Ce que j'aime chez les mafieux, c'est qu'ils sont toujours fidèles à eux-mêmes. Rusés, fourbes... mais fidèles à certaines traditions. Parmi mes classiques préférés, leur aptitude à toujours se planquer dans leurs QG, entourés de sbires. Du coup, pas besoin de chercher bien loin, il suffit systématiquement de monter les étages en trucidant tout ce qui passe à portée d'la main, pour remonter la chaine hiérarchique. Un classique j'vous dis... les gars disséminent leurs lieutenants par ordre croissant de force, plutôt que de les concentrer d'entrée de jeu. Perso ça m'fait comme une sorte d'échauffement, voir plutôt d'amuse-gueule. Vous savez, ce genre de p'tits gâteaux qu'on croque par lots de douze en attendant que les vrais plats arrivent... Ben là c'est pareils, sauf que les p'tits fours se débattent.
Boarf, vous remarquerez qu'en général ça n'change pas grand chose au final, bien que ceux-ci se soient visiblement préparés à mon arrivée prévisible ; le trucs c'est juste qu'ils ont pas l'niveau quoi...
Me voilà donc arpentant les couloirs, à moitié couvert de sang et d'esquilles d'os, pour ma plus grande joie. N'allez pas croire que j'suis de meilleurs humeur pour autant non... bien au contraire, cet avant goût de massacre ne fait qu'augmenter à vitesse grand V l'adrénaline qui me transporte, me mettant dans un état de plus en plus proche de l'illumination guerrière. J'commence à me sentir à la frontière entre l'artiste et le guerrier furieux. Putain que j'aime cet état ! Un vrai panard de tous les diables ! Bien mieux que la partie de jambes en l'air que jm'étais promis avec mes deux copines fraîch'ment assassinées. Pour un peu j'devrais remercier cette bande de glandus avant d'les buter
huhuhu. En attendant je remonte étage après étage, clouant des gens au sol, au mur, voir au plafond si j'trouve l'outil adapté. Bon, j'avoue qu'un gabarit de ma taille, dans des corridors étroits face à des fusils en embuscades, c'est loin de m'porter avantage... Ça m'oblige pas mal de fois à jouer les athlètes, me collant aux murs ou au sol au dernier moment, passant d'angles en angles jusqu'à mes victimes histoire de ne pas me manger de pruneaux avant l'heure du dessert. A plusieurs moment je suis même obligé d'improviser un peu, me servant d'une porte dégondée voir d'un cadavre comme bouclier, ou passant carrément au travers de cloisons, afin de prendre au dépourvu des embuscades un peu trop bien organisées pour être prise de front. Toujours est-il que jn'avais pas commis de bons massacres depuis un certain temps et que celui là tombe à pics. J'avais un sacré quota de cadavre à faire dans l'année, et j'peux vous dire qu'avec tous ceux là j'ai rattrapé mon retard,
huhuhu.
Au bout du compte, je me retrouve au dernier étage de l'immense bâtisse, prêt pour un final haut en couleur. Tout en nuances de rouge pour la plus grosse part
huhuhu. Mais à peine ai-je explosé la porte menant au bureau principal, que je me rends compte d'une couille dans l'potage... Nulle trace de
Don Marchialo. A la place, j'ai devant moi une dernière dizaine de larbins terrifiés, se recroquevillant en une pyramide humaine faite de costards et de chapeaux mous, le tout planqué tant bien que mal devant un homme à la stature imposante. Lui, affiche pour sa part un calme suffisant, les deux bras croisés sur la poitrine, mâchonnant un cure dents au coin des lèvres. Tout le mobilier a été précipitamment poussé contre les murs, afin de dégager un espace sans couverture... Les quatre étranges holster qui pendent à ses flancs sont comme autant de signatures que sa fine barbiche en pointe... «
Don Felony dè la Poudra », tueur à gage émérite que je croyais opérant à North Blue. L'aurait on fait venir spécialement pour moi au cas où les premiers assassins manqueraient à leur mission ? Comme c'est aimable de leur part ! Pour un peu j'me sentirais flatté
huhuhu. En tout cas le gars m'attendait, ultime rempart entre moi et son boss qui se cache je n'sais où.
« Don Thunder F... j'ai beaucoup entendu parler de vous. Permettez moi de v*... » BANG ! Sans préavis et en pleine introduction, le gars dégaine deux de ses revolvers à la vitesse de l'éclair, avant de m'en décharger un directement vers la tête. Petit fumier ! Des coups comme ça c'est moi qui les fait normalement ! Heureusement que j'ai les réflexes faciles et la prudence de nature, ce qui me permets en l'occurrence de voir la bille de plomb me passer au raz de l'oreille. Figés dans nos positions respectives, nous échangeons deux sourires malveillants... avant qu'une deuxième détonation ne vienne faire éclater la scène ! Cette balle-ci m'arrachera un bout de chemise tandis que je serais en pleine roulade. Tout en me relevant, je saisis dans le même geste le pied d'un imposant fauteuil renversé, que j'envoie avec force en direction de mon assaillant. Raté ! Tant pis, j'en profite tout de même pour raccourcir la distance aussi vite que j'le peux... pour finalement reculer précipitamment dans une esquive de dernière seconde ! Bordel elle n'est pas passé loin celle là ! Il est bon cette enflure... suffisamment pour prévoir mes mouvements et réagir en conséquence, mais heureusement pas assez pour faire mouche jusqu'à présent. Feintes, bouclier, rien n'y fait... nous jouons au chat et à la souris un bon moment, sans savoir qui est l'un et qui est l'autre. Un vrai duel de nerf où j'espère avoir l'avantage du temps... ses munitions étant comptées et il le sait.
Du coup, il profitera d'une seconde de répits pour jeter ses deux armes vidées à l'instant, afin de prendre dans le même mouvement ses deux autres pistolets. Rien qu'au look, ceux-ci ne me disent rien qui vaille... pourquoi il a accroché deux espèces de coquillages sur les côtés ? Putain j'le sens pas ce truc... Accroupis à moitié -telle une panthère prête à bondir- je m'apprête à réagir au moindre de ses mouvements, tous les sens en éveilles et les nerfs à fleur de peau... pourquoi des putains de coquill*...
« Fulguro Dials ! »
Sous mes yeux écarquillés, deux éclairs miniatures jaillissent des coquillages, me frappant en pleine poitrine à ma plus grande surprise ! Profitant que mon corps se contracte sous l'effet des décharges, le tueur me gratifie au même moment de deux balles, l'une dans la poitrine et l'autre dans la masse de mon épaule droite.
Aaaargh ! L'enfoiré il m'a eu ! Putain, j'ai la rage que ce gland ose me faire ça... à moi ?! Putain mais il m'a pris pour qui là ?!
Raaaah ! Surtout que derrière lui, j'ai dix putains de groupies qui l'acclament comme des pucelles en chaleur.
« Vos gueules bande de moules ! »
Leur hurle je de toute mes forces, comme pour briser ma tétanie.
Ça marche plutôt bien : moi j'peux bouger, eux n'osent plus.
Par contre, le petit sourire que cet enfoiré de Felony affiche... oh oui celui là j'vais m'faire un plaisir de l'encadrer dans mon bureau. C'est alors que, dans le calme qui a pris possession des lieux un instant, je capte le son d'une musique endiablée. Le pire c'est qu'elle était là depuis le début, mais en fond, comme pour l'ambiance. Du coin de l'œil, je remarque donc maintenant un quatuor de chats, tout en costard blanc à bretelles sur chemise noire, lunette de soleil sur le pif et chapeau blanc sur la tête. Jouant au fil du combat, je me rends compte maintenant qu'ils adaptaient leur rythme à chaque coup de l'affrontement, dans une musique latine frénétique. Balèzes les matous... Surtout qu'ils ont l'air bien loin de la réalité de la mêlée, totalement à leur musique. Enfin bref ! Ils sont bien sympa de gérer l'ambiance, mais c'est pas ça qui va me sortir le cul des ronces... J'ai pris deux bastos et ça serait bien que ce soient les dernières de la soirée. Mon médecin a été catégorique, c'est mauvais pour ma santé.
C'est alors que me vient tout naturellement en tête un plan subtil. Le genre de plan qui vous met tellement en joie que vous ne pouvez vous empêcher de sourire comme un damné, ce qui a tendance à énerver votre adversaire. Bon ok, j'avoue y a moins risqué comme plan... Toujours est-il que le mafieux décide de continuer à prendre les devants en me déchargeant deux nouveaux éclairs que je ne parviens qu'à esquiver à moitié, vite suivis deux deux balles, une dans le gros de la cuisse et l'autre ne faisant qu'effleurer mon bras gauche. C'est déjà ça... Me voilà donc m'écrasant sous ces impacts contre un mur, avant de me relever précipitamment. L'autre me sait en difficulté tant que je serai incapable de me mettre à l'abri de ces dials-machinchoses. Il est confiant avec ça l'enfoiré... trop. Alors il décide d'en finir, assuré que les deux dernières décharges me seront fatales. Une balle en plein cœur, l'autre dans la tête, je connais sa signature. Il braque ses deux armes vers moi, toujours immobile dans l'attente de cette mort que j'ai de plus en plus de mal à retarder. Il sourit... puis appuie sur les deux gâchettes.
Les deux éclairs m'enveloppent alors, crépitant de milles flammes ! Déjà les deux balles qui doivent mettre fin à ma vie suivent dans un nuage de poudre... trop précipitamment. Sous ses yeux incrédules, Don Felony a tout juste le temps de me voir me relever en souriant, ses deux éclairs glissant sans mal le long de mes avants bras, tels deux serpents apprivoisés.
Huhuhu... rien de plus simple que de m'en protéger avec mes
cellules électro-productices. Vouloir électrocuter un poisson-foudre, quelle idée à la con j'vous jure ! Il aurait dû mieux se renseigner sur mes origines le bonhomme
héhé. Connaissant leurs cibles et libre de mes mouvements, je n'ai aucun mal à me décaler en un bond hors de la trajectoire des deux balles, profitant de l'occasion pour pénétrer profondément dans sa garde. J'ai bien fait de garder cet atout dans ma manche jusqu'à maintenant... il est fait comme un rat ! Je ne lui laisse donc pas le temps de réagir, lui appliquant violemment mes deux paumes contre le thorax, afin de décharger sur lui ses éclairs, auxquels s'ajoutent mes propres décharges ! La loi de Talion tu connais, connard ?
« Décharge électrique ! »
Mon adversaire se voit donc envahis par une violente décharge, qui parcoure l'ensemble de son corps en brulant sans peine ses chairs et en bloquant ses muscles. Il aura tout juste le temps de peindre sur son visage toute la surprise de la situation. L'instant d'après, je me relève dans un grand mouvement circulaire, la lame de mon grand poignards tenue à l'envers dans une de mes mains. Sa tête -toujours figée dans cet air paniqué- volera ainsi dans les airs, à l'image d'un bouchon de champagne ! Continuant mon tour sur moi même, je la rattrape par les cheveux lors de sa redescende, avant de la tendre vers les derniers mafieux bouches bées. Les pauvres... eux qui voyaient la victoire à portée de main.
Huhuhu. L'orchestre pour sa part n'a pas cessé de jouer une seconde, comme imperturbable face au sort des autres mafieux. Seul le rythme a changé, afin de s'adapter à la nouvelle situation.
Je me dirige donc vers les survivants, les acculant dans un angle de la pièce comme autant de petites souris terrifiées. A votre tour mes mignonnes... Mais bon, j'ai eu mon lot de sang et ça serait gâcher mon plaisir que de m'attaquer à des têtards comme eux après un met de choix comme le pistoleros. Je leur indique donc avec un sourire funeste la fenêtre la plus proche, par laquelle ils se défenestreront sans la moindre hésitation dans la seconde. Hop, on gagne du temps et c'est moins salissant, tandis que eux augmentent leurs chances de survie. 2% au lieu de 0, c'est déjà ça d'gagner ! Reste plus que le quatuor félin, dont je me rapproche d'un air circonspect. J'ai pas encore décidé de leur sort... surtout qu'il me reste encore à savoir en ce planque leur foutu patron.
« Alors les matous... Je vous laisse 10 secondes pour m'indiquer où se planque Marchialo et foutre le camp. Un... Deux... Trois... »Mais à ma plus grande surprise, tandis que je compte les secondes qui leur restent, eux en profitent pour se calquer dessus en claquant des doigts en rythme, avant de relancer leur foutue musique. Nan mais ils sont accrocs ou quoi ?! Jm'apprete alors à leur faire passer l'envie de ne pas m'prendre au sérieux, quand le premier des quatre s'élance d'une voix de ténor, alourdi par un accent andalous du plus bel effet ! Sous fond de guitare sèche, de caisse claire et de saxo, le voilà ainsi en train de chanter un petit morceau bien nerveux, tout à ma gloire.
« El Tempestad de sangre » qu'il l'appelle !
Mwouahahahah, ils savent vous prendre dans l'sens du poil ces matous là ! J'adore ! On m'a flatté un bon nombre de fois dans ma chienne de vie, mais comme ça jamais ! Surtout que la chanson raconte la même histoire macabre que celle que j'suis en train vous conter, avec un joli final dans les sous-sols. C'est donc là que se planque Marchialo... Merci les Cats, j'vous laisse la vie sauve à condition que cette foutue chanson s'entende dans toute la Blue dans moins d'une semaine !
En attendant j'dois admettre que j'me suis planté... Y a certains mafieux qui n'ont aucun respect pour les grands classiques.
Les sous-sols... j'vous jure, qu'elle misère.