- Sur Paradiso, il existe un bâtiment qui centralise les appels de toute les sections révolutionnaires liées de près ou de loin à l’Armee Révolutionnaire. Ce n’est pas un endroit où il est agréable de travailler. Car pour une demande d’aide et de soutien auxquelles on peut répondre positivement, pour une section à qui l’ont peut répondre « tenez bon, les renforts sont en route » « gardez espoir, les armes dont vous avez besoin arrive » il y en a dix ou on ne peut donner que des paroles de réconfort et aucune aide. Dix ou l’on ne peut qu’écouter mourir des révoltes commencées trop tôt, ou confrontées à des adversaires trop puissant, trop bien armés…
Au fil du temps, incapable d’envoyer l’aide matérielle que tous leurs réclament, les receveurs du centre des appels révolutionnaires se sont efforcés de trouver d’autres moyen de répondre aux demandes. Au moins en partie. Et la meilleure méthode qu’ils aient trouvés était de fournir la seule chose qu’ils pouvaient transmette par den den. De précieux conseils.
Comment monter une cellule en se protégeant des traîtres. Comment dissimuler les activités révolutionnaires aux pouvoirs en place. Comment convaincre et recruter des gens au sein du mouvement. Comment créer et distribuer des armes faites à partir d'outils communs.
Chaque fois qu’une idée utile arrivait au centre elle y était immédiatement décortiquée, améliorée, puis aussitôt diffusée à tous ceux qui pouvaient en avoir l’usage. Faisant en quelques années du centre d’appel une véritable bibliothèque du savoir révolutionnaire.
J’ai travaillé au centre d’appel il y a quelques années et c’est ce temps qui m’a poussé vers la section Développement. Avec dans l’idée la nécessité de fournir aux alliés le meilleur de ce que pouvait inventer la révolution.
C’est à cette époque que j’ai commencé à réfléchir à l’arme. L’arme avec un grand A. Celle qui deviendrait l’outil indispensable du révolutionnaire du monde entier. Un projet qui m’avait semblé simple à l’époque et qui s’était en fait révélé terriblement complexe.
Parce que concevoir une arme utile ce n’est pas uniquement construire une arme. Non. C’est bien plus que ça.
Vous ne comprenez pas ? Très bien. Prenons une arme simple. Non. Pas les tourelles de la marine. Plutôt un fusil. Le modèle standard de la marine. Nous savons tous parfaitement comment il fonctionne non ? Mais le savons nous vraiment ?
- On met quelques cartouches dedans, on pointe le canon vers une cible et on appuie sur la gâchette !
- Facile.
- Tenez j’ai justement un fusil et quelques cartouches ici. Montrez nous.
Le petit malin de la classe se lève en ricanant s’empare du fusil et des cartouches. Puis s’escrime sans succès à insérer l’un dans l’autre. Je le laisse mariner quelques minutes, puis aux premiers rires moqueurs et alors qu’il vire au rouge vif et à la frustration, j'interviens.
- Si ça ne fonctionne pas c’est que votre modèle de cartouche vient de la marine mais que le fusil est une copie venant de Doscar, ou ils ont préférés standardiser un calibre différent pour interdire à la marine d’utiliser leurs armes de poing. Et nous touchons la le cœur du problème, La chaîne logistique. Une arme en soi n’est rien sans le cadre qui lui permet de fonctionner au moment de l’action. Et plus cette arme est complexe, plus la croissance de sa chaîne logistique est exponentielle. Pour un fusil il vous faut des mines et des fonderies qui permettront de faire les canons et les balles. Il vous faut des mines et des chimistes pour faire de la poudre, des ateliers pour réunir poudre et balles, du textiles pour en faire des cartouches. Et tout ça ne sert strictement à rien du au bout du compte votre cartouche n’est pas parfaitement calibrée pour votre fusil. Alors pour produire à grande échelle il faut aussi des normes pour uniformiser tout ce matériel, des gens aguerris pour les contrôler. Ensuite il faut aussi déplacer ce matériel sensible aux endroits où l’on en a besoin sans qu’il soit détérioré ou abîmé. Et une fois entre les mains du soldat il faut former celui ci. Pour arriver à ce simple geste du soldat qui épaule son fusil et tire on met en œuvre des milliers de personnes et d’intelligence sur des dizaines d’îles.
Et c’est en cela que la conception d’une arme requiert de la réflexion.
Prenons le laser qui compose mon bras par exemple. c’est une arme qui se situe encore plus loin que le fusil. Elle est extrêmement efficace mais elle est si complexe que je suis globalement le seul à pouvoir l’utiliser. C’est donc un avantage significatif à mon échelle mais totalement insignifiant à l’échelle de la révolution.
- Mais alors on ne peut pas développer d’armes de pointes ?
- Je n’ai pas dit ça. Je dis juste qu’il est important de ne pas fantasmer sur les armes magiques. Une arme puissante est un avantage tactique. Mais une arme si utile qu’on peut la fournir à tout donnerait un avantage stratégique !
Faisons un petit exercice. Cherchez moi des armes utile avec la chaîne logistique la plus courte possible.
- Jeter des cailloux !
- Très bon exemple. Ce n’est pas pour rien que de nombreuses villes du Gouvernement mondial évitent maintenant les pavés. C’est la première arme du révolté. Hélas elle est aussi tout à fait inefficace. Même des outils de métiers manuels sont plus efficaces.
- Alors une fronde !
- Un arc !
- On monte en technologie. La fronde a l’avantage d une munition illimitée et disponible partout, et d’être impossible à détecter de simples vêtements, mais son maniement est complexe. Pour l’arc c’est encore pire. Il fait beaucoup d’entraînement et en plus sa fabrication et celles des flèches est extrêmement compliqué et presque impossible à standardiser pour une production en série. Si l’on reste sur le caillou en munition c’est le lance pierre qui est le meilleur choix. Contrairement à la fronde son maniement est extrêmement simple à prendre en main.
- Et les armes blanches ?
- Il existe énormément de façons de transformer en armes la plupart des outils agricoles et ce n’est pas pour rien. Mais contre une rangée de fusils, les armes blanches montrent vite leurs limites.
- Le problème c’est qu’ensuite on est obligés de passer à la poudre pour propulser des projectiles !
- Et qui dit poudre dit balles. Si on veut recharger efficacement on est obligés de faire des cartouches et on se retrouve avec le fusil de la marine.
- Et la sarbacane ?
- La quoi ?
- C’est une arme de mon île. Un tube dans lequel on met des fléchettes qui sont propulsés par le souffle.
- Par le souffle ? Et ça a quel portée ?
- Une cinquantaine de mètres. Plus pour les meilleurs. Et c’est très précis parce que la mire est juste sous votre nez. Le seul problème c’est que la fléchette est plutôt inoffensive si on l’empoisonne pas…
Le cours se termine après des débats et des échanges d’idées tout à fait passionnant. Notamment au niveau du remplacement de la poudre par d’autres produits chimiques peut être plus pratique à transporter ou à fabriquer.
Mais de mon côté une autre image me trotte dans la tête depuis que l’élève venant de Torino a parlé de sarbacane. Et cette image c’est celle d une locomotive du train des mers dont j’ai vu la chaudière exploser. Exploser en propulsant dans les airs sa cheminée avec la puissance d’un boulet de canon.
Si on peut envoyer une fléchette à cinquante mètres juste en gonflant les joues. Est ce qu’on ne pourrait pas envoyer bien plus efficace avec nettement plus d’air. Ou encore mieux, avec de l’air sous pression ?
Et ça. Ça c’est une idée intéressante. Parce que de l’air il y en partout et il est facile a trouver. Pas comme la poudre.
D’abord il s agit de faire quelques expériences pratique. Trouver de l’air sous pression est enfantin, il suffit d’une cocotte minute. Mais il est hors de question de se promener avec un du matériel de cuisine. Ce qu’il faut c’est une mise en pression manuelle. Autrement dit une pompe à main.
Et ça c’est facile. Il y a des lustres que sur Paradiso on a mis ça au point pour remplir les aéro dial autrement que par grand vent. Il me faut un peu plus de temps pour réunir aussi un canon de fusil, une poignée de balles, et surtout un compartiment de verre assez costaud pour tenir la pression, et relier le tout par des tubes.
Ensuite. Ne reste qu’à pomper pour disposer d’une bonbonne d’air sous pression, et à regarder si cette pression déversée dans le Canon est suffisante pour propulser une balle en rivalisant avec une balle de fusil.
Et dès les premiers tirs, la réponse est claire. La puissance du tir est tout à fait comparable avec un fusil ! La force des impacts sur la cible d’entraînement indique une portée efficace de près de deux cent cinquante mètres ! Bien meilleure que celle des armes de la marine !
Puis quelques tirs plus tard la bonbonne de verre vole en éclats et il est temps de passer à quelque chose d’autre.
Maintenant qu’il semble que l’idée soit fonctionnelle, il s’agit de travailler un peu l’aspect pratique de l’arme. J’écarte le verre et passe commande à l’armurerie d’une série de bonbonnes en acier et en cuivre pour faire quelques essais. Et en attendant leur fabrication je démonte des fusils pour en récupérer les éléments de base, canon, crosse, gâchette. Je met la main sur une poignée de manomètres, du tubes de cuivre. Et dès le lendemain je le remets au boulot pour obtenir le premier prototype fonctionnel.
Première constatation. Le système de pompage à main n’est pas pratique du tout. Il est rapidement évident que la pompe doit être intégrée entièrement à l’arme pour être pratique. Je tente un moment de faire un canon pliant servant à actionner la pompe mais ce que j’obtiens semble bien trop fragile pour être honnête. Alors je me content assez vite d’un bras de levier parallèle au canon et qu’on peut actionner d’une main en tenant le fusil de l’autre. Je teste ensuite les différents modèles de bonbonnes. Il s’agit d en trouver une qui ne soit pas trop encombrante pour être monté sur le fusil. Assez résistante pour supporter la pression nécessaire à un tir efficace. Et qui soit assez vaste pour permettre plusieurs tirs d affilés.
Une journée de test plus tard et j’ai le modèle le plus pratique. Une fois chargée à bloc, le fusil est capable de tirer une trentaine de coups d’affilés. Les dix premiers à près de 250m. Les suivants avec une pression en baisse perdant 50m tous les 5 coups.
Ce qui me donne des valeurs pour ajuster les manomètres avec de jolis zones de couleurs indiquant quel niveau de puissance il peut attendre de la charge actuelle de sa bonbonne.
C’est le nombre de coups possible qui me fait abandonner les balles. Une trentaine de coups avant d’être obligé de repomper pour charger en air ! Un chiffre tout à fait énorme et qui pose le problème du chargeur. Non seulement les balles classiques sont complexes à fondre, mais elles prennent beaucoup de place. Alors qu’en revenant sur des billes plutôt que sur des munitions profilées on obtient des chargeurs bien plus petit et bien plus facile à utiliser. Un simple réservoir suffit à alimenter par gravité la fréquence de tir du fusil.
Il est temps de travailler sur l’ergonomie de l’arme. Et pour ça le meilleur moyen reste le retour utilisateur. Je fabrique donc cinq modèles fonctionnel avant de me mettre en quête de gens disposés à les tester au stand de tir et sur les différents terrains d’entraînement des troupes de l’AR.
- Ce fusil est démentiel !
- Tout à fait étonnant oui
- Vous avez trouvé aussi? J’avoue que cette histoire de fusil a air je n’y croyais pas du tout quand Paul m’a mis ça entre les mains. Mais aussi délirant que ce soit ça marche
- Je suis assez d’accord. Que juste en quelques coups de pompes on puisse faire fonctionner un fusil. C’est très étonnant.
- Et non seulement le fusil fonctionne, mais il ne fait pas de bruits et n’émet pas de flammes. On doit pouvoir monter une embuscade et ouvrir le feu en restant camouflé ! C'est énorme !
- Bon. Et qu’est ce qu’il resterait à améliorer alors ?
- Le système de chargement est trop primaire. Des qu’on incline trop le fusil les billes ont du mal à descendre. Et il arrive fréquemment quelles se bloquent à la jonction du réservoir et du canon ce qui oblige à secouer l’arme et ralentit les tirs.
- Je pourrais installer une roue crantée qui permettrait de régler ce problème. Ça augmenterait le débit de délivrance des billes. Et en le faisant fonctionner à l’air ça réglera aussi celui de l’inclinaison. Autre chose ?
- Le réservoir d’air sur le flanc du fusil gêne la prise en main. On ne pourrait pas le mettre au niveau de la crosse ?
- Il faut que je rajoute quelques tubes. Mais rien de compliqué.
- si tu peux le centrer et construire la crosse autour plutôt que l’accrocher dessus ce sera bien plus équilibré
- Et le manomètre est bien trop gros. Est ce qu’on ne peut pas trouver autre chose ?
- Je dois pouvoir trouver un indicateur plus discret.
Retour à l’atelier pour les modifications. D’abord le chargeur. Après quelques essais j’obtiens un chargeur certes amélioré mais toujours un peu encombrant. Les balles descendant par gravité Il dépasse du dessus de fusil comme une excroissance peu pratique. Alors je change complètement. Laissant tomber la possibilité d’aligner trente coups sans recharger je me rabats sur un chargeur de quinze, ce qui me permet de ne mettre qu’un simple tube muni d’un ressort et contenant les billes à cote du canon. La diminution des tirs règle aussi le problème de la baisse de pression arrivant a mi chargeur. Avec 15 balles, gonfler à fond la réserve d’air garantie une efficacité sur tous les tirs. Du coup le manomètre n’est plus vraiment utile et peut-être remplacé par un simple capteur de pression qui n’indique que le moment ou on atteint la pleine pression.
Quand au déplacement de la crosse. Intégrer la réserve d’air au milieu et modifier un peu la tuyauterie en conséquence n’a rien de bien compliqué pour moi.
Et cette fois. L’arme est prête !
Au fil du temps, incapable d’envoyer l’aide matérielle que tous leurs réclament, les receveurs du centre des appels révolutionnaires se sont efforcés de trouver d’autres moyen de répondre aux demandes. Au moins en partie. Et la meilleure méthode qu’ils aient trouvés était de fournir la seule chose qu’ils pouvaient transmette par den den. De précieux conseils.
Comment monter une cellule en se protégeant des traîtres. Comment dissimuler les activités révolutionnaires aux pouvoirs en place. Comment convaincre et recruter des gens au sein du mouvement. Comment créer et distribuer des armes faites à partir d'outils communs.
Chaque fois qu’une idée utile arrivait au centre elle y était immédiatement décortiquée, améliorée, puis aussitôt diffusée à tous ceux qui pouvaient en avoir l’usage. Faisant en quelques années du centre d’appel une véritable bibliothèque du savoir révolutionnaire.
J’ai travaillé au centre d’appel il y a quelques années et c’est ce temps qui m’a poussé vers la section Développement. Avec dans l’idée la nécessité de fournir aux alliés le meilleur de ce que pouvait inventer la révolution.
C’est à cette époque que j’ai commencé à réfléchir à l’arme. L’arme avec un grand A. Celle qui deviendrait l’outil indispensable du révolutionnaire du monde entier. Un projet qui m’avait semblé simple à l’époque et qui s’était en fait révélé terriblement complexe.
Parce que concevoir une arme utile ce n’est pas uniquement construire une arme. Non. C’est bien plus que ça.
Vous ne comprenez pas ? Très bien. Prenons une arme simple. Non. Pas les tourelles de la marine. Plutôt un fusil. Le modèle standard de la marine. Nous savons tous parfaitement comment il fonctionne non ? Mais le savons nous vraiment ?
- On met quelques cartouches dedans, on pointe le canon vers une cible et on appuie sur la gâchette !
- Facile.
- Tenez j’ai justement un fusil et quelques cartouches ici. Montrez nous.
Le petit malin de la classe se lève en ricanant s’empare du fusil et des cartouches. Puis s’escrime sans succès à insérer l’un dans l’autre. Je le laisse mariner quelques minutes, puis aux premiers rires moqueurs et alors qu’il vire au rouge vif et à la frustration, j'interviens.
- Si ça ne fonctionne pas c’est que votre modèle de cartouche vient de la marine mais que le fusil est une copie venant de Doscar, ou ils ont préférés standardiser un calibre différent pour interdire à la marine d’utiliser leurs armes de poing. Et nous touchons la le cœur du problème, La chaîne logistique. Une arme en soi n’est rien sans le cadre qui lui permet de fonctionner au moment de l’action. Et plus cette arme est complexe, plus la croissance de sa chaîne logistique est exponentielle. Pour un fusil il vous faut des mines et des fonderies qui permettront de faire les canons et les balles. Il vous faut des mines et des chimistes pour faire de la poudre, des ateliers pour réunir poudre et balles, du textiles pour en faire des cartouches. Et tout ça ne sert strictement à rien du au bout du compte votre cartouche n’est pas parfaitement calibrée pour votre fusil. Alors pour produire à grande échelle il faut aussi des normes pour uniformiser tout ce matériel, des gens aguerris pour les contrôler. Ensuite il faut aussi déplacer ce matériel sensible aux endroits où l’on en a besoin sans qu’il soit détérioré ou abîmé. Et une fois entre les mains du soldat il faut former celui ci. Pour arriver à ce simple geste du soldat qui épaule son fusil et tire on met en œuvre des milliers de personnes et d’intelligence sur des dizaines d’îles.
Et c’est en cela que la conception d’une arme requiert de la réflexion.
Prenons le laser qui compose mon bras par exemple. c’est une arme qui se situe encore plus loin que le fusil. Elle est extrêmement efficace mais elle est si complexe que je suis globalement le seul à pouvoir l’utiliser. C’est donc un avantage significatif à mon échelle mais totalement insignifiant à l’échelle de la révolution.
- Mais alors on ne peut pas développer d’armes de pointes ?
- Je n’ai pas dit ça. Je dis juste qu’il est important de ne pas fantasmer sur les armes magiques. Une arme puissante est un avantage tactique. Mais une arme si utile qu’on peut la fournir à tout donnerait un avantage stratégique !
Faisons un petit exercice. Cherchez moi des armes utile avec la chaîne logistique la plus courte possible.
- Jeter des cailloux !
- Très bon exemple. Ce n’est pas pour rien que de nombreuses villes du Gouvernement mondial évitent maintenant les pavés. C’est la première arme du révolté. Hélas elle est aussi tout à fait inefficace. Même des outils de métiers manuels sont plus efficaces.
- Alors une fronde !
- Un arc !
- On monte en technologie. La fronde a l’avantage d une munition illimitée et disponible partout, et d’être impossible à détecter de simples vêtements, mais son maniement est complexe. Pour l’arc c’est encore pire. Il fait beaucoup d’entraînement et en plus sa fabrication et celles des flèches est extrêmement compliqué et presque impossible à standardiser pour une production en série. Si l’on reste sur le caillou en munition c’est le lance pierre qui est le meilleur choix. Contrairement à la fronde son maniement est extrêmement simple à prendre en main.
- Et les armes blanches ?
- Il existe énormément de façons de transformer en armes la plupart des outils agricoles et ce n’est pas pour rien. Mais contre une rangée de fusils, les armes blanches montrent vite leurs limites.
- Le problème c’est qu’ensuite on est obligés de passer à la poudre pour propulser des projectiles !
- Et qui dit poudre dit balles. Si on veut recharger efficacement on est obligés de faire des cartouches et on se retrouve avec le fusil de la marine.
- Et la sarbacane ?
- La quoi ?
- C’est une arme de mon île. Un tube dans lequel on met des fléchettes qui sont propulsés par le souffle.
- Par le souffle ? Et ça a quel portée ?
- Une cinquantaine de mètres. Plus pour les meilleurs. Et c’est très précis parce que la mire est juste sous votre nez. Le seul problème c’est que la fléchette est plutôt inoffensive si on l’empoisonne pas…
Le cours se termine après des débats et des échanges d’idées tout à fait passionnant. Notamment au niveau du remplacement de la poudre par d’autres produits chimiques peut être plus pratique à transporter ou à fabriquer.
Mais de mon côté une autre image me trotte dans la tête depuis que l’élève venant de Torino a parlé de sarbacane. Et cette image c’est celle d une locomotive du train des mers dont j’ai vu la chaudière exploser. Exploser en propulsant dans les airs sa cheminée avec la puissance d’un boulet de canon.
Si on peut envoyer une fléchette à cinquante mètres juste en gonflant les joues. Est ce qu’on ne pourrait pas envoyer bien plus efficace avec nettement plus d’air. Ou encore mieux, avec de l’air sous pression ?
Et ça. Ça c’est une idée intéressante. Parce que de l’air il y en partout et il est facile a trouver. Pas comme la poudre.
D’abord il s agit de faire quelques expériences pratique. Trouver de l’air sous pression est enfantin, il suffit d’une cocotte minute. Mais il est hors de question de se promener avec un du matériel de cuisine. Ce qu’il faut c’est une mise en pression manuelle. Autrement dit une pompe à main.
Et ça c’est facile. Il y a des lustres que sur Paradiso on a mis ça au point pour remplir les aéro dial autrement que par grand vent. Il me faut un peu plus de temps pour réunir aussi un canon de fusil, une poignée de balles, et surtout un compartiment de verre assez costaud pour tenir la pression, et relier le tout par des tubes.
Ensuite. Ne reste qu’à pomper pour disposer d’une bonbonne d’air sous pression, et à regarder si cette pression déversée dans le Canon est suffisante pour propulser une balle en rivalisant avec une balle de fusil.
Et dès les premiers tirs, la réponse est claire. La puissance du tir est tout à fait comparable avec un fusil ! La force des impacts sur la cible d’entraînement indique une portée efficace de près de deux cent cinquante mètres ! Bien meilleure que celle des armes de la marine !
Puis quelques tirs plus tard la bonbonne de verre vole en éclats et il est temps de passer à quelque chose d’autre.
Maintenant qu’il semble que l’idée soit fonctionnelle, il s’agit de travailler un peu l’aspect pratique de l’arme. J’écarte le verre et passe commande à l’armurerie d’une série de bonbonnes en acier et en cuivre pour faire quelques essais. Et en attendant leur fabrication je démonte des fusils pour en récupérer les éléments de base, canon, crosse, gâchette. Je met la main sur une poignée de manomètres, du tubes de cuivre. Et dès le lendemain je le remets au boulot pour obtenir le premier prototype fonctionnel.
Première constatation. Le système de pompage à main n’est pas pratique du tout. Il est rapidement évident que la pompe doit être intégrée entièrement à l’arme pour être pratique. Je tente un moment de faire un canon pliant servant à actionner la pompe mais ce que j’obtiens semble bien trop fragile pour être honnête. Alors je me content assez vite d’un bras de levier parallèle au canon et qu’on peut actionner d’une main en tenant le fusil de l’autre. Je teste ensuite les différents modèles de bonbonnes. Il s’agit d en trouver une qui ne soit pas trop encombrante pour être monté sur le fusil. Assez résistante pour supporter la pression nécessaire à un tir efficace. Et qui soit assez vaste pour permettre plusieurs tirs d affilés.
Une journée de test plus tard et j’ai le modèle le plus pratique. Une fois chargée à bloc, le fusil est capable de tirer une trentaine de coups d’affilés. Les dix premiers à près de 250m. Les suivants avec une pression en baisse perdant 50m tous les 5 coups.
Ce qui me donne des valeurs pour ajuster les manomètres avec de jolis zones de couleurs indiquant quel niveau de puissance il peut attendre de la charge actuelle de sa bonbonne.
C’est le nombre de coups possible qui me fait abandonner les balles. Une trentaine de coups avant d’être obligé de repomper pour charger en air ! Un chiffre tout à fait énorme et qui pose le problème du chargeur. Non seulement les balles classiques sont complexes à fondre, mais elles prennent beaucoup de place. Alors qu’en revenant sur des billes plutôt que sur des munitions profilées on obtient des chargeurs bien plus petit et bien plus facile à utiliser. Un simple réservoir suffit à alimenter par gravité la fréquence de tir du fusil.
Il est temps de travailler sur l’ergonomie de l’arme. Et pour ça le meilleur moyen reste le retour utilisateur. Je fabrique donc cinq modèles fonctionnel avant de me mettre en quête de gens disposés à les tester au stand de tir et sur les différents terrains d’entraînement des troupes de l’AR.
[...]
- Ce fusil est démentiel !
- Tout à fait étonnant oui
- Vous avez trouvé aussi? J’avoue que cette histoire de fusil a air je n’y croyais pas du tout quand Paul m’a mis ça entre les mains. Mais aussi délirant que ce soit ça marche
- Je suis assez d’accord. Que juste en quelques coups de pompes on puisse faire fonctionner un fusil. C’est très étonnant.
- Et non seulement le fusil fonctionne, mais il ne fait pas de bruits et n’émet pas de flammes. On doit pouvoir monter une embuscade et ouvrir le feu en restant camouflé ! C'est énorme !
- Bon. Et qu’est ce qu’il resterait à améliorer alors ?
- Le système de chargement est trop primaire. Des qu’on incline trop le fusil les billes ont du mal à descendre. Et il arrive fréquemment quelles se bloquent à la jonction du réservoir et du canon ce qui oblige à secouer l’arme et ralentit les tirs.
- Je pourrais installer une roue crantée qui permettrait de régler ce problème. Ça augmenterait le débit de délivrance des billes. Et en le faisant fonctionner à l’air ça réglera aussi celui de l’inclinaison. Autre chose ?
- Le réservoir d’air sur le flanc du fusil gêne la prise en main. On ne pourrait pas le mettre au niveau de la crosse ?
- Il faut que je rajoute quelques tubes. Mais rien de compliqué.
- si tu peux le centrer et construire la crosse autour plutôt que l’accrocher dessus ce sera bien plus équilibré
- Et le manomètre est bien trop gros. Est ce qu’on ne peut pas trouver autre chose ?
- Je dois pouvoir trouver un indicateur plus discret.
[...]
Retour à l’atelier pour les modifications. D’abord le chargeur. Après quelques essais j’obtiens un chargeur certes amélioré mais toujours un peu encombrant. Les balles descendant par gravité Il dépasse du dessus de fusil comme une excroissance peu pratique. Alors je change complètement. Laissant tomber la possibilité d’aligner trente coups sans recharger je me rabats sur un chargeur de quinze, ce qui me permet de ne mettre qu’un simple tube muni d’un ressort et contenant les billes à cote du canon. La diminution des tirs règle aussi le problème de la baisse de pression arrivant a mi chargeur. Avec 15 balles, gonfler à fond la réserve d’air garantie une efficacité sur tous les tirs. Du coup le manomètre n’est plus vraiment utile et peut-être remplacé par un simple capteur de pression qui n’indique que le moment ou on atteint la pleine pression.
Quand au déplacement de la crosse. Intégrer la réserve d’air au milieu et modifier un peu la tuyauterie en conséquence n’a rien de bien compliqué pour moi.
Et cette fois. L’arme est prête !