Rappel du premier message :
Nuit noire. Ruelle obscure. Une gueule en sang et en larmes, à genoux devant moi. Un type anonyme, inutile depuis le jour de sa naissance; a gaspillé sa vie à trainer avec des bouseux qui valent pas mieux que lui; une femme, deux gosses; un garçon une fille ptetre bien. Pas un vrai truand mais pas par probité; juste qu'il a jamais eu les couilles d'en être un. Alors il végète, gère ses ptites combines troubles, prêt à survivre comme ça les créances aux basques jusqu'à ce que la mort l'emporte. C'était jusqu'à ce soir. Ça va changer.
Il m'a rencontré, ce soir. Je lui ai fait mal, suffisamment pour le ramener dans le droit chemin. J'suis pas là pour déconner, il l'a vite compris. L'a au moins de l'instinct. Il crache ce qu'il sait sans rechigner. J'ai mon info. Un bar, la Mort Subite. Jlui dis de rentrer chez lui et de lâcher ses business foireux, il promet, va pour dégager en me remerciant mais s'arrête à mi-ruelle, intrigué.
Vous...vous me croyez sur parole ? Et si vous vous trompiez ?
On se reverrait. J'te le souhaite pas.
Il hoche la tête rapidement. Jl'entends d'ici ravaler sa salive. L'a pris conscience du truc. Ou jlui colle juste la frousse. M'en fous, le résultat est le même. Dix secondes plus tard il disparait de ma vue. Ressort de ma vie. Adieu. Moi, je remonte ma piste.
Celle de paris troubles, d'argent sale et de bookmakers trop gourmands pour ne pas faire de vagues. L'organisation est chapeautée par une hydre à trois têtes. Il faudra les trancher toutes, une à une. Ptetre bien que les cramer définitivement est impossible, mais ceux qui ramasseront pour les autres l'emporteront pas au paradis. Ni en enfer. Et j'reviendrai arracher à nouveau la mauvaise herbe quand la prochaine récolte aura éclos.
Les trois têtes, qui sont elles ?
Al Capuccino, le businessman. Réputé, pas tant pour ses activités de mafieux que la réussite de ses entreprises de Café. Jamais su pourquoi. Le mec a posé ses valoches pleines de lingots ici, à Tequila Wolf. L'a pas eu le nez creux, diraient bon nombre de lascars; difficile d'établir ses magouilles dans un coin où ça pullule de gouvernementeux, mais ça lui f'sait pas peur. Au contraire. Suffisait d'avoir les bons contacts. Comme Harry, dit l'Inspecteur. Le genre à faire son boulot sobrement en apparence. Mais le bonhomme encaisse en vérité un chèque mensuel pas dégueulasse pour laisser se développer le trafic du grand Al' sans embrouille. Hé ouais, sa villa de luxe, il se l'est pas payée avec un salaire de fonctionnaire minable. Harry voit pas avec le vieux boss directement pour les émoluments, non. Lui se salit jamais les mains et sait demeurer au vu du Monde honorable enflure en costard. Il se parfumerait à l'eau bénite s'il avait pas peur de s'y brûler. En revanche, Joe Pescito a pas de problème de cet ordre. Joe est un jeune carnassier. Il a les dents longues, alors quand le grand sachem lui refile un morceau de barbac bien saignante, il se fait plaisir avec. Sur place, il a tissé la toile, étendu les ramifications, fait copain-copain avec qui il fallait, et rayé de la carte les mécontents du milieu. Faire place nette ça lui connait. Et ça lui plait.
Maintenant, l'économie du coin toute entière est à sa botte. On lui emprunte ? On le rembourse, grassement, et on donne plus s'il demande. Les commerces ? C'est lui. Les paris ? Lui aussi. Tout ce qui ne passe pas par le Gouvernement Mondial passe par lui.
Mais ça va changer. Il est l'astre tout-puissant dans le royaume de l'ombre. Je serai son éclipse. Quand je le tiendrai entre mes poignes, le grand Joe aura l'air d'une malheureuse ampoule en fin de vie. Il a brillé bien trop longtemps, bien au delà de son espérance. Trinita va lui offrir un retour à la réalité brutal. Pas ce soir, non. Ce soir, c'est juste un grésillement. Mais demain, les plombs sauteront. Et Joe avec.
En attendant, procéder sans hâte. Péter les fondations. Frapper là où ça fait mal. Et je sais où ça fait mal. Alors je m'y rends. Pour commencer, au bar dont mon précédent indic' m'a craché le nom contre une mâchoire à peu près intacte. La Mort Subite. Une antre miteuse du faux bidonville de Tequila. Ça y pue la canaille, l'arnaque. Lumières tamisées, ambiance de tripot. Il est tard, l'affluence est plus très importante. J'dénote pas trop dans l'décor; personne fait trop gaffe à moi. C'est ici que doit commencer le travail de sape. Par les Bookmakers. Les mettre hors course, c'est neutraliser ce marché frauduleux pour un temps.
À bien y regarder, la foule s'amasse autour de deux tables en particulier. Je suis le mouvement général. Y'a à là un mec, qui trône dans l'arrière salle. Si on lit les signaux qu'envoie chacun, c'est le mâle dominant, on le respecte. Le genre gaillard trop célèbre pour être bucheron. Les troncs qu'il coupe sont du genre humain. Regard de braise, crinière de fauve. Un fighter connu, jme laisse dire. Pas du coin, pas là pour affaire. À moins que. Intéressant.
Mais j'vais lui voler la vedette sous peu. Non loin de l'attraction principale se trouve l'autre table autour de laquelle les mouches s'agitent. Celle d'un mec chétif qui paye pas de mine. Il cache derrière des lunettes trop grandes des yeux trop petits. Une fouine. Une main tendue vers les clients qui y déposent des liasses. Un rapide mouvement plus tard, elles disparaissent bien vite dans une caisse que l'autre main protège tout en griffonnant sur un bout de papier quelques notes.
Je l'aborde, sans détour.
C'est toi Isaac le Juif ?
L'homme raffermit sa prise sur sa mallette. Les deux gorilles qui l'accompagnent sortent les pecs et les crocs. Ça veut dire oui pour moi. Pas besoin d'en attendre plus. Ma paluche empoigne l'arrière du crâne presque chauve du pauvre homme et le fracasse contre sa table. Violemment. Une fois. Deux fois. Suffisant. Isaac s'écroule de son siège, gueule en sang. Un intermédiaire en moins, un fil de la toile qui s'étiole.
Ceux qui cherchent pas d'emmerdes, dehors.
Y'avait treize clients. En trente secondes, l'en reste plus que quatre. Deux gorilles prêts à bondir, écume aux lèvres, une loque, et toujours à sa table, le fighter. On y voit plus net.
Nuit noire. Ruelle obscure. Une gueule en sang et en larmes, à genoux devant moi. Un type anonyme, inutile depuis le jour de sa naissance; a gaspillé sa vie à trainer avec des bouseux qui valent pas mieux que lui; une femme, deux gosses; un garçon une fille ptetre bien. Pas un vrai truand mais pas par probité; juste qu'il a jamais eu les couilles d'en être un. Alors il végète, gère ses ptites combines troubles, prêt à survivre comme ça les créances aux basques jusqu'à ce que la mort l'emporte. C'était jusqu'à ce soir. Ça va changer.
Il m'a rencontré, ce soir. Je lui ai fait mal, suffisamment pour le ramener dans le droit chemin. J'suis pas là pour déconner, il l'a vite compris. L'a au moins de l'instinct. Il crache ce qu'il sait sans rechigner. J'ai mon info. Un bar, la Mort Subite. Jlui dis de rentrer chez lui et de lâcher ses business foireux, il promet, va pour dégager en me remerciant mais s'arrête à mi-ruelle, intrigué.
Vous...vous me croyez sur parole ? Et si vous vous trompiez ?
On se reverrait. J'te le souhaite pas.
Il hoche la tête rapidement. Jl'entends d'ici ravaler sa salive. L'a pris conscience du truc. Ou jlui colle juste la frousse. M'en fous, le résultat est le même. Dix secondes plus tard il disparait de ma vue. Ressort de ma vie. Adieu. Moi, je remonte ma piste.
Celle de paris troubles, d'argent sale et de bookmakers trop gourmands pour ne pas faire de vagues. L'organisation est chapeautée par une hydre à trois têtes. Il faudra les trancher toutes, une à une. Ptetre bien que les cramer définitivement est impossible, mais ceux qui ramasseront pour les autres l'emporteront pas au paradis. Ni en enfer. Et j'reviendrai arracher à nouveau la mauvaise herbe quand la prochaine récolte aura éclos.
Les trois têtes, qui sont elles ?
Al Capuccino, le businessman. Réputé, pas tant pour ses activités de mafieux que la réussite de ses entreprises de Café. Jamais su pourquoi. Le mec a posé ses valoches pleines de lingots ici, à Tequila Wolf. L'a pas eu le nez creux, diraient bon nombre de lascars; difficile d'établir ses magouilles dans un coin où ça pullule de gouvernementeux, mais ça lui f'sait pas peur. Au contraire. Suffisait d'avoir les bons contacts. Comme Harry, dit l'Inspecteur. Le genre à faire son boulot sobrement en apparence. Mais le bonhomme encaisse en vérité un chèque mensuel pas dégueulasse pour laisser se développer le trafic du grand Al' sans embrouille. Hé ouais, sa villa de luxe, il se l'est pas payée avec un salaire de fonctionnaire minable. Harry voit pas avec le vieux boss directement pour les émoluments, non. Lui se salit jamais les mains et sait demeurer au vu du Monde honorable enflure en costard. Il se parfumerait à l'eau bénite s'il avait pas peur de s'y brûler. En revanche, Joe Pescito a pas de problème de cet ordre. Joe est un jeune carnassier. Il a les dents longues, alors quand le grand sachem lui refile un morceau de barbac bien saignante, il se fait plaisir avec. Sur place, il a tissé la toile, étendu les ramifications, fait copain-copain avec qui il fallait, et rayé de la carte les mécontents du milieu. Faire place nette ça lui connait. Et ça lui plait.
Maintenant, l'économie du coin toute entière est à sa botte. On lui emprunte ? On le rembourse, grassement, et on donne plus s'il demande. Les commerces ? C'est lui. Les paris ? Lui aussi. Tout ce qui ne passe pas par le Gouvernement Mondial passe par lui.
Mais ça va changer. Il est l'astre tout-puissant dans le royaume de l'ombre. Je serai son éclipse. Quand je le tiendrai entre mes poignes, le grand Joe aura l'air d'une malheureuse ampoule en fin de vie. Il a brillé bien trop longtemps, bien au delà de son espérance. Trinita va lui offrir un retour à la réalité brutal. Pas ce soir, non. Ce soir, c'est juste un grésillement. Mais demain, les plombs sauteront. Et Joe avec.
En attendant, procéder sans hâte. Péter les fondations. Frapper là où ça fait mal. Et je sais où ça fait mal. Alors je m'y rends. Pour commencer, au bar dont mon précédent indic' m'a craché le nom contre une mâchoire à peu près intacte. La Mort Subite. Une antre miteuse du faux bidonville de Tequila. Ça y pue la canaille, l'arnaque. Lumières tamisées, ambiance de tripot. Il est tard, l'affluence est plus très importante. J'dénote pas trop dans l'décor; personne fait trop gaffe à moi. C'est ici que doit commencer le travail de sape. Par les Bookmakers. Les mettre hors course, c'est neutraliser ce marché frauduleux pour un temps.
À bien y regarder, la foule s'amasse autour de deux tables en particulier. Je suis le mouvement général. Y'a à là un mec, qui trône dans l'arrière salle. Si on lit les signaux qu'envoie chacun, c'est le mâle dominant, on le respecte. Le genre gaillard trop célèbre pour être bucheron. Les troncs qu'il coupe sont du genre humain. Regard de braise, crinière de fauve. Un fighter connu, jme laisse dire. Pas du coin, pas là pour affaire. À moins que. Intéressant.
Mais j'vais lui voler la vedette sous peu. Non loin de l'attraction principale se trouve l'autre table autour de laquelle les mouches s'agitent. Celle d'un mec chétif qui paye pas de mine. Il cache derrière des lunettes trop grandes des yeux trop petits. Une fouine. Une main tendue vers les clients qui y déposent des liasses. Un rapide mouvement plus tard, elles disparaissent bien vite dans une caisse que l'autre main protège tout en griffonnant sur un bout de papier quelques notes.
Je l'aborde, sans détour.
C'est toi Isaac le Juif ?
L'homme raffermit sa prise sur sa mallette. Les deux gorilles qui l'accompagnent sortent les pecs et les crocs. Ça veut dire oui pour moi. Pas besoin d'en attendre plus. Ma paluche empoigne l'arrière du crâne presque chauve du pauvre homme et le fracasse contre sa table. Violemment. Une fois. Deux fois. Suffisant. Isaac s'écroule de son siège, gueule en sang. Un intermédiaire en moins, un fil de la toile qui s'étiole.
Ceux qui cherchent pas d'emmerdes, dehors.
Y'avait treize clients. En trente secondes, l'en reste plus que quatre. Deux gorilles prêts à bondir, écume aux lèvres, une loque, et toujours à sa table, le fighter. On y voit plus net.
Dernière édition par Trinita le Mar 18 Oct 2011 - 8:21, édité 1 fois