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Knocking on Heaven's door

    « Jour. Nuit. Jour. Nuit. Jour… »

    Menton posé contre le bureau de sa cabine, les yeux vides, la voix lasse, Unwin tirait à un rythme régulier sur la gâchette de son pistolet-briquet tout juste fabriqué.

    « Jour. Nuit. Jour. Nuit… »

    La flamme allait et venait, illuminant furtivement le visage du jeune homme.

    « Nuit. Jour. »

    Un soupir.

    « Putain, j’me fais chier. »

    Avec agacement, Vail envoya l’objet valser dans un coin de la chambre, avec une multitude de ses semblables. La dernière fois qu’il avait produit autant de briquets, il avait douze ans et c’était un exercice imposé par son père afin qu’il se fasse la main pour le jour où il produirait de vraies armes à feu de qualité. Il fallait vraiment qu’il n’ait pas beaucoup de matériaux et du temps à perdre pour renouveler l’exercice.

    Cela faisait trois mois qu’il avait combattu Buntaro. Trois mois qu’il avait perdu de manière ridicule. Depuis ce jour, il avait à peine mis pied à terre, passant plus de temps à se reposer et à panser ses blessures qu’à réellement s’occuper de son avenir. Les premiers temps, il avait même craint d’avoir la marine à ses trousses, mais visiblement, cette dernière n’avait même pas pris en compte son existence. Tu parles d’un chasseur de prime ! Ce combat avorté lui avait vraiment mis une sacrée claque. A quoi bon se battre contre des types plus balaises que vous si vous êtes même pas sûrs de toucher quoique ce soit ? C’était ridicule. Dans le fond, quitte à castagner des gens pour se faire du fric, autant taper sur du civil et devenir pirate…

    Devenir pirate… Au début, l’idée avait paru complètement stupide à Unwin. Il avait d’abord songé que ce n’était qu’un petit coup de blues qui le faisait penser ainsi, que sa fierté entachée le faisait dériver. Mais l’idée s’était fait persistante, se dessinant de jour en jour un peu plus : un bateau, une dizaine d’hommes à son service, un large pavillon noir et son nom dans tous les journaux… Vraiment, c’était séduisant comme vie. Mais pouvait-on réellement devenir pirate du jour au lendemain ? Un claquement de doigt et hop ! Le voilà capitaine ? Ne serait-il pas plus logique de rejoindre d’abord un autre équipage avant de forger le sien ? Là, c’était tout de suite moins attirant… Rejoindre un équipage signifiait abandonner le Big Bang Joe et ça, Unwin n’était pas prêt à le faire. Il n’était pas du genre à s’accrocher sentimentalement à des objets, mais le Joe… Le Joe c’était autre chose ! C’était quand même un fier navire construit pour lui. Un navire qu’il emmènerait jusqu’à la gloire.

    « Unwin Vail, le capitaine pirate. »

    Les mots résonnèrent un instant dans la cabine.

    « Putain, ça sonne bien. »

    Etait-ce vraiment le bon choix ? La meilleure manière de le savoir était d’essayer. Après tout, qu’avait-il à perdre ? S’il se plantait, il changerait de voie et puis basta ! Les blues étaient suffisamment grandes pour qu’il trouve de quoi faire.

    Ragaillardi, Unwin se leva et quitta sa cabine d’un pas précipité, un tas de cartes en main. Cela faisait plusieurs jours qu’il dérivait sans but, mais maintenant, il savait quoi faire ! Le nouveau capitaine repéra une île proche d’ici et se décida à s’y rendre afin de recruter des membres pour son équipage. Une fois cela fait, il pourrait envisager des actions d’une plus grande envergure pour récupérer de l’argent, puis avec de l’argent du matériel et ainsi pousser l’équipage toujours plus loin. Le jeune homme avait déjà dans la tête l’image d’un bateau regorgeant d’un attirail d’inventions, d’armes innovantes et d’hommes prêts à tout pour mener leur équipage à la gloire. Le tout sous un même drapeau : des fusils croisés derrière un crâne. Le tout sous un même nom : les… Les… Merde. Comment appeler son équipage ? Une moue contrariée se peignit sur le visage d’Unwin. Les noms, ça n’avait jamais été son truc. Il avait toujours appelé un chat, un chat, un fusil, un fusil. Le délire de baptiser ses armes, ça l’avait jamais vraiment pris. Un gun reste un gun, peu importe le nom. Un gun ? Oh…

    « Les Guns N’Guns. »

    Un sourire satisfait se dessina sur le visage de Vail tandis que son regard se posait sur l’horizon. Maintenant il allait s’amuser !


Dernière édition par Unwin Vail le Lun 14 Nov 2011 - 12:39, édité 1 fois
      Une vague violente renversa Unwin. Sans pouvoir lutter contre les éléments, il chuta et glissa jusqu’à l’extrême opposé de son bateau. Réprimant un grognement alors que son dos heurtait le bastingage du navire, il s’accrocha à une corde pour se relever. Ce fut alors qu’il le vit.

      Profond, agité et violent, le tourbillon insoupçonnable quelques instants plus tôt avait pris le Big Bang Joe en son sein. A travers l’épaisse vapeur qui se dégageait de l’île de Yuge – dieu qu’elle portait bien son nom ! – Vail n’avait pas été capable d’apercevoir la surface de l’eau et il était désormais pris dans le courant intenable de l’océan. Ballotté comme un fétu de paille, le bateau tournait, s’enfonçant inlassablement dans les profondeurs abyssales, incapable de lutter contre une force qui le dépassait de loin. A son bord, Unwin ne pouvait que contempler, impuissant et effaré, le déchainement de puissance sous-marine. Etait-il seulement possible que la mer puisse cacher, sous son calme apparent, une telle brutalité ? En quelques secondes, Vail comprit que jamais un marin n’avait exagéré en affirmant que la mer était une amie capricieuse et versatile.

      Soudain, alors que le jeune homme abandonnait ses dernières onces d’espoir, le Joe se mit à vibrer avec intensité et à s’agiter de plus bel. Croyant voir les flots se refermer sur lui, Unwin leva les yeux au ciel pour un dernier regard vers la surface. Résigné, il ne s’attendait pas à voir la dite surface se rapprocher. Le courant s’inversait-il ? Impossible ! Plissant les yeux, cherchant à percer les vapeurs qui s’étaient engouffrées dans le maelström, le pirate comprit. A la surface se dessinait lentement mais sûrement les contours d’une trombe.

      « Putain ! C’quoi ce… »

      Une corde lui coupa la parole. Visiblement mal attachée, elle s’était dénouée pour fouetter violemment le visage d’Unwin, laissant une vilaine balafre de son oreille à sa bouche. Ne s’en souciant pas outre mesure, Vail s’accrochait de plus bel, croyant voir une chance de salut dans cette trombe inespérée. D’autres vagues vinrent également s’écraser sur le pont du bateau, faisant réaliser au pirate que les eaux dans lesquelles il se trouvait étaient d’une chaleur inattendue. Ceci, allié au vent froid du nord, expliquait la formation de la trombe qui était en train de sauver la vie d’Unwin et du Joe.

      La suite, Vail fut bien incapable de la comprendre. Pris entre la trombe et le tourbillon, son navire semblait tiraillé de tous les côtés, prêt à se fendre et à précipiter son propriétaire au large. Propriétaire qui avait préféré rejoindre sa cabine afin d’éviter ce genre d’accident. Dans sa situation, seul face aux éléments, il était parfaitement conscient qu’il ne pourrait rien faire sinon prier. Dommage qu’il n’ait jamais cru en dieu…

      Finalement, après quelques minutes qui lui semblèrent une éternité, le Joe trembla une dernière fois avant de s’immobiliser complètement. Sonné, Unwin ne s’aperçu pas immédiatement du changement. Couché par terre, les membres tremblants et la respiration hachée à cause des chocs répétés, il prenait doucement conscience du silence bienfaiteur qui l’entourait. Puis, après quelques minutes, il se redressa. La douleur l’inonda un instant, se propageant dans tout son corps avant de s’installer dans son visage. Le pirate y porta la main et la retira maculée de sang. Cette putain de corde l’avait pas loupé. La blessure n’était toutefois pas profonde, même si douloureuse, et il attrapa un chiffon qui trainait par là pour éponger le liquide écarlate et sortit.

      La première chose que remarque Unwin, ce fut le ciel. Parfaitement bleu, il semblait se moquer royalement de la trombe au large. Ensuite, ce furent les dégâts. Les voiles étaient déchirées, des tonneaux avaient roulé sur le pont avant d’éclater, déversant leur contenu au hasard. Bref, rien de très reluisant et dans le cas présent, le Big Bang Joe n’était pas loin d’avoir des allures de vaisseau fantôme. Quelle idée de choisir d’accoster à l’écart du port pour ne pas payer de taxe !
        Si le pont du bateau n’était pas reluisant, on ne pouvait pas vraiment en dire autant pour la coque. En effet, le savoir faire de Tsunechika avait su éviter le pire au fier navire. Unwin pouvait distinguer une planche qui avait sauté, mais c’était bien le seul dégât matériel sur la carcasse du Joe. Avec un soupir de soulagement, le jeune homme s’apprêtait à remonter à bord lorsqu’une désagréable pression se fit sentir au milieu de son dos. Avant même d’avoir pu se retourner, une voix grave le menaça :

        « A ta place, je ferais aucun mouvement brusque. »

        Vu la situation, Unwin ne fit pas le malin et obéit sagement. Il fit un demi-tour lent, les mains en l’air, pour tomber nez à nez avec un groupe de trois personnes. Celui qui le menaçait devait avoir à peu près son âge, il était plus petit que lui – ce qui n’était pas difficile –, large d’épaules et son visage encadré de dreadlocks n’inspirait pas spécialement la confiance. Faut avouer que le canon de l’arme pointé sur Vail n’aidait pas non plus à établir des relations amicales. Derrière lui se trouvait un homme plus vieux, entre vingt-cinq et trente ans sans doute, couvert de la tête aux pieds par du cambouis et dont l’allure était plus avenante, même s’il n’avait pas l’air motivé à secourir notre pirate. Enfin, la troisième personne était une jeune femme d’environ dix-huit ans à la mine renfrognée et à l’étonnante chevelure bleue. Jolie et délicate, elle semblait s’être trompée de scène pour apparaitre.

        « C’est ton bateau ? »
        « Ouais. Et ça va l’rester. »
        « Ca, c’est nous qui allons en décider. Mario, tu grimpes pour nous dire ce qu’il vaut ? »
        « Ca roule ! »

        Avec agilité, le dénommé Mario s’empara de l’échelle de corde et se hissa jusqu’au pont. Une fois là-haut, un sifflement impressionné retentit, attisant la curiosité des personnes en bas.

        « Qu’est-ce qu’il y a ? »
        « Il y a que c’est sacrément le bordel ! Même la chambre de Lucy est pas aussi dégueulasse ! »
        « Je t’emmerde ! »

        La fille restée au sol fit un bras d’honneur à Mario avant de s’assoir par terre en attendant la suite. Pas commode la petite ! Quelques minutes s’écoulèrent dans le silence et finalement, Mario réapparut, le visage amusé, un des briquets fabriqué par Unwin dans la main.

        « Hey, regardez ça ! C’est énorme ! Y’en a une dizaine dans la cabine. Je crois que ce type a pillé une fumerie. »

        Ce fut au tour de Vail d’afficher un visage contrarié. Quelle idée d’avoir laissé trainer ses briquets !

        « D’où tu les sors tes jouets, mon grand ? »
        « Je les ai fabriqués, et comme la nana, je t’emmerde ! »

        Un rire sonore lui répondait tandis que la mine enjouée du pilleur disparaissait à nouveau.

        « Tu gagnes ta vie en fabriquant des briquets ? »

        Cette fois-ci, c’était la fille qui l’avait interrogé.

        « Je me faisais chier, j’me suis occupé comme j’ai pu. »
        « Drôle de passe-temps… »

        Pour un peu, Unwin aurait oublié l’arme pointée sur lui, mais malgré la légèreté de Mario et Lucy, le regard noir et peu amène du troisième type lui rappelait qu’il n’était pas en présence d’amis. Vail le détailla de la tête au pied, remarquant ainsi une deuxième arme accrochée à sa ceinture et un tee-shirt Guns N’Pinkies. Le hasard se foutait bien de lui des fois, quand même.

        « Hey, le naufragé ! »

        La voix de Mario le tira de ses pensées pour la troisième fois.

        « Quoi, bordel ? »
        « D’où tu les sors ceux-là ? C’est pas des jouets, on dirait ! »
        « Qu’est-ce que c’est ? »
        « Des armes ! Et de bonne qualité en plus. Elles sont signées Vail & fils, il se permet pas n’importe quoi, le mousse ! »

        Unwin ne put retenir un sourire en entendant la qualité de ses armes vantées ainsi. S’ils savaient…

        « Comment t’as eu ça ? »
        « Je les ai fabriquées. »
        « A ta place, je ferais pas le mariole ! Réponds ! »
        « Je viens de te le dire putain, je les ai fabriquées. Le ‘& fils’ de chez Vail, c’est moi. »
        « Sans déconner ? »

        Avec un regain d’intérêt soudain, Mario descendit du bateau pour rejoindre ses camarades en bas. Il détailla Unwin un moment puis fit signe à l’autre type de baisser son arme.

        « Qu’est-ce que l’héritier Vail fait si loin de chez lui ? »
        « Je m’cherche un putain d’équipage. »
        « T’es pirate, toi ? »
        « Depuis deux jours, ouais. »
        « Bonjour la crédibilité… »
        « Bah ! Faut bien commencer un jour. »

        Lucy haussa les épaules avec dédain et laissa les hommes entre eux pour aller à son tour explorer le navire. Toutes ces discussions, ça la bottait pas plus que ça.

        « Dis-moi mon grand, ça te dirait de faire affaire avec nous ? »
        « Quel genre d’affaires ? »
        « Marché noir, contrebande, des trucs pas très légaux mais qui rapportent bien. Tu serais un pirate des villes. »
        « Vous me menacez et juste après tu me demandes de faire des putains d’affaires avec toi et tes potes ? »
        « Ah, ah ! On récupère de la marchandise comme on peut, qu’est-ce que tu veux. Mais j’ai trop d’admiration pour les armes de ta famille pour te piller de la sorte. Même si ça doit bien faire dix ans que je suis pas retournée dans votre boutique. »
        « Désolé, mais j’suis pas intéressé. Je suis venu ici pour me trouver un équipage, pas pour devenir marchand. »
        « Laisse tomber, Mario. On n’a pas de temps à perdre avec lui. »
        « Tss, t’occupes. Bon, Vail, je te propose un truc. »
        « Ouais… »
        « Je connais pas mal de gars en ville, mine de rien, on a un réseau plutôt étendu sur l’île et je suis sûr que certains cracheraient pas sur un peu de piraterie. Pourquoi tu bosserais pas avec nous en attendant de te trouver des gars ? Tu te ferais un peu de fric et nous on aurait plus de clients si on vendait des armes de chez Vail. T’en penses quoi ? »

        La proposition était plus qu’alléchante. Unwin aurait tort de la refuser dans sa situation. Il savait qu’il aurait besoin d’hommes pour quitter l’île sans se refaire prendre dans un de ces foutus tourbillons, mais il avait aussi besoin de fric pour pouvoir se payer de quoi réparer le bateau et acheter des vivres et du matériel pour la suite de ses aventures.

        « Ca marche. »




      Spoiler:
          « Crétin ! »
          « Peste ! »
          « Attardé ! »
          « Gamine ! »
          « Tu sais quoi, Blake ? Ton fusil, tu peux te le foutre dans le… »
          « Woh, woh, woh, les mots d’amour, ce sera pour plus tard les enfants. On a du boulot là. »

          Avec un air sceptique, Unwin dévisagea Mario. Il avait bien dit des « mots d’amour » ? Pourtant, les insultes échangées par ses compagnons étaient tout sauf des marques d’affection. Le jeune homme se garda toutefois de faire la moindre remarque et observa en silence Lucy et Blake se lancer un regard noir avant de se tourner le dos comme des enfants. Pendant une seconde, le pirate se demanda comment il avait pu se faire piéger deux jours plus tôt avant de voir Mario qui souriait en repartant s’occuper d’une machine quelconque. Le trio était plutôt atypique mais efficace lorsqu’ils ne se chamaillaient pas.

          Tous trois dans le marché noir, ils avaient chacun leur spécialité. Mario, le plus vieux, était surnommé « le bon tuyau ». Par un miracle quelconque, il avait le don de toujours dénicher des affaires aussi improbables qu’avantageuses. Il était capable de trouver n’importe quoi à n’importe quel prix. D’ailleurs, il faisait souvent n’importe quoi à n’importe quel prix également… Un peu touche à tout, la mécanique était sa grande passion. Lucy Fair, âgée de seulement 16 ans, tablait plus sur la communication. Sa jeunesse et son joli minois attiraient facilement la confiance et elle se chargeait de dénicher les meilleurs clients ou de se tenir au courant des descentes de marine qui pouvaient avoir lieu. Son instinct redoutable la trompait rarement, mais son caractère emporté ne la servait pas toujours. Enfin, Blake Rose était la valeur sûre du groupe. Terre à terre et intransigeant, il avait un don rare pour la comptabilité. C’était lui qui se chargeait des ventes et des négociations, mais également de la sécurité du groupe. Ils savaient tous se battre, mais Blake était le plus fin combattant du groupe. Il visait aussi bien qu’il embrochait. S’il n’avait pas été si taciturne, il aurait sans doute fait un compagnon de choix. Oh, et dernier détail : son nom le complexait atrocement.

          Depuis deux jours qu’il était avec eux, Unwin était parvenu à cerner les caractères respectifs de ses associés temporaires. Il s’était étonnement bien greffé au mode de fonctionnement du trio et il ne tarderait pas à goûter aux fruits de son travail. Ces dernières quarante-huit heures n’avaient pas été de tout repos et le pirate n’avait pas chômé en fabriquant de nouvelles armes destinées à la vente. Mario lui avait assuré qu’avoir des fusils ou des pistolets marqués Vail ferait grimper les demandes en un temps record et il n’avait pas menti. Lucy avait rapidement déniché plusieurs acheteurs et la première vente était prévu pour dans moins d’une heure, à moins que…

          « Je maintiens que ces clients sont pas fiables. »

          Blake s’était exprimé posément, manifestant à nouveau sa méfiance à l’égard des futurs acquéreurs. Selon lui, c’était trop rapide, trop facile et trop dangereux.

          « On fait dans la contrebande, évidemment que personne n’est fiable ! »
          « Ah ! Tu m’énerves ! Je te dis que c’est louche que t’aies pu rentrer en contact avec ces types aussi rapidement. Ils se sont à peine fait prier et n’ont demandé aucun détail. »
          « Et alors ? Des pirates stupides, ça court les rues ! Ils sont peut-être poursuivis et cherchent à s’armer avant de fuir. »
          « Bien sûr ! Personne ne les connait, ils n’ont pas de bateau au port et ils évitent de mystérieux agresseurs. Ecris un roman, t’auras un succès fou. »
          « Un roman à l’eau de Rose ? » Un sourire goguenard s’étira sur les lèvres de l’adolescente alors qu’elle insistait volontairement sur le dernier mot.
          « T’es vraiment qu’une sale gamine ! »
          « Et toi un crétin ! »
          « Peste ! »
          « Attardé ! »
          « Vos gueules, putain, ça va être l’heure. »

          Agacé, Unwin avait fini par intervenir. Le débat était stérile et les deux protagonistes trop têtus pour écouter les arguments de l’autre. Vail avait tendance à penser comme Blake, mais n’ayant pas vu les acheteurs, il accordait le bénéfice du doute à l’expérience de Lucy. Mario préférait chantonner dans son coin en vissant un boulon quelconque sur une de ses machines. Il avait trop l’habitude de ces disputes pour y prêter encore attention.

          « De quoi tu te mêles, toi ? »
          « On va être à la bourre avec vos conneries. Moi et Lucy on restera en retrait pour t’couvrir si y’a une emmerde. »
          « Je le sens pas ce coup-là… »

          Malgré ses réticences, Blake céda. La somme à gagner sur cette affaire méritait quelques risques. Il avait été décidé que Mario resterait à la planque, au cas où les choses tourneraient mal, pour sauver la marchandise ou encore trouver un autre coin tranquille. Bien que dans le fond, chacun sache qu’il avait au moins huit planques de secours et des plans B à revendre.

          « Soyez prudents, les jeunes. J’aimerais pas me retrouver à bosser tout seul. »

          Les autres le saluèrent tout en montant à l’échelle qui les conduiraient dans une rue peu fréquentée. Les égouts étaient l’endroit idéal pour se cacher. Le fait que le transport de marchandise vers la surface était plus fastidieux était le seul bémol. Ca, et peut-être aussi l’odeur…


            A travers les chapes de vapeur qui embrumaient continuellement la ville, trois silhouettes chargées avançaient avec précipitation. Quatre heures sonneraient bientôt et les contrebandiers devaient être à l’heure pour l’échange. Légèrement en retrait par rapport à Blake et Lucy, Unwin faisait de son mieux pour maintenir l’allure ; il n’y voyait pas à trois mètres dans ces rues sinueuses ! Les avenues principales étaient dégagées par diverses mécanismes complexes, mais lorsqu’on transporte quelques marchandises illégales, on fait en sorte d’éviter d’être vu avec…

            « Magne-toi Unwin, on va être à la bourre ! »
            « J’arrive putain. »

            Vail aurait volontiers répliqué que c’était d’abord de la faute de Lucy s’ils allaient être en retard, mais il s’abstint et accéléra le pas, prenant garde à ne pas se laisser surprendre par un obstacle dissimulé dans la brume. La ville de Yuge sur l’île de Yuge… Si les mecs s’étaient pas foulés sur le nom, ils avaient toutefois bien choisi la désignation. Il n’y avait pas une maison qui ne dégageait pas une épaisse vapeur liée à l’emploi de machines quelconques. Dans le genre île industrielle et calée sur la mécanique, Yuge se posait là. C’était tout à fait le genre d’île sur lequel Unwin aurait pu s’établir s’il n’avait pas choisi quelques jours plus tôt de devenir un pirate. Oh, il aurait pu changer d’avis, mais il était un peu têtu et il avait sa fierté : s’il l’avait dit, il le ferait ! Il en était plus que capable.

            « On y est. »

            Unwin pila net. Devant lui, à quelques mètres, se trouvait un entrepôt désaffecté, lieu de rencontre avec les pirates qui avaient commandé les armes. A vrai dire, si Blake ne lui avait pas parlé du lieu avant de partir, le jeune pirate aurait sans doute été incapable de décrire le bâtiment avec précision. Tout comme les ruelles parcourues auparavant, il était noyé sous les vapeurs environnantes. Pour les yeux d’Unwin, impossible de dire s’il y avait déjà quelqu’un à l’intérieur ou aux alentours… Pourtant, ce fut sans hésitation que Lucy et Blake rejoignirent le bâtiment, suivis par un Vail suspicieux. Il n’avait clairement pas l’habitude de ce genre de situation et en menait moins large qu’il n’y laissait paraitre.

            « Lucy, Unwin, derrière les caisses là-bas, si ça tourne mal, je veux que… »
            « C’est bon Blake, je connais la musique. Ramène-toi, Un’. »

            La familiarité de la jeune femme ne tira pas la moindre réaction au pirate et il se contenta de la suivre, laissant Blake seul en vue des futurs clients.

            « Ca devrait aller, mais on reste en retrait pour intervenir. Les mecs qui vont débarquer pensent que Blake est venu sans escorte, on aura l’effet de surprise au besoin. Ah, les voilà ! »

            Unwin baissa la tête alors que cinq hommes entraient dans l’entrepôt. A leur voix et le bruit qu’ils faisaient en marchant, Vail devinait sans difficulté qu’ils étaient pas spécialement portés sur la discrétion et la finesse. Des pirates tout ce qu’il y avait de plus caricatural, en somme. Contrairement à ce qu’avait pu imaginer Unwin sur le trajet, l’échange ne dura que très peu de temps : quelques paroles pour s’assurer de l’état des marchandises, un échange et une poignée de main. Avant même qu’il ait pu réellement appréhender la situation, tout était déjà terminé et les trois contrebandiers étaient à nouveau seul.

            « Je t’avais bien dit que ça craignait pas. »
            « Ta gueule, Lucy. »
            « Bordel, recommencez pas. Ca s’est bien passé, c’est c’qui compte, non ? »

            Pour un peu, les deux contrebandiers auraient tapé sur le système à Unwin. Quoique… Non, en fait, ils lui tapaient en effet sur le système à se chamailler comme des gosses à longueur de temps.

            « Tu me… Oh et merde. On rentre, pas envie de me prendre encore la tête avec les conneries de Lucy. »
            « Mes conneries ? Ben tiens, et tu crois que le fric que t’as dans les mains tu le dois à qui ? »
            « Te crois pas indispensable ! Des clients, on peut en trouver partout. Si Mario t’a pris avec nous, c’est parce que tu lui faisais pitié. »
            « Pitié ? C’est toi qu’est pitoyable ! Enfoiré ! »
            « Sale peste ! »
            « Connard ! »
            « Emmerdeuse ! »

            Des charmants compagnons plein de vie et de verve…

            « Mais vos gueules, putain. »

            Unwin avait la désagréable sensation de devoir jouer les arbitres entre ses deux compagnons. Le rôle ingrat lui donnait franchement envie de se tirer de cette île et d’aller se chercher un équipage ailleurs.

            « De quoi je me mêle ! »
            « C’est bon, on rentre. »

            Visiblement aussi las qu’Unwin, Blake avait rapidement capitulé, laissant l’habituelle dispute de côté pour rentrer à la planque.

            ***

            Le trajet du retour se fit dans un silence complet. Blake était de mauvaise humeur, Lucy boudait et Unwin avait la flemme de tenter de faire la conversation. Au moins avec Mario l’ambiance serait plus détendue. Même s’il se montrait parfois aussi puéril que Lucy, il avait un certain don pour apaiser les gens. Il faisait en quelque sorte office de médiateur entre les deux plus jeunes. Sans lui, Lucy et Blake ne travailleraient pas ensemble, cela ne faisait aucun doute. Mais tout cela, Unwin s’en moquait un peu, il n’avait pas l’intention de passer sa vie avec eux.

            « Où tu vas, Unwin ? C’est là. »
            « Ah merde. Putain de vapeurs. »

            Pas spécialement attentif à la route, Unwin avait manqué la plaque d’égout qui marquait l’entrée de la planque. Si Lucy ne l’avait pas interpellé, il se serait perdu dans la ville sans s’en apercevoir. Quel coin merdique !

            Ignorant le sourire narquois de l’adolescente, le jeune homme descendit à sa suite, content de trouver un environnement plus viable que la rue.

            « Yihihi… »

            Unwin fronça les sourcils, se figeant alors qu’il descendait l’échelle. C’était quoi ce ricanement ? Lucy se foutait-elle de sa gueule ?

            « Putain, Lucy… »
            « Yahahah… »

            Tiens, c’était masculin comme voix, ça. Y’avait un truc qui clochait. Pas rassuré, Unwin se dépêcha de descendre et voulut rejoindre la pièce principale, mais Lucy, immobile sur le pas de la porte, ne semblait pas vouloir le laisser passer.

            « Et merde. »

            Par-dessus la tête de l’adolescente, Unwin vit enfin, dans la pièce, Mario, braqué par un homme et une femme en costume impeccables.

            « On vous tient cette fois, yang~ »
            « Oh que oui, yin~ »
              « Yihihih ! »
              « Yahahah ! »

              Les bruits étouffés de la ville étaient les seuls sons à répondre aux rires stridents qui résonnaient dans le repaire des contrebandiers. En arrivant, le trio avait été loin de se douter qu’ils avaient reçu de la visite… Braqué par deux armes, Mario avait un sourire désolé pour ses compagnons qui n’osaient faire le moindre mouvement. Des quatre hors la loi, Unwin semblait le seul réellement perdu, comme si ses partenaires connaissaient ceux qui les menaçaient.

              « Yihihih ! »
              « Yahahah ! »

              Le ricanement des deux personnages avait un petit quelque chose qui donnait envie à Unwin de leur tirer une balle entre les deux yeux. Pourtant, il resta immobile et silencieux, conscient qu’il n’aurait rien le temps de faire avant de risquer sa vie ou celle de Mario.

              « Yihihih ! »
              « Yahahah ! »

              Cela dit, ils les connaissaient pas très bien les trois autres… Puis une balle, c’était rapide, non ? Au pire, il se servirait de Lucy ou Blake comme bouclier.

              « Yihihih ! »
              « Yahahah ! »
              « Oui, bon, ça va, on a compris que vous vous marrez bien ! Vous voulez quoi ? »

              Blake avait perdu patience avant Unwin. Excédé, il avait invectivé le couple et fait un pas en avant d’un air menaçant.

              « Non, non, non, mon petit Rose, on ne bouge pas, yin ~ »
              « Ou sinon, ton ami va perdre la vie, yang ~ »

              Vail n’avait aucune idée de qui étaient ces deux là, mais aucun doute qu’ils étaient sérieusement dérangés. De plus en plus perplexe, il voyait leur sentiment de victoire les porter vers une allégresse des plus irritantes. Irritation qui gagnait Blake : il ne supportait pas qu’on emploie son prénom.

              « M’appelez pas Rose. » Les dents serrés et le visage fermé, il semblait prêt à exploser.
              « Yihihih, qu’il est mignon, yin ~ »

              Sans pouvoir se contenir, Blake bondit en avant, oubliant la menace que représentaient les deux cinglés.

              « Non ! »

              Paniquée, Lucy s’était jetée sur le bras du jeune homme pour l’empêcher de faire une connerie, imitée presque aussitôt par Unwin. Ce dernier ne tenait pas tellement à perdre la vie ou la liberté maintenant à cause de trois jours de contrebande et deux de piraterie.

              « Oh, mais qui est votre nouvel ami, vous ne nous l’avez pas présenté, yang ~ »
              « Nous qui sommes pourtant amis depuis si longtemps, yin ~ »
              « Amis ? Bah putain, on dirait pas. Je suis Unwin. »

              Non, Vail n’a pas capté l’ironie. En tout cas, voyant que l’attention s’était portée vers lui, il avait saisi la balle au vol pour éviter que Blake ne reparte dans un excès de rage qui leur coûterait leur peau à tous les quatre.

              « Unwin James, un lointain cousin, il est venu me rendre visite, vous devriez le laisser partir. »

              Un lointain cousin ? Mario espérait sincèrement que le couple allait gober ça ?

              « Bien sûr, Mario, yang ~. Tu crois réellement que nous sommes aussi stupides ? yang ~ »
              « Vous tenez réellement à ce que je réponde ? Parce que vous êtes sympathiques, tout ça, mais bon, on va dire que vous avez pas forcément la lumière allumée à tous les étages. Je vous dis ça en toute amitié, bien sûr. »

              Effarés, Blake et Lucy n’en croyaient pas leurs oreilles. Pour le coup, Mario était aussi barré que les deux autres pour se foutre ainsi de leur gueule. Cette affaire allait définitivement mal finir.

              « Mais vous êtes qui, putain ? »

              La colère qui s’était fugacement peinte sur le visage des deux agresseurs disparut aussi rapidement qu’elle était apparue. Avec un large sourire, ils se tournèrent vers Unwin et, dans une sorte d’absurde chorégraphie aussi indescriptible qu’improbable, ils déclarèrent en chœur :

              « Nous sommes in ! Nous sommes Ya ! Nous sommes G-niaux ! Nous sommes Yin et Yan, les terribles jumeaux G ! »




              « Ah… ouais. »

              Plus aucun doute maintenant, ils étaient définitivement des malades mentaux. Sans déconner, ils les avaient sortis d’où ces deux là ? La situation basculait tellement dans l’irrationnel qu’Unwin peinait à s’y retrouver. Lui habituellement si terre à terre perdait ses moyens face à un tel degré d’absurdité.

              « Ce sont des chasseurs de prime qui courent après nous depuis un moment, sans véritable succès… »
              « Jusqu’à aujourd’hui, Yahahah ! »
              « Ouais, c’est ça, jusqu’à aujourd’hui. » Mario lança un regard noir à Yan. « Qui vous a engagé cette fois ? »

              La sérénité de Mario forçait l’admiration. Il avait beau avoir des armes braquées sur lui, sa posture était détendue et sa voix calme, presque amusée. Peut-être avait-il l’habitude de ce genre de situation…

              « Le boucher, yin ~. »
              « Yuge ? »

              Putain, mais tout s’appelait Yuge dans ce putain de bled ?

              « Lui-même, yin ~. Il y a quelques jours, un homme lui a proposé un assortiment de couteaux à prix d’or, yin ~. »
              « Laisse-moi deviner. C’était les couteaux qu’on lui a piqué le mois dernier ? »
              « Ceux-là mêmes, yang ~. Ces couteaux qu'il tenait de son père qui les tenait de son père qui les tenait de son père, etc. yang ~. Mais ça, vous le savez, n'est-ce pas ?yang ~. Vous le savez d'autant plus que c'est vous qui lui avez revendu ! yang ~»
              « Nous ? »
              « Putain, Mario ! Me dis pas que t'as revendu à ce type ses propres couteaux ?! »
              « Ha ! Ha ! Désolé, ça me démangeait... »
              « J'y crois pas ! T'en as tiré combien ? »
              « 50 000 la pièce. »
              « C'est bon, t'es pardonné. »

              Cette histoire de couteau ne rimait à rien. Plus la discussion avançait, plus Unwin avait l'impression de basculer dans un monde surréaliste.

              « Assez discuté ! yin ~. Maintenant, vous allez venir avec nous, yin ~. On vous veut vif…»
              « …ou mort, yang ~. »



            Spoiler:
                « Eh, si je faisais une connerie ? »

                Une simple phrase. Une simple phrase et tout avait dégénéré. L’effet dramatique lancé par les jumeaux G avait plané quelques instants puis Mario avait repris la parole. ‘Et si je faisais une connerie’. Putain… Dans le genre annonce de plan foireux, ça se posait là. Personne n’avait eu le temps de comprendre. Mario avait parlé, tout le monde l’avait regardé comme s’il était cinglé et il avait bondi. Jamais Unwin ne l’aurait cru aussi rapide. Derrière son tablier plein de cambouis et ses vannes pas drôles, le mécano dissimulait de nombreuses surprises. Tu m’étonnes qu’on le surnomme « les bons tuyaux ».

                Rapidement après le bond de Mario, les balles avaient fusées. Yin et Yan avaient vidé leur chargeur, en vain. Toujours aussi preste, le contrebandier était passé sous sa table de travail, ressorti de l’autre côté et avait attrapé deux capsules de verre qu’il avait éclaté par terre libérant une épaisse fumée rose, assortie à la chevelure étonnante des chasseurs de prime.

                « Magnez-vous, on sort…aïe…d’ici ! »

                Un bruit de chute avait ponctué le cri de Mario. Il avait beau être rapide, il n’y voyait visiblement pas clair au milieu de cette fumée et s’était pris quelque chose dans le pied… On aura quand même vu plus classe comme fuite ! En tout cas, la petite bande de hors-la-loi ne s’était pas fais prier : à peine la fumée avait-elle emplie la pièce qu’ils fonçaient déjà vers une issue de secours.

                « Pas si vite, yin ~ ! »

                Si la surprise mettait hors jeu les ennemis, ça se saurait ! En effet, Yin et Yan n’avaient pas non plus perdu le nord au milieu de cette embaumante fumée rose. Oui, embaumante, en plus d’être rose, elle puait la fraise tagada. Toujours est-il que les chasseurs de prime avaient une ouïe suffisamment fine pour repérer les quatre compères qui s’évadèrent et, rapidement, ils leurs tombèrent dessus dans un chaos total.

                « Ah ! Lâche-moi ! »
                « Lucy ! »
                « Putain, vous êtes où ?! »
                « Bouge pas, Unwin ! Je viens te chercher ! »
                « Je la tiens, yang ~ ! »
                « C’est mon pied, ça, yin ~ !! »
                « Mario ? »
                « Non, c’est Blake ! »
                « Unwin ? »
                « Lucy ? »
                « Yin ? »
                « Yan ? »
                « Putain ! »
                « Ta gueule ! »
                « Me touche pas ! »
                « Rockfor ! »
                « Hein ? »
                « Quoi ? »
                « Mais putain, y’a quoi dans cette fumée à la con ?! »
                « Mélange perso ! »
                « C’est pas le moment ! »
                « Démerdez-vous, je me tire de là ! »
                « T’es où ? »
                « Ici ! »

                Où était qui ? Qui était quoi ? Quoi faisait qui ? Les six individus présents étaient tous aussi largués les uns que les autres, incapables de se retrouver ou de trouver la sortie. Ils se déplaçaient, criaient, crisaient sans parvenir à se repérer ni se comprendre.

                « LÀ ! »

                Perçante, la voix aigüe de Lucy domina brusquement le brouhaha, immobilisant les protagonistes l’espace d’un instant. L’adolescente venait de trouver la sortie ! Le voile qui avait figé le temps pendant quelques secondes se déchira brutalement et tous se ruèrent en courant vers l’issue. Lucy s’était déjà évaporée, n’attendant pas que ses compagnons la suivent. Trébuchant et grognant, les autres protagonistes la suivirent, se retrouvant tous dans la pièce suivante quasi-simultanément.

                « Sacrés fumigènes ! »

                Cinq regards noirs se braquèrent sur Mario alors que celui-ci débarquait dans la pièce en boitant.

                « La gamine s’est tirée, mais vous ne nous échapperez pas, cette fois ! Yang ~ »

                Effectivement, ils n’étaient plus qu’à trois contre deux et dans une salle remplie d’armes. Pourquoi l’issue de secours devait-elle conduire précisément là où les marchandises des contrebandiers étaient entreposées ? Etrangement, l’idée de se faire tirer dessus avec ses propres pistolets ne plaisait pas des masses à Unwin…