DES JOYEUX BONBONS À LA TRISTE FALINGEN
ANNÉE 1630
▬ Mini-event d'Halloween 2024
Le Tigre Blanc navigue non loin de Schwarzwald. Mais une surprise va soudain arriver sur le pont.
Otages, hein ? Pourquoi pas ? Après tout, il aurait été attrapé par les chasseurs sans le passage providentiel de cet équipage sur Poiscaille. Aussi profite-t-il d'être encore vivant en regardant défiler les moutons sur une mer assez calme pour naviguer sans crainte, même si le bruit d'une petite vague venant s'éclater contre le bateau n'est pas rassurante pour qui n'est pas navigateur. Il a déjà pris la mer par le passé, mais toujours à bord de navires dont s'occupaient des équipages complets et, lorsqu'il a bénéficié d'un meilleur salaire, par un service qualité supérieure à bord de bâtiments navals bien plus grands. Mais deux personnes pour s'occuper d'un sampan, cela lui semble peu. La météo clémente permet ne rassure pas totalement le mink, qui repense aux propos de sa bretteuse d'accompagnatrice, Yona. Mais alors qu'il donne un violent coup de pied dans cet attaché case déchiqueté par un puissant tir de fusil, le soir fait son entrée. La lumière du soleil, toujours présente, se fait moins forte et l'équipage se demande s'ils vont accoster sur une île proche ou jeter l'ancre en pleine mer. Mistertigri, lui, bougon, ne parle même pas à l'escrimeuse, qui le regarde se retourner, déçue. Il a fait une erreur, oui, mais on ne lui fera pas changer de comportement, non ! Il ne se laissera pas imposer un système de pensée, c'est hors de question !
Puis une plume vient se poser sur le nez du minou, qui éternue. Venus du ciel, deux oiseaux munis d'enveloppes viennent déposer leur fardeau avant de repartir dans leur flap flap, laissant là les quatre personnages surpris. Le financier renifle une enveloppe d'abord, puis l'examine, constatant que rien n'est écrit et que ne figure aucun sceau, aucune marque.
C'est louche. Nous sommes clairement les destinataires, nous avons quitté Poiscaille avec eux aujourd'hui. Qui peut savoir ?
Mais alors qu'il est concentré sur son enveloppe à lui, il n'a pas écouté autour de lui et ne peut que constater soudain que du bras gauche de Yona s'échappe une étrange fumée verte, transparente mais épaisse, qui l'impressionne. Sursaut, puis consternation.
YONA ! Qu'est-ce qui se passe ?
Je sais pas, j'ai juste mangé ce bonbon qui vient d'une des enveloppes !
La chat ne peut que constater le papier déchiré et, dans la stupeur, voit la peau de la jeune femme comme illuminée d'une lumière verte tandis que s'échappent de son corps à présent des volutes noir foncé. Elle tremble et regarde le minet, tétanisée, semblant vouloir crier, mais seules quelques onomatopées sortent de sa bouche où s'engouffrent des larmes. Les volutes viennent la caresser et s'enrouler autour d'elle d'une sensualité malsaine. Recul devant ce phénomène qui la fait crier de peur alors que la fumée l'enveloppe dans un appel effrayé qui disparait dans la lumière. Sa main sort de la fumée et s'agite, comme cherchant de l'aide, grattant le sol, mais les volutes l'emmènent et là voilà qui disparait complètement. Mistertigri assiste impuissant à ce spectacle visuel au milieu des implorations de Yona, puis un éclat de lumière fait s'écarter la fumée dans un coup de vent. Et tout est dissipé.
Le mink, dans ses toussotements, voit devant lui, blanc comme l'émaille, le squelette de Yona. Dans l'incompréhension, il gémit :
Yona…
Oui ?
Cri d'horreur et sursaut en arrière !
Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? J'ai un insecte sur moi ?
Dit-elle en regardant ses épaules, mais… mais son autre épaule. Mais ses mains. Elle hurle à son tour :
HAAAA ! Qu'est-ce qui m'arrive ?
Mais comment est-ce que je pourrais le savoir ? Tu… Ce n'est pas une illusion ?
Cependant, le mink touche les mains osseuses de sa sauveuse et ne constate aucun cartilage. Il tapote sur le crâne du squelette. Yona, elle, choisit d'essayer de faire passer son doigt à travers ses côtes. Il n'y comprend rien. Voit-elle vraiment, sans yeux ? Mais alors qu'il dirige ses doigts vers les orbites vites, Yona les protège instinctivement de ses mains sans chaire. C'est la première fois qu'il voit ça ! Jamais il n'a entendu parler de quelque chose de tel. L'incompréhension est totale.
Est-ce que c'est le bonbon qui a fait ça ?
Dans l'enveloppe ouverte, le mink découvre une lettre indiquant l'offre de biscuits aux effets secondaires amusant. En regardant Yona de plus près, il renifle le bonbon de son enveloppe. Il scrute son accompagnatrice. Alors le mink se rend à l'évidence.
Si tu sembles apprécier, alors soit, goutons.
Aussitôt le bonbon gobé, le financier se sent chamboulé de l'intérieur, avec l'impression que son corps entier gargouille. Puis une sensation de vide s'installe, celle de ne plus sentir son corps, de ne plus pouvoir se sentir exister. Et la légèreté. La liberté.
Alors, à quoi est-ce que je ressemble ?
À moi. Tu es un squelette, mais un squelette de mink chat.
Mistertigri se palpe à son tour. Quelle impression bizarre de pouvoir passer ses doigts à travers soi-même et surtout effrayante de passer son doigt où se situe l'oeil d'habitude. Ainsi, une discussion s'installe, on rigole des déguisements en question, puis on se dit qu'il serait chouette d'en profiter pour s'amuser. Mais que voulez-vous, on est que des otages. Il serait amusant de fêter les morts avec d'autres gens sous des costumes aussi aboutis, mais on fera sans cela. Cependant, le bateau fait cap vers l'île la plus proche qui, après quelques minutes, apparait. Une noire silhouette entourée d'un halo de ténèbres qui se dissipe pour laisser place à l'image d'un décor caché par des nuages sombres dont certains ressemblent à une fumée artificielle.
Le Tigre blanc accoste en bordure de l'ile, là où personne ne demandera de frais de port. L'ancre est jetée ! L'occasion de se faire la malle est trop belle ! Mais que faire de cette liberté ? Après tout, vu le nombre créanciers qui recherchent le financier, être à bord du Tigre Blanc ne ferait que servir les chances de survie, et ça, tout le monde à bord a du le comprendre. Toutefois, sous ce déguisement, s'amuser est sans risque, personne ne le reconnaitra ! Aussi débarque-t-il à pieds en compagnie de Yona, sur des rochers sombres. Ils voient d'autres bateaux amarrés plus loin. Apparemment, d'autres n'aiment pas payer la taxe non plus.
Bienvenue, visiteurs ! Amusez-vous bien !
Merci..
Merci bien.
Puis, en avançant un peu, le mink, de son ouïe très développée, entend derrière lui :
Ici Roudaire. J'ai vu deux nouveaux, deux squelettes. Ils sont visiblement sur le chemin de Falingen.
Roudaire ? Un nom peu usuel pour un homme-poisson aux oreilles du matou qui arrive sur une route pavée, pas comme celles qu'on trouve en Carmélide. Alors que le cercle de lumière se fait rouge, le duo arrive au bout de la route, sur un trottoir gris. Une ville se présente, mais son vacarme est tel que le duo cache d'abord ses oreilles. Recherchant l'origine du fracas du métal qu'on assemble, ils comprennent bien vite que tout se passe en intérieur. Les rues, vides de travailleurs, ne sont apparemment qu'un espace de transfert. Mais soudain, le tintamarre s'arrête et du bâtiment sortent des hommes, nombreux. Certains se mettent à fumer, d'autres à boire, puis les discussions prennent rapidement. Le financier s'approche alors d'un groupe.
Bonsoir, messieurs ! Comment allez-vous après cette rude journée de travail ?
Mais les visages ne sourient pas, bien au contraire.
Si c'est une blague, elle est pas drôle.
Pardon ? Vous ne sortez pas de cette usine ?
Pour y rentrer après notre pause. Je ne sais pas d'où vous venez, mais ici, les fabriques tournent à plein régime, nuit comme jour. Bienvenue à Falingen, la ville qui ne dort jamais ! Vous cherchez du travail ? Il y en a.
Cependant, un autre bâtiment entame un tintamarre mécanique infernal forçant le mink à parler plus fort.
En fait, avec la fête des morts, nous espérions trouver une ville où festoyer.
Ah, mais on avait deviné que vous venez pour la fête avec vos déguisements. Ces bonbons, je vous jure, ils savent plus quoi inventer. Enfin, je vous comprends. Alors sortez de Falingen dans cette direction, en longeant la centrale à charbon.
Dit-il en pointant du doigt une rue presque noire.
Si vous continuez dans cette direction, vous arriverez à Edelheim. C'est là-bas que tout se passe pour les touristes. Et en ce moment, pour ceux qui font partie des équipes de jour ! Parce que nous, on l'a dans l'os. Notez, nous sommes mieux payés. Par contre, les bistrots ouverts la nuit pour prendre le repas sont plus chers à cause des horaires d'ouverture, donc je sais pas si on y gagne vraiment.
Je parierais pas là-dessus. En tout cas, Edelheim, c'est le chemin de la fête ! Si vous vous dépêchez, vous pouvez même prendre le service de diligence qui a été mis en place durant les fêtes.
Ah ? Eh bien merci. Courage pour la suite !
Et le duo de courir jusqu'à la centrale, non sans tousser en respirant la poussière nauséabonde qui ferait presque oublier le fracas du métal assourdissant. Quelques mètres plus loin, ils prennent de justesse une diligence sur le point de partir. En roulant, ils regardent en arrière pour voir le sombre spectacle d'une fumée enrobant le ciel. Mais alors enfin, la montagne se dévoile à eux, triste, noircie, mais avec des pointes de brun et de vert et moins terne que la ville dont ils sont en train de sortir. Ils passent un pont en se bouchant le nez au sentir de la pestilence, voyant de nombreuses personnes masquées et même un type en combinaison, sortant de l'eau avec un genre de scaphandre. Charmant ! Mais au moins, alors que l'obscurité s'installe, le duo progresse et arrive au niveau du port où s'arrête le transport. Le cocher indique être arrivé.
Là, des lanternes en forme de citrouille, voire dans ces citrouilles, ont été installées et éclairent la tombée de la nuit qui n'est pas synonyme de silence, car le pincement des cordes d'une guitare égaye ce coin, là-bas, tandis qu'un feu de joie crépite entouré de gens qui papotent et discutaillent. Cet homme mal rasé semble avoir fait des efforts et a vu son visage sobrement maquillé avec un motif de vampire. Sur les quais, des gens bien ont sortis des habits de fête, mais Mistertigri remarque vite, venu du ciel, un volatile se poser. Il s'agit d'une chauve-souris géante aux longues dents acérées, qui scrute les visages apeurés de son regard carnassier avant de pousser un cri menaçant. Yona fait signe à Mistertigri de reculer, posant la main sur l'une de ses épées, mais dans un bref nuage de fumée, la chauve-souris se transforme en un véritable vampire, pâle de visage, drapé dans une grande cape noire. Le silence s'installe.
Ces bonbons sont vraiment d'enfer !
Et la foule éclate de rire et de joie ! Le guitariste reprend son air, et un autre guitariste joue le même air plus loin. Autour d'un grill, on mange des légumes et on sert quelques saucisses. Les momies chantent ! Les sorcières dansent ! Voici enfin le lieu de la fête ! Voici le port, Edelheim !
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Dernière édition par Mistertigri le Ven 25 Oct 2024 - 22:01, édité 7 fois
- Mistertigri, Yona et l'équipage du bateau reçoivent des bonbons, les mangent et se transforment, puis décident de se séparer pour aller faire la fête ;
- Mistertigri et Yona passent par Falingen avant d'arriver à Edelheim à la tombée de la nuit.
Techniques, capacités et objets utilisés : -
Note : -