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Tu t'étais promis de ne plus jamais te faire amener à l'ombre. Tu t'étais même dis que si ça devait encore finir ainsi, tu prendrais une corde plutôt que de t'enfermer encore entre quatre murs et deux barreaux. Alors qu'est ce que tu fous ici ? Au milieu d'une cale de bateau marine ? Les mains attachées et la gueule défaite ? Même plus moyen de te remettre le chapeau en place, même plus moyen de brayer tes âneries habituelles sans te prendre une raclée par ces foutus marines...
Encore une histoire stupide que tu te dis. C'est tordant, horripilant, pour sur que les mouettes doivent bien se marrer de cette bourde. Encore une fois tu as été de trop bête. Croire la vie aussi facile que ça, croire que seuls les poings peuvent résoudre tous les problèmes. Tu t'en mords les lèvres jusqu'à pisser le sang mais t'en as cure. Qu'est ce qu'une pauvre lèvre face à des années passées à croupir dans une cellule sordide, dans l'enfer d'un monde que tu n'oses imaginer.
IMPEL DOWN.
Avec des majuscules, du gras, une écriture moche et salie par la pourriture, le sang et la haine. Voilà ce que ce mot t'inspire, voilà ce qu'il inspire à tous les prisonniers éduqués par les histoires d'horreur que chaque enfant a déjà entendu sur cette prison inviolable. C'était long, mais c'était indispensable. Faut comprendre que là, la beauté du langage, la beauté tout court, tu ne la vois plus. Pour tout dire, tu es tellement mort de peur que tes jambes ne peuvent s’arrêter de trembler. Tes pauvres guibolles ne s’arrêtent plus de gigoter comme deux tranches de bois travaillées par la marée.
_Une clope ? Que te demande l'un des marines un peu plus sympa que les autre.
Tu lui réponds par un hochement de tête et acceptes le cadeau sans rechigner, histoire d'embrumer ton cerveau déjà bien fatigué. Le marine se pose alors avec toi, se faisant une place entre deux autres revolutionnaires.
_Sale temps pour la révolution... Que tu ne peux t'empêcher d'exprimer de ta voix déjà abimée.
_Ouep c'est bien vrai. En plus des deux cent gars de ton équipage, y'a un autre QG de North Blue qui s'est fait prendre la semaine dernière. A cause de ça, on est obligé de passer par Marine Ford pour regrouper tous les prisonniers. Je ne te dis pas le bazar que ça fout. M'enfin ça doit vous arranger vous, quelques jours à l'air libre avant de…
Ton air de chien sauvage a totalement disparu, tellement que le marine comprend qu'il ne doit pas finir sa phrase. C'est drôle hein ? Alors que ce gars là t'a combattu avec acharnement, alors que tu lui rendais tous les coups avec la rage du lion, tu te retrouves maintenant à tirer sur une clope en lui faisant la conversation.
Les jours passent ainsi, entrecoupés par des repas, des râles de prisonniers, des tabassages en bonne et dû forme par certains marines zélés mais la vie continue, lentement. Jusqu'à ce que la coque du grand mat viennent s'entrechoquer contre le roc de Marine Ford.
A ce moment là, c'est surtout ton cœur qui fait des bons . C'est surtout tes guibolles qui se choquent. C'est surtout tes neurones qui se ramollissent sous la peur. Sortir d'ici, vite. Fuir ou mourir que tu te dis. Tu n'as jamais rien eu à faire des risques à prendre, alors ce n'est pas aujourd’hui qu'il faut flancher, c'est le moment de tout donner, de tout tenter.
Tes sales godasses dégueulasses touchent le sol de Marine Ford, tandis que tes guibolles se tournent en tout sens à la recherche d'une sortie. Les mains attachées par des menottes reliées aux prisonniers devant et derrière toi, un marine tous les 3 mètres surveillant chaque révolutionnaire d'un air aguerri... Quoi de plus facile que de prendre la poudre d’escampette ?