L'Invasion des profanateurs de sépultures

- Allons Colonel, laissez vous aller, c'est une tradition.
- Une tradition...
- Un peu comme le baptême en mer par le dieu de la mer au passage sur Grand line vous voyez ? C'est important les traditions, c'est ça qui forge l'esprit de corps des divisions d'élite.
- Hum...
- Et c'est important pour les hommes que les officiers participent aussi. Montrent l'exemple en somme. Comme les précéder au combat. J'avance, suivez moi, ce genre de choses...
- Le commandement qui montre l'exemple, bien sur...
- Et puis c'est une fête qui permet de relâcher un peu la pression de la vie sur le Nouveau Monde. un moment de détente nécessaire pour les hommes au milieu d'une année de tension constante, et comment pourraient'ils se détendre si les officiers continuent de les surveiller pendant ce temps la ?
- Ce n'est pas complétement dénué de sens mais...
- Tenez Colonel, mangez votre bonbon...

Sur la table devant moi, le Vice Amiral Bayushi pousse deux bonbons dans ma direction. Un rouge et un bleu. Des bonbons du démon ! Une nuit de folie et d'horreur au sein de la garnison du G-5 ! Et le haut commandement cautionne cette débauche et ce relâchement ! L'encourage même ? Et je devrais y participer, m'y plier ?

- Je pourrais me retirer dans mes appartements...
- Vous savez comment fonctionne une base de la marine Colonel. Les rumeurs circulent très vite, rien n'y reste secret, Les hommes le saurait forcément très vite. Ce serait... Mal vu ?
- Bon, finissons en...

J'attrape la pilule bleue et l'avale pendant que Bayushi fait pareil avec la rouge. En face de moi mon vis a vis se met soudain à changer, et en quelques instants c'est un squelette grimaçant habillé en amiral qui me sourit.

- Vous voyez, c'est amusant non ?
- Vous êtes un squelette c'est ça ?
- Exactement ! Et vous êtes une sorcière !
- Une sorcière hein ?  

D'un claquement de doigt je rappelle mes officiers d'état major qui attendent à l'extérieur. Et qui, pendant que nous discutions avec Bayushi, sont devenus eux aussi un cortège de monstre.

- Félicitation Colonel.
- Taisez vous Malemort, et prenez ça.
- Votre balai Colonel ?
- Vous voulez m'obligez a répéter Malemort ? Trois jours de suspension de soldes.

Pourvu que cette soirée finisse vite...

Accoudé à une rambarde en métal, Ada scrutait dans sa main un des fameux bonbons du démon. Longtemps par le passé elle avait entendu parler de cette célébration sans jamais s’y plier. Son père l’en avait formellement interdit et de toute manière, elle était toujours bien trop occupée en cette période de l’année pour se laisser aller à ce genre de bêtise. Mais aujourd’hui, elle était à G-5. Elle avait encore du temps libre avant que la 888ème division ne finisse les préparatifs pour la conquête de Treizes Ors, le gouvernement mondial ne lui avait envoyé aucun ordre de mission et son père n’était plus là pour la menacer si elle venait à participer. Alors forcément, elle se demandait si elle se laisserait pas tenter par les émulsion festive qui se dégageait des couloirs de la base marine.

Elle en avait pioché un vert. Un peu au hasard, ou probablement d’une main attirée par cette couleur qui la suivait partout. Dans une autre main, elle tenait une clope dont elle tapota le cul pour faire tomber la cendre dans le vide. De sa position, elle pouvait voir la mer du Nouveau Monde s’étendre jusqu’à perte de vue et le vent frais du soir soufflait doucement. Dans une ultime bouffée de fumée, elle se décidait à franchir le pas. Écrasant sa cigarette sur le coin de la terrasse, elle venait déballer la friandise pour l’avaler d’une traite. Elle sentait un goût sucré et acidulé plutôt agréable.

Puis des alarmes sonnaient d’en l’ensemble de G-5. Des cris de marines paniqués résonnaient dans les couloirs alors qu’Ada tournait la tête pour voir une vingtaine de soldats du GM passer en courant devant la porte menant à l’intérieur. La surprise s’affichait sur son visage alors que vers la mer, un nouveau son de corne retentissait, attirant son attention. Dans l’eau, à plusieurs mètres de la berge, sortait des géants marins menaçant. Leur tentacule et leur griffe acérés ne laissait peu de place au doute quant à leur volonté.

Alors c’était ça, la soirée d’Halloween ?

Quittant sa position avec hâte, elle se décidait à partir à la recherche de la 888ème pour retrouver Pandore et la tenir informée de l’attaque. Même si au vu du vacarme ambiant, elle devait sûrement être déjà au courant.

Le murmure joyeux des festivités d'Halloween battait son plein autour d'Éléonore. Assise près de la grande table d'apparat, elle écoutait distraitement les conversations animées de ses subalternes, son attention flottant d'un sujet à l'autre sans s'y attacher véritablement. Soudain, un plateau de friandises passait à sa portée, porté par un marine zélé, une étrange étincelle dans les yeux. Sur le plateau, des bonbons colorés attiraient l'attention. Poussée par une impulsion habituelle face à la nourriture, Éléonore tendit la main et en attrapa un, un bonbon bleu irisé qui semblait tout à fait innocent. Sans réfléchir, elle le glissa dans sa bouche, savourant un goût sucré et légèrement épicé. À ses côtés, Kyllan, l’un de ses fidèles officiers, en fit de même avec un bonbon de la même teinte. Ils échangèrent un bref sourire avant que quelque chose d'étrange ne commence à se produire.

Un malaise s'installa. Éléonore sentit une froideur soudaine envahir son corps, ses doigts s'engourdissant jusqu'à devenir rigides. Elle baissa les yeux et, à sa grande horreur, vit sa peau se dissoudre lentement, révélant des os blafards et nus. Ses mains, autrefois agiles, n’étaient plus que des squelettes secs, à peine capable de bouger. Son visage perdit toute forme charnelle, laissant place à un crâne lisse, creux et froid. Elle tourna lentement la tête vers Kyllan. Lui aussi subissait la même transformation, son corps se métamorphosant en une caricature macabre de squelette. Pendant un instant, ils se dévisagèrent en silence, une incertitude muette peinte dans leurs orbites creuses. Aucune expression ne pouvait plus vraiment se lire, mais ils sentaient, d’une manière inexplicable, la confusion partagée.

« Eh bien… » commença Éléonore, sa voix étrangement résonante venant du vide de son crâne. « Je ne m'attendais pas à ça. »

Kyllan, décontenancé, leva une main osseuse pour se gratter le crâne, par habitude.

« Moi non plus, commandante. »

Avant qu’ils puissent échanger plus longtemps sur leur transformation grotesque, un bruit perçant retentit dans l'air. Les alarmes. Le calme feutré de la fête fut instantanément brisé. Des cris d’alerte résonnèrent dans la salle et dans les couloirs environnants, tandis que les marines s’agitaient dans une panique soudaine.

« Qu'est-ce qui se passe encore ? » murmura Éléonore, l’inquiétude sourde gagnant en intensité malgré son apparence squelettique.

Elle se redressa d’un coup sec, ses os craquant légèrement sous le mouvement, et tourna les yeux vers l'entrée de la pièce. Dehors, dans la cour de la base, des silhouettes massives commençaient à apparaître à travers les fenêtres. Des créatures, gigantesques, menaçantes, se profilaient à l’horizon, leurs tentacules et griffes déchirant le ciel noir.

« Kyllan… prépare-toi. On dirait que la fête n'était que le début. »

Bien qu'elle soit maintenant réduite à un squelette, l'esprit de la commandante restait aussi affûté qu'avant. Alors qu'elle faisait craquer ses doigts squelettiques avec un bruit sec et sinistre, son den-den mushi se mit à émettre un signal strident, interrompant le court instant de réflexion qu’elle s'était accordé. La voix urgente de la lieutenante Gabriel jaillit du petit escargot, transmise avec nervosité la situation actuelle.

« Commandante ! Nous avons un code rouge ! Des créatures non identifiées sont en train d'envahir les lieux. Pandore vous veut sur le pont, avez-vous des ordres ? »
« Faites passer l’alerte à tout le monde. Positionnez les tireurs sur les murs. Que personne ne sorte sans mon signal. » Sa voix résonnait de manière éthérée, comme si elle venait d'outre-tombe, mais la force et l'autorité y étaient intactes.

Après une confirmation rapide de Gabriel, Éléonore prit un moment pour tester ce nouveau corps osseux. Ses habitudes de combat s'adaptaient instinctivement à cette mécanique étrange. Elle fit rouler ses épaules souples, et se mit à esquisser des mouvements rapides, son agilité restant étonnamment intacte malgré l’absence de chair. Ses doigts squelettiques semblaient répondre avec une précision fascinante, comme s'ils étaient plus affûtés qu'avant. Elle s'accroupit, bondit légèrement en avant, et constata avec satisfaction que sa légèreté nouvelle améliorait même sa rapidité d’exécution.

« Intéressant, » murmura-t-elle avec un léger sourire invisible.

Le temps pressait. Les bruits de chaos et les cris à l’extérieur gagnaient en intensité. Éléonore, satisfaite de ses essais rapides, se dirigea vers le pont. Sa démarche, toujours assurée malgré sa condition actuelle, résonnait avec une cadence inquiétante dans les couloirs vides.

Dès qu’elle se retrouva à l’extérieur, les ténèbres semblaient plus épaisses, comme si les monstre avait amener avec eu ce phénomène climatique. Les créatures qui envahissaient la base prenaient d'assaut les marines, balayant tout sur leur passage. Mais en dépit de la menace évidente, une étrange tranquillité émanait d'Éléonore. L’air frais de la nuit n’avait plus aucun effet sur elle, et sa peur des blessures physiques était désormais nulle.

« Kyllan ! » appela-t-elle en ajustant son manteau sur son corps squelettique. « On va montrer à ces monstres qu'un squelette peut être bien plus dangereux qu'un simple humain. Suis-moi. »

Avec une dernière flexion de ses doigts osseux, elle se jeta dans l’action, prête à affronter ce nouvel ennemi avec cette mécanique imposée par l’étrange bonbon qu’elle avait avalé.

Monstre marin de Shizu:

- Nous sommes attaqués Colonel. Par des hommes poissons.
- Nous sommes sur que ce n'est pas une animation prévue de la soirée d’Halloween ?
- Tout a fait commandant, j'ai le planning ici et il n'y a rien de tel. C'est bien une attaque.
- Hum... Passez moi votre escargophone.
- Tenez Colonel.
- Et... Et mon balai.
- Votre balai Colonel ?
- Il nous faut une vue d'ensemble de cette attaque.
- Je... Je comprends Colonel.

Attrapant le balais que me tend mon aide de camp, je me dirige vers le chemin de ronde le plus proche, ne jetant qu'un bref regard au vide avant d'enfourcher le balais, et, d'un geppou, me propulser dans les airs au dessus des défenses de la base, rejoignant une position privilégiée qui me permet de me rendre compte bien plus facilement de l'ampleur de l'attaque que les soldats au sol. Et vu de la haut, il ne fait effectivement aucun doute que c'est une attaque, et qu'aussi absurde et mal menée qu'elle soit, elle a quand même su réunir, probablement par hasard, de nombreux atouts. Le premier d'entre eux étant que les technologies sous marines étant encore jalousement conservés par la sous marine, la condition d'hommes poissons de nos assaillants leur a permis de débarquer directement sur les bunker côtiers, en évitant les meilleures défenses de la base, canons et trains des mers...

Cela dit, il y a quand même une chose que nous pouvons faire.

- Ici le Colonel Jakku Kattar a toutes les tours. Armez des obus explosifs regardants, et tirez dans la baie !

Pour avoir déjà chassé le monstre marin, j'ai pu constater que nos obus retardant faisaient de parfaites mines sous marines. En les réglant très large et en les lâchant dans l'eau, on obtient des explosions sous marines parfaitement dévastatrices pour tout ce qui vit sous la surface. En bas les tours obéissent, une pluie d'obus vient se perdre dans la baie qui entoure la base, et quelques instants plus tard, le résultat arrive. Une couronne de gerbes d'eau cerne l'ile au moment ou les obus explosent en touchant le fond de la baie, et une minutes plus tard, la mer se nappe d'une écume verdâtre ou émergent des tentacules déchiquetés par les explosions..

ça marche !

- Continuez !

Bon, évidemment, un grand nombre de monstres sont déjà à terre et a pieds d’œuvres. Et certains sont si immondes qu'ils donnent l'impression d'avoir mangé les mèmes bonbons absurdes que nous.

Comme l'horreur rampante qui se dresse sur le chemin d'Eleonor !

Monstre marin d'Eleonore:

Ada courait au travers des couloirs, encore loin du point d'émergence des créatures, alors qu’elle entendait déjà les premières explosions, signe que le combat avait commencé. Et sur son trajet, elle croisait le visage familier de la lieutenante de Pandore, Gabrielle.

- “La colonelle a pris part au combat sur la muraille ouest !” criait la jeune fille alors qu’Ada l’avait déjà dépassé avec hâte.

Elle hochait simplement la tête sans arrêter sa course, signe qu’elle avait compris. Cependant, elle n’était pas sûre de comprendre ce que la Colonelle attendait d’elle. Une fois de plus, elle était mêlée aux affrontements de la marine. Mais pour une fois, c’était un peu différent. Il ne s’agissait pas de simplement défendre cette base d’opposant mais de chasser d'infâmes homme-poissons des terres du gouvernement mondial. C’était presque plus une mission du N.O.M que du Cipher Pol. Surtout quand deux autres membres participaient aux combats.

Rapidement, l’agent s’interrogeait sur le temps qu’il lui faudrait pour rejoindre les premières lignes en passant par le dédale de couloir. Et au détour d’une fenêtre ouverte, elle bifurqua brusquement pour sauter au travers. Avec son Geppou, elle se donnait l’impulsion suffisante pour rejoindre la construction suivante. Si au début elle se trouvait sur les grandes hauteurs de G-5, elle descendait rapidement vers les quais attaqués.

Le bonbon avait fait effet et sans que l’agent ne s’en aperçoive, son apparence avait changé. Une large et épaisse fourrure la recouvrait, des oreilles pointus s’étaient dressés sur son crâne, une queue souple se secouait au grès de ses mouvements et de longues et résistantes griffes s’enfonçait dans la pierre du bâtiment pour la laisser glisser le long en ralentissant sa chute. Puis elle bondissait sur la bâtisse suivante, courant à quatre pattes sur le toit et usant du geppou pour passer de construction en construction.

Cependant, une large main écailleuse finissait par stopper son avancée. Composée de seulement trois doigts, cette paluche frappait l’air en repoussant d’un souffle puissant tout ce qui en était proche. Un immense Wotan de près d’une cinquantaine de mètres de haut essayait de se frayer un chemin entre les bâtiments humains en fracassant la majorité d’un revers de la main. Les contours de sa mâchoire faits de tentacules s'articulaient pour attraper des morceaux de bâtisses détruites pour les lancer sur les troupes humaines se regroupant pour l’affronter.

D’une pirouette, Ada évitait les doigts se refermant près d’elle avant de grimper sur le bras poisseux de la créature. Rapidement, elle gravissait la montagne de chair, ses griffes solidement plantées entre ses écailles lui permettant de continuer son ascension malgré la surface glissante. Puis, une fois sur ses épaules, l’agente se propulsait en avant avec la force de sa course, écrasait ses pattes griffues mais puissantes dans la tête surprise du Wotan et le repoussait d’un pas sur le côté, le faisant chanceler avant d'amorcer une longue et lente chute.

Les tentacules de la créature s'étiraient pour se diriger vers le Colonel Jakku non loin, et essayaient de venir saisir un point pour l’aider à se rattraper, pas conscient que cela n’aiderait en rien à arrêter sa chute.

Éléonore, sous forme squelettique et accompagnée de Kyllan, évoluait sur le pont dans une danse macabre et fluide malgré ses os cliquetant à chaque mouvement, les coups se multipliant dans un ballet violent contre les larbins poisseux qui osaient croiser son chemin. Avec l’agilité d’un prédateur tant travaillée, elle frappait, fendait et écrasait, ses mouvements rendus plus spectaculaires par la transformation qui la laissait sans chair, son allure spectrale intimidant autant qu’elle fascinait ses subalternes présents.

Kyllan se battait à ses côtés, chacun de ses coups résonnant comme un écho mortel dans l’air vicié, se synchronisant avec ceux d’Éléonore. Ensemble, ils créaient un front implacable, leur travail d’équipe aiguisé par des mois de collaboration. Leur cible suivante n'était cependant pas de simples larbins, mais un adversaire plus redoutable.

Soudain, un frisson parcourut le pont lorsque les tentacules visqueux de Poulpo le Dévoreur émergèrent des ombres, s’étendant et s’enroulant autour des piliers et des rampes. Le monstre avançait, ses mâchoires puissantes claquant dans l’air avec une faim dévorante. Chacune de ses mâchoires de murène, plantée au bout de ses tentacules, semblait animée d'une volonté propre, cherchant à broyer tout ce qui se trouvait à portée.

La Commandante observait le colosse avec une neutralité froide, l’absence de chair sur son visage rendant la lecture de ses émotions absente. Elle ne pouvait pas le voir de ses yeux, mais elle ressentait la présence écrasante du monstre. Kyllan lui cria quelques descriptions essentielles : la masse tentaculaire, les mâchoires prêtes à dévorer l’acier, la voracité dans les yeux du monstre. Sans hésiter, Éléonore craquait ses doigts osseux et se mettait en position de combat.

Les premiers échanges étaient intenses. Poulpo abat un tentacule massif vers elle, qu'elle esquivait de justesse en roulant au sol, ses os crissant sous la pression. Dans une riposte rapide, elle fendait l'air avec son arme, la baïonnette du Charleville Musket, tranchant l’un des appendices du monstre. Un cri de rage résonnait alors que le tentacule sectionné se rétractait dans un spasme grotesque.

Poulpo grognait, et ses autres tentacules claquaient dans l’air avec fureur, cherchant à entourer le duo de combattants. Ensemble, ils esquivaient, contraient, frappaient pour se protéger des attaques vicieuses et interrompu du monstre marin. Cependant, la force brute du monstre, alliée à sa régénération, le rendait particulièrement difficile à abattre. Il fallait dire, que le monstre ne se gênait pas pour attraper, entre deux attaques contre la Commandante et son second, des sous-fifres alliés et ennemis, ne faisant pas la différence entre les deux parties.

Le combat se poursuivait avec violence. Les tentacules du Poulpo frappaient l’air avec une telle force que l’atmosphère semblait vibrer sous chaque attaque. Éléonore esquivait au mieux, se glissant d’un côté à l’autre, ses os crissant sous les mouvements rapides, tandis que Kyllan, de son côté, évitait les coups fulgurants en se glissant un peu plus loin de la portée. Leurs attaques étaient synchronisées, mais l’intensité de la bataille montait, et chaque assaut de Poulpo paraissait plus furieux que le précédent.

Un tentacule s’abattit sur Kyllan, qui le para de justesse, mais la puissance du coup le propulsa en arrière. Il s’écrasa contre un pilier du pont avec un bruit sourd. La blanche, entendant la chute de son allié, ne perdit pas une seconde et bondit en avant, frappant un autre tentacule qui se dirigeait vers lui. La lame de son arme à feu trancha dans la chair de l’appendice, mais la plaie se referma presque instantanément, comme si le monstre n’était qu’un tourbillon d’énergie régénérative inépuisable. Les blessures ne semblaient avoir que peu d’effet.

Poulpo rugit de frustration, ses mâchoires de murène claquant dans un fracas menaçant. D’un coup sec, il lança un tentacule à une vitesse surprenante, attrapant Éléonore par la taille et la soulevant du sol. Elle se sentit comprimée par la pression des succions, ses os craquant sous l’étreinte. Un râle sourd s’échappa de ses lèvres alors qu’elle luttait pour se dégager, ses os se réorganisant pour tenter de résister à la pression. Kyllan, recouvrant sa mobilité, se précipita vers elle et, d’un coup puissant de Requiem, trancha le tentacule. Mais même dans sa douleur, Poulpo ne ralentissait pas. Un autre tentacule se tendit pour frapper, envoyant la veuve valser contre la rambarde du pont.

La scène était apocalyptique, les éclats de lumière des lumières jetant des ombres distordues sur le chaos qui se déroulait. La soldate, essoufflée, mais non brisée, se redressa. Ses vêtements étaient déchirés, mais elle ne sentait pas la douleur physique ; son esprit était centré uniquement sur l’ennemi, une montagne mouvante de tentacules et de rage.

Kyllan, haletant, rejoint la position de sa supérieure, se plaçant derrière elle. Poulpo était une bête de destruction pure, mais ses attaques devenaient plus désordonnées, plus sauvages. La blanche, dans un éclair de lucidité, comprit que l’épuisement du monstre était la clé. Il fallait le harceler, l’user, l’empêcher de reprendre son souffle...

Malgré la surprise de l'attaque sauvage en plein milieu d'une soirée de fête, la marine résiste et l'adversaire se retrouve mis à mal, pris entre deux deux feux, coincé d'un coté par l'anneau de feu et d'explosions sous marines des canons de la base, et de l'autre par le mur d'acier et de sang que lui opposent les troupes qui luttent pour empêcher les hommes poissons de poser pied à terre.

Mais si les murs du G-5 sont inexpugnables, les navires dans la rade, eux, sont nettement plus vulnérables aux assauts amphibies. C'est donc la que je mène la contre attaque des hommes de la 102eme. Survolant les navires en donnant des ordres a mes troupes, j'ai la satisfaction d'assister à la sortie compacte d'une vaste formation d'uniformes rouges, précédés par l'escadron scientifique que nous a offert Végapunk. Des soldats dans de lourdes armures mécanisés, à la mobilité incertaine mais à la puissance de feu sans pareille.

Les quais sont balayés par l'assaut brutal, et les hommes de la 102eme partent à la rescousse des équipages des navires à l'ancre. Quand à moi, localisant l'adversaire le plus coriace au prise avec une Commandante que je connais, je dégaine mon sabre, passant a basse altitude en taillant l'air de ma lame pour trancher d'une pluie de lames d'air les tentacules de l'affreuse bestiole.

Hélas, mon attaque fait long feu. Visiblement trop malmenée par Eleonore et son second, le monstre à décidé que se battre sur le pont ne menait nulle part, et décide de modifier le champ de bataille à son avantage. Faisant mine de bondir sur les marines, il prend son élan pour se jeter a la mer, déployant au passage ses tentacules pour saisir les mats du navire, avant de peser de tout son poids contre le bastingage. Et voila le navire qui s'incline sur babord, d'abord lentement, puis de plus en plus vite a mesure que le monstre touche l'eau et que ses tentacules brassent les profondeurs, et qu'il plonge en entrainant le navire !

Les sabords s'emplissent d'eau et le basculement passe le point critique pendant que sur le pont on s'agrippe a ce qu'on peut et que soudain tout le navire chavire pour ne laisser en surface que le sommet de sa coque.

Et dans l'eau ou s'ébattent les marines qui ont choisis de sauter, le carnage commence.

Un Wotan à terre et voilà qu’un nouveau se montrait. D’une quinzaine de mètre, les coups de l’homme-poissons orangés fendaient l’air avec force et impact. Ses coups, bien qu’évités par Ada, venaient s’écraser au sol.

L’agent avait continué sa course jusqu’au quai après s’être débarrassé du premier Wotan croisé qui, une fois à terre, avait rapidement été submergé par les unités marines. Mais une fois sur le port, la voilà bien moins à l’aise dans un affrontement direct avec cette race inférieure. Leur stupidité était sûrement leur plus grande qualité, car elle les rendait plus simple à tuer.

Le poings écailleux aussi large et grand qu’Ada elle-même fracassait la pierre taillée dans un impact détonnant. L’agent l’avait évité d’une pirouette en arrière, ses traits canins lui offrant agilité, vitesse et adresse. Et alors que la main se redressait, armant la suivante à la même attaque, une horde d’homme-poisson, plus petit et plus chétif, courait dans sa direction armée de lance de fortune.

Plantant ses griffes dans le sol, la louve prenait une grande inspiration. Elle dressait la tête, hurlant la rage du loup dans un cri qui se répandait sur les quais et les bateaux environnants avec efficacité. Ce hurlement féroce clouait alors ses adversaires sur place, laissant leur arme tomber pour tourner les talons et partir dans l’autre sens, bras en l’air et de long “Aaaaaaaah” les suivant.

Mais son véritable ennemi n’avait pas fui et un nouveau coup venait à s’écraser non loin. Elle bondit à nouveau mais la puissance de l’attaque produisit un souffle qui la repoussait contre un bâtiment avec force. L’agent traversait alors le mur du poste de garde pour aller s’écraser plus au fond. La douleur la traversait de part en part, pourtant, la rage du loup pulsait dans ses veines avec force et, propulsé par l’adrénaline animal, elle se redressait. Les yeux rouges, les griffes plantant le sol pour lui permettre de se propulser pendant sa course, elle sortait du bâtiment avec hâte, sautant à pleine griffe sur le bras se redressant de l’homme-poisson.