Je ne suis pas meilleur qu’un autre, non. Je ne m’avoue pas blanc parmi le gris, je ne me considère pas comme l’exemple à suivre. Les hommes croient aux démons, ils ont bien raison. Je pense qu’un me possède, me pousse, me fait glisser lentement vers une infinie violence. Une colère noire, qui n’a pas vocation de me propulser, mais de me plonger dans une agressivité constante. Je le sens s’infiltrer en moi, je le sens pulser dans mes veines, cogner contre ma poitrine. Il ne demande qu’une chose, seule et unique. Sortir faire un tour et voir le monde.
Les démons intérieurs sont autrement plus effrayants que n’importe lequel de ces satyres religieux, représentant une avarie. Une anomalie, une pulsion que l’on n’accepte pas. Il n’y a cependant pas de fatalité, c’est à nous de purger ces envies, corriger ces intrusions si on le souhaite. Puissante volonté qui fait cesser le besoin. Car ces mains que je tiens croisées sur mes genoux me dévisage, me crient la vérité. C’est le fardeau de naitre avec un don quelconque, c’est la personnification de nos démons… Cet avantage inhumain qui nous renvoi à nos erreurs.
Alors ces mains ne souhaitent qu’une seule chose. Alors ces mains me rappel le bruit, les odeurs, et ce puissant sentiment de plénitude. De toute puissance. Quand l’os craque, la sueur détrempe. J’exècre la violence.
Elle est nécessaire.
J’ai arrêté les combats un jour. Je me suis rangé, j’ai posé mon baluchon et j’ai vécu une courte vie de banalité. De tout et de rien. Une bataille quotidienne, différente mais pas facile. Un combat ordinaire dont j’étais gagnant. Et pourtant je n’avais qu’une envie, me perdre dans cet océan de violence contenue. Plonger pour ne jamais remonter à la surface, me laisser submerger et basta. Je n’aime pas concéder la victoire facile. J’ai donc lutté pour en revenir à mes sources, ici à North Blue.
Oui mais j’ai changé.
Ce n’est plus le hasard qui pousse mes poings par delà le monde. Ce n’est pas mes effrayants instincts qui s’expriment. C’est ma volonté propre, la conclusion d’une moitié de vie passée sur le champ de bataille, et l’autre dans une cage. Je laisserai ma trace. Je marquerai le monde de ma griffe.
Et si je pouvais améliorer un tant soit peu ce qui m’entoure, puisse ma fille vivre dans la paix que j’ai connu enfant. Dans ce monde a part fait de sérénité et de bonheur. Quelque chose de simple, de généreux et de pourtant si bon.
C’est notre époque. Changeons là si elle nous déplait. C’est notre vie. Transformons là si elle est morose. C’est notre combat : Gagnons le.
Retour à Inu town. Dans ce bricolage qui me sert de chaumine. Mon fils s’endurcit peu à peu, depuis six mois. J’ai bien l’intention d'en faire légataire de mon titre lorsque je croulerai sous le poids des ans. Ou lorsque cette position ne me serra plus nécessaire. Je veux lui assurer un avenir, même s’il n’est pas très enviable. Un truc pérenne qui lui demandera des efforts, des remises en questions, des doutes.
Je lui offre un choix de vie. Continuer sur cette route et me suivre, ou bien une fois arrivé au bout de notre cheminement qu’il bifurque.
Je lève le nez, et remarque le soleil haut dans le ciel, presque à son zénith. Je dois rencontrer quelques malfrats pour changer le jeu de main. Des responsables, cadres dans la mafia du Don. Mon patron. Le leur aussi.
Sauf qu’aujourd’hui, je vais leur proposer de lui préférer un autre. Ils accepteront les pots de vins, ou bien je serai dans l’obligation de les faire taire. Personne ne doit être au courant de l’affaire, et si l’on ne trempe pas dedans, on bave souvent.
Enfilant un débardeur sur mon tatouage, je sors par le tunnel qui nous permet de débouler chez moi. Il s’ouvre sur l’arrière des termes, entre deux caisses. Soigneusement planqué. La prudence de nos jours, c’est vital. Ce n’est même plus une question de confort. Quelle époque bien maigre. On se cache, on se joue, de l’un de l’autre, du monde.
Je m’engage dans les rues d’Inu Town. Calmes et tranquilles. Une ville calme et tranquille, saine. Sauf que moi, j’y sens les relents de putréfaction. De cette gangrène qui ronge et qui dénature. L’homme est en marche. J’ai le pas sur, l’oreille attentive aux moindre détails. Aujourd’hui n’est pas comme les autres, aujourd’hui, je lance l’offensive. Une attaque discrète, un rapt secret, un coup d’estoc et hop ! Comme dans du beurre.
J’arrive presque au centre de la ville. Les nuages gris commencent à s’amonceler au dessus de ma tête, et l’atmosphère se fait lourde. Changement de temps. L’orage gronde.
C’est souvent comme ça ici, dans le nord. Les hommes sont durs, les hommes sont affutés, car le moindre faux pas peut couter cher. Enfin, je devrais parler au passé.
J’aperçois ma destination plus bas sur la route. Une lourde et grande bâtisse de pierre. Une blanchisserie. Elle porte bien son nom, sauf que c’est pas des vêtements que l’on vient purger là bas. Par ici la monnaie.
Première fois que je me prépare à tuer, en dehors de la cage. Première fois que je me prépare à donner la mort, depuis une dizaine d’années. Je ne sais pas quel vices enfouies se révèleront au grand jour. Ne suis-je pas entrain d’ouvrir une boite auquel je n’aurais jamais du toucher ? Pourtant, je le dois. C’est la cage qui lui a prit son père, puis son frère. Et la cage, c’est moi.
Les nuages noirs se rassemblent, et la pluie me tire de ces idées noires. Il est temps d’agir, et vite. Je descends la pente, d’un pas mi- glissant. Le bâtiment est assez grand, mais pas très haut. Les pierres se disloquent presque, et l’enseigne est passée, délavée. Personne ne s’est jamais demandé pourquoi l’acquéreur de l’établissement l’avait laissé en l’état ? Surement, mais les gêneurs, ça se liquide.
En m’approchant d’une fenêtre blanchie par la crasse et la peinture, j’entends un cri. Le genre qui ne laisse aucun doute sur sa provenance. Un mec qui agonise, ou qu’on agonise. Passé par la porte est exclus. Fermée, visible, et vachement moins flippant. D’un bon impressionnant, je crochète une arrête du toit et me hisse sur les tuiles qui s’effritent. Sa tangue, moi avec, et je retiens mon souffle jusque à ce que ce soit stable. Prudent, à pas feutré, je me dirige vers le centre de la toiture. Et croise une fenêtre. Parfait. Le point d’observation le plus judicieux que je pouvais trouver.
Je m’accroupis et force sur le battant. Des voix me parviennent, déformées par la distance mais aussi les gargouillis du pauvre type à terre. Il a les genoux en angle à 90°C et une inquiétante marre de sang commence à se former sous lui. Et tandis qu’on le punch encore, j’entends une voix douloureuse.
« Arrêtez, non, s’il vous plait… Arrêtez, je ne trahirai plus jamais Don Carbopizza, je vous le jure sur ma vie, sur ma famille, sur tout ce que vous voudrez… mais arrêtez ! »
Une puissante indignation me prend. Une sorte de nausée, toute particulière puisque c’est de la violence que je dégueulerai, et non mes tripes. Je saute. Réception cinq mètres plus bas, je fléchis et roule. Le bruit attire le regards des quatre compères, la victime, elle, n’en croit pas ses yeux.
Des pistolets sont rapidement sortis.
« J’sais pas qui t’es, mais tu vas crever » me dit l’un des gardes qui accompagne un p’tit gars en costume.
Qui ne s’occupe d’ailleurs plus de moi. C’est une raclure. Bruns, les cheveux gras, son nez en patate lui arrange pas le portrait, et ses yeux enfoncés, méchants, ne font que l’enlaidir encore plus. Le genre de type bavant, baveux, qui me font pas regretter de revenir. Un balle me frôle dans ma course folle, et je roule une seconde fois, vers une des machines qui trie les billets. Sur la tables, quelques milliers de berrys. J’attends la seconde salve. Le bois qui craque sous les balles, m’arrose d’écharde et de billets déchiquetés. Ca sent le sapin, Judas !
Je bondis. Je m’élance, je prend une balle mais ne m’arrête pas. Pas le temps, ni l’opportunité. En plus, maintenant, c’est le temps de la recharge. Alors pendant qu’un des gardes du corps, un type foncé et un peu poissard, fourre son réservoir, moi je lui fourre mon poing dans les dents. Vlan.
Plus longiligne que mastoc, il roule en arrière, percute un mec à l’allure patibulaire et ne bronche plus. Son camarade s’avance vers moi en criant, je bloque son coup de crosse avec mon avant bras. Une balle s’enfonce dans mon flan mais je ne flanche pas. J’attrape les cervicales de la grosse barrique, qui me débite connerie sur connerie. J’vais regretter d’être née, qu’il paraît. J’vais me faire trouer la peau, à c’qu’il me dit. Pour l’instant c’est moi qui te tiens et toi qui couine.
Je lui enfonce la tête dans le bitume. Mon pied dans son tibias, une pression adéquate, et le voilà fusionné avec le sol. Un deuxième balle, suivie d’une troisième, me frôle et s’accroche à mon épaule.
Mais le voile rouge s’étend sur moi, et je n’entends plus rien, alors que je saute sur lui. Mon bras se plaint du traitement, quand je l’enfonce dans le nez de ma victime. Et le voile se dissipe, alors que je me tourne vers le cerveau du groupe. Et à voir l’efficacité de ses gros bras, je doute qu’il soit le plus influent du coin.
« Salut mon p’tit père ! J’viens pour la caillasse, et quelques info’ ».
Il prend son air grincheux, celui des mauvais jours, et me crache à la gueule de m’occuper de mes affaires, que si je touche au moindre cheveux d’son crâne, j’vais le regretter. Lui non plus n’a pas compris, je vis dans l’instant présent, rien à foutre des menace sur le long terme, je les traiterai. Une par une.
« Pour l’instant, ce qui m’occupe, c’est ton boss. » J’attrape sa mimine, et lui tord dans le dos, tandis que son épaule cède. « Maintenant qu’tu sais que j’plaisante pas, on va pouvoir causer affaire. »
***
J’attrape des liasses, les fourre dans une valise, et me retourne vers Joe. Pas encore mort, mais presque, il aura peut-être une chance de survie si on l’prend en charge assez vite. C’est que la mort galope pas, elle est pas pressée, elle. Je lui donne d’un clin d’œil, et son air incrédule me voit disparaître.
Le boucan des armes à feu avait alerté le voisinage, et v’la qu’il m’envoi la cavalerie. Oui mais je m’éclipse et le temps qu’ils comprennent, je serai loin.
Manze Town.
J’attends dans un bar malfamé. « Le bon giron » ne paie pas d’mine, mais la bière est bonne. La compagnie beaucoup moins. Des types louches, j’en vois à bâbords comme à tribords, et ça sentirait presque l’entourloupe. Sauf que le type que je dois rencontrer est fiable, et il préférait régler personnellement mon cas plutôt que de gâcher de la main d’œuvre.
Je m’assois tranquillement sur un des tables huileuses, au relent d’alcool, et j’attends. Il ne devrait plus tarder.
Les démons intérieurs sont autrement plus effrayants que n’importe lequel de ces satyres religieux, représentant une avarie. Une anomalie, une pulsion que l’on n’accepte pas. Il n’y a cependant pas de fatalité, c’est à nous de purger ces envies, corriger ces intrusions si on le souhaite. Puissante volonté qui fait cesser le besoin. Car ces mains que je tiens croisées sur mes genoux me dévisage, me crient la vérité. C’est le fardeau de naitre avec un don quelconque, c’est la personnification de nos démons… Cet avantage inhumain qui nous renvoi à nos erreurs.
Alors ces mains ne souhaitent qu’une seule chose. Alors ces mains me rappel le bruit, les odeurs, et ce puissant sentiment de plénitude. De toute puissance. Quand l’os craque, la sueur détrempe. J’exècre la violence.
Elle est nécessaire.
J’ai arrêté les combats un jour. Je me suis rangé, j’ai posé mon baluchon et j’ai vécu une courte vie de banalité. De tout et de rien. Une bataille quotidienne, différente mais pas facile. Un combat ordinaire dont j’étais gagnant. Et pourtant je n’avais qu’une envie, me perdre dans cet océan de violence contenue. Plonger pour ne jamais remonter à la surface, me laisser submerger et basta. Je n’aime pas concéder la victoire facile. J’ai donc lutté pour en revenir à mes sources, ici à North Blue.
Oui mais j’ai changé.
Ce n’est plus le hasard qui pousse mes poings par delà le monde. Ce n’est pas mes effrayants instincts qui s’expriment. C’est ma volonté propre, la conclusion d’une moitié de vie passée sur le champ de bataille, et l’autre dans une cage. Je laisserai ma trace. Je marquerai le monde de ma griffe.
Et si je pouvais améliorer un tant soit peu ce qui m’entoure, puisse ma fille vivre dans la paix que j’ai connu enfant. Dans ce monde a part fait de sérénité et de bonheur. Quelque chose de simple, de généreux et de pourtant si bon.
C’est notre époque. Changeons là si elle nous déplait. C’est notre vie. Transformons là si elle est morose. C’est notre combat : Gagnons le.
Retour à Inu town. Dans ce bricolage qui me sert de chaumine. Mon fils s’endurcit peu à peu, depuis six mois. J’ai bien l’intention d'en faire légataire de mon titre lorsque je croulerai sous le poids des ans. Ou lorsque cette position ne me serra plus nécessaire. Je veux lui assurer un avenir, même s’il n’est pas très enviable. Un truc pérenne qui lui demandera des efforts, des remises en questions, des doutes.
Je lui offre un choix de vie. Continuer sur cette route et me suivre, ou bien une fois arrivé au bout de notre cheminement qu’il bifurque.
Je lève le nez, et remarque le soleil haut dans le ciel, presque à son zénith. Je dois rencontrer quelques malfrats pour changer le jeu de main. Des responsables, cadres dans la mafia du Don. Mon patron. Le leur aussi.
Sauf qu’aujourd’hui, je vais leur proposer de lui préférer un autre. Ils accepteront les pots de vins, ou bien je serai dans l’obligation de les faire taire. Personne ne doit être au courant de l’affaire, et si l’on ne trempe pas dedans, on bave souvent.
Enfilant un débardeur sur mon tatouage, je sors par le tunnel qui nous permet de débouler chez moi. Il s’ouvre sur l’arrière des termes, entre deux caisses. Soigneusement planqué. La prudence de nos jours, c’est vital. Ce n’est même plus une question de confort. Quelle époque bien maigre. On se cache, on se joue, de l’un de l’autre, du monde.
Je m’engage dans les rues d’Inu Town. Calmes et tranquilles. Une ville calme et tranquille, saine. Sauf que moi, j’y sens les relents de putréfaction. De cette gangrène qui ronge et qui dénature. L’homme est en marche. J’ai le pas sur, l’oreille attentive aux moindre détails. Aujourd’hui n’est pas comme les autres, aujourd’hui, je lance l’offensive. Une attaque discrète, un rapt secret, un coup d’estoc et hop ! Comme dans du beurre.
J’arrive presque au centre de la ville. Les nuages gris commencent à s’amonceler au dessus de ma tête, et l’atmosphère se fait lourde. Changement de temps. L’orage gronde.
C’est souvent comme ça ici, dans le nord. Les hommes sont durs, les hommes sont affutés, car le moindre faux pas peut couter cher. Enfin, je devrais parler au passé.
J’aperçois ma destination plus bas sur la route. Une lourde et grande bâtisse de pierre. Une blanchisserie. Elle porte bien son nom, sauf que c’est pas des vêtements que l’on vient purger là bas. Par ici la monnaie.
Première fois que je me prépare à tuer, en dehors de la cage. Première fois que je me prépare à donner la mort, depuis une dizaine d’années. Je ne sais pas quel vices enfouies se révèleront au grand jour. Ne suis-je pas entrain d’ouvrir une boite auquel je n’aurais jamais du toucher ? Pourtant, je le dois. C’est la cage qui lui a prit son père, puis son frère. Et la cage, c’est moi.
Les nuages noirs se rassemblent, et la pluie me tire de ces idées noires. Il est temps d’agir, et vite. Je descends la pente, d’un pas mi- glissant. Le bâtiment est assez grand, mais pas très haut. Les pierres se disloquent presque, et l’enseigne est passée, délavée. Personne ne s’est jamais demandé pourquoi l’acquéreur de l’établissement l’avait laissé en l’état ? Surement, mais les gêneurs, ça se liquide.
En m’approchant d’une fenêtre blanchie par la crasse et la peinture, j’entends un cri. Le genre qui ne laisse aucun doute sur sa provenance. Un mec qui agonise, ou qu’on agonise. Passé par la porte est exclus. Fermée, visible, et vachement moins flippant. D’un bon impressionnant, je crochète une arrête du toit et me hisse sur les tuiles qui s’effritent. Sa tangue, moi avec, et je retiens mon souffle jusque à ce que ce soit stable. Prudent, à pas feutré, je me dirige vers le centre de la toiture. Et croise une fenêtre. Parfait. Le point d’observation le plus judicieux que je pouvais trouver.
Je m’accroupis et force sur le battant. Des voix me parviennent, déformées par la distance mais aussi les gargouillis du pauvre type à terre. Il a les genoux en angle à 90°C et une inquiétante marre de sang commence à se former sous lui. Et tandis qu’on le punch encore, j’entends une voix douloureuse.
« Arrêtez, non, s’il vous plait… Arrêtez, je ne trahirai plus jamais Don Carbopizza, je vous le jure sur ma vie, sur ma famille, sur tout ce que vous voudrez… mais arrêtez ! »
Une puissante indignation me prend. Une sorte de nausée, toute particulière puisque c’est de la violence que je dégueulerai, et non mes tripes. Je saute. Réception cinq mètres plus bas, je fléchis et roule. Le bruit attire le regards des quatre compères, la victime, elle, n’en croit pas ses yeux.
Des pistolets sont rapidement sortis.
« J’sais pas qui t’es, mais tu vas crever » me dit l’un des gardes qui accompagne un p’tit gars en costume.
Qui ne s’occupe d’ailleurs plus de moi. C’est une raclure. Bruns, les cheveux gras, son nez en patate lui arrange pas le portrait, et ses yeux enfoncés, méchants, ne font que l’enlaidir encore plus. Le genre de type bavant, baveux, qui me font pas regretter de revenir. Un balle me frôle dans ma course folle, et je roule une seconde fois, vers une des machines qui trie les billets. Sur la tables, quelques milliers de berrys. J’attends la seconde salve. Le bois qui craque sous les balles, m’arrose d’écharde et de billets déchiquetés. Ca sent le sapin, Judas !
Je bondis. Je m’élance, je prend une balle mais ne m’arrête pas. Pas le temps, ni l’opportunité. En plus, maintenant, c’est le temps de la recharge. Alors pendant qu’un des gardes du corps, un type foncé et un peu poissard, fourre son réservoir, moi je lui fourre mon poing dans les dents. Vlan.
Plus longiligne que mastoc, il roule en arrière, percute un mec à l’allure patibulaire et ne bronche plus. Son camarade s’avance vers moi en criant, je bloque son coup de crosse avec mon avant bras. Une balle s’enfonce dans mon flan mais je ne flanche pas. J’attrape les cervicales de la grosse barrique, qui me débite connerie sur connerie. J’vais regretter d’être née, qu’il paraît. J’vais me faire trouer la peau, à c’qu’il me dit. Pour l’instant c’est moi qui te tiens et toi qui couine.
Je lui enfonce la tête dans le bitume. Mon pied dans son tibias, une pression adéquate, et le voilà fusionné avec le sol. Un deuxième balle, suivie d’une troisième, me frôle et s’accroche à mon épaule.
Mais le voile rouge s’étend sur moi, et je n’entends plus rien, alors que je saute sur lui. Mon bras se plaint du traitement, quand je l’enfonce dans le nez de ma victime. Et le voile se dissipe, alors que je me tourne vers le cerveau du groupe. Et à voir l’efficacité de ses gros bras, je doute qu’il soit le plus influent du coin.
« Salut mon p’tit père ! J’viens pour la caillasse, et quelques info’ ».
Il prend son air grincheux, celui des mauvais jours, et me crache à la gueule de m’occuper de mes affaires, que si je touche au moindre cheveux d’son crâne, j’vais le regretter. Lui non plus n’a pas compris, je vis dans l’instant présent, rien à foutre des menace sur le long terme, je les traiterai. Une par une.
« Pour l’instant, ce qui m’occupe, c’est ton boss. » J’attrape sa mimine, et lui tord dans le dos, tandis que son épaule cède. « Maintenant qu’tu sais que j’plaisante pas, on va pouvoir causer affaire. »
***
J’attrape des liasses, les fourre dans une valise, et me retourne vers Joe. Pas encore mort, mais presque, il aura peut-être une chance de survie si on l’prend en charge assez vite. C’est que la mort galope pas, elle est pas pressée, elle. Je lui donne d’un clin d’œil, et son air incrédule me voit disparaître.
Le boucan des armes à feu avait alerté le voisinage, et v’la qu’il m’envoi la cavalerie. Oui mais je m’éclipse et le temps qu’ils comprennent, je serai loin.
Manze Town.
J’attends dans un bar malfamé. « Le bon giron » ne paie pas d’mine, mais la bière est bonne. La compagnie beaucoup moins. Des types louches, j’en vois à bâbords comme à tribords, et ça sentirait presque l’entourloupe. Sauf que le type que je dois rencontrer est fiable, et il préférait régler personnellement mon cas plutôt que de gâcher de la main d’œuvre.
Je m’assois tranquillement sur un des tables huileuses, au relent d’alcool, et j’attends. Il ne devrait plus tarder.
Dernière édition par Judas le Mar 15 Nov 2011 - 22:55, édité 1 fois