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[FB 1623] Chérie, c'est pas du tout ce que tu crois. [FINI]

Pénélope avait peu de contact concret avec son supérieur. Il avait bien essayé de lui faire du bringue une fois, mais le regard de condescendance qu'elle lui avait jeté l'en avait rapidement dissuadé. Après cet évènement, il avait essayé de l'éviter au mieux, communiquant avec elle via des mémos ce qui s'avérait être une situation compliquée étant donnée que celle-ci travaillait à quelques mètres de son bureau. D'ailleurs, il poussa le vice jusqu'à venir avant son arrivée elle et rentrer après son départ pour ne pas voir le sourire moqueur avec lequel il pensait que sa collaboratrice l'accueillerait. Ce n'était que pures spéculations vue qu'elle ne se souvenait même plus de l'évènement.


Ce fut donc après un mois d'embarras qu'il franchit la porte de son bureau avec un sourire confondant de timidité pour s'adresser à sa subordonnée tel un écolier pris en faute :



"Écoutez, mademoiselle, j'ai besoin de votre aide dans une affaire délicate. Voilà, j'ai perdu un objet précieux et qui, selon les mains, pourrait laisser à penser que, en fait. Voilà, je voudrais le récupérer."


Après ces ébauches d'explication, il s'arrêta pour assister à une réaction quelconque de Pénélope. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait, injustement, qu'elle se moquait intérieurement de lui. Toutefois, il ne pouvait se permettre le luxe de se rebiffer. Il repartit dans un second round d'explication où il eut enfin le courage de dire quelque chose de substantiel :


"- C'est mon portefeuille, on me l'a pris et il y a quelque chose à l'intérieur qu'il faut faire disparaître, à tout prix. Vous voulez bien ?
-Monsieur, je vais avoir du mal à faire disparaître quelque chose, j'ai toujours eu du mal avec les machins et les trucs d'autant plus qu'il vaut mieux s'adresser à la marine pour un vol.
-Écoutez, il y a une photo où on me voit avec une amie. On pourrait s'en servir contre moi pour faire croire que je suis volage, alors qu'en réalité, il ne s'était rien passé. Vous voyez, tout avait commencé par une bonne bouteille de Scotch et puis, bon je vois que ça ne vous intéresse pas."


En effet, la jeune femme manifestait un désintérêt manifeste en attendant la fin de ce laïus. Elle venait de se rémemorait ses avances et se disaient qu'il ne manquait pas de toupet pour tenter de la convaincre de son innocence. Il y eut un long moment où chacun attendit que l'autre fasse un commentaire, puis le patron enchaîna :


" Je vous fais une mission officielle où vous êtes mandatée pour récupérer un document officiel. Donc vous êtes officiellement affectée à la tâche officielle de retrouver cette photographie dans un cadre totalement officiel. Je crois que c'est officiellement clair, comme ça."


*Il a la main lourde avec ce mot. J'ai vraiment envie de lui dire que je m'en tape de ses histoires, mais j'aime bien le voir patauger. Je me demande ce qu'il attend de moi. Il veut peut-être que je lui dise quelque chose comme : "Oui bien sûr, vous avez accidentellement trébuché sur cette femme, je comprends, ce sont des choses qui arrivent." ou bien : " C'est tout à fait compréhensible, les femmes dans le noir se ressemblent toutes, sauf que là, il y avait de la lumière, mais ce n'est qu'un détail futile et impertinent." Tiens je préfère la seconde version.*


Elle lui répéta les mots qu'elle avait cogitée. Cela ne faisait pas partie d'asticoter ses supérieurs, mais Pénélope ne put s'empêcher de le faire. Un vrai délice, ce rouge vermeil qui tâcha ses joues, et cet "Entendu" bafouillé, la cerise sur le gâteau.


Le lendemain, elle partait à l'endroit où cette pièce à conviction avait été perdue. Obtenir des réponses à des questions était rarement chose compliquée pour la secrétaire. Elle avait appris au Cipher Pol, qu'il suffisait en général de cogner la tête des gens contre un mur en les menaçant de les émasculer pour qu'ils parlent. C'était différent avec les femmes, mais la recrue du CP0 n'eut pas besoin de révéler ses méthodes secrètes puisqu'on la renseigna sur un homme venu le jour même du vol pour s'acheter un repas avec l'objet du délit. Une chance qu'il ait un motif si particulier et que la mémoire des petites frappes augmente proportionnellement aux coups attribués.


Pourvue de son signalement, elle parcourait l'île en réitérant son protocole et finit par dénicher un endroit où il était censé passer la nuit. La jeune femme vérifia qu'il y était et qu'il dormait à la six et alla demander à l'aubergiste si elle pouvait cette chambre en particulier et il lui répondit qu'elle n'était pas encore libre pour ce soir, mais le serait dans les prochains jours. Pénélope s'étant assurée que sa victime serait toujours là à la tombée de la nuit, ignora les propositions du logeur pour lui accorder un autre cagibi et alla prendre du repos pour préparer l'opération du soir.


L'auberge où elle avait repéré le suspect était un bâtiment de bois ayant pris assez d'humidité pour menacer de céder sous son propre poids à tout moment. Il était composé de deux étages dont le premier abritait un réfectoire qui devait servir de bar et le second qui contenait douze chambres séparées par un couloir en U. Comme l'étage supérieur semblait plus grand que le rez-de-chaussée. Elle en conclut qu'il y avait certainement la cuisine et la chambre du tenancier en bas pour faire le compte.


Solète avait le plan en tête et y alla à trois heures du matin pour dérober subtilement ce dont elle avait besoin. Bien qu'elle ne soit aucunement couarde, elle ne se battait pas quand elle pouvait en faire autrement et si elle le faisait, elle ne se précipitait pas sur l'ennemi massue à l'avant en laissant son cerveau en arrière-garde. Elle alla même jusuqu'à asperger abondamment d'huile les charnières de la porte pour ne pas la faire grincer. La jeune femme le trouva endormi pendant que de la pointe de ses pieds, elle se faufila près de son lit, là où elle n'avait pas pu fouiller pendant sa visite matinale : son manteau. Pénélope y glissa la main en espérant de toute son âme qu'il ne se réveillerait pas.


Dernière édition par Pénélope Solète le Dim 19 Fév 2012 - 17:01, édité 1 fois
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Selon les rumeurs, l’île de Manshon regroupait tout un tas de pirates, venu d’un peu partout. Même si on y trouvait aussi beaucoup de marine, Seido décida de s’y rendre. N’étant pas encore très connu, il n’était pas difficile pour lui de passer inaperçu. Une fois arrivé à bon port, le jeune pirate décida de faire un tour en ville. Seido remarqua bien assez vite qu’il était assez improbable de ne pas trouver ce que l’on cherche sur cette île, vu la diversité des différents commerces.

Alors que le jeune homme observait sa proie, c’est-à-dire un groupe de jeune fille, il glissa et se retrouva la tête au sol. Même s’il ne s’était pas blessé, voir autant de gens rire de lui le mit très mal à l’aise. Seido venait aussi de perdre ses chances de charmer le groupe de demoiselle. En se levant, le pirate repéra un objet au sol, un portefeuille en cuir. Regardant brièvement si quelqu’un l’avait vu, il s’en empara. Par une aubaine incroyable, celui-ci contenait en plus une jolie somme de Berry, outre une photo. Comme il était très improbable de retrouver le propriétaire de cette chose perdue, Seido la garda pour lui, en la mettant dans son sac à dos.

Le reste de la journée ne se passa pas trop mal. Profitant de sa nouvelle fortune, il fit l’acquisition de nouvelle munition et d’un nouveau pantalon. Sa recherche de compagnon pirate n’ayant pas porté ces fruits, il décida d’aller se reposer dans une auberge. Sa recherche fût plus longue que prévu. En effet, soit l’auberge n’était pas dans ses moyens, soit elle était pleine. Finalement, un peu avant la tombée de la nuit, il en trouva une pas trop mal. Soyons franc, vu de l’extérieur, on avait l’impression que le bâtiment pouvait céder à tout moment. Cependant, de l’intérieur, cela avait l’air correct, selon Seido.

Bonjour Monsieur, puis-je vous aider ?
Oui, en effet. Pourrais-je avoir une chambre ? Pour quelques jours si possibles. Disons 3 jours.
Oui Monsieur. Voici votre clé, en montant les escaliers, c’est la deuxième porte sur votre gauche. Nous vous souhaitons un bon séjour. N’hésitez pas à nous appeler en cas de problème.
Merci bien.

Après avoir dîné, un rôti accompagné d’une salade, le pirate monta dans sa chambre. Celle-ci se trouvait non loin des escaliers. Sa chambre n’était pas trop mal. Un grand lit, une armoire, une table de chevet, une chaise et même un tapis ! La grande classe … Seido plaça tout d’abord son sac son sa chaise. Il y déposa son manteau, et son chapeau également. Otant ses chaussures, il se coucha sur le lit, un peu trop mou. Seido plaça son sabre contre sa table de chevet et son revolver sous son coussin. Une simple précaution.

Même après avoir compté plusieurs fois mentalement des crocodiles, Seido ne trouva pas le sommeil. La chaleur qui régnait dans la chambre le dérangeait un peu. Au lieu d’ouvrir la fenêtre, ne voulant pas qu’un voleur entre, il se mit plus à son aise. Cette nouvelle forme de liberté, sous les draps, était assez plaisante. En effet, quelques minutes plus tard, le pirate sombra dans le royaume des rêves accompagné par une jolie blonde avec quatre bras. Pendant qu’il se promenait avec cette demoiselle, un chat vint près d’eux.

Atchoum !
Atchoum !!
Atchoum !!!


Ce dernier éternuement l’arracha de son rêve étrange. Se frottant un peu les yeux, il regarda en direction de la fenêtre afin de voir s’il était l’heure de se lever ou pas. Ce n’est qu’après quelques secondes qu’il réalisa qu’une personne se trouvait dans sa chambre. Instantanément, il pointa son revolver, caché sous son oreiller, vers elle.

Plus un geste. Mettez les mains en l’air, je n’hésiterais pas à tirer.

Pendant qu’il parlait, Seido se leva et se plaça à côté de son lit, du même côté que son visiteur, s’entourant de son drap. Avant que son mystérieux visiteur puisse faire quoi que ce soit, l’allergie du pauvre homme refit surface.

Atchoum !!!

Instinctivement, il porta sa main devant son nez, en lâchant son drap. Le jeune homme se retrouva ainsi nu comme un verre, pointa son arme, à bout portant, vers… une jeune femme.

*Fichtre et Foutre ...*


Dernière édition par Seido D. Noroma le Mer 7 Déc 2011 - 22:36, édité 1 fois
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A peine quelques jours de répits, quelques semaines passées en sein d'un navire que tu pensais fixe, et te revoilà à devoir vadrouiller. Encore et toujours. Si tu as bien compris l'histoire, quelqu'un a dit à quelqu'un qui a demandé à quelqu'un d'informer quelqu'un que quelqu'un devait t'expliquer que tu devais venir sur l'île de Manshon. Ceci à deux ou trois intermédiaires près. En oubliant la langue de politique, ce devait plutôt faire quelque chose comme « Sergueï, c'est un bourrin, Sergueï, l'est dans le coin, Sergueï, il va utiliser ses poings ». Le plus important dans l'histoire, c'est que tu te trouves là, devant une auberge qui ferait fuir n'importe qui. Regardant une nouvelle fois la lettre entre tes mains.

« . Photo à récupérer. Grosse ponte de l'autorité, compromettante. ».

Tu te demandes bien pourquoi ils ne peuvent pas être plus claires sur leur messages, heureusement pour toi, le messager avait tout emmagasiné dans sa substance grise et pu te réciter l'affaire. Tu sais donc que d'la concurrence d'origine marinière voire gouvernementale est possible, et ça t’inquiète un peu. Si on t’envoie sur place, c'est bien que l'affaire est brûlante, et capable de faire chanter du beau monde. C'peut être bien le vice amiral en pleine levrette avec un poney, t'en sais rien, mais t'es certain que c'est du lourd. Pour ce que tu connais de l'homme compromis, c'est que c'est une ponte des forces de l'ordre, le genre d'homme que même les patrons de la résistance auraient du mal à regarder en face. Enfin c'est c'que t'a dit le messager, il n'a pas voulu en dire plus, transpirant à flot en imaginant que quelqu'un puisse surprendre votre conversation. Quoi que, il a quand même osé te dire où la taupe a dit de chercher. T'es donc partis à la recherche d'indices sur les lieux. L'oseille est maîtresse de toutes pensées, c'est ce que t'as compris au fil de tes printemps vécus. Il y a deux façons de faire chanter un homme : la peur et le fric. Sans la peur, l'homme osera mentir. Sans l'oseille -ou la carotte, c'est la même chose-, l'homme dira le stricte minimum. T'as donc sortis la planche à billets offerte par les supérieurs pour arroser quelques informateurs en leur faisant bien comprendre qu'un trou les attendait en cas de mensonge. Le résultat final est plutôt sympathique. En plus de connaître l'identitée du gars, tu sais maint'nant qu'une belle mais violente minette le cherche aussi. Sortant de tes pensées, tu t’imprègnes des ordres avant de reporter ton attention sur la battisse.

Les murs tremblants, plaqués d'une couleur étrange, où d'innombrables tâches viennent parsemer le tout semblent tout droit sortis d'un roman de Stoker. Par une sainte chance, les piliers résistent au vent venant les fouetter de par en par. Pour rajouter une touche de moribond, la nuit s'est installée depuis longtemps et seul un croissant de lune éclaire encore la battisse, faisant danser les ombres dans une ambiance fantomatique. Seul le craquement des branche d'un olivier vient rompre le silence. La fraîcheur de la nuit te fait trembler de froid, enfin c'est ce que tu te dis, mais au fond, t'as passé l'âge de te faire autant de frayeur. Debout, à quelques mètres de l'entrée, tu hésites encore quant à l'action que tu vas entreprendre. Te rendant compte que la réflexion est inutile, tu pousses la porte grinçante d'un geste lent et mal assuré. Cela fait maintenant une petite demi dizaine de minutes que la jeune femme est rentrée.

Devant toi, le comptoir d'entrée, à cette heure, plus personne ne le surveille. Une vieille peau à l'odeur insupportable et au ronflement animal s'y  est endormis. Sans la réveiller, tu regardes le calepin de réservation pour y trouver le nom que tu attendais.

Sans te presser, ni faire dans la discrétion absolue, les pieds s’enchaînent les uns derrière les autres. Chacuns de tes pas fait grincer les marches rongées par de nombreuses tâches immondes et tu te retrouves vite au bonne étage devant la bonne porte. Tu entre-aperçois le numéro que tu cherchais, jaunis par les années et caché par la pénombre ambiante. Sans faire attention, tes mains se posent sur la poignée de la porte. Il est maint'nant trop tard pour te rendre compte de ton erreur. La main recouverte d'une huile visqueuse, tu te mets à injurier haut et fort la
« sale enflure qu'a osé m'faire un coup comme ça !!» Il te faut un moment pour reprendre tes esprits et finir d'ouvrir la porte alors entrebâillée.

Là, tu tombes sur une scène des plus étranges, où un homme -sûrement Mister D- pointe la voleuse du pistolet tout en étant nu. Tes deux globes, interloqués par la scène fixe les deux... énergumènes sans trop comprendre. Cet instant intemporel se fait couper par ta voix grave et vieillie par les âges.


_Mister D, pas que t'voir à poil me gène, mais presque. Alors tu vas gentiment tirer une balle dans la tête de la gentille demoiselle avant de t'rabiller. Après ça, on aura à discuter tous les deux d'une histoire qui risque de t'apporter quelques ennuis au lieu de quelques berrys si tu laisse la voleuse faire ce qu'elle veut.

Tu crois bien que les présentations sont maint'nant faites, et qu'il ne te reste plus qu'à attendre la réaction du pirate. Tu espères bien sûre qu'il t'écoutera mais la vie ne t'a pas souvent offerte autant d'facilité, et malgré ton apparente tranquilité, tu te prépares à en découdre avec les deux zigs, certain que l'pauvre brigand n'aura rien compris à ton charabia.



Spoiler:
    Il suffisait d'approcher ces jeunes gens pour qu'ils se découvrent un rhum des foins. La cible se réveillait en grand fracas devant les yeux désapprobateurs de Pénélope. Il aurait pu attendre qu'elle prélève la photo, elle était même prête à lui laisser l'argent. Voilà qu'il décidait de tout compliquer. Elle n'avait pas eu peur en le voyant pointer sur elle deux calibres, celui d'en bas était certainement inoffensif du peu qu'elle parvenait à distinguer, par contre, celui d'en haut avait l'air prêt à l'emploi. Elle ne visualisait que peu ses traits, mais elle remarqua qu'il avait un beau gabarit et qu'il aurait été un étalon si le froid ou on ne savait quelle autre excuse avait joué en sa défaveur. Sur le papier, elle avait toutes ses chances : il venait à peine de se réveiller et manquait probablement de sommeil vue l'heure tardive, elle était reposée en plus d'être talentueuse au combat. Il restait qu'un tir réflexe serait rapidement parti et le risque à court terme de loger une balle au fond de son crâne rendait la situation moins évidente à gérer. Elle contacta ses camarades esprits et aucun ne lui donna un élément de réponse pertinent.


    *Bon allez, je lui propose une somme, s'il refuse, je lui fends le crâne histoire de lui remettre les idées en place. *


    Manifestement, la secrétaire n'appréciait pas l'idée que l'on pointe impunément une arme vers elle. Quant à la nudité de l'homme, elle n'y faisait pas vraiment attention, vu l'obscurité des lieux et la tension mentale dans laquelle elle se trouvait. Elle se préparait à lui faire une proposition alléchante quand elle entendit quelqu'un s'exclamer devant la porte avant de pénétrer dans la pièce. Il s'y engouffra accompagné d'une raie de lumière du couloir. Sa venue illuminée et son air de vieux sage donnèrent à la pièce une certaine cocasserie que la jeune femme semblait incapable d'apprécier. le même homme potentiellement vénérable parvint à détruire le mythe en vomissant le flot d'insanités suivant :


    "Mister D, pas que t'voir à poil me gêne, mais presque. Alors tu vas gentiment tirer une balle dans la tête de la gentille demoiselle avant de t'rhabiller. Après ça, on aura à discuter tous les deux d'une histoire qui risque de t'apporter quelques ennuis au lieu de quelques berrys si tu laisses la voleuse faire ce qu'elle veut."


    Il avait la dégaine des gens qui gâchaient tout et son discours sur la nécessité de lui mettre une balle entre les deux yeux convainquit Pénélope de le placer en haut de sa liste des sous-produits de l'humanité à abattre avec un raffinement de cruauté. À bien l'écouter, elle avait compris qu'il était le patron du plus jeune et que si elle ne se dépêchait pas de récupérer la photo, elle allait passer de main en main.


    *Pas de temps à perdre à parler à ce vieux con, il n'a pas l'air d'être d'humeur à négocier. Va falloir convaincre le pistolero de céder.*


    Elle jeta un regard circulaire pour évaluer une dernière fois et elle constata qu'elle était vaguement dans la merde jusqu'au cou, d'autant plus que son champ de vision largement amputé par le canon du pistolet ne lui permettait pas une vue satisfaisante des alentours. Enfin, qu'à cela ne tienne, elle pouvait toujours commencer par un brin de discussion quitte à trancher des gorges et tapisser la pièce de viscères dans un second temps. Elle s'adressa exclusivement à celui qui la menaçait en ces mots :


    "Écoutez, il y a moyen que tout ceci se règle à l'amiable. Le portefeuille appartient à un ami et j'ai ici la liste précise des objets qu'il contient, je suis certaine que le vieux débris ne peut pas prouver sa bonne foi à mon instar. Je vous laisse l'argent et je reprends le reste. Je peux même ajouter en sus le meurtre de ce vieillard décrépit qui vous menace ouvertement tout en vous encourageant à vous mettre à dos le Cipher Pol et par là même l'intégralité de l'ordre mondial. Ce n'est pas vraiment une menace, mais je ne pense pas que faire sourire ce connard édenté vaille le coup de se faire courser jusqu'à la fin de son existence. Y a moyen de vivre heureux un bout de temps avec cette raclure six pieds sous terre et cette grosse liasse de berries dans la poche. La balle est dans votre camp, maintenant."


    Pendant ce discours, Pénélope avait tendu devant elle un papier plié en deux d'un geste lent et mesuré afin de ne pas affoler son interlocuteur puis elle le fixa intensément en se préparant à esquiver au mieux un quelconque tir.
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    Seido ne savait plus trop quoi penser. L’intrusion d’une jolie jeune femme ne suffisait pas, voilà qu’un homme dans la fleur de l’âge pénétrait aussi dans sa chambre. Il aurait peut-être dû la fermer à clé.

    *Mais qu’est-ce qu’ils me veulent ces deux-là ?*

    En tant que pirate, Seido avait deux, trois choses à se reprocher, mais rien qui puisse valoir un tel dérangement nocturne. Pointant toujours son arme vers la demoiselle, un peu gêné par sa nudité, il écouta les propos du nouveau venu.

    "Mister D, pas que t'voir à poil me gêne, mais presque. Alors tu vas gentiment tirer une balle dans la tête de la gentille demoiselle avant de t'rhabiller. Après ça, on aura à discuter tous les deux d'une histoire qui risque de t'apporter quelques ennuis au lieu de quelques berrys si tu laisses la voleuse faire ce qu'elle veut."

    Le pirate avait rarement entendu un pareil discours. Pourquoi diable devrait-il tirer sur la jeune femme ? Cela risquerait fort d’abimer son joli minois. En plus, cet homme ne semblait pas savoir que Seido n’avait pas l’habitude de tuer une personne de sang-froid. Il y avait une forte probabilité qu’on le prenne pour quelqu’un d’autre. Son nom de famille ne commençait pas par un D, mais par un N ! Dans tous les cas, le pirate devait régler cette histoire au plus vite. Il faisait un peu froid. La jeune femme parla alors.

    "Écoutez, il y a moyen que tout ceci se règle à l'amiable. Le portefeuille appartient à un ami et j'ai ici la liste précise des objets qu'il contient, je suis certaine que le vieux débris ne peut pas prouver sa bonne foi à mon instar. "

    *Oh, le portefeuille ! C’est ça qu’ils veulent ! J’aurais dû y penser …*

    "Je vous laisse l'argent et je reprends le reste. Je peux même ajouter en sus le meurtre de ce vieillard décrépit qui vous menace ouvertement tout en vous encourageant à vous mettre à dos le Cipher Pol et par là même l'intégralité de l'ordre mondial. "
    *Cipher Pol ? Elle a bien di Ciphel Pol ? Il y a quoi de si important dans ce portefeuille ?*

    "Ce n'est pas vraiment une menace, mais je ne pense pas que faire sourire ce connard édenté vaille le coup de se faire courser jusqu'à la fin de son existence. Y a moyen de vivre heureux un bout de temps avec cette raclure six pieds sous terre et cette grosse liasse de berries dans la poche. La balle est dans votre camp, maintenant."

    Le jeune pirate comprenait un peu mieux la situation. L’objet qu’il avait trouvé la vieille appartenait à un mec important. Cependant, en l’examinant, Seido n’y avait rien trouvé d’étrange, à part la photo d’un homme avec une femme plus jeune … Durant ce bref instant de réflexion, Seido sentit un frisson parcourir sa peau nue. Avant de prendre une décision, il devait au moins se rhabiller un peu.

    "Avant toutes choses, permettez-moi d’enfiler mon pantalon. Je suis conscient que la vue n’est pas pour vous déplaire mademoiselle, mais vous n’êtes pas là pour ça, il semblerait."

    De sa main libre, le pirate prit son pantalon et l’enfila doucement, avec l’aide de cette seule main. Son instinct lui disait de garder son arme pointé sur sa visiteuse. Qui sait ce qui se cachait derrière ce joli minois ? Pendant qu’il y était, Seido enfila aussi sa chemise, sans l’attacher, une tâche trop ardue pour sa seule main. Il était maintenant temps de parler affaire.

    "J’ai caché le document que vous voulez. Il sera difficile de le trouver sans mon aide. Maintenant, je préfère éviter un bain de sang inutile. Voici ce que je vous propose : on se retrouve sur le marché vers midi, devant le fleuriste borgne. Durant ce délai, pensez à ce que vous pouvez m’offrir comme monnaie d’échange. Bien entendu, l’argent que contient le portefeuille m’appartient déjà, inutile d’en parler. Ça me laissera aussi le temps d’aller chercher ce que vous voulez …"

    Ils ne le savaient pas, mais le portefeuille n’était pas loin, en réalité. Seido espérait gagner un peu de temps, de cette manière. Le pirate préférait éviter un affrontement. La taverne ne supporterait sans doute pas leur attaque respective.
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    Tu ne le sens que très peu ce coup-là... Le jeunot mire la femme d'un oeil bien d'trop envieux et ça n'arrange pas tes affaires. C'est à peine si le marmot veut se rhabiller, tu hésites à demander si tu déranges, mais te contentes de montrer ton énervement par une quinte de toux. Sèche et rageuse. On ne se moque pas de ta trogne impunément et s'il ne veut pas t'aider par sa propre volonté, il te faudra lui en donner envie, et lui faire comprendre que tu ne demandes jamais quoi que ce soit, tu ordonnes. Pour combler l'affaire, la Miss a aussi décidé de jouer à la plus maligne et ça t'embête parce que frapper une femme, ça n'se fait pas. Mais si elle continue à l'ouvrir tu ne vas bientôt plus avoir le choix. Elle va jusqu'à t'insulter de vieux débris. La miss n'a vraiment pas bien compris à qui elle avait affaire. Et elle continue. « Raclure, vieillard édenté », quand elle s'y met, elle ne sait plus s'arrêter celle là. Et après? Elle compte multiplier les mots d'oiseaux à ton encontre encore longtemps ? Elle croit vraiment que tu vas continuer à l'écouter gentiment déblatérer toute la bouse en stock ? C'est une vraie fosse à purin celle là. A peine que tu croyais avoir senti la plus grosse fiente possible qu'une autre crotte à bovin sort encore plus énorme..

    C'est au moment où tes poings partent en direction de la caboche insultante que la donzelle se décide à sortir un mot qui te fait réfléchir. Tes informations sont donc vraies. Tu n'es pas là qu'pour une histoire de gosse, y'a du lourd, du très lourd même. « Cyper Phol », il n'y'a pas à dire, ce mot il en jette. Il fait retourner tous les pirates dans leurs lits, et réussit même à faire de certains marines des insomniaques invétérés. Peu de choses se savent sur cet organisme et tu crois bien que c'est justement ça qui fait le plus peur. Heureusement pour toi, ça te donne matière à tergiverser et même une approche pour chambouler la gringalette. Enfin de maigrichonne, elle n'doit avoir que l'apparence que tu t'dis, vu pour qui elle bosse. Alors que tu te prépares à ouvrir ton bec, Mister D te grille la priorité et fonce droit dans l'panneau, sans réfléchir. Une fois qu'il en a fini, tu te dépêches de lui répondre avant qu'il ne sorte une autre ânerie.

    _Je n'ai pas du t'le dire gamin, mais avec moi il ne faut pas jouer au plus malin. T'crois qu'en gagnant du temps, tu vas pouvoir t'faire plus de maille ? Faire monter les enchères ? Là, t'es pas dans une position où tu peux discuter, tu obéis et c'est tout. Mais tu m'obéis à moi, et pas à c'gamine du gouvernement. Tu sais pourquoi ? T'as entendu pour qui elle travaille j'crois, alors tu sais que t'as aucune chance qu'elle te laisse partir. T'as été au mauvais endroit au mauvais moment. T'as vu un joli truc traîner et tu l'as innocemment ramassé. Résultat ? L'objet que t'as récupéré n'aurait jamais dû disparaître, et le propriétaire est vraiment sur les nerfs. Alors il envoie une belle brosse à chiottes histoire de nettoyer toute la merde qu'il a laissée échapper. Histoire d'effacer les traces pour qu'il n'en reste plus aucune. Aucune.

    Tu continuerais bien ton discours, mais à quoi bon. T'as quand même bien insisté sur le dernier mot pour qu'il comprenne sa situation. Si le gosse n'a pas compris, c'est qu'il est trop bête et qu'il faudra régler l'affaire de manière moins sympathique. Une chose est quasi certaine maintenant pour toi : celui qui a égaré l'objet compromettant ne pourra dormir tant que les preuves n'auront pas disparu. Et quand tu dis disparu, ce n'est pas à coup de biftons. Maintenant qu'tu fais partie de ces preuves, t'es sur la liste des noms à rayer d'la liste et des tombes à creuser, alors faudra forcément en découdre avec la Miss.

    Pour le moment tu préfères quand même tenter la diplomatie, même si ça semble plus que compromis. Alors tu restes sur tes gardes, attendant que l'premier coup parte. Tu vas même jusqu'à tenter une partie de bavette avec la donzelle. Tu t'ramolis sûrement avec l'âge, il y'a quelques printemps tes poings seraient partis depuis bien longtemps.


    _Quant à toi la mistinguette, j'vais être franc, si tu veux garder ton joli minoi encore quelques années, il ne t'reste plus qu'une seule chance. Celle de sortir la queue entr' les jambes de cette pièce. Fin quand j'dis ça, c'est une façon de parler, hein, j'sais bien qu'tu peux pas vraiment l'faire, et j'ne t'en voudrais pas pour ça. Mais va quand même te falloir sortir. Et bien calmement, sans gestes inutiles. Ce s'rait d'un moche que de transformer ton nez en une fraise inregardable.
      Le pirate en face d'elle finit par comprendre ce que le duo macabre faisait là. Comme un promoteur immobilier, il se mit à déblatérer des inepties et à proposer des réunions à propos de copropriété. En d'autres temps, Pénélope l'aurait remis à sa place à grand renfort d'agrafeuses dans le pif, mais là, la situation était toute autre.


      Bien que le vieil homme fut âgé, il avait l'air menaçant et d'ailleurs, elle comptait un peu sur un complexe du vieux roublard bien agressif pour le pousser à la faute et avoir le bon rôle. Nul besoin de dire que son tour de magie réussit. Il plongea dans le piège presque heureux de passer pour le dur à cuire. C'était mieux qu'elle ne l'avait espéré, il réitéra ses menaces et même s'il la traita de brosse à chiottes, ce qui était d'une discourtoisie offensante, son discours la soulagea de la crainte d'affronter ces deux gus en même temps. Elle venait d'opérer une dichotomie dans leurs relations et le chef allait manifestement cogner sur son employé et réciproquement. Par contre, quand il s'adressa à elle pour la menacer de passer sa truffe au mixer, elle sentit la moutarde y monter. Elle fit de louables efforts pour ne pas réagir en se promettant qu'à la première occasion, elle allait lui rappeler son ultimatum.


      Le revers de la médaille, c'était qu'elle allait devoir faire raquer son supérieur pour obtenir cette photographie, mais cela ne la gênait pas, c'était un bel enfoiré de toutes les manières. Il fallait négocier cela et entamer le projet légitime d'envoyer l'ancêtre rejoindre les siens, au Walhalla des connards. Elle regarda l'homme qui était torse nu et lui dit de manière égale :



      "Écoutez, je n'ai rien contre le fait de vous allonger un peu de monnaie. On n'est pas dans un roman de gare et je ne suis pas une brosse à chiottes. Avant qu'on puisse parler de tout ça, y a une menace pour notre accord. Il l'a dit, il ne veut pas négocier. Je ne sais pas toi, mais moi je serais d'avis de lui faire passer sa folie des grandeurs en le trépanant pour bien aérer son esprit rassi."


      Là-dessus, Pénélope remit le papier qu'elle avait tendu et s'arma de deux équerres avant de faire face à l'homme qui était encadré par la portière. Il y avait une réelle volonté de nuire dans son regard. Déjà, avant même que l'affrontement ne commença, elle sentait poindre en elle l'excitation qui la transportait immanquablement. Seule cette ambiguïté dans la répartition des forces laissait un arrière goût âcre dans ce qui allait être une belle cuvée de torgnoles et de mandales.


      Dernière édition par Pénélope Solète le Mer 15 Fév 2012 - 21:43, édité 1 fois
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      Le discours de l’homme tapait un peu sur les nerfs du pirate. Mais pour qui diable se prenait-il ? Seido n’aimait pas du tout qu’on lui donne des ordres. Cependant, il y avait du vrai dans ces paroles, en lisant entre les lignes. Même un idiot pouvait se rendre compte de la dangerosité de la charmante demoiselle. Seido aurait payé cher pour la connaître en d’autre circonstance. Ses yeux bleus comme la mer et ces lèvres … Pourquoi les plus jolies jeunes femmes étaient toujours dans l’autre camp ? Les propos de l’homme envers la jeune femme tirèrent Seido de sa rêverie.

      Cet homme semblait vouloir se battre contre elle, la menaçant ouvertement. Mais une grande question se présentait : quelle sera la place du pirate dans cet affrontement ? Un vrai dilemme. En effet, la jeune femme était assez dangereuse, faisant partie du Cyphor Pol. Elle était aussi très belle. D’un autre côté, l’homme était d’un certain âge, de sexe masculin et assez rustre. En fait, le choix était assez facile, surtout après les paroles de la jeune femme. Elle proposait même de lui donner de l’argent en plus !

      *Oui, je n’ai qu’à faire ça …*

      Un plan venait de naître dans l’esprit du pirate, une idée lui permettant de rester en vie. C’était une chose qu’il ne faisait pas souvent, mais ça pouvait marcher. Cette idée lui plaisait. Ne laissant rien paraître, le pirate saisit son épée de sa main libre et l’attacha à sa ceinture. Elle allait lui servir plu tard.

      Ce n’est pas comme si tout ça me dérangeait, mais une bagarre ici ferait tomber le toit sur nos têtes. Allons dehors.

      Seido voulait aussi pourvoir s’habiller, et enfiler son manteau. Il faisait assez froid … Détail important, c’est son manteau qui contenait les munitions qu’il avait inventé. Son plan ne pouvait pas fonctionner sans, ou du moins, pas aussi bien.
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      La minette fait mirer bonheur au petit. Et il y croit. Ce gars est aussi naïf que son âge le laissait penser. T'es vraiment dans la mouise jusqu'au cou. Pourquoi ce garçon écouterait un vieillard aigri plutôt qu'une jolie donzelle aux deux... yeux plus qu'attrayants ? Pour rien. C'est presque sûr maintenant, il te faudra frapper fort, et te débarrasser de la miss. Simplement t'aimerais éviter que le cow-boy se mette de la partie. Une fête à deux, c'est mieux. Surtout quand cette fête est sanglante. Plus d'intimité dira-t-on. Puis, tu n'as pas déjà mince à faire contre la donzelle, sûrement une professionnelle du combat. Sous son air de secrétaire cochonne, tu t'attends au pire, une maniaque des lames ? Une prodige des armes à feu ? Tu n'en sais rien, et ça t'intrigue.

      Lorsque le gosse propose de sortir, tu t'dis que ce n'est pas une si mauvaise idée. Au moindre pas, t'as peur de faire s'effondrer les pauvres petits murs tremblants de la batisse. Ce sera un combat respectueux... Ahah, respectueux, combat, deux mots qui n'vont guère ensembles. Mais ce soir, la présence d'une donzelle te pousse à de la galanterie, violente mais de la galanterie quand même. Enfin tu dois être le seul à trouver ton mélange d'insultes et de menaces de mort galant...


      _J'crois que le jeunot a proposé quelqu'chose de bien. J'vais même y aller d'mon idée mistinguette. De toute façon, on lui propose la même chose tous les deux, du fric. Et il a plein d'raisons de n'faire confiance à aucun d'entre nous. Alors c'que j'te propose c'est d'te montrer que je n'suis pas qu'une brute sans âme. On va faire ça en duel dans la rue de dehors. Un duel tout c'qu'il y a d'plus loyal. J’espère que t'as une arme à feu.


      Tu sors maint'nant de la pièce, en gardant la trogne tournée vers la donzelle. Pas question d'lui tourner l'dos à celle là, tu sens bien qu'elle serait capable d'en profiter pour t'foutre un coup d'fourbe. N'empêche que descendre des escaliers dans l'noir avec des planches tenant à peine debout et en marche arrière... C'pas du grand plaisir. C'est même délicat. T'as beau tenter d'jouer au fier, tes pas plus que mal assurés te déséquilibrent et tu manques plusieurs fois d'mirer le sol de près.

      Toujours en marchant en arrière avec quelques brefs regards dans l'dos histoire de n'pas se prendre de mur, tu continues ta promenade. Rendu en plein milieu de la rue, tu t’arrêtes. Seule la lune semble vouloir offrir un peu de lumière. L'endroit n'a pas changé depuis ton entrée dans le bâtiment. Toujours aussi sordide. Tandis que le vent caresse les cheveux qu'il te reste, tes globes restent campés sur le brin de femme. Le temps s’arrête et tu attends le moment où il te faudra lever ton arme. Où il te faudra viser juste, et bien. Trois mots, trois petits mots sortent de ton bec. Illustration de ta concentration, de ta volonté d'en finir. Reste à voir si la donzelle acceptera.


      _C'est l'heure.
        *En voilà un combattant maniéré. Il ne colle pas vraiment à la description du voyou local que je m’étais faite de lui. Il est bien trop armé pour une petite frappe quelconque. Par contre cette idée d’aller se battre dehors, pas fameuse. La marine risque de s’en mêler si l'on croise la route d’une patrouille. Enfin, bon, admettons.*


        Le vieux non plus n’était le stéréotype du grand-père en pantoufles contraint par ses rhumatismes à se vautrer devant la cheminée tout l’hiver. Il était si habile à retourner sa veste qu’elle se demandât s’il avait fait de la politique avant ou s’il n’était pas sénile au point d’oublier ce qu’il venait de dire il n'y avait pas plus d’une minute. L’autre hypothèse était qu’il ne se sentait pas à l’aise d’affronter deux personnes à la fois et qu’il avait compris que son attitude n’allait pas ébranler le « petit ».


        « Hé ben ! Je croyais que tu ne négociais pas et que t’étais le genre avec qui il ne fallait pas faire le malin et tout. Pour un moment, j’y ai cru moi le coup du papy qui se sent encore jeune dans sa tête. Je ne vais pas parler au nom de cet homme. Il est libre de choisir son camp et de défendre ses intérêts. S’il décide de se mettre de mon côté, ce sera sa décision. S’il préfère attendre que tu m’aies battue pour t’affronter, c’est son problème. Par contre, t’es un peu gonflé de nous demander de venir un par un maintenant que ton intimidation a foiré. Finalement, t’as que la gueule. Dès que t’as senti que ça virait mal, t’as baissé ton froc et t’as sorti ton violon. Et voilà que je me suis montré ouvert aux négociations, et voilà que je veux compter dix pas avant de te tirer une balle dans la tête dans le respect de l’esprit Coubertin et de la loi du sport. »


        Encore des provocations, c’était le truc pour décider le vieux à abattre ses cartes et dévoiler son jeu. Elle suivait pendant ce temps calmement la progression de l'aïeul en veillant à garder le jeune homme dans son champ de vision, des fois qu’il tenterait de lui faire une entourloupe. Vigilante jusqu’à la paranoïa, elle surveillait comme un maître-nageur surveillait le bronzage topless le plus attrayant les deux hommes. S’il y avait bien une chose qu’elle avait apprise, c’était qu’il fallait restreindre autant que faire se pouvait le champ d’action de ses ennemis, mais surtout ses alliés. Une dague dans le dos était la mort la plus fréquente et la plus naturelle d’une personne trop confiante, gavée d’idéaux et de romans à l’eau de rose.


        *Les hommes se promènent tous avec un énorme défaut qu’ils ne peuvent pas s’empêcher d’exhiber : la virilité. Tu poses la patte dessus et ils partent pour un tour de circuit façon grand huit.


        Dans la rue, la nuit profonde effaçait méticuleusement le contour des bâtiments et le silence opaque était oppressant. Elle le sentait ou peut-être le ressentait-elle subjectivement ce calme exubérant avant le combat. Toute cette atmosphère qui exhalait son dernier souffle de sérénité. Les rues étaient vides, les fenêtres étaient closes et même les soulards noctambules semblaient avoir élu domicile ailleurs que dans le secteur. À une quinzaine de mètres de distance, le vieil homme se tenait la main crispée près de sa poche droite. Pendant qu’une bise passait dans les cheveux de la jeune femme, elle se demandait quand allait commencer le débat. Elle n’était pas passionnée de mise en scène, mais cette fois elle attendit le plus longtemps possible pour avoir une idée sur la résolution que prendrait le troisième sommet du triangle amoureux : un homme, une femme, un vioque. Elle sourit intérieurement à l’évocation de cette idée. Quand elle entendit le signal de départ, la tension monta en elle.


        « C’est l’heure. »


        Les mots ne pouvaient plus servir et tout ce qui aurait pu être dit l’avait déjà été. Place à la magie des poings qui réglait tout différend par le même procédé : un vainqueur et un perdant. Elle allait lui montrer son côté insaisissable et la précision de ses tirs, ce genre de terrain à découvert favorisait la mise en place de son style de combat et elle comptait en profiter. Dans l’ordre le tiercé gagnant : Un Ryankyaku lancé du bout de son équerre avec celle-ci projetée à sa poursuite, un Soru pour sortir de la ligne de tir et une volée de Ryankyaku pour clore en apogée la première joute. Pendant que les traits volaient en direction de son adversaire, elle se disait que ce n’était pas si mal pour une combattante à distance de pouvoir se déplacer si vite, il allait en suer pour éviter de s’en prendre une. Pendant ce temps, elle veillait à laisser l’exhibitionniste entre le vieillard et elle, son épée ne serait pas de refus si l’autre avait les moyens d’engager le corps à corps.
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        La situation n’était pas trop mauvaise pour le pirate, pour le moment. Les deux autres avaient accepté sa proposition, et sortaient doucement du bâtiment. Le vieux proposait même un combat contre la demoiselle. Il avait surement compris la situation. Ou du moins, une partie. Pendant que les deux autres étaient en train de quitter la pièce, se surveillant mutuellement, Seido mit sa veste et l’attacha, sans oublier de mettre ses chaussures vite fait. Il aurait peut-être dû prendre son sac, même il était bien trop encombrant durant un combat.

        Le jeune homme frissonna un peu en sortant dehors, quelle nuit glaciale. Il avança doucement, ayant toujours son revolver en main. Le vieux était prêt au combat, la demoiselle aussi. Elle semblait attendre un quelconque signal de départ. De sa main libre, le jeune homme changea rapidement le barillet de son arme.Seido ne put s’empêcher de sourire. Son plan allait comme sur des roulettes. Heureusement que son manteau remontait jusqu’à son nez, sinon, cela aurait pût éveiller les soupçons des deux autres.

        _C'est l'heure.

        Le combat pouvait enfin commencer. Seido imagina la suite des événements dans sa tête. Une fois que les deux autres entreraient en combat au corps à corps, Seido allait bouger, afin de quitter leur champ de vision. On ne pouvait pas le suivre des yeux et être attentif à son adversaire. Lui, cependant, devait les voir tous les deux. L’observation était un atout non négligeable lors d’un combat, surtout contre plusieurs adversaires. La meilleur chose à faire serait de se placer derrière la jeune femme, en peu en décalage. Vu le manque de lumière, le vieux ne le verrait pas bien, et la jeune femme ne pouvait le voir sauf si elle possédait une autre paire d’yeux derrière son joli minois. L'obscurité était l'un de ces plus tendre allié en ce moment. Enfin, c'est ce qu'il comptait faire, si l'homme et la femme s'affrontait plus sérieusement.


        Dernière édition par Seido D. Noroma le Mar 3 Jan 2012 - 13:09, édité 1 fois
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        La fosse a remis du purin sur le palier, vraiment, beaucoup de purin. Tellement que tes dents mordillant tes lèvres étaient à la limite de les saigner. A rien n’y comprendre, tu t’demandes vraiment comment tes poings ont pu ne pas aller détruire le joli visage de la demoiselle. La vieillesse assagit réellement, bien de trop même. La minette a de la chance, il y a de ça quelques années, elle se serait déjà retrouvée à mordre la poussière, affalée au sol et rouée de coups. Mais aujourd’hui, non.

        Tu la regardes, elle te regarde. Tu sais qu’elle frappera la première, et tu sais qu’elle sait que tu sais. Mais tu continues à mirer ses bras en attendant l’action. Un coup d’équerre, voilà comment la miss se décide à lancer les hostilités. Malgré qu’elle se trouve bien de trop loin pour même t’effleurer, tu baisses la tête comme si elle était à portée. Et ça te sauve la mise, là tu es vraiment perdu : un rafale de vent t’a effleuré la tête te coupant quelques rares cheveux ayant résisté aux ravages du temps. Alors tu analyses la situation, la gringalette a réussit à créer une rafale d’air ! Tu crois rêver. Ils n’ont vraiment pas envoyé la dernière des faiblardes pour cette mission, et ta moue attristée montre à quel point ça peut t’intriguer. C'est donc ça que le gouvernement envoie pour récupérer des objets compromettant. Des secrétaires aussi féroces qu'attirantes aux attaques brutales et surprenantes.

        Cette demi seconde de réflexion t’a fait perdre la jeunette de vue et c’est lorsque tu aperçois une multitude d’autres rafales d’air que tu mires où la miss se situe. Cette jeunette se bat de loin, en se cachant dès qu’elle le peut et surtout sans s’approcher. Tu t’rends donc compte que se battre dans la rue n’a pas été la meilleure idée que tu aies eu. Rien n’empêche, tu dégaines rapidement ton six coups et tires une rafale mi à l’aveuglette avant de tenter d’éviter la sienne de rafale. Mais la bougre est rapide, et ses coups aussi, alors tu n’as pas le temps d’esquiver l’air qui te griffe tout le torse sur la droite, déchirant ta veste et ton vieux tee-shirt. Tombant sous le choc le dos contre le sol, tu t’dis que tu es dans une sale posture. Si tu ne réussis pas à la faire venir au corps à corps, c’en est fini de toi. Pauvre vieux, t’a joué le fanfaron sur de lui et maintenant tu te retrouves dos au mur. Ça t’apprendra à avoir voulu la jouer fine et diplomate. Il n’y a qu’une seule discussion qui fonctionne, c’est celle des poings.

        Tes quelques coups de feu n’ont quasiment aucune chance d’avoir touché autre chose que le vent.

        Te rendant compte de la dangerosité de la situation, tu te relèves une main sur ton torse ensanglanté, te débarrassant au passage de tes habits étant devenu plus encombrant qu’autre chose. Ton torse sailli de cicatrices provenant d’un lointain passé et haché par le vent le fouettant perle de gouttes écarlates, mais tu n’en as cure. Cette satanée mistinguette a osé déchirer ta veste porte chance, cette foutu veste qui t’a accompagnée durant toutes tes aventures depuis ta dix-neuvième année. Elle le paiera, de sa vie s’il le faut, mais elle le paiera. Quant à l'autre pirate, il a intérêt à être dans ton camp s'il ne veut pas finir comme la minette. Là, tu es bien d'trop énervé pour jouer dans la finesse.


        _Et l'pirate, tu vas t'décider à bouger tes guibolles ? Ne m'dis pas que tu n'as toujours pas saisi ? Si je m'fais avoir par la minette, t'es un homme mort !

        Et c’est armé de cette hargne nouvelle, dupliquée par toutes ces insultes reçues que tu cours maintenant vers la miss, certain que tes poings paieront cet affront. Tu cours jusqu'à être à porté d'la minette, jusqu'à ce que ton poing droit soit assez prêt pour transformer son petit nez en une forme indigeste. Alors tu lances ton bras avec toute ta force et toute la hargne stockée en reserve direction le minoi.


        _Ce poing là, c'est pour ma foutue veste!!
          Au signal, il ne dégainait pas, voilà, il y avait des gens qui sonnaient le tocsin et qui se faisaient quand même surprendre. Ce fut après avoir esquivé le premier coup et pendant que la suite fusait vers sa tronche qu’il décida de laisser la poudre parler. Cependant, il n’avait pas pris le temps de viser et six coups partirent se perdre dans les méandres de la loi de Murphy appliquée au citoyen de base.


          * Qu’est-ce qu’ils ont à se foutre à poil devant moi ? C’est une nouvelle mode comme les combats de toupies ? *


          Pénélope était en droit de se poser des questions étant donné la situation qui lui faisait face : le vieux venait d’arracher le haut pour exposer un torse large et puissant. L’obscurité et le sang qu’il semblait perdre par tous les orifices empêchaient la jeune femme de détailler au mieux son anatomie. Au vu du modèle employé, il lui parut fort probable que l’arme était dorénavant déchargée et qu’elle aurait avantage à profiter du temps de recharge pour faire des trous d’asticots dans le vieil enfoiré.


          Elle l’avait donc blessé et lui n’avait réussi qu’à se vautrer lamentablement par terre. Il ne lui restait plus qu’à trouver le bon moment pour l’empaler à un pieu de son choix et clore ce combat aussi rapidement que possible. Elle se méfiait principalement de la tierce personne qui se tenait là, désœuvrée. Elle se demandait à quel point cet homme pouvait être con et si un tel degré de stupidité pouvait être contagieux. Il avait en face de lui un homme qui l’avait menacé à maintes reprises et pourtant, il ne faisait rien pour l’attaquer. Dans la catégorie des sérieusement atteints du ciboulot, il cavalait seul en tête. Il agissait de manière si irrationnelle qu’elle se demanda s’il n’allait pas arbitrairement prendre parti pour le submourant et foutre en l’air sa bonne conduite.



          * Je me demande s’il n’aimerait pas se faire casser la gueule par l’ancêtre. Si ça se trouve, il va en redemander. Je n’ai même pas envie d’y penser.*


          Voilà où en étaient les pensées de l’agent pendant que le duo comique faisait des siennes. Entre le gars planté comme un radis qui se grattait métaphoriquement les parties et l’autre qui s’était décidé à courir droit devant vers elle en gueulant bien comme il faut, il y avait du spectacle.


          * Vas-y encourage-le à s’en prendre à moi. La meilleure façon de se faire des amis a toujours été de les menacer de les tuer, c’est bien connu.*


          La secrétaire, elle, se concentrait sur son combat et ne se laissait pas distraire en ayant recours à ce genre d’exhortations. Elle ne sentait pas que les mots seraient encore utiles là où le sang avait déjà coulé. Elle accueillait donc avec toute la vigilance possible la charge honteusement annoncée par un rugissement de surenchère. Plantée sur ses jambes, elle imprima un mouvement de rotation à sa hanche et à son épaule dans l’ordre d’énonciation. Ceci eut pour effet de constituer une bonne patate bien lourde qui allait certainement faire mal à cet assaut techniquement mal fait, bien que motivé. En plus, elle réservait encore une surprise au poing qui prenait partance pour son pif à une vitesse vertigineuse ; le Shigan couvrant l’espace entre ses doigts et sa fragile menotte.


          L’impact fut rude et l’épaule de Pénélope grinça quand les deux mains s’entrechoquèrent à mi-distance de chaque combattant. Pourtant, elle avait serré les dents et elle avait rentré la douleur en dedans, manière de la garder au chaud jusqu’au remboursement. Elle était comme ça, elle payait toujours ses dettes.


          Elle put alors enchaîner en effectuant un vif pas en arrière. Preste, elle lança dans le processus deux équerres en utilisant à nouveau le Rankyaku. Par contre, elle le fit bien plus étriqué donc plus perçant. Elle comptait sur la courte distance qui les séparait pour remédier à toute éventualité d’esquive.


          Une fois que cela fut fait, elle jeta un discret coup d’œil pour dépister un quelconque début de pertinence chez l’empaffé du citron. Son vrai adversaire était en face d’elle, mais elle préférait le maintenir loin d’elle à la fois pour ne pas relâcher sa surveillance sur la position du voleur de portefeuilles et pour continuer à profiter de son avantage tactique.
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          Le pirate laissa le vieux se plaindre, en remarquant quand même l’élément récurent qui apparaissait : la mort de Seido. Il n’avait pas vraiment tort, le type. La femme savait se battre, et pas qu’un peu. S’il devait l’affronter, le pirate ne gagnerait sûrement pas. Les laisser se battre l’un contre l’autre était un bon plan, initialement, mais à un moment donné, une prise de position devait être fixée. Bien entendu, le jeune homme avait déjà son idée sur la question, pas comme les deux autres, à moins de pouvoir lire ses pensées.

          *Et lui, ça lui gêne pas de se déshabiller ?*

          Le combat semblait s’intensifier. La miss semblait avoir l’avantage sur le vieux à distance. Mais voilà que celui-ci s’élance sur son adversaire, ce que le pirate attendait. Dès lors, en quelques pas, il se cacha dans l’ombre. Les deux autres n’auraient sans doute pas le temps de le chercher avec attention maintenant. Le pirate se plaça derrière la jeune, au coin d’une rue. Cette cachette lui offrait une bonne vue sur son c…combat. Il était l’heure d’aider un peu son allié. Notre homme pointa son arme vers le vieux et la donzelle, et attendit l’instant idéal pour tirer. Le vent lui caressa la peau par la fine ouverte entre son chapeau et son manteau. Mais voilà que la femme sortait encore ses équerres, ça allait faire mal, très mal. Une intervention était nécessaire.

          *Début de la phase 1 !*

          La balle fila dans l’air à une vitesse folle, comme portée par le vent. Elle passa à une bonne dizaine de centimètre de la tête de la jeune femme, fallait pas l’abîmer, et toucha l’une de ces fameuses équerres, la faisant dévier de sa trajectoire initiale. Et ce n’était pas tout. Truc embêtant, c’est qu’une épaisse couche de fumée entoura bien vite les deux adversaires, sans doute un truc en rapport avec la balle. Pas de bol pour la femme, le vent semblait centrer la fumée sur elle. Ce n’était pas comme si notre bonhomme ne l’avait pas prévu. Cela pouvait provoquer une petite toux, mais ça variait selon les gens. On ne pouvait pas tous avoir.

          Seido changea sa position à peine eut-il tiré. Il ne fallait pas qu’on puisse deviner où il se trouvait, surtout maintenant qu’il s’était immiscé dans le combat. Le reste dépendait de l’autre maintenant. S’il ne tirait pas parti de l’avantage qu’on lui offrait, c’était tant pis pour lui. Au cas où, en ouvrant son barillet, le pirate y plaça une balle, comblant le vide laissé par celle qu’il venait de tirer. Sait-on jamais, le pirate devra peut-être chauffer un peu l’ambiance …

          *Voyons leur réaction maintenant ...*
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          Elle se bat fichtrement bien la donzelle. Trop bien même. Ses coups, tu as à peine le temps de les voir partir qu'ils s’enfoncent déjà dans ta pauvre peau flétrie. Ses foutues équerres raflent ta caboche endoloris et même au corps à corps, tu souffres sous la puissance de ses coups. Lorsqu’elle tente d'enfoncer son genoux dans ton abdomen, tes réflexes de vieux combattant sont mis à rude épreuve et tu es obligé de parer tant bien que mal avec tes coudes, te repliant sur toi même. Si il n'y avait que ça, tu pourrais presque t 'en sortir mais elle n'en finit pas là et use encore une fois de ses deux équerres pour te saigner à blanc. Tu mires les deux instruments foncer vers ta trogne en tentant de te baisser assez pour éviter l'impact. Mais tu le sens bien que tu es trop lent et qu'encore une fois, tu vas te trouver à terre.

          BANG que tu entends au moment où les outils sont presque arrivé au point d'impact. Relevant tes globes tu aperçois la première des équerres fuir de l'autre côté et la deuxième continuer son voyage vers toi. Tentant la riposte de la dernière chance, tu lances un uppercut vers ustensile en espérant ne pas toucher un bout tranchant. C'est raté. Ton poing s'écrase contre l'arme dans un fracas de sang, l’extrémité de ton membre ayant touché une partie tranchante. C'aurait pu être pire, mais ç'aurait aussi pu être bien mieux. Du sang commence maintenant à perler le long de tes doigts, colorant encore plus ton corps déjà rougis par le combat.

          Un gros nuage de fumée fait alors son apparition, cachant la mistinguette. Un coup de Mister D que tu te dis. Mirant de tous les côtés, tu te rends compte que ce fichu pirate a décidé de se la jouer à la fourbe. Mais il a choisis son camp, et le bon, alors tu lui pardonnes cette faute de goût. Et puis tu es bien d'trop énervé par la donzelle pour pouvoir réagir, alors tu concentres ta rage sur elle, parce qu'elle le vaut bien. Te postant comme un Sumo, les jambes écartées et les bras tendus à l'horizontale, tu comptes profiter du terrain. Le sol recouvert de petits pavés t'offre une arme à laquelle tu n'avais jusqu'alors pas encore pensé. Et c'est à grand cris de rages que tu comptes l'utiliser. Frappant le sol d'un grand nombre de coups de pieds, tu fais voler pelletées de pavés qui giclent jusqu'au niveau de tes bras. Les minuscules cailloux se font alors frapper par les paumes de tes mains qui les envoient à pleine vitesse en direction de la nappe de fumée.


          _Hand Over !!

          Pourquoi que tu te mets à crier ça là ? La rage, encore elle... Et puis l'humour, en toute circonstance.
          Une fois les pavés lancés, tu cours au milieu de la fumée comme un imbécile. Ah pour ne pas connaître la délicatesse, ça tu ne la connais pas. Plutôt que de la jouer en finesse et de profiter de ton avantage tu préfères courir dans le lard, comme à ton habitude. Tu as beau avoir des années d’expériences, tu restes encore et toujours aussi stupidement rageur. A croire qu'en plus de cinquante printemps de métier, tu n'as rien appris.

          Tentant d'apercevoir quelque chose à travers l'épais nuage, tu lances tes poings en espérant que le hasard fera bien les choses et qu'à un moment, l’extrémité de tes bras réussira à fracasser autre chose que le nacre blanc.
            Le jeune homme transforma l’essai, confirmant brillamment sa participation active dans la baisse générale du quotient intellectuel. En plus d’avoir détourné l’un des projectiles, il créa un écran de fumée qui obstruait sa vision. Comble de l’infortune, un vent hasardeux lui tartina la purée de pois sur le collimateur si bien qu’elle était à la merci de toute attaque. Il devenait urgent de mettre les voiles avant d’avoir à tester à une nouvelle reprise sa proverbiale infélicité. Elle armait ses jambes pour exécuter un saut quand un pavé vint lui demander de solder ses comptes. Être prise dans un pareil étau sans payer les tributs alloués à la divine providence serait malhonnête. Aussi, elle se prit une belle fournée de tartes généreusement distribuée à son tronc réceptif. Elle ne peut maintenir un Tekkaï correct vu la venue non annoncée de l’évènement et les projectiles, sans la blesser outre mesure, la déstabilisèrent au point qu’elle ne vit pas foncer sur elle un poing de la taille d’un boulet de canon. Celui-ci vint faucher l’agent en la soulevant à ras de terre pendant un court instant avant de la faire atterrir.


            Intérieurement, Pénélope en chiait. En plus de l’avoir sérieusement endommagée, le coup qui lui avait été porté lui avait coupé la respiration. Bloqué dans une inspiration par trop longue, son organisme déversa de la bile sur le bras de son adversaire. Le temps se suspendit pour donner à l'espionne l’occasion de regarder une rainette indifférente à l’affrontement général. Il était curieux qu’un détail si insignifiant ait une telle présence pourtant, ce batracien retenait son attention. La douleur évoluait en fond continu pendant qu’un voile noir se préparait à sanctionner l’apnée forcée dans laquelle elle se trouvait. Néanmoins, elle n’arrivait pas à s’intéresser à autre chose qu’à cette grenouille qui lui semblait vaguement familière. Les contours de sa perception s’estompaient, emportant la meurtrissure subie et il ne restait plus que ce visage surmontant ce corps verdâtre et luisant. Une face bien familière avec ses traits constamment tirés et ces yeux, toujours les mêmes. Une fixité qui témoigne d’une résolution inébranlable :



            « - Alors, tu me fais quoi, là ? Sors-toi les doigts du cul ma petite. Il va falloir déballer l’argenterie. Utilise ce que tu as au fond de toi, sinon, je t’assure que tu vas crever.
            - Mère ?
            - À qui crois-tu parler ? Je ne suis qu’une grenouille regarde : croa, croa. »


            Soudain elle réalisa que ce cri était plus que convainquant et l’air qui affluait à nouveau dans ses poumons la ramena dans le monde du réel. Les yeux n’étaient plus bleus, mais rouges. Par le fait même ce n’était probablement pas sa mère. Pourtant, les choses étaient différentes, car, partant du fond de son âme, une clameur montait, ouvrant les barrages à une violence nouvelle. Ses phalanges alignées comme une valeureuse escouade s’entourèrent d'une aura perforante. Armé d’une puissance nouvelle, tout le corps de la jeune femme se jeta en avant propulsant la main meurtrière vers la racine du cou de son ennemi. Point de contraintes, point d’hésitations, Pénélope voyait rouge et son esprit combattif prit le dessus sur toute autre considération.


            * Je vais te saigner, vieux porc. *


            Dans son mouvement, un hurlement sauvage et primal se frayait un chemin entre ses dents. Ses instincts allaient enfin pouvoir s’exprimer librement.


            « SHIGAN ! »
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            Le pirate ne put s’empêcher de grimacer en voyant le vieux bloquer l’arme de la jolie jeune femme avec un coup de poing. Ça devait faire vraiment mal ! Il avait fait un bon choix, risquer de recevoir une attaque pareil dans un organe vital était dangereux. Seido sourit ensuite face à la brillante idée de son associé. Balancer des morceaux de pavés était astucieux. Avec un peu de chance, ça ne blesserait pas la donzelle au visage, ça serait un vrai gâchis ! Il enchaîna avec un coup de poing. Touché ? Manqué ? Le pirate ne savait pas le dire. La fumée commençant déjà à quitter la scène, satané vent, il remarqua que les deux étaient au contact. Il était temps pour le pirate de se remuer un peu les fesses, pour rester poli.

            Seido décida de changea d’emplacement, lors de son précédent tir, et même de stratégie. Le vieux, plutôt bourrin, ruinerait sans aucun doute le plan de qu’il avait concocté. Ce n’était pas bien grave, un bon stratège devait pouvoir s’adapter. Il avança doucement vers les deux, en dégainant son sabre. Il manquait plusieurs mètres avant de pouvoir entrer au contact. Le pirate remarqua enfin le sang sur le corps nu du vieux. Seido n’avait jusques là pas remarqué l’ampleur des dégâts. Cependant, regardant avec plus d’attention, il ne vit aucune plaie susceptible de causer une telle perte de sang. Ça devait être à cause de la blessure au poing. Si le bonhomme ne prenait pas garde, celui-ci risquait un collapsus, et comprimer affreusement ses organes internes. C’était généralement peu probable pour une blessure à la main, mais les armes qu’utilisait la CP étaient peu communes.

            Après quelques secondes, il pointa son arme devant lui, visant la cuisse de son adversaire. Seido s’était silencieusement rapprocher du joli couple. Les deux allaient avoir l’honneur de voir l’une de ses autres munitions spéciales à l’œuvre, le « Flame Bullet ». Son nom était assez explicite. Cette balle contenait une plus balle, plongé dans un liquide très inflammable. Dès que la cible était touchée, ou après une certaine distance, des flammes sont libérées. Une chose allait faciliter le boulot à notre homme. En effet, la femme semblait être entrée dans une phase de rage, où sa seule et unique pensée était de frapper à mort le vieux. L’aura meurtrière qui émanait d’elle en était la preuve. A moins d’avoir des yeux derrière la tête, le prochain tir n’allait pas manquer sa cible. Par précautions, Seido s’arrangea pour que le vieux ne soit pas sur la trajectoire. Y mettre le feu serait amusant, certes, mais pas très intéressant.

            *BANG*

            La balle fila vers sa cible, tout aussi rapide que sa sœur. Son but était de réchauffer un peu l’ambiance, et elle avait intérêt à réussir.

            *Allez ma jolie, brûle …*
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            Pauvres poings que tu te dis. Déjà bien amoché celui de ton bras droit s’enfonce encore dans du dur, histoire de craquer toutes tes phalanges. Un bruit horriblement mat se fait entendre au moment du choc et tout ton bras est remué par la violence du coup. En plus de la douleur, parce qu’une crasse n’arrive jamais seule, une vieille odeur de vomi vient s’y mêler.

            Tes globes fatigués viennent se poser sur ton membre et t’aperçois une couleur immonde venant décorer ton bras. Pourtant t’as toujours été des résistants, mais là il faut croire que s’en est trop pour tes petits membres vibrant de douleur. Ton corps suintant de sang et de gerbe commence à peine à récupérer que la minette décide d’encore frapper. Sans délicatesse cette fois, tu croirais voir ton portrait tellement la rage et la haine emplissent son visage pourtant pas si laid. T’as beau faire de ton mieux, le coup est trop rapide, trop violent pour que tu aies une chance de parer ou esquiver. Alors tu subis, et de plein fouet. Ton corps meurtri part valser bien plus loin emporté par le choc.

            Tu voles comme une mouette, comme celles que tu as toujours haïes. Le dos à plus d’un mètre du sol continue son voyage dans une direction inconnue. Bien que tu aies toujours eu le fessier bien bordé de nouille comme il faut, madame chance vient récupérer la monnaie. Alors que ton petit saut continue, ton bras droit croise ce qui ressemble à une balle. Mais ce serait de trop facile hein. Une simple balle, ça te mettrait dans le dur, mais t’es de trop résistant pour flancher pour si peu. Sauf que la balle, cette satanée balle, elle décide de s’enflammer, histoire de faire de tes poils un petit grill. Histoire aussi, il faut le dire, de te foutre une sacrée rage.

            Alors tu finis ton bond dans un mur. La douceur du choc te fait oublier un instant le monde réel, te faisant mirer de vieux souvenirs de torture. Ton bras droit lui, finit de paisiblement cramer ce qu’il te reste encore de poil et de peau. La douleur, l’horreur, tout ça te revient en pleine trogne alors que tes yeux se ferment. Avachis la tête contre le mur, tu réfléchis, mais surtout tu luttes. Parce que là, chaque pas va te faire horriblement mal, lorsque tu te lèveras, une sensation de déchirement envahira tous les membres, te grillant de l’intérieur. Le dos en vrac, quelques cotes cassées, de la chair brulée, tu t’demandes ce que tu pourrais espérer de mieux.

            Cette foutue haine, que tu as toujours su aller chercher, vient te réveiller et t’intime l’ordre de te lever. Elle te crie d’encore te battre, d’encore en vouloir. Partir droit vers le chemin de l’enfer, voilà ce que tu te dis au moment de te lever. Tes pauvres guibolles se hissent au dessus du sol dans un effort quasi-surhumain.

            Puis tu retombes. Parce que la haine a ses limites.
              Une balle de l’outsider et le vieux chut par deux fois. La seconde fut la bonne étant donné qu’il ne bougeait plus. État de mort apparente ou simple perte de connaissance, Pénélope n’avait pas le loisir d’en juger en ces temps troubles de vindicte policière. En effet, il lui semblait que la nuit s’agitait derrière eux et que ces ramasses-merde venaient cueillir les combattants harassés par le pugilat. Cela n’arrangerait pas ses affaires étant donné l’augmentation nette et inacceptable du nombre de témoins. Une mission bien expédiée se passait volontiers de gêneurs de ce genre et d'ailleurs, celui qui possédait la pièce à conviction pourrait profiter de ce moment de confusion pour se barrer.


              Passé le moment où elle avait dépassé ses limites, celles-ci accoururent pour la rattraper et lui mettre une belle tranche de réel sur la face. Il faisait mal, en ce soir venteux. Sa mâchoire avait pris, son ventre avait pris, ses deux avant-bras avaient pris. Bref, elle s’en était pris plein la mouille et elle ne se sentait pas la force de faire la maligne face à un adversaire encore frais et une bande de guignols en collants bleus qui ne manqueraient pas de débarquer. Malgré cela, elle contint sa douleur, ou du moins, en limita l’expression au mieux. Pendant que ses nerfs lui véhiculaient les plaintes sans cesse renouvelées de tout portion de son anatomie, son esprit luttait pour tenir la tête en dehors de la mélasse. Et voilà qu’elle put sortir d’une voix hargneuse :



              « Écoute, la marine débarque et moi j’ai besoin de cette photo. Je t’en donne deux cent mille patates, non négociables. Après, je n’ai pas envie de savoir ce que tu as tenté de faire en détournant mon équerre ou avec cette dernière balle. Pour moi, à partir du moment où tu me remets le document, tu n’existeras plus. »


              Il ne lui resterait plus qu’à payer et encaisser. Un échange sans cérémonies l’espérait-elle. Le plus drôle dans cette histoire était qu’elle ne comptait absolument pas rendre cette photo à son patron. Elle le tenait par les couilles et aurait tout loisir de ressortir cela lorsque l’occasion se présenterait. Elle allait confier l’objet à une société nommée « Abyss and Co. » ; une belle brochette de connards grimés en avocats. C’était justement ce qu’elle appréciait en eux, ils ne cachaient pas leur envie d’aider leurs clients de leur mieux, toujours à la frontière du légal. Pour le chef, elle dirait qu’elle a dû la détruire parce qu’un révolutionnaire avait tenté de se l’approprier, ce qui en partie était vrai, ses blessures confirmeraient.


              Quant à savoir ce qui la motivait à garder cette photographie, elle même ne savait pas exactement ce qu'elle en ferait. Dans son métier, on lui avait appris que celui qui détenait l'information avait un avantage certain sur l'autre. Elle ne pouvait se permettre de laisser passer un tel levier sur un homme qui tenait tous ses camarades de North Blue dans le creux de sa main. De plus, à bien y regarder, la femme avec laquelle il se trouvait tenait plus de l'adolescente que de l'adulte. Cela représentait une belle assurance si jamais sa situation devenait incontrôlable. Comme dernier recours, on avait rarement vu mieux.



              * Par pitié, un lit.*


              Elle ne pensait presque plus qu’à ça. Seule la mise en lieu sûr du colis l’empêcherait de s’écrouler sur un édredon duveteux à souhait, promesse d’un repos mérité et vital après une telle déculottée.


              Dernière édition par Pénélope Solète le Mer 15 Fév 2012 - 21:50, édité 1 fois
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              Seido grimaça en voyant ce qu’il se passait. Le pirate commençait à se demander si la demoiselle était humaine. Elle avait déjà fait preuve d’habilité et d’une certaine rapidité, mais la force qu’elle délaya sur le vieux était étonnante. Faute à pas de chance, celui-ci vola, et entra en collision avec la balle que Seido avait tiré quelques secondes auparavant. En plus de cela, des flammes prenaient déjà naissance sur son bras. Le pirate poussa un soupir. Au moins, sa balle avait été efficace, même si ce n’était pas sur la bonne personne. Que faire maintenant ? Essayer d’affronter la CP seul ? Aller soigner le vieux ? Fuir ? Non, ça non. Ce n’était pas son genre. Durant ce bref silence, des bruits se firent attendre. La marine, sans doute. C’est vrai qu’ils avaient fait un peu de bruits.

              « Écoute, la marine débarque et moi j’ai besoin de cette photo. Je t’en donne deux cent mille patates, non négociables. Après, je n’ai pas envie de savoir ce que tu as tenté de faire en détournant mon équerre ou avec cette dernière balle. Pour moi, à partir du moment où tu me remets le document, tu n’existeras plus. »

              Seido réfléchit un court instant. La proposition était honnête.

              Suivez-moi jusqu’à ma chambre, c’est là que j’y ai laissé ce que vous voulez.


              L’homme et la femme retournèrent en silence jusqu’au lieu de leur rencontre. Seido rangea son katana, mais garda son revolver en même, par simple précaution. De sa main libre, il prit l’objet tant désiré par la demoiselle et le lui tendit. Elle lui remit l’argent promis, sans rien dire. Ayant eu ce qu’elle voulait, elle tourna les talons, et s’éloigna. Seido la rattrapa à l’entrée de l’auberge, et lui demanda son nom. Qui sait, il aurait peut-être besoin de la contacter un jour. Pas de chance, elle ne prit même pas la peine de lui répondre. Le pirate n’insista pas. Dehors, après quelques secondes, il remarqua que la CP avait déjà disparue… Ne voyant pas encore la marine, il décida d’aller prêter assistance au vieux. Mais est-il toujours là ?
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