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Je suis pas ton père ! [Sujet post-QG - Maze Town]

    « Dis monsieur, c’est toi mon papa ? »

    ***

    « Attaquer un QG de la marine pendant que je bosse sur ton bateau ici… Tu pouvais pas avoir une autre idée lumineuse, non ?! »
    Un soupire légèrement agacé franchit les lèvres d’Unwin en entendant les propos d’Hana. Pourtant, lorsqu’il répondit, ce fut avec un ton parfaitement calme.
    « Putain, il m’semble pas t’avoir caché que j’étais un pirate maintenant. Tu crois que c’est pour quoi faire un putain de bateau ? »
    « Mais un QG, Unwin ! Un putain de QG ! T’as une idée des emmerdes que t’aurais pu m’attirer avec tes plans foireux ? »
    « Je t’ai pas demandé de participer, bordel. Et si j’ai laissé le Joe ici, c’était justement parce que la Marine ne le connait pas. »
    « Oh oui, évidemment, monsieur a réfléchi à tout ! »
    « Tu m’emmerdes, Hana. Le bateau est prêt, oui ou merde ? »
    Ce fut au tour de la charpentière de soupirer.
    « Dans deux heures ce sera bon. Reste pas dans le coin en attendant, le chantier est trop fréquenté, et j’ai pas envie d’avoir des ennuis avec le gouvernement. »

    Unwin haussa les épaules et s’éloigna sans un mot de plus. Il adressa un vague salut à Hana et rabaissa son chapeau à larges bords pour qu’on ne reconnaisse pas son visage. Il avait lu dans le Panda Déchainé – quel nom ridicule pour un journal, franchement ! – que les têtes des Gun’s avaient été mises à prix. Il n’y avait rien d’étonnant à cela, mais même s’il en tirait une certaine fierté, le capitaine pirate ne pouvait qu’en regretter les désagréments. Tu parles d’une galère de passer inaperçu dans une ville aussi fréquentée que Maze-Town ! Heureusement, entre deux engueulades, Hana avait donné à Vail l’adresse d’un bar douteux où il serait tranquille le temps des préparatifs. Qui plus est, le pirate avait aussi pris la peine de se couper les cheveux et de se raser de près. La différence n’était pas non plus monumentale, mais suffisait à lui changer un peu le visage.

    En tout cas, avant de rejoindre le bar, il devait retourner voir son équipage et leur filer les derniers ordres. Ordres qu’on pourrait sans douter résumer de cette manière : gentil, pas bouger. ‘fin presque. La seule chose qu’Unwin réclamait était la discrétion. Partant de là, ses hommes étaient libres durant les deux prochaines heures. Ils étaient mêmes fortement encouragés à prospecter pour l’équipage et, preuve que Vail était un gentil capitaine, il leur avait même filé l’adresse du bar dont Hana lui avait parlé. C’est pas beau d’être aussi attentionné ?

    Bref, après toutes ces discussions palpitantes avec son équipage - tellement palpitantes que la narratrice prend pas la peine de vous les rapporter - Vail repartit donc en ville. Il passa rapidement par le chantier naval pour tenter d'apercevoir son bateau, mais celui-ci semblant être dans un vaste hangar, le capitaine se résigna et prit donc la route pour rejoindre le bar. Ou tout du moins en eut-il l'intention... Ce qu'il ignorait, c'est qu'une rencontre inattendue allait se jouer d'ici quelques instants.


Dernière édition par Unwin Vail le Lun 5 Mar 2012 - 1:56, édité 2 fois
    Spoiler:



      « Dis monsieur, c’est toi mon papa ? »

      La voix fluette sortie de l’ombre fit tiquer Unwin. Sans vraiment savoir pourquoi il s’arrêta et tourna la tête en direction de la maison délabrée à sa droite. Ce qu’il y vit le laissa interdit pendant quelques secondes.

      De grands yeux roses, des cheveux tout aussi roses attachés en de mignonnes petites couettes, une robe rose avec des lapins et des pandas, des sandales vernies roses…

      Vail se frotte les yeux.

      Des paillettes. Une aura de jolies paillettes roses qui virevoltaient autour de la petite silhouette.

      Unwin secoue la tête.

      « Papa ? »

      Oh putain…

      Une mignonne petite bouche ouverte en signe d’interrogation. Une adorable voix innocente.

      Pour une obscure raison, le capitaine des Gun’s reste là à observer la gamine de dix ans qui le prend pour son père. Il y a quelque chose d’assez hypnotisant dans cet être rose. Certains auraient qualifié ça de choupi-kawai ; Unwin la considère comme un objet non identifié – et peut-être non identifiable.

      Un large sourire fendit le visage enfantin de la fillette.

      « Je suis sûre que t’es mon papa ! »

      Une grimace douteuse déforme le visage de l’homme.

      « Putain de merde… »
      « T’as dis des gros mots ! C’est pas bien tu sais. Les gros mots c’est mal, faut pas en dire. Mais c’est pas parce qu’ils sont gros. Les gros aussi ils sont gentils, faut pas être méchant avec eux. Avec les maigres non plus, mais ça veut pas dire que les gros ils ont le droit de dire des gros mots et… »
      « D’où tu sors, gamine ? »
      « De la maison là. Je me suis cognée la tête et je me suis endormie. Mais quand je me suis réveillée, j’étais toute seule et je retrouvais pas mon papa. Mais c’est toi mon papa, hein ? »

      Comment une gamine pareille pouvait le prendre lui, Unwin Vail, capitaine pirate, homme sans moral, pour son père ? La situation était tellement improbable que notre pauvre protagoniste arrivait à peine à laisser son cerveau réfléchir correctement. Faut dire, il avait toujours eu du mal avec les choses irrationnelles. Alors forcément, en face de cette gamine illuminée – et sans doute illuminante – il était un peu perturbé. Vous imaginez un peu ? Unwin troublé par une enfant !

      Se contraignant à se reprendre, le pirate dévisagea une nouvelle fois la gamine qui était repartie dans un savant débat sur le fait que dormir dans les maisons c’était mal, que les plafonds qui tombaient sur la tête c’était mal et que les poneys c’était mignon. Les transitions et la logique dans tout ça, fallait pas trop chercher…

      « Ta gueule. Je suis pas ton père. »

      La vulgarité et la phrase assenée sans la moindre émotion firent taire l’enfant en une seconde. Elle regarda Vail puis, sans prévenir, ses grands yeux roses se mirent à briller de larmes et elle commença à pleurer au milieu de la rue.

      « Mais il est où mon papa ? Je veux pas être toute seule. Il fait froid dans la maison moche et puis c’est pas beau et je suis toute seule. Monsieur, je veux mon papa ! »

      Putain… Les mômes… Ils avaient pas idée d’être aussi chiant. La pleurnicharde comptait réellement séduire Unwin avec ses yeux de cocker ? Elle avait de l’espoir, tiens ! Comme si les Gun’s allaient se trimballer une mioche. De quoi auraient-ils l’air ?

      Ah ! Ah ! Nous sommes les vilains Gun’s, on va tous vous faire la peau. Hein, le truc rose là ? Non, c’est rien, c’est… la mascotte…

      Non, vraiment, c’était juste pas crédible. Et puis une gamine n’avait rien à faire sur un bateau pirate. Encore si elle avait la moindre utili…

      Oh merde.

      Amis des idées foireuses, je vous présente Unwin Vail en pleine réflexion. Notre ami le pirate voit une idée germer dans son petit crâne de sniper. Et quelle idée ! En fronçant les sourcils, le capitaine des Gun’s se baissa pour se mettre à peu près au niveau de la gosse. Là, d’un geste maladroit, il lui tapota la tête pour la calmer. Oui, oui, Unwin vient bien de tenter de consoler une adorable enfant. Le monde à l’envers, hein ?

      « Comment tu t’appelles ? »
      La petite renifla, essuya ses larmes et répondit :
      « Ailis. »
      « Moi c’est Unwin. »
      « C’est un joli nom ! » Chagrin oublié, la petite lança un sourire radieux au pirate. Ce dernier se contenta de la regarder comme si elle était un extraterrestre – ce qui, en soit, n’était pas exclu.
      « J’pense pas que ton papa soit dans le coin. Et te remets pas à chialer, putain ! »
      « Pardon ! »
      « Personne te cherchait dans le port. Mais j’ai une idée. »
      « J’adore les idées ! Une fois, j’ai cueilli toutes les roses du jardin pour les mettre dans la soupe ! Mais à la maison, ils ont pas trouvé ça bon… C’est bizarre. Mais tu sais quoi, c’est encore plus bizarre que je sais pas où elle est ma maison en fait. »
      « De quoi tu te souviens encore ? »
      « Euh… bah quand j’étais encore presque un bébé, y’a une chenille qui m’a attaquée ! Et ça a fait mal ! Du coup j’ai couru partout en pleurant. Et puis une autre fois, je suis tombée par terre et c’était plein de pluie dans le jardin, alors ma robe elle est devenue toute verte, et c’est moche le vert. Et puis je me souviens aussi que… »
      « C’est bon, c’est bon ! »
      « C’est quoi qui est bon ? Le vert ? Mais ça se mange pas ! Je crois… Quelqu’un m’a dit ça un jour. Mais je sais plus qui. Tu sais qui c’est ma maman ? Je me souviens pas. »
      « T’as oublié ta famille ? »
      « Euh… Je crois. Dis, c’était quoi ton idée ? »
      « J’ai un bateau dans le port. Tu veux venir avec moi ? »
      « Pour de vrai ? Un bateau avec des voiles et un drapeau ? »
      « Evidemment… »
      « Et y’a des canons aussi ? »
      « Oui. »
      « C’est pas bien ! »

      Etrangement, Unwin commençait à perdre patience.

      « Bon écoute, on va pas y passer la putain de journée ! Je t’embarque à une seule condition. »
      « Laquelle ? »
      « Quand je te demanderais de faire des choses, tu m’obéiras sans poser de question. »
      « Comme un travail ? »
      « Comme un travail. »
      « Trop cool ! »

      C’est naïf un enfant. Ou alors c’était juste Ailis qui était plus fondue que la moyenne. Peut-être les deux… En tout cas, Unwin venait de récupérer une informatrice de premier choix. Qui irait imaginer que cette enfant accompagnait des pirates ? Elle serait plus qu’efficace à l’avenir lorsqu’il s’agirait de tâter un terrain avant d’y mettre les pieds. Ca faisait de la bonne main d’œuvre pratique pas emmerdante. Enfin, pas trop… Plus il regardait cette gamine, plus Unwin avait l’impression qu’il n’était pas au bout de ses peines avec elle. Mais, étrangement, il n’arrivait pas à s’imaginer l’abandonner sur place. Elle avait vraiment quelque chose d’attractif. Après, restait à voir si ce serait une bonne ou une mauvaise chose. En tout cas, son amnésie partielle faisait bien la veine d’Unwin.

      « Unwin ? »
      « Quoi, bordel ? »
      « Les voiles de ton bateau, elles sont roses ? »
        Soleil rayonnant. C'était les mots parfaits pour décrire le temps de cette magnifique journée. Une journée ensoleillée par le soleil « Wahou... Quelle surprise... ». Donc les rues de l'île de Maze Town baignaient sous les rayons du soleil. « Tu te répètes. ». Les habitants de la ville vaquèrent à leurs différentes occupations allant de leur travail, à une simple promenade en ville.

        Lilly Mochizuki se fondait dans la foule en tentant avec difficulté de se frayer un chemin tout en cherchant un bar fréquentait par des pirates. Oui, elle n'avait pas abandonné son idée de devenir pirate malgré les nombreux refus qu'elle reçut de la part de différents bandits des mers qui ne voyaient en elle aucune utilité. « En même temps une médiatrice chez les pirates... Quelle idiote de ne pas avoir appris la cuisine !». « Ne critique pas notre héroïne ! ». Je disais donc qu'elle reçut de nombreux refus : d'une part,car une médiatrice n'était pas très utile dans un équipage pirate et d'autre part, elle n'avait ni le physique, ni les armes nécessaires pour se défendre et commettre d'horribles meurtres sur les océans. Mais le plus souvent, son sexe l'empêchait d'être enroulée. En résumé, elle n'avait pas les qualités requises pour être pirate. « Ni le sexe. ». Mais, l'adolescente n'abandonna pas et décida de lutter contre ses défauts en faisant preuve d'ingéniosité. Tout d'abord, elle vola différents accessoires aux pirates qu'elle rencontrait et qu'elle n'appréciait pas à cause de leur violence en faisant preuve de sournoiserie et de charme à leur égard : chapeau, bandeau, haut, pantalon usée, mallette, colt, pistolet vide, tout ceci, elle le réunit en quelques jours pour préparer son costume. Oui, Lilly Mochizuki avait décidé de se transformer en homme à l'aide de ce déguisement et se rebaptisa Lars Mochizuki, jeune pirate prêt à se rendre dans le nouveau monde pour retrouver sa soeur qui a disparu durant son dernier voyage. Mensonge bien sûr mais, cela rendait Lars plus crédible. « Crédible ? Mais qui goberait une histoire pareille ? ! Elle ne trompera personne avec ce déguisement ! » « Si... L'équipage des Gun. »

        Ainsi, à l'aurore, elle changea sa robe qu'elle chérissait tant par une tenue de pirate. Mais avant cela, elle dû modifier son physique de jeune fille. Lilly banda sa poitrine à l'aide de pansement, l'aplatissant au maximum pour ne pas être trahit par ses seins et elle mit environ dix minutes à cacher sa longue chevelure sous son chapeau. « Elle n'est vraiment pas douée...» « Arrête de m'interrompre ! ». Ce n'est qu'ensuite qu'elle mit un bandeau masquant son œil droit, son haut blanc tâché à plusieurs endroits, son pantalon qui était l'habile le moins abîmé qu'elle possédait, le colt et son pistolet déchargée au niveau de la ceinture, son poignard qu'elle cacha dans l'une de ses poches et mis sa robe dans sa mallette pour ne pas s'en séparer et la voilà devenue Lars Mochizuki. « En fin de compte... Son déguisement est réussi » « C'est normal, puisque c'est Lilly qui l'a créé ! » « Fayot... »

        Ainsi vêtu, la médiatrice des océans traversait les rues de Maze Town et cette fois-ci, au lieu d'attirer les regards grâce à sa beauté et sa robe pouvant être aperçut de loin, elle faisait désormais fuir les gens à cause de son costume, plus précisément sa fausse arme qu'elle ne cachait pas et de son bandana qui laissait entendre que Lars avait perdu un oeil. Et de son oeil valide, elle tentait plus au moins de lancer un regard menaçant. « C'était plus amusant à voir qu'autres choses... ». Son costume était une réussite.

        Lars avait enfin réussi à trouver l'endroit qu'il cherchait. Une taverne lugubre et discrète pouvant abriter les pirates tout en leur servant de l'alcool. L'endroit parfait pour la jeune femme désormais devenu un jeune homme qui cherchait un capitaine pirate prêt à l'embarquer. Elle entra donc dans l'établissement et choisit une table de façon à être face à la porte d'entrée afin de voir les personnes qui pénètrent et sortent de l'établissement. « C'est pas discret. » « Je te rappelle que ce n'est pas le but recherché»

        Un serveur, ayant un peu prêt le même âge que la médiatrice des océans vint prendre la commande de cette dernière avec une politesse qu'elle appréciait grandement. Généralement, les serveurs la traitaient avec moins de respect, ce qui la surpris. * Cela doit sans doute être mon déguisement qui fait cet effet... * pensa-t-elle.

        « Puis-je prendre votre commande mademoiselle ? »

        « Oui... » dit-elle d'une voix très féministe ! Comprenant son erreur, elle se rattrapa rapidement en simulant une toux et parla d'une voix plus grave et avec moins de politesse. « Donc, je disais que je voudrai un verre de rhum et rapidement ! » répondit-elle au serveur.

        « A vos ordres monsieur ! Tout de suite monsieur ! »

        « Monsieur ». C'était bizarre pour Lilly d'être appelée ainsi mais, elle allait devoir s'y habituer durant les prochains jours et en ria dans sa tête. Malheureusement, elle avait commandé une boisson qu'elle n'aimait pas mais, elle ne pouvait pas s'offrir le vin qu'elle appréciait. Elle s'était ruiné en payant de nombreux verre aux pirates qu'elle avait volés. C'est pour cela qu'elle devait rapidement retrouver un équipage pirate, sinon, elle connaîtrait la misère et vivrait dans la rue. « Chochote! »

        Lars buvait son verre avec une extrême lenteur en attendant la bonne personne : celle qui accepterait qu'il fasse partie de son équipage et qu'il devra tromper durant les mois à venir sur sa réelle identité. Ce n'était qu'une question de temps, l'adolescente sentait qu'elle devait seulement attendre.

        « C'est ainsi que s'achève le premier chapitre de cette histoire, de sa rencontre avec Unwin, capitaine des Gun. Mais, il faut que je me présente, je suis le côté positif de Lilly, l'incarnation de la gentillesse et de la sagesse de cette adolescente. »

        « Quant à moi, je suis le côté négatif de la jeune fille, je représente principalement sa sournoiserie.»

        « En faites, nous sommes le petit ange et le petit diable habitant sur les épaules de Lilly Mochizuki et nous représentons tout deux sa conscience. »

      |
          Le bar était bondé. Derrière le comptoir sinistre, le propriétaire des lieux essuyait mécaniquement d’imposantes choppes de bières. Ses yeux sombres allaient d’un bout à l’autre de la salle, défiant le moindre client de mettre à sac son établissement ou de tenter de partir sans payer. Avant qu’il ne parte, Hana avait mis en garde Unwin contre le barman : l’homme était aussi dangereux qu’il en avait l’air. Ce n’était pas le genre d’information qui pourrait dissuader notre pirate, mais aujourd’hui, l’ordre du jour était ‘pas de grabuge’. Il n’allait pas désobéir à ses propres instructions…

          « Qu’est-ce que je vous sers ? »

          S’arrachant à sa ‘contemplation’ de la salle, Unwin releva la tête vers la jeune serveuse qui venait de l’interpeller. Une quinzaine d’année au plus, elle fixait le pirate de ses yeux sombres, ignorant les clients qui l’interpellaient de manière grossière. Visiblement, elle n’avait rien à envier à l’assurance de son employeur. Mais tout ça, Unwin n’en avait rien à carrer.

          « Une bouteille de rhum et un… un lait fraise pour la gamine. »

          Si la présence de l’enfant était surprenante en ces lieux, la serveuse ne fit aucune remarque et tourna les talons, sa longue natte se balançant dans son dos et évitant les mains baladeuses qui se tendaient sur son passage. Un homme tenta d’entamer la conversation avec Unwin en faisant une remarque grivoise sur l’adolescente, mais Vail l’ignora et reporta son attention sur Ailis assise à côté de lui. Il ne put réprimer un soupire en voyant la fillette contempler les autres clients avec étonnement. Quelle idée d’embarquer une enfant dans ce genre d’endroit ! Mais Unwin n’avait pas eu tellement le choix. Pour se planquer en attendant de pouvoir récupérer le Joe, c’était l’idéal. Qui plus est, il ne doutait pas de trouver quelques nouvelles recrues dans le coin. Si tous n’étaient pas pirates, aucun doute que les hommes présents avaient un bon bagage dans le domaine de la criminalité.

          « Unwin, on fait quoi ici ? »
          « On attend. »
          « On attend quoi ? »
          « Mon bateau ? »
          « Il va arriver ici ? »
          « Non. »
          « Alors pourquoi on attend ici ? »

          Cette gamine le tuait déjà… Et puis de quoi avait-il l’air avec cette mascotte ambulante à sa table ? Il avait l’air de tout sauf d’un homme qui venait d’orchestrer la destruction d’un QG de la marine. A nouveau, Unwin soupira en expliquant rapidement la situation à Ailis. Celle-ci s’apprêtait d’ailleurs à poser de nouvelles questions lorsque le barman arriva à leur table, offrant un salut inespéré à Vail. Sans la moindre amabilité, il posa les commandes sur la table et Ailis attrapa son verre avec avidité. C’était rose, alors forcément, c’était bon !

          « T’es Unwin Vail, non ? »

          Avec surprise, le susnommé dévisagea le barman. Il ne pensait pas être reconnu aussi aisément sans sa barbe et ses cheveux longs.

          « Pourquoi ? »
          « J’ai entendu parler d’vos exploits à toi et tes hommes. L’QG. »
          « Ouais, et ? »
          « Tu r’crutes ? »
          « Ca dépend. »
          « T’vois la nana, là-bas ? »
          « La serveuse ? »
          « Ouais. Ellana. Elle a rien à foutre ici. »
          « Pas mon problème. Je prends pas de gonzesse à bord. »
          « Et ça ? » Il désigna Ailis qui louchait l'intérieur de son verre, sans se préoccuper des deux hommes.
          « C’est même pas la moitié d’une putain de nana. »

          Un instant, le barman songea à répliquer, mais le ton de Vail n’inspirait guère à la négociation et il abandonna, se contentant de recevoir l’argent des consommations. Toutefois, avant de retourner à son bar, il lâcha un avertissement rapide au pirate : c’était pas parce qu’Unwin avait 37 millions sur la gueule qu’il se la ferait pas casser s’il foutait le bordel ici. Vail accueillit la menace avec un rictus mais ne répondit rien. C’était pas dans ses projets, il l’avait dit. Il se contenta donc d’ouvrir sa bouteille et de boire en silence.