Une pluie diluvienne s'abat sur la cité aux mille et unes attractions. Fine, froide, malsaine. Quelques gouttes s'insinuent par le col de mon blouson entrouvert, glissent sur ma peau et trempent mes fringues. Sensation désagréable, mais elle n'arrête ni plus ne freine ma marche. Tout au plus renforce t-elle mon envie d'en découdre au plus vite; mon visage fermé doit refléter mon état d'esprit, à en juger les regards interdits des rares passants que je croise. J'suis pas là pour faire du tourisme, pour sûr. Pas dans mes habitudes. Non, aujourd'hui, le programme est nettement plus alléchant, plus croustillant. Des petits malins du Conseil de Suna piochent impunément dans les revenus de l'île. Des fraudes à six zéros, les gourmands. Friandise de luxe pour gosse trop gâté. Ils croyaient que ça passerait inaperçu dans le flot de transactions et de profits que génère l'économie ici. Manque de pot, je flaire les embrouilles à des lieues à la ronde. L'heure est venue de passer à la caisse.
J'arpente le pavé, marche hâtive vers mon objectif. Les bureaux de la Direction, pour y mettre le grappin sur mes preuves. Manière de faire ça à la bien. De pouvoir livrer les truands aux mains de la Loi après qu'ils soient passés entre les miennes. Rien que ça équivaut à une paye d'années de sentence. Pour le moment, j'ai rien de plus qu'une féroce impression. Une intuition. Tout l'or du monde. Et si ça vaut pas un kopek pour le moment, c'est loin de m'arrêter. J'en passe par ce même point de départ à chaque nouvelle enquête; tous ceux qui sont tombés par ma faute pourraient en témoigner, Trinita est capable de merveilles. Il transforme les on-dit en preuves, les belles gueules de frimeurs en hospitalisés et les profiteurs en prisonniers de luxe. Un vrai magicien.
Au clocher, on sonne les douze coups de midi. Les foyers ordinaires vont manger, moi aussi. Seul le menu est sensiblement différent. Je me retrouve devant les portes de l'administration, sous la surveillance de deux gardiens. Elles sont ouvertes et laissent deviner une cour intérieure désertée à cette heure par tous les employés modèles qui regagnent leurs Pénates. Un aller retour devant le bâtiment à lorgner plus attentivement l'endroit me permet de dénombrer et de localiser les issues.
Mon petit manège ne plait pas aux deux gusses. Ça me regarde en coin, l'oeil suspicieux. Ça sort les crocs. Et ça aboie " Dégage de là, y'a rien à voir ".
Je passe à table pour faire une razzia, et quelques mouches viennent voleter autour de l'objet de ma convoitise. C'est comique. Je ris. Il peuvent pas savoir. Je mire la rue sur ma droite, puis sur ma gauche. Personne. Tant mieux. Pas la peine de prendre plus de précautions. Je reporte mon attention sur les deux gardes. Un bond, j'atterris entre les deux. Une frappe au cou, un uppercut en pivotant. Knock Out. Double. À ma santé.
Je traine les corps inconscients des deux insectes jusqu'à l'intérieur puis referme les portes. Ça devrait m'éviter d'attirer trop vite attention sur mon effraction. Reste plus qu'à me délecter des infos que je vais pêcher. C'est tout simple.
Trop simple. Quand les portes donnant sur la rue se referment, un léger grincement m'annoncent que d'autres s'ouvrent derrière moi. Un homme fait son entrée dans la cour. Grand, tranquille. Chapeau enfoncé sur la tête. Long manteau. Différent du modèle habituel d'employé sans envergure. Je repère une arme blanche à sa ceinture. Hin. Pas le choix, quelque part dans ces bureaux se trouvent les preuves que je cherche. L'identité des voleurs. No mercy. Je fais craquer mes poings avant de prendre une garde ouverte pour exhorter l'autre à approcher. Les amuses-gueules avant le buffet.
J'arpente le pavé, marche hâtive vers mon objectif. Les bureaux de la Direction, pour y mettre le grappin sur mes preuves. Manière de faire ça à la bien. De pouvoir livrer les truands aux mains de la Loi après qu'ils soient passés entre les miennes. Rien que ça équivaut à une paye d'années de sentence. Pour le moment, j'ai rien de plus qu'une féroce impression. Une intuition. Tout l'or du monde. Et si ça vaut pas un kopek pour le moment, c'est loin de m'arrêter. J'en passe par ce même point de départ à chaque nouvelle enquête; tous ceux qui sont tombés par ma faute pourraient en témoigner, Trinita est capable de merveilles. Il transforme les on-dit en preuves, les belles gueules de frimeurs en hospitalisés et les profiteurs en prisonniers de luxe. Un vrai magicien.
Au clocher, on sonne les douze coups de midi. Les foyers ordinaires vont manger, moi aussi. Seul le menu est sensiblement différent. Je me retrouve devant les portes de l'administration, sous la surveillance de deux gardiens. Elles sont ouvertes et laissent deviner une cour intérieure désertée à cette heure par tous les employés modèles qui regagnent leurs Pénates. Un aller retour devant le bâtiment à lorgner plus attentivement l'endroit me permet de dénombrer et de localiser les issues.
Mon petit manège ne plait pas aux deux gusses. Ça me regarde en coin, l'oeil suspicieux. Ça sort les crocs. Et ça aboie " Dégage de là, y'a rien à voir ".
Je passe à table pour faire une razzia, et quelques mouches viennent voleter autour de l'objet de ma convoitise. C'est comique. Je ris. Il peuvent pas savoir. Je mire la rue sur ma droite, puis sur ma gauche. Personne. Tant mieux. Pas la peine de prendre plus de précautions. Je reporte mon attention sur les deux gardes. Un bond, j'atterris entre les deux. Une frappe au cou, un uppercut en pivotant. Knock Out. Double. À ma santé.
Je traine les corps inconscients des deux insectes jusqu'à l'intérieur puis referme les portes. Ça devrait m'éviter d'attirer trop vite attention sur mon effraction. Reste plus qu'à me délecter des infos que je vais pêcher. C'est tout simple.
Trop simple. Quand les portes donnant sur la rue se referment, un léger grincement m'annoncent que d'autres s'ouvrent derrière moi. Un homme fait son entrée dans la cour. Grand, tranquille. Chapeau enfoncé sur la tête. Long manteau. Différent du modèle habituel d'employé sans envergure. Je repère une arme blanche à sa ceinture. Hin. Pas le choix, quelque part dans ces bureaux se trouvent les preuves que je cherche. L'identité des voleurs. No mercy. Je fais craquer mes poings avant de prendre une garde ouverte pour exhorter l'autre à approcher. Les amuses-gueules avant le buffet.