Shell Town, entre 7h et 8h.
Une ville calme et paisible se déroule sous ses pas. Les pavés sont presque lustrés, et sans être majestueuses, les maisons sont agréables. Propres, blanches, un petit toit rouge fait de tuiles les recouvre. Pourtant, cette impression de redondance qu’il devrait ressentir n’imprègne pas sa rétine : Elles sont agencées de manières si différentes, arrangées de si belles façons, qu’on pourrait les croire uniques.
Son sac en toile sur l’épaule, une clope à la bouche, Chance part à la conquête. Son pas est pourtant toujours aussi calme, car sa conduite ne se fait pas dicter par son environnement. Imperturbable, le Caporal laisse le temps, les petites préoccupations et les grands problèmes derrière lui. Et inexorablement il avance.
Car même s’il ne marche pas vite, jamais il ne s’arrête. Sauf devant le célèbre 'Poney qui tousse'. Taverne renommée, pas par les touristes, mais pour les connaisseurs. La bière qu’on y sert est brassée dans un petit local attenant à l’auberge. S’étendant sur trois étages, elle ne paye pas de mine de l’extérieur. On pourrait la prendre pour une vieille ferme. A l’intérieur, la décoration renvoi à une époque passée, révolue. Une période ou les pirates furent le fléau de tout un peuple qui étrangement, les aimait.
- Patron, une bière et une chambre.
- J’suis complet m’semble bien, ‘ttendez qu’j’regarde.
Il dégote une chambre passable au deuxième étage, donnant sur… La brasserie. Une vue magnifique sur les toits lui donne satisfaction, tandis qu’il attrape sa tenue de travail, passe ses mitaines et sort quelques documents. Aujourd’hui est un jour particulier. Spécial. Béni. Il passe sa ceinture et sort de sa nouvelle maison pour quelques semaines au moins. Après, advienne que pourra, il suivrait le mouvement.
S’élance dans le courant des commerçants et des riverains qui s’éveillent, sa marche ne se voit jamais altérée. On pourrait croire à une bonne étoile au dessus de sa tête. Une bénédiction ou quelconque magie qui empêchent les autres de l’approcher, de pénétrer son centre et de venir déranger sa rêverie.
Le QG est là. Grand. Rectangulaire. Fort. Il se dégage une rigueur toute militaire dans les arrêtes de l’édifice. Il se dégage une aura puissante, celle du rouleau compresseur, celle de la marche inexorable d’une organisation portée par des milliers, des millions d’hommes.
***
Chantier Naval de la marine, Shell town, entre 8h et 9h.
C’est en s’approchant du port par un petit chemin inconnu de tous que vous le verrez. Etalant là sa grandeur et son immense coque en bois d’Adam. Le Léviathan. Ecrasant, dominant tout le chantier de ses plus de 1000 tonneaux. Tandis que fourmille des milliers d’ouvriers et des centaines d’artisans, visiblement sur le pied de guerre ce matin.
Il faut dire que cette matinée est particulière. Inédite. Ils allaient recevoir le nouveau superviseur de l’équipe de réparation du bois d’Adam. Un spécialiste illustre et intransigeant. Maestro des ciseaux et tyran des planches. Chance. Une étincelle dans l’horizon bleu-nuit d’une aube. Un claquement, un craquement puis une flamme. Le tabac brûle et s’élève en une volupté de fumée qui semble envahir la clarté matinale.
Pénétrant dans la cale sèche, il se penche sur le travail effectuer. D’une minutie toute particulière, son examen requiert sa totale concentration. Il entre dans son monde, dans sa bulle. Cloisonnant son esprit, comme s’il fermait une écoutille. Tâtonnant sur la surface lisse, dur et froide, sa main ne souffre aucune aspérité. Pourtant, il y perçoit comme une dissonance. La discorde règne sur le chantier, tout du moins, on a bâclé le travail. On a saccagé une œuvre d’art. Il tire une longue bouffée de nicotine, se relevant, les mains sur les hanches.
- Eh MONSIEUR !
Un coup d’œil rapide sur l’homme qui l’interpelle. Retrouvant sa position accroupie, il suit une ligne dans le bois. Une veine qui ne devrait jamais discontinuer. Et pourtant elle s’arrête là, le narguant de son imperfection.
- Attends bonhomme. Je vais tout t'expliquer.
- Monsieur ! Ce chantier est interdit au public, je vous prie de quitter ce navire sur le champ ou je devrais vous arrêter !
Sa nonchalance reste pure et parfaite. Son flegme ne bouge pas d’un pouce tandis qu’il attrape le pinceau, celui qui traine dans une de ses poches. Il l’agite sous le nez d’un marine stupéfait. 1ère classe Enroy. Un petit brun à lunettes demi-lune. Pas dans le genre baraqué, un peu rondouillard mais pourtant en bonne forme. L’avantage de l’hygiène de vie militaire.
- Ecoute moi bien… Le bois, c’est un pote. Et on respecte ses amis, j’me trompe ?
Commence-t-il, et sans lui laisser intervenir termine par un beau discours sur la charpenterie de Marine.
Parc'que tu vois, si tu ne respectes pas ta matière première, elle te lâchera. Et ici, j’ai l’impression que vous aviez dans l’idée de couler ce navire par le fond dès sa première sortie. Autant te dire que je suis pas très content de vous les p’tits gars.
Surpassé, surmené, le marine s’en va quérir ses supérieurs. Le Caporal Drake pour être plus précis. Un vieux de la vieille. Trente ans, plus de dix dans la marine, et qui ne comprend toujours pas pourquoi on l’avait collé là. Débarquant dans la cale sombre avec un petit contingent d’homme, sa voix tonne dans l’air, se répercutant sur les parois du navire.
- EMM, levez vos mains et éloignez vous de ce navire !
Un concert de cliquetis alerte le Caporal. Son pinceau enduit d’une colle noirâtre à la main, son regard n’est qu’incompréhension. Et colère. Jamais personne avant lui n’avait osé interrompre son travail. Lâchant son pinceau qui claque contre le sol, il attrape ses deux tonfas. Les faisant danser entre ses doigts, pour adopter une position basse, une garde compacte.
- J’vous préviens les gars, j’vous laisserez plus saloper ce bâtiment, lâche-t-il, avant que sa garde ne soit brisée, tandis que One Two récupère sa cigarette trônant au coin d'une lèvre.Si y’a bien un truc que je déteste, si y’a bien un truc qui m’fout en rogne, c’est qu’on vienne me péter les valseuses pendant que j’rattrape les conneries des autres. Vos conneries les gars.
Un battement de sourcil. Et un autre du palpitant. Il a disparu dans l’intervalle, sa course folle ne s’arrêtant que devant l’officier. Portant un coup sous son plexus, son bras gauche se détend lors d’une torsion du buste. Son tonfas, placé dans sa main droite percute durement sa mâchoire. Son pied percute son menton, tandis qu’il évite une salve de balle en fonçant droit sur le contingent. Passant au dessus de lui, le plomb percute le sol, se répercute contre le bois sur lequel il ripe durement.
Se jetant dans la mêlée, le Caporal fait son office.
***
Entassés les uns sur les autres, les dix hommes qui composait la troupe du Caporal Gérard Drake sont vaincus. A plat de couture. Par un seul homme. Et pour la marine, un viva. Assis sur le tas, un pied sur un crâne, l’autre sur un coude, Chance s’allume une cigarette.
- Mes respects, Colonel Alheiri.fait-il, tandis que sa main gauche ne se place à sa tempe, en un salut décontracté. Sa voix vibre d'assurance. One two tire sur sa cigarette.
Une ville calme et paisible se déroule sous ses pas. Les pavés sont presque lustrés, et sans être majestueuses, les maisons sont agréables. Propres, blanches, un petit toit rouge fait de tuiles les recouvre. Pourtant, cette impression de redondance qu’il devrait ressentir n’imprègne pas sa rétine : Elles sont agencées de manières si différentes, arrangées de si belles façons, qu’on pourrait les croire uniques.
Son sac en toile sur l’épaule, une clope à la bouche, Chance part à la conquête. Son pas est pourtant toujours aussi calme, car sa conduite ne se fait pas dicter par son environnement. Imperturbable, le Caporal laisse le temps, les petites préoccupations et les grands problèmes derrière lui. Et inexorablement il avance.
Car même s’il ne marche pas vite, jamais il ne s’arrête. Sauf devant le célèbre 'Poney qui tousse'. Taverne renommée, pas par les touristes, mais pour les connaisseurs. La bière qu’on y sert est brassée dans un petit local attenant à l’auberge. S’étendant sur trois étages, elle ne paye pas de mine de l’extérieur. On pourrait la prendre pour une vieille ferme. A l’intérieur, la décoration renvoi à une époque passée, révolue. Une période ou les pirates furent le fléau de tout un peuple qui étrangement, les aimait.
- Patron, une bière et une chambre.
- J’suis complet m’semble bien, ‘ttendez qu’j’regarde.
Il dégote une chambre passable au deuxième étage, donnant sur… La brasserie. Une vue magnifique sur les toits lui donne satisfaction, tandis qu’il attrape sa tenue de travail, passe ses mitaines et sort quelques documents. Aujourd’hui est un jour particulier. Spécial. Béni. Il passe sa ceinture et sort de sa nouvelle maison pour quelques semaines au moins. Après, advienne que pourra, il suivrait le mouvement.
S’élance dans le courant des commerçants et des riverains qui s’éveillent, sa marche ne se voit jamais altérée. On pourrait croire à une bonne étoile au dessus de sa tête. Une bénédiction ou quelconque magie qui empêchent les autres de l’approcher, de pénétrer son centre et de venir déranger sa rêverie.
Le QG est là. Grand. Rectangulaire. Fort. Il se dégage une rigueur toute militaire dans les arrêtes de l’édifice. Il se dégage une aura puissante, celle du rouleau compresseur, celle de la marche inexorable d’une organisation portée par des milliers, des millions d’hommes.
***
Chantier Naval de la marine, Shell town, entre 8h et 9h.
C’est en s’approchant du port par un petit chemin inconnu de tous que vous le verrez. Etalant là sa grandeur et son immense coque en bois d’Adam. Le Léviathan. Ecrasant, dominant tout le chantier de ses plus de 1000 tonneaux. Tandis que fourmille des milliers d’ouvriers et des centaines d’artisans, visiblement sur le pied de guerre ce matin.
Il faut dire que cette matinée est particulière. Inédite. Ils allaient recevoir le nouveau superviseur de l’équipe de réparation du bois d’Adam. Un spécialiste illustre et intransigeant. Maestro des ciseaux et tyran des planches. Chance. Une étincelle dans l’horizon bleu-nuit d’une aube. Un claquement, un craquement puis une flamme. Le tabac brûle et s’élève en une volupté de fumée qui semble envahir la clarté matinale.
Pénétrant dans la cale sèche, il se penche sur le travail effectuer. D’une minutie toute particulière, son examen requiert sa totale concentration. Il entre dans son monde, dans sa bulle. Cloisonnant son esprit, comme s’il fermait une écoutille. Tâtonnant sur la surface lisse, dur et froide, sa main ne souffre aucune aspérité. Pourtant, il y perçoit comme une dissonance. La discorde règne sur le chantier, tout du moins, on a bâclé le travail. On a saccagé une œuvre d’art. Il tire une longue bouffée de nicotine, se relevant, les mains sur les hanches.
- Eh MONSIEUR !
Un coup d’œil rapide sur l’homme qui l’interpelle. Retrouvant sa position accroupie, il suit une ligne dans le bois. Une veine qui ne devrait jamais discontinuer. Et pourtant elle s’arrête là, le narguant de son imperfection.
- Attends bonhomme. Je vais tout t'expliquer.
- Monsieur ! Ce chantier est interdit au public, je vous prie de quitter ce navire sur le champ ou je devrais vous arrêter !
Sa nonchalance reste pure et parfaite. Son flegme ne bouge pas d’un pouce tandis qu’il attrape le pinceau, celui qui traine dans une de ses poches. Il l’agite sous le nez d’un marine stupéfait. 1ère classe Enroy. Un petit brun à lunettes demi-lune. Pas dans le genre baraqué, un peu rondouillard mais pourtant en bonne forme. L’avantage de l’hygiène de vie militaire.
- Ecoute moi bien… Le bois, c’est un pote. Et on respecte ses amis, j’me trompe ?
Commence-t-il, et sans lui laisser intervenir termine par un beau discours sur la charpenterie de Marine.
Parc'que tu vois, si tu ne respectes pas ta matière première, elle te lâchera. Et ici, j’ai l’impression que vous aviez dans l’idée de couler ce navire par le fond dès sa première sortie. Autant te dire que je suis pas très content de vous les p’tits gars.
Surpassé, surmené, le marine s’en va quérir ses supérieurs. Le Caporal Drake pour être plus précis. Un vieux de la vieille. Trente ans, plus de dix dans la marine, et qui ne comprend toujours pas pourquoi on l’avait collé là. Débarquant dans la cale sombre avec un petit contingent d’homme, sa voix tonne dans l’air, se répercutant sur les parois du navire.
- EMM, levez vos mains et éloignez vous de ce navire !
Un concert de cliquetis alerte le Caporal. Son pinceau enduit d’une colle noirâtre à la main, son regard n’est qu’incompréhension. Et colère. Jamais personne avant lui n’avait osé interrompre son travail. Lâchant son pinceau qui claque contre le sol, il attrape ses deux tonfas. Les faisant danser entre ses doigts, pour adopter une position basse, une garde compacte.
- J’vous préviens les gars, j’vous laisserez plus saloper ce bâtiment, lâche-t-il, avant que sa garde ne soit brisée, tandis que One Two récupère sa cigarette trônant au coin d'une lèvre.Si y’a bien un truc que je déteste, si y’a bien un truc qui m’fout en rogne, c’est qu’on vienne me péter les valseuses pendant que j’rattrape les conneries des autres. Vos conneries les gars.
Un battement de sourcil. Et un autre du palpitant. Il a disparu dans l’intervalle, sa course folle ne s’arrêtant que devant l’officier. Portant un coup sous son plexus, son bras gauche se détend lors d’une torsion du buste. Son tonfas, placé dans sa main droite percute durement sa mâchoire. Son pied percute son menton, tandis qu’il évite une salve de balle en fonçant droit sur le contingent. Passant au dessus de lui, le plomb percute le sol, se répercute contre le bois sur lequel il ripe durement.
Se jetant dans la mêlée, le Caporal fait son office.
***
Entassés les uns sur les autres, les dix hommes qui composait la troupe du Caporal Gérard Drake sont vaincus. A plat de couture. Par un seul homme. Et pour la marine, un viva. Assis sur le tas, un pied sur un crâne, l’autre sur un coude, Chance s’allume une cigarette.
- Mes respects, Colonel Alheiri.fait-il, tandis que sa main gauche ne se place à sa tempe, en un salut décontracté. Sa voix vibre d'assurance. One two tire sur sa cigarette.
/ Comme l'suggère la fin, le premier à m'répondre doit être Alh', après vous pouvez v'nir, j'pense pas que ça pose soucis, à votre convenance (et la nôtre aussi ahah). /