>> Sören Hurlevent
Pseudonyme : Le Chat. Age: 23 ans. Sexe : Masculin. Race : Humain. Rang : Musicien. Métier : Vigneron, artiste de rue. Groupe : Chasseur de primes risquant tôt ou tard de basculer dans la piraterie. Déjà un équipage : Pas d'équipage pour le moment... But : Devenir un chat (tout le monde veut devenir un caaat !), échapper à une situation d'isolement particulièrement pesante, retrouver des valeurs auxquelles croire grâce à l'aventure. Fruit du démon ou Aptitude pour la suite : Ce brave Sören rêve de découvrir et de manger le Zoan du félin, modèle chat (personnellement, je suis pas pressée). Et accessoirement, il possède un excellent feeling avec les chats, qui ont tendance à rester collés à lui, à le comprendre, et à lui obéir. Équipements : Un bouzouki Irlandais (dans l'univers de One Piece, on peut appeler ça un « Bouzouki Luvneelien »), dont il ne se sépare qu'en de très rares occasions, ainsi que deux serpes à cran d'arrêt, qui lui servent d'armes. Codes du règlement (2) : Parrain : Je n'en ai aucun, mais j'accepte les adoptions tardives ! |
>> Physique Sören est un vagabond, et ça se voit : vêtements limés, rapiécés et raccommodés à l'arrache, devenus trop amples (ce qui est tout de même agréable, lorsqu'il fait chaud sur les mers, et que le vent souffle...), chapeau de vieux cuir fendu, manteau froissé (et sale), et paire de chaussures de marche... neuves. Il faut dire que le jeune homme a tendance à adorer le contact du sol contre sa voûte plantaire, ce qui fait que ses chaussures demeurent le plus souvent rangées dans sa besace (trouée), et lui servent d'apparat pour les grandes occasions. Son bouzouki ne le quitte jamais, grâce à une longue ceinture recyclée en sangle qui lui permet de le porter au dos. Il se couvre également de mitaines aux deux mains, de façon à pouvoir faire de la musique sans se les geler, même par temps très froid ! Des mains d'ailleurs particulièrement calleuses, car rompues au travail de la vigne. D'un point de vue plus physique, Sören a conservé une apparence d'enfant : plutôt petit (peine à dépasser le mètre soixante-dix), le visage rond surmonté d'une touffe de cheveux blonds, couvert d'un léger duvet tout aussi blond (qu'on ne voit par sur l'image, mais en même temps, ce n'est pas forcément ce qui se remarque le plus au premier coup d'œil), la carrure pas franchement impressionnante, malgré une robustesse bien réelle, rien n'évoque en lui la violence ou l'agression. Ce qui surprend toujours un peu, lorsque l'on sait avoir à faire à un chasseur de primes... Son regard lui-même est trompeur, car, en grand comédien, Sören aime à se donner des airs d'innocence, qu'il sait être en concordance parfaite avec son physique. Il doit d'ailleurs la plupart de ses victoires à ses adversaires, qui ont toujours tendance à le sous-estimer. Excellent chanteur, le jeune homme possède une voix puissante et grave, à laquelle les chats ont tendance à réagir. Cette voix fait d'ailleurs de lui un allié privilégié dans les moments durs, car capable de se faire entendre au milieu des pires cohues. Sur ses épaules ou son chapeau, un petit chat roux et noir se trouve toujours perché. Il s'agit de Morgan, son confident de toujours. >> Psychologie Que diriez-vous, si, par un curieux hasard, après une soirée pourtant peu arrosée, vous croisiez un vagabond masqué, poussant des cris gutturaux en marchant de travers dans une ruelle déserte ? Probablement qu'il s'agit d'un miséreux particulièrement alcoolisé, qui peine à rentrer chez lui... Mais si le miséreux en question avait le regard clair, et si vous remarquiez que ses cris sont en fait articulés, et forment une curieuse poésie, et si cette poésie vous agitait les tripes à vous remémorer votre précédent repas ? Que penseriez-vous ? Ce vagabond, c'est Sören, dans toute sa splendeur, en pleine création artistique. Lorsqu'il en éprouve le besoin, il écrit des chansons, trouve du texte et de la musique. Mais pour cela, allez savoir pourquoi, il éprouve le besoin d'aller hurler à s'en décoller la cervelle. Cela tient peut-être à certaines fréquentations douteuses, qu'il aurait tendance à entretenir... Car notre compagnon passe le plus clair de son temps avec des chats, généralement, issus de rencontres fortuites. Mais, histoire d'aggraver son cas, il s'est choisi pour confident un de ces sacrés félin, qui ne quitte jamais son épaule. Et ces animaux ont eux aussi une certaine tendance à gueuler pour un oui ou pour un non, y compris dans des circonstances inappropriées. Sören a tendance à passer pour un jeune homme taciturne et solitaire, particulièrement doué pour saper le moral du bon peuple... Ce qui fait que le bon peuple en question a tendance à ne pas l'inviter au grand barbecue communal de l'été. A tort, bien évidemment, car, en matière de fête, notre bonhomme s'y entend mieux que quiconque ! D'autant plus que ses chansons, aux paroles toujours improvisées et chargées d'humour à en éclater, feraient danser n'importe qui, avec ou sans jambe de bois. C'est peut-être d'ailleurs pour cette raison que Sören a toujours vécu seul, avec ses chats, pratiquement sans amis sur lesquels compter, et sans équipage. Il serait très facile de penser que cet état de fait lui convient, et qu'il s'en moque d'ailleurs bien royalement, mais ce serait agir de manière aussi dénuée de sens que le bon peuple déjà cité. Car s'il donne une impression générale de force, de solidité, et de stabilité émotionnelle, Sören est en réalité une espèce de tempête compressée, ayant bien du mal à tenir en place, dans la cachette qui lui est toute assignée, tout au fond de son cœur (dont certains ne soupçonnent même pas l'existence, alors même qu'il s'agit là de l'une des meilleures âmes que les mers aient fait rêver). Ce qui contribue peut-être aussi à faire de lui un artiste spontané, ayant toujours quelque chose à dire... ou à chanter. N'oublions pas de préciser, à ce propos, que Sören adore s'exprimer en vers improvisés, ce qui contraste sévèrement avec son langage ordinaire, digne d'un paysan lauzérien des années trente. Dernier détail important : malgré une certaine tendance schizoïde, Sören est quelqu'un d'exceptionnellement gentil. Non pas au sens moral du terme, mais au sens où chacun de ses gestes et de ses paroles cherchent en général à ne pas nuire, à ne pas détruire, à ne pas blesser (ce qui résume assez bien son style de combat, du reste). Cependant, lorsqu'il se met à chanter ou à parler en vers, il incarne une nouvelle peau, et alors seulement, il se permet les insultes, les provocations perfides, et autres choses du même acabit. >> Biographie Un concert de miaulements accompagnait le petit garçon, tandis qu'il courait vers la forêt en riant. Ce jour là, il était encore tôt, et la saison des vendanges était terminée. Toute la maisonnée récupérait des mois de dur labeur estival, heureuse de savoir à présent le raisin en sécurité dans les cuves, à l'abri des intempéries, des glaneurs, et des bandits, qui avaient tendance à se faire un malin plaisir à tout saccager, lorsqu'ils n'obtenaient pas ce qu'ils voulaient. Il restait bien le danger d'une attaque en masse, mais les malandrins savaient bien qu'il ne faisait pas bon voler le vin avant qu'il ne soit tout à fait stabilisé. De véritables épidémies de dissentrie, qui avaient même emporté les plus gourmands d'entre eux, les avaient définitivement détournés d'une telle idée. L'un des fils du vigneron en profitait donc pour aller courir vers la mer, trop heureux d'avoir du temps devant lui pour songer à se reposer. Il allait pieds nus, indifférent à la piqure des ronces et à la morsure de la boue glacée par la rosée du début d'automne, pourtant souvent rigoureux sur l'île du Loupiac, située au nord de North Blue. Soudain, il déboucha sur une vaste plage de gros galets, prolongée par une mer d'un gris profond. D'un pas toujours égal, le garçon s'approcha du rivage, faisant sauter un petit galet plat dans la paume de sa main. -Ashka, c'te fois, je te parie qu'j'en ferais la douzaine ! -Miaw ! -Et toi, Haru, j't'ai ramené c'que t'aimes, comme promis ! -Rrrrr... rrrrh... Contre lui se serrait une multitude de chats, de toutes les couleurs. Une portée de chatons roux se battaient même pour gagner une place sur ses épaules. Indifférent, il tendait à l'un de ses curieux compagnons, noir et maigre, un gros morceau de poisson séché, que l'on aurait cru trempé dans de la lie de vin tant il était rouge. L'animal s'en régala, tandis que l'enfant s'entrainait aux ricochets, tout en poursuivant son étrange conversation. Sören avait cela de bien particulier, qui avait tendance à le faire passer pour fou, ou victime d'une quelconque malédiction : ses amis étaient des chats. Il n'était jamais tout à fait parvenu à trouver sa juste place, au sein de sa nombreuse famille, dont il n'était qu'un héritier parmi tant d'autres. Le travail de la terre ne lui laissait que peu de temps, et, surtout... Il avait toujours éprouvé un terrible décalage entre ce qu'il était lui-même, et ce que les autres auraient bien voulu qu'il soit. Il se sentait l'âme vagabonde, chaque jour un peu différente. S'il avait eu le choix, il aurait aimé avoir dix prénoms, pour pouvoir vivre tout ce qu'il sentait vivre en lui. Il aurait aimé, certes, cultiver la terre comme ses frères et sœurs, mais aussi, voyager, se battre comme les chats le faisaient entre eux, ou mieux encore, comme les chasseurs de primes qu'il avait vu l'autre jour, chez le père Burridan, victime d'une bande de brigands, faire le bien autour de lui, et aussi faire peur aux gens, de temps en temps, bref, autant de choses inaccessibles à un petit paysan de North Blue, promis à la culture de la vigne pour le restant de ses jours. Cependant, lorsqu'il s'échappait ainsi, de bonne heure, il devenait autre chose que ce qu'il était aux yeux de son entourage. Il était le grand ami des chats, le roi des bardes, connu sur tous les Blues, le guerrier intrépide devant lequel les bandits s'inclinent, ou même, un pirate, un forban, un pillard, le sommelier d'un pays lointain, bref, tout et n'importe quoi qui puisse le faire exister autrement qu'en tant que simple apprenti vigneron. Il surveillait l'heure au soleil. Dès que les premiers rayons touchaient les galets de la plage, il rentrait, retournait se coucher très silencieusement pour se relever aussitôt, et jamais personne ne se doutait de rien, malgré les nombreux chats qui restaient souvent dormir sous la fenêtre de la chambre qu'il partageait avec quatre de ses frères. De toutes manières, ces félins faisaient légion sur l'île, pour le plus grand plaisir des agriculteurs, qui ne souffraient ainsi jamais des rats. * * * Les années s'écoulaient tranquillement, sans heurts, rythmées par les saisons. Sören grandissait au grand air, le corps et l'esprit façonnés par les travaux des champs. Il approchait de son dix-huitième anniversaire, lorsqu'un navire toucha le sol de l'île du Loupiac. Envoyé par ses parents faire une course au village, le garçon passait sur la grève le nez en l'air, un chaton sur l'épaule, occupé à écouter une bande de musiciens qui célébraient le début de la saison des vendanges. L'un d'entre eux frottait les cordes d'un instrument étrange, qui le captiva. Un son fragile et puissant en émanait, tandis que le barde chantait à plein poumons les aventures de Norland, revisitées à sa manière. Sans ironie aucune, l'homme, un sourire désolé et concentré sur les lèvres, réinventait un destin : « Il est de ces histoires qui traversent le temps, Il est de ces héros qui renoncent à l'oubli, Oyez l'histoire véritable de Norland ! Oyez le menteur, arraché à la vie ! Des rêves incarnés dans un sabre de fer, Des songes éveillés, un voyage en enfer, Norland, cette île, avec sa grand' cloche d'or, Dis moi, mon ami, tu l'entendais encore ? Quand les pauvres bourreaux ont fait leur office, A g'noux sur l'échafaud prêt pour le supplice, Regardais-tu la foule ivre de colère ? J'crois que t'attendais un signal de la mer. Ainsi, la chanson se poursuivait, tandis que le barde, les yeux dans le vague, redessinait l'histoire, lui donnait une nouvelle vie. Fasciné, Sören s'était arrêté, puis assis, oubliant le temps, et la raison de sa présence au village. Il ne remarqua pas l'équipage du navire fraichement arrivé passer derrière lui, malgré le bruit de leurs armes, qui sonnaient clair à chacun de leurs pas. Il ne sentit pas non plus le soleil baisser, et demeura même quelques instants en compagnie des musiciens, avec lesquels il eut grand plaisir à discuter, malgré une certaine timidité : -'Lors comme ça, z'êtes d'une autre île ? Et vous vous baladez souvent comme ça ? -Yep, petit, lui avait répondu le chanteur, on fait les troubadours depuis quelque années... On se balade d'îles en îles, en s'embarquant sur des navires marchands. Parfois, on trouve aussi des justiciers, ou des chasseurs de primes charitables qui nous prennent à bord. Ça anime, dans le fond. -C'tait bien, c'que vous avez joué, en tous les cas. Comme ils étaient dans leur bon jour, les bardes demeurèrent un certain temps en compagnie du garçon. Ils lui racontèrent qu'ils venaient d'îles différentes, et avaient en commun le fait d'avoir été rejetés pour leur marginalité. Le chanteur, Olaf, se rebiffait contre tous les contes qu'on lui racontait depuis l'enfance, au point de remettre en question l'éducation qu'il avait reçue. Edwin, le percussionniste, n'avait jamais compris la règle selon laquelle il ne fallait jamais dire tout ce que l'on pensait, ce qui l'avait amené à se mettre tout son village sur le dos. Quant à sa compagne Serena, qui jouait de l'harmonica, elle était tout simplement convaincue d'entretenir des relations privilégiées avec les esprits, et entrait régulièrement en transe, ce qui avait tendance à terrifier son entourage... Qui l'avait enfermée, puis, chassée. Son chaton ronronnant sur l'épaule, comme ravi de savoir son compagnon heureux, Sören aurait écouté leurs histoires toute la nuit, mais il prit soudain conscience qu'il se faisait tard, et qu'il se devait de rapporter au plus vite les nouvelles serpettes à l'exploitation. Il prit donc congé, à regret, et reprit le chemin du domaine, résigné à recevoir une bonne correction. Mais, en s'approchant de la métairie, il fût surpris de constater que personne ne travaillait dans les vignes, qu'il fallait pourtant vérifier tous les jours, afin de planifier le programme et la date des vendanges à venir. Seule la lumière d'une lampe à pétrole éclairait la porte d'entrée entrebâillée. Plus intrigué qu'inquiet, sachant bien que les derniers bandits de l'île avaient été capturés par des chasseurs de primes des années auparavant, et avec l'aide de son père et de deux de ses frères, le garçon s'approcha, et entra dans la pièce principale. Son père était assis, tandis que deux étrangers, l'épée au dos, lui faisaient face debout. Nul ne semblait faire attention à lui. Profitant de l'aubaine, Sören déposa les serpettes qu'il était allé cherché au village sur le buffet, et s'en alla écouter aux portes en compagnie de ses frères et sœurs, depuis la pièce d'à-côté. -Oui, nous sommes formels. Nous avons un espion parmi eux, il nous tient au courant par escargophone... Nous avons visé trop haut, ils sont redoutables. Il y a même, dans leur rang, un utilisateur de fruit du démon, voyez-vous... Nous ne sommes que cinq, nous avons réellement besoin des costauds de l'île pour nous prêter main-forte. -Vous rendez-vous compte de c'que vous me d'mandez là ? Les vendanges commencent demain ! Si personne ramasse le raisin, il pourrira sur les ceps, et ma récolte s'ra ruinée ! -Nous ne les avons pas attirés sur cette île. Vous avez de la chance que nous soyons venus à temps. Ils seront là dans trois jours, et pendant ce temps, nous avons besoin de former rapidement les costauds de l'île au combat. Sinon, ça ne sera pas que votre récolte qui y passera, mais tous ceux qui résisteront... Ils vous prendront vos terres, vous écraseront d'impôts, et détruiront les résistances ! Faites passer le message : tous les matins six heures sur la plage, avec une arme. Nous donnerons des épées dérobées à des forbans aux plus forts. Ensemble, nous parviendrons à sauver cette île. Bonsoir, monsieur. -Et... et la marine dans tout ça ? C'leur devoir, d'protéger les mers ! Mais l'étranger devait s'être échappé sans entendre le vigneron. De toutes manières, l'île du Loupiac était isolée dans le grand nord de North Blue. Il s'agissait d'une île sans histoires, loin de représenter une priorité pour la marine. L'île de Luvneel, bien plus réputée pour son vin, bénéficiait d'une meilleure protection, et subissait plus d'attaques. Mais... il suffisait d'une fois pour que toute la population d'une île soit placée sous l'emprise d'un tyran. * * * -Okay, les gars ! Je crois que vous êtes prêts à faire face à ces enfoirés de pirates ! J'ai des épées en stock, je vais, comme promis, en donner aux plus forts. Malaverick... Chuka... Ivanov... Sören, qui avait mis toutes ses forces dans l'entraînement, espérait avoir droit à une arme correcte, mais au fond de lui-même, il savait qu'il n'aurait rien de plus que son habituel bâton. Ceux qui étaient nommés étaient connus pour être les brutes du villages, et s'étaient fait énormément remarquer au cours des trois derniers jours, en raison de leur agressivité. Lui, n'était pas violent, et se battait d'ailleurs bizarrement. Il restait toujours au contact, et ondulait comme un chat en suivant les mouvements de son adversaire, qui avait du mal à le toucher, mais il frappait peu, et sans souhaiter faire souffrir. La distribution achevée, on divisa les combattants en plusieurs groupes, de manière à guetter l'arrivée des pirates. Le plan consistait à leur envoyer des salves de flèches enflammées, de manière à en éliminer quelques uns, et à les empêcher de fuir. L'espion s'était occupé de la neutralisation des canons. Au bout de quelques heures, le signal fut donné. Les cinq chasseurs de primes s'occupèrent de la première phase du plan et, passé un moment, l'on pensa que le bateau allait couler : une flèche avait touché la réserve de poudre. Mais il parvint à toucher terre, et une trentaine de forbans en jaillirent, armés jusqu'aux dents. Des coups de fusil blessèrent gravement trois garçons du village, qui s'effondrèrent aussitôt. Par vagues successives, chacun se rua sur les pirates, qui n'avaient pas l'air de s'attendre à une telle résistance. D'autant plus que l'espion continuait à faire des ravages, en tranchant des gorges ennemies en toute discrétion. Sören faisait de son mieux, de son côté. Il venait de vaincre son adversaire, en esquivant un coup dans lequel celui-ci avait mis toute sa force, au point de se trouver emporté en avant. Saisissant l'aubaine, le garçon l'avait tout simplement assommé, d'un grand coup de son bâton. Pendant des heures, la bataille fit rage. Les guerriers de l'île subissaient de grosses pertes, depuis que le capitaine, effectivement doué d'étranges pouvoirs, avaient fait son entrée. Les chasseurs de primes s'étaient jetés sur lui, laissant l'ensemble de son équipage aux soins des survivants. Soudain, un grand cri de victoire résonna sur la plage. L'un des chasseurs venait de planter son sabre droit dans la poitrine de capitaine. Ce fut la débandade, et, en quelques minutes, les pirates rendirent les armes. Sören soupira, et se laissa tomber sur le sol, tandis que les autres hurlaient de joie. Lui aussi se sentait heureux, mais de manière plus mitigée. En réalité, l'idée de revenir à une vie normale, après trois jours irréels, avait tendance à l'écraser. D'autant plus que les vendanges avaient pris du retard, et qu'il allait avoir le grand déplaisir de cueillir de la vigne pourrie, ce qui n'était jamais bon pour le moral des travailleurs. Morgan, le petit chaton qui ne le quittait plus depuis sa naissance, n'attendait que cela pour se faufiler jusqu'à lui, et grimper sur son épaule, ravi de pouvoir lui ronronner dans l'oreille. * * * -Je te le fais pour 50 000 Berrys, comme convenu, mon grand. J'descendrais pas plus. -A c'prix là, 'faudra m'faire l'aumône pendant que'qu'jours. -'Faut aussi savoir ce que tu veux. C'est pas si simple à faire, un bouzouki. J'ai accepté d'me pencher sur la question, en remerciement pour l'autre jour. Mais ça m'a tout d'même pris une bonne semaine, tu vois ? J'ai des gosses à faire manger, moi. A contre-cœur, Sören vida sa bourse dans la main de l'ébéniste, persuadé qu'il venait de se faire avoir, mais trop faible pour entrer en conflit ouvert, d'autant plus qu'il avait réellement besoin de l'instrument. Quatre mois s'étaient écoulés, depuis le combat qui avait eu lieu sur la plage de son île natale. Il n'avait pas eu la force de rester, et de continuer comme si rien ne s'était passé. Il n'avait certes pas été un brillant combattant, mais l'odeur de l'iode, de la sueur, et de l'aventure lui était restée dans les narines. Il avait perdu goût au travail de la vigne et fut même incapable de profiter de la fête traditionnelle qui venait clore la saison des vendanges. Une sensation curieuse l'avait saisie. Plus que jamais, il s'était senti seul, dans son monde, à part, condamné à ne jamais pouvoir vivre le bonheur des autres. Il s'était senti étouffer, tant et si bien que, parmi les chats qui l'entouraient, plusieurs étaient venus s'agglutiner sur lui, en ronronnant de manière apaisante. Ce soir là, il était allé jusqu'à pleurer, se trouvant bête, sans savoir franchement pourquoi. Il s'était demandé ce qui n'allait pas avec lui, pourquoi rien ne pouvait être simple, pourquoi il ne parvenait pas à vivre comme n'importe qui, pourquoi il ne se sentait rattaché à personne, pas même à sa famille. Il se sentait ingrat, un bloc d'argile à la place du cœur. Les chasseurs de primes, qui étaient revenus donner un coup de main après avoir livré les pirates à la marine, devaient repartir le lendemain, pour une destination inconnue. Sören s'était éclipsé au cours de la fête, avait fait ses bagages, s'était emparé de deux serpes à cran d'arrêt que son père utilisait pour la taille de la vigne, de quelques provisions, et, avec Morgan sur la tête (qui paraissait décidé à le suivre partout où il irait), il était descendu vers le port, et s'était introduit dans la cale du bateau des chasseurs. C'était ainsi qu'il s'était retrouvé sur l'île de Manshon, célèbre pour ses trafics, ses criminels, et ses marines, ce qui va souvent de pair. L'émulation de la cité lui avait permis de gagner quelques berrys, grâce à un numéro de rue qu'il avait mis au point, avec Morgan et certains chats locaux. Il racontait une histoire, et les chats, eux, la mimait. L'ambition du garçon avait été de mettre de l'argent de côté pour faire l'acquisition d'un instrument identique à celui du chanteur Olaf, ce qu'il venait enfin d'accomplir. A plus long terme, il envisageait de devenir chasseur de primes, de manière à pouvoir voyager. Dans l'immédiat, en temps qu'artiste de rue, il n'avait pas les moyens de se déplacer. Il faisait bien dans l'économie, allait jusqu'à dormir dehors et à se laver dans la mer (ce dont il s'abstenait carrément depuis le mois de décembre), mais ce n'était pas encore suffisant pour pouvoir acheter sa liberté. Il aurait pu se présenter comme employé dans une exploitation agricole de Manshon, et gagner une situation convenable, mais il n'en était clairement pas question. Il avait fuit son île pour changer son destin, il ne s'agissait pas maintenant de reculer. Et puis, il y avait un avantage à dormir dans la rue : cela endurcissait. Souvent, il avait eu à se défendre face à plus fort que lui, pour préserver sa bourse. Il lui était même arrivé de vaincre, à sa grande surprise, un bandit dont la tête était primée. La semaine suivante, il avait eu le plaisir de manger de la viande, pour la première fois en deux mois. Petit-à-petit, il développait un style de combat mêlant art de l'esquive au corps-à-corps et maîtrise de ses deux serpes. Le choix de ces armes s'était révélé astucieux, puisqu'il s'en était servi comme outil pendant plus de dix ans. Il s'agissait simplement d'en faire un usage un peu différent. La prise en main restait la même. Évidemment, il aurait progressé plus vite, avec l'aide d'un maître. Mais la rudesse de la rue n'était pas un mauvais tuteur, surtout pour un jeune homme décidé à parvenir à ses fins. * * * D'une main ferme, Sören arracha un avis de recherche d'une palissade. Cela faisait maintenant trois ans qu'il vivait à Manshon. Il s'était taillé une petite réputation d'artiste de rue, bon musicien et capable de se faire obéir des chats du quartier, et commençait à se frotter aux bandits et trafiquants du bas de l'échelle. En plus de cela, il avait développé un certain art de la réplique, qui affirmait sa légitimité auprès des autres artistes du quartier. Cependant, toujours seul, n'ayant pour amis de confiance que des chats, il éprouvait un désir de plus en plus impérieux d'aller voir plus loin, et s'était mis à amasser les primes. Il ramenait toujours ses adversaires vivants, parfois même sans blessures. Sa spécialité était d'épuiser ses adversaires en esquivant au corps à corps, les contraignant ainsi à réaliser d'épuisants mouvements, tandis que lui-même se contentait de les accompagner avec souplesse, pareil à un chat se frottant aux bottes de son maître. Le jeune homme avait bien songé à entrer dans la marine, mais une sensation d'ennui le prenait, lorsqu'il les voyait défiler, tous en uniforme, et tous soumis aux même règles. Il n'avait jamais su s'adapter à un code général, ce n'était pas après avoir survécu à l'épreuve de la vie en solitaire dans la rue qu'il allait s'y résigner. De toutes manières, il prévoyait de passer encore deux ans dans les parages, le temps de parfaire sa technique... Après quoi il trouverait un navire, et partirait explorer North Blue. Son espoir demeurait de se découvrir, un jour ou l'autre, les véritables amis qu'il n'avait jamais eu... >> Test RP Le regard rempli d'incrédulité, Sören fixait le marchant qui lui faisait face, poings sur les hanches, visiblement très agacé. -Comment ça, vous n'pouvez pas me r'prendre ?! J'vous ai payé pour aller jusqu'à Luvneel... Et en plus, c'taient mes dernières économies ! J'devais r'faire le plein grâce à un bandit d'là-bas qui fait du grabuge... s'ça s'trouve, j'vais l'louper à cause de vous, capitaine ! L'air passablement ennuyé, retenant un bâillement, l'homme hocha la tête, l'esprit occupé à autre chose. -Les affaires sont les affaires. Nous avons de bonnes propositions ici, alors, notre départ attendra la quinzaine. Nous n'avons pas parlé de délais dans le contrat, petit. Si tu ne peux pas attendre, c'est ton problème. Reviens nous voir si tu changes d'avis. Comme à son habitude, le jeune homme préféra éviter le conflit, et laisser tomber la discussion, qui n'aurait de toute manière conduit à rien. Il en conserva cependant une certaine amertume, d'autant plus que ses poches étaient désespérément vides. Depuis qu'il voyageait, il avait certes gagné en force et en confiance, mais il n'avait plus guère de temps pour exécuter ses spectacles de rue, qui lui permettaient autrefois de vivre au quotidien. Ce n'étaient pas les primes qu'il touchait, bien trop rares, qui allaient le nourrir. Reprenant ses esprits, il se dirigea vers la ville. Après tout, le royaume de Goa était suffisamment important pour qu'il parvienne à trouver un autre transport. En attendant, il se devait simplement de récolter un peu d'argent, de manière à participer aux frais du voyage. C'était aussi cela, les joies du conavirage. Il passa donc l'enceinte de la cité, et fut accueilli, à son grand étonnement, par une odeur de crasse et de pourriture. Autour de lui, les gens avaient tous l'air de mendiants, à un point tel que lui-même, avec ses vêtements de vagabond, avait l'air d'un riche bourgeois en comparaison. Les chats eux-même, qui avaient commencé à s'agglutiner autour de lui, étaient faméliques. Touché par tant de misère, tout en demeurant pragmatique, le garçon poursuivit son chemin, vers le centre de la ville. Il ne gagnerait rien à faire le spectacle en pareil endroit. Après n'avoir vu que des ruelles sales et grises pendant près d'un quart d'heure, il parvint cependant à atteindre un quartier des plus corrects, où se pressaient des commerçants affairés, ainsi que ce qui s'apparentait à une petite bourgeoisie proprette et distinguée. Sören esquissa un bref sourire, en caressant Morgan qui ronronnait sur son épaule. Il avait trouvé l'endroit idéal. Il posa donc sa besace contre le mur d'une petite boutique de souvenirs, et s'éclaircit la voix, sa mandoline en main. Intrigués, des curieux commençaient à s'arrêter, tandis que quelques chats, plus gros que les précédents, se rapprochaient silencieusement. En confiance, le jeune homme allait commencer, lorsqu'il sentit un bouquet de couleurs criardes lui agresser les yeux. Trois individus, un homme et deux femmes, s'étaient avancés vers lui, parlant très fort. Les curieux se dispersèrent instantanément, sans que Sören n'ait eu le temps de comprendre ce qui était en train de se passer. L'une des femmes renifla d'un air méprisant. -Lord Nelson, voyez-vous ce que je vois ? -Hélas, je le crois... oh, oh, oh ! Comme si cet horrible quartier n'était pas suffisamment mal famé comme cela... -Avec des vêtements pareils, il doit venir d'en bas... Pouah ! Quelle horreur ! La seconde des femmes venait de plaquer un mouchoir brodé contre son nez, comme si elle craignait la tuberculose, la peste, ou tout simplement, une quelconque malédiction liée à la présence d'un pauvre dans son espace vital. Se sentant profondément insulté, mais ne ressentant à cette idée qu'une profonde lassitude, Sören soupira bruyamment. [/color] -'Coutez moi, bonnes gens... J'tiens à manger un bout c'midi, alors, s'iouplait, laissez moi travailler. J'resterais pas longtemps, parole. A ces mots, les deux femmes poussèrent un cri, en reculant d'un pas. L'homme avait pris une teinte cramoisie, et brandissait une canne au pommeau d'or de manière menaçante. -Comment... oses-tu t'adresser à des êtres supérieurs ?! Vermine, j'vais t'péter l'postérieur ! (Hrp : oui, y'a une référence obscure) -Nelson ! -Ne vous abaissez pas à son niveau, voyons ! Mais il était trop tard. Basculant la tête en arrière, le noble prit son élan, et cracha un gigantesque molard en direction du malheureux Sören qui le sentit s'écraser entre ses deux yeux. Il sentit bien la douleur de l'humiliation lui tordre le cœur, mais il continua de feindre l'indifférence, semblable à un chat passant devant un tas d'ordures. S'il se battait, il risquait de blesser ces imbéciles, et d'avoir des ennuis avec la marine. Et puis, ce ne serait certainement pas cela qui les amènerait à revoir leur comportement. Il n'avait pas la vocation du missionnaire. Ce n'était pas à lui de transmettre la bonne parole aux seigneurs corrompus. D'autant plus qu'il n'avait pas franchement l'impression de la connaître. D'un geste lent, il se baissa pour ramasser son sac, mais, soudain, il sentit son nez se briser. Le noble venait de lui envoyer un coup de pied terrible, ouvrant ainsi les hostilités. Le garçon hurla, la vue brouillée par la douleur. Il plaqua ses deux mains contre son visage, espérant arrêter le saignement. Mais soudain, une série de terrible feulements se fit entendre. Les chats, qui n'avaient pas bougé, réagissaient au cri de douleur de Sören. Morgan en tête, les félins, crachotant, toutes griffes dehors, se jetèrent sur les trois nobles. Ce fut un massacre. Il y eut des perruques arrachées, des maquillages gâchés, des collants filés, des bijoux brisés, le tout avec beaucoup de glapissements et d'injures à faire pâlir le garde champêtre du coin. Amusé, malgré la mésaventure, le jeune homme savait d'emblée qu'il ne risquerait rien dans cette affaire. Personne n'était sensé pouvoir exercer un charisme suffisant pour inciter des chats inconnus à mettre en œuvre une vengeance. Ses agresseurs ne pourraient rien raconter sans être pris pour des fous. Comme quoi, ce genre de système pouvait bien avoir du bon, dans certaines circonstances. Tandis que les nobles défroqués se résignaient à fuir, le jeune homme récupéra son sac, et y chercha de quoi bander son nez, pendant que Morgan regagnait son épaule, le poil encore tout hérissé. Sören ricana doucement, avec cynisme. -Je suis né paysan, Mes mains ont fait du vin, Des taches sur des draps blancs, Et sur leurs coiffes en daim. Ils sont nés nobliards, Leurs mains sont bonnes à rien, Seul'ment à mettr'du fard, Et à tuer des chiens. |
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Informations IRL
- Prénom : Caroline.
Age : 21 ans.
Aime : la philo, la rando, le vélo, les mikados, les trucs en « o », sauf le métro.
N'aime pas : le métro. Non, sérieusement, ces questions là, c'est trop compliqué pour moi, vous verrez bien par vous même x).
Personnage préféré de One Piece : Gneeuh... Brook ? Shanks ? Robin ?
Caractère : (définissez vous en quelques mots) J'ai horreur des définitions. Mais vous en faites pas, je sais bien me tenir à table, et je ne cherche jamais le conflit ;)
Fais du RP depuis : mes 15 ans, avec de longues pauses.
Disponibilité : (en jours par semaine, c'est bien sur, approximatif) ça dépend. Entre 2 et 5 jours / 7 ?
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Dernière édition par Sören Hurlevent le Mer 21 Déc 2011 - 1:18, édité 2 fois