré mes blessures, je continue d'avancer. Hihi !
-Votre sarcasme finira par vous tuer.”

Au-dessus de leur tête, des drapeaux flottent aux vents, celui de la cité et celui de la 102eme division de la Marine. En effet, ce banquet ouvert dans le hall du palais gouvernemental est en l'honneur de cette division. Une initiative porté par Capulina qui, conseillé par son secrétaire, désirait s'entretenir avec leur Colonel, Jakku Kattar. Ainsi les officiers de la division sont invités et accueilli par la Gouverneure, qui essaie tant bien que mal d'éviter les incidents diplomatiques. Un nouvel officier approche, elle présente sa main pour la serrer.

“Monsieur De la Tour, Bienvenue…
-Lord Jaken Constant de la Tour. Commandant Lord Jaken Constant de la Tour, je vous prie, Madame la Gouverneure.”

Le jeune femme bouge légèrement la tête en soufflant du nez, retenant un rire. Son sourire moqueur trahit son visage.

“Oh madame, un peu de respect.
-Qu'ai je pu faire ? Je n' ai rien dit, mon cher.
-Si. Vous avez dodeliner avec votre sourire mesquin dans un intention peu reluisante.
-D'abord mon cher, je n'ai pas un sourire mesquin, ensuite, je n'ai pas dodeliner.
-Si vous avez un sourire mesquin, puis vous avez dodeliner.
-Très bien, admettons la nature de mon sourire narquois, mais je n'ai pas dodeliner.
-Ah si. Vous avez dodeliner.
-Mon cher, qu'est-ce que vous appeler dodeliner au juste ?
-Vous aviez fait comme ça.”

Son secrétaire imite maladroitement ses gestes précédents. Un scène quelque peu ridicule, Capulina tenté tout de même difficilement de garder son sérieux.

“Ben voyons, cela n'a rien à voir. Là je dodeline.”

Elle bouge la tête franchement pour montrer le contraste.

“Je n'ai pas dodeliner.
-En voilà assez. J'espère que cette soirée sera plus agréable que l'accueil.”

L'officier, le regard hautain, passe ainsi la porte pour rejoindre le banquet dans le hall. La blonde le regarde s'éloigner puis elle singe son phrasé de manière grotesque.

“En espérant que cette soirée soit plus agréable que l'accueil. Et Gnagnagna. Quel snob ridicule.
-Madame, retenez-vous un petit peu.
-Vous semblez apprécier avoir le beau rôle, ce soir. Évitez d'en devenir trop arrogant.
-Vous n'auriez pas dû dodeliner.
-Mais, enfin, comment dois-je le dire? Je n'ai pas dodeliner.
-Quoiqu'il en soit, vous connaissez la susceptibilité du bonhomme. Marie-Joie doit lui manquer plus que d'habitude.
-Heureusement, ce n'est pas avec lui que je dois dîner.”

Prenant un faux sourire devant les invités qui défilent et les escargocameras, la Gouverneure présente ainsi la célébration de la 102eme et notamment son dernier coup d'éclat le Sauvetage de Vegapunk. En réalité, une simple manœuvre politique dont l'ex-agent du Cipher Pol s'acquitte sans grande conviction. Les titres ne sont rien pour elle, de plus, elle connaît déjà l'homme dans un cadre plus secret. Cependant le temps d'attente commence à faire long et Capulina commence déjà à s'agacer de jouer l'hypocrite.

- Gouverneure Dubai.

Soirée mondaine oblige, je gratifie la Gouverneure d'un impeccable baise main plutôt que d'un rigide salut militaire. Les circonstances fond loi, et un geste malheureux dans ce genre de pas de danse soigneusement chorégraphié est aussi éliminatoire et mortel au sein de la bonne société qu'une balle de révolutionnaire dans un combat sanglant.

Comme le veut la coutume, nous restons quelques secondes face à face, juste assez pour pouvoir au besoin échanger quelques mots en privé.

Capulina Dubai. Un frère mort au combat en portant l'uniforme de la 102eme sur Elysia. Une famille puissante et influente au sein du Gouvernement Mondial, une agent de terrain du Cipher Pol, qui, comme moi, à su utiliser à son profit le service du Gouvernement pour devenir bien plus qu'un simple pion, et enfin, une sœur de loge du Nouvel Ordre, une sœur avec qui j'ai déjà ourdi et mené le meurtre d'un soi disant frère d'arme ayant un peu trop dévié de la ligne politique que l'on attendait de lui.

- Je n'ai pas encore eu le temps de vous exprimer en personne mes condoléances pour le décès de votre frère sur Elysia. Sachez que la 102eme serait honoré de vous voir assister à l'adieu aux morts que nous organiserons sous peu pour célébrer ceux qui nous ont glorieusement quittés sur Elysia.  

“Votre étiquette est parfaite, Colonel Jakku Kattar. Je remarque bien votre attention, seulement j’évite de m’investir dans l'hypocrisie. Je sais bien qu’un homme de votre stature voit la mort de jeunes officiers comme une liste de noms sans visage. Probablement que vous auriez déjà oublié son nom s’il n’avait pas une sœur d’exception. Je me suis contenté d’honorer la mémoire de mon frère auprès de sa famille. Cela m’est amplement suffisant.”

La Gouverneur effectue une révérence mesurée, alors que son secrétaire lui fait les gros yeux.

“Cessons de tourner sur des sujets aussi délicats. Nous avions bien d’autres centres d'intérêt qui renforceront certainement notre cordialité. Si vous voulez bien me suivre.”

Capulina guide ainsi d’un pas sûr et élégant cette grande figure de l'Élite. Traversant le hall et son banquet, elle progresse plus en profondeur dans le palais. Arrivant dans l’espace privé, elle s'arrête devant un de ses gardiens du Cipher Pol chargé de sa sécurité. Ce garde du corps porte sur lui une broche portant les insignes du Nouvel Ordre Mondiale. Il s’incline ouvrant la porte aux grandes pontes de Logue Town.

Les deux entrent ainsi dans une grande pièce décorée par des drapeaux de Logue Town avec des symboles subtiles du Nouvel Ordre Mondial disséminés sur la grande table centrale. Le buffet encore fumant est déjà déposé et aucun serviteur n’est dans les environs. D’un geste, la dame incite son invité à prendre ses aises.

“Installez-vous. Je vais vous servir.”

Sans plus de manière, elle sert au Colonel un millésime datant de 1616. Évidemment, Capulina boit en premier sa gorgée pour prouver que rien ne le mettra en danger. Après l’affaire des Conspirateurs, il est normal de se méfier de ses alliés.

“Un vrai délice. Ce vin rouge vient de Saint-Uréa, mon île natale. Malheureusement, le vin de Logue Town a un arrière goût de liquide vaisselle. Chacun ses atouts, ce pays ne démérite pas dans ses crues de théiers.”

Après évoqué légèrement son attrait pour ce genre de boisson, l’ex-Agent Tarentule initie une discussion bien plus serieuse, de but en blanc, comme seul précurseur un simple sourire.

“A présent que nous sommes seul à seul. Je vais être franche. Qu’attendez-vous pour devenir un Dragon Céleste? Vous avez toutes les cartes en main, et bien, d’autres personnes ont brisé ce tabou avant vous. L’oisiveté, l’altitude ou la société divine vous font-elles peur? Ou bien, avez-vous besoin d'un coup de main?”

- Je vous ai apporté un cru de Parisse de ma cave personnelle, une cuvée plus ancienne que la guerre civile. Nous pourrons les comparer.

Hum. Inattendu. Je m'attendais a beaucoup de choses depuis que j'ai reçu l'invitation de la nouvelle gouverneure, mais pas vraiment à ça. Au vu du passif de l'ex agent Dubal je m'attendais plutôt à une demande d'assistance et de soutien à Logue, par égards à notre appartenance commune au NOM. Une démarche logique, attendue, et a laquelle j'aurais été enchanté de donner suite, évidemment, appartenir au Nouvel Ordre sert aussi à s'assurer des alliés et des amis en toutes circonstance.

Mais parler des Dragons Célestes ?

- Intégrer les rang des Tenryubitto est un objectif qui n'est pas inaccessible, mais qui est complexe.

Et complexe est bien le mot. Il n'y a que vingt familles de Dragons Celestes, et il n'y en aura jamais plus, il n'y a donc que deux façons d'intégrer leurs rangs si on y est pas né. L'adoption par un chef de famille qui ne soit pas contesté par les siens, comme on l'a vu récemment avec l'agent Alcéa, récemment devenue Sainte Alcéa Basara. Et le mariage a un ou une Tenryubitto...

Des alliances qui ne sont finalement pas si rares. Les vingt familles ont régulièrement besoin de sang neuf pour ne pas devenir de simples abrutis consanguins, alors périodiquement, les grandes familles choisissent de s'attacher des personnalités précieuses, ou puissantes, ou utiles, ou le plus souvent les trois à la fois. On offre une épouse, un mariage, l'accession à la sainteté, et en échange on s'attache un atout qu'on juge utile dans la lutte d'influence qui ne cesse jamais entre les dragons.

Et toute l'affaire consiste donc à montrer qu'on est l'atout le plus utile, ou le trophée le plus intéressant que pourrait afficher une famille de Tenryubitto. Et c'est une compétition ou les places sont rares, très rares, et ou le moindre faux pas peut vous faire chuter très loin de la récompense.

- Et l'incident qui a eu lieu ici avec le Capitaine Red a sérieusement écorné l'image de la 102eme division d'élite, et par extension la mienne.

“Les millésimes du Nouveau Monde me sont bien trop sévères au palais. Pour vous faire honneur, j’en accepterais qu’un verre.”


Capulina tend son verre pour se faire servir, puis sirote avec une première hésitation le vin de Parisse. Sans surprise, trop fort. Elle soupire en écoutant les remarques du Colonel.

“Tout objectif de grandeur est complexe, Colonel Jakku. Soulignez-vous l’évidence pour masquer des réticences plus profondes?”

La Gouverneure a comme l'impression d'entendre des excuses pour ne pas agir. Soit cet officier n'a plus aucune ambition, soit il ne lui fait pas confiance. Elle peut le comprendre. Qui ferait confiance à l'agent Tarentule ? Mais aujourd’hui, la blonde a raccroché. C'est en partie pour cela qu'elle traite de ce sujet avec une telle aisance. Capulina Dubal ne craint pas pour sa carrière, elle l'estime déjà terminée. Avec une certaine nonchalance, elle ose ainsi exprimer les non-dits.

“Un pet de mouche comparé à Marineford. Si votre valeur est entachée par cela, alors toute la Marine régulière devrait être rétrogradée pour cette humiliation historique. Mon cher Colonel, vous n’êtes pas simplement le responsable de cette division d’élite. Vous êtes autant le Prince Souverain du Nouvel Ordre, protégé par notre Saint Patron. Votre posture peut faire de vous l’héritier spirituel du Grand Charles Bakugan. D’autant qu’une autre personnalité au sein des Saintes familles recherchent des soutiens de qualité autour du Conseil des Etoiles. Sainte Cassanja Libervitz ne semble pas encore avoir trouver son parti idéal.”

Avec un petit sourire, elle pique une olive mise en amuse bouche pour la croquer. La Gouverneure reprend ensuite.

“Je réitère, une dernière fois, ma question. Pourquoi vous ne semblez entamé aucune démarche dans ce dessein?”

Même si elle peut paraître insistante, cette femme cherche simplement à comprendre ce qui anime cette personnalité de la Marine. Une manière de faire connaissance pour une blonde aussi étrange.

“En effet, les figures secondaires parmi la Sainte Noblesse vous seront plus accessibles et vous permettront une meilleure négociation. Je suis satisfaite de voir que ces appréhensions ne vous étaient pas si étrangères en fin de compte.

Oh, mais qui ne penserait pas aux projets maritaux d’un homme de votre stature? Toutes les mères de la haute voulant un avenir radieux pour leur fille s’y intéressent beaucoup. A tel point que ce que vous venez de partager vaut son pesant d’or dans les mondanités les plus féminines.

J’ai moi même des sollicitations de mères de bonnes familles de Logue Town. Elles ont soit un fils ou un neveu à pourvoir. Mais, je ne sors que très rarement. Chaque événement dans lequel j’assiste, je peux constater leurs tentatives désespérées d’échanger quelques mots. A croire que ma réputation ne suffit pas à toutes les repousser. Ces mères pourraient vendre leurs enfants au Diable pour une portion de pouvoir.”

Ses yeux plongent dans son verre vide. Cette phrase la revoit à sa propre mère, qui correspond parfaitement à cette description. Avoir été mise au monde par ce genre de femme est une blessure dont Capulina est encore en train de traiter. Elle ne rejette plus cette information depuis peu, acceptant aussi bien son prénom, que son nom de famille. Sans le Cipher Pol comme refuge pour ignorer ses origines, l'ex-Agent Tarentule se retrouve seule pour gérer ses propres démons.

“Je divague. Vous avez raison de vous en étonner, je n’ai jamais aimé moi-même que l’on s’ingère dans mes affaires sentimentales ou maritales. Mais, vous devez savoir que j’ai bien peu d’amies. Je désirais pour une fois explorer le plaisir du rôle d’entremetteuse sans d’autre objectif que de former un nouveau couple à succès.

Il n’y a rien de plus, rien de moins. Néanmoins, j’ai conscience que les différents aspects de la romance ne doivent pas vous animer bien plus que cela. Un projet froid et pragmatique semble vous convenir au mieux. J’en suis venu au mariage arrangé, assurant votre ascension.”

Telle une coquille vide, un sourire poli illumine son visage lorsqu’elle continue de discuter avec Jakku de manière moins solennelle et plus familière.

“A défaut d’avoir réussi ma carrière, je prône le succès chez d’autres.Vous avez mon soutien dans votre entreprise. En agissant ainsi, je remplis une part du rôle qu’aurait pu remplir votre mère. Hihi.”