Développer l'empire








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Le Raikou fendait les vagues.

Les nuages s'amoncelaient autour du navire, tandis qu'une fine bruine venait tremper le pont. Un homme d'équipage se précipita pour apporter un parapluie au chef de clan. Ce dernier l'accepta avec un hochement de tête et un sourire. Hayato déplia les panneaux pour se protéger de la pluie et porta son regard au loin. Pour sa première sortie hors de Carcinomia depuis sa prise de pouvoir, Hayato avait choisi d'aider un ami de longue date. Un ami cher qui, des années auparavant, lui avait tendu une main secourable à bien des égards. Kano Kuni était en vue et, avec cette île, un vent de nostalgie saisit l'esprit du bretteur. Au loin, l'architecture typique du pays, ainsi que sa muraille imprenable, rappelèrent de nombreux souvenirs à l'ex vagabond. Alors, il fuyait une maison incendiée, une famille détruite et une vie déchirée. Feng Han l'avait trouvé au plus bas et, malgré les conséquents écarts de castes et de conditions qui les séparaient alors, l'avait traité en ami. Jamais Hayato n'avait oublié ce geste, le tout premier, qui l'avait remis sur la Voie. Il était un homme différent, à présent, loin du jeune hère perdu d'antan. Chef de clan, maitre d'une île, entrepreneur prospère en train de se tailler un empire... Hayato avait fait du chemin ! Feng, quant à lui, avait sombré. Sa famille avait été répudiée, tombée en disgrâce et contrainte à l'exil. Le parallèle arracha un sourire triste à l'épéiste.

L'ironie de la vie ne cessait de l'étonner.

Pour autant, le sort ne semblait pas s'acharner sur le patriarche de la famille Han. Ce dernier avait trouvé de valeureux frères d'armes et sillonnait les mers en quête de puissance et de contacts. Par ailleurs, même s'il semblait avoir été écarté par les rouages sans pitié de la politique locale, Feng Han n'avait pas dit son dernier mot. Il gardait plusieurs âmes fidèles sur l'ile, qui tentaient de rallier à son parti Traditionnaliste de nouveaux partisans. Pour l'heure, l'une d'entre elles l'attendait pour le guider et l'assister, car le service demandé par Feng requérait un certain sens de la diplomatie, certes, mais surtout une profonde connaissance de l'île qui échappait à Hayato.

Les cordages du Raikou grincèrent, lorsque l'équipage tira un peu plus sur les voiles et le gouvernail, afin d'ajuster leur cap. L'épéiste se recentra sur sa mission. Pour lui, il s'agissait d'un honneur d'avoir acquis la confiance de Feng, assez pour qu'il requière son assistance dans une entreprise aussi importante à ses yeux. Apparemment, Whiperia, l'île de West Blue exportatrice du meilleur engrais au monde, était sur le point de faire faillite. Le guano, composant essentiel de son produit, était venu à manquer après des années de bons et loyaux services. L'œil expérimenté d'Hayato avait compris que de nombreux fils étaient venus s'entremêler... et qu'un esprit avisé saurait trouver comment tirer son épingle du jeu.

L'engrais était essentiel pour l'agriculture, même pour Kage Berg « Le grenier de West Blue », qui devait pâlir à l'idée de voir ses champs fertiles retomber en jachère. Si certains pays pouvaient se targuer d'assez de richesse pour importer de quoi se sustenter, ce n'était clairement pas le cas de la plupart des iles ! La majeure partie des populations courraient à la famine, si rien n'était fait. Aussi, lorsque Feng l'avait mis au courant de la situation et avait sollicité son aide, l'épéiste avait tôt fait de répondre par l'affirmative. Non seulement il allait aider son ami à remettre un pied à Kano Kuni par la petite porte, mais il allait également aider les peuples de West Blue, tout en insérant son réseau sur cette mer.

Car, même s'il était porté par des idéaux philanthropiques, Hayato restait un entrepreneur. Il avait tôt fait de cibler plusieurs îles capitales, pour différentes raisons. Il allait lui-même se charger de Kano Kuni, tandis qu'il espérait pouvoir déléguer les actions sur deux autres îles à ses camarades. Le Raikou entama son entrée dans le port de l'île, sous une averse grandissante. Avec un œil un rien humide, Hayato redécouvrit la baie de Jing. L'architecture Kano Kunienne n'avait rien perdu de sa splendeur et, malgré la pluie battante, le port fourmillait d'activité. Lorsque son bateau fut enfin amarré, il salua l'équipage et leur donna l'ordre de rester sur le qui vive jusqu'à leur départ. Enfin, il descendit sur la terre ferme. Seul.

Son parapluie toujours à la main, le jeune chef de clan embrassa du regard l'île une nouvelle fois. Avec un sourire, il retrouva mentalement le chemin qui l'avait amené, huit ans auparavant, vers la demeure familiale des Han. Selon ses informations, c'était d'ailleurs dans cette même résidence que son contact local l'attendait. D'un pas serein, le bretteur remonta la piste de ses souvenirs. Les nombreux passants se pressaient sous l'averse, aussi l'épéiste les esquivait au dernier moment, afin d'éviter de les faire tomber. Lentement, il progressa jusqu'à arriver au fameux lieu de rendez-vous.

Il tomba des nues.

L'ex-vagabond savait pourtant ce qui attendait les biens d'une famille déchue, mais il ne s'attendaient pas à voir le foyer de son ami ainsi laissé à l'abandon. Il se rappelait de statues finement ciselées, de tentures dépoussiérées, de gardes et d'allées de sable entretenues. Sous ses yeux écarquillées, la mousse poussait sur les visages des ancêtres de Feng, les tentures avaient, sans doute depuis longtemps, été volées, les gardes avaient déserté et les mauvaises herbes infestaient les chemins boueux. Un pincement au cœur ébranla le jeune homme. S'agissait il d'un autre clin d'œil du destin ? Leurs positions avaient-elle été si savamment interchangées ? Il secoua la tête, laissant perler des gouttes de pluie de son parapluie. Le cœur lourd, il soupira ostensiblement, avant de lever les yeux. Malgré tous ses efforts, il ne trouva pas âme qui vive. Le bretteur resta planté au beau milieu de la rue plusieurs minutes, tandis que le ciel pleurait. Le clapotis de la pluie sur la toile cirée le berçait, tandis qu'il réfléchissait à la meilleur manière de procéder. Soudain, une voix légère et chantante s'éleva dans son dos.


- Que vois je ? Une tête connue en ces temps troublés ?

Développer l'empire Jinye

Hayato se retourna pour tomber nez à nez avec une vieille connaissance. Ils s'étaient entraperçus, des années auparavant, lors d'un banquet où Feng l'avait invité à sa table. Avec un sourire, l'épéiste se rappela la verve et la fougue de la jeune femme, lorsqu'elle avait compris le lien qui unissait les deux hommes. Le chef du clan Suisou s'inclina dilligemment, avant de répondre d'une voix calme et assurée :


- C'est un plaisir de vous revoir, Jinye.
- J'ai manqué ne pas vous reconnaître ! Il faut dire que vous avez troqué vos frusques pour des habits de gentilhomme, Hayato.


La jeune femme ne se gêna pas pour décortiquer les vêtements d'Hayato. Ce dernier eut la bonne grâce de sourire, face à la pique à peine voilée. Il avait, en effet, troqué le kimono rapiécé pour un modèle plus luxueux. Il s'agissait d'un ensemble taillé sur mesure, que son clan lui avait offert en se cotisant. L'ensemble se composait d'un juban blanc de bonne qualité, porté sous un kimono gris aux bordures noires. Un œil attentif pouvait repérer les riches brodures sombres, reprenant le kamon du clan Suisou. Enfin, un Haori bleu céruléen lui tombait aux genoux. Il était doté du même signe, dans le dos, d'une couleur bleu nuit sur fond blanc.


- Vous êtes en voyage ? reprit-elle, l'air de rien.
- On peut dire cela... louvoya le chef du clan Suisou.


Un instant, le jeune homme hésita. Il laissa son regard osciller entre la demeure laissée à l'abandon, et la jeune femme apprêtée. Comme dans ses souvenirs, Jinye était l'image même d'une beauté. Son kimono de soie blanche impeccable laissait deviner son corps ferme et gracieux. Sa ceinture aux tons écarlate et bleu nuit soulignait sa taille de guêpe, tandis qu'un fin maquillage réhaussait son visage délicat. Son parfum floral, écho à la broche d'orchidée qui fermait son chignon, transcendait l'atmosphère humide. Elle tenait un parapluie de bambou aux tons rouges et orangés qui, après quelques secondes, rappela les couleurs des armoiries de Feng Han. Jinye saisit son regard et, après une seconde incertaine, laissa poindre un sourire espiègle. Enfin, Hayato reprit la parole :


- Vous portez encore les couleurs de Feng, à ce que je vois.


Un instant, la jeune femme se raidit. Son regard sembla se perdre un instant, puis une étincelle le traversa. Elle masqua un petit rire avec la manche de son kimono, avant de lancer d'un air amusé :


- J'aurais dû me douter que ce serait vous qu'il solliciterait... Venez, nous devons parler.


Sans plus attendre, Jinye l'invita à la suivre d'un geste élégant. Tous deux pénétrèrent dans la demeure laissée à l'abandon. Ils traversèrent de multiples couloirs aux planchers grinçants. Ils passèrent à coté de plusieurs jardins envahis par la mousse et les herbes. Enfin, Jinye fit difficilement coulisser un panneau de bois, afin d'ouvrir la voie vers une salle toute simple. Une table de bois, qui avait connu de meilleurs jours, trônait en plein milieu. Jinye s'y agenouilla sur un coussin rapiécé. Hayato laissa son parapluie à l'extérieur, se déchaussa, puis referma le panneau derrière lui dans un bruit sec. Il fit quelques pas, avant de s'asseoir à son tour. Alors que l'odeur de poussière lui montait au nez, la jeune femme alluma un baton d'encens, avant de reprendre d'un ton avenant :


- Puisque vous êtes là pour nous aider, je vais tout vous expliquer. Soyez attentif, nous n'avons pas beaucoup de temps, si nous voulons agir.
- Je vous écoute, Jinye.


À l'extérieur, la pluie battait son plein. Grêlant le sol et les toits d'un torrent d'eau incessant. À l'intérieur de la batisse, les prémices d'une vague qui allait secouer Kano Kuni semblaient poindre. Les deux conspirateurs se mirent au travail sans tarder.
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La salle d'audience de l'impératrice était bondée. Les riches gravures, les peintures exquises relatant les exploits de la dynastie Quang, le trône somptueux de Wu « Shao » Quang, sans oublier la robe de soie aux couleurs éclatantes de cette dernière... tout reflétait l'opulence et la démesure. L'odeur de l'encens imprégnait l'atmosphère, tandis qu'un brouhaha ambiant parasitait les sens. Au centre d'une pièce à la décoration aussi riche qu'ostentatoire, un tapis rouge en cercle délimitait un espace de joute, à la manière d'une arène. Et, si on en croyait les vociférations qui secouaient le marbre du palais, une arène n'avait rien à envier au spectacle qui se déroulait sous leurs yeux :


- Vous plaisantez, j'espère ?!


La voix tonitruante du noble s'éleva au dessus du tumulte ambiant. Les débats allaient bon train, mais les débordements commençaient déjà à secouer l'assistance. Bien entendu, deux grands camps s'étaient rapidement dessinés et les fiers partisans de la noblesse, de la bourgeoisie et de la communauté des marchands s'écharpaient cordialement. Les joutes verbales montaient en pression, sous le regard des deux chefs de partis qui cherchaient à se fusiller du regard. L'impératrice et Zao, pour l'heure, étaient restés silencieux. Sans doute devaient ils jauger l'autre, tels deux chiens de Faïence, avant de se sauter à la gorge. Métaphoriquement, tout du moins. Après tout, le décorum et l'étiquette locale supposaient qu'il valait mieux éviter tout bain de sang lors des négociations. Cela faisait mauvais genre.


- Pas du tout ! Le gouvernement mondial a demandé de l'aide, via le conseil des nations, afin d'éviter la famine sur tout West Blue.
- Et alors ? Vous allez rampez comme un petit chien vers votre maitre et aboyer gaiement ?


Tandis que les aimabilités fusaient, Hayato et Jinye avaient pris leurs précautions pour ne pas être vus ensembles. Après tout, si tout se passait comme prévu, l'un d'entre eux attiserait la colère, tandis que l'autre profiterait de l'ouverture... Hayato, en tant qu'investisseur indépendant, avait été admis au sein de la conférence ouverte. Jinye, quant à elle, s'était depuis longtemps rangée dans le giron de l'impératrice. Loin d'embrasser ses valeurs, la suivante de Feng espérait plutôt gravir les échelons de la cour jusqu'à obtenir une position suffisamment élevée pour aider leur ami commun. Après tout, elle restait foncièrement attachée aux valeurs traditionnalistes et, malgré les apparences, se morfondait de la direction prise par le pays. Elle souhaitait ardemment y remédier mais, elle le savait, patience était mère de vertu. Plus que jamais, à présent.


- Il n'est pas question de ramper, mais de profiter qu'il soit en position de faiblesse pour asseoir notre puissance !
- Mais quel puissance ?
- Celui d'avoir pu aider toute cette mer, alors qu'il était lui même impuissant...
- AH ! Première nouvelle ! Le gouvernement est dirigé par une bande de bons samaritains ! Ils n'ont que faire d'accords commerciaux, d'élans de bontés ou de gestes élégants et diplomatiques !
- Vous affabulez ! A-t-on jamais vu pareil ane bâté ?
- MOI ?!


Les deux nobles commençaient à monter dans les octaves, lentement mais surement, aussi l'impératrice prit les devants. D'un geste discret, mais suffisant pour être capté, elle ordonna à deux gardes d'escorter gentiment, mais fermement, les deux coqs à l'extérieur de la salle pour qu'ils se calment. Lorsque les décibels retombèrent dans la pièce, l'impératrice se racla gracieusement la gorge, avant de reprendre la parole :


- Je pense également que le gouvernement mondial pourrait voir d'un bon œil notre intervention. Qui plus est, le rendre dépendant de nos ressources, en lieu et place de celles de Whiperia, nous assurerait un partenariat économique et un argument de choix pour éviter un autre affrontement frontal. Nonobstant cet état de fait, porter secours aux peuples miséreux redorerait le blason de KanoKuni...
- Il n'aurait pas besoin d'être redoré, si le pays était géré au mieux.


Un hoquet de stupeur secoua l'assemblée. Non seulement l'impératrice avait été interrompue, mais l'opportun avait choisi de lui jeter un gant au visage. Un homme sortit des rangs, fier et droit comme un paon. Hayato le reconnut immédiatement : il s'agissait de leur principal adversaire, aujourd'hui : l'As de la révolution, « l'étoile jaune du petit matin », Zao. Sa réputation locale n'était plus à faire. Fervent défenseur du peuple, pronant une juste répartition des richesses et du pouvoir politique, l'homme était aussi plébiscité par le peuple que détesté par les hautes strates mondiales. À raison. Jinye l'avait mis en garde contre lui, tout en lui octroyant des armes pour se défendre. L'épéiste avait ainsi appris tous les déboires qui avaient secoué Zao, que ce soit ses incarcérations, sa traque par le gouvernement mondial, mais aussi ses péripéties tumultueuses avec l'impératrice. S'ajoutait à ces précieuses informations une mise à jour de ses connaissances de l'île et de sa situation géopolitique. Ainsi, le bretteur était fin prêt et n'attendait qu'une chose... savoir s'il allait devoir prêter main forte au camp Impérialiste.


- A-t-on donc perdu toute once de bienséance, et la plus élémentaire des politesses, cher Zao ?
- Je n'ai aucune leçon de morale à recevoir d'une personne qui recherche le profit, au détriment du bien être de son peuple, chère impératrice.


L'appeler ainsi avait eu l'air de lui écorcher la bouche. Néanmoins, Zao reprit d'une voix grinçante :


- Vous parlez de Kano Kuni et de sa grandeur, d'honneur, de prestige... mais dites-moi, en quoi cela remplira le ventre de vos sujets ? En quoi cela leur permettra de vivre une vie décente ? En quoi cela leur permettra-t-il de faire entendre leurs voix ?
- Et j'en déduis que vous avez également oublié toute notion élémentaire d'économie... Si le pays prospère, la richesse ricochera sur toutes les strates de la société. Si Kano Kuni obtient une position de force sur West Blue, chaque citoyen du Royaume en verra sa position améliorée. C'est un fait aussi évident...
- Que faux, la coupa Zao une nouvelle fois. Le gouvernement prend ce qu'il veut, mais ne donne que rarement en retour. Et certainement pas aux nations indépendantes, certainement pas à ses anciens ennemis. Penser qu'il ne mordra pas la main qui l'a nourri est tout simplement naïf !


Ici, l'impératrice se crispa, alors que des murmures montaient dans l'assemblée. Ses joues se mirent discrètement à rosir, tandis qu'elle fusillait du regard l'homme en face d'elle. Ce dernier, loin de se laisser démonter, reprit son argumentaire d'un ton fougueux :


- Donner l'image d'un Kano Kuni prospère attirera des investisseurs, des explorateurs, des rapaces ... mais si la politique de l'empire ne change guère, la condition de ses sujets restera identique. Il faut profiter de l'état de faiblesse du gouvernement mondial pour raviver la flamme de la Révolution. Utilisons nos ressources pour faire le bien ! Envoyons des vivres et des renforts à nos frères et nos sœurs qui se battent contre le joug de la tyrannie des Dragons Célestes et de leur taxe insensée. Lorsque les autres pays se verront abandonnés par leurs précieux souverains... ils se rallieront à nous ! Nous serons alors connus comme les bienfaiteurs de West Blue, mais également l'étincelle qui aura allumé la flamme sur notre mer. Je vous en conjure, mes chers et honorables confrères et consœurs... écoutez moi !


D'un coup d'œil, Hayato attrapa le regard de Jinye qui, d'un mouvement de tête subtil, lui indiqua l'impératrice. Cette dernière bouillonnait sur place. Elle semblait enrager de l'outrecuidance du révolutionnaire qui venait de la tourner en ridicule. Les murmures allaient bon train dans la salle d'audience, tant et si bien que la maitresse des lieux jeta des regards éperdus, à droite et à gauche. Un de ses conseillers se pencha vers elle, et la régente de Kano Kuni lui tendit une oreille inquiète. Hayato en profita pour s'avancer calmement au milieu de la salle, tandis que Zao haranguait la foule qu'il croyait déjà conquise. Lorsque les nobles virent un nouveau venu s'approcher du centre de débat, la rumeur se fit plus sourde, jusqu'à presque disparaître. Alors, « l'étoile jaune du petit matin » se retourna pour faire face à un étranger. Il cligna des yeux, surpris, lorsqu'Hayato s'inclina poliment devant lui.


- Je m'appelle Suisou Hayato, enchanté. Si vous me le permettez, j'aimerais répondre à vos allégations et à vos spéculations.
- Rien que ça ! se moqua Zao en ricanant. Et de quel droit, au juste ?
- Par décret impérial, il me semble que le débat est ouvert à tout local, mais également à tout investisseur qui tient à cœur le devenir de l'empire. N'est ce pas, votre grâce ?


Wu « Shao » Quang le regarda d'un air circonspect. Elle n'avait jamais vu cet homme en face d'elle mais, bien vite, un de ses conseillers lui chuchota derechef à l'oreille. Après quelques secondes de flottement, elle hocha finalement la tête. D'un geste gracieux, elle permit au nouveau venu de débattre avec Zao. Était-ce par mesquinerie ? Afin de forcer sa Némésis à se confronter à un parvenu ? Ou bien tentait-elle de gagner du temps pour rebattre ses cartes ? Dans tous les cas, Zao accueillit la nouvelle par une moue irritée, avant de toiser l'épéiste d'un air condescendant. Ce dernier, loin de se démonter, s'inclina devant l'impératrice avant de débuter les hostilités :


- Dites-moi, Zao-san, j'ai du mal à comprendre votre raisonnement...
- Cela ne m'étonne guère. Les subtilités de la politique peuvent sembler...
- J'ai peur qu'il ne soit en contradiction avec les valeurs que vous prétendez porter.
- Je vous demande pardon ? s'étouffa le révolutionnaire.


L'assistance était sous le choc. Le jeune homme venait, ni plus ni moins, d'insulter ouvertement l'As de la Révolution ! Pourtant, l'aura sereine du bretteur ne laissait présager aucune hostilité. Il dégageait un calme inhabituel, au milieu de tout ce tumulte. D'une voix paisible, l'épéiste reprit :


- Et bien, vous proposez ouvertement de priver de nourriture des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, en fournissant des vivres uniquement à vos alliés de la Révolution. N'êtes vous pas animés par l'envie d'aider votre prochain ? De libérer les peuples ?
- Bien sûr que si ! Mais je vois que vous êtes tout aussi naïf que notre chère impératrice... Vous vous imaginez sans doute pouvoir vaincre un ennemi aussi redoutable et immonde que le notre, sans renoncer à une éthique romanesque ?
- Loin de moi cette idée, répliqua Hayato sans hausser le ton. J'aime à penser qu'il vaut mieux être un guerrier dans un jardin, qu'un jardinier à la guerre. Devenir un monstre, mais le garder sous contrôle, est le principe fondamental d'un guerrier. Pour autant, provoquer volontairement la famine ne me semble pas concorder avec les valeurs que vous prônez haut et fort. Avez vous déjà senti votre ventre gronder, jusqu'à souhaiter en mourir ?
- Et vous, jeune homme ?


Avec un sourire placide, Hayato répliqua avec un simple hochement de tête :


- Bien plus souvent qu'il ne me plait de l'avouer, il faut le dire.


Un rire nerveux parcourut l'assemblée, tandis que Zao s'étranglait de rage. Le moquait-il ? Avec les habits luxueux qu'il étalait à la vue de tous, ce jeune blanc-bec n'avait jamais dû connaître la faim... le révolutionnaire en était convaincu ! Sans lui laisser le temps de trouver un contre, Hayato insista :


- Mais, je note que vous n'avez pas répondu à ma question. Les Dragons Célestes sont une des pires engeances au monde, je vous rejoins sur ce point. Pour autant, diriger volontairement les ressources vers les plus « méritants » en condamnant les autres sans état d'âme... N'est-ce pas là l'apanage du gouvernement mondial que vous méprisez tant ?
- Je ne vous permets pas ! Contrairement au gouvernement mondial, mon but est juste ! Ma Voie est toute tracée pour aider mon prochain ! Je ne souhaite que propager une vision plus égalitaire et juste du monde ! Comment osez-vous... quelle outrecuidance !
- Je veux vous croire animé par l'envie de libérer les peuples, comme tout bon révolutionnaire qui se respecte. Mais, à vous écouter, vous allez asseoir votre vision, en écrasant l'opposition de manière brutale. Et si cela ne suffit pas à les faire se rallier à vous ? Si le chantage alimentaire n'était qu'un premier pas ? Vers où vous conduirait cette voie ?


De nouveau, des murmures s'élevèrent dans toute la salle. Un instant, Zao fut prit d'un vertige. Il la tenait ! Il tenait cette chienne qui l'avait poignardé dans le dos... il tenait sa percée pour la révolution locale ! Que venait foutre ici cet idiot ? D'où sortait-il ? Qui était il ? La moutarde montait de plus en plus au nez de Zao. Ce dernier se voyait ridiculisé par un arriviste, un inconnu, un... L'As finit par retrouver contenance. Les enjeux étaient trop grands, il ne pouvait pas perdre pied ici. Passé la surprise initiale de voir cet étranger deviser passablement, le révolutionnaire allait devoir lui rabattre son caquet.


- Très bien ! Admettons que vous ne me croyez guère. Vous seriez pourtant le seul, puisque j'ai passé ma vie entière au service de la Révolution. Mais passons... Jouer sur mes mots, me prêter des intentions qui ne sont pas les miennes, tenter de me décrédibiliser... AH ! Que la critique est facile. Mais quelle alternative avons nous ? Rester les bras ballants ? Aider toutes les îles de West Blue, quitte à nous mettre nous même en difficulté ? Ou bien ne prêter main forte qu'à une partie, seulement ? Et en ce cas, quelles îles trouveraient grâce à vos yeux ? Et bien, vous qui avez réponse à tout ? Que devrait faire Kano Kuni, en ce cas ?
- Kano Kuni ne devrait pas avoir à assumer cette charge seul, quand bien même le Royaume le pourrait-il.
- Une preuve éloquente de votre méconnaissance totale de la géopolitique de West Blue... Mais éclairez-nous ! Quelle solution proposez vous, si ce n'est la mienne ?


Fort heureusement pour Hayato, il avait parcouru West Blue durant des années d'errances. Par ailleurs, Jinye l'avait déjà entretenu des diverses possibilités à mettre en avant.


- Poiscaille est riche d'une pêche abondante et de régiments entiers de poissons qui n'attendent qu'à être ramenés dans des filets.
- Elle est surtout riche de marines et d'agents du gouvernement mondial qui, vous le savez aussi bien que moi, auront tôt fait de réquisitionner la majeure partie des vivres pour... je vous le donne en mille, les îles affiliées au gouvernement mondial !
- Quand bien même le feraient ils, ce qui reste à voir puisque le conseil des nations a appelé à l'aide pour tout West Blue, mais Poiscaille n'est pas seule. Différentes îles pourraient être d'une aide bienvenue. Kage Berg est...
- Une île agricole qui nécessite le fameux engrais en pénurie pour fonctionner.
- … capable de continuer à fonctionner avec un taux plus faible d'engrais, jusqu'à ce qu'une alternative soit trouvée.
- Et qui d'autre pourrait la proposer ? Hinu Town et ses déserts ? L'archipel vert et ses étendues indomptables ?
- La nouvelle Ohara, trancha calmement Hayato.
- Ha ! Vous vous contredisez vous même ! Ohara est un des plus grands bastions de la Révolution sur West Blue. Ainsi donc, vous comptez sur le camp que vous décriez pour sauver les habitants de cette mer ? N'est-ce pas ironique ?


Le camp de Zao semblait enfin soulagé. Leur champion reprenait les rênes du débat, en plus de retrouver son mordant ! Si une bonne partie de la foule sembla convaincue par l'argument de l'As, certains attendaient encore la réponse du jeune homme qui, pour une raison étonnante, commençait à sourire :


- Il semblerait que vous voyiez réellement la vie de manière dichotomique. Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples « qu'aider » ou « être aidé » directement. La situation actuelle est un symptome d'un problème plus profond.
- Ah bon ? se moqua Zao. Grands dieux ! Quelle chance avons-nous de bénéficier de votre sagesse... Et quelle serait votre solution magique ?
- La Révolution n'est en rien responsable de la tenue de la plus grande bibliothèque du monde, ce me semble ?
- Vous vous éloignez du sujet, jeune homme, tenta de biaiser l'As.
- Je crains que non. La plus grande source de savoir au monde n'aurait pas une alternative au guano, selon vous ? Cette même alternative ne pourrait-elle pas, si elle était trouvée, permettre de développer l'agriculture sur toutes les iles ? Ainsi, chaque royaume, chaque pays, n'aurait pas à être dépendant d'une quelconque aide, mais pourrait s'autosuffire, puis développer ses propres idéaux, et non pas se sentir redevable auprès de leurs... bienfaiteurs. Voilà pourquoi vous semblez voir la réalité de manière dichotomique. Kano Kuni pourrait participer à l'effort de partage dans un premier temps, mais également financer des travaux de recherches sur Ohara, afin d'être les précurseurs d'une alternative au guano et régler le problème à sa source de manière pérenne. Mais, j'imagine que vous y aviez pensé également ?


La question glaça le révolutionnaire. Il bredouilla quelques instants, avant de finir par littéralement balayer d'un revers la déclaration d'Hayato :


- Un argument falacieux et spéculatif ! Non ! Se baser sur de telles hypothèses n'est pas sérieux ! Kano Kuni devrait profiter de la situation pour se poser en référence sur tout West Blue ! Cela tiendrait éloigné le gouvernement mondial car, il serait non seulement indigne mais également mauvais pour l'image qu'il se donne de se plaindre de nos actions !


Hayato allait répondre, lorsque la voix de l'impératrice surprit les deux hommes :


- Vous montrez là votre vraie nature, cher Zao.  « Profiter de la situation » ? Profiter de la misère humaine et de la famine pour avancer votre idéologie, et non pas simplement répondre à des peuples en danger ? Voilà là tout ce que la Révolution propose ?
- Un peuple qui, si l'impératrice veut bien s'en souvenir, a été en guerre ouverte avec nous des années durant !
- Guerre à laquelle nous avons su résister, année après année, avant de signer un traité de paix ! Mais j'imagine que vous n'êtes pas assez attaché à ce Royaume pour vous embarrasser à en retenir son histoire ?


Le feu aux joues, les yeux de Zao lancèrent des éclairs à la maitresse de l'empire. Pourtant, face aux multiples contre arguments et à la grogne populaire qui commençait à monter, il se sentit piégé. Avant que l'événement ne tourne en sa défaveur de nouveau, la jeune femme prit les devants. Elle claque des mains, avant d'annoncer haut et fort :


- Messires, Mesdames, je pense que les idées ont été clairement énoncées. Nobles âmes, je vous prie de méditez sur le sujet avant que nous revenions, ici-même, pour prendre une décision finale.


Avec un dernier salut poli vers Zao, Hayato se retira sans un mot de plus. Il prit bien garde à ne pas croiser le chemin ni le regard de Jinye qui, déjà, s'activait de son coté. Elle avait sans doute passé tout le débat à récolter des informations, distiller des semi-vérités en la défaveur du révolutionnaire et à attirer la sympathie vers la proposition de l'impératrice. Ce travail de sappe devait continuer, sans aucun doute. De son côté, Hayato également avait un rôle à tenir.

Même s'il n'allait pas être des plus plaisants.
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À peine Hayato était-il sorti de la salle d'audience, qu'une petite foule s'amassa autour de lui. Beaucoup de nobles, de marchands et de badauds vinrent le féliciter pour sa répartie. Avoir tenu ferme contre un orateur tel que Zao relevait du miracle, pour une jeune homme inconnu jusqu'à lors ! Selon eux, les discussions prenaient peu à peu la direction choisie par l'impératrice. Avec humilité, Hayato s'inclina et les remercia, avant de prendre la parole :


- Je vous remercie pour votre sollicitude. Vos paroles me touchent, mais je ne pense pas avoir réalisé quoi que ce soit d'extraordinaire.
- Allons bon ! s'exclama un homme brun et ventripotent. Vous avez fait fermer son clapet insupportable au révolutionnaire, à ce criminel notoire que le pays abrite ! Vous méritez des louanges !


Alors que le petit groupe autour de lui se ralliait à cet avis, un fin sourire étira le visage du jeune homme. Il s'inclina derechef, alors qu'une pensée s'insinuait dans son esprit. Quelle aurait été la réaction de ces gentilhommes, s'ils avaient appris la véritable nature de ses occupations professionnelles ? Laissant là ces considérations parasitaires, l'épéiste s'échina à plaider la cause de l'impératrice. Il enjoint les curieux à essayer de convaincre autant de personnes que possible, afin d'orienter le pays dans la « bonne » direction.


« Tout du moins, celle qui arrangera Feng sur le long terme... », pensa-t-il en son for intérieur.


La petite foule se dispersa et, bien vite, tenta de rallier à leur cause autant de partisans que possible. Il le savait, Jinye était discrètement en train d'intriguer de la sorte, afin de pousser la voix de l'impératrice au plus haut ! Lorsque les flagorneurs se furent retirés, un seul homme resta en face de lui. Stoïque, engoncé dans une tunique noire et blanche, le cinquantenaire arborait une courte chevelure poivre et sel. Son maintien, presque militaire, et son visage buriné par le temps marquèrent l'esprit d'Hayato. Pourtant, ce furent ses yeux noisettes qui l'interpellèrent encore plus : un véritable étau. Aucune animosité ne transparaissait dans son regard, mais l'épéiste sut d'instinct qu'il avait tout intérêt à l'écouter. Le nouveau venu attendit qu'ils soient seul, après avoir chassé les quelques retardataires d'un simple regard appuyé. Enfin, il ouvrit la bouche :


- Jeune homme, lança-t-il d'une voix grave, en guise de salutation. Messire Zao souhaiterait s'entretenir avec vous. Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre.


Sans grande surprise, au vu du ton employé, il ne s'agissait nullement d'une demande, d'une requête ou d'une proposition. Il s'agissait d'un ordre, voire d'une menace en cas de refus. Ni plus ni moins. Hayato inclina la tête, puis lui emboita le pas. Jinye l'avait prévenu que s'opposer ainsi au révolutionnaire, attiserait sa colère et brusquerait son ego. Puisque « l'étoile jaune du petit matin » était convaincu d'avoir la préséance morale, se voir ainsi débouter par le premier venu avait dû attiser sa curiosité... ou bien son courroux. Sans un mot, les deux hommes longèrent des couloirs richement décorés, jusqu'à ce que le majordome n'ouvre une porte vers une petite salle circulaire. Immédiatement, l'effervescence qui agitait les lieux disparut. L'épéiste fut accueilli par des regards noirs mais, bien vite, le majordome entra et tous baissèrent les yeux en sa présence. D'un simple raclement de gorge, ce dernier fit sortir toutes les âmes de la pièce. Bientôt, il ne resta plus que Zao, son serviteur, et Hayato.


- Nous allions servir le thé, l'invita à moitié le chef des lieux. Asseyez-vous.
- Je vous remercie, répondit paisiblement le bretteur.


Il prit place sur un petit coussin, blanc et noir, face à une table basse. Sans un mot, le majordome exécuta une cérémonie du thé parfaite. Chaque geste était exécuté au millimètre près, par la force d'une habitude vieille de plusieurs décennies. La fluidité et la célérité des mouvements impressionnèrent Hayato, et le terrifièrent un instant. Combien d'histoires de thé empoisonné avait-il entendues ? Beaucoup trop. Toutes avaient pour point commun, la trop grande confiance de la victime, face à un maitre dans l'art de la dissimulation. Si se voir la cible d'une tentative d'assassinat aussi évidente lui semblait grotesque, ses trippes lui criaient une toute autre histoire. Aussi, Hayato utilisa une vieille ruse, transmise oralement dans son clan. Il fit mine de se réinstaller dans le coussin, afin de trouver une position confortable. Ce faisant, il fit tomber la tasse en porcelaine en face de lui, d'un malencontreux coup de coude.

Aussi rapide qu'un serpent, le majordome rattrapa la tasse avant même qu'elle ne tombe de la table.

Son mouvement avait presque été imperceptible, de l'œil expert du bretteur. Une fine pellicule de sueur roula, le long de sa colonne vertébrale, alors qu'une main glacée lui vrillait les entrailles. Il tenta de n'en rien laisser paraître et, au contraire, se confondit en excuses pour sa maladresse. Intérieurement, il ne put s'empêcher de réfléchir à un moyen de se sortir d'un éventuel guêpier. Son sabre lui avait été retiré à l'entrée du palais, par les gardes de l'impératrice. Ainsi, il se sentait nu comme un ver ! Il inspira calmement, avant de se concentrer sur son interlocuteur. Peut être n'avait il pas de si mauvaises intentions à son égard...


- Je dois avouer que j'ai été particulièrement surpris par votre intervention, jeune homme. Comment avez vous dit que vous vous appeliez, déjà ?
- Suisou Hayato.
- Ah oui ! C'est vrai... Et bien, Hayato, que nous vaut le plaisir de votre visite sur Kano Kuni ? Je trouve étonnant que vous apparaissiez pile au bon moment, pour sauver la mise de l'impératrice...
- N'est-ce pas évident ? Je suis un entrepreneur, et Kano Kuni a la possibilité de venir en aide aux populations de West Blue...
- … Et vous avez l'occasion d'en tirer profit. Comme c'est aimable à vous, et subtil, de m'avoir fait paraître pour le rapace que, en réalité, vous êtes vous-mêmes.


La pique glissa sur Hayato, comme l'eau de pluie sur une feuille. Il se contenta de pencher la tête sur le coté, avant de répondre paisiblement :


- L'acheminement de victuailles est nécessaire, plus que jamais. Cependant, sans investisseur, agent logistique, transporteur et vendeur, même la plus florissante agriculture aura du mal à nourrir toutes les bouches de cette mer. Je viens proposer mon aide, mais elle n'est pas gratuite, effectivement.
- Je vois...


Un instant, Zao sembla hésiter. Son majordome se pencha, avant de lui glisser quelques mots dans son oreille. Un hochement de tête plus tard, le révolutionnaire reprit la parole d'un ton mielleux :


- Vous savez, cela fait presque une décénie que nous n'avons plus entendu parler du clan Suisou. Comment va Jinro ? Je crois me souvenir qu'il aimait négocier en personne, aussi je suis étonné de voir un simple émissaire...
- Je vais vous demander de ne pas aller dans cette direction, messire Zao.


Le changement de ton était très clair. Si, même pendant le débat, Hayato avait brillé par son calme à toute épreuve, cette dernière phrase aurait pu être tranchée au sabre. Zao sourit, avant de reprendre, l'air de rien :


- Aurais-je touché un nerf sensible ? N'avez vous pas la pleine confiance de votre chef ? J'aurais aimé pouvoir parler avec mon vieil ami, vous savez ? Lui, au moins, aurait été sensible à notre noble cause...
- Si mon père avait réellement été votre ami, vous sauriez qu'il est mort, il y a dix ans déjà.


Hayato s'attendait à voir le révolutionnaire se déconfire, mais ce dernier brilla d'un sourire mesquin. Avec un temps de retard, l'épéiste comprit. Zao lui avait arraché une information capitale, en titillant une « corde sensible ». Le bretteur se mordit l'intérieur de la lèvre. Il avait manqué de prudence, et avait donné un levier pour l'atteindre à son adversaire.


- Votre père n'est plus avec nous... continua sans relache le révolutionnaire. Quel dommage. C'était un homme honnête et digne de confiance. Lui, n'aurait pas été appâté par le profit, mais aurait mis en avant les valeurs intrinsèques à un homme d'honneur !
- Tout à fait, répondit Hayato en gardant son calme. Il était intimement convaincu que les hommes devaient être libres de choisir leurs voies et que, une fois celle-ci choisie, devait être aidés.
- Et s'ils se trompaient de voie ? glissa sournoisement le révolutionnaire. Nul n'est à l'abri d'une erreur de jugement, d'une mauvaise interprétation des faits... ou bien de s'être fié à la mauvaise personne.


Un instant, l'épéiste regarda Zao, puis son  majordome, sans piper mot. Tentaient ils vraiment de lui faire tourner casaque de manière aussi peu subtile ? Il respira profondément, avant de reprendre la parole:


- J'ai peur que vous ne suiviez pas vos propres conseils. Ne souhaitez vous pas, tout simplement, vous opposer au projet de l'impératrice à cause de vos anciens déboires avec elle ? Est-ce vraiment le révolutionnaire, ou bien l'homme trahi qui souhaite volontairement provoquer la famine ? La vengeance n'est pas...
- Vous avez décidément la tête dure ! l'interrompit brutalement son hôte.


Un geste du majordome calma immédiatement Zao. Ce dernier se racla la gorge, avant de continuer d'une voix pompeuse:


- La révolution œuvre pour le bien de tous. Vous n'avez aucune idée de tous les efforts, de tous les sacrifices que nous avons dû endurer afin d'arriver à notre position actuelle. Nous pouvons, enfin, faire entendre notre voix et tenter de diffuser nos idées à travers toute la mer ! Je ne vous laisserai pas vous fourvoyer, et nous empêcher d'aider ces opprimés...
- Vous devriez les laisser choisir, et non pas les soumettre à ce genre de chantage...
- Balayez devant votre porte, avant de dispenser ce genre de conseils ! Si nous écoutons l'impératrice, la seule population aidée sera son petit clan, ses sbires et, bien sûr, elle même ! Le bas peuple sera laissé pour compte, peu importe leurs efforts. Si vous êtes vraiment le fils de votre père, vous devriez nous aider... c'est ce que Jinro aurait fait !
- Pour la deuxième fois, ne partez pas dans cette direction.


La voix d'Hayato s'était durcie, de même que son regard. Peu de choses avaient le don de le faire sortir de ses gonds. Mais, parmi celles-ci, souiller la mémoire de son père prenait la première place. Il inspira doucement, afin de retrouver son calme, avant de continuer:


- Mon père ne m'a jamais parlé de vous. Il ne partageait pas vos manières. Pire, il aurait été horrifié de votre projet de répartition des ressources, en fonction du soutien à la Révolution ou non. Je suis d'ailleurs prêt à parier que vos supérieurs n'apprécieraient pas ce genre de manœuvre...


La phrase laissa un froid polaire s'installer dans la salle. Le majordome stoppa net son mouvement, alors qu'il commençait à verser le thé à Zao. Deux paires d'yeux le transpercèrent, mais l'épéiste tint bon. Après ce qui sembla une éternité au sabreur, son hôte reprit la parole d'une voix sifflante:


- Puisque vous tenez à user de menaces, j'espère que vous êtes prêts à en payer le prix. Votre projet ne verra jamais le jour. Celui ci, ou tous les autres que vous souhaiteriez amorcer sur Kano Kuni ! Peu importe vos liens avec l'impératrice, ou la faveur qu'elle daignera vous accorder pour avoir rampé à ses pieds. Je vous le garantie !
- Je vois...
- Non, je ne pense pas, l'interrompit le révolutionnaire. Si vous persistez à rêver éveillé, je connais quelqu'un qui se fera une joie de vous ramener sur terre. Avez-vous déjà entendu parler de la Happou Navy ?
- La famille Chin Jao ? releva Hayato. Et bien?


Les deux kanokuniens échangèrent un regard intrigué. La mine de Zao passa du tout au tout. Il sembla un instant considérer Hayato comme un fou, puis l'instant suivant comme un demeuré. N'avait il vraiment pas compris où le révolutionnaire voulait en venir ? Il reprit donc, avec la même voix qu'il aurait prise pour expliquer un fait évident à un enfant un peu lent:


- Si les Chin Jao refusent que vous vous implantiez sur Kano Kuni, je puis vous assurer qu'aucun de vos convois n'arrivera à bon port. De même, s'ils apprennent que l'impératrice souhaite les coiffer sur le poteau et renforcer la position du gouvernement mondial...
- Il ne me semble pas que l'impératrice ait mentionné le fait de renforcer le gouvernement mondial, ni même de s'opposer d'une quelconque manière à la Happou Navy. Elle souhaite au contraire asseoir l'influence de Kano Kuni sur West Blue, en tenant le gouvernement mondial en respect.
- C'est ce qu'elle a laissé entendre, mais ce ne serait pas forcément le son de cloche qui leur parviendrait...


L'épéiste resta interdit un instant. Cet homme était décidément l'exemple le plus parlant de la phrase « la fin justifie les moyens » ! Il était dangereux. N'avait il plus la notion de limite entre le bien et le mal ? Ou bien était il si profondément convaincu de la justesse de sa position et de ses idéaux, que prendre d'aussi improbables raccourcis ne lui semblaient plus à proscrire ? Alors que l'ex vagabond allait reprendre la parole, un serviteur ouvrit la porte. Il leur annonça que l'impératrice rappelait les participants pour prendre une décision finale.


- Nous arrivons, déclara Zao d'une voix mielleuse.


Lorsque le coursier fut parti, il se tourna vers Hayato avec un regard froid. Avaient-ils vraiment besoin de continuer cette conversation, après l'impasse dans laquelle ils s'étaient tous deux engagés ? Le révolutionnaire vida son thé d'un trait, avant de lancer d'une voix doucereuse:


- Et bien, vous n'avez pas touché à votre thé ? Je vous en prie, ne soyez pas timide...
- Sans façon. Je vais prendre congé.
- À votre guise.


Sans un mot de plus, Hayato quitta la pièce et retourna dans la salle d'audience. Il espérait que Jinye ait eu plus de succès que lui.
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Développer l'empire


Hayato avançait d'un pas leste dans les couloirs du palais. Il suivait le serviteur qui était venu les chercher, Zao et lui-même, tout en réfléchissant à la discussion mouvementée qu'il venait d'avoir avec ce dernier. Le révolutionnaire s'approchait bien plus d'une vipère qu'il ne l'aurait cru ! Malgré son authentique foi dans la révolution et la vision égalitaire qu'il prônait, ses méthodes frôlaient celles des criminels. Sur le chemin, l'épéiste croisa l'homme brun et ventripotent qui l'avait félicité un peu plus tôt. Il lui adressa un sourire cordial. Contre toute attente, l'homme baissa les yeux et s'éloigna précipitamment. L'ex vagabond cligna des yeux plusieurs fois, étonné. Sa surprise grandit encore, lorsqu'il rencontra d'autres personnes qui l'avaient chaudement applaudi, mais qui se comportèrent d'une manière similaire.

Un mauvais présentiment lui vrilla les entrailles.

S'il mettait bout à bout les éléments dont il disposait, comprendre la séquence d'événements n'était pas bien compliqué. Il s'était fait avoir ! Zao l'avait attiré et distrait, tandis que les larbins, censément congédiés par son majordome, avaient fait tourner casaque aux autres partisans de l'impératrice ! Le sabreur grinça des dents. Il avait été niais ! Pourtant, il sut garder son calme car, contrairement à ce que son sournois adversaire pensait... Hayato n'était pas seul. Feng avait placé sa confiance en Jinye, aussi était-il lui même persuadé qu'elle avait su profiter du temps imparti pour pousser l'avantage de leur camp, en catimini. Il prit une grande inspiration, avant de retourner dans la salle d'audience. Peu de temps après, « l'étoile jaune du petit matin » fit son entrée en fanfare. Il était clair que Zao se voyait déjà vainqueur ! Que ce soit par intimidation, chantage, pot de vin ou via la force des mots... ses sbires avaient sans doute dû grapiller de nombreuses voix. Il ne lui restait plus qu'à prier que Jinye se soit montrée plus éloquente encore.


- Bienvenue de nouveau, mes cher amis ! J'espère que ce court entracte vous aura donné l'occasion de réfléchir, afin de porter le pays vers la bonne direction. Sans plus attendre, nous allons procéder au vote.


Lentement, tous les participants passèrent, un à un, dans un grand carré formé de quatre tentures accrochées au plafond. Derrière le rideau de tissu, un petit groupe attendait autour d'un grand vase Quang. L'oeuvre d'art, magnifiquement moulée, cuite et peinte aux couleurs de l'illustre dynastie, avait été convertie en urne. Dans cette dernière, chaque votant devait placer une étoile jaune en laiton, ou bien une pièce à l'effigie de l'impératrice. Chaque votant devait alors attendre, de l'autre coté du rideau, sous étroite surveillance. La totalité de l'opération se déroulait sous l'oeil acéré d'un officier local. Un quarantenaire grisonnant, athlétique, qui avait gardé son armure de cérémonie. La procession continua dans un silence morbide. L'ambiance, évidemment, était extrêmement tendue. Si Zao, Jinye et Hayato avaient tenté de pousser les votes dans la direction qui les arrangeait... l'impératrice et son clan avaient-ils également joué un rôle similaire? C'était plus que probable. Enfin, lorsque la dernière personne eut voté, le rideau fut levé et le vase aux tons ocres, enfin dévoilé. Avec une cérémonie propre à un empire millénaire, les serviteurs dépouillèrent un à un les votes. La tension monta d'un cran lorsque le camp de Zao se constitua rapidement une avance confortable. Il fallut toute sa force mentale à Hayato, pour ne pas jeter un regard inquiet en direction de Jinye. L'épéiste croisa les bras, et attendit patiemment.

Peu à peu, l'écart sembla se resserrer. Chaque vote était annoncé haut et fort, avant d'être inscrit sur un tableau à la craie. Aucune tricherie ne pouvait être effectuée. En effet, l'urne avait été en permanence surveillée, et le dépouillement était public. À mesure que le vase se vidait, des murmures inquiets secouèrent la salle. En effet, les deux camps restèrent au coude à coude durant de longues minutes, aussi poussives qu'un cheval de trait agonisant. Après un énième statut quo, l'officier responsable du dépouillement annonça qu'il ne restait plus qu'un vote dans l'urne.
Hayato déglutit difficilement, tout comme la plupart de ses voisins.

La main plongea.

Et en ressortit une pièce.

Un silence pesant retomba sur la grande salle. De sa voix grave, l'officier déclara le score final, avec une seule voix d'écart en faveur de l'impératrice. Des soupirs de soulagement s'élevèrent discrètement, un peu partout autour du bretteur... jusqu'à ce qu'une voix ne brise le silence :


- C'EST INSENSÉ !


Sans grande surprise, le révolutionnaire n'accepta pas d'aussi bonne grâce ce résultat. L'étoile jaune s'était empourprée. Fou de rage, Zao hurlait à la tricherie, à la supercherie, au scandale ! Il pointa des doigts accusateurs un peu partout, laissant sa voix éraillée se répercuter sur les murs luxueux du palais impérial:


- VOUS ! Vous tous ! Comment... C'est une honte ! UNE HONTE ! J'EXIGE QU'ON RECOMPTE LES VOTES !
- Il ne vous appartient pas de l'exiger, messire Zao, le sermonna l'officier d'un ton lugubre.
- Il y a eu tricherie, j'en suis sûr !


Malgré tous les efforts de son majordome pour le calmer, Zao enrageait de plus en plus. Il lança des regards noirs en tous sens, jusqu'à tomber sur Hayato. Loin d'exulter, ce dernier restait calme et droit, les bras croisés. Pas un sourire ne fendit le visage de marbre du jeune homme. Pourtant, Zao pointa un doigt tremblant dans sa direction. La haine avait envahi ses yeux, jusqu'à potentiellement lui en faire perdre la raison. Il sembla vouloir parler, puis grinça des dents, avant de réfléchir à toute allure. Soudain, un éclair passa dans ses yeux. Ses yeux, tel un rapace, furetèrent en toutes directions.


« Il a compris... », réalisa en pensée Hayato.


Son plan aurait du fonctionner à merveille. Son majordome l'avait isolé, ses sbires avaient fait chanter ceux qui l'avaient soutenu et, sans aucun doute, plusieurs autres âmes influençables. Puisqu'il connaissait l'impératrice de longue date, il devait se douter qu'elle utiliserait potentiellement pareille tactique... aussi avait-il dû prévoir comment la contrer. Ainsi, avec Hayato occupé, l'impératrice et son clan sous contrôle, ses sbires à l'oeuvre... il ne restait plus qu'une solution. L'étranger avait un complice ! Dans l'esprit un rien étriqué du révolutionnaire, son projet et l'oeuvre de sa vie ne pouvaient pas être déboutés ainsi, sans que quelqu'un ait eu recours à un vil stratagème ! Il en aurait mis sa main au feu... Quelqu'un avait utilisé les mêmes procédés que lui ! Seulement, du point de vue de Zao, il s'agissait là d'un sacrilège, car on l'empêchait d'instaurer un état plus juste et égalitaire ! C'était un acte impardonnable.


- Ce n'est pas fini ! Croyez moi !


Un peu plus, et il les aurait tous envoyé au diable. Rouge pivoine, le révolutionnaire quitta la pièce à grands bruits, en claquant la porte derrière lui. Rapidement, son escorte partit à sa suite, sans un regard en arrière. Une fois les révolutionnaires disparus, lentement, de chauds applaudissements commencèrent à retentir dans toute la salle. L'impératrice se leva et remercia ses habitants. Hayato ne l'entendit même pas. Il fixait la porte par laquelle Zao et sa troupe s'étaient envolés. Un seul point noir restait au tableau, pugnace et dangereux. La menace des Chin Jao n'était pas à prendre à la légère. Il sentit un regard posé sur sa nuque. Du coin de l'œil, il aperçut Jinye. Cette dernière lui fit un sourire, avant de remarquer sa mine préoccupée. Du regard, elle passa de la porte à Hayato... avant de tenter de lui faire lâcher prise, en secouant doucement la tête de droite à gauche.

Malgré tout, Hayato s'éclipsa discrètement.

Il avait eu un petit aperçu de la psyché du révolutionnaire. De là à ce qu'il prenne le pouvoir par la force, en passant un pacte avec Don Chin Jao... il n'y avait qu'un pas ! Le bretteur n'était pas fou au point de vouloir se mesurer à une telle légende ! Aussi, il ne lui restait qu'une seule possibilité... intercepter Zao avant qu'il ne communique avec la Happou Navy. Il poussa les lourdes portes de la salle d'audience, et n'eut aucun mal à deviner où était parti Zao. Il n'avait qu'à le suivre au vacarme qu'il causait ! Le plus naturellement possible, il commença à filer la procession. Bien vite, cette dernière quitta le palais. En quatrième vitesse, Hayato récupéra Kashuu auprès des gardes, avant de continuer sa poursuite. Il n'avait jamais été formé à la filature, aussi dut il redoubler de prudence et augmenter la distance à laquelle il suivait le petit groupe belliqueux. Ils sillonèrent de longues minutes les rues bondées...

Enfin, les hommes pénétrèrent dans une batisse charmante, en bordure de la capitale. Elle s'élevait sur deux étages mais, surtout, était ceinturée d'une haute muraille frappée du sceau de Zao. Le bretteur fit discrètement le tour des murs, en prenant soin d'éviter les sentinelles. Enfin, arrivé dans un coin sombre, il trancha net trois coupes, afin de créer un triangle de sa hauteur dans la muraille. Il poussa la pierre le plus silencieusement possible, puis pénétra dans le jardin en catimini. Hayato profita de la végétation luxuriante pour se cacher. De nombreux gardes avaient quitté leur poste, pour suivre Zao qui fulminait encore. Le bretteur en profita et avança à couvert des arbustes. Peu à peu, il trouva son chemin, au travers de la vigilance des gardes, jusqu'à arriver sous une fenêtre où la voix de Zao portait encore. Sans grande surprise, il insultait copieusement l'impératrice, Hayato et les sots qui avaient voté contre lui. Après quelques cliquetis, le son caractéristique d'un Den Den Mushi en plein appel s'éleva. Hayato serra les dents en entendant la voix s'élever:


- Ici Ming, j'écoute.
- C'est Zao ! Tu le croiras jamais...
- L'impératrice a gagné, j'imagine ?
- Fais pas comme si c'était évident !
- À ta voix, ça l'est, Zao. Et donc, tu m'appelles pour gueuler... ou tu as une proposition à me faire ?


Lors de leurs discussions avec Jinye, cette dernière avait mis Hayato en garde contre cet homme. Bien sûr, la totalité de la Happou Navy disposait d'une puissance suffisante pour le mettre hors d'état de nuire... mais, officiellement, le Don Chinjao appartenait à la controversée caste des « pirates honorables ». Ainsi, mis à part en cas d'insulte ou de conflit ouvert de sa part, il y avait peu de chance que le Don ne veuille sa peau. En revanche, Ming Xiao, la « tortue noire », n'était pas de ce calibre là. Le pirate était le nouveau gouverneur de Fort Levant mais, curieusement, sa réputation tenait plus du mercenaire, de l'homme prêt à tout, pour peu qu'on y mette les espèces sonnantes et trébuchantes ! Or, la suite de la discussion lui donna tristement raison:


- J'ai un deal à te proposer. J'ai besoin que cette mer comprenne qu'un monde plus juste et égalitaire est possible ! Envisageable ! Souhaitable ! Nous pouvons l'atteindre, je le sens...
- Le deal et le prix, Zao, je me fous de la politique.
- Je te propose de te donner des informations sur les convois de l'impératrice. Les horaires de départ, les trajets, les équipages, la sécurité... tout ce qu'il te faudra pour qu'ils « disparaissent » tristement. Lorsque son plan sera tombé à l'eau, j'aurais des cartes à jouer...
- Oui, oui, tu seras clairement avantagé... mais qu'est ce que j'y gagne ? C'est quoi ces convois ?
- Des victuailles pour tout West Blue.


Un instant, la tortue noire resta silencieuse. L'homme au bout du combiné se racla la gorge un instant, avant de lancer:


- Tu te paies ma tête, là ? J'ai pas besoin de carottes ou de navets !
- Si tu te renseignais un peu sur l'actualité, tu saurais que plusieurs îles de West Blue risquent la famine. Tu pourras vendre « ces carottes et ces navets » à prix d'or, un peu partout !
- Hmm... Un instant.


La voix étouffée de l'homme sembla appeler un de ses sbires, afin de confirmer les propos du révolutionnaire. Après quelques échanges, Ming Xiao reprit la parole:


- Apparemment c'est pas des salades. Je prends la totalité des marchandises, je te laisses jouer avec l'impératrice à ta guise ensuite.
- J'aurais pensé...
- La totalité. Ce n'est pas comme si tu avais d'autres options, je me trompe ?
- C'est d'accord... grogna presque Zao.
- Tiens moi au courant pour le départ du premier convoi.


Lorsque l'escargophone retourna à sa molle apathie, Hayato entendit distinctement un soupir de soulagement, puis un ricanement. Ce dernier gagna peu à peu en puissance, repris en cœur par ses hommes. Ce fut à ce moment qu'une voix s'éleva derrière lui :


- EH ! T'es qui toi ?


Instinctivement, Hayato se retourna, dégaina et trancha. Le pauvre garde n'eut pas le temps de sonner plus l'alerte. Il tomba au sol, inerte. L'instant suivant, la fenêtre s'ouvrait derrière lui. L'épéiste plongea et, d'une pirouette, se releva en faisant face à la maison derrière lui. Sur la pelouse du jardin, Zao le toisait d'un air ulcéré. Le révolutionnaire jeta un coup d'oeil attristé à son homme, avant de lancer un regard venimeux à sa nemesis.


- Je vous demanderai bien ce que vous faisiez sous ma fenêtre, mais c'est inutile.
- Je pense aussi, déclara Hayato, sabre à la main.


Un à un, les sbires de Zao descendirent de la fenêtre. De même, le majordome au regard d'airain les rejoignit sans un mot. Un instant, les deux camps se regardèrent en chien de Faïence, tandis qu'une fine brise faisait danser les branches et les fleurs autour d'eux. Soudain, plusieurs larbins dégainèrent des armes à feu et déchargèrent tout leur saoul ! D'un simple geste, Hayato dressa un mur d'air entre eux:


- Teppeki.


Sous le regard ahuri de ses adversaires, les balles furent déviées loin du bretteur. Sans leur laisser le temps de se remettre de leurs surprise, Hayato fit passer Kashuu à l'horizontal. De trois coupes éclairs, il lança une puissante attaque :


- Tengai Giri.


La formidable lame d'air siffla en direction du groupe, avant de s'enfoncer dans la maison de Zao comme dans du beurre. Dans un formidable fracas, tout le pan de mur s'écroula et ensevelit la majeure partie de ses opposants. Lorsque la poussière retomba, Hayato ne fut guère surpris. Seuls Zao et son majordome s'en étaient tirés, de justesse. La jambe droite du serviteur saignait. Sans aucun doute s'était il sacrifié pour laisser une chance à son maitre de se mettre à l'abri.


- Il semblerait que nous vous ayons sous estimé... Shin, avec moi !


Malgré sa blessure, le quinquagénaire bondit avec son maitre. Les deux hommes attaquèrent de part et d'autre, forçant Hayato à rester sur la défensive. Leur coordination était exemplaire ! Pourtant, il le sentait, ses combats de toutes ces dernières années et, en particulier, ceux de Carcinomia l'avaient endurci. Il tint bon. Pire encore, il sentit qu'il pouvait presque retourner le combat à son avantage. Shin comprit bien vite la situation et, sous l'œil estomaqué d'Hayato, prit une décision extrême. Alors que l'épéiste trancha l'air avec Kashuu, pour maintenir Zao à distance, le majordome s'empala volontairement sur son arme ! Il grogna de douleur, cracha du sang mais, même dans l'adversité, resta stoïque. Les deux mains tannées de l'artiste martial se refermèrent sur le bras d'Hayato. Trop tard, ce dernier comprit la situation et ne put empêcher l'attaque sournoise:


- Nōshintō... Naiji Shogai !


Le poing de Zao cueillit l'épéiste juste sous l'oreille. Immédiatement, le monde tournoya et il fut pris d'une incoercible nausée. Hayato tenta de rester debout, mais il tituba. Sa vision se dédoubla et, tandis que Shin s'affaissait en crachant des gerbes de sang, Zao redoubla d'effort.


- Nōshintō... Hado Ago !


Véritable coup de masse, le crochet chirurgical frappa Hayato au menton dans un angle improbable. Totalement handicapé, incapable de maintenir son équilibre ou d'y voir clair, le bretteur bascula en arrière. La puissance du dernier coup faillit l'envoyer dans les limbes ! Il tenta de se défendre et de trancher en face de lui. En vain. Toute coordination évaporée, son geste gauche ne fit qu'aggraver ses nausées. Il rendit son déjeuner au sol, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. En désespoir de cause, le sabreur ferma les yeux et se concentra sur son ouïe. Une botte claqua au sol, tandis que Zao bondissait les airs. Au vu du bruit, il était en train de pivoter sur lui-même ? Le bretteur respira profondément, luttant contre son équilibre perdu, la douleur et la somnolence.


- Nōshintō Ougui... Gijin no nemuri !


Le son d'une botte qui sifflait dans les airs emplit l'esprit d'Hayato. Il esquiva de son mieux et bondit sur le coté. D'un rouler bouler maladroit, les yeux fermés, il réussit à éviter le pire. Lentement, il ouvrit les yeux et découvrit un véritable cratère, à l'endroit où se trouvait son crane, quelques secondes auparavant ! Toujours incapable de tenir debout, Hayato se mit à genou et rengaina. Lentement, l'épéiste fit le vide dans son esprit et retrouva le contrôle de sa respiration. De son coté, le révolutionnaire interpréta de travers les intentions de son ennemi:


- Trop tard pour implorer pardon ! Meurs ! Nōshintō Ougui...


Sa vision troublée l'empêchait toujours de repérer avec précision son ennemi, qu'il voyait à présent en triple. Pour autant, il était inutile de chercher à trouver « le vrai ». L'esprit pratique d'Hayato venait de comprendre la solution incroyablement facile au problème. Zao sauta de nouveau dans les airs. Sa botte siffla vers le crane d'Hayato dans un son strident.


- … Gijin no nemuri !
- Air Breath !


Sans même chercher à viser, Hayato avait comprimé l'air et poussé de toutes ses forces, dans la direction grossière de son adversaire. Ce dernier, en plein vol, vit arriver un véritable mur d'air face à lui. Il écarquilla les yeux, avant d'être projeté à plusieurs mètres de haut. Son cri de terreur confirma à Hayato qu'il avait fait mouche ! Toujours limité, le bretteur s'écarta en rampant de son mieux. Un craquement ignoble lui confirma que la gravité avait réclamé son dû à Zao. Un silence surnaturel retomba dans le jardin. À tatons, Hayato s'adossa à un mur et retrouva peu à peu son calme. Il sentit les vertiges disparaître peu à peu, tandis que sa vision revenait à la normale. Tout à coup, une voix s'éleva:


- Espèce de pauvre crétin ! Tu as tout gaché !
- Vous êtes résistant, c'est impressionnant, le complimenta Hayato.


Par il ne savait quel miracle, Zao avait réussi à ne pas mourir d'une chute de plusieurs mètres de haut. Néanmoins, vu l'angle de ses jambes, il n'irait pas bien loin et, surtout, le combat était terminé. Le révolutionnaire le toisait d'un air méprisant. Sans s'en émouvoir, Hayato se releva avec milles précautions, avant de lui lancer:


- Je vais vous raccompagner au palais. Je pense que l'impératrice sera on ne peut plus intéressée par le pacte que vous avez tenté de passer avec les Chin Jao.
- Misérable vaurien... tu t'es fais un ennemi mortel. Je le jure, j'aurais ta peau !
- Vous n'êtes ni le premier, ni le dernier à me le promettre, répliqua Hayato d'un ton placide.


Sans un mot de plus, l'épéiste ligota son captif, le bâillonna, puis remonta la route en direction du palais impérial.
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Développer l'empire


Sans grande surprise, Zao lui compliqua la tache. Il se débattit, tenta d'interpeler les gardes et les passants pour le secourir, rua, tenta de le frapper... Tant et si bien qu'au bout d'à peine cinq minutes, Hayato soupira. Il le posa et, d'un coup sec derrière la nuque, l'envoya dans les limbes. Avec un grognement, l'épéiste chargea le révolutionnaire sur son dos avant de reprendre son chemin. Alors qu'il remontait les rues, plusieurs curieux lui jetèrent des regards en biais. Certains, même, firent mine de s'approcher mais furent bien vite rattrapés et découragés par d'autres passants. Après plusieurs minutes, Hayato finit par arriver devant les gardes du palais. Ces derniers froncèrent les sourcils et, un instant, resserrèrent leurs prises sur leurs hallebardes. Le bretteur leva une main en signe d'apaisement, avant de leur expliquer la situation rapidement. Après un regard interloqué, les soldats se raclèrent la gorge, avant de revenir aux bases. Il pouvait demander audience auprès de l'impératrice et lui rapporter la situation, mais il lui était toujours interdit de pénétrer dans le palais avec son sabre !

Hayato leur remit une nouvelle fois Kashuu, avec un petit pincement au cœur, avant de reprendre son chemin. Rapidement, la nouvelle se propagea dans tout le palais. Tant et si bien qu'une fois devant les grandes portes qu'il avait quittées, un peu plus tôt, Hayato les vit s'ouvrir en grand. Une véritable haie d'honneur s'était formée, au bout de laquelle trônait l'impératrice. Cette dernière l'invita à approcher. Le bretteur remonta le luxueux tapis de velours rouge, jusqu'à finir par déposer le corps de Zao devant elle. Après un bref regard dédaigneux vers son adversaire de toujours, la jeune femme lança d'une voix claire :


- L'avez-vous tué, jeune homme ?
- Non votre grâce, je n'ai fait que l'assommer pour le livrer à votre Justice.
- J'ai déjà entendu quelques rumeurs, mais j'aimerais découvrir la vérité de votre bouche. Qu'a-t-il fait, cette fois ? Mais, avant tout... rappelez-moi votre nom ?


Hayato s'inclina diligemment, avant reprendre la parole d'une voix calme et assurée:


- Je m'appelle Suisou Hayato, votre grâce. Quant à messire Zao... et bien, il a tenté de dévoyer les Chin Jao pour les dresser contre vous. Il leur a proposé d'attaquer les convois de nourriture, en partance pour les îles que vous auriez choisie...
- Comment ?! l'interrompit l'impératrice. Il a donc perdu la raison ! Condamner tant de pauvres âmes...
« Elle en fait un rien trop...», se dit Hayato en pensée.


Néanmoins, face à une impératrice, en tant qu'invité sous son toit, la flagornerie était de mise:


- J'imagine qu'il n'a pas supporté sa défaite face à votre grâce, et que la rage a emporté la meilleur partie de lui.
- Vous êtes trop aimable avec cette racaille... Gardes ! Emmenez le au cachot ! Je déciderai de son sort plus tard.
- J'ai du lui briser les jambes durant notre affrontement, il ne peut plus marcher.
- Soit ! Soignez-le, puis jetez le derrière les barreaux !


Une fois le révolutionnaire emmené, un brouhaha s'éleva au sein de la plèbe. Du coin de l'oeil, il vit Jinye parcourir les rangs des courtisans, leur chuchoter à l'oreille, les encourager... en somme, continuer d'intriguer. L'impératrice nota la ferveur de la foule, et leva une main pour ramener le calme. Enfin, elle jaugea Hayato d'un air curieux durant plusieurs longues secondes. Enfin, elle se leva et déclara d'une voix forte:


- KanoKuni vous remercie pour votre soutien aujourd'hui. Ensemble, nous montrerons au monde la puissance de l'empire ! Maintenant, j'aimerais m'entretenir avec cet étranger en privé.


Lentement, les gardes raccompagnèrent les curieux vers la sortie. Une fois seuls, l'impératrice se rassit et toisa Hayato avec un sourire enigmatique. Elle se racla la gorge, avant de reprendre d'une voix cristalline:


- J'ai entendu parler de vous, messire Suisou. Votre père était connu sur tout West Blue, vous semblez prendre le même chemin que lui.
- Vous savez qui était mon père ? s'étonna Hayato.
- Les murs de ce palais ont des oreilles... Quoi qu'il en soit, j'ai cru comprendre que votre aide ne serait pas gratuite. Quel sera donc votre prix pour m'avoir débarrassé de Zao, et... je dois l'admettre, avoir facilité ma victoire face à lui ?
- Je ne saurais profiter de la situation pour demander l'impossible, votre grâce. Je requiers seulement la possibilité de commercer avec Kano Kuni en ouvrant une enseigne sur l'ile. Mon expertise sera, sans aucun doute, un atout pour la logistique et le transport de tous les vivres dont vous ferez bénéficier West Blue.


L'impératrice pencha la tête sur le coté, avant de sourire à pleines dents.


- Le digne fils de votre père, vraiment. Soit. Pour vous remercier, Kano Kuni vous offrira un local et vous aidera en finançant votre installation. À vous de nous prouver que vous méritez les égards dont nous vous faisons preuve !
- Ce sera fait, votre grâce.
- À présent... J'ai cru comprendre que Zao avait tenté de joindre les Chin Jao. Qu'en est il réellement ?
- J'ai pu interrompre les négociations, biaisa Hayato. Si je puis me permettre, je pense connaître quelqu'un qui pourrait les convaincre de sécuriser les lignes de transport, plutôt que de s'en faire des ennemis.


Wu «Shao» Quand arqua un sourcil étonné, avant de l'inviter à poursuivre d'un geste:


- Votre courtisane, Jinye, m'a grandement aidé dans mon entreprise. Elle a collecté des informations sur Zao et m'a aidé à me préparer pour l'affronter oralement. C'est une jeune femme avec une grande finesse d'esprit et des connaissances utiles. Je suis certain qu'elle pourrait nous aider...
- Vous comprenez que je ne puisse vous croire sur parole, messire Suisou ? Je ferai mander cette « Jinye » pour me forger mon propre avis. Si elle me semble capable, je lui donnerai sa chance de servir le Royaume.
- Bien entendu, votre grâce.
- Vous me plaisez, Hayato. D'ailleurs, j'aimerais vous mettre à l'épreuve également. Oui... vous pourriez convenir. Vous êtes une personne neutre, capable et paisible. Votre clan et votre père pouvaient se targuer d'entretenir une superbe réputation sur cette mer. Dites-moi, jeune homme, que diriez vous de défendre ce pays une nouvelle fois ?
- Qu'avez vous en tête, votre grâce ? demanda Hayato, un peu perdu.
- J'ai une proposition à vous faire. J'aimerais tester votre art de la diplomatie avec de plus gros poissons que Zao. J'aimerais que vous deveniez l'ambassadeur de Kano Kuni, afin de nous aider dans les tractations auprès du gouvernement mondial.


Abasourdi, Hayato cligna des yeux plusieurs fois. Jinye et lui-même ne s'était pas du tout attendu à ce que l'impératrice lui propose un poste aussi prestigieux ! Lui avait-il fait forte impression ? Ou bien s'agissait-il vraiment d'un cadeau empoisonné ? Ambassadeur d'un pays neutre, auprès des hautes instances du gouvernement mondial... Assurément, un tel rôle allait lui demander du temps, or il s'agissait d'une denrée extrêmement rare pour le criminel en pleine expansion qu'il était. Pourtant, il s'agissait également d'une occasion en or, qui ne se représenterait pas deux fois. Enfin, il en était certain, Feng saurait trouver une manière adéquate d'utiliser un tel avantage, afin de pousser son parti traditionaliste sur l'île.


- Pardonnez mon silence, votre grâce. Je ne m'attendais tout simplement pas à un tel honneur ! Que dire... si ce n'est que j'espère me montrer digne de cette confiance que vous m'accordez. Votre grâce est trop bonne avec moi.


Avec humilité, Hayato s'inclina bien bas face à la Quang. C'était une surprise, mais une surprise bienvenue ! L'impératrice applaudit chaudement la nouvelle. Durant quelques instants, ils devisèrent de sujets bien plus légers, jusqu'à ce qu'un conseiller rappelle la dirigeante à ses obligations. Hayato fut excusé et sortit de l'immense salle d'audience, non sans expliquer à la régente qu'il allait devoir quitter l'île, pour raison professionnelle. Cette dernière laissa le numéro d'un de ses majordomes, afin que son nouvel ambassadeur puisse être joint sans faute. De retour dehors, il fut de nouveau accueilli par les courtisans, ou plutôt une foule de curieux. Il s'évertua à rester évasif mais, il le savait de source sur, le palais avait des oreilles. Aussi, il ne doutait pas que la nouvelle ferait le tour de l'île rapidement. Pour l'heure, il s'excusa et prétexta une fatigue et des soins à recevoir, après le combat contre Zao, pour s'éclipser rapidement.

Avec moultes détours dans la cité, afin de semer d'éventuelles filatures, l'épéiste retrouva le chemin vers la demeure de la famille Han. Il y rejoignit Jinye et la mit au courant des dernières nouvelles. Cette dernière hoqueta de surprise, en se cachant la bouche derrière sa manche. Rapidement, elle se mit à sourire à pleines dents. Leur mission était un franc succès ! Ils avaient même dépassé les espérances de Feng, à n'en point douter. Sans plus attendre, le duo d'intriguants composèrent le numéro de leur ami commun pour le tenir au courant de leur succès retentissant ! Après lui avoir résumé la situation, Hayato lui précisa un fait important.


- J'aimerais partager les gains de l'exploitation qui s'ouvrira sur Kano Kuni avec vous, Feng. Nous pourrions diviser en deux les recettes. Voyez cela comme un juste retour, après tout ce que vous avez fait pour moi.
- Et moi ? minauda Jinye.


La phrase arracha un sourire à Hayato, comme un lointain écho d'une conversation qu'ils avaient déjà eu, des années auparavant. Le bretteur lui annonça alors la nouvelle, qu'il avait gardée secrète jusqu'à présent:


- Vous, Jinye, allez gagner bien plus que de l'or. Je vous ai chaudement recommandée auprès de l'impératrice. Elle compte vous mettre à l'épreuve, sans doute pour négocier avec les Chin Jao un contrat sécurisant les lignes de transport. Si vous réussissez... vous pourriez rentrer dans ses bonnes grâces. Cela facilitera d'autant l'implantation de Feng sur l'île, puisque vous chuchoterez à l'oreille même de la régente.
- Vous savez parler aux femmes, Hayato, plaisanta la courtisane avec un rire cristallin.


Alors qu'il aurait aimé rester, le devoir appelait le chef du clan Suisou. Il le savait, Carcinomia nécessitait sa pleine attention. De nombreuses promesses avaient été faites aux chefs de clans, et il entendait bien les tenir ! Par ailleurs, il avait enfin une raison valable de se rendre sur Lynbrook... et avait hâte de découvrir Grand Line ! Aussi, l'épéiste s'excusa auprès de ses amis en leur expliquant ses obligations. L'épéiste laissa à Jinye le soin de gérer la création de son entreprise locale, en lien avec Feng et lui-même via escargophone à l'avenir. De son coté, il se dirigea sans plus tarder vers le port, afin d'y retrouver le Raikou. D'un pas vif, le chef de clan remonta à bord de son navire. L'équipage se mit en branle et largua les amarres.

De son côté, Hayato gagna sa cabine et s'assit à son bureau. S'il était heureux de savoir que les civils de West Blue pourraient se sustenter, un goût amer lui restait dans la bouche. La débâcle de Zao ne lui plaisait pas. Malgré les méthodes douteuses, ses idéaux étaient bons. De même, il n'aimait pas l'idée que la révolution voit en lui un ennemi. Aussi, il sortit une feuille et une plume, afin de rédiger une lettre qu'il ferait parvenir à la révolution de West Blue. Il y coucherait les déviances de Zao, son égarement et les mesures extrêmes qu'il s'apprêtait à prendre. Par ailleurs, le bretteur insisterait sur le fait qu'il ne chercherait pas à leur mettre des bâtons dans les roues, mais estimait qu'il devait arrêter Zao qui se comportait comme un vulgaire tyran. Il scella l'enveloppe à la cire, avant de la confier à un membre de l'équipage qui la posterait dès que possible.
Enfin, le sabreur s'assit sur un coussin, adossé à la coque du bateau, et se laissa bercer par les flots. Il avait besoin de repos... qui sait quand il pourrait se ressourcer à l'avenir ? Ce fut donc avec l'esprit léger, qu'Hayato quitta Kano Kuni.
Codage par Libella sur Graphiorum



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