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C'est la maison qui régale

_ Vous pouvez garder la monnaie... je réussis à baragouiner entre deux coups de mou.

_ Voilà monsieur ! me dit le serveur joyeux, derrière son comptoir. Et avec la paille gratuite... c'est la maison qui régale !

Je le remercie comme je peux, plante le bout de mes lèvres sur la tige en plastique, et m'éloigne en tenant mon verre de jus de fruit, avec juste quelques doigts. Putain, rien que ça, quelle corvée !
Bon, c'est peut-être un verre d'alcool, en fait. Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu...

Il ne me reste maintenant plus qu'à me trouver une place libre dans les parages, et je vais enfin pouvoir me mettre à pomper ma boisson durement gagnée, en toute tranquillité. Cette tâche-là non plus n'est pas des plus aisées, car je dois slalommer entre plusieurs autres clients qui se promènent également, ainsi que tous ceux en train de danser un peu partout où ils ont cru que l'espace était soi-disant libre.

Quant à moi, je ne vous cache pas que je suis complètement défoncé ! Je ne sais déjà plus combien de verres j'ai vidé auparavant, lorsque je suis arrivé à cette soirée festive. Et j'ai déjà oublié combien j'avais donné au type qui m'a servi, il y a quelques secondes, pfff ! D'ailleurs, il fallait vraiment que je le paie, ou c'était compris dans le ticket d'entrée ? Tant pis.

Bref, boire ou conduire, il faut choisir... je crois que quelqu'un m'avait sorti une fois. Bah voilà ! J'ai choisi de boire, tandis qu'on avait choisi de me conduire ici. Je venais d'avoir fini une simple mission : arrêter du glandu de pirate sans importance qui sévissait sur cette île inoffensive. Mais heureusement que Bobby passait par là, puis il a débarqué pour faire le ménage. Alors pourquoi j'en suis arrivé là, depuis ? Parce que le prochain bâteau qui doit me permettre de reprendre la route, je ne l'ai pas encore trouvé !

Donc, après avoir fait une première fête avec les derniers gens sauvés, il a fallu que je me trouve d'autres occupations. Et notamment, celle-ci. Un riche organisait une sorte de soirée privée chez lui. Sur le toit de sa maison, pour être plus précis. C'est une large surface plate, bordée de rambardes afin de ne pas tomber... mais surtout, un point de vue vraiment cool pour apprécier le panorama des environs ! La mer d'un côté, la végétation de l'autre, d'autres habitations un peu plus loin, et ainsi de suite... Bon poste de vigie, quoi ! Mêlé à ça, dans le ciel, les étoiles de la nuit, hmmm ! Mimi tout plein ! Superbe endroit de vacances, quoi ! Et de fête, une fois qu'on y installe ce qu'il faut, bien sûr.

Quand je me suis enfin trouvé la place de choix, accoudé sur la rambarde, je me force à suçoter mon cocktail. C'est difficile parce que je dois réussir à tenir droit sur mes quilles, mais aussi à supporter le vacarme qui résonne dans mon crâne. La musique y est pour quelque chose évidemment. Pourtant j'ai l'impression que ce sont plutôt les autres convives qui me donnent la migraine. Ca rigole, ça drague, et ça gueule dans tous les sens. Truc de malade ! Je ne sais pas comment ils font pour ne pas jongler entre les conversations, et se perdre dans une autre, tellement tout s'entremêle pourtant. Même tous ces culs et toutes ses têtes qui sautillent et se balancent de gauche à droite, pour venir te piquer le premier plan... Du gros foutoir !

_ Rha chiottes ! je m'empresse de couiner entre mes dents, dès que la rondelle de citron se décroche du verre, et tombe au sol.

Je me baisse alors pour aller la ramasser illico, mais une fois un étage plus bas, une chaussure ne tarde pas à venir l'écraser. Fiouuu ! encore un peu, et ma main y passait aussi. J'ai juste eu le temps de la retirer.
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Ma vue est toujours un peu floue, mais pas besoin d'attendre après une meilleure santé pour deviner qu'il y a du petit trouble-fête qui vient de s'imiscer dans mes affaires persos. La preuve encore lorsque j'essaie de me redresser, puis simplement en cherchant à relever le nez ! Une grosse main de mâle appuie fermement sur le haut de mon crâne... encapuchonné, cela va de soi.
Je laisse échapper un soupir discret, et j'attends que l'autre guignol ouvre les hostilités. Ah non mince, c'est vrai ! On n'entend quasiment que dalle, de toute façon. Alors, même s'il est déjà en train me faire ses avances, je ne capte rien, mouarf !

_ Bah alors, beauté ? me fredonne-t-il tout de même. Je te présente ma godasse, et tu ne veux pas la léchouiller ?

Ouais ouais, cause toujours ! Tu m'en diras tant ! J'essaie de lui répondre un truc foireux et incompréhensible, juste pour gagner quelques instants. Et pendant ce temps-là, je scanne le coin... à gauche, à droite... sauf qu'il n'y a que des jambes ayant la bougeotte à reluquer, à part la paire de cet inconnu.

A la place, une meilleure idée me vient ? Au lieu d'aller glisser ma langue pour lui faire plaisir, je lui crache sur sa chaussure. Le tout, en expliquant que je suis désolé, que je ne l'ai pas fait exprès. Le truc qui aurait pu être crédible pour une personne naïve, à la rigueur. Mais bon, encore une fois, j'ai beau utiliser mon horrible voix de fillette, je ne pense pas qu'il arrive à comprendre quoi que ce soit, dans tous les cas.
Néanmoins, une chose est claire et nette ! Le bougre n'apprécie vraiment pas qu'on lui salisse le moindre bout de sa tenue. Résultat, dans les secondes qui suivent, ses deux mains m'aggrippent désormais le cou, et tada ! Je peux remonter, certes de force, à bonne hauteur.

_ J'te pardonne si tu m'offres ta petite rondelle... je plaisante, tout en lui exhibant ma belle dentition acérée. Euh, de citron, bien entendu, hein !

Comme prévu, mon agresseur tire plusieurs grimaces. Mais il ne sait pas laquelle garder, en quelque sorte. Bloqué entre celle de la surprise et celle de la peur, les traits de son visage s'activent dans tous les sens, on dirait presque. Faudra t'y faire, Dude ! Eh ouais, je suis super moche !

Concernant la blagounette, elle ne fait pas son petit effet. Qui plus est, le pseudo dragueur m'étrangle de ses deux mains. Donc, pour ce qui est de la boisson, il n'en trimballe visiblement aucune sur lui.
Quels autres choix me restent-ils alors, pour me défaire de cette méchante emprise ? Je peux le griffer, lui tordre les poignets, lui balancer mon verre à la tronche, lui marteler le visage à coups de pied, etc... Bref, ce n'est pas ce qui manque. Mais malgré mon état comateux, je trouve ça dommage d'avoir à en arriver là.

En revanche, pourquoi tout le monde devrait soudainement se mettre à dégager ? Parce que oui ! Là, tout de suite, maintenant... Par je-ne-sais quelle opération du Saint Esprit, tous ensemble, tous en même temps, tous les invités de la soirée se mettent à décoller dans les airs, carrément ! Si si, même moi !
Nous devons tellement tous être torchés que personne ne semble calculer ce qui lui arrive tout à coup véritablement. Et côté boucan, pas mieux ! C'était déjà la giga cacophonie il y a peu, alors ce n'est certainement pas un énième coup de tonnerre, venant de nulle part, qui saurait perturber cette folle ambiance.
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_ Tu vas me manquer ! je sors mollement à l'autre étrangleur, dès que je comprends qu'il ne montera pas plus haut avec moi, dans le ciel. Salut !

En effet, l'enfoiré avait peut-être lâché ma gorge au moment du décollage surprise, moi j'ai encore droit d'escalader quelques hauteurs supplémentaires gratuitement, on dirait bien. Sans doute à cause de mon poids plume.

Youpi ! Ca me permet de "flotter" plus longtemps que les autres, en quelque sorte. Ainsi, je peux mieux constater l'ampleur des dégâts qui s'annoncent. Donc déjà, au niveau du toit de la maison, il n'y a apparemment plus personne en train de se trémousser dessus. Il reste juste encore quelques silhouettes... sans doute celles des serveurs payés pour la soirée.
Par contre, parmi tous les convives, ils ne tardent bientôt pas à se mettre à pleuvoir vers la terre ferme. Punaise, le sacré massacre que ça fait ! Tous ces jeunes ivrognes qui s'écrasent salement tantôt l'un après l'autre, tantôt par petit groupe. Le sol est "mitraillé" ! Bref, à cause d'une telle hauteur, personne ne s'en sortira vivant.
Promis, je ne vais pas commencer à énumérer les différentes fractures qui peuvent se lire sur les cadavres ! A la fin, on retient simplement que tout le rez-de-chaussée est assaisonné de rouge.

Et moi, dans tout ça ? Euh... la chance peut-être a fait que ma mince carrure de poiscaille termine sa lourde chute dans la piscine du riche ! Je ne vous cache pas que le choc est dur à encaisser, hein ! Mais pas de panique, il sera surmontable. Pour l'instant, malgré la douche froide, je m'évanouis au fond du bassin tout de même. En tout cas, lot de consolation, une chose est sûre : je reste toujours vivant. C'est le principal, non ?

_ C'est la maison qui régale... je me mets à répéter, dans mon inconscience.

Un vague souvenir est en train de prendre doucement forme. Et à force de me repasser en boucle cette réplique, elle me rappelle enfin une ancienne histoire qu'on pouvait lire à l'époque dans le journal.

Un incident du même genre avait déjà eu lieu... dans un restaurant, en revanche, cette fois-ci. On y racontait que le lieu avait été loué pour une soirée d'anniversaire. Les gens y faisaient donc la fête, discutaillaient sereinement, bouffaient en famille et entre potes, etc... Jusqu'à ce que l'organisateur décide que tout le monde boive un ultime verre de champagne, afin de célébrer l'âge de la personne concernée.
"Et c'est la maison qui régale !", avait-il alors lâché pour ouvrir le bal.
Malheureusement... ou bizarrement, vider son verre d'un trait aurait vite tourné au vinaigre, à ce qu'il paraît. Et tout le monde aurait ensuite décollé du sol, en un éclair, pour y finir mort, tous sans exception, la tête encastrée dans le plafond.
Pour étouffer une telle hécatombe, ou espérer rendre l'article un peu plus gai, je me souviens des journaleux qui avaient opté pour un titre assez con. Ca devait donner un truc du genre : "et quand il pète, il troue son slip !", si je ne m'abuse.

Bah là, c'est pareil, quand j'y repense ! Du moins, dès que je retrouve la force d'ouvrir les yeux de nouveau. Je suis, certes, encore dans l'eau, immobile. La flotte est très froide, mais calme un peu mes brûlures. Et pourtant, j'ai comme l'impression d'avoir non seulement mal à l'arrière de mon futal ! Mais aussi qu'il y a l'air de manquer un morceau du vêtement !
Oh punaise ! Alors, ce qu'on nous a fait boire tout à l'heure, aurait fini par nous transformer en feu d'artifice, ça veut dire ?! Franchement, je vous jure, il y a de sérieux tordus dans ce monde de brutes, pouah !
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