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Un mars contre une coque [pv Alheïri S. Fenyang]

Eté 1604.

T'es âgé d'une petite cinquantaine d'année déjà. Tes cheveux résistent encore à l'assaut du temps et ta voix ne s'est pas encore enrayé. Tu peux parler plus d'une demi heure sans que ta gorge ne te crie au feux, et ta barbe reste noir malgré quelques poils se la jouant poivre et sel. En mission depuis deux mois, tu commences à fatiguer de devoir valdinguer d'îles en îles pour amasser quelques rares informations utiles. Aujourd'hui, tu te trouves à Suna Land.

Il y a de ces îles où avoir les poches vides, les habits déchirés et le visage égratigné par la faim, ça fait partie du décor. Le problème est que Suna Land ne fait pas partie de ces endroits. Ici, tu fais encore tache. C'est un peu comme si un loup sauvage se trouvait au milieu d'une garderie. Tous les habitants de l'île sont soit en maillot de bains de luxe soit en costumes de soirée. La seule chose qu'ils fument, ce sont des cigares à 1 000 berrys. Habillé de ton manteau dont tu ne te sépares pas et d'un jean sur lequel des trous se comptent par dizaine, tu tentes, tant bien que mal de trouver un moyen de t'enfuir.

Vous étiez 30 au départ. Ton ancien boss, aussi bête que la moyenne des chefs de la révolution a cru que vous pourriez facilement vous servir de cet endroit pour vous reposer. 30 révolutionnaires, aussi discrets qu'un éléphant chez un vendeur de porcelaine, ça ne passe pas inaperçu. Alors quand hier matin tu es partis prendre ta douche et qu'à ton retour ils avaient tous disparus, laissant les appartements loués sans dessus dessous, tu avais compris. Ils s'étaient faits prendre par la Marine. Comme d'habitude dans ces moments là, tu ne t'es pas trop posé de questions. Tu as couru te mettre à l’abri et dépensé tes dernières pièces pour t'acheter un repas. T'as hésité un moment à partir les sortir de leur cachot, puis tu t'es dit qu'ils n'en valaient vraiment pas la peine. Tu n'as finis qu'une seule fois au trou, et tu n'y retournerais pour rien au monde. Tu t'es même promis de te tirer une balle plutôt que d'y retourner.

Depuis, tu vadrouilles sur l'île, à la recherche d'une idée pour réussir à disparaître. Tu traînes ta carcasses sur le port en tentant d'être discret au milieu de tous les badauds. T'as repéré un bateau qui ferait l'affaire. Un navire plutôt petit, tu n'auras pas de mal à l'utiliser seul. T'attends maintenant que ses occupants se décident à bouger leur derrière sur l'île. Tu ne pensais pas qu'il y avait tant de chose à faire dans un aussi petit espace. Ils sont trois pirates, plutôt costaud, alors tu n'as pas envie de t'embêter à les fracasser. Le premier semble utiliser une batte de base-ball lors de ses combats. Il la laisse toujours à portée de main. Les deux autres portent des revolvers bien en évidence à leur ceinture et l'un d'eux est tout aussi parsemé de cicatrices que toi. Ils ont passé la nuit à jouer aux cartes, puis ils ont commencé à se remplir le gosier de rhum, et les voilà enfin qui se décident à mettre pied à terre. Ils partent sans même faire attention à toi qui te trouve allongé sur le port contre un mur, faisant semblant de dormir. Ils passent à quelques centimètres de tes pieds et marchent tranquillement vers le centre de l'île en se racontant des blagues grossières. Tu la connais déjà, celle que le joueur de base-ball raconte. Ca parle de seins et de blonde, avec un jeu de mot ne valant pas trois berrys. Elle te fais quand même sourire, t'as toujours aimé les blagues courtes et vaseuses, c'est celles que tu préfères.

T'attends qu'ils soient hors de vue puis te lèves et pars vers leur bateau. N'ayant rien à installer, tu t'permets juste de redessiner leur tête de mort avant de te décider à mettre les voiles. Tu remplaces donc leur crane par une jolie fleur histoire qu'on ne te prenne pas pour un pirate. Tu aurais pu tout aussi bien jeter le drapeau noir, mais ç'aurait été bien d'trop simple. T'aimes assez t'attirer des ennuis tout à fait évitables.

Prenant un crayon traînant au fond de ta poche, tu te mets à dessiner de jolis ronds tout autour de la tête de mort. C'est digne d'un gosse de 5 printemps, mais t'es plutôt fier de toi. De toute façon le coloriage n'a jamais été ta tasse de thé. Ce travail étant finis tu te rends compte de ta fatigue. Cela fait maintenant plus de 24 heures que tu n'as pas dormis paisiblement, alors tu hésites à faire une sieste avant de te rendre compte que tu es observé. Un gosse te regarde d'un air curieux. Il doit avoir dans les 16 ou 17 ans, peut être moins, t'as jamais été très doué pour ça. Tu te demandes ce qu'il te veut, et fais semblant de n'y prêter aucune attention, même si tu le surveilles du coin de l’œil.


Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Dim 30 Oct 2011 - 8:51, édité 1 fois
      L’opération d’hier avait été un énorme succès ! 30 gars de la révolution coincés avec le lieutenant-colonel Imaniké Tekoku et pas moins d’une cinquantaine de soldats sous nos ordres. L’indic’ avait heureusement été d’une précision infaillible. C’était ma toute première mission de réussie et quelle n’a pas été ma fierté quand mon père qui avait apprit la nouvelle, m’appela immédiatement pour me féliciter. Enfin, je devenais un homme, un vrai ! J’voulais être comme mon père. Un brillant marine faisant partie du cercle privilégié de l’amirauté. Et pour ça, fallait que je bosse durement. Même si c’était parfois pas trop facile et qu’il fallait mettre de côté les plaisirs auxquels je m’étais habitué lorsque je n’étais encore qu’un gamin qui courrait dans les jupes de sa mère. Le soir de notre intervention musclé, nous avions organisés une grosse fête où il y avait tout un tas de trucs digne d’une festivité de la marine : D’la bière, de la nourriture ! Manquait plus que quelques belles femmes et c’était dans la boite. D’ailleurs, j’voulais vite perdre ma virginité parce que j’avais entendu mes anciens camarades d’classes qui m’racontaient leurs ébats merveilleux et croustillants. Malheureusement, devant une grosse poitrine et comme un gros pervers, je perdais complètement mes moyens et c’était à en pleurer de rire puisque je finissais par prendre mes jambes à mon cou…

      A peine réveillé le lendemain matin que le lieutenant-colonel m’assignait à une nouvelle mission : La capture de trois petites frappes présentes sur l’île. Il mettait à mes services quinze soldats et voulait que je règle l’affaire au plus vite et sans bavures. L’putain de connard de sa mère ! Pourquoi ne le faisait-il pas lui-même ? Il préférait aller niquer les filles de joies comme il l’avait fait tout au long de notre départ de Marineford ? S’il n’était pas l’un des bras droits de mon père, certainement que je lui aurais fait part de mes pensées les plus profondes. Les noms desdits forbans n’étaient pas encore connus de nos services. Seulement leurs méfaits puisqu’ils avaient réussi à voler un navire commerçant qui contenait une cargaison d’au moins deux millions de Berrys. Le propriétaire lors de leur départ avait tout de même prit une photo d’eux en cachette où on les voyait clairement. L’futur colonel me remit ladite photo et j’eus immédiatement une certaine appréhension en voyant comment ils étaient baraqués sur leurs petits bateaux. Ils avaient même de larges sourires, et l’un d’entre eux tenaient une sorte de matraque bizarre. Mais j’avais appris une chose sur cette Terre : Les apparences sont trompeuses. Ce pourquoi je reprenais automatiquement courage en moi. ‘Façon si on m’avait mit sur l’affaire, c’était parce que j’avais les couilles pour réussir…

      Ne voulant pas perdre de temps, vu que je voulais quand même profiter des activités que proposait l’île, je me dépêchais de prendre avec moi les hommes qui devaient m’accompagner avant de me rendre dans la ville. Vu que la photo avait été photocopiée, j’fis de petits groupuscules composés de trois personnes que je dirigeais un peu partout dans la ville. J’avais un escargophone portatif au cas où. Car avant de faire quoi que ce soit, il fallait récolter des informations, ce que j’avais sérieusement appris auprès mon père. Se jeter à corps perdu dans une bataille, c’était s’assurer des défaites cuisantes. Et comme je n’avais pas envie de le décevoir, je mettais à exécution ses conseils que je trouvais même sages et pertinents. Celui qui avait une info en premier devait contacter le reste de l’équipe pour se retrouver dans un quelconque point et discuter de la stratégie à mettre en place. C’était mieux ainsi car j’voyais mal un groupe compact de marines s’promener dans les rues. Ca éviterait tout soupçon, même pour une inspection de routine. Je me retrouvais seul ainsi, avant de demander à plusieurs personnes que j’arrêtais poliment s’ils avaient vu mes cibles sur l’image que je leur montrais. Personne… Personne ne put m’aider. Jusqu’à ce qu’au bord du découragement, un pêcheur qui rentrait en ville avec ses prises me confirma enfin leur position avec certitude…

      Les bâtards que je cherchais étaient au port. Un peu sur les nerfs pour avoir trimé sous un chaud soleil alors qu’il y avait des sources et des piscines à foisons dans le coin, je me ruais à l’endroit indiqué comme un furibond. L’effet de la colère me fit oublier une chose assez capitale : Prévenir mon commando. Très vite je me retrouvais seul et port et comble de l’ironie, j’ne pouvais même pas user de mon escargophone. Soit j’avais dépassé une certaine limite, soit il y avait des interférences. Haussant les épaules, j’me disais alors que si je réussissais seul, les récompenses n’en seraient que grandes et les félicitations assez élogieuses. J’avais sur moi des bombes lacrymogènes, un saï que j’avais accroché sur ma jambe gauche, sous mon jean et un bâton. D’ailleurs, ma chemise blanche était blasonné de l’insigne de la marine, mais cet insigne là était caché par un gilet noir que j’avais mis pour me rendre on ne peut plus élégant quand même que les soldats de base. C’est pas tout ça, mais il fallait être présentable même quand on partait en guerre. Et puis l’avantage, c’est qu’ils ne se douteraient pas que je sois un marine. Rien n’attestait cela puisque les jeunes de mon âge étaient généralement des mousses ou encore des matelots de première classe. C’est vous dire mon importance parce que ouais, j’étais pas n’importe qui non plus !

      Si par la suite j’avais repéré le bateau de ces voleurs que je devais arrêter, ils n’étaient pas dedans. Par contre, il y avait bien un homme que j’observais depuis le port de manière dubitative. Vu comment il était monté à bord du bateau sans regarder autour de lui et tout, il devait sans doute faire partie de l’équipage ! D’autant plus que la manière dont il était fagoté finissait de renforcer mon impression. J’ne m’attardais plus trop à le regarder, puisque je vis ouvertement qu’il m’avait repéré, malgré le fait que je sois assez discret… Enfin… Discret, c’était pas totalement le mot vu que je ne m’étais même pas planqué au préalable pour l’observer. Comme si de rien était donc, je continuais à marcher et arrivé à son niveau je lui fis même un sourire innocent avant d’passer mon chemin. Je marchais jusqu’à ce que je sois hors de son champ de vision, avant de contourner quelques bateaux et de plonger dans l’eau. Si je réussissais à l’avoir lui, j’pourrais facilement avoir les autres ! Nageant silencieusement jusqu’à la petite embarcation, je finissais par grimper à l’aide de mon saï et je me retrouvais vers la timonerie. J’avais vu une ombre massive. Sans trop chercher à savoir à qui elle appartenait, j’allumais une bombe lacrymogène que je jetais automatiquement vers ladite ombre et le produit se propagea instantanément sur le pont et autour du bateau…

      • A L'ATTAQUUUUUEEEEEEEEE !!!

      Malheureusement, l’inexpérience fit que j’avais moi-même oublié que j’allais aussi souffrir de ce produit, vu que je n’avais pas porté de protection notable. Encore une grosse et sale erreur de gamin. Comment je suis bête sur le coup ! Dans ma charge idiote, mon visage se prit le fumigène de plein fouet. Les conséquences s'en suivirent dès lors. Aveugle, je glissais maladroitement, avant de tomber au sol en me ramassant la gueule sur trois à quatre mètres. Je percutais au passage moult caissons et tonneaux, et finissais ma course vers ce qui devait être le mat avec véhémence. Pour moi, j’pouvais dire que les ennuis commençaient véritablement. Et c'était pas pour me faire plaisir, parce que ouais, j'étais véritablement dans une grosse merde ; sans même considérer que je souffrais encore du lacrymogène qui allait prendre du temps à disparaitre. J'essayais de me relever dans l'optique de me carapater quelque part, mais rien n'y fit. J'avais bien trop mal pour faire quoi que ce soit. Mes yeux étaient larmoyants. Ma peau me piquait comme si on m'avait frotté avec des épices du Royaume d'Arabasta. Rien n'était plus important pour moi, si ce n'était me remettre sur mes deux jambes et plonger dans l'eau pour atténuer le mal qui me rongeait…

      Spoiler:
      Le petit vient de partir. A sa façon de te regarder, tu sens quelque chose de pas très net arriver. T’as ce genre de chance d’avoir souvent des pressentiments justes. En le suivant du regard, t’essayes de te préparer pour le voyage. Il va te falloir au bas mot deux semaines et demi pour rejoindre la base. Faut donc que tu prévoies un minimum la croisière, histoire de n’pas mourir de faim au milieu du chemin. T'as trouvé un sac remplis de morceaux de pains et autres joyeusetés, ça pourra te permettre de tenir quand aucun poisson ne pointera le bout de son nez. T'as toujours aimé la pêche, un moment simple comme t'en trouves trop peu. Lorsque t'es seul avec ta canne à pêche, à admirer les beaux reliefs azurés, t'es si bien. Tu pourrais passer des jours à faire ça, sans parler, à simplement vivre. C'est vrai que t'es pas très bavard, tu ne l'as jamais été, mais à quoi bon se forcer ?

      Pour le reste, tu ne trouves pas grand chose d’intéressant au milieu du capharnaüm installé sur la coque. Pas moyen de faire un pas sans marcher sur quelque chose. De vrais pirates. Tu t'demandes s’ils ont déjà entendu parler du mot « ménage », ce doit faire partis de ces mythes comme Grand Line ou les fruits de Satan. Tu t'sens quand même apte à faire un peu de rangement. Faut pas croire, sous ton apparence de vieux crasseux se cache un homme ayant un peu de dignité et de respect pour sa personne. T'acceptes de vivre dans ta crasse, mais pas dans celle des autres ! En jetant tout par dessus bord, tu t'rends compte que t'as perdu le gosse de vue, et ça te perturbe un peu.

      Enfin ça te perturbe... C'est surtout au moment où tu sens une bombe lacrymogène voler au dessus de la tête que tu te retrouves perturbé. Un instant auparavant, t'as cru sentir une ombre derrière toi, et te voilà maintenant sur la coque empoisonné par la fumée. Ne réfléchissant pas deux secondes, tu te jettes dans l'eau au milieu des déchets dont tu viens de te débarrasser. Tu tentes sans trop de réussite d’éviter les chaussettes sales and co, mais t’es surtout concentré pour réussir à te planquer sous la coque. T’as eu à peine le temps de prendre ta respiration mais t’essayes quand même de rester le plus immobile possible sous le bateau. Ce sale gamin, tu t’demandes ce qu’il va faire maintenant. Qu’est ce qu’il a voulu foutre en te lançant une lacrymo au village et en fonçant dans l’tas ? T’en sais fichtrement rien, en plus il n’avait pas l’air d’avoir de masque, alors comment est-ce qu’il fait pour respirer sous l’nuage ? Sous l’coup de l’incompréhension, tu décides d’aller voir ce qu’il se passe. Pour parfaire ta curiosité, t’endends un grand bruit ressemblant à un corps percutant du bois. Enlevant ton tee-shirt et l’attachant à tes lèvres comme un cow-boy, tu remontes rapidement sur le bateau. Là, t’aperçois le gosse à suffoquer de ses deux poumons, trop endoloris pour pouvoir se lever.


      _Mais qu’est c’que tu fous le mioche ?

      Sans attendre sa réponse, tu le prends par le col. T'essayes d'être rapide parce que tu sais qu'il va bientôt réagir, alors tu le lances dans la flotte. Tu l'aperçois qui commence son vol plané avant qu'il ne disparaisse dans la fumée. Avec de la chance, ça lui fera retrouver ses esprits. Si c'est pas un costaud, il mourra noyé avant d'avoir récupéré. Tu t'en voudrais de l'avoir tué mais tu t'en serais aussi voulu de le laisser là. Bien sur il y aurait eu des moyens plus doux de réagir et de l'aider, mais tu n'as jamais été très à l'aise avec la délicatesse. Il fera avec. Après ton beau lancé de gosse, tu te rends compte que tu n'as plus rien à faire sur la coque et sautes rejoindre l'enfant. Quand tu sens l'eau salée chatouiller tes yeux abîmes, tu t'dis que foncer dans la mer n'était peut être pas une bonne idée. D'un autre côté tu n'avais pas beaucoup d'autres solutions. Au milieu de toutes ces douleurs, tu tentes te voir si le gosse a réussis à s'en tirer, il ne doit pas être loin.

      Spoiler:
          Une main. Salvatrice. Ferme. Saisissant mes cols avec tant de vigueur que je ne pu qu’oublier ma douleur pour un moment. J’avais entendu du bruit… Un peu comme les pas de quelqu’un qui venait vers moi. Avec le lacrymogène propagé un peu partout, l’idée me semblait plus qu’improbable voire carrément impossible ; et mes pensées avaient automatiquement viré à un objet qui roulait n’importe où. Mais je m’étais trompé. Sur toute la ligne qui plus est. La main me prouvait bien qu’il s’agissait d’un adulte. Sans compter la voix rocailleuse qui s’éleva je ne sais comment dans cette fumée. Les propriétaires du petit bateau, sans aucun doute. Mais comment faisaient-ils pour braver la fumée environnante ? Aucune idée franchement. C’qui me fit penser que j’étais dans un sacré pétrin déjà que je suffoquais à mort, manquant même de perdre connaissance et pris d’une quinte de toux. Alors que je m’attendais à un couteau qui devrait ouvrir mon ventre et faire trainer mes boyaux sur le pont, la main m’éjecta dans les airs. Dans un dernier effort, je tentais d’ouvrir mes yeux larmoyants pour voir où j’allais pouvoir bien atterrir, mais quedal ! Mes yeux étaient bien trop rouges pour que j’essaye quoi que ce soit, surtout que mes pleurs n’arrangeaient rien à la chose. J’étais cuit… Et à l’égard de mes compagnons qui devaient m’accompagner jusqu’ici, j’eus un dernier remord…

          Mais contre toute attente, mon vol plané se termina dans l’eau. Pourquoi ? Pourquoi ne m’avaient-ils pas directement achevé ? Voulaient-ils accompagner ma chute dans l’eau de plusieurs balles d’armes à feu ? Procédaient-ils de cette façon ? Possible… Je n’savais vraiment pas. Autant le dire ainsi, j’étais carrément confus… En même temps, il y avait de quoi… Surtout que dans ma situation, l’heure n’était pas favorable à la réflexion, mais à la nage. La nage de la survie. Il est vrai que je voulais finir dans l’eau, mais une eau on ne peut plus douce aurait mieux fait l’affaire. Point caustique hein ? Parce que ouais, l’eau de mer, ca restait toujours désagréablement salée. Et dans ce genre de conditions, elle ne faisait qu’attiser mes douleurs. Surtout au niveau des yeux. Ça piquait horriblement. Sans compter que mes poumons se remplissaient d’eau au fur et à mesure que je coulais comme une masse dans les abysses de cet océan. J’avais du mal à respirer… Et encore une fois, je manquais d’oxygène. Dans un dernier effort, je commençais à me débattre comme si j’essayais d’échapper vainement à une gigantesque pieuvre. Je battais rapidement des pieds en agitant mes mains un peu n’importe comment. Et malgré mes maladresses, la remontée s’en suivit lentement, mais surement… Jusqu’à ce que je distingue difficilement un point de lumière et que ma tête passe enfin la surface de l’eau…

          • AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH !!!!

          Premier cri. Couvert certes par le bruit des vagues en perpétuel mouvement, mais gros cri de délivrance. Avec bon cœur, j’aspirais ma toute première bouffée d’oxygène depuis plus de cinq minutes au moins, avant de m’accrocher à ce qui semblait être un tonneau. Un peu embrouillé par tout c’que j’avais subi, je m’accrochais à la barrique comme si ma vie en dépendait. Le contact froid entre ma peau et l’objet était sensationnel. J’me sentais revivre. Ça m’apprendra à utiliser un lacrymogène sans porter de protections… Mais hé ?! Qu’est ce qu’un tonneau foutait au milieu de la mer… ? Ma vue quelque peu rétablie, je m’hasardais donc à observer autour de moi. Il y avait tout plein d’objets qui flottaient, ce que je n’avais pas vraiment remarqué… Qui est ce qui avait pu les jeter ? Mystère. En tout cas, là n’était pas le plus important, puisque par le plus grand des hasards, j’avais aperçu le gars que je voulais arrêter et qui m’cherchait sans doute dans l’eau pour en finir avec mon existence. Le connard ! J’allais régler son compte à celui là ! Contractant mes muscles sur le tonneau, j’finis par refaire sortir mon saï avant de le lancer habilement vers ma cible. Malheureusement, l’arme n’se planta pas dans son dos comme je l’aurais voulu, mais passa tout près d’une de ses oreilles avant d’finir sa course dans le bois du navire des pirates que je voulais coffrer impitoyablement…

          • CRÈVES SALE PIRATE !!!!

          Là, fallait que ça sorte. Par ma voix, ce gars aurait pu me localiser, mais à peine avais-je crié que je m’arranger à projeter plusieurs objets sur lui. Le tonneau sur lequel je m’étais appuyé précédemment avait suivi de très près mon saï. Ainsi que les autres bricoles qu’on avait jeté dans la mer. Pas moins d’une douzaine d’objets qu’il devait s’être pris dans la tronche. Pour ma part, il fallait que je quitte l’eau. J’étais p’être plus souple et plus habile, mais ce pirate devait avoir une force physique plus grande que la mienne. Du moins c’est ce que je croyais. Aussi, m’battre dans l’eau ne m’arrangeait pas. Surtout que cette petite bataille semblait interpeler certains pêcheurs. D’ailleurs, ça tombait à pic ! J’allais les utiliser contre ce vaurien et ça m’ferait déjà une prise. Après avoir balancé tous les objets à portée de main, je me remettais à nager rapidement vers la côté que j’atteignis en une minute seulement. Trois pêcheurs se précipitèrent vers moi m’aider. Et ce n’est que lorsqu’on m’extirpa de l’eau que je montrais l’insigne de marine sur mon blouson avant de pointer la mer du doigt : « LE TYPE DE TOUT A L’HEURE, C’EST UN DANGEREUX PIRATE ! ARRÊTEZ-LE » Braves types ! Car à peine avais-je fini de crier qu’ils sautèrent directement à l’eau. Pour faire sans doute la fête à l’autre… Ce que j’espérais sincèrement. Pour ma part, j’me relevais sur mes deux jambes, avant de courir au bateau que j’me mis à fouiller…

          Jusqu’à trouver le sac contenant la marchandise de deux millions de Berrys…

          Mais à peine l’avais-je ouverte que derrière moi se tenait un des trois pirates. Celui avec la matraque bizarre…

          • Hohoho ! Dire que je revenais chercher un peu de blé pour m’faire une pute. T’es cuit p'tit connard…

          En effet… J’voyais pas qui pourrait m’sortir de ce nouveau pétrin là…
          Tes yeux ankylosés te griffent le cerveau, chacun de tes muscles te démange et il te faut amasser toutes les forces qu'il te reste pour te hisser sur le ponton menant au bateau pirate. De là où tu t'es installé, la fumée ne te dérange plus et part de l'autre côté. Tu profites d'un moment de calme pour tenter de faire passer la douleur et trouves par hasard une gourde de vignasse sur une coque à côté. A la guerre comme à la guerre, tu t'en sers pour te rincer l'gosier et nettoyer tes globes. Pas sûre qu'ça fasse plus de bien que d'mal, mais tu le fais quand même.

          Ça arrache. Ta mâchoire manque de se décrocher et des larmes coulent à flot le long de tes pauvres joues rougies de douleur. Au final, tu t'demandes si le gosse a survécu. La dernière fois que tu l'as vu, il était en pleine noyade, tu serais bien intervenu mais tes forces te manquaient. Maint'nant tu ne le vois plus. Il a disparu. Enfin presque. Quand tu commences à te dire que t'es enfin tranquille, tu l'entends crier de ton son soûl. C'sale gosse ne sait pas faire dans la discrétion.Toi, tu décides de ne pas te faire remarquer. Tu ne fais pas un bruit et repars sur le bateau pirate comme un voleur. Le lecteur notera le jeu de mot pourri.

          Tu te dépêches de défaire rapidement les cordes et mettre la grande voile en place. Une, deux, trois alors qu'il ne t'en reste plus qu'une, tu sens tes oreilles siffler. Tu l'as échappé belle. Tu t'demandes alors c'que peut bien te vouloir ce furieux gamin. T'as d'abord pensé à une tentative de suicide collectif, mais maint'nant ? Il vient de tenter de t'ouvrir le dos à l'aide d'une sorte de grosse dague, il en veut donc bien à ta vie. Tu t'demandes si il ne t'prendrait pas pour l'un d'ces pirates qui étaient sur le bateau. Ca commence à t'enerver un tantinet, et l'un de tes jurons favoris ne peut être empêché. Au même moment, le gamin se met aussi aux noms d'oiseaux et ton idée se voit confirmée. Ce Baka te prend bien pour un d'ces saletés de pirates. Non pas qu'tu sois raciste envers les drapeaux noirs, mais d'là à te confondre avec eux...

          En plus de t'insulter, et de tenter de te tuer, ce sale gamin se met à te lancer tout un nombre d'objets aussi dangereux qu'l'est un couteau à bout rond. Le pire dans l'histoire, c'est que le mioche s'amuse à te lancer -toi qui est sur le bateau- tout ce que tu t'es obstiné à foutre à l'eau. A croire qu'il aime te voir travailler. En tout cas tu as compris que tu ne pourras pas t'en tirer sans mettre quelques paires de claques. Il doit pas avoir plus de 15 balais, il ne va pas continuer à te tourner en ridicule ! T'as beau tenter d'éviter ces foutus objets, tu t'en prends bien d'trop dans la trogne et si ça continues, tes nerfs ne vont pas tarder à craquer. … Ils ont craqué.

          Sans réfléchir, tu plonges dans l'eau histoire de donner une bonne leçon à cette racaille des bacs à sables. Tu nages de toutes tes forces vers cette raclure, mais il fuit. Comme un lâche, il se met à partir vers la berge. T'es bien d'trop énervé, alors tu continues à nager derrière lui, mais la natation n'a jamais été ton baba et tu te fais vite distancer. Cette raclure se met même à appeler de l'aide alors que t'es encore à lui nager après. T'aperçois entre duex vagues qu'il montre une carte à deux pêcheurs. Ce sale gosse fait partis d'la marine !! C'est donc ça, tout s'explique comme qui dirait. Tu comprends alors mieux pourquoi il est si ...

          Les deux pêcheurs, eux, n'semblent pas se poser toutes ces questions et ont décidé de te donner une bonne leçon. Z'ont beau avec des muscles, ils ne savent pas se battre, ça se voit. A leur façon de te foncer dessus sans réfléchir, tu vois qu'ils n'ont jamais rien fait d'autre que de donner quelques coups de poings entre pilliers de comptoir. Au moment où ils ne sont plus qu'à un petit mètre de toi, tu appuies ta main contre l'épaule du premier et en profites pour sauter en l'air. A la retombée, tes bras ne sont plus gênés par l'eau et tes deux poings s'écrasent sur leur visage. Tu les as assez frappé pour qu'ils soient un minimum endoloris sans non plus les assomer. Les temps que la douleur arrête de les immobiliser, tu as déjà atteins la rive.

          Cette fois, tu peux courir. Tes bras ne sont plus alourdis et et tes yeux peuvent arrêter d’être agressés par le sel. Sans réfléchir, tu cours vers ce sale mioche qui t'a tant énervé. Tu ne cherches même pas à comprendre quand tu vois le pirates à la batte lui parler. Tu lui expliques juste la situation.

          _Dégage de là sale pirate pourri qu'j'explose la trogne de c'sale gosse !

          Tu frappes. Une droite en plein dans ses dents. De toute tes forces. L'homme à la batte bouge à peine, t'as presque l'impression que ça ne lui a rien fait. Tu regardes ta main, interloqué, comme si la solution était caché en elle. D'habitude avec une droite de cette ampleur, les gens s'écroulent, mais lui non. Ce pirate n'est pas la dernière des bouses. Ta tentative de claque assommante semble plutôt l'avoir énervé.

          *Oh mais que voilà, c'n'est pas un, mais deux merdeux que v'la. Vous voulez tâter d'ma batte apparemment.

          Un large sourire apparaît sur son visage hideux, et tu comprends que ça ne sera pas de la tarte que de le foutre à terre celui là.
              La panique s’était totalement emparée de mon pauvre être. Je tremblais à peine de vue comme une feuille morte. Mes dents grinçaient horriblement, tandis que j’avais les yeux écarquillés sur le butin que j’avais enfin découvert. A deux doigts d’avoir partiellement réussi la mission… C’était vraiment pas de bol pour moi ! Pendant les quelques secondes qui suivirent sa phrase menaçante, j’étais venu à m’demander comment il avait fait pour grimper à bord sans que je l’entende afin d’aller m’planquer quelque part. Peut être avait-il prit ses précautions en m’voyant de loin monter dans son bateau… P’être bien… Puisque je n’avais même pas eu l’idée de surveiller mes arrières, sûr et certain de m’être débarrassé de l’autre nuisible qui m’avait éjecté dans l’eau. Là, je me maudissais grave ! Une deuxième bourde en une seule mission… Sans doute la dernière de ma vie. Les vêtements humides collaient ma peau et me faisait frissonner plus que je ne tremblais sur moi-même. Je n’avais pas encore eu le courage de me retourner voir à qui j’avais affaire. Une chose était néanmoins certaine pour moi : Il s’agissait sans doute d’un des pirates que je voulais arrêter. Les pêcheurs que j’avais rencontrés n’étaient pas là pour me prêter main forte…

              Autant dire que j’étais dans la mouise totale.

              Alors que j’avais réussi à fermer mes yeux, m’attendant à subir un coup sur la nuque ou une balle qui perforerait mon cœur depuis mon dos, je fus surpris d’entendre une voix. Qui plus est familière. En ce moment là, ma panique s’envola précipitamment comme elle était venue. Le mec que j’avais voulu buter était de retour ! Mais il y avait quelque chose de bizarre… Pourquoi criait-il sur son compagnon en prononçant de telles paroles… ? Hu… ? Se pourrait-il que je m’étais trompé sur son compte… ? Possible… Nonobstant, lui aussi d’après ce que j’avais entendu, voulait m’buter… Donc le mieux était de décamper d’ici vite fait. Voulant charger sur moi le butin et filer incognito d’ici, j’entendis un bruit sourd. Le bruit d’un poing ! J’pouvais pas me tromper… On m’avait trop traumatisé à South Blue pour que je ne reconnaisse pas ce genre de bruit. Curieux, je me retournais avant de voir les deux hommes se faire face. C’est là que je reconnu le pirate à la matraque bizarre et l’autre gars qui m’avait poursuivi dans l’eau. Et aux dires du forban armé, tout s’expliquait clairement dans ma petite caboche… L’autre n’était pas des leurs… Mais qui était-il donc ?! Un autre pirate ? Pourquoi pas… Un voleur… Bah, il s’apprêtait à chiper ce navire…

              Cependant, ce gars pouvait m’être fort utile. S’il s’était attaqué à ce bateau, c’est qu’il devait connaitre les propriétaires au préalable. Du moins c’est ce que je pensais. Alors que le pirate à la batte se mit à éclater de rire, apparemment content d’avoir eu deux plaisantins à amocher avec bon cœur, j’fis un signe bref à l’autre gars, histoire de l’occuper un peu, avant de m’avancer silencieusement vers mon saï. Je l’avais heureusement repéré. Fermement incrusté dans le bois, il me fallut plus ou moins une bonne poignée de secondes pour le récupérer. Et lorsque cela fut fait, je me ruais vers lui. Le bruit de mes pas sur le pont l’interpella. Mais à peine voulut-il esquisser un geste que je plantais bien profondément l’arme dans le bas de son dos. Son cri de douleur envahit complètement tout le port tant et si bien que des mouettes dans les environs, s’envolèrent dans un unique bruissement d’ailes, probablement apeurés par la voix criarde. On dirait bien que j’avais touché un point sensible. Proie à une souffrance inimaginable, le pirate lâcha sa batte qui roula vers l’autre personnage. N’en démordant pas moins, il me flanqua un gros coup de coude en pleine tronche avant que je ne m’envole pour aller cogner un poteau et m’avachir par terre…

              L’était costaud le pirate…

              Malgré tout, il n’en demeurait pas moins qu’il était en mauvaise posture. Parce que sans arme et avoir le dos qui saignait abondamment… C’était pour lui de mauvais augure…

              Pour ma part, j’me relevais tant bien que mal… En espérant que l’autre profiterait de la situation que j’avais occasionnée, sans chercher à me faire la peau après.

              Manquerait plus qu'il soit rancunier…
              Planter un homme dans l’dos, quelle lâcheté. Y’a pas dire, faut être faible pour oser faire c’que vient d’faire le gosse. Enfin c’est c’que tu te dis. N’empêche que tu l’avais vu arriver d’loin. Quand il est parti chercher sa lame, tu n’las pas ouverte pour prév’nir le pirate, et t’as continué à l’occuper d’insultes. Alors t’es aussi un peu coupable dans c’t’histoire. Le pirate n’est quand même pas une gonzesse, et son saillant ne l’empêche pas d’envoyer le marine au septième ciel. Se relevant difficilement, il te fait maint’nant face, plus énervé que jamais. Heureusement pour toi, il n’a plus la force pour tenir sa longue batte et la laisse tomber sur le bateau dans un grand fracas. Ca fait tanguer toute la coque, et tu comprends alors qu’l’arme devait peser dans les cent kilos vu l’bordel que ça fait quand ça tombe par terre. Ton adversaire a donc une force qu’t’enivrais presque, et ses coups de poing doivent pouvoir assommer un ch’val.

              -Bon alors, j’vois qu’t’es encore en état d’combattre, mais vu qu’t’es amoché, j’te laisse une chance de t’barrer la queue entre les jambes. Si à cinq t’es pas partis, j’commencerais à m’énerver. Un, deux, trois, qu…

              T’as pas l’temps de finir de compter qu’sans avoir parlé, l’pirate tente un uppercut. T’allonges ton dos à l’horizontale pour éviter l’choc avant d’faire un saut en arrière. Au moins, une chose est dîte, l’heure des belles paroles est fini, c’est maint’nant l’heure de la discussion empoignée. Les poings mis en positions de garde, l’pied drot en avant, on pourrait t’confondre avec un boxeur. Sauf qu’ce genre de sportif est un peu plus musclé, p’t’être bien un plus bête aussi, mais c’est pas sûr. L’pirate quant à lui, fait la grimace, c’est sûr qu’avec une entaille grosse comme une pomme dans l’dos, ç’doit pas faire du bien. Mais l’est toujours prêt à combattre, et c’serait un déshonneur que d’pas répondre à son invitation, alors t’réagis et fonces vers lui. Ton bras gauche s’avance en direction d’son abdomen. Comme prévus, l’pirate fait un pas sur l’côté pour éviter l’coup. Ca d’permet d’être dans l’angle parfait pour saisir son premier bas. Profitant d’sa surprise, tu t’accroches à son deuxième coude avant d’lui asséner un coup frontal. Ca toujours été ta façon préférée pour utiliser ta trogne, l’coup d’tête.

              L’bandit n’apprécie pas trop, et à c’t’instant, il doit plus compter l’nombres d’étoiles qui tournent autour d’lui qu’autre chose. Ses yeux s’sont révulsés sous l’impacte, et même toi t’as souffert. Parc’que l’problème avec ce gars, c’est qu’il a la tête dûr, et qu’le choc s’est fait r’ssentir sous ta caboche. L’impacte entr’vos deux crânes t’a éjecté en arrière, et t’es r’tombé sur l’cul un p’tit mètre plus loin.

              -Ahyahahya ma tête ! Tu vas m’le payer ! J’vais t’étriper jusqu’à c’qu’il n’y ait tes intestins comme nouvelle décoration d’mon bateau.


              -Non mais t’en as pas mare d’résister à tous mes coups ? J’vais finir par être en manque d’imagination pour t’finir !

              L’bandit s’remet quand même à s’bouger vers toi tandis qu’tu te relèves. Ses gestes sont saccadés, et t’vois bien qu’il n’a pas encore r’trouvé tous ses esprits. C’t à peine s’il doit réussir à voir quelqu’chose de flou. Normal’ment avec une frappe comme tu as fait, son cerveau doit être tout tar’biscoté, et ses neurones emmêlés dans une douleur insout’nable. En plus d'la douleur qu'il doit r'ssentir dans l'bas du dos... C'doit être horrible que tu t"dis, et t'as raison parc'qu'à peine deux pas entrepris, qu'le pirate s'écroule par terre.
                  Il m’avait pété une lèvre putain… Il m’avait pété une lèvre, bon sang ! Je portais une main d’un air fataliste à ma bouche avant de constater qu’effectivement, la persistante douleur que j’avais à la lèvre supérieure était due à une blessure causée par le coup de coude du forban dans ma tronche. C’est dire qu’encore un peu et il m’aurait complètement cassé le nez… J’suis beau là, putain ! Essayant tout de même de garder mon calme, je ne portais même plus attention à ce qui se passait entre les deux hommes. Tout ce qui m’intéressait maintenant, c’était de tâter ma blessure pour évaluer un peu les dégâts. Et heureusement, la plaie n’était pas trop grosse. Un onguent spécial de notre toubib et j’étais en paix dans les deux jours qui viendraient. Mais quand même ! Ça ruinait mes vacances là. Et encore fallait-il que je m’échappe d’ici pour me targuer d’en avoir. Ce qui n’était pas tellement évident quand on voyait à quel gars on avait affaire. De peur qu’il revienne, je me relevais tant bien que mal en grimaçant de douleur. L’une de mes jambes avait prit gros dans la chute, mais ce n’était pas tellement grave. J’allais même faire un pas dans la cabine quand j’entendis un bruit sourd… Le bruit d’une chute. Et ce n’est que lorsque je me retournais vers la scène que je vis avec surprise le pirate à même le sol. Il était OUT…

                  • YYYYEEEEEESS !!!!

                  Héhé. Si vous aviez comment j’étais content ! Tellement d’ailleurs que je me mis à me trémousser maladroitement sur moi-même pendant quelques secondes. La danse de la victoire si on veut. Et puis, sans trop porter attention à celui qui m’avait aider, je me précipitais sur le corps du gars et prenait son pouls au niveau du cou. Il était toujours en vie mais dans les pommes. Et p’être qu’il allait sombrer à jamais dans le royaume d’Hadès vu tout le sang qu’il perdait par ma faute. Tss… Bien content, j’arborais une mine de psychopathe avant de lui retirer mon saï du dos, agrandissant ainsi la blessure qu’il avait et qui débitait toujours plus de sang. Bien fait pour sa gueule ! Ça lui apprendra à m’péter la lèvre et à voler d’honnêtes commerçants ! Pour ne pas éveiller tout soupçon, je me mis à soulever son corps lourd sans trop de mal avant de le hisser en boitillant jusqu’à la cabine. Là, je me mis à fouiller dans la pièce avant de dégoter une corde qui me permit de le ligoter comme du gibier qu’on venait de capturer, genre sans pitié et sans vergognes. Après quoi, je ressortis de la cabine avant de venir me planter à deux trois mètres du monsieur que j’avais voulu buter, mais qui finalement, m’avait bien aidé dans l’affaire. Si au début, il m’était antipathique, là maintenant, c’était plus mon sauveur qu’autre chose…

                  • Yosh ! Merci pour ton aide le vieux. Tu dois être un autre brigand qui a voulu fuir avec ce bateau, mais comme tu m’as sauvé, j’veux bien passer l’éponge ! Lui disais-je en souriant fièrement et en lui montrant mon pouce comme tout adolescent de mon âge. Au fait, moi c’est sergent-chef Fenyang. Et toi, c’est quoi ton n… ATTENTION !!!

                  Un couteau brassait l’air dans le but de se loger dans le dos de l’adulte à qui je parlais en question. Sans trop savoir pourquoi, j’avais instinctivement bondit sur lui pour le plaquer à terre, histoire de lui sauver la mise. Ce que je réussis avec brio. J’entendis le couteau aller se planter avec véhémence dans le bois du bateau et j’écarquillais mes yeux quand je vis de quel arme il s’agissait : Un saï, comme le mien, mais en plus long. Limite on aurait cru la fourchette d’un géant d’Elbaf ! Écarquillant mes yeux d’effroi, je compris tout de suite l’affaire ! Je l’avais bien aperçu, mais je ne l’avais pas reconnu ! J’avais cru que c’était un passant, mais non, c’était l’un des complices de celui qu’on avait combattu à deux… Enfin… Si on peut dire ça comme ça. Un gars de la même corpulence que celui à qui j’venais de sauver la life. Sans doute qu’il avait voulu avoir l’un d’entre nous depuis le quai… Le gros bâtard ! Mais alors que je me relevais, une ombre soudaine me protégea du soleil qui nous frappait pourtant très bien. Et ce n’est que lorsque je relevais mes yeux que je vis un peu ce qui nous voilait du soleil. Le troisième complice ! Ne pouvant plus éviter le bâton qu’il voulait fracasser sur ma tête, j’utilisais mon sai comme bouclier et parait l’attaque du mec, avant de l’envoyer bouler d’un coup de pied dans les couilles !

                  • Bordel ! D’où ils sortent ceux là ?!

                  Je me plaquais une nouvelle fois au sol pour éviter cette fois ci un Kunai. J’sais pas si l’autre adulte s’était relevé, mais il avait intérêt. Deux contre moi seul, j’pouvais pas. Je me redressais en même temps que celui qui avait tenté une attaque aérienne. C’était un blond, grand et frêle. J’comprenais bien pourquoi j’avais pu rivaliser avec lui niveau physique. En tout cas des trois, il devait être le plus faible. Mais il devait être assez adroit avec le bâton qu’il tenait fermement en me toisant férocement. Tout en faisant attention à ne pas me prendre un couteau sortit de nulle part dans le cul, je lui rendis son regard avec intérêt. C’est dire que nous nous regardions en chiens de faïence. Je vis l’autre un peu plus loin au quai me sortir une arbalète tandis que mon nouvel adversaire me tournait tout autour, tentant de me jauger ce que je reproduisais en me tenant aux aguets. Ça allait être un poil compliqué si l’autre ne donnait pas du sien. Et donc, on allait s’partager les tâches… Du moins, c’est ce que je voulais… « Hé le vieux… Y’a un mec avec une arbalète au quai, le dernier quoi… Occupe toi en, moi j’me prends ce maigrichon ! » Mot qui ne passait pas très bien auprès du blond qui se mit à me charger en m’demandant de me casser d’ici… Délires quoi ! Il s’foutait le doigt dans l’œil, mais bien profond. Parce que je n’allais pas en démordre. Pour lui montrer que je ne ferais pas ce qu’il m’ordonnait, j’évitais in extrémis une flèche venu de l’autre et son deuxième coup de bâton en lui souriant avec arrogance…
                  Avachis les genoux à terre, les poings frappant le sol, tu rumines, tu rages même. Tes yeux se révulsent d'horreur tandis que des injures sortent à la pelle de ta fosse à mots. Se faire sauver la vie par un gosse à peine pubère... Quelle honte... Comment as tu fait pour ne pas voir le coup venir ? Avoir échappé à la mort grâce à ce sale morveux ! Cette idée te détruit le moral et englobe toute ton attention. Tu n'arrives pas à t'en remettre. Ce satané couteau t'aurait ouvert le dos et laissé aucune chance de survie si le marine n'avait pas agi à temps. Le pire dans l'histoire, c'est que tu l'avais vu cette enflure de pirate, mais ta volonté de torgnoler le gosse t'a trop monté à la tête, et tu n'as pas réagis. Ta haine aura ta peau un jour, mais tu l'sais déjà.

                  Les mots du gosse te sortent de ta torpeur, et tu te lèves difficilement, les mains ensanglantés par tes coups de poings de rage. Il faut quand même que les mots sortent, haut et fort de ta bouche pour récupérer un minimum de sang froid, et c'est avec toute ta sympathie que tu remercies le gosse pour son aide apportée :


                  _Non mais pourquoi que tu m'as jeté à terre ?! J'l'avais vu ce sale couteau de mes deux ! J'avais pas b'soin de toi !

                  Tes embrassades verbales se font vite arrêter par une flèche volant en ta direction. Cette fois tu réagis, et rapidement. Le corps penché en avant, tu évites la flèche qui rase ton crâne de près. Encore une fois, ce n'est pas passé de loin. Manquerait plus que tu t'fasses rôtir ici, après avoir réussis à échapper à l'arrestation des autres révolutionnaires. Non, tu t'en sortiras vivant c'est sûr, t'as pas échappé à la mort autant de fois pour te faire avoir par un duo de pirates aussi minables que le sont tes goûts vestimentaires. C'est d'un moche, le gars le plus costaud attaque de loin, en traître, alors que le gringalet vient se frotter au corps à corps, sont d'une bêtise ces guss. Ils auraient pu au moins échanger les rôles, ç'aurait été un peu plus logique. N'empêche que ça t'arrange, t'aimes pas les gringalets, les miroirs tu suffisent.

                  Tu cours donc vers l'homme à l’arbalète, zigzaguant pour éviter les flèches partant dans ta direction. Une vingtaine de mètres vous séparent, et lorsqu'on subit des tirs, même vingts pauvres pas peuvent sembler longs. L'homme voyant qu'il n'arrivera pas à t'avoir avec ses pauvres lancés décide de sortir une longue dague de son fourreau et s'en sert pour tailler dans l'vent. C'est comme ça qu'il compte la jouer, comme si ça pouvait suffire à te garder éloigné... L'est pitoyable ce pauvre pirate, à croire qu'il ne s'est jamais battu avec d'autres gars que des piliers de comptoirs... Mais ça ne l'empêche pas d'être rapide quand il le décide, et t'as beau réagir au quart de tour lorsqu'il tente de t'ouvrir le ventre, ça passe encore une fois à quelques millimètres. Ton saut en arrière te met en déséquilibre, et le guss en profite pour tenter une autre taillade. Cette fois tu ne te fais pas surprendre et tacles ses jambes en t'écroulant par terre. Le pirate clopine du pied gauche pour résister à l'attaque et sa lame se fait arrêter par la recherche d'un équilibre. Sautant pour remettre tes guiboles là où elles doivent être et se remettre en garde, tu es de nouveau prêt à combattre. Cette fois tu agis le premier : alors que le bandit tente de se replacer, tu lui re-fauches les jambes, cette fois de toutes tes forces. La balayette est bien partis pour faire tomber de la vermine, sauf que t'as pas encore compris que le gars en face, c'est un rapide. L'a eu le temps de prévoir ton attaque et sa jambe gauche fonce vers la tienne à pleine vitesse. L'impacte fait un mal de chien, du genre de mal qui donne envie d'hurler à la mort. Le bon côté de l'histoire, c'est qu'apparemment, le brigand est dans le même état que toi.

                  Vous vous regardez en chiens de faïence, la grimace aux lèvres, aucun de vous deux ne se l'avoue, mais le choc a été trop rude et vous tentez maint'nant de récupérer un peu. La douleur t'envahit jusqu'au haut du genoux, mais t'es quand même le premier à ré-attaquer. Cette fois ce sera ton attaque favorite, mais après quelques diversions. La première, c'est de lancer ton poings vers son visage. La deuxième, c'est de profiter qu'il se baisse pour amener ton genoux vers son nez. La troisième enfin, c'est d'avoir prévu qu'il pare le coup avec ses bras et de se servir de cette occasion pour lui saisir les deux épaules. S'en suit un magistral coup de crane contre crane qui lui fait perdre le fil de ses pensées. Ce gars a la tête moins dure que le dernier, et le choc en est d'autant plus difficile pour lui. Il s'écroule donc par terre, assommé. T'as maintenant le temps de récupérer un peu, et d'voir si le gosse a réussi à se défaire du gringalet, comme il dit. De ton côté, tu penses en avoir fini.
                      Je n’ai pas vraiment capté le charabia du vioque, bien trop occupé par les évènements qui s’étaient enchainés à la vitesse de la lumière. Toute mon attention était focalisée sur le gringalet qui s’trouvait devant moi entrain de grogner de rage. Il semblait que malgré mon jeune âge et malgré mon arrogance certaine, j’avais une certaine ascendance psychologique sur mon vis à vis. Bien sur, je ne l’voyais pas comme ça, mais le fait de l’énerver m’amusait beaucoup. Et puis parce que je savais qu’en étant énervé, on peut commettre moult bêtises. Ce qui très certainement allait être son cas. Et ça, j’étais prêt à y mettre ma main au feu. Et à peine avais-je eu cette pensée que le mec fonça vers moi tête baissée, sans voir les projectiles de son compagnon qui s’acheminaient vers nous. Pour ma part, j’me jetais littéralement à même le sol sur le côté gauche, pendant que mon adversaire commençait à danser sur lui-même pour éviter les quelques flèches. Finalement, sa minceur l’aura sauvé puisqu’il s’en est tiré avec une éraflure à l’avant bras droit. Et je le vis grogner de plus belle en regardant sa première blessure qui lui faisait un mal de chien. Ça se sentait clairement qu’il souffrait. C’qui m’fit rire, alors que je m’étais refugié contre un mat entrain de le regarder…

                      • Qu’est ce qui t’fait marrer petit bâtard ?!

                      • Bah… t’as une tête de con !

                      Réplique naturelle, cassante, au point même où le mec s’arrêta un instant comme un piquet avant de me dévisager comme si j’avais une impureté sur le visage. C’est à croire qu’il n’en croyait pas ses oreilles. Et pourtant… Je l’avais bien et bien dit et je continuais d’enfoncer le clou comme il s’doit : « T’es un blond, un gringalet et un con en plus ! » Sûr que des projectiles n’allaient plus filer vers nous, je me relevais alors en brandissant mon saï vers lui alors qu’il semblait reprendre ses esprits, enfin ! Il se mit à pester et fonça une deuxième fois vers moi. Cette fois, la confrontation entre faiblards étaient inévitable. C’est à celui qui a la plus grande endurance qui l’emporterait et je le savais pertinemment. Ce mec devait être leur navigateur ou leur médecin, parce que si j’avais eu son âge, je n’aurais pas été aussi faible, j’vous jure. Il essaya de projeter son bout de bois vers mon cou, mais je l’écartais d’un revers de mon saï. Décontenancé par mon attaque, j’voulus courir vers lui pour poignarder mon ennemi, mais celui-ci, en tombant me flanquant un coup de pied que je sentis passer sur mon visage. L’coup m’avait un peu protégé contre le mur, mais la blessure que leur capitaine m’avait infligée s’ouvrit une nouvelle fois. L’sang coula une nouvelle fois d’une de mes narines. Fait chier…

                      • C’est qui le con maintenant petit bâtard ? Demandait-il d’un air victorieux…

                      • Tsss…

                      Sur le coup, j’dus reconnaitre qu’il n’avait pas vraiment tort. C’est bien beau la parole, l’arrogance, mais c’combat, il me fallait le gagner, d’autant plus que ce n’était pas un homme invincible. Nous nous relevâmes au même moment, mais ce fut moi qui relançais les hostilités en premier cette fois-ci. Pour ne pas lui donner le temps et l’occasion à un nullard comme lui de se moquer de moi une nouvelle fois, j’faisais pleuvoir des coups sur lui qu’il s’évertuait à éviter avec une certaine souplesse qui m’étonnait. Il avait avec lui dextérité et agilité… C’dire qu’il m’impressionna là. Même si c’fut de courte durée. Car lorsque j’fendis mon arme vers l’une de ses épaules après avoir fait un bond périlleux, le blond n’eut pas le temps d’esquiver et misa donc sur son bâton pour s’protéger… Malheureusement, l’bâton n’étant pas fait en bois massif ou en bois d’Adam céda son le coupant de ma lame qui, aussi petite soit-elle, continua son chemin jusqu’à se planter profondément dans son épaule. Du sang gicla et s’en suivit un hurlement de sa part alors qu’il laissait tomber son pauvre bâton, pour ne pas dire ce qui en restait. Profitant de la douleur de son épaule abondamment ensanglantée, je décochais un bon coup d’pied dans l’un de ses tibias avant qu’il ne vacille et ne tombe, hurlant toujours de douleur. Et c’est à ce moment là que mon unité débarqua…

                      • SERGENT FENYANG !!!!

                      • LES GARS ! JE SUIS LAAAAAAAA !!!

                      Mes matelots faisaient enfin surface ! Que de joie. Parce que ouais, j’me mis à leur faire de grands signes de mains en commençant à sourire comme un gamin de mon âge. Rapidement, ils investirent le bateau pendant que je leur disais de menotter et de faire sortir les deux forbans à bord. Ils allaient être jugés comme il se doit puis condamnés. L’premier à la matraque bizarre n’était pas encore mort. Il avait la peau dure et c’était pas plus mal. Pour ma part, j’sortis du bateau avec les éléments qu’ils avaient volés et je m’avançais lentement vers le vieux qui m’avait aidé. « Mais t'es foooort, l’vieux ! » Trois matelots m’avaient suivi et regardaient l’homme d’un air méfiant. Ayant perçu leurs mines, j’fis vite de rétablir l’ordre : « Calmez vous, calmez vous ! Ce vieux m’a aidé à les coincer vous savez ! Tiens, menottez celui qu’il vient de mettre K.O » Rassurés, les hommes à ma suite se hâtèrent d’exécuter mes ordres en relevant et en ligotant le mec à l’arbalète. Encore sonné le pauvre. J’écarquillais mes yeux sur lui en curant mon nez, avant de rapporter ma mine d’ahuri sur l’homme qui m’avait aidé : « T’es vraiment cool le vieux ! T’sais, ça va me faire de la promotion parce que hier, on a réussit mon lieutenant et moi à attraper des révolutionnaires. Ajouté à ma victoire d’aujourd’hui, je pourrais devenir un jour vice-amiral comme mon papa ! » A cette perspective, j’lui montrais une nouvelle fois mon pouce en lui faisant des yeux doux : « Pis comme tu m’as aidé à les arrêter, j’te fais grâce du bateau. T’peux t’en servir. » Pour montrer ma bonne foi, j’lui tendais ma main pour le saluer, large sourire aux lèvres.

                      • Ça te va, l’vieux ? Mais comment tu t’appelles d’ailleurs ?

                      Curiosité quand tu nous tiens. En même temps, c’était pas si mal d’le connaitre. A croire que j’avais oublié qu’il voulait me buter et voler le bateau auparavant… Bah en même temps… J’avais vraiment oublié tout ça. Ou plutôt, j'essayais de ne pas m'y rappeler. C’était loin derrière. Il m’avait aidé à accroitre ma renommée au sein de ma faction et ce n’est que les côtés positifs de la journée que je retenais, preuve même que j’étais pas rancunier, mais plutôt bon dans le fond. Du moins j'essayais d'être bon hein ! J’espérais aussi qu’il ne s’énerve pas contre moi comme les autres fois. Sinon, j’allais changer d’avis et lui interdire de prendre le bateau. Pire ! P'être même le flanquer en prison comme ces salopards ! Ce qui n'allait pas être dur vu que nous avions l'avantage du nombre. Il avait d’ailleurs intérêt à me saluer pour conclure le marché alléchant que je lui offrais quoi. Comme ça, chacun partirait pépère de son côté, comme si rien ne s'était passé. Genre ni vu, ni connu. Mais la question sur sa personnalité me titillait… Pourquoi ? Eh ben, pasque, la curiosité des gosses de mon genre, elle n'a presque pas de limites hein ! Était-ce un pirate ? Non, bof ! Et pis j’aurais reconnu sa prime, moi qui connaissait presque toutes les primes des pirates sur les blues. ‘Fin, toujours est-il que j’voulais son nom moi. Et j'allais l'avoir, nah !

                      • Alors ?

                      Le gosse se bat bien. L'a le tempérament du gagnant qui lâche pas sa cible tant qu'il y a de la vie, et t'aimes ça. T'admires le combat. Il n'a pas la force, peu de techniques, mais beaucoup d'envies, et c'est ça qui compte dans un combat. L'a beau être un sale môme, l'a compris l'essentiel. C'est vrai qu'il fait pas dans la dentelle, c'est du sanglant, de l'horreur à l'état pur, et t'aimes encore mieux. Les coups volent, le sang coule, les charognes volent... Et la cavalerie arrive, une fois l'travail fait, parce qu'autrement ce s'rait trop facil. N'empêche que le gosse est quand même heureux d'les voir, ses dents montrent l'bout et ses lèvres s'écartent. Un bon p'tit bébé. Bon ça t'arrang'rait qu'il donne quelques ordres quand même, parce que les moutons là, ils foncent sur toi, et t'vas avoir du mal à t'en défaire vu le nombre.

                      L'bonhomme utilise les bons mots et calme l'histoire, ça t'arrange bien. Tu n'pourras pas lui mettre la raclée que tu voulais, mais tant que tu sors d'ici avec le bateau, ça te va. Enfin ça t'va, si tu pouvais avoir l'beurre, l'argent du beurre et la crémière avec, tu n'refuserais pas, mais là aucune chance... Alors le môme te fait du rentre dedans, sa bataille lui a donné la niaiserie de son âge et les compliments s'mettent à fuser. Tu tiques un peu quand il s'met à se vanter du coup de lasso d'hier. Enfin, tu tiques, tu te marres plutôt. C'est d'un drôle, tu viens d'aider l'gars qu'a arrêté tous les révolutionnaires. C'est à cause d'lui que t'as du voler une coque, et c'est encore à cause de lui que tu n'as toujours pas pu partir. C'est encore une foutue pagaille dans laquelle tu te trouves.

                      L'gosse continue ses pétarades mais tu ne l'écoutes déjà plus que d'une oreille, te demandant pourquoi ces foutus moutons emportent l'trésor que t'as vu tout à l'heure sur la coque. T'aurais pû t'acheter de quoi croquer pour l'voyage, t'aurais p't'être même pu t'offrir des frusques propres. Mais non, c'est la marine qui régale aujourd'hui. Et c'est à coup de sourires niais et paroles inutiles qu'elle te nourrit.


                       ~Ça te va, l’vieux ? Mais comment tu t’appelles d’ailleurs ?

                      _Gné?! T'héberges de ta bulle, et te re-concentres. Ton visage perdu à contempler l'or que tu ne pourras récupérer se fixe de nouveau sur l'enfant. T'avais décroché depuis un bon moment alors... « Ça te va, ou ça ne te va pas », t'en sais fichtrement rien de la réponse, mais t'as décidé de n'pas être trop méchant, chose rare.

                      _J'ai l'choix morveux? Moi c'est Sergueï. Et toi lieutenant Fainéant si j'bien compris. Bon vu qu't'es sympa et qu't'as l'air d'avoir arrêté de m'prendre pour un de ces fichus pirates, tu vas pouvoir m'laisser tranquille maint'nant.

                      Oui, là t'as atteins ton quota de gentillesses pour l'année avec cette réplique. Répondant à sa poignée de main, t'avances le bras en lui écrasant involontairement la paume. On n'contrôle plus toujours son corps à ton âge. C'est l'effet de la vieillesse on dira. Pensant ne plus rien avoir à faire ici, tu pars en direction du bateau sans attendre de réponse. La bavette sera pour plus tard. Les dernières fumées de lacrymogène s'envolent et tu peux maintenant monter sur la coque sans craindre de t'faire asphyxier. Tandis que tu prépares les derniers détails pour le voyage, ta substance grise se met à tournailler durement. La futur réaction des patrons du mouvement face à la capture de tes dix anciens accolytes te taraude la caboche. Vont ils tenter d'les récupérer ? Vont ils les laisser finir le cou à une corde ? T'en sais rien mais ça t'intrigue. Le temps passe tandis que tes mains sautent d'une écoute à l'autre, faisant maintenant virer la coque vers le large. Tu te retournes vers l'île et aperçois de loin le gosse, alors ton bec ne peut s'empêcher d'sortir une dernière ânerie avant qu'il ne puisse plus t'entendre.


                      _Eh au fait gamin ! T'as oublié d’arrêter un zouave hier ! Et c'est grâce à lui qu't'es en vie aujourd'hui ! Remercie la révolution à ta prochaine prière !


                      Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Mer 7 Déc 2011 - 7:05, édité 1 fois
                          Sergueï… C’pas pour dire, mais ce nom me dit quelque chose. J’aurais voulu me rappeler quoi, mais sur le coup, ma mémoire me fit défaut et c’était rageant. Tant et si bien que je ne sentis même pas qu’il me broyait la main. J’avais l’esprit ailleurs ! Il n’était pourtant pas dans mes habitudes d’oublier comme ça, mais là… Blanc. J’savais que j’avais déjà entendu ce nom quelque part. Le problème était de savoir si c’était en bien ou en mal. Et ça m’gênait assez. J’ne sais pas pourquoi mais sur le coup, j’eus la grosse envie de me raviser et de perquisitionner le bateau même si entre nous, cela n’aurait servit à rien puisqu’il était presque vide et que nous avions récupérés ce que nous cherchions depuis. De plus, j’avais pas envie de passer pour le connard de service vu que j’avais déjà mit mes éléments au parfum concernant son aide et son exploit. Parce que ouais, un civil qui aide un marine, c’est pas commun… C’est dire que j’me serais moi plongé dans la merde surtout s’ils partaient cafter au lieutenant Imanike qui m’passerait alors un de ses savons.. Conclusion : Rien à faire. L’mieux était de le remercier et de le regarder se casser en gardant pour moi l’impression bizarre que son nom m’donnait…

                          Ma blessure à la lèvre recommença à me faire un mal de chien. Il m’avait eu l’autre connard, il m’avait bien eu. Je me retournais vers lui en le regardant méchamment puis j’ordonnais aux cinq hommes qui le portaient de l’amener de tout urgence à un hôpital pas loin d’ici, histoire qu’il ne se vide pas de tout son sang. Personnellement, j’aurais préféré qu’il crève comme un chien. ‘Façon, les pirates, ça ne sert à rien dans ce monde. Strictement à rien. Mais c’était p’être mieux que je le sauve. D’autant plus qu’au fur et à mesure qu’il avançait avec lui, j’me rendais compte que je n’aurais pas eu le courage de vivre avec un mort sur la conscience… Du moins, pas pour le moment. Et puis, j’fis de même pour les autres. Qu’on les emmène hors de ma vue. Ils m’avaient bien trop pourri la journée pour que je supporte encore une seule seconde de plus ! Du coup, il ne restait plus que deux hommes avec moi. Nous regardâmes alors Sergueï prendre le large jusqu’à un certain point. Mais alors que je voulus me retourner, l’vioque depuis son bateau me cria une phrase dont j’eus clairement l’ouïe…

                          • Hein… ?! Mais il raconte quoi ce vieux con ?

                          J’prenais un air un peu hébété ponctué par mes yeux grandement écarquillés et par le fait que je me curais grassement le nez. Qu’est ce qu’il racontait ce mec ? Et puis bof hein, on s’en fout vu qu’il venait de disparaitre de notre champ de vision. Je me retournais avant de remarquer l’air blême des deux hommes qui étaient restés avec moi. Qu’est ce qu’ils avaient ceux là ? Ils avaient vu un monstre marin ou quoi. Tseuh ! J’allais continuer ma route quand j’eus un déclic soudain ! Hier… Hier… N’y avait-il pas un mec qu’on avait laissé filé concernant les révolutionnaires que nous avions attrapés ? N’était-ce pas ce qu’avait dit l’un d’eux pour vendre le dernier qui avait réussit à s’échapper ? Je me retournais lentement vers l’horizon avant de me remémorer sa dernière phrase et… « ENFOIREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !!!! REVIENS ICI TOUT DE SUITEEEEEEEEEEEEEEEEE !!! SALE VIEUX DE MES DEUX !!! » …Rentrer dans une colère noire ! Il s’était foutu de ma gueule… Non ! De nos gueules ! Putain quoi ! J’ai aidé un révolutionnaire… UN REVOLUTIONNAIRE ! J’voulus courir pour j’sais pas quoi faire, quand mes soldats restants se hâtèrent de me stopper en me retenant tant bien que mal, moi qui manquait de peu de tomber pitoyablement à l’eau…

                          Inutile de vous raconter par la suite les moqueries et remontrances de mon lieutenant…

                          Rien que pour ça, la médaille Alakys m’échappa de peu…

                          Ce Sergueï, c’est sur, j’allais le retrouver un jour sur ces mers pour le buter froidement…

                          Foi du Fenyang !


                          A SUIVRE...