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Le prologue de mon épitaphe

« Tu es sûre ? On risque d’y laisser la peau cette fois, et même si on s’en sort, ils nous auront dans leur viseur. »
« Quelle différence par rapport à d’habitude ? Je te l’ai dit : je te suivrais n’importe où. Quand est-ce que tu le comprendras ? Et puis, Omiyage est aussi ma bataille. »
« Comment ça ? »
« Oublie. Je t’expliquerais si on s’en sort en vie. »

Alice me suit encore dans un projet ahurissant, et elle n’est pas la seule : mes autres compagnons sont également de la partie. Même si le danger est moins grand pour eux qui resteront essentiellement dans le monde miroir, notre cible est d’un tout autre niveau : MarieJoa, pour ce que j’espère être l’ultime chapitre de mon combat, que je puisse enfin commencer à vivre. Ou déposer les armes.

Ce nouveau projet démarre à Parisse : d’abord parce que j’en possède un Eternal Pose, mais aussi pour que cela nous laisse plus d’une station pour faire notre repérage, bien que le trajet puisse prendre plusieurs jours entre certaines îles. En effet : nous allons emprunter le train des mers. Enfin, quand je dis nous, il s’agit surtout d’Alice. Mes hormones lui octroient une nouvelle apparence, les pouvoirs de Val une autre tenue, et mon portefeuille un billet jusqu’à Sekan. Oui : nous nous arrêtons avant MarieJoa, ou devrais-je dire avant la base G-0 qui se trouve dessous. Tout du moins, officiellement.

Grâce à Marc, mon cartographe que j’avais envoyé en voyage il y a quelques mois de ça pour qu’il use de son pouvoir afin de profiter des transports comme le train ou la transiliéenne afin de confectionner la carte d’un maximum de lieux, nous savons déjà comment se passe le contrôle au niveau de G-0. Tout du moins pour ceux qui ne font que passer sans descendre du train. Figurez-vous qu’en dehors de cet endroit, les criminels peuvent prendre un billet et voyager sans l’ombre d’une protestation, à condition qu’ils ne portent pas atteinte à l’harmonie des autres voyageurs bien entendu. Sauf qu’une fois arrivé à la gare de G-0, ce ne sont plus les contrôleurs de la compagnie mais le gouvernement qui prend le relais : ils vérifient les billets de chacun, dresse le portrait de tous les voyageurs et fouillent leurs affaires, qu’en bien même ils ne sortent pas du train. Pour ceux qui posent pieds à terre, les vérifications doivent être encore plus poussées, mais ça nous l’ignorons encore.

Déjà il nous faut trouver le parfait candidat.
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Le plan est presque bon, à un détail près : pourquoi suis-je la seule à prendre un billet et monter physiquement dans le train ? Reyson pourrait m’accompagner, et ce n’est pas comme si on n’avait pas assez d’argent. En plus de voyager avec lui, ce serait sûrement plus efficace pour récolter les informations, mais il a dit que plus nous sommes nombreux, plus notre couverture risque de tomber. Aussi, il est juste à côté, dans le monde miroir, m’a-t-il rappelé. Mais à dire vrai, je crois que je préfère s’il ne regarde pas…

Une fois monté dans le train, mes vieilles habitudes prennent rapidement le dessus et je me dirige directement aux toilettes les plus proches, là où il y a un miroir pour m’apaiser et surtout où il n’y a personne d’autre que moi. Je n’aime pas la foule, les gens, l’humain. Après tout j’ai passé une grande partie de ma vie en solitaire dans le monde miroir, à vivre par procuration à travers Reyson que j’observe depuis tout ce temps. Ah, si on réussit cette mission, je lui avouerais tout. Je lui dirais que je viens aussi d’Omiyage. Cet idiot est tellement persuadé d’être le seul survivant qu’il ne se doute de rien. Bon, il faut avouer que nous étions très jeunes aussi, je dois avoir changé, et on n’interagissait pas beaucoup à cette époque… Mais quand même ! Il pourrait au moins faire mine que mon visage lui soit familier ! Je ne sais même pas comment il réagira à cette nouvelle. Peut-être que je ne devrais rien lui dire finalement ? Ou peut-être que…

« Hum… Tout va bien ? »

Ah ! Le visage de Reyson apparaît dans le miroir face à moi.

« On ne t’a jamais dit que les toilettes des dames sont un endroit sacré ? »
« Pardon, mais comme ça fait trente minutes que tu es figée là, debout, et… »
« J’ai compris. Je vais y aller. »

On ne peut même plus être tranquille aux sanitaires. Bon, par là-bas il y a le wagon restaurant, ensuite un wagon jeu, puis la voiture SPA et de l’autre côté les voitures passagers. Pour les clients réguliers ou les plus fortunés, ils peuvent même avoir une suite ; deux suites formant un wagon. Pour cette fois j’ai un billet voyageur classique, dans un wagon qui rassemble plus d’une centaine de passagers assis les uns aux côtés des autres. Je n’ai plus qu’à chercher ma place et à laisser mon charme opéré, comme me l’a dit Reyson. C’est lui qui a choisi mon apparence et il m’a dit que je ne devrais avoir aucun mal à délier la langue des hommes – bien qu’il ait ajouté à ma mine déconfite qu’en tant normal il n’aurait même pas besoin de changer mon apparence pour ça. Rattrape toi va… N’empêche, je m’attendais à avoir les cheveux roux vu ses goûts et son passif avec Izya… Est-ce que ça l’a enfin passé ? Peut-être que le Davy Back Fight était la goutte d’eau de trop ? J’ai bien fait de lui dire qu’elle ne s’est pas rendue à la menace du Dévoreur, le condamnant à une mort certaine. Heureusement que Red a abandonné son épreuve pour venir à sa rescousse, lui !

Place 52, c’est là. Super, juste à côté d’un gros qui prend tout l’espace. La prochaine fois je prendrais deux billets, ou la catégorie au-dessus. Quoiqu’il n’y aura pas de prochaine fois si je trouve la bonne personne ! Il nous faut quelqu’un qui descendra à la gare de G-0 pour monter sur les terres saintes de MarieJoa, et qui possède donc toutes les autorisations pour s’y rendre. Bon, comment je fais pour découvrir ça… Il y a tellement de monde dans cette voiture, je vais bien en trouver un, il me suffit d’ouvrir la conversation, rien de bien compliqué !
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« Elle n’a même pas entrouvert les lèvres pour dire quelque chose de tout le voyage ! »
« Calme toi, on n’est pas tous le Métamorphe. Elle ne doit pas être à l’aise avec le contact social, n’as-tu jamais remarqué qu’elle fuit systématiquement le regard des autres ? Sauf le tiens peut-être. Mais laisse faire Val, il est sûrement le mieux placé et le plus pédagogue d’entre nous. » me suggère mon cartographe Marc.

Nous étions de retour à Parisse bredouille. Les seules informations qu’on avait obtenues provenaient des toilettes et des salles de bain via les miroirs qui s’y trouvaient, mais les divers occupant y allant seuls, ils n’étaient pas très bavards. Mis à part quelques chansonnettes qu’on aurait préféré ne pas entendre. Bredouille donc.

« Tu veux apprendre à charmer quelqu’un ? » demande Val à Alice, à l’écart des autres au sein du monde miroir.
« Oui… » mais parler à des inconnus l’effraie, omit-elle d’ajouter. Heureusement, Val est le plus doué d’entre nous en contact humain et perçoit l’appréhension dans l’intonation d’Alice. Mais il respecte qu’elle ne veuille pas en dire davantage : elle en parlera quand elle s’en sentira prête. En attendant, c’est à Val de trouver une formule qui puisse correspondre à sa jeune élève. Pourquoi ne pas commencer par exposer les différentes méthodes pour voir s’il y en a une qui lui plait plus que les autres ?

« Il existe trois grandes façons de faire pour attirer l’attention de quelqu’un. Il y a la passive, l’active et l’accident provoquée. Je commence par laquelle ? »
« La passive ! » s’empresse-t-elle de répondre.
« Il s’agit de la personne qui, sans rien faire, donne envie que l’on aille la voir. Attention, il existe toutefois quelques règles : tu auras plus de chance qu’un homme vienne à toi assise seule au bar, une place libre à côté, qu’assise dans le wagon passager au milieu de tout le monde, si tu es éveillée plutôt qu’endormie, si tu sirotes un verre plutôt que lire un livre, si tu regardes ton verre, le vide ou la chaise libre à côté de toi plutôt que la porte. »
« Pourquoi pas regarder la porte ? »
« Ça envoie le message que tu attends déjà quelqu’un. Tu peux parfois balayer la salle du regard ceci dit, et si jamais tu croises le regard de quelqu’un, esquisse un petit sourire avant de détourner le regard. Les hommes adorent ça. Il viendra probablement à toi en demandant si tu attends quelqu’un, voulant savoir si la place est libre. »
« Et qu’est-ce que je réponds alors ? »
« Vous, si tu es audacieuse. Peut-être, si tu es mystérieuse. Je n’ai pas encore décidé, si tu es joueuse. Jusqu’à ce qu’un bel homme décide de s’asseoir sur cette chaise à côté de moi, pour le mettre en confiance. Si je dis oui vous m’offrez quand même un verre, pour le provoquer. Je ne vois personne sur cette chaise et vous, pour le défier. Bref il existe une infinité de suite possibles. »
« D’accord. »

« J’en viens donc à l’active : c’est lorsque tu vas initier la conversation. Il y a les classiques comme demander l’heure ou son chemin. »
« Mais s’il me donne le chemin, je dois m’en aller après non ? Sinon ce serait bizarre. »
« Sauf si tu l’invites à te montrer le chemin en t’accompagnant. Hum… Dans un train tu peux par exemple demander où se trouve le wagon restaurant, et après sa réponse lui proposer qu’il t’accompagne pour que vous puissiez diner ensemble. »
« Ah je vois… »
« Mais tu as raison Alice, c’est plus simple d’initier sur une discussion qui ne nécessite pas de déplacement. Tu peux par exemple demander ce qu’une personne est en train de lire, ou ce qu’un autre est en train de boire. Intéresse-toi à ce qu’elle fait, où elle va avec le train, ou fais-lui un compliment. Le reste suivra tout seul. »
« Hum... »

Val discerne le silence chez Alice, elle semble plus crispée à l’idée de l’active. C’est donc plutôt une timide. Il n’insiste donc pas davantage sur cette catégorie et enchaîne sur la dernière.

« Et enfin l’accident provoqué. C’est un subtil compromis entre les deux : une passivité active je dirais. C’est par exemple laisser tomber un chouchou en passant près de la personne qui t’intéresse : cette personne, normalement, ramassera alors le chouchou et te le rapportera, initiant ainsi le dialogue. Tu peux aussi t’asseoir à la mauvaise place dans le train, s’il n’est pas trop timide le véritable propriétaire de ce siège engagera la conversation, et si tu t’excuse pour l’erreur ce premier contact permettra de relancer le dialogue facilement un peu plus tard lors du voyage. Un autre exemple est de commander un verre juste à côté de ta cible assise au bar, et lorsque le barman te servira, tu feras mine de chercher ton portefeuille et tu diras l’avoir oublié à ta place, si ça ne dérange pas que tu ailles le récupérer. Si ton voisin est un gentleman intéressé, il proposera de payer pour toi, lançant ainsi la conversation.
L’accident provoqué, une passivité active. »

« C’est plutôt sournois… Il y a vraiment des gens qui font ça ? » demande la candide Alice, ce à quoi Val répondit avec le sourire.
« J’ai déjà pu observer ta… pudeur à t’exprimer avec autrui. Aussi, dès que j’ai appris le projet, j’ai commencé à distribuer quelques conseils de drague à certains de nos hommes et voilà que l’on se tourne naturellement vers moi pour t’enseigner, me permettant d’avoir un moment privilégié avec toi. »
« Attends, mais tu as impliqué d’autres personnes et… »
« C’est le niveau au-dessus de l’accident provoqué, oui. »
« Mais ça veut dire que… »
« Oui. C’est une illustration de la passivité active. Mais je sais aussi lire entre les lignes, il n’y a qu’une seule personne ici qui soit dupe au point de ne pas voire où balance ton cœur. »
« … »
« Je te conseille de commencer par la méthode passive. C’est celle qui te sera le plus naturel pour le moment. »
« … Merci. »
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Est-ce que ça veut dire qu’il est intéressé par moi ? Non, non, c’était seulement pour me montrer un exemple d’approche. Et puis qu’est-ce qu’il veut dire par où balance mon cœur ? Il est dans ma poitrine, bien en équilibre. Reyson est simplement la personne que je connais le mieux, et donc avec qui je me sens plus à l’aise, rien de plus… Ah mais il n’a nommé personne, pourquoi je pense à Reyson dans ce cas ? Est-ce que ça veut dire que…

« Que fait une si belle femme toute seule au bar ? »

Un inconnu me sort de ma torpeur. Ah oui, nous en sommes au deuxième essai, dans le train des mers. Bien, qu’est ce que je dois répondre déjà ?

« J’attends l’homme qui me fera voyager où je n’ai jamais été. »
« Le septième ciel, vous connaissez ? »

Oh non, le lourd. Je ne peux pas m’empêcher de laisser s’échapper un soupir.

« Excusez-moi mademoiselle, je crois que vous avez pris quelque chose qui m’appartient. »

Hein ? Une deuxième personne qui m’accoste alors qu’un homme tente déjà sa chance ? Val m’avait dit que c’était rare. C’est parce que j’ai soupiré ? Et qu’est ce qu’il a dit ?

« Pardon ? »
« Oui, je ne retrouve plus mon cœur. Je gage que vous l’avez subtilisé d’un simple regard. »
« Hum… Et où allez-vous, que je sache où rendre ce cœur ? »
« Monsieur, j’étais là le premier. »
« Pourtant c’est bien à moi qu’elle vient de répondre, monsieur. »
« Allons allons, messieurs, cela ne se fait pas d’importuner ainsi une femme. Qui plus est mon amie. Allez voir ailleurs si j’y suis. »

Hein ? Mais je ne la connais même pas cette personne, et je ne sais toujours pas s’ils allaient se rendre à MarieJoa ou ailleurs. Ah pourquoi ils viennent tous si vite les uns après les autres ?

« Vous ne vous êtes pas fait mal j’espère ? »
« Comment ça ? »
« En tombant du paradis… »

Pendant ce temps là, dans le monde miroir :
« Peut-être que j’aurais dû éviter les phéromones… »
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