Le Bateleur : Partie I

Le Bateleur

Kirei relis la lettre de la mission qui lui a été attribuée : “rendez-vous immédiatement à Kage Berg pour résoudre l'affaire des enlèvements”.

Des enlèvements… Une multitude de questions se bousculent dans la tête du jeune homme, est-ce que sa famille va bien? Est-ce que les gens de la garnison vont bien? Est-ce qu’il arrivera à s’investir de la même manière si c’est pour sauver une des personnes qui le tyrannisait plus jeune…? Dans tous les cas, ça commencera à Kage Berg et la première étape est de prévenir l’équipage.

Kirei se redresse de la petite table, et s’apprête à quitter la pièce, se retournant pour observer avec un léger dégoût ce petit cagibi qui lui sert de quartier, au moins il ne doit pas le partager. Il se met en marche à destination du pont et y trouve le caporal Shiji, celui qui est chargé de l’équipage, il le somme de réunir ceux qui peuvent l’être sur le pont. Le soleil s’est levé avec un vent particulièrement froid et le sergent s’empresse de fermer sa veste.

Un petit discours devant une cinquantaine de personnes, même si Kirei a plus été formé au combat qu’aux discours, il va bien falloir le faire maintenant qu’il a son propre équipage. Il s’avance, se racle la gorge une bonne fois et parcourt rapidement du regard les visages qui le fixent.

(Kirei) Bon… Premièrement, félicitation pour Poiscaille, la mission de réapprovisionnement s’est bien passée et on a même eu l’occasion de débarrasser la ville de quelques fauteurs de troubles. N'oubliez pas, pour ceux qui ont pu profiter de la ville après le réapprovisionnement, la prochaine fois on change et se sera à vous de surveiller le navire pendant que les autres prennent plaisir ! Enfin, bref.
Je vous ai réuni également car nous nous rendons à Kage Berg. Du peu d’informations que j’ai pu recevoir il est question d’une affaire d’enlèvement, et avec le concours annuel de vache la garnison est…

Un des soldats lève la main et Kirei le pointe du doigt
Oui?

Je voudrais m’assurer d’avoir bien compris sergent, un concours de… Vache ? C’est une image ?

Kirei esquisse un sourire
Non, il y a 4 foire à la vache par an à Kage Berg, les gens échangent sur ce sujet et… Bref un truc d’éleveur mais un évènement majeur de l’île. Si vous faites du bon travail, on aura peut-être même l’occasion de déguster des produits locaux de qualité. Mais ça c’est autre chose, je reprends. La garnison est débordée à cause de l’organisation et des problèmes du quotidien, on est envoyé en renfort afin d’élucider cette affaire d’enlèvement, et oui j’ai dis renfort, pas question de prendre des initiatives majeurs. Voilà pour la mission principale, cependant il va être aussi de notre ressort de rassurer la population locale. Et comme vous le savez peut être c’est la terre d’origine du caporal Shiji et moi même, alors je vais vous demander bien suivre ses consignes et attributions, s’il vous dit de vous comporter d’une certaine manière, faites le, il sait ce qu’il fait.

Le sergent laisse un court silence
Des questions?

Le groupe d’hommes répond en une seule voix
NON SERGENT.

Il hoche la tête
Alors tous à vos postes, on part maintenant.

La traversée depuis Poiscaille est longue mais ne cause pas de problème particulier, Kirei passant une bonne partie du trajet sur le pont regardant l’horizon, c’est d’ailleurs là que le caporal Shiji le rejoint.
(Shiji) Ça devient une habitude pour vous de rester là à regarder la flotte, vous savez si vous vous reposez elle sera là quand vous reviendrez sergent ! L’homme ris tout seul à sa propre remarque.

En guise de réponse le sergent se contente d’hocher la tête et ajouter
L’eau oui, nous peut-être pas, Shiji.

Bah alors sergent on déprime ?

Non dit il se redressant et ajustant son manteau.
C’est juste qu’on a quitté cette île et que je n'ai pas particulièrement dit au revoir à tout le monde, ça risque de faire bizarre, surtout si je reviens parce que c’est le boulot qui me le demande.

Ouai je comprends… Cependant, ça va vous laisser l’occasion de faire de vrais aurevoirs cette fois !

Kirei tourne la tête et pour la première fois depuis que les deux hommes se côtoient, il distingue un air de compassion dans le regard de Shiji, ce qui ne manque pas de faire sourire le jeune homme.
Attention, Shiji, tu te ramollis.

JE VAIS VOUS MONTR… Il prend une grande inspiration
Si on m’avait dit il y a quelques mois que j’arriverai à Kage Berg dans un navire en tant que marine d’élite avec vous comme supérieur…

Tu l’aurais pas cru?

J’allais dire que j’aurai botté le cul au gars qui aurait dit ça mais… On peut se contenter de dire comme vous sergent.

Les deux hommes lâchent un rire bref mais ont tous les deux une partie de leur pensée déjà mobilisée par leur île natale qu’ils commencent à distinguer au milieu de la brume qui les entoures.

Kage berg hein…

Le caporal hoche la tête
Kage Berg…

Les minutes restantes du trajet se passent dans un silence de mort, chacun semblant imaginer comment ça va se passer mais nul doute qu’aucun des deux n’avait prévu que personnes ne serait là pour les accueillir, ils descendent du navire avec une partie de l’équipage, demandant à une dizaine d’hommes de rester sur le navire pour le garder.

Bon ben je dois avouer que ce n'est pas l’image que je me faisais de mon retour. Shiji je te laisse organiser les hommes qu’on envoie, je vais aller faire un tour.

Dites voir sergent… L’homme cherche ses mots semblant légèrement embarrassé de ce qu’il s’apprête à demander

Oui tu pourras aller boire un verre avec les autres quand on aura élucidé ce truc.

Shiji se gratte la tête et prend une grande inspiration
Non je voulais savoir si je pourrais vous accompagner à la garnison voir le lieutenant colonel… Ça fait un bail… Puis j’aimerai bien lui montrer que j’étais pas un cas si perdu que ça sergent…

Kirei fait un mouvement de bouche en signe de réflexion et hausse les épaules
Si ça peut te faire plaisir écoute. Là je vais passer à l’endroit où se passera la foire pour prendre un peu la température. Retrouve moi là-bas et on ira à la garnison de là, en espérant qu'ils ne soient pas radins et nous propose à manger. Le ravitaillement à poiscaille c’est bien mais pour moi qui suis pas trop poisson…

On vient d’une île, où la plupart des gens sont éleveurs, alors j’vous comprends sergent. A moins que le poisson ai quatres pattes et bouffe de l’herbe ça ne m'intéresse pas…

Le jeune homme se tourne vers le vieux caporal avec la bouche entrouverte, laissant un petit suspens avant de répondre
Vraiment parfois je ne sais pas si t’es un énorme génie.

Ou?

Ou… T’es un bon gars, t'en fais pas Shiji. Kirei lui tapote l’épaule en souriant et tourne les talons, laissant le caporal dans l’attente d’une réponse qui ne viendra pas.


***

La route n’est pas très longue avant d’arriver sur la place du premier village, elle est illuminée et réchauffée dans son entièreté par le soleil alors que la matinée se termine, la brume du matin à laissé place à ce qui semble être une agréable journée en perspective.

Kirei regarde autour et voit des marines qui s'arrêtent un instant pour le saluer avant de reprendre leur travail, pointant des endroits du doigt, prenant des notes etc. Ils sont sûrement en train de préparer la sécurité pour la foire qui arrive.  
Il y aussi des personnes âgées qui rigolent, en tendant l'oreille on peut les entendres se remémorer de vieux souvenirs alors qu’ils observent de jeunes enfants jouer avec un chien courant un peu partout sur la petite place.

Tout cette petite scène qui se joue devant lui ne manque pas de lui rappeler énormément de souvenirs de sa jeunesse, il n’y a pas si longtemps c’était lui qui courait partout comme le font ces enfants, et un jour peut être, il sera à la place de ces vieilles personnes… Mais toute cette réflexion qui se déroule dans la tête de Kirei est interrompue par un vieil homme qui s’arrête à côté de Kirei, engageant la conversation de manière amicale

Vous êtes perdu jeune homme?




Kirei tourne son attention vers l’homme, il est petit et enrobé, habillé entièrement en vert, affichant une moustache blanche qui orne un large sourire, il commence par rendre le sourire et répond
Non je… J’ai grandi ici mais j’ai l’impression que c’était à une autre époque.

L’homme gardant son sourire tourne son attention vers les enfants
Oh bah dites voir, vous êtes pas si vieux ! Qu’est-ce que je devrais dire !

Kirei rigole à la remarque de manière légèrement embarrassée
C’est vrai, excusez-moi.

Le vieil homme attend à peine la fin de la réponse de Kirei et relance
Ça fait bien longtemps qu’on a pas vu de marines en dehors de la garnison, vous portez pas le même attirail qu'eux ! Vous êtes revenu voir quelqu’un? Le sourire de l’homme de l’homme tremble légèrement, comme s’il attendait quelque chose.

Pas vraiment, non. Je suis sergent de la marine d’élite, on est envoyé pour épauler un peu avec la foire et ce genre de choses vous voyez…

L’homme sourit à la mention de “marine d’élite” mais laisse paraître une déception quand il était les missions énumérées.
Vous êtes pas chargés des enlèvements…?

Déjà ???

Ah bah s'il est question d'aller faire chier Renard, je fais vite !

Lieutenant-colonel Renard. Le corrige, avec le marine qui travaille, d'un regard sévère.

Shiji le regarde avec un sourire à moitié embarrassé.

Alors que Kirei avait tourné son attention vers Shiji et le marine, il a la surprise de ne plus trouver personne lorsqu'il se tourne vers l'emplacement où était l'homme habillé de vert.
Oh, vous n'en faites pas, il aime bien faire son mystérieux Jannot. Si jamais vous le cherchez, il sera sûrement à la taverne ou sur la plage, et quand y a la foire, à la foire.

Kirei remercie le marine et quitte la petite place du village aux côtés de Shiji, en direction de la garnison de Kage Berg. L'entrée est gardée par deux marines qui demandent brièvement quelle est la raison de la visite avant de les laisser passer.

Kirei et Shiji marchent jusqu'au bureau qu'ils ont côtoyé maintes fois quand ils étaient dans la garnison. Le sergent frappe à la porte et aussitôt une réponse perçante se fait entendre de l'autre côté.
(Renard) RENTREZ !

Les deux hommes obéissent et se font petits, comme quand ils étaient convoqués il y a bien longtemps. Il leur faut quelques secondes pour se réadapter. Ils ne sont plus les petits marines qu'ils étaient il y a des mois, même si Renard reste au-dessus d'eux en terme de hiérarchie, ils ont fait du chemin.

C'est avec un sourire légèrement nostalgique que le lieutenant-colonel Renard les accueille.
Hé bien, si on m'avait dit que ça me ferait plaisir de vous revoir quand vous êtes partis...
Fidèle à lui-même, il ne laisse pas le temps de répondre et enchaîne
Asseyez-vous, vous allez pas glander, et il faut organiser ça.


Toujours sans échanger un mot, le sergent et le caporal s'asseyent et écoutent le briefing du lieutenant-colonel.
On a une foire en préparation qui mobilise une grosse partie de mes hommes, et les autres sont alloués aux tâches du quotidien. Hors de question qu'on commence à tolérer des criminels, peu importe leur ampleur, et si mes hommes galèrent, c'est qu'ils devraient travailler plus. Qu'on soit clair, si j'ai accepté qu'on vous envoie, c'est en partie parce que c'est un ordre, mais aussi parce que vous connaissez le coin. On expédie ça vite fait bien fait, et Kage Berg redevient un coin tranquille.

Bien que Kirei ait eu un instant un maigre espoir de retrouvailles amicales, il a vite compris que rien n'avait changé. Renard est réputé pour être particulièrement exigeant, et il ne va pas revoir ses attentes à la baisse sous prétexte qu'ils sont un "renfort".

Comme c'est prévu, lieutenant-colonel, Shiji fait un topo de la répartition des hommes que tu as faite ce matin.

Shiji est plus perturbé que le sergent par le comportement de Renard. Il attendait ce moment mais sûrement également une réaction différente vis-à-vis de son succès à rejoindre la marine d'élite. Le vieux caporal cherche quelque peu ses mots mais se reprend.

Des hommes récupèrent des informations auprès des habitants, une fois terminé, tout est regroupé au niveau de plusieurs référents qui vont ensuite se réunir entre eux, trier les informations, la fréquence à laquelle elles ont été mentionnées, et ensuite des enquêtes seront menées par des petits groupes, en faisant dans la discrétion bien sûr.

Kirei affiche un air satisfait alors que Renard rebondit immédiatement.
Oubliez la discrétion, de toute façon, y a quelques raclures qui font fuiter les infos et d'encore plus grosses raclures qui propagent les informations. On est pas aidé. En tout cas, j'espère que votre recherche sera plus fructueuse que la nôtre. Concernant les forces en présence, j'aimerais ne pas avoir à envoyer des hommes, on a déjà beaucoup à faire avec la foire, donc appelez-nous en ultime recours.

Je vois pas de problème à ça, en toute honnêteté, on avait pas prévu d'appeler qui que ce soit. On est qualifié pour ce genre de choses.

Hé bien Kirei, on dirait que t'as une paire qui t'en est poussée. C'est fini t'es fanfaronnades de deuxièmes chances pour les criminels ?

Le regard de Kirei se fait plus sombre
Non, je continue de garder cette idée en tête. Avec une deuxième chance bien placée, je suis sûr que n'importe qui peut se racheter.

Le lieutenant-colonel se lève et ajoute de manière neutre  
La seule chose qui devrait être bien placée, c'est les fers à leurs poignets. Je pense qu'on a terminé, vous connaissez la sortie messieurs.

Les deux hommes se lèvent et quittent le bureau. Peu de temps après avoir fermé la porte et fait quelques pas, Shiji, le regard plein de colère, ne peut plus se retenir
Quel connard. On est envoyé ici parce que lui et ses hommes ne sont pas capables de faire leur boulot de façon convenable et en plus de ça, il nous considère comme des matelots, sans déconner, c'est pas abusé Ki... Excusez-moi.C'est pas abusé sergent ?

Kirei, pour sa part, semble plus pensif, un peu déçu du peu de contribution de la garnison. En même temps, il fallait s'y attendre. S'ils ont été envoyés, c'est que le travail ne pouvait pas être fait. Il se contente de répondre
Ouai... On verra une fois qu'on aura réglé ça. Je suis curieux de voir comment il réagira. Dis, y a une zone que tu as pas allouée aux soldats ?

Shiji se gratte le menton avec un large sourire de fierté


Vous m'avez demandé de temporiser vos élans d'utopie et vous dire quand vous merdez. J'ai fait mieux que ça cette fois, sergent ! J'ai gardé la zone où y a vos parents !

Kirei souffle, tiraillé entre plusieurs émotions.
Il y a un bon moment, il leur avait envoyé une lettre annonçant son départ pour une garnison plus lointaine, avant de finalement rejoindre la marine d'élite. Il expliquait sa vision des choses pour qu'ils puissent bien le comprendre et surtout qu'il aimerait les voir avant de partir, tout en ajoutant qu'il n'avait plus de permission et qu'il ne pourrait pas venir lui-même.
Au final, le jour de son départ, personne n'était là, il n'a jamais pu savoir si c'était parce qu'ils ne voulaient pas le voir ou si simplement ils étaient arrivés plus tard, ou encore qu'ils avaient reçu la lettre trop tard. Cependant, ces questions sont futiles maintenant, il n'a plus d'excuse.

Il se contente d'acquiescer silencieusement vers Shiji, qui semble finalement se demander s'il a pris la bonne décision.
Les deux hommes marchent silencieusement jusque dans la zone et, voulant repousser le moment fatidique, Kirei commence à frapper à la porte la plus éloignée, sous un regard amusé de Shiji.

La première porte s'ouvre et s'ensuit l'enquête.

Le binôme n'a pas appris grand-chose dans les quelques premières maisons, il semblerait qu'à part des chats, pas grand-chose ce soit volatilisé récemment dans ce village. Le seul fait notable est un homme qui a fui en courant et qui a vite été rattrapé. Il se trouvait chez son amante, et persuadé que les marines étaient là pour lui, il a paniqué et a commencé à courir. Bien que Kirei se demandait quoi faire, Shiji n'a pas perdu de temps, pour dénoncer l'homme à sa femme.

Et arrive le moment... Kirei se trouve en face de la porte qu'il a franchie des centaines de fois. Il la contemple, comme si cette porte était une peinture de son enfance, comme s'il s'apprêtait à ouvrir la boîte de Pandore. Il entreouvre la bouche comme s'il se préparait à parler avant même de frapper, et finalement il lève la main avant de la rabattre, trois fois au centre de la porte. Shiji reste à ses côtés sans rien dire, conscient de ce que ce moment représente pour le sergent.

La porte s'ouvre délicatement pour laisser apparaître une jeune femme au regard hésitant. Elle tourne la tête vers l'intérieur de la maison et s'exclame
Chéri ! Viens, je crois qu'il y a un problème !

Kirei reste la bouche entrouverte, lui-même ne comprenant sûrement pas ce qu'il se passe dans sa tête. D'abord, il est rassuré d'échapper à la confrontation, mais rapidement il y a un soupçon d'inquiétude. Heureusement, Shiji est réactif et, alors qu'il tend sa main bien haut pour la mettre sur l'épaule de Kirei, il engage la conversation.


Excusez-nous, nous sommes de la marine et nous faisons une enquête ; cependant... Cette maison appartenait aux parents du sergent, les connaissez-vous ?

Le mari arrivant au milieu de la phrase regarde Kirei de haut en bas puis tourne son attention vers le caporal.
Oh ben... On a acheté la maison y a au moins trois bons mois, à un couple de la cinquantaine, je dirais ? Enfin, j'imagine que ça devait être vos parents et votre petite sœur. Ils voulaient changer d'air !

Kirei change de regard, interpellé par la mention d'une femme avec eux. Sœur ?

Oui, ou votre cousine ou je sais pas, mais une femme un peu en dessous de la vingtaine, je dirais.

Shiji tape l'épaule du jeune homme.

Hé ben, vous m'aviez caché ça, sergent !

Toujours à moitié sous le choc, Kirei se retourne et marche, toujours la bouche ouverte, choqué de ce qu'il a entendu.



Shiji s'excuse pour le dérangement auprès des deux personnes et rejoint son sergent.

Hé ! Vous n'en faites pas, dites, si c'était pas votre sœur, c'était peut-être une livreuse de lait ou j'en sais rien mais bon... Au pire des cas, vous avez une sœur, c'est pas bien grave !

La remarque a le mérite de faire esquisser un sourire au sergent qui s'assied sur une pierre pas bien loin, le regard perdu dans un monde invisible


Je... J'... J'ai pas... Enfin, la seule famille que j'ai, ce sont mes parents, du moins que je connaisse. En plus... Changer d'air, j'imagine qu'ils pensaient pas que je reviendrai ici, mais quand même un mot ça aurait pas trop été demandé...

Shiji pousse légèrement le sergent et s'assied également sur la pierre, bien trop petite pour les deux hommes, poussant le sergent à prendre appui avec sa jambe
Soufflez un bon coup mon sergent, on va bien les retrouver vos parents et le moucheron qu'ils ont apparentés à votre sœur.

Kirei sourit à nouveau mais n'en paraît pas plus rassuré, cependant il prend une grande respiration et se redresse.
On verra ça plus tard. On a une mission et mes parents sont plus ici, je vais pas les retrouver sous cette pierre.

Shiji se redresse également et, sous le regard confus de Kirei, soulève légèrement la pierre. Alors que la sueur perle sur son front, il s'adresse à son sergent
Vérifiez quand même pour voir, on sait jamais !

Kirei sourit chaleureusement.
Merci d'avoir pris le relais... Et pour... M'avoir fait rire, l'oublierai pas, Shiji.

Le vieux caporal lâche la pierre et semble bien essoufflé, cependant Kirei regarde le ciel alors que la nuit commence à tomber et que le froid se réveille à nouveau.
Matin, il fait froid, soir il fait froid, quelle patelin à la con quand même.

Shiji, toujours essoufflé, manque de s'étrangler en rigolant.
Faudrait que tu reprennes un peu l'exercice, que tu utilises ton mousquet pour te battre passe encore mais là...

C'est le poisson, ça me revigore pas assez, maudite ration de Poiscaille.

Le sergent rigole et lui dit qu'une fois l'affaire résolue, il aura droit à un bon repas à l'auberge de son choix. Les deux hommes se mettent en marche direction le navire pour retrouver leurs hommes et faire le topo de l'enquête.

Les informations données par les habitants sur les enlèvements qui reviennent le plus dans l'ordre :

1. C'est sûrement le lieutenant-colonel Renard qui les a mangés parce qu'ils avaient commis des crimes ou délits.
2. Les vaches du bon vieux Jannot sont bien grasses cette année, à croire qu'il les a nourri avec des personnes.
3. Le bateau de la brume les a pris comme il prendra tous les enfants pas sages (réponse donnée généralement quand un enfant était à côté).
4. Ils préparent sûrement une grosse surprise pour la foire, et font semblant d'avoir été enlevés.


En soi, rien de bien concret donc.
Shiji réagit cependant rapidement

Je vous préviens sergent, je compte pas enquêter sur Renard et lui dire que les habitants ont dit ça.



Kirei sourit et lui dit qu'au vu des pistes ils vont les faire toutes les deux pendant que les soldats retournent enquêter.
La réunion se termine donc rapidement et Kirei se dirige vers sa cabine pour dormir. Évidemment la nuit est difficile, le cadre ne manque pas de rappeler des souvenirs, la rencontre avec le lieutenant-colonel également et surtout... Où sont ses parents et qui est cette supposée "Sœur" dont il n'a jamais entendu parler.

Le sommeil est difficile à trouver mais finit enfin par arriver alors que le hublot du sergent montre une mer calme remplie de brume.

Le réveil est encore plus difficile mais pas moins nécessaire, il y a du travail et Kirei retrouve rapidement le caporal, se mettant en route vers la piste crédible "Jannot", à défaut d'être un tueur sanguinaire, le vieil homme aura peut-être entendu des indices pendant ses balades. Les deux hommes cherchent à tout les endroits où ils pouvaient le trouver, taverne, plage, place, mais rien. Demandant aux marines toujours assignés à la préparation de la foire et de sa sécurité sur la place, ils apprennent l'emplacement de la maison de Jannot et s'y dirigent.

La maison n'est pas particulièrement imposante mais est juxtaposée à une énorme prairie ou ont peu voir des vaches, qui comme l'ont rapporté les villageois, sont bien en chair. Le sergent frappe à la porte mais aucune réponse ne vient, Shiji fait le tour et cherche du côté de la prairie mais ne trouve rien non plus. Kirei essaie de crier depuis la porte mais aucune réaction, inquiet et après avoir fouillé tous les environs, Kirei enfonce la porte et rentre dans la maison, main sur son katana pendant que Shiji tient son mousquet prêt à faire feu.

Le sergent balaie la pièce principale du regard et fait signe à Shiji de fouiller pendant que lui se rend à l'étage. Il fouille un peu partout et tombe sur des photos de navires, beaucoup de navires différents, il lève les yeux et tombe nez à nez avec un tableau en liège avec des photos épinglées, des petites cordelettes reliant certaines d'entre elles, un vrai panneau de détective ou de psychopathe. Alors qu'il parcourt des yeux le tableau il voit son navire "Arrivé le..." Kirei n'a pas le temps de lire, il entend une détonation et un hurlement. Il descend à grande enjambée et arrive dans une salle ressemblant à une cuisine avec un tapis qui a été déplacé laissant paraître une trappe, ouverte. Il dégaine son katana et saute dans la trappe bien déterminé à aider Shiji.

La scène qu'il voit est invraisemblable, Shiji essayant de récupérer son calme, son arme contre le sol, le canon fumant vers le plafond. En face de lui, Jannot dans une petite cave aménagée simplement avec un lit, un petit feu et un semblant d'aération microscopique au bout pour ne pas s'intoxiquer.
Jannot a les mains levées et semble pétrifié alors que l'aération au bout de la pièce est désormais voisine d'un énorme trou dans la pierre causé par un tir de l'arme de Shiji.



Kirei ouvre grand les yeux comprenant peu à peu ce qu'il vient de se passer, la balle étant passée à quelques centimètres de la tête du vieil homme. Pendant ce temps, Jannot continue de hurler de panique. Le sergent s'approche de lui et met une main sur son épaule.
Doucement, tout est bon, vous êtes en vie Jannot, soufflez un bon coup.

Il tente de lui sourire chaleureusement et avec empathie mais l'homme ne semble pas retrouver son calme. Shiji réagit toujours cherchant à récupérer son souffle, il semble avoir eu bien peur également
Je suis désolé m'sieur, j'ai cru que... Je sais pas, dans le noir je pensais que vous... Enfin... Votre tasse là était vachement menaçante dans la pénombre.


Jannot parvient enfin à articuler quelques choses audibles.

SALE IDIOT VOUS AVEZ FAILLI ME TROMBLONNEZ LE VISAGE ET LA SEULE CHOSE QUE VOUS TROUVEZ A DIRE C'EST QUE MA SALETE DE TASSE VOUS A FAIT PEUR ?

Les quelques minutes suivantes ne changent pas réellement de schéma, Shiji cherchant des excuses et Jannot hurlant sur lui pendant que Kirei cherche à calmer la situation. À un moment, le regard de l'homme toujours habillé en vert croise celui du sergent et semble s'apaiser légèrement face à tant d'empathie et de bienveillance véhiculée par un simple sourire.

Les marines expliquent ensuite la raison de leur présence et leur infraction dans la maison, laissant l'homme un peu stupéfait mais touché qu'ils se soient inquiétés pour lui
Bon vous rangez moi votre fusil, vous en avez fait assez... Et pour vous répondre non, je n'enlève pas les gens pour les donner à mes vaches, j'enlève pas les gens tout court d'ailleurs !

Shiji d'un air interrogatif lui demande tout de même
Mais qu'est-ce que vous foutez avec votre lit dans une cave du coup ? Si petite en plus ? Elle est pas mal votre maison, y a des rats dedans ?
Le vieil homme semble être plus sérieux qu'auparavant et répond avec énergie et crainte : Des rats... Si seulement, mon vieux... Hier soir y avait de la brume vous allez pas me dire que vous l'avez pas vu ?

Shiji se tourne vers Kirei
Vous m'aviez dit que vous l'aviez croisé avant sergent, vous aviez pas précisé que c'était un...
Shiji regarde avec insistance tout en imitant une tête faisant des grimaces

Kirei répond avec plus de sérieux
Arrête deux minutes Shiji, s'il a été jusqu'à aménager sa cave par crainte de ça, je veux bien au moins entendre ce qu'il a à dire, surtout qu'à l'étage il a une enquête qui semble plus avancée que tout ce qu'on a nous et la garnison réunie.

Jannot se relève et invite les deux marines à remonter direction la pièce à l'étage où se trouve le tableau en liège, il le pointe du doigt et explique
Ça doit faire bien 1 mois que ça arrive régulièrement... La brume apparaît et quelqu'un...

Disparaît... Complète Shiji, observant le tableau avec admiration comprenant le temps que l'homme a passé sur ce sujet.

Mais... Pourquoi vous faites tout ça ?

Les larmes lui viennent aux yeux alors qu'il touche délicatement le tableau, plein de nostalgie
Pour quelle raison pourrions-nous dédier notre vie à pareille bêtise qu'un conte pour enfant... Une femme mon vieux, ma femme... Ma douce Hélène...

Kirei se courbe avec respect jetant un bref coup d'œil à Shiji lui intimant de l'imiter, ce que le caporal fait sans se laisser désirer.
Nos condoléances, monsieur.

L'homme se tourne vers les marines avec un regard intrigué
Bande de couillons, elle est pas morte, venez pas me dire comme tous les autres, je sais qu'elle est en vie, pensez vous que je ferais tout ça sinon?

Oh non je... Je ne me permettrais pas.

L'homme reprend là où il s'était arrêté avant ce moment rempli d'émotion, séchant ses larmes avec sa manche
Je disais, le bateau de la brume, je l'ai vu une fois sur les quais. Je sais qu'il est réel, et je vous parle pas de cette histoire de crochet qui s'allonge, ce sont des hommes plus vrais que nature qui sont dedans, des sacrés gaillards mais des hommes quand même. Mais ces enfoirés... M'en tenez pas rigueur, je parles de ceux de la garnison, mais ces enfoirés de la marine m'accordent aucun crédit... Je risque pas de retrouver ma Hélène à ce train là...

On va voir ce qu'on peut faire nous.

Jannot tourne délicatement sa tête vers le sergent alors que les larmes lui reviennent
Ça me rendrait si heureux de savoir que des gars comme vous sont sur le coup...
Il se tourne vers Shiji
Faites juste attention à ne pas lui exploser la caboche avec votre fusil m'sieur...


Le caporal se gratte la tête avec embarras alors que le sergent lui demande un maximum d'informations. Les minutes suivantes sont principalement sujettes à un inventaire de tous les navires qui s'arrêtent régulièrement au port pour ravitaillement, il en a listé une dizaine mais aucun avec un équipage effrayant de pirates qui quittent les quais en soir de brume. Il est cependant dans l'impossibilité de dire comment sa femme a été enlevée, il n'était apparemment pas sur place.

Les deux marines finissent par remercier Jannot pour toutes ces informations et les descriptions des éventuels navires.

Commençant à marcher dans la rue, Kirei s'adresse à Shiji
Bon... Maintenant direction la garnison, on doit parler à Renard de tout ça.

Pas qu'il mange les gens hein ? Shiji semble avoir un regard inquiet et ralentit le pas.


Kirei en rigole et le rassure avec une petite tape dans le dos, le trajet n'est pas très long et les marines à l'entrée laissent les deux hommes passer. Ils frappent à la porte et sont accueillis comme la dernière fois.

Entrez.

Kirei passe la porte et contrairement à Shiji semble avoir plus d'assurance cette fois, il se permet même un regard amusé avant de dire au lieutenant-colonel.

D'après certains habitants, vous auriez mangé les personnes "disparues", les préjugés sur les minks sans déconner...

Renard qui buvait un café tranquillement le recrache et frappe sur son bureau de rage d'avoir craché sur des documents.
Kirei fait une grimace, s'attendant à être sermonné.
SUPER. MAINTENANT VOUS POURREZ PEUT-ÊTRE ME RACONTER CE QUE VOUS AVEZ DÉCOUVERT D'INTÉRESSANT ET PAS LES INEPTIES DE CES INGRATS.

Le sergent se redresse et résume les informations récoltées auprès de Jannot et des habitants. Renard réagit à la mention de l'histoire récente chez le vieil homme, laissant apparaître une empathie inhabituelle chez le lieutenant-colonel.

Jannot... Suivez moi, et traînez pas je marche vite.

Il se saisit de sa veste, sa casquette ornée du symbole et de l'inscription de la marine. Il conduit le binôme à travers la ville avant d'arriver dans ce qui ressemble à s'y méprendre à un parc. Il s'arrête cependant rapidement et s'accroupit, déposant sa casquette au sol et mettant une main sur une pierre en face de lui avec le plus grand respect.

Ce n'est pas une pierre simple, c'est une tombe. Ornée de magnifiques symboles directement sculptés et d'une inscription claire qui à la fois décompose le visage de Shiji pourtant si arrogant à son habitude et plonge le regard de Kirei dans une profonde mélancolie.

Hélène 1560-1629.

Kirei est souvent en proie aux questions et cette fois-ci ne déroge pas à la règle… Pourquoi ? Qui ment ? Se pourrait-il qu'il y ait une chance qu… Le lieutenant-colonel coupe court à ses interrogations.


Un an… Un événement bien triste, j'ai moi-même récupéré le corps, alors vous posez pas trop de questions. J'avais même été invité à l'enterrement du coup … Elle et Jannot s'étaient séparés depuis peu de ce que j'ai compris. Ah le papy... Il était obnubilé par ses vaches, elle a dû avoir du mal à gérer ça… Je comprends mais bon ils avaient quand même leurs petits-enfants à charge, enfin la petite fille, à la fin, les autres étaient déjà partis.

Co…
Kirei fortement en proie à l'émotion se ravise, se rendant compte qu'il ne pourra pas poser sa question sans verser une larme.

Renard hoche la tête doucement.
À ce qu'on dit y avait une herbe ou je sais pas trop quoi, c'est un truc d'éleveur, qui aurait permis de gagner le concours à 100%. Et même s'ils étaient séparés ils s'aimaient encore beaucoup, alors elle est partie chercher cette herbe-là pour une surprise, et… Glissade, ça a été rapide. Pour ces trucs à l'eau de rose, voyez avec la petite fille si vous la croisez, c'est ce qu'elle m'avait raconté à l'enterrement. 16 000 habitants, ça fait jamais plaisir de devoir récupérer le corps d'un d'entre eux.

Kirei commence à récupérer un peu et s'apprête à poser une question mais est coupé par Shiji, qui semble pour sa part, être totalement sous le choc de cette histoire, ce qui dénote avec son air détaché habituel.

Pourquoi il a pas parlé de sa petite fille et de tout ça ?
Une larme terminant sa course sur la pointe du menton du vieil homme.

Renard récupère sa casquette et se courbe avec respect, imités des deux autres marines. Ils quittent le cimetière et s'arrêtent en face.
Il… Il est dans un profond dénis depuis quelques mois, vous ne sauriez croire le nombre de fois où il est venu à la garnison nous dire qu'elle avait été enlevée, au début on lui disait mais… À la fin on s'est contenté de l'ignorer, et ne croyez pas que c'est de bon cœur. Et pour la petite fille elle était en colère contre lui, la relation semblait déjà bien tendue à l'enterrement alors ça m'étonnerait pas qu'elle soit partie. Enfin bref on a perdu beaucoup de temps juste pour vous dire que, perdez pas votre temps avec cette affaire de brume. Je rentre à la garnison, pas la peine de me raccompagner, tenez moi au courant s'il y a du nouveau.

Le visage du lieutenant-colonel semble avoir retrouvé de son sérieux et sa rigueur exigeante habituelle alors que les deux marines d'élites se regardent avec empathie et tristesse, se mettant en route vers leur navire.
Pourquoi je n'ai jamais entendu parler d'elle ni de Jannot ?

En toute honnêteté moi non plus, ils devaient pas être très connue en dehors de leur village? Mais c'est bizarre en plus en 1629 il venait d'arriver. Mais pour toi... De ce que tu m'avais dis toi et ta famille étiez pas trop portés vers l'extérieur.

Kirei sourit
Quoi ?

Tu feras gaffe caporal, tu viens de me tutoyer.
Kirei affiche un sourire qui dénote avec l'expression qu'il affichait avant.

Oh merde c'est vrai, ça a du me chambouler cette histoire.
Shiji se gratte la tête en continuant d'avancer.

Mais… 1629 Elle est décédée quand on était partis du coup ?

On devait être au BAN à ce moment-là je pense… Oui.

Jannot et Hélène…

La suite de la marche se fait dans le calme et le silence, arrivant au navire les deux membres de la marine vont à la rencontre de leurs subordonnés, apprenant malheureusement qu'aucune nouvelle information crédible n'est arrivée. Cependant alors que tout le monde tourne des talons, Kirei les rappelle.

Shiji, j'ai dis qu'on jetterait un œil. Et même si sa femme n'est plus parmi nous, je compte bien respecter ma parole, on va faire la chasse à ce bateau de la brume.

Les soldats présents se regardent avec un air un peu surpris et plein de questionnement, Shiji met fin à ce silence.
Bande de tire-au-flanc, j'ai vu aucun signe d'acquiescement à ce que vient de dire le sergent, vous voudriez peut-être finir déguisé en enfant à servir d'appât ?

Dans un élan de panique et bien conscient que ces méthodes pourraient réellement être envisagées par le caporal, les soldats s'assurent rapidement de se mettre la bienveillance de leur sergent dans la poche
NON CAPORAL, COMME VOUS VOUDREZ SERGENT.

Kirei hoche la tête avec satisfaction et adresse un sourire complice à Shiji.
Des suggestions sur la méthode ?

Les idées pleuvent, certaines mauvaises, d'autres très mauvaises et après une heure ça n’a pas trop avancé.

Mais comment anticiper la météo...

Un des soldats lui répond
Si seulement on connaissait l'heure et l'endroit où apparaît le navire...

Apparaît ? Les fruits du démon existent mais la magie... Et un utilisateur du fruit du démon qui fait disparaître un navire à Kage Berg ? Il aurait rat...
Kirei s'arrête brusquement et réfléchit.
L'important c'est de le trouver, peu importe le moment non ? Et s'il apparaît rapidement quand la brume se lève c'est qu'il doit mouiller pas loin... Envoyez-moi des équipes faire le tour de l'île en regardant les côtes.

Mais sergent la nuit ne va pas tarder à tomber...

Kirei tourne son attention vers le soldat avec un air irrité
Vous connaissez un meilleur moment pour trouver un bateau qui se cache, que la nuit ? Ils vont devoir s'éclairer. RAMENEZ MOI LES AUTRES ON PART A LA TRAQUE CE SOIR.

L'air qui parcourt le pont est froid, les marines sont alignés fusil armés prêt à agir, le sergent compte bien régler cette affaire et prend la parole.

Cette nuit ne va pas être de tout repos messieurs. Vous vous êtes engagés à servir les intérêts des citoyens en utilisant vos savoirs et vos compétences, ce soir c'est votre persévérance qui sera mise à l'épreuve. Nous allons traquer un navire de légende et de mythe, peut-être que cela n'évoque rien chez certains mais, si plus jeune, vous avez été inquiet en ayant peur qu'un monstre vienne vous dévorer, dites vous que ce soir vous incarnez le héros que vous auriez aimé voir venir régler le problème. Je ne sais pas vous assurez si nous trouverons ce navire, mais une chose est sûr il terrifie un paquet de personne, et qu'on règle leur compte à ces pirates où qu'on prouve qu'il n'existe pas, votre devoir sera accompli et je serai fier de vous. Ce soir je ne vous demande pas simplement d'aller vous geler dans cette île à moitié vide, je vous demande d'incarner un idéal qui rassurera la population. Une population qui pourrait être composée de vos familles, de vos frères, sœurs, parents, enfants. Alors partez en chasse, égalez ce mythe.



Motivez par ce petit discours du sergent, les soldats crient en cœur et se séparent en groupe plus discipliné que jamais, Shiji expliquant à chacun les consignes, qu'ils doivent revenir signaler les navires anormaux, suspects ou simplement ce qu'ils pourraient voir qui sort de l'ordinaire.

Des minutes... Des heures, le temps passe à toute vitesse, et les marines évoluent désormais dans une nuit pleine. Une équipe revient avec un signalement de bateau de plaisance mais rien d'anormal, trop petit pour accueillir une dizaine de personnes, une autre équipe revient en rigolant ayant vu ce qui semblait être deux amants, ce qui ne manque pas de faire réagir Shiji, pensant sûrement que c'est l'homme et son amante qu'il a balancé à la femme l'après-midi même. Mais le troisième groupe revient avec des informations différentes, un quai lugubre, un bateau sans lumière mais un cabanon en mauvais état qui devait servir à des pêcheurs avec de la fumée sortant de la cheminée.

Bingo.

Kirei prend Shiji et deux équipes pendant qu'une autre reste à garder le navire et à informer les équipes qui reviennent. Au final, c'est un groupe d'une dizaine de personnes qui se rend sur place.
Et en effet... De loin il est possible de distinguer un large navire dans un genre de crique, mais pas de cabane pour l'instant, elle serait d'après les soldats, cachée par les reliefs.



Et en effet, alors qu'ils continuent leur chemin, ils constatent une petite route en terre menant à ce qui ressemble à un cabanon de pêcheur. Kirei ne peut s'empêcher de se remémorer son ancienne péripétie qui l'avait emmené à un différend avec des pêcheurs à Poiscaille.

Doucement, ça y ressemble pas mais c'est peut-être simplement une habitation, où un truc qui n'a rien à voir, restez sur vos gardes mais calme.

Kirei frappe à la porte qui met du temps à s'ouvrir, lorsque c'est enfin le cas c'est un homme avec une carrure impressionnante qui l'ouvre, il doit bien faire 3 mètres de haut.
Tu t'arrêtes souvent dans les cabanes dans les bois gamin ?

Kirei souris et garde son regard empli de bienveillance, il répond avec un ton assez haut pour être entendu à l'intérieur.
Pas habituellement, je suis membre de la marine et on se demandait un...

Laisse le rentrer, on va voir ce qu'il veut.

Le molosse s'écarte de la porte pour laisser passer Kirei, alors que l'homme veut refermer, Shiji bloque l'ouverture avec son mousquet et pousse l'homme pour entrer, une bagarre est proche d'éclater mais le jeune homme assis au fond de la pièce et Kirei adresse un regard sérieux aux deux concernés qui s'empressent de cesser leur agitation, Shiji passe et se met aux côtés de son sergent alors que l'homme à l'entrée reprend sa position, bloquant les éventuels autres marines avant de fermer la porte. Pendant ce temps une dizaine d'hommes habillés dans le même style que le gars assis sont répartis dans la pièce.

MMMMMM

Un bruit vient de la porte fermée derrière l'homme, ce dernier se contente de sourire.
Elle a toujours un sommeil agité.
Afin d'éviter toute question, il rebondit immédiatement sur un autre sujet.
Melvin Talbott pour vous servir. Alors, que pouvons-nous faire pour vous aider ?

Le jeune marin arbore un sourire naïf et répond
Hé bien... Nous sommes là pour une enquête concernant des enlèvements.

L’homme qui lui fait face, avec une large cicatrice parcourant son visage au niveau de son œil et habillé avec des vêtements partiellement déchirés, se redresse légèrement, rendant son sourire à Kirei
Des enlèvements ? On est à Kage Berg, qu’est-ce qu’il pourrait bien y avoir à enlever ?

Shiji, toujours tendu suite à sa légère altercation à l’entrée, répond sans tarder  
A toi de nous le dire.

Leur interlocuteur, content de se lever alors que son sourire disparaît, laissant l’impression qu’il se retient de complètement laisser place à sa colère.
Donc je vous laisse rentrer chez moi, et vous me manquez de respect avec des accusations pareilles…?

L’homme se dirige vers l’entrée à côté de laquelle se trouve un meuble faisant office de cuisine, alors qu’un silence emplit la pièce.Shiji répond
On est de la marine mon vieux, si on a un soupçon que tu as enlevé des pauvres marmots évidemment qu’on va t’inter…

MMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMMH *BAM*

Une nouvelle fois, un cri étouffé vient de la porte mais cette fois accompagné d’un objet qui a dû tomber.

Kirei veut se retourner vers Melvin qui vient de le dépasser dans son dos pour se diriger vers la cuisine mais n’a que le temps de sentir une pression sur le côté du crâne avant de s’envoler bien loin.
Alors qu’il heurte le mur, il entend l’homme à la cicatrice dire au molosse à l’entrée
La prochaine fois que vous foutez un de ces parasites dans la pièce, vous feriez bien de l’assommer, bloque la porte on va s'amuser.

Shiji pendant ce temps tourne également son mousquet relevé mais il est arrêté dans son élan et poussé également bien loin par Melvin.

Kirei et le caporal sont tous les deux encerclés par le jeune homme, un molosse qui doit bien faire 3 mètres et une petite dizaine d’hommes beaucoup moins menaçant.

Les marines restés dehors après avoir entendu les bruits de conflit ont commencé à frapper à la porte et ont entrepris le projet de la défoncer, mais en attendant le sergent sent juste du sang couler du haut de son crâne pendant qu’il se redresse. Lorsqu’il relève les yeux, il voit Melvin Talbott arborant un sourire sadique, un couteau de cuisine à la main, entrain de rigoler comme s’il avait perdu la raison.
Kirei essuie son sang et sort délicatement son katana de son fourreau, toujours un peu sonné de ce coup en traître. Cependant, cela ne l’empêche pas de faire une proposition à Talbott.
Je peux toujours vous proposer de vous rendre…

Shiji le regarde étonné de cette proposition
Sergent, vous n’y pensez pas ?

Les deux hommes se tournent autour, chacun observant l’autre et l’ouverture qu’il pourrait laisser. Après quelques instants, le contact s’engage, un couteau de boucher contre un katana, Melvin est désavantagé, d’autant plus qu’il est dominé par le physique et la technique du sergent, le combat est voué à l’échec.

Cependant, Melvin continue d’arborer son sourire sadique
Ça fait un final en beauté avec un combat pareil.

Kirei, qui a conscience que se tient l’homme en face de lui à sûrement condamné des dizaines de personnes, peut-être certaines même qu’il connaissait. Ses yeux rouges vif laissent transparaître tout ce qu’il ne dit pas mais qu’il ne peut s’empêcher de ressentir, une haine vive qui le consume de l’intérieur mais à laquelle il refuse de céder.
Ce rouge vif qui semble montrer les flammes de l’enfer à son opposant, une marre de sang, un monde entier en proie à la guerre. Même s’il n’y cède pas, il n’arrive plus à la dissimuler, ce Melvin Talbott a fait trop de mal autour de lui.

Alors que l’homme à la cicatrice semble pour la première fois effacer son sourire laissant place à de l’inquiétude, Kirei enchaîne de plus en plus rapidement les frappes, à tel point qu’il ne semble à un moment plus être question de quelconque hésitation mais juste d’une mise à mort. Le bandit ne pouvant très rapidement plus que parer les coups, sans pour autant éviter les dégâts liés à l’impact contre son couteau qui se propage tout droit dans les muscles de ses bras.

Une larme coule le long de la joue de Kirei, continuant d’affliger des coups vers son adversaire. A force de reculer, Melvin se retrouve entre l’épée pointée vers lui de Kirei qui semble reprendre un peu le contrôle et le précipice.
C’est… C’est terminé, rends-toi.

Melvin affiche un sourire mais différent du précédent, celui-ci est enfantin, laissant presque apparaître toute la gentillesse qu’il a refoulée pendant la majeure partie de sa vie.
Je ne vous souhaite pas d’avoir à faire les choix que j’ai dû faire… Je vous déconseille de continuer cette affaire, vous avez plus à y perdre que vous ne le croyez.

Un jury décidera de votre sentence en prenant ça en compte.

Oh, il n’y aura pas de jury…
Des larmes coulent abondamment du visage du jeune homme qui tente d’attaquer Kirei sans aucune technique, juste un coup de couteau désespéré avec toute sa force restante alors qu’un groupe de marines fraîchement arrivé assiste à la scène.

Kirei se redresse et commence à marcher en direction de la cabane, montrant un sourire léger et forcé vers Shiji pour le remercier de son soutien. Ce dernier réagit en mettant sa main sur l’épaule de son supérieur pour continuer de lui assurer ce soutien, et les deux hommes se dirigent vers la cabane, accompagnés par le groupe de marines arrivé récemment, qui ont été avertis par le groupe laissé au navire de la piste suivie par le sergent et le caporal.

Le jeune marin balaye du regard la scène, le bar est ravagé, deux trois blessés graves côté marine et malheureusement 6 morts à déplorer du côté des malfrats, les 6 restants à genoux, les fers aux mains, fixant le sol.

Une jeune femme assise avec une couverture dans la pièce du fond désormais ouverte, accompagnée d’une soldate de la marine qui essaie de la rassurer mais laisse place à ses supérieurs les voyant arriver.

La femme remercie immédiatement les marines pour leur intervention et pour avoir sans aucun doute sauvé sa vie. Kirei semble toujours légèrement perturbé par les évènements récents mais parvient tout de même à adresser un sourire chaleureux à cette femme, pouvant constater que bien que le final ne soit pas celui qu’il aurait désiré, au moins l’innocente est sauve.

Alors qu’il s’apprête à tourner des talons, laissant les soldats la ramener à la garnison pour être prise en charge, elle les arrête
Attendez ! Je… Si ça peut vous aider, ils m’ont dit que j’allais bien m’amuser à Last End… Pitié allez là-bas, ils ont enlevé tant de gens qui doivent être là-bas, vulnérables à eux et… Leurs méthodes… Sauvez-les…

Alors qu’il s’était déjà retourné pour partir, Kirei regarde derrière lui pour sourire à la femme avec de la tristesse remplissant ses yeux
On va voir ce qu’on peut faire.

La femme est surprise par la réaction du marin, cependant, la soldat qui était à côté d’elle précédemment revient la rassurer et lui propose de l’emmener à la garnison une fois que le reste des soldats auront fait enfermer les bandits.

Le groupe se met donc en route pour la garnison, Shiji s’occupant de livrer les bandits et d’expliquer la situation pendant que Kirei pour sa part retourne au navire s’assurer que les équipes présentes n’ont pas de problème à signaler.


***

Les heures passent et le matin se levant, Shiji revient avec les hommes qui ont été mobilisés au soir. Kirei descend du navire et demande comment cela s’est passé, une courte discussion où on lui explique a lieu et alors qu’il allait retourner vers le navire, il est interrompu dans son élan par le lieutenant-colonel Renard.
On m’a dit ce que vous aviez fait… Ce boulot n’est pas toujours facile mais vous avez fait ce pourquoi vous avez été engagé, Kirei, aujourd’hui l’île dormira sur ses deux oreilles grâce à vous.

Le jeune homme, remis de ses émotions, ne peut trahir une hésitation dans sa réponse
J… Je sais pas si j’ai fait exactement ce que j’aurai dû faire, sinon vous auriez eu plus de personnes dans vos gêoles… Mais merci, lieutenant-colonel, ça me fait plaisir venant de vous.

Renard hoche la tête et semble embarrassé, sortant une enveloppe de sa poche et finalement dit avec assurance
Je ne voulais pas que cette lettre vous perturbe pendant que vous fassiez votre travail mais maintenant que tout est réglé, voilà pour vous. Désolé de ne pas vous l’avoir remise plus tôt.

Kirei semble intrigué et prend la lettre sans masquer une légère confusion
Vous qui vous excusez, ça doit être important… Je vais lire ça dans ma cabine, cependant ce Melvin Talbott, il est tombé de la falaise, si jamais vous avez l’occasion d’envoyer quelqu’un vérifier que son corps n’est pas sur les rochers… Il mérite tout de même une sépulture décente…

Le lieutenant-colonel et le sergent d’élite terminent rapidement leur conversation et l’un repart à la garnison pendant que l’autre s’empresse d’aller dans sa cabine découvrir le contenu de cette fameuse lettre.