Rain était totalement éreinté, le voyage avait été long et la mer ne s’était pas vraiment montrée clément avec l’équipage. Les provisions avaient commencé à manquer et l’humeur ambiante s’en était trouvée abaissé. De nombreuses disputes avaient éclaté pour des broutilles qui n’auraient que prêtés à sourire en temps normal. De par son caractère jovial, Rain avait essayé d’apaiser les tensions en racontant des bêtises pour redonner le moral aux troupes. Son apparente naïveté aidait souvent les hommes à retrouver un peu de joie, mettant de cotés tous les griefs pour se concentrer sur ce petit bonhomme rebondissant et plein d’énergie. C’était aussi son rôle d’assurer la cohésion au sein de son équipage, même s’il n’était que vice-lieutenant. Mais prendre sur soi les mauvais sentiments de tout un équipage, tout en maintenant une bonne humeur sans faille, était un exercice épuisant et c’était lui qui était au final le plus pressé de poser pied à terre. Le soulagement gagna chaque membre lorsque la vigie s’écria enfin : « Terre ! ». Tout le monde se précipita en proue pour s’assurer de ses propres yeux que le voyage touchait à sa fin. Les cris de joie fusèrent à l’unisson, mettant du baume au cœur de chacun.
Soucieux de ne pas voir les jeunes trop vite déçues, Rain se dirigea vers le navigateur pour savoir si l’île qu’ils apercevaient au loin était habitée. Car s’il s’agissait d’une île déserte, même ses fantaisies ne suffiraient pas à maintenir une atmosphère supportable au sein de l’équipage. Ses doutes se dissipèrent en entendant le nom d’Inari. Il avait déjà entendu ce nom mentionné au QG de la Marine. Une base y avait été installé, ce qui ne laissait pas de doute quand à l’accueil qu’ils y recevraient. Il y aurait de quoi se reposer et faire le plein de provisions. Et il y aurait même des femmes ! Il sauta sur le bureau du navigateur et se lança dans un petit déhanché qui aurait fait fondre n’importe quelle femelle. Dommage qu’il n’y en avait pas sur le navire. Ces superstitions débiles.... Une femme sur une embarcation avait la réputation de porter malheur, résultat, Rain devait passer des semaines entières sans voir la moindre femme. C’était insupportable. Il sortit de ses pensées et redescendit du bureau l’air de rien. Il épousseta son col et sortit sous les yeux égarés du navigateur. C’était un nouveau, il n’avait pas encore l’habitude des petits délires de son vice-lieutenant. Avec un sourire en coin, il ouvrit la porte et crut déceler un petit quelque chose dans le regard du navigateur qui le surprit. Apparemment, le déhanché n’avait pas d’effet que sur les femmes..... Il était vraiment temps qu’on arrive !
Le pont frappa le sol dans un grand bruit mais qui sembla pourtant un simple murmure de fourmi en comparaison avec le boucan provoqué par un équipage entier se ruant dans le port. Des rires, des cris, des conversations animées, des chansons.... Tout était bon pour évacuer le stress et l’ennui accumulé pendant des semaines. Le dernier à descendre fut notre héros, il n’aimait pas trop se mêler au chahut général. La tranquillité d’un bar du coin et la compagnie d’une demoiselle lui étaient bien plus agréables. Il attendit que tous ses hommes disparaissent de son champ de vision pour aller faire le tour de la ville. Destination : le bar ! Cela faisait trop longtemps que ses neurones ne s’étaient pas embourbés dans un torrent d’alcool. Point positif de cette ville, les panneaux indicateurs ! Où que l’on soit, on savait toujours comment rejoindre les points importants de la ville, mairie, bar, port....
-Donc à droite après la mairie, deuxième à gauche et c’est après le fleuriste.
Soulagé, il se sentait bien, heureux de vivre et en proie à un bonheur que rien ne semblait pouvoir gâcher. Il allait boire, draguer et flemmarder. C’était le planning de sa journée idéale. Il aperçu enfin le bar, juste après le fleuriste, comme prévu. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
Mais tout ça bien sûr, c’était avant le drame....
Une femme arriva sans crier gare au beau milieu de la rue. Elle sortait de chez le fleuriste en hurlant et percuta Rain qui, surprit, tomba à la renverse. Il secoua la tête et reprit ses esprits à peine une seconde avant que la femme ne lui saute dessus. Le Marin la regarda rapidement et, voyant qu’elle était bien trop vieille pour lui décida d’écouter ce qu’elle racontait depuis un petit moment déjà.
-...êtes un Marin ? Je vous en prie, il faut que vous m’aidiez !
-Hein ? Moi ? Mais je....
Il regarda le bar qui se trouvait à quelques mètres seulement et sentit un gargouillis dans son estomac. Puis il regarda la femme qui avait des larmes plein les yeux et qui le fixait intensément. Soupirant, il se releva. Et voilà, sa journée allait être gâchée finalement. Comme quoi, ca ne tient pas à grand-chose. L’œil bas, il demanda quel était le problème. Il n’avait plus la moindre motivation mais l’appel du devoir était toujours le plus fort.
-Ma fille est partie et je crains qu’elle ne soit allée sur le Mont Lys !
-Ah ? répondit-il sans intérêt. Et alors ?
-Mais enfin, c’est une région très dangereuse ! Des animaux très agressifs vivent, il faut que vous me la rameniez ! Je ne peux pas y aller, personne ne s’aventure là-bas !
Rain la regarda perplexe.
-Ba pourquoi elle y est allé alors ? Vous ne lui avez pas appris les endroits où elle ne devait pas aller ?
-Ne parlez pas comme s’il s’agissait d’une enfant, elle a dix-neuf ans ! Notre petite fleuristerie ne marche pas fort ces temps-ci et elle à décidé de nous aider en ramenant une variété magnifique et très rare de lys qui ne pousse que sur ce mont. Elle voulait bien faire...
Le regard de Rain s’éveilla en entendant ces mots ! Une jeune fille de dix-neuf ans en détresse ? Il serait bien malvenu de sa part de refuser ! Question de principe ! Il demanda à la femme la direction de son objectif et se mit en route.
---------------------------------------------------------------------------------
Le Mont Lys était assez petit, difficilement remarquable par rapport aux autres. La seule particularité de cette montagne est qu’elle est entièrement recouverte d’une forêt très épaisse sur toute la moitié la plus basse et entièrement nue sur la moitié supérieure. Rain y pénétra, ses armes aux mains. Ses poings tranchants étaient très utiles contre les animaux sauvages car il pouvait monter au contact et se déchaîner. Pas besoin de perdre de temps en visant ou à préparer des pièges. Il courait droit devant lui, mettant à terre quelques ours et panthères qui ne voyaient en lui qu’un morceau de viande. Il savait que la jeune fille cherchait une fleure rare qui, d’après sa mère, poussait au sommet du mont, une journée par an seulement. Or, cela faisait trois jours qu’elle était partie. Quelque chose avait mal tournée, cela ne faisait aucun doute. Pourquoi la vieille n’avait-elle réagit que maintenant ? Cela restait un mystère pour Rain. Il se baissa juste à temps pour éviter d’être attrapé par un serpent et sauta, tout en se retournant, pour le trancher en deux. Après une bonne heure de course à peine ralentit par les créatures sauvages, il finit par sortir de ce bois et se retrouver face à un désert de cailloux. Autant la forêt était aussi luxuriante qu’une véritable jungle, autant ici, à quelques mètres près, il n’y avait plus rien. Pas même une pousse d’herbe entre deux rochers. Rien !
Il leva les yeux vers le ciel et vit des oiseaux très grands voler en rond vers le sommet. Mauvais présage... Il se mit à être beaucoup plus vigilant. S’il n’y avait plus de végétation, il n’y avait donc plus que des créatures carnivores et donc puissantes. Un écosystème peuplé uniquement de carnivores signifie que seule la loi du plus fort prévaut. C’était souvent des endroits dotés de créatures très violentes ou très sournoises à l’inverse. Il ne cessa pas de courir pour autant et arrive en vue du sommet, là où les oiseaux semblaient se focaliser.
La vue de la créature le stoppa net dans sa course. Il était gigantesque... Cela ressemblait à un rhinocéros géants, mais doté d’une gueule de T-Rex ! Incroyable, le Marin eut un mouvement de recul mais entendit un petit cri qui venait de derrière le monstre. Il chercha des yeux et parvint enfin à la voir. La jeune femme était recroqueville entre deux grands rochers. L’imposante mâchoire de la créature l’empêchait de l’atteindre, mais elle était coincée, ne pouvant sortir sans risquer d’être dévoré. Le Marin voulut l’appeler pour la rassurer, mais craint de se faire repérer par le monstre. Il fit demi-tour pour retourner dans la forêt. En chemin, il croisa une panthère de belle envergure. Il sauta par-dessus et commença à la frapper à l’arrière de la tête.
-Yeeeeeha ! Rodéo ma belle !
Rien de telle pour se détendre que de se battre avec des animaux ! La jeune demoiselle était à l’abri temporairement, il pouvait prendre son temps et s’amuser un petit peu. De manière rythmée, il frappait le crâne du félin avec ses poings tranchants. La douleur faisait bondir et se cabrer l’animal mais Rain parvenait à se maintenir à la seule force de ses jambes. Après quelques minutes de luttes, la panthère s’effondra.
Le vice-lieutenant entailla la cuisse au niveau de l’artère et recueillit une pinte de sang. Il posa son sac sur le sol et sortit son souffleur à manivelle. Versant le sang à l’intérieur, il se rapprocha du rhinocérosaurus Rex et se mit à souffler vers lui. Le sang et en particulier son odeur, portée par le vent, lui fit de désintéresser de la jeune femme pour se tourner vers Rain qui prit ses jambes à son cou en direction du cadavre de la panthère. Le monstre le suivait en chargeant, attiré par l’odeur.
Arrivé sur place, Rain sauta derrière le cadavre et laissa la créature savourer son repas. Elle vit le cadavre de belle taille et s’empressa de la dévorer, trop content de trouver un tel festin sans avoir à chasser. Rain attrapa la cuisse du cadavre et l’agita devant le museau du géant qui se mit à la renifler avec envie.
-Va chercher !
Le Marin regarda avec amusement l’immense monstruosité se précipiter vers la cuisse comme un banal chien. A sa grande surprise, il vit la créature revenir vers lui la cuisse dans la gueule et tout excité. Cela donna une idée à Rain. Il prit un morceau de viande sur le cadavre qui se tenait devant lui et attrapa son sac. Il en sortit une bombe de son invention qu’il plaça au milieu de la viande, bien coincée dans la chaire. Il leva la main et siffla pour attirer l’attention du monstre et alluma la mèche. En étant le créateur, il savait que ces mèches étaient dignes de confiances et ne pouvait pas s’éteindre. Il lança la viande en l’air et vit avec satisfaction le monstre la gober en plein vol. Quelques secondes plus tard, une violente explosion lui fit sauter la tête et le corps tomba au sol, inertes.
-Waouh ! C’est pas passé loin ! Heureusement que je me suis mis à l’abri, j’aurais été tout taché, sinon !
Il sortit de derrière son rocher et se précipita vers le coin où la jeune fille attendait pendant que les vautours descendaient en piqué derrière lui. Celle-ci était encore toute sonnée et n’avait pas osé sortir de sa propre initiative. Rain se pencha et laissa passer sa tête dans l’anfractuosité. Il lui sourit et lui tendit la main.
-Rain, pour vous servir. Je crois que cette grosse bêbête ne vous posera plus de problèmes désormais.
La jeune fille le regarda avec des yeux, ronds, puis sa main et enfin lui sourit à son tour en le suivant.
-Merci, je m’appelle Ilina. Vous m’avez sûrement sauvé. Comment pourrais-je vous remercier ?
Le Marin la regarda de haut en bas, comme il l’espérait, elle était très belle, fine et souriante. Il remarqua qu’elle tenait dans sa main une fleur superbe qui ne faisait que rehaussez sa beauté naturelle. Le lys semblait changer de couleur en permanence, comme s’il brillait différemment à chaque seconde. Elle avait réussit à le cueillir avant d’être attaqué. Il fit un sourire en coin et la regarda dans les yeux.
-J’ai peut-être une idée.
Ilina le regarda étonné, remit une mèche de cheveux derrière son oreille et lui sourit.
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La femme poussa un cri strident en voyant sa fille pénétrer dans la fleuristerie. Elle se précipita vers elle et la serra dans ses bras. Rain, resté à l’écart, rit de la scène. Il fit un signe de la main pour s’éclipser et repris discrètement son chemin vers le bar. Non mais ! Il n’allait pas gâcher cette merveilleuse journée en remerciements, il avait fait son travail après tout. Mais son estomac se noua lorsqu’il vit que, entre temps, la journée avait bien avancée et le bar avait fermé. Il tomba à genoux, en proie à un grand désespoir. Il se mit à chouiner en tapant le sol avec ses mains.
-Tenez, Rain. C’est bien le moins que l’on puisse faire pour vous remercier.
Rain essuya une larme et leva les yeux vers la fleuriste qui le regardait. Elle tenait dans ses mains une grande bouteille de rhum. Le Marin sauta sur ses jambes et attrapa la bouteille. Sa journée n’était pas terminée finalement ! Il fit une bise sur la joue de la femme et but une grande gorgée.
-Ah..... Enfin....
Soucieux de ne pas voir les jeunes trop vite déçues, Rain se dirigea vers le navigateur pour savoir si l’île qu’ils apercevaient au loin était habitée. Car s’il s’agissait d’une île déserte, même ses fantaisies ne suffiraient pas à maintenir une atmosphère supportable au sein de l’équipage. Ses doutes se dissipèrent en entendant le nom d’Inari. Il avait déjà entendu ce nom mentionné au QG de la Marine. Une base y avait été installé, ce qui ne laissait pas de doute quand à l’accueil qu’ils y recevraient. Il y aurait de quoi se reposer et faire le plein de provisions. Et il y aurait même des femmes ! Il sauta sur le bureau du navigateur et se lança dans un petit déhanché qui aurait fait fondre n’importe quelle femelle. Dommage qu’il n’y en avait pas sur le navire. Ces superstitions débiles.... Une femme sur une embarcation avait la réputation de porter malheur, résultat, Rain devait passer des semaines entières sans voir la moindre femme. C’était insupportable. Il sortit de ses pensées et redescendit du bureau l’air de rien. Il épousseta son col et sortit sous les yeux égarés du navigateur. C’était un nouveau, il n’avait pas encore l’habitude des petits délires de son vice-lieutenant. Avec un sourire en coin, il ouvrit la porte et crut déceler un petit quelque chose dans le regard du navigateur qui le surprit. Apparemment, le déhanché n’avait pas d’effet que sur les femmes..... Il était vraiment temps qu’on arrive !
Le pont frappa le sol dans un grand bruit mais qui sembla pourtant un simple murmure de fourmi en comparaison avec le boucan provoqué par un équipage entier se ruant dans le port. Des rires, des cris, des conversations animées, des chansons.... Tout était bon pour évacuer le stress et l’ennui accumulé pendant des semaines. Le dernier à descendre fut notre héros, il n’aimait pas trop se mêler au chahut général. La tranquillité d’un bar du coin et la compagnie d’une demoiselle lui étaient bien plus agréables. Il attendit que tous ses hommes disparaissent de son champ de vision pour aller faire le tour de la ville. Destination : le bar ! Cela faisait trop longtemps que ses neurones ne s’étaient pas embourbés dans un torrent d’alcool. Point positif de cette ville, les panneaux indicateurs ! Où que l’on soit, on savait toujours comment rejoindre les points importants de la ville, mairie, bar, port....
-Donc à droite après la mairie, deuxième à gauche et c’est après le fleuriste.
Soulagé, il se sentait bien, heureux de vivre et en proie à un bonheur que rien ne semblait pouvoir gâcher. Il allait boire, draguer et flemmarder. C’était le planning de sa journée idéale. Il aperçu enfin le bar, juste après le fleuriste, comme prévu. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
Mais tout ça bien sûr, c’était avant le drame....
Une femme arriva sans crier gare au beau milieu de la rue. Elle sortait de chez le fleuriste en hurlant et percuta Rain qui, surprit, tomba à la renverse. Il secoua la tête et reprit ses esprits à peine une seconde avant que la femme ne lui saute dessus. Le Marin la regarda rapidement et, voyant qu’elle était bien trop vieille pour lui décida d’écouter ce qu’elle racontait depuis un petit moment déjà.
-...êtes un Marin ? Je vous en prie, il faut que vous m’aidiez !
-Hein ? Moi ? Mais je....
Il regarda le bar qui se trouvait à quelques mètres seulement et sentit un gargouillis dans son estomac. Puis il regarda la femme qui avait des larmes plein les yeux et qui le fixait intensément. Soupirant, il se releva. Et voilà, sa journée allait être gâchée finalement. Comme quoi, ca ne tient pas à grand-chose. L’œil bas, il demanda quel était le problème. Il n’avait plus la moindre motivation mais l’appel du devoir était toujours le plus fort.
-Ma fille est partie et je crains qu’elle ne soit allée sur le Mont Lys !
-Ah ? répondit-il sans intérêt. Et alors ?
-Mais enfin, c’est une région très dangereuse ! Des animaux très agressifs vivent, il faut que vous me la rameniez ! Je ne peux pas y aller, personne ne s’aventure là-bas !
Rain la regarda perplexe.
-Ba pourquoi elle y est allé alors ? Vous ne lui avez pas appris les endroits où elle ne devait pas aller ?
-Ne parlez pas comme s’il s’agissait d’une enfant, elle a dix-neuf ans ! Notre petite fleuristerie ne marche pas fort ces temps-ci et elle à décidé de nous aider en ramenant une variété magnifique et très rare de lys qui ne pousse que sur ce mont. Elle voulait bien faire...
Le regard de Rain s’éveilla en entendant ces mots ! Une jeune fille de dix-neuf ans en détresse ? Il serait bien malvenu de sa part de refuser ! Question de principe ! Il demanda à la femme la direction de son objectif et se mit en route.
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Le Mont Lys était assez petit, difficilement remarquable par rapport aux autres. La seule particularité de cette montagne est qu’elle est entièrement recouverte d’une forêt très épaisse sur toute la moitié la plus basse et entièrement nue sur la moitié supérieure. Rain y pénétra, ses armes aux mains. Ses poings tranchants étaient très utiles contre les animaux sauvages car il pouvait monter au contact et se déchaîner. Pas besoin de perdre de temps en visant ou à préparer des pièges. Il courait droit devant lui, mettant à terre quelques ours et panthères qui ne voyaient en lui qu’un morceau de viande. Il savait que la jeune fille cherchait une fleure rare qui, d’après sa mère, poussait au sommet du mont, une journée par an seulement. Or, cela faisait trois jours qu’elle était partie. Quelque chose avait mal tournée, cela ne faisait aucun doute. Pourquoi la vieille n’avait-elle réagit que maintenant ? Cela restait un mystère pour Rain. Il se baissa juste à temps pour éviter d’être attrapé par un serpent et sauta, tout en se retournant, pour le trancher en deux. Après une bonne heure de course à peine ralentit par les créatures sauvages, il finit par sortir de ce bois et se retrouver face à un désert de cailloux. Autant la forêt était aussi luxuriante qu’une véritable jungle, autant ici, à quelques mètres près, il n’y avait plus rien. Pas même une pousse d’herbe entre deux rochers. Rien !
Il leva les yeux vers le ciel et vit des oiseaux très grands voler en rond vers le sommet. Mauvais présage... Il se mit à être beaucoup plus vigilant. S’il n’y avait plus de végétation, il n’y avait donc plus que des créatures carnivores et donc puissantes. Un écosystème peuplé uniquement de carnivores signifie que seule la loi du plus fort prévaut. C’était souvent des endroits dotés de créatures très violentes ou très sournoises à l’inverse. Il ne cessa pas de courir pour autant et arrive en vue du sommet, là où les oiseaux semblaient se focaliser.
La vue de la créature le stoppa net dans sa course. Il était gigantesque... Cela ressemblait à un rhinocéros géants, mais doté d’une gueule de T-Rex ! Incroyable, le Marin eut un mouvement de recul mais entendit un petit cri qui venait de derrière le monstre. Il chercha des yeux et parvint enfin à la voir. La jeune femme était recroqueville entre deux grands rochers. L’imposante mâchoire de la créature l’empêchait de l’atteindre, mais elle était coincée, ne pouvant sortir sans risquer d’être dévoré. Le Marin voulut l’appeler pour la rassurer, mais craint de se faire repérer par le monstre. Il fit demi-tour pour retourner dans la forêt. En chemin, il croisa une panthère de belle envergure. Il sauta par-dessus et commença à la frapper à l’arrière de la tête.
-Yeeeeeha ! Rodéo ma belle !
Rien de telle pour se détendre que de se battre avec des animaux ! La jeune demoiselle était à l’abri temporairement, il pouvait prendre son temps et s’amuser un petit peu. De manière rythmée, il frappait le crâne du félin avec ses poings tranchants. La douleur faisait bondir et se cabrer l’animal mais Rain parvenait à se maintenir à la seule force de ses jambes. Après quelques minutes de luttes, la panthère s’effondra.
Le vice-lieutenant entailla la cuisse au niveau de l’artère et recueillit une pinte de sang. Il posa son sac sur le sol et sortit son souffleur à manivelle. Versant le sang à l’intérieur, il se rapprocha du rhinocérosaurus Rex et se mit à souffler vers lui. Le sang et en particulier son odeur, portée par le vent, lui fit de désintéresser de la jeune femme pour se tourner vers Rain qui prit ses jambes à son cou en direction du cadavre de la panthère. Le monstre le suivait en chargeant, attiré par l’odeur.
Arrivé sur place, Rain sauta derrière le cadavre et laissa la créature savourer son repas. Elle vit le cadavre de belle taille et s’empressa de la dévorer, trop content de trouver un tel festin sans avoir à chasser. Rain attrapa la cuisse du cadavre et l’agita devant le museau du géant qui se mit à la renifler avec envie.
-Va chercher !
Le Marin regarda avec amusement l’immense monstruosité se précipiter vers la cuisse comme un banal chien. A sa grande surprise, il vit la créature revenir vers lui la cuisse dans la gueule et tout excité. Cela donna une idée à Rain. Il prit un morceau de viande sur le cadavre qui se tenait devant lui et attrapa son sac. Il en sortit une bombe de son invention qu’il plaça au milieu de la viande, bien coincée dans la chaire. Il leva la main et siffla pour attirer l’attention du monstre et alluma la mèche. En étant le créateur, il savait que ces mèches étaient dignes de confiances et ne pouvait pas s’éteindre. Il lança la viande en l’air et vit avec satisfaction le monstre la gober en plein vol. Quelques secondes plus tard, une violente explosion lui fit sauter la tête et le corps tomba au sol, inertes.
-Waouh ! C’est pas passé loin ! Heureusement que je me suis mis à l’abri, j’aurais été tout taché, sinon !
Il sortit de derrière son rocher et se précipita vers le coin où la jeune fille attendait pendant que les vautours descendaient en piqué derrière lui. Celle-ci était encore toute sonnée et n’avait pas osé sortir de sa propre initiative. Rain se pencha et laissa passer sa tête dans l’anfractuosité. Il lui sourit et lui tendit la main.
-Rain, pour vous servir. Je crois que cette grosse bêbête ne vous posera plus de problèmes désormais.
La jeune fille le regarda avec des yeux, ronds, puis sa main et enfin lui sourit à son tour en le suivant.
-Merci, je m’appelle Ilina. Vous m’avez sûrement sauvé. Comment pourrais-je vous remercier ?
Le Marin la regarda de haut en bas, comme il l’espérait, elle était très belle, fine et souriante. Il remarqua qu’elle tenait dans sa main une fleur superbe qui ne faisait que rehaussez sa beauté naturelle. Le lys semblait changer de couleur en permanence, comme s’il brillait différemment à chaque seconde. Elle avait réussit à le cueillir avant d’être attaqué. Il fit un sourire en coin et la regarda dans les yeux.
-J’ai peut-être une idée.
Ilina le regarda étonné, remit une mèche de cheveux derrière son oreille et lui sourit.
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La femme poussa un cri strident en voyant sa fille pénétrer dans la fleuristerie. Elle se précipita vers elle et la serra dans ses bras. Rain, resté à l’écart, rit de la scène. Il fit un signe de la main pour s’éclipser et repris discrètement son chemin vers le bar. Non mais ! Il n’allait pas gâcher cette merveilleuse journée en remerciements, il avait fait son travail après tout. Mais son estomac se noua lorsqu’il vit que, entre temps, la journée avait bien avancée et le bar avait fermé. Il tomba à genoux, en proie à un grand désespoir. Il se mit à chouiner en tapant le sol avec ses mains.
-Tenez, Rain. C’est bien le moins que l’on puisse faire pour vous remercier.
Rain essuya une larme et leva les yeux vers la fleuriste qui le regardait. Elle tenait dans ses mains une grande bouteille de rhum. Le Marin sauta sur ses jambes et attrapa la bouteille. Sa journée n’était pas terminée finalement ! Il fit une bise sur la joue de la femme et but une grande gorgée.
-Ah..... Enfin....