La tension était à son comble. Personne ne parlait dans la salle, tous les yeux rivés sur la vitre. Tous ceux qui avaient participé au projet n’attendaient qu’une chose, de voir si leurs efforts allaient payer, ou être simplement balayés d’un revers de main. Les experts en balistiques, les génies les plus imminents du monde actuel, les physiciens, les chimistes les plus réputés... Chacun voulait que son nom soit retenus comme celui ou celle qui à participer à la conception d’un bâtiment comme les Léviathan. Et tout allait se jouer maintenant. Cela faisait des mois que l’équipe se penchait sur le meilleur combustible utiliser pour produire suffisamment d’énergie pour soulever ce monstre dans les airs. Et un combustible étant soi-même suffisamment léger pour être embarqué. Au-delà de la vitre, le toit d’un hangar s’ouvrait avec un grincement sinistre. Rain sortit les mains de ses poches et les croisa dans son dos avant de s’approcher de la baie vitrée. Vu d’ici, il pouvait voir le Léviathan dans son entièreté. Il était vraiment beau. Imposant, impressionnant, fonctionnel, puissant.... Il y avait vraiment de quoi être fier.
-Ladies and Gentlemen, the first test begins !
Un compte à rebours se déclencha et l’excitation était à son apogée. Chacun revoyait mentalement la partie dont il était responsable, s’assurant de n’avoir oublié aucun petit détails qui pourrait porter préjudice. Rain revoyait les formules chimiques de tous les composants qui avaient été mélangés pour obtenir un liquide détonant et léger comme de l’air. Ou presque. Tout devait bien se passer, il avait lui-même essayer le produit en quantité infimes et cela avait été concluant. Le zéro résonna comme un point de non retour dans l’esprit des scientifiques. Un grondement assourdissant se mit à s’élever des étages inférieurs. Le son semblait venir de partout à la fois. Les murs se mirent à vibrer et les babioles tombaient des bureaux apportant encore un peu à l’impression de désordre incontrôlable qui se dégageait de cette scène. Chacun se tenant comme il le pouvait, ils restèrent impassible, attendant de voir leurs espoirs déçus ou approuvés.
Une masse sombre apparut au bas de la vitre et se mit à monter lentement. Il s’agissait du réacteur. Il s’envolait à mesure que l’hélice accélérait son mouvement. Cela n’avait rien d’extraordinaire, cela faisait déjà des mois qu’ils étaient parvenus à faire s’envoler le réacteur. Maintenant, il fallait que ce réacteur ait la capacité de soulever la moitié du pois du Léviathan. Ba oui, il y avait deux réacteurs pour le bateau entier. Autrement dit, il devait pouvoir soulever au moins dix milles tonnes. C’est pourquoi il avait été relié par une corde en titane à un poids de dix milles tonnes. Il était impensable d’essayer de soulever directement le bâtiment, une erreur et tout risquait d’être endommagé. La corde se tendit et le réacteur se mit à vrombir avec fureur. Les secondes s’écoulaient et s’allongeaient indéfiniment. Soudain, le poids décolla du sol, provoquant un tonnerre d’applaudissement. Les sourires étaient radieux et le plaisir était palpable. Voir ce gigantesque morceau de métal se soulever dans les airs uniquement grâce à l’ingéniosité d’une poignée d’homme, c’était magique. Des accolades furent échangées, des rires éclatèrent, des clins d’œil se firent et les culottes des assistantes commençaient déjà à tomber. Personne ne s’aperçut immédiatement du problème.
Le réacteur se mit à dégager une fumée très noire et le poids redescendit rapidement. Soudain, quelque chose explosa à l’intérieur de la machine et elle se mit à valdinguer dans tous les sens, comme un insecte que l’on aurait attaché en laisse. Les brusques changements de directions de l’édifice étaient très dangereux, la masse de métal de dix milles tonnes menaçait de venir se fracasser contre tous les murs de la base. Une panique s’installa dans le laboratoire et les moins courageux allèrent se cacher sous les tables. Rain les regardait avec un mélange d’incompréhension et de mépris.
°°C’est ça les plus grosses têtes d’East Blue ? C’est sur eux que repose la réussite du projet ? Et ben, il faudrait déjà qu’ils réalisent qu’une table en bois ne protège en aucun cas d’un poids de dix milles tonnes lancé à pleine vitesse. °°
Un flash blanc illumina le ciel et le réacteur tomba comme une mouche morte, foudroyée. Le choc fut terrible, le sol se craquela et un nuage de poussière et de fumée s’éleva, masquant le triste spectacle d’une tentative échouée. Un blanc oppressant s’installa parmi les membres de l’équipe. C’était un échec. Tous les regards étaient injustement pointés vers Genzo Ibuki, le savant en chef du chantier. Pourtant, il n’avait rien à se reprocher, l’erreur pouvait venir de n’importe lequel d’entre eux. Mais c’est comme ça, quand on est responsable d’un projet, on prend sur soi les échecs et leurs conséquences. Le réacteur à vapeur n’avait toujours pas aboutis à des essais concluants. Il sortit sans dire un mot et claqua la porte derrière lui. Il semblait en colère, presque découragé même. Il est vrai que beaucoup d’espoirs avaient été placé aujourd’hui, mais après tout, il ne s’agissait que du premier essai. Rain rangea ses notes dans sa poche et lui courut après. Il avait vraiment foi en cette expérimentation et voulait proposer ses idées.
-Ibuki-sama ! Attendez-moi !
Le savant en chef s’arrêta et le regarda avec suspicion. Puis, il lui fit face et lui fit comprendre d’un signe de menton qu’il pouvait parler.
-Je sais que vous espériez vraiment que cela marche aujourd’hui. Mais la formule est trop instable. Le simple fait de le placer dans le réservoir modifie sa composition au contact de l’air et amenuise ses performances. Je le dis depuis des semaines mais personne ne me porte le moindre crédit.
Le chimiste avait gagné l’attention de son supérieur et, prenant son silence pour une invitation à poursuivre, entra dans les explications. Les détails extrêmement précis dont il faisait preuve étaient impressionnants de logique et de subtilité. Lorsque le résultat lui fut dévoilé, Genzo Ibuki lui arracha la feuille de note des mains et la lut avec attention. Puis, il lui jeta le papier en levant les yeux au ciel.
-Vous me dîtes que ce que nous faisons ne va pas mais vous ne proposez rien d’autres en contrepartie. Je n’ai pas besoin de critiques, j’ai besoin de résultats ! Je dois rendre mon rapport au colonel Fenyang aujourd’hui et le réacteur à vapeur ne marche pas ! C’est tout ce que je vois !
-Sauf votre respect, chef, le Léviathan reste opérationnel malgré tout. Le réacteur et le canon pacifista sont les deux seuls points qui ne sont pas réglés. En seulement un an, vous avez déjà fait un travail remarquable et le colonel saura le voir. Le Léviathan est prêt à prendre la mer ! Et je trouverais la formule parfaite pour le prototype, je vous le promet!
-C’est ça ouais. Bah tenez, allez donc le lui dire vous-même dans ce cas ! On verra s’il est content.
-Qui ? Moi ?... Mais je, euh.... Bon très bien....
Le colonel Alheïri S. Fenyang. C’était le haut-gradé responsable de la juridiction de Shell Town depuis des années déjà. Bien que Rain y ai été affecté depuis un an, il ne l’avait encore jamais vu. Mais les rumeurs sur lui allaient bon train. Flemmard, oisif, laxiste.... Une vraie loque quoi. Paradoxalement, il était très réputé et apprécié par les gens du coin. Et il n’avait visiblement pas à rougir de ses faits d’armes. Le chimiste appréhendais un petit peu de le rencontrer, mais après tout, il venait lui apporter une relativement bonne nouvelle, cela ne pouvait que bien se passer. Il dévala les escaliers de son laboratoire, le rapport d’expertise à la main et traversa la grande cour. Le colonel habitait dans le bâtiment central, bien évidemment, s’offrant la meilleure baraque de la base. Après tout, qui ne l’aurait pas fait ? Une grande baraque, ça attire les gonzesses ! Et si les gonzesses sont là, tout va ! Il frappa à la porte et l’ouvrit sans attendre. Il devait trouver son bureau et il y avait peu de chance qu’on vienne lui ouvrir de toute façon. Il marcha pendant de longues minutes dans des couloirs qui semblaient sans fin.
°°Ah ! Bureau du colonel Fenyang°°
Il toqua à la porte, les doigts crispés sur son rapport. Il avait tellement hâte ! Il avait donné tant de son temps, de son énergie et de son éminence grise dans ce projet qu’il était aussi fier qu’une mère qui voit son enfant marcher pour la première fois. C’était émouvant. Et il espérait que le colonel partagerait son enthousiasme. D’un autre coté, cela lui faisait un petit pincement au cœur. Maintenant qu’il était prêt, le Léviathan allait bien évidemment être utilisé par les hauts officiers et il ne le reverrait peut-être jamais. Travailler si dur pour le voir disparaître sans rien en retour, ça lui faisait mal au cul. Mais bon, c’était son travail après tout.
-Ladies and Gentlemen, the first test begins !
Un compte à rebours se déclencha et l’excitation était à son apogée. Chacun revoyait mentalement la partie dont il était responsable, s’assurant de n’avoir oublié aucun petit détails qui pourrait porter préjudice. Rain revoyait les formules chimiques de tous les composants qui avaient été mélangés pour obtenir un liquide détonant et léger comme de l’air. Ou presque. Tout devait bien se passer, il avait lui-même essayer le produit en quantité infimes et cela avait été concluant. Le zéro résonna comme un point de non retour dans l’esprit des scientifiques. Un grondement assourdissant se mit à s’élever des étages inférieurs. Le son semblait venir de partout à la fois. Les murs se mirent à vibrer et les babioles tombaient des bureaux apportant encore un peu à l’impression de désordre incontrôlable qui se dégageait de cette scène. Chacun se tenant comme il le pouvait, ils restèrent impassible, attendant de voir leurs espoirs déçus ou approuvés.
Une masse sombre apparut au bas de la vitre et se mit à monter lentement. Il s’agissait du réacteur. Il s’envolait à mesure que l’hélice accélérait son mouvement. Cela n’avait rien d’extraordinaire, cela faisait déjà des mois qu’ils étaient parvenus à faire s’envoler le réacteur. Maintenant, il fallait que ce réacteur ait la capacité de soulever la moitié du pois du Léviathan. Ba oui, il y avait deux réacteurs pour le bateau entier. Autrement dit, il devait pouvoir soulever au moins dix milles tonnes. C’est pourquoi il avait été relié par une corde en titane à un poids de dix milles tonnes. Il était impensable d’essayer de soulever directement le bâtiment, une erreur et tout risquait d’être endommagé. La corde se tendit et le réacteur se mit à vrombir avec fureur. Les secondes s’écoulaient et s’allongeaient indéfiniment. Soudain, le poids décolla du sol, provoquant un tonnerre d’applaudissement. Les sourires étaient radieux et le plaisir était palpable. Voir ce gigantesque morceau de métal se soulever dans les airs uniquement grâce à l’ingéniosité d’une poignée d’homme, c’était magique. Des accolades furent échangées, des rires éclatèrent, des clins d’œil se firent et les culottes des assistantes commençaient déjà à tomber. Personne ne s’aperçut immédiatement du problème.
Le réacteur se mit à dégager une fumée très noire et le poids redescendit rapidement. Soudain, quelque chose explosa à l’intérieur de la machine et elle se mit à valdinguer dans tous les sens, comme un insecte que l’on aurait attaché en laisse. Les brusques changements de directions de l’édifice étaient très dangereux, la masse de métal de dix milles tonnes menaçait de venir se fracasser contre tous les murs de la base. Une panique s’installa dans le laboratoire et les moins courageux allèrent se cacher sous les tables. Rain les regardait avec un mélange d’incompréhension et de mépris.
°°C’est ça les plus grosses têtes d’East Blue ? C’est sur eux que repose la réussite du projet ? Et ben, il faudrait déjà qu’ils réalisent qu’une table en bois ne protège en aucun cas d’un poids de dix milles tonnes lancé à pleine vitesse. °°
Un flash blanc illumina le ciel et le réacteur tomba comme une mouche morte, foudroyée. Le choc fut terrible, le sol se craquela et un nuage de poussière et de fumée s’éleva, masquant le triste spectacle d’une tentative échouée. Un blanc oppressant s’installa parmi les membres de l’équipe. C’était un échec. Tous les regards étaient injustement pointés vers Genzo Ibuki, le savant en chef du chantier. Pourtant, il n’avait rien à se reprocher, l’erreur pouvait venir de n’importe lequel d’entre eux. Mais c’est comme ça, quand on est responsable d’un projet, on prend sur soi les échecs et leurs conséquences. Le réacteur à vapeur n’avait toujours pas aboutis à des essais concluants. Il sortit sans dire un mot et claqua la porte derrière lui. Il semblait en colère, presque découragé même. Il est vrai que beaucoup d’espoirs avaient été placé aujourd’hui, mais après tout, il ne s’agissait que du premier essai. Rain rangea ses notes dans sa poche et lui courut après. Il avait vraiment foi en cette expérimentation et voulait proposer ses idées.
-Ibuki-sama ! Attendez-moi !
Le savant en chef s’arrêta et le regarda avec suspicion. Puis, il lui fit face et lui fit comprendre d’un signe de menton qu’il pouvait parler.
-Je sais que vous espériez vraiment que cela marche aujourd’hui. Mais la formule est trop instable. Le simple fait de le placer dans le réservoir modifie sa composition au contact de l’air et amenuise ses performances. Je le dis depuis des semaines mais personne ne me porte le moindre crédit.
Le chimiste avait gagné l’attention de son supérieur et, prenant son silence pour une invitation à poursuivre, entra dans les explications. Les détails extrêmement précis dont il faisait preuve étaient impressionnants de logique et de subtilité. Lorsque le résultat lui fut dévoilé, Genzo Ibuki lui arracha la feuille de note des mains et la lut avec attention. Puis, il lui jeta le papier en levant les yeux au ciel.
-Vous me dîtes que ce que nous faisons ne va pas mais vous ne proposez rien d’autres en contrepartie. Je n’ai pas besoin de critiques, j’ai besoin de résultats ! Je dois rendre mon rapport au colonel Fenyang aujourd’hui et le réacteur à vapeur ne marche pas ! C’est tout ce que je vois !
-Sauf votre respect, chef, le Léviathan reste opérationnel malgré tout. Le réacteur et le canon pacifista sont les deux seuls points qui ne sont pas réglés. En seulement un an, vous avez déjà fait un travail remarquable et le colonel saura le voir. Le Léviathan est prêt à prendre la mer ! Et je trouverais la formule parfaite pour le prototype, je vous le promet!
-C’est ça ouais. Bah tenez, allez donc le lui dire vous-même dans ce cas ! On verra s’il est content.
-Qui ? Moi ?... Mais je, euh.... Bon très bien....
Le colonel Alheïri S. Fenyang. C’était le haut-gradé responsable de la juridiction de Shell Town depuis des années déjà. Bien que Rain y ai été affecté depuis un an, il ne l’avait encore jamais vu. Mais les rumeurs sur lui allaient bon train. Flemmard, oisif, laxiste.... Une vraie loque quoi. Paradoxalement, il était très réputé et apprécié par les gens du coin. Et il n’avait visiblement pas à rougir de ses faits d’armes. Le chimiste appréhendais un petit peu de le rencontrer, mais après tout, il venait lui apporter une relativement bonne nouvelle, cela ne pouvait que bien se passer. Il dévala les escaliers de son laboratoire, le rapport d’expertise à la main et traversa la grande cour. Le colonel habitait dans le bâtiment central, bien évidemment, s’offrant la meilleure baraque de la base. Après tout, qui ne l’aurait pas fait ? Une grande baraque, ça attire les gonzesses ! Et si les gonzesses sont là, tout va ! Il frappa à la porte et l’ouvrit sans attendre. Il devait trouver son bureau et il y avait peu de chance qu’on vienne lui ouvrir de toute façon. Il marcha pendant de longues minutes dans des couloirs qui semblaient sans fin.
°°Ah ! Bureau du colonel Fenyang°°
Il toqua à la porte, les doigts crispés sur son rapport. Il avait tellement hâte ! Il avait donné tant de son temps, de son énergie et de son éminence grise dans ce projet qu’il était aussi fier qu’une mère qui voit son enfant marcher pour la première fois. C’était émouvant. Et il espérait que le colonel partagerait son enthousiasme. D’un autre coté, cela lui faisait un petit pincement au cœur. Maintenant qu’il était prêt, le Léviathan allait bien évidemment être utilisé par les hauts officiers et il ne le reverrait peut-être jamais. Travailler si dur pour le voir disparaître sans rien en retour, ça lui faisait mal au cul. Mais bon, c’était son travail après tout.
Dernière édition par Rain Maniko le Lun 19 Déc 2011 - 19:15, édité 2 fois