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Bisbille chez les Sea Wolfs

Sur le pont du Fenrir Red vient de tomber sa veste et son chapeau. Comme à son habitude sur le bateau il est déjà pieds nus. Maintenant simplement vêtu de son pantalon il sautille un peu, fais quelques exercices d’assouplissement, d’abord la pointe des pieds, puis le bassin, les épaules, la nuque, tout ce qu’on peut tordre quoi… Une fois chaud il met quelques coups de poings dans le vide devant lui histoire de se mettre en condition, puis travaille un peu son jeu de jambes…

Et comme on finit par se douter qu’il joue la montre, il se décide à avancer dans le ring rudimentaire que forme maintenant le pont du Fenrir. La ou l’attendent le sourire méchant et les trois quintaux de muscle du capitaine Toji….


(…)

Tout à commencé une heure plus tôt. C’est court une heure quand on se prépare à se battre avec un type comme Toji. Beaucoup trop court…
Sur le pont tout se passait bien, la routine habituelle par temps calme et sans rien de méchant en vue, manœuvre, nettoyage, peinture du pont. Red de son coté avait fini de s’occuper de ses patients et stagnait tranquillement sur le gaillard avant, chaise longue, chapeau sur les yeux et un bouquin trouvé dans une caisse à la main. Une paix royale en somme…

Une paix qui ne dure même pas le temps d’un chapitre, brusquement bousillée par un horrible hurlement, un cri féroce, le cri terrifiant d’une bête blessé, un beuglement suffisamment puissant pour que même les mouettes qui tournent autour du bateau décident subitement d’aller chercher à manger plus loin, beaucoup plus loin…

-PUTAIN DE SALOPERIE DE PINGOUIN-NINJA DE MES TROIS COUILLES !

Le capitaine jaillit de sa cabine tellement vite qu’il manque de peu de traverser la porte, son subconscient se souvenant probablement des vagues protestations de la charpentière du bord quand à la réparation de la dite porte il se contente de l’envoyer claquer bruyamment contre la paroi tout en déboulant sur le pont. Bave aux lèvres, regard injecté de sang, mains se crispant convulsivement à la recherche d’un cou à serrer… Sur le pont les soldats réagissent avec l’adresse née d’une longue habitude. Comme un seul homme tout le monde tourne la tête et trouve ostensiblement quelque chose à faire.

-PAR TOUS LES ENFER D’IMPEL DOWN, CETTE FOIS CI J'CREVE CE PIAF.
PERSONNE NE M'VOLE UN CIGARE SANS L'PAYER !


Cette fois ci l’affaire est grave. Depuis l’épisode du pingouin sur le pont d’il y a quelques jours c’est la guerre froide entre le volatile ninja et l’homme poisson. Au mieux une indifférence polie ou chaque geste est pesé, évalué, et ou le moindre impair peut virer au bain de sang sans compromission.
Une situation jusqu’ici tendue mais vaguement sous contrôle qui menace subitement d’exploser avec cette soudaine escalade du conflit.
Car s’attaquer aux cigares du capitaine est un acte lourd de conséquence, une attaque de son territoire privé, une déclaration de guerre ouverte et brutale…

Cette fois ci, l’affrontement parait inévitable…

-Euh du calme patron, faut pas s’énerver pour un cigare …
-COMMENT ?!
-Vous êtes sur qu’il vous en a pris un ? Parce que normalement, les ninjas ne fument pas …
-COMMENT ?
-Et que vous en avez un dans la bouche, alors je me disais que…
-QUE QUOI ?
-Ben que peut être c’est celui qu’il vous manque ? En comptant vite tout ça...

Toji se calme graduellement, apportant la main au cigare vissé au coin de la bouche il l’attrape et le contemple plusieurs interminables secondes, puis le recolle à sa place…
-Tu veux pas que j'bute ce pingouin... C’est bien ce que t'essayes de m'dire mon gars ?
-Ben ouais, Il est sympa quand même…Quand on le connait un peu…

Et voila comment on se retrouve dans la merde. Médiateur, c’est vraiment un boulot de con…

(…)


-Bon, alors on est d’accord, si je tiens plus de trente secondes, on garde le pingouin ?
-Ouais !
-On le garde vivant ? Dans l’équipage ?
-Humph... c'est ça!
-Alors c’est parti !

Red se passe la main dans les cheveux et fait signe à un des Sea Wolf à coté. Celui qui va jouer la montre.

-Compte bien chaque instant mec, ma meilleure victoire sur le ring c’est quarante sept secondes. On va voir si j’améliore le score…


Règle de base dans un combat, section psychologie, toujours partir confiant...

    C’est l’histoire d’un mec qui avait fait un bon lot de conneries dans sa vie. Parmi toutes ces conneries, y en avait une plus grosse que les autres. Grosse par la sérieuse amputation d’espérance vitale qui en découlait. Cette erreur n’avait pas été d’être au mauvais endroit au mauvais moment, ni même de se mêler de choses qui ne le regardaient pas. Encore moins de vouloir défendre un être cher. Non non... même pas de se croire malin... mais tout simplement de l’être. Règle de base parmi les Sea Wolfs : "Quand tu peux t’abstenir de mettre sous l’pif de Toji ses erreurs, fais-le."



    Une heure plus tôt, sur le pont du Fenrir.

    PUTAIN DE SALOPERIE DE PINGOUIN-NINJA DE MES TROIS COUILLES !


    Si y a bien un truc que j’supporte pas, c’est les sales petits ingrats qui vous plante un poignard dans l’dos. V’là pas une semaine que nous avons récolté contre toute logique cette espèce d’erreur de la nature de pingouin à la manque, et l’voilà qui ose me voler un d’mes précieux cigare ! La chaire de ma chaire, mon sang ! Raaaaah !

    J’étais peinard dans ma cabine, feuilletant les divers documents de la marine à propos de notre prochaine destination, récoltant informations utiles et ourdissant d’éventuelles stratégies. Verre de rhum Excellence dans une main, cigare SW aux lèvres, j’me laissais bercer par le ressac peinard. Voilà que j’pose mon cigare à moitié consumé dans l’cendard, histoire de... Mais j’ai pas détourné le regard cinq minutes que quand j’repose les yeux d’ssus, je n’y trouve plus qu’un petit tas de cendre et plus la moindre trace de mon précieux ! Pute Borgne que j’me dis d’abord, et puis mes yeux se posent sur ce foutu ninja pingouin qui bizarrement traîne dans l’coin. Hasard ? Conn’rie ouais ! J’peux vous jurer avoir vu dans ses p’tits yeux d’fouine la culpabilité ! J’ai un don pour ça ! Cette sale bête suant comme pas deux, pouvez m’croire qu’elle avait pas la conscience tranquille ! Du coup nous voilà dehors, près à s’faire justice... et une paire de moufle en peau de pingouin pour la prochaine île hivernale.


    Mais voilà, m’sieur Red s’est décidé grand défenseur du palmipède, pour qui il a visiblement un faible depuis l’début. C’est là que j’vois qu’il est nouveau ici : il ose se mettre su ma route. Courageux ou inconscient ? Bah dans tous les cas il finira bien par arriver dans la deuxième catégorie s’il ne l’est pas déjà.

    -Euh du calme patron, faut pas s’énerver pour un cigare … (première erreur)
    -COMMENT ?!
    -Vous êtes sur qu’il vous en a pris un ? Parce que normalement, les ninjas ne fument pas …
    -COMMENT ?
    -Et que vous en avez un dans la bouche, alors je me disais que…
    -QUE QUOI ?
    -Ben que peut être c’est celui qu’il vous manque ? En comptant vite tout ça... (deuxième erreur)

    Mes yeux se posent avec méfiance sur le bout d’cigare que je découvre à mes lèvres, bien logé comme s’il était à la maison. A moitié consumé, portant le même numéro de série que le cigare porté disparu, pendu à ma trogne... Putain, c’est pas parc’qu’il cumule trois coïncidences qu’il faut m’prendre pour un abruti non plus ! N’allez pas m’dire que j’me suis planté j’ai horreur de ça ! Le pingouin est seul fautif, il doit payer. Quoique seul fautif soit pas tout à fait exact... C’est Red qu’il l’a invité à bord... c’est donc de Red que tout a démarré. Red est l’alpha de cette histoire, laissez moi être l’Oméga.

    Alors comme mon lieutenant est un malin de chez Rusé and Co., il sait qu’il va pas pouvoir s’en tirer sans accroc, du coup il prend les devants. Il fixe ainsi ses conditions, que j’accepte sans vraiment faire attention. Mon cerveau est resté verrouillé sur « combat ». Le pire c’est que l’gary veut jouer ça à mains nues ! Putain pour être couillus ils sont couillus ces anciens des CP... un peu cons aussi faut avouer. Si t’y tiens mon gars, j’vais m’faire un plaisir de t’attendrir. Manquerait plus que j’ai un pseudo paladin au cœur pur dans mon équipage ça s’rait l’pompon.



    Une heure plus tard nous voilà tous deux sur le pont dégagé, prêts pour un duel d’honneur à défaut d’un duel de justice. Tel que j’le vois Red est chaud, assouplis par sa préparation, en pleine condition physique... Pour ma part, j’me suis contenté d’enlever ma chemise et d’me faire bruyamment craquer la nuque. Un avant goût de ce qui l’attend s’il se montre en deçà de ses prétentions. Finissons en vite avant que l’pingouin se sauve à la flotte. Trente secondes pour lui foutre une tanne... genre il espère tenir plus ! Putains de prétentieux... j’les supporte pas ces gars-là.

    D’un signe de tête je fais signe au matelot de lancer le chronomètre, offrant alors à Red les secondes les plus longues de sa vie. Ou les plus courtes faut voir. Je m’élance alors à grands pas vers mon subordonné, marchant d’un air décidé et le regard noir, sans la moindre trace d’hésitation ou de doute. Manquerait plus que j’le laisse jouer la montre... En tout cas il a intérêt à réagir vite fait s’il ne veut pas que j’lui tombe trop vite dessus. Mes bras ne sont même pas en garde, soulignant ma confiance sans limite. Plus que quelques mètres et nous serons à portée de frappe. Trois mètres... Deux mètres... Un...
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    Règles d’affrontement quand on combat contre un type plus gros, plus fort, et potentiellement plus rapide. Seul solution rester mobile, éviter les contacts prolongés, frapper et se remettre hors de portée immédiatement. Éviter de s’exposer en visant les points sensibles, se contenter de frapper au moins dangereux pour minimiser les risques de riposte…

    -YA TAH !


    …Deux secondes …
    Red regarde diminuer la distance entre Toji et lui, puis quand il ne reste que la longueur d’un bras entre eux deux il se décide à bouger. Flexion des genoux et direct rapide dans le foie, la même sensation que de frapper dans un mur, sauf que Red a déjà cassé des murs à la main et qu’ici Toji n’a même pas l’air de ressentir le coup.
    Ne pas s’exposer, rester mobile…
    D’une rapide roulade avant Red passe derrière Toji et lui colle une manchette derrière le genou en se redressant, escomptant le déséquilibrer et gagner le temps de quelques frappes supplémentaires sur la nuque et les cotes flottantes.
    Mais Toji a des réflexes de serpent et se tourne plus vite que Red ne se redresse. Avant que celui ci ait le temps de frapper Toji déplie son bras comme un fouet. Red pare des deux avants bras, juste à temps pour éviter que la baffe de Toji ne lui arrache la tête.
    …Trois secondes…
    Le choc le fait décoller et l’envoie s’éclater contre le mat. Un type normal serait cassé en deux mais l’agent Red est un gros dur. Et ce qui lui fait le plus mal ce n’est pas le mat, c’est ce que vient de lui apprendre cette frappe via le Teawase, le jeu des six formes. Le nombre précis des dorikis de Toji. Un nombre vachement plus gros que ces évaluations les plus pessimistes.

    **5970 dorikis ! Cette fois ci je vais mourir… Je suis déjà mort… Quel con !**

    … Cinq secondes…

    Faisant une croix sur la douleur qui émane de ses avants bras Red repart à l’assaut, mais Toji l’attend, et son coup de poing disparait dans la paume de l’homme poisson qui lui tord immédiatement le bras. Impossible de se dégager, Red n’essaye même pas, et suivant le mouvement pour ne pas se faire arracher le bras il saute et balance un superbe coup de pied sauté sur le coté de la tête de Toji. Coup de pied que Toji saisit de se deuxième main aussi négligemment que s’il n’était pas en train de se battre. Ne reste à Red qu’un seul pied, et poursuivant tant bien que mal sa rotation il l’abat immédiatement sur le crane de Toji…
    Avec le même effet que sa première frappe…. Ah si Toji a cligné des yeux…

    …Sept secondes…
    Projection rotative de Toji et retour en vol plané sur le mat pour l’agent Red… Mais cette fois ci ça sent l’épaule démise…


    Dernière édition par Red le Dim 13 Nov 2011 - 22:00, édité 1 fois

      Ouuuuuuh... putain non c’est bon ! Pour un peu j’ai cru que j’allais péter le mât. Au lieu de ça la grande structure vibre de toutes ses fibres, répandant l’onde de choc jusqu’à sa pointe pour ainsi agiter frénétiquement la pauvre vigie qui s’y trouve. Mon souci, c’est que contrairement à d’habitude je me bats à domicile, et que j’suis loin d’être assez énervé pour ne pas réfléchir aux dommages collatéraux. Hors de question de ralentir notre traversée à grand coup de réparations navales, alors me voilà obligé de sceller une partie de ma puissance. Pas de coups amples, pas de techniques dévastatrices, juste les bases de mon propre karaté. J’me sens un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine... avec une grenade dégoupillée dans chaque patte.

      ...10 secondes...
      Red se relève juste à temps pour esquiver un virulent coup de pied dans la gorge. La fraction de seconde plus tard je rabats violemment ma jambe levée sur son épaule déjà blessée. Doué de bon réflexes, Red aura la sagesse de se jeter en l’air au moment de l’impact, lui faisant alors faire une série de soleils plutôt que d’encaisser l’impact au sol. Mobile le bougre... tiens v’là pour ta poire dans c’cas ! Profitant alors de son manque d’appui au sol, je le gratifie d’un bon coup de poing dans le sternum, juste assez retenu pour ne pas lui briser toute la cage thoracique.

      ...12 secondes...
      Alors que j’me re-jetais sur lui, assuré de le retrouver à moitié comateux, le voilà qui jailli comme un diable sous mon nez, profitant d’une riposte réflexe de ma part pour se glisser sous mon aisselle et m’envoyer son genoux directement dans le coin de l’aine. Humph ! Tous les nerfs qui passent dans cette zone se contractent avec peine, me figeant la jambe dans un grognement désapprobateur. Blam ! La manchette dans le cou qui suit rebondira contre la masse de mon trapèze, sans beaucoup d’autre effet qu’un retroussement de babine et un plissement des yeux. Il tape fort le bougre... Ce gars devait être une sacrée terreur dans les blues... vif, précis et puissant. Mais pas assez face à moi hélas. C’est là que j’me rends compte de tous les progrès que j’ai moi-même fais depuis mon affiliation à East Blue... Il est loin le petit têtard pleurnichard de MarieJoa huhuhu.

      ...13 secondes...
      Tandis que mon subordonné repose ces pieds au sol une fraction de seconde -le temps de donner l’impulsion nécessaire à un replis aussi prudent que rapide- ma main gauche se charge de petites étincelles alors que mes cellules électro-productrices se mettent en branle. Ma paume s’abat ensuite sur lui, essayant de l’étreindre dans une poigne qui pourrait se révélée fatale. Pas fou, Red joue son va-tout en se précipitant d’une superbe esquive dans l’autre sens... droit dans mon genou droit qui n’attendait que ça. Vlam !

      ...15 secondes...
      Héhéhé
      j’suis taraudé entre l’envie d’en finir vite pour aller plumer l’autre piaf, ou bien le plaisir de jongler avec mon subordonné, testant à chaque mouvement ses réflexes et sa stratégie. Connaitre les limites de ces hommes, savoir jusqu'où ils sont capables d'aller afin d'exploiter au mieux leurs capacités en mission : le devoir de tout commandant soucieux de ses résultats. Contrairement aux apparences, il s’en sort plutôt bien pour le moment. Bon il est en vie quoi... et toujours plus ou moins d’attaque huhuhu.
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      … Seize secondes…
      Red n’est toujours pas mort, mais les zones qui clignotent en rouge sur son moniteur personnel ne cessent d’augmenter. D’un choc sur le mat il a remis son épaule en place, mais les baffes suivantes de Toji ont fait du dégât. Il a encore du mal à respirer correctement et la jambe qui a amorti le coup de genou ne lui servira plus à taper cette semaine, ou alors juste sur des trucs très mous…Et malgré ça le capitaine a l’air de retenir ses coups…

      Tenter des prises sur ce monstre serait une aberration, il faut essayer de le ralentir un peu…
      En avant Red, de l’audace toujours de l’audace…

      Red retourne à l’attaque, prudemment, trainant sa patte blessée de façon un poil plus handicapante qu’elle ne l’est vraiment. Toji a montré que sa capacité à anticiper et riposter était fulgurante, y’a peut être moyen de s’en servir…

      … Dix neuf secondes…
      Red feint une attaque basse, évite de justesse les battoirs de Toji qui aurait paré le coup et lui aurait probablement éclaté la tête dans la foulée s’il avait continué le mouvement. En reculant d’un bond il pivote sur sa jambe blessé pour coller de toute sa puissance un coup de pied circulaire sur le flanc de Toji. Coup qui ne fait que s’écraser sur le tibia que le capitaine vient de lever pour se protéger. Ça fait un bruit sourd, et ce n’es pas Toji qui a mal. Pas assez rapide Red… Et de loin…

      …Ving et une secondes…
      Red sautille à l’écart, il esquive un coup de poing et se prend immédiatement une mandale venue d’ailleurs qui l’envoie rouler au sol avec une oreille qui n’entend plus que des sifflements perçants. Il se relève aussitôt mais le bateau tangue bizarrement d’un seul coup…

      …Ving trois secondes…

      Red refait la même qu’au premier assaut, et comme prévu Toji anticipe. Il ne suit pas la première feinte et se prépare à parer le coup de pied avec le bras plutôt que le tibia. Histoire de ménager de l’espace pour un coup de pied de riposte…
      Mais Red ne donne pas de coup de pieds, a la place il frappe des deux poings sur le coude que Toji a découvert pour la parade. Une frappe ciblée droit sur le nerf moteur…Sur un type normal ça fait horriblement mal et interdit de bouger pendant quelques heures … Sur Toji ? Peut être une légère gène ? Avec du bol évidement.
      Mais Red n’a de toute façon pas le temps d’évaluer les dégâts, son attaque à outrance à volontairement éludé la contre attaque de Toji pour pouvoir passer et il se mange illico un coup de pied dans l’épaule qui l’envoie une nouvelle fois voler à travers le bateau…

      … Vingt quatre secondes…

      Cette fois ci Red a loupé le mat et fait connaissance avec la cloison du gaillard arrière…Il voit trouble, crache du sang et n’arrive plus du tout à bouger le bras qui pend quelque part sous la zone d’impact…

      **Putain… Mais ça fait combien de temps qu’on se bat…. Une heure au moins ….**

      … Vingt cinq secondes….
      Toji n’a pas l’air d’avoir mal du tout c’est l’échec.

      Avec de l’audace on peut tout entreprendre, pas tout réussir…



        ... 25 secondes...
        Tssss...
        Avec une discret rictus de douleur au coin des lèvres, je me rapproche à grand pas de la masse affalée de Red, secouant mon bras endolori afin d’en chasser au plus tôt les innombrables fourmis qui semblent danser la rumba dans mes veines. P’tit malin... j’avais entrevu l’hypothèse d’une feinte, changeant au dernier moment ma parade, pour mieux tomber ainsi dans son piège. Réussir à me couilloner, moi le roi du coup-d’pute, rien que ça jl’aime bien mon gary, fallait oser essayer. Pas d’bol, Dame nature m’a à la bonne et la sélection naturelle fait le reste... J’suis debout et lui non.

        Bon j’sais pas où on en est du chrono, mais ce petit jeu a assez duré, il est grand temps de mettre fin à notre numéro. Après j’vais commencer à m’impatienter et mes coups seront de moins en moins retenus... pas glop quand on est sensé garder le mec d’en face en état. La prochaine île est proche, et on aura peut-être plus que jamais besoin de ses talents. Du coup je décide d’en finir d’un bon coup d’rangers dans les dents, histoire de le mettre dans les choux de façon propre et net. On fait de très belles dents en or de nos jours de toute façon.

        ...27 secondes...
        Mais voilà qu’au moment où j’allais armer mon coup d’tatanne, un petit éclair blanc et noir apparaît sous mes yeux, coupant net mon mouvement sous l’effet de la surprise. Nom d’une baleine rhumatismale, le pingouin-ninja ! Me gratifiant d’un visage déterminé du plus bel effet, le palmipède plisse les yeux derrière son bandeau avant de faire une série de kata muni de ses deux sabres. Après une courte seconde où s’enchaîneront moulinets, pirouettes et kiaï, le pingouin s’immobilisera dans la trop peu célèbre position du pingouin arboricole. Bon sang... cette petite bestiole de rien du tout semble me défier de lui passer sur le corps... Mais le pire c’est que j’en reste figé de stupeur. Non pas que son petit show m’impressionne le moins du monde, ni même ne me paralyse par la surprise... Nan, c’qui me stupéfie littéralement, c’est le courage de ce tas de plumes qui est près à se sacrifier pour éviter que l’homme derrière lui ne mange un gnon de plus. Dire qu’il aurait eu tous le temps de se sauver à la flotte pour tenter sa chance en mer plutôt qu’ici-bas... Rien ne l’en empêchait ; et pourtant il préfère courir à une mort certaine plutôt que d’abandonner un frère d’arme... J’en reste con... Ce pingouin a plus de tripes que bon nombres de marines des blues... ainsi qu’un courage et un sens de la solidarité digne des Sea Wolfs. J’me suis gouré sur son compte. Le pingouin est des nôtres, hors de question qu’on s’en débarrasse à partir d’aujourd’hui...

        ...29 secondes...
        Avec un reniflement qui pourrait autant être interprété comme du mépris que pour une congratulation, je hoche la tête en rebroussant subitement chemin. D’un pas lent j’arpente le pont encombré du Fenrir, passant entre les Sea Wolfs qui commencent à s’attrouper autour de Red et du pingouin pour les féliciter. Y a peu de gens qui sont assez couillus pour m’affronter en connaissance de cause, et encore moins qui peuvent s’en vanter après « coup ».



        Laissant à leur euphorie l’équipage sous l’attention de leur bosco, je me dirige ainsi vers ma cabine, afin de finir la préparation de notre future mission. Juste avant de m’engouffrer dans les volutes obscures de ma cabine, je passerais à proximité du sous officier Karl, appuyant alors négligemment sur le bouton du chronomètre qui continuait à défiler dans ses mains. Sans un mot mais un énigmatique sourire satisfait au visage, je referme sans la regarder la porte derrière moi, laissant la place aux vainqueurs.

        Parmi les plus anciens de l’équipage, Karl me connaît mieux que beaucoup de monde ici, lui permettant de s’amuser pleinement de la petite scène et de mes réactions. Il restera donc quelques secondes à fixer le chronomètre arrêté, sans pour autant chercher s’empêcher de sourire. « 31 secondes » resterons figées pour l’éternité à ce petit objet qui servira depuis lors de porte bonheur à l’équipage... notamment au pingouin qui lui devra la vie quelques semaines plus tard.
        Ensuite, reprenant son ancienne affectation de secouriste, Karl se dirigera sans se presser vers un Red sanguinolent, afin de lui faire profiter des premiers secours et surtout de ses fameuses baumes à la crème de marron. Accroupis à ses côtés, il ne pourra se retenir de lancer un « Félicitation pour ta victoire lieutenant héhéhé. » avant de se mettre au travail. Car non seulement la taquinerie est de rigueur parmi les SW, mais en plus c’est une façon de s’dire qu’on s’aime bien. On est comme ça par chez nous.
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        -Félicitation pour ta victoire lieutenant héhéhé

        Toujours affalé contre son bout de cloison le lieutenant Red esquisse un sourire douloureux…Il n’est pas mort et on lui dit qu’il a gagné. Que demander de plus…. Ah si.

        -Arrgh… médecin… Ou est le médecin ? Trouvez… Trouvez-moi un médecin…
        -Euh, c’est vous le médecin lieutenant…
        -Arrgh merde…Je crois … Je crois que t’as raison… Chier…

        Des mains attrapent délicatement le lieutenant Red et le soulèvent pour l’emmener vers l’infirmerie, au passage quelques hommes viennent le féliciter en rigolant, un autre lui balance le timing affiché par le chronomètre…

        -31 secondes lieutenant, je crois que vous avez amélioré votre meilleur temps…
        -Ouais pas mal, 16 secondes de mieux quand même…
        -Aie… Bandes d’enfoirés… Arrêtez de me faire rire ça fait mal…

        Précédé du pingouin et du Sergent Karl, Red rejoint rapidement ses locaux et son lit. Cette bagarre c’était vraiment une idée à la con mais au final ça ne s’est pas si mal passé. Et puis ça en valait la peine. Le pingouin est sauvé et il sait exactement combien de dorikis a le capitaine Toji. Il faudra lui dire…

        -Sergent ? Pourquoi vous me foutez de la crème de marron partout ? Vous comptez me bouffer ?
        -Enfin lieutenant ! C’est un baume de guérison que je prépare moi même …
        -(Goutant le baume) Ouais pas mauvais. Vous faites le même avec du fromage blanc ?
            Ils étaient tous intenables et après vingt minutes d'efforts vains, elle laissa aux marins qu'elle tentait de redresser le plaisir d'aller acclamer leur nouveau médecin qui était tout sauf sain d'esprit. Et visiblement c'était une qualité à bord du Fenrir. Elle n'avait suivi la scène que depuis loin, mais Rachel avait saisi au moins le plus important. Ils combattaient pour la vie du pingouin. Honorable de la part de Red, juste de la part de Toji. Il était le capitaine après tout. Mais visiblement, le chapeauté ne semblait pas avoir compris que ses décision étaient impénétrables. Et pourtant, ils se préparaient pour un combat de trente secondes. Un si court laps de temps s'annonçait magistral. Et le reste des Loups semblaient également l'avoir compris vu avec quelle indiscipline ils se regroupèrent autour du « ring ». Sa faux sur l'épaule, c'est en soupirant que Rachel, quant à elle tourna les talons, faisant voler sa veste d'officier, et grimpa lentement sur le gaillard arrière. Malgré tout, ce petit temps de pause qu'il lui était accordé du fait des évènements, elle hésitait à le prendre. Campée sur la superstructure, elle se tâtait d'assister au spectacle que le Capitaine et le médecin avaient choisi de donner juste pour les Sea Wolf au complet, au détriment de répondre à l'appel que les vagues exerçaient sur elle. Mais après les premiers vivats, un fin sourire la prit et elle se détourna des flots pour regarder depuis le balcon improvisé les premiers échanges de coups.

            Ce fut instructif. Elle n'avait jamais vu combattre ni le Lieutenant ni même le Capitaine. Certes les retrouver l'un face à l'autre la désespéra un instant, mais elle fut rapidement prise dans la vigueur du combat et les secondes s'écoulaient à une vitesse folle. Elle fut impressionnée par la capacité de Red à ses sortir des très mauvaises passes de Toji et par sa vivacité à ne pas mourir sous les coups violents du Colonel Arashibourei. Ce n'était pas comme s'il frappait de la même manière qu'il aurait cogné contre l'empiaffé, mais c'était tout de même... stimulant. Elle fut totalement et bien malgré elle happée par le combat. Intense et amusant. Amusant... A cette pensée, elle perdit son sourire et elle ne s'occupa plus du combat. Il venait de perdre en un quart de ces secondes si précieuses pour le Lieutenant la totalité de l'intérêt que Rachel lui avait porté jusqu'alors.

            Quand s'était-elle réellement amusée sur un navire? Avec la marine, jamais. Seule les Colonels Kimura et Fenyang avaient réussi à lui arracher quelques sourires. Mais jamais plus. Et en un temps assez conséquent pour en faire pâlir un arbre centenaire. Or, en quelques petites semaines, elle souriait déjà avec cet équipage de Loups de mer. Elle se perdit un instant dans ses pensées, poussant plus loin ses souvenirs et il s'imposa à elle une image nette et pourtant aussi vieille qu'elle. Un navire, un peu plus petit que celui sur lequel elle voguait en ce moment. En son centre, un tout petit groupe de personnes qui chantaient, riaient, buvaient et se charriaient. Et éparpillés tout autour d'un feu miraculeusement allumé au milieu du navire, elle revoyait ces forbans faire la fête dans la boisson et les rires gras, sans se soucier des courants qui les faisaient dévier. Elle se souvint d'une ou deux blagues faîtes à ce sujet au navigateur de l'époque. Ils étaient heureux, tous, festoyant à la lueur des flammes et des étoiles. Et elle l'était elle aussi, assise sur un baril, jouant avec le couteau de son père tandis qu'il hissaient leur pavillon décoré de tibias entrecroisés. Elle s'amusait... Comme en cet instant.

            Elle refit surface lorsque les éclats de voix joyeux fusèrent vers le ciel dans un tonnerre d'applaudissements. Il lui fallut deux nouvelles petites secondes pour se reconnecter au monde réel et aux rires gras. Il ne manquait plus que la boisson pour accompagner la bonne blague des « 31 secondes ». Elle resterait dans les anales celle-ci. Même Rachel en sourit. Surtout en voyant le Capitaine s'en retourner aussi digne qu'il était arrivé. Entre temps, ils avaient officiellement gagné un membre des Sea Wolf et un blessé. Ils méritaient bien son respect. Mais trêve de plaisanterie, tout le monde avait bien ri et elle n'était pas payée à ne rien faire. Et eux non plus. Sea Wolf ou pas -plus ou pas que Sea Wolf pour elle- il fallait faire avancer ce navire. Elle n'allait tout de même pas verser dans le sentimentalisme maintenant!

          -Bon! Le spectacle est fini les louveteaux! Le Fenrir ne va pas y arriver seul sur la prochaine île! Chacun à son poste et que l'on voie les prochaines côtes d'ici la semaine prochaine!
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