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Étranges aventures dans un bain [Rafa'][Un obscur jour de 1622]

    Rachel poussa la grande porte à double battant, admirant les décorations à la feuille d'or qui l’embellissaient. Elle sourit aux arabesques et passa son chemin. La lourde porte se referma seule sur un visage inconnu, mais le Lieutenant n'en avait cure. Tout le monde ne pouvait pas l'ouvrir d'une seule main, cette porte en chêne. Et la faucheuse faisait partie des rare à pouvoir le faire. Elle était aussi l'une des rares à transporter partout avec elle une faux de trois coudées de plus qu'elle. C'est d'ailleurs cette faux que l'homme vers qui elle marchait regardait fixement. Elle avait laissé au placard son veston de la marne, et habillée de sa fameuse robe noire à dentelles blanches, son regard vert de sortie, elle avait de quoi faire pâlir. C'est en tout cas ce que tenta de retenir l'homme, costard trois pièces, cravate noire et ongles manucurés. Pâlir devant une cliente n'est pas le style de la maison. Notre faucheuse, elle, se délecta de ce visage tendu et dans un sourire plein de sous entendu, elle déposa sa faux contre le comptoir clinquant. Ses yeux s'égarèrent vers la lime qui y était posé puis il dévia vers les murs. Perfection devait être le maitre mot de la maison. A l'image des ongles du réceptionniste, les colonnes qui longeaient les murs rythmaient leur pâleur unies et donnaient une impression de propre et de luxe que, visiblement, tout le monde hormis Rachel arborait.

    Son sourire s'élargit. Une bonne partie de son salaire allait y passer, mais ça faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas profité des sources chaudes. Un bain chaud pour chasser les tensions de la course aux pirates. Alors quitte à profiter de leurs bienfaits, autant choisir une bonne maison, à tomber le manteau d'officier, et à se déplacer en bateau jusqu'à la source.

-Un bain, s'il vous plait. Demanda-telle, impassible. Et une place pour Black Crow. Ajouta-t-elle en désignant son arme d'un signe du menton négligeant.
-A quel nom ?
-Blacrow.
-Euh... Vous avez le même nom que... ?

    Une regard assassin le fit taire. Et la liasse de berries aussi. Rachel lui décoche un faux sourire rayonnant, lui tend sa faux, d'une main, et tourne les talons vers les bains, sans un regard pour le réceptionniste qui s'écroule derrière son comptoir sous le poids de l'arme gigantesque. En quelques pas, elle a traversé la salle au carrelage blanc éclatant, ses talons noirs claquant en échos à ses oreilles, agréablement. Elle arriva devant la porte qui menait aux bains. Elle y fit une pause, sourit pour le même et franchit le seuil, direction vestiaires, puis, détente. La première fois depuis bien longtemps.


Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Mar 27 Mar 2012 - 5:06, édité 1 fois
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La vapeur formait un halo brumeux autour des épaules du brun qui reposait là, une serviette sur le haut du crâne. La chaleur des bains était insoutenable, mais elle était si apaisante ... Un léger soupir de bien être vint perturber le glouglou incessant de la source chaude. La vapeur cachait son corps, ne laissant envisager dans quelle tenue il se trouvait, tandis que les paravents de bambou lui assuraient une intimité toute relative, si ce n'étaient les deux jeunes femmes enroulées à ses bras. Une jolie blonde à la frimousse enfantine caressait timidement son torse rongé par les cicatrices, tandis que la brune volcanique se lovait dans le creux de son épaule. Elle ouvrit doucement ses deux yeux émeraudes et se releva, laissant apparaître son opulente poitrine. Et il y avait fort à parier que le reste était tout aussi libre de ... décence. Le jeune homme roula tête sur le côté, et ne pu s'empêcher de laisser échapper un sourire en soulevant du bout des doigts la serviette qui lui barrait le visage, avant de faire remonter sa main rêche sur le bras de sa partenaire, louée était la tranquillité des lointaines îles d'East Blue. Soudain, posant ses deux mains sur sa poitrine, la jeune blondinette fit la moue et secoua doucement Rafael, le tirant de ses rêveries contemplatives.

"Rafy, tu avais promis de me frotter le dos ..." minauda-t-elle, de son ton d'adolescente effarouchée.

La bouderie tira un sourire amusé à l'assassin, qui se redressa, non sans gémir. Il attrapa la serviette qui reposait sur sa tête et l'enroula autour de son poing, avant de décaler avec tendresse la chevelure couleur paille de la jeune femme qui lui tournait à présent le dos. Voyant ainsi cette peau de satin, il eut un léger frisson, ayant l'impression de contempler sa nuque comme si une goutte carmine y cheminait, traçant un irrévocable sillon meurtrier dans sa chair. Puis la vision disparut. Se reprenant, il abandonna doucement la brune dans l'eau, qui en profita pour se coller d'avantage à lui, puis entrepris de caresser doucement la nuque de sa conquête avec sa serviette, aussi amoureusement qu'il pouvait le simuler. La jeune femme gloussa sous son contact et creusa légèrement le dos, alors que l'assassin y glissa un tendre baiser. L'autre brunette ne le prit pas de cette oreille, et en profita pour le pincer. Grimaçant, il se tourna vers elle en plissant les yeux, avant d'éclater de rire. Profitant de cette situation, la sulfureuse plongea la tête du mécréant sous l'eau, s'y appuyant de ses deux mains. Jouant le jeu, Rafael se laissa emporter, puis saisit les poignets de la jeune femme pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Il émergea de l'eau, reprenant en hâte son souffle et suivi de peu par sa victime. Celle-ci lui tourna alors le dos, faisant la moue et croisant ses bras sur sa poitrine. Eclatant de rire, l'assassin entreprit de s'approcher vers elle, lorsque des bruits de pas attirèrent son attention. Restant dans l'eau, il se retourna pour faire face à l'entrée, tandis que d'un cri aigu commun, les deux femmes se cachèrent derrière lui. Seul son torse émergeait de l'eau, offrant une vue imprenable sur l'eau qui glissait sur sa musculature. Taillé dans la roche, l'assassin offrait un regard perplexe au nouvel arrivant ... ou plutôt arrivante.

Rafael se passa une main amusée dans les cheveux, ramenant en arrière sa chevelure mi-longue et mettant en valeur son physique princier. Il ramena son bras droit vers l'arrière, protégeant ses conquêtes, puis inspecta sans se priver du paysage, la jeune femme qui venait d'entrer. Elle était d'un tout autre calibre que les deux jolies filles qui étaient pendues à son bras. Il lui offrit un sourire charmeur puis se rendit compte qu'il ne faisait rien d'autre que rester idiot, la bouche ouverte. Relâchant sa prise sur ses 'captives', il se racla la gorge avant d'oser prendre la parole.

"Heu ... ces bains sont occupées, ma jolie. Mais vu que ceux sont les seuls de l'établissement ... je suppose que nous pouvons les partager ?" lâcha-t-il, presque bêtement.
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    Lorsque les portes furent largement ouvertes, débouchant sur des bains se voulant luxueux, Rachel poussa un soupir de satisfaction à l'idée du moment de détente. A l'intérieur, quelques bains séparés, et à l'intimité plutôt accrue. De la pierre de bonne qualité, du marbre rose, des décorations à la feuille d'or, des colonnes richement ciselées... Mais l'intérieur n'intéressait pas Rachel. Elle se dirigea vers la porte qui portait l'écriteau bains extérieurs. Trop de bruits dedans, surtout à cause des échos de rires d'enfants, de paroles bruyantes et de discussions animées. Elle attrapa au hasard une serviette qui pendait là et poussa le très fin battant qui isolait simplement les sources naturelles des bains intérieurs. Dehors, pas de bains à bulles, pas de remous, pas de sauna, ni de massages ou même de hammam. Non, uniquement la vue. Sur la nature certes, et sur ce qu'elle avait octroyé à des jeunes gens. A préciser sur l'écriteau : bains mixtes. Rachel resta pétrifiée dans l'encadrement de la porte de bambou, les yeux ronds devant les corps nus de trois jeunes et fraiches créatures. Car d'un point de vue purement techniques, tous étaient parfaitement magnifiques.

    Plusieurs expression passèrent sur son visage. D'abord la surprise. Trouver un couple de trois, nus, à batifoler dans des bains publics... c'est généralement la première réaction. La seconde, c'est le doute. « Suis-je au bon endroit ? ». A un moment, son regard, fixant le torse ruisselant de ce beau brun, devint cramoisi. Rachel n'était pas émotive, mais il ne faut pas la surprendre. Choquée, oui, à un autre moment. Mais tout s'embrouille. Elle passe ainsi par différentes grimaces et émotions, souvent contradictoires, sans lâcher du regard l'homme, bouche ouverte devant notre faucheuse désarmée. Elle redevint cramoisie e se rendant compte que c'était pas de l'eau chaude qui allait cacher à ses yeux verts ce que l'homme avait de beau à montrer. Un corps ciselé de cicatrices et musclé comme un élite d'une quelconque garde royale. Et puis... et puis son entre-jambe. Frissonnant de la tête aux pieds, rougissant une nouvelle fois, elle se met deux tartes et respire profondément. Dubitative elle est. C'était tout de même pas un rêve. Elle ouvrit les yeux pour revoir cet homme, cheveux mi-long, occupé à relâcher les deux bombes cachées dans son dos. Attention : perplexe maintenant. Deux à son bras... ça lui rappelait quelqu'un ça.

    Salem...

    Mine renfrognée, elle ôta soudainement ses vêtements, sans même s'occuper de l'homme qui la regardait ni des deux femmes à qui elle ferait honte. Elles ne jouaient clairement pas dans la même cour. Rachel se contentait d'autres caractères. Avec des gestes rapides et brusques, elle noua sa serviette autour de ses hanches, laissant sa simple poitrine dévoilée et sujette à la chaleur des vapeurs de l'eau chaude. Rachel n'avait jamais été pudique. Ce dont elle s'était déjà servie de nombreuses fois en combat. Distraire l'adversaire, se faire passer pour une faible femme, se dénuder très malencontreusement, et on les poignarde dans le dos. Un regard glissé en coin à cet homme qui la fixe comme une trouvaille intéressante, comme un coquillage sur une plage de sable blanc, et elle sait que tous ou presque sont comme ça. Tssss ! Pourquoi les plus beaux sur terre ne pouvaient donc pas s'empêcher de jouer de leurs atours pour séduire à outrance ? C'est donc malgré elle qu'elle répondit avec une voix à peine irritée au brun au physique avantageux.

-Vous en avez déjà deux qui se délecteront de vos « ma jolie ». Gardez-les pour elles. Bon appétit, à ce sujet, mesdemoiselles. Le repas a l'air appétissant. Que vous soyez rassasiées avant la fin de la journée. Parce que, pour ce qui est du partage, je ne pense pas que j'ai une quelconque autorisation à vous donner, n'est-ce pas ?

    Elle le regarde sans sourciller, sans dévier de ses yeux profonds cette fois. Et elle y décèle étrangement bien plus qu'un séducteur et franc profiteur, abuseur de jeunes filles et de gros bonnets. Elle retient un soupir comme elle soutient son regard et ne veut pas le lâcher. Sans pour autant faire monter la tension. Tout ça le plus calmement du monde. 18 ans et toute sa tête...

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Il le voyait : elle aussi était troublée. De ses yeux émeraudes, elle le dévisageait presque avec envie en lui renvoyant un regard semblable au sien. Puis elle détourna le regard, perdant cette première confrontation. Il la vit avec plaisir rougir face à sa situation, et pendant un instant, il n'arriva pas à en décrocher le regard. Ce n'était pas ces instants de grâce que l'on qualifiait de coup de foudre, non, bien loin de là. C'était comme de voir une nouvelle proie s'afficher à son tableau de chasse. Un instant, il ne sut quelle attitude adopter, laisser parler ses instincts de chasseur ou alors rester comme à son habitude. Il était un expert de la traque et de la mise à mort, et bien souvent, ses talents recoupaient ce même domaine de la séduction, mais en cet instant, il se sentait bien désemparé. Il y avait fort à parier que la surprise y était pour beaucoup, il pensait bien avoir déniché ce qu'il y avait de plus savoureux à se mettre sous la dent dans ces contrées, mais il se trompait visiblement. Et elle n'était pas pudique. Ou alors était-ce un défi, sa nudité n'était qu'une mise en bouche l'invitant à se montrer plus entreprenant ? Ce qui était certain, c'était que lui n'avait honte de rien et s'amusait même de cette situation. Bien entendu, il aurait difficilement accordé le même crédit à une personne moins gracieuse, et se serait plutôt emporté, mais là, les choses tournaient plutôt bien. Se glissant à nouveau vers le fond du bassin, il frôla ses deux précédentes réussites, puis s'adossa contre la roche du bassin. Il ne pouvait contenir un léger sourire en coin, tandis que les deux femmes se pressaient contre lui, consciente de l'arrivée d'une tierce personne dans leur petit jeu. Car c'en était bien un, et comme le signalait malicieusement la nouvelle, elle aussi en profitait bien. Désireuses, cependant, de ne pas se passer de leur plat de résistance, elles entreprirent, non sans se lancer des regards de défi, de fusiller du regard l'imprudente qui avait osé se moquer d'elles. À femme en colère ... Mais lui, il ne se lasse pas de se plonger dans ses grands yeux émeraudes, et de maintenir ce contact qui intensifiait leur échange. Comme un défi, un silence qui s'éternisait et qui durait. Les deux fauves semblaient se jauger, tandis que les autres spectatrices ne pouvaient qu'imiter les grands prédateurs. Rafael laissa de nouveau un sourire s'étirer sur ses fines lèvres, c'en était presque délectable. Mais il lui fallait tout de même prendre garde à ne pas voler trop près du Soleil, où il s'y ferait brûler les ailes.

"Merci du compliment, bellissima. Mais je ne crains à ne souffrir de recevoir d'autorisations de personne ici. Mais concernant le partage, c'est une cocasse idée que voilà." répondit-il, sur un ton sarcastique soulignant à merveille son sous-entendu.

Il ignora délibérément la petite pique lui avait été adressée en l'éludant tout simplement, mais il fit chanter son accent étranger qui faisait si facilement chavirer le coeur de ces demoiselles. Il se pourlécha les lèvres, prétextant de chasser les gouttes d'eau qui cheminaient sur son visage. Mais ce n'était qu'une invitation à la débauche. Son regard n'avait rien de doux ou de charmeur, c'était les yeux d'un réel prédateur. Et il ne savait pourquoi, ce jeu commençait à lui donner des sueurs froides, comme un rongeur fasciné par les crocs de la vipère qui le traquait. Et Dieu savait qu'il aimait jouer avec le feu. Rafael sentit ses deux conquêtes se serrer contre lui, fusillant toujours du regard la nouvelle. Voir ces femmes se battre pour lui était un spectacle amusant, mais il en oubliait ses bonnes manières.

"Enchanté de vous rencontrer, néanmoins, charmante demoiselle. Aurais-je l'audace de vous demander votre nom ?" lui demanda-t-il, révélant ses dents dans un sourire éclatant.

Son regard océan était toujours versé dans le vert éclatant de la demoiselle, et il ne s'attendait pas à ce qu'elle obtempère aussi facilement. Il appréciait de loin ces petites joutes verbales qui témoignaient de l'intérêt de sa cible. Et il les aimait rebelles à souhait. C'était ce petit côté malicieux qui leur donnait tout leur charme, et qui donnait au jeu toute sa splendeur.
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    Il y avait une tension calme. Comment l'appeler autrement ? Depuis qu'elle était entrée dans son territoire de jeu, ils ne s'étaient lâchés du regard que le temps pour elle de se mettre à nue et de s'engouffrer dans l'eau chaude des sources. Et depuis... Étincelles. L'un souriait avidement. Que penser de lui ? L'autre restait imperturbable et silencieuse. Imperturbable ? Non, si elle était silencieuse, c'est que justement, elle l'était. Perturbable. Comment réagir face à pareil homme, à pareil caractère. Alors elle lui rendait son regard, se perdant par instants dans leur couleur océan profond. Que pensait-il ? Et ces femmes nues qui se trémoussaient à ses côtés, sur lui, se collant à son corps à outrance. Pourquoi toujours choisir les plus fortes poitrines pour s'amuser ? Mmmm ? Shonen ? Ah...

    Cocasse ? La situation ne l'était-elle pas ? Rachel était venue pour se détendre, décompresser, oublier les pirates et sa course infinie contre leurs actes et les réprimandes qu'ils récoltaient. Et sur quoi elle tombait ? Un trio de libertins, avides et sulfureux. Des eaux ou des Minettes, qui était la plus chaude ? Elles semblaient jouer à fusiller Rachel du regard. A qui mieux mieux l'une et l'autre. Pourtant, notre faucheuse ne décrochait pas des yeux bleus de son adversaire à elle. Non pas que la perspective de... l'homme en lui-même fusse désagréable. Mais il n'était visiblement pas du genre à se contenter d'amours simples. Pervers sur les bords. C'est ce que laissait entrevoir son regard. Entrevoir, juste, parce qu'il y avait autre chose de plus puissant au fond. Un jeu ? Peut-être des pulsions en fait. Mais son regard était le plus significatif de ce qu'était cet homme. Et à son image, ils étaient mystérieux à mieux y regarder. C'est pour cette raison qu'elle ne répondit pas. Souffre donc, beau brun. Par contre, troquer un « ma jolie » contre un « bellissima » n'en était pas moins rabaissant. Mais au vu du frisson qui avait parcouru les échines des donzelles à ses pieds, l'accent devait plaire à plus d'une. Mauvaise pioche. Un cours de drague de bas étage ne fonctionne pas avec elle. Et alors qu'il souriait de toutes ses dents et faisait courir sur ses lèvres une langue tentatrice -qui attira les deux autres regards extérieur comme la flamme d'une bougie auprès de laquelle deux magnifiques papillons se brûleront les ailes- Rachel, elle, joua avec une mèche noire qui avait échappée au chignon fait à la va-vite et qui barrait son doux visage nacré. Un demi-sourire en coin et un sourcil relevé en prime. Histoire de lui faire croire qu'elle en pensait plus qu'elle n'en disait. Faux.

    Sa main retomba lentement. Pas le regard.

-Rachel.

    Derrière elle, un rire se fit entendre. Il venait des coulisses. Et il allait entrer sur scène. Simple et grave, il précéda soudain un éclat d'un rire plus cristallin. Et lorsque le jeune couple d'arrivants poussa la porte, tout sourire, pour profiter à leur tour des bains extérieurs, ils tombèrent sur une scène particulièrement... cocasse. Merci pour le mot. Deux femmes sorties des rêves les plus fous de collégiens pré-pubères, totalement nues, avachies de toutes leurs poitrines dénudées sur un jeune homme musclé, tout sourire, incroyablement beau, lui-même fixant une troisième femme à l'aspect plus normal, quoique plus jeune. Et la tension les saisit. Le couple se regarda et ils choisirent en même temps « les rire des enfants » avant de tourner les talons sans demander leur reste, laissant dans leur délire, les protagonistes en présence. C'était la petite touche d'humour qui pourtant ne suffit pas à troubler Rachel ni même son combat.

-Alors, Rafy... Elle prit son temps pour s'installer plus confortablement dans le siège de pierre naturelle à sa disposition, creusée à même la roche où coulait la source chaude naturelle. Plus confortablement pour elle... mais la vue n'en était que plus attrayante pour lui... Comptez-vous m'observer ou avez-vous d'autres projets ? Que je sache si je dois porter plainte dès maintenant pour comportements illicites et propos déplacés envers une frêle et douce jeune fille telle que moi ?

    Tu apprendras qu'il y a plus dangereux que le feu...
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Il était à présent trop tard pour faire marche arrière : il s'était agrippé au regard de la femme qui lui faisait face. Un jeu qu'il ne voulait ni ne pouvait perdre. Tout perdait importance à côté de ces gamineries. S'il souriait, ce n'était qu'à cause de cette tension futile qui en émergeait et qui aiguisait ses sens de prédateur. Le chat aimait jouer avec la souris, et celle-ci n'en serait pas déçue. Ainsi, peu importait ses mouvements, peu importait ses gestes : il ne démordait pas de son regard. Étaient-ce des tentatives visant à le déstabiliser ? Ce n'était pas ainsi qu'elle le ferait chanceler. Il sentait derrière cette candeur feinte une force de caractère qui le faisait presque vibrer. C'était un appel au combat, un défi lancé à sa face qu'il n'aurait l'audace de refuser. Un instant, la main de la jeune femme passant devant ses yeux rompit le contact, une fraction de seconde pour enlever la mèche rebelle qui lui chatouillait la pommette. Mais il ne se laissa pas berner. Il se laissa glisser un peu plus profondément dans le bassin, masquant par là ses propres cicatrices. Quant à elle, elle lui fit l'honneur d'une expression amusée. Provocation ou simple surenchère ? Vu la tournure des événements, c'était la provocation qui lui aurait le plus plu. Ainsi, il ne se laissa pas avoir et resta de marbre, écartant ses deux bras sur les rebords du bassin. Les deux plantureuses créatures qui se collaient à lui ne semblaient pas remarquer les tensions émergeant entre les deux individus, pas plus qu'elle n'avaient de saveurs dans ce jeu. Ce n'était pas la possession qui intéressait Rafael, mais bien tout ce qui la précédait. Peu lui importait ce que ses deux conquêtes en pensaient, de toute manière elles ne l'intéressaient déjà plus. Tout n'était que jeu.

Contre toute attente, la jeune brune lui révéla son nom. Surpris, l'assassin leva un sourcil et en perdit presque son sourire. Cédait-elle déjà ou bien ... Il n'eut pas le temps d'étudier la question que des bruits de pas étriquèrent son oreille. Puis vint un rire. Il ne devait pas rompre le contact, il ne devait pas se laisser distraire. Ignorant royalement le couple qui s'avançait. Il inspira doucement, auraient-ils cette audace ? Rachel ne frémit pas une seule seconde, comme si le bassin était devenu leur propriété et que personne n'avait assez d'autorité pour interrompre leur joute à la fois verbale et contemplative. Les deux corps enlacés sur sa poitrine frémirent à cette nouvelle interruption, et les regards des deux se rivèrent sur l'audacieux duo qui faisait son entrée ... mais qui prit bien vite le chemin de retraite. Voir pareille scène était certes inhabituel. Mais cette intrusion n'avait servit qu'à mettre en relief l'importance de ce combat dérisoire. L'assassin se laissa aller à un sourire en coin, amusé de voir que la jeune femme n'avait pas perdu sa concentration. Pas plus que lui. Maintenant, à savoir si elle aussi préférait le jeu à la conclusion, c'était une autre paire de manches. D'autant plus qu'elle avait de l'audace.

"Ce serait plutôt Rafaelo. Ou Rafael, à vous de voir." lui répondit-il, ignorant superbement la nouvelle position que la 'fragile jeune femme' venait de prendre.

Il lui laissa quelques secondes, ouvrant légèrement ses lèvres pour répondre à sa question, tout en s'amusant du constat qu'elle venait de faire de la situation. Il aimait ce genre d'humour. Elle en disait peu, tout en l'informant beaucoup sur elle. Rachel ne se voyait pas du tout comme une poupée, ni comme une petite chose à protéger. Ah, ironie quand tu nous tiens ... Mais ce n'était pas ainsi qu'elle l'aurait. Un autre aurait pris cette remontrance pour argent comptant, lui voyait en cela une autre étape dans son jeu. Une invitation à prolonger l'échange, et bien entendu elle commençait par une menace non dissimulée. Aimait-elle jouer au Marine et au Révo' ? Cette pensée lui tira presque un sourire. Il la voyait autoritaire et sur d'elle même, il ne s'était pas trompé. Elle dégageait ce sentiment à des kilomètres à la ronde. Mais Rafael n'était pas en reste, et il n'était pas facilement impressionnable.

"J'ai vu une frêle jeune fille faire demi-tour il y a quelques secondes. Et elle était bien moins mise en valeur." répondit-il, sarcastique.

"Je ne voudrais cependant pas vous incommoder avec mes projets, vous pourriez trouver cela déplacé." surenchérit-il, alors que ses deux conquêtes se rapprochaient légèrement de lui.

Elles n'osaient parler, mais leur attitude en disait long. Certainement pas prêteuses, elles avaient déjà du mal à partager entre elles deux. Mais à qui s'adressait réellement le sous-entendu de l'assassin ... la réponse était évidente, mais suffisamment floue pour que les deux parties l'interprètent comme elles le désiraient. Quant à lui, il n'avait rien à se reprocher. Ramenant ses deux bras, il s'étira longuement tout en soupirant d'aise, puis il se remit en position, faisant innocemment rouler ses muscles. Et de nouveau, il offrit un regard énigmatique à Rachel, lourd de promesses, mais tout aussi perturbant que ses faux-semblants. La chaleur des bains commençait à faire rosir la peau de nacre de la délicieuse et fragile créature, ce qui n'était pas pour déplaire l'assassin. La plus délicate des tortures ...
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    Les bouffées de chaleur. Si en cet instant elle détestait une chose encore plus que les deux donzelles affamées de chair fraîches, c'était ces bouffées de chaleur. Elles la prenaient depuis le diaphragme jusqu'aux poumons, comme des picotements et une sensation de fourmillements dans les épaules et son estomac. Elle se félicita un instant de n'avoir pas mangé avant de venir, car elle sentait son estomac se tordre. La chaleur. Si jamais elle avait pu détendre Rachel, ça avait toujours été à ce prix là. Rachel détendue ressemblait plus à un fruit trop mur en sans défense. Et contre cette faiblesse, son corps se rebellait. Qu'importe, elle subirait. Non, ce qui l'énervait en cet instant étaient ces couleurs qu'elle prit avec les vapeurs. Elle rosissait légèrement, ce qui pour son teint de porcelaine était le pire des changements imaginables. Qui n'avait pas du échapper au regard perçant du brun aux yeux vrillés sur son visage de jolie poupée. A cette occasion, les yeux verts de Rachel s'allumèrent d'un vert pétillant qui ne reflétait que sa frustration et son désarroi face à ces réactions naturelles. Réactions sur lesquelles cet homme n'allait pas hésiter à sauter pour se tailler la part du lion et vaincre sur son territoire à lui. Il fallait donc le devancer.

-Merci du compliment, Rafy...

    Ironie et culot faisaient généralement bon ménage. En tout cas dans ces situations. Et elle n'y était pas confrontée tous les jours, à celle-ci.

    Chacun se trouvait à dix pas l'un de l'autre. Aussi fallait-il avouer que de sa vision périphérique, Rachel pouvait observer les deux louves affamées ainsi que... ce que masquait à peine l'eau fumante. Tentée d'y jeter un œil, elle l'était. Curieuse, certes. Et puis, avec un peu de chance, elle aurait pu s'en servir pour une pique ou deux. Mais vu le morceau qu'elle avait face à elle, face à ce tas de muscle, à ce regard provocant et sur de lui, à voir son sourire carnassier et sa tignasse d'homme viril à la Timuthée, sûr que sa virilité ne devait pas être sujette aux moqueries. On oubliait alors cette option. De toute façon, où Rachel voulait-elle donc mener cet homme ? Car un combat de regard était toujours distrayant, lorsque les piques fusent en parallèle, mais, comment savoir qui l'emportait ? Le voir craquer serait sa victoire à elle ? Ou bien le contraire serait recherché par Rafaelo ?

    La vérité était qu'elle était là pour se détendre. Qu'elle voulait oublier un peu ce quotidien qu'elle avait choisi. Or, l'amusement était un bon moyen. Se détendre et s'amuser en était un parfait. Et cette joute verbale était un excellent jeu. Aussi, souriante comme si il venait de lui faire un réel compliment, elle se pencha en avant, cambrée vers la surface ondulante de l'eau chaude. Elle n'avait jamais été une bonne parleuse. Alors elle allait agir. Elle hésita une seconde à le lâcher du regard, mais elle tint bon. Elle s'humecta les lèvres sèches à cause de la chaleur et de la tension, un peu comme lui-même l'avait fait auparavant et plongea ses mains dans l'eau, en coupe. Elle entreprit ensuite de faire glisser l'eau sur son corps en de fines gouttelettes translucides, courant de ses épaules à ses hanches, caressant sa peau laiteuse sous les yeux affamés de Rafaelo.

-J'ai vu nombres de projets déplacés dans ma vie d’errance, et je ne me souviens plus de tous. Mais les plus aberrants sont ceux de ces deux outres à semence, vides, que vous traînez à vos pattes qui m'interpellent...
"Sale petite..."
-Assise !

    L'une des deux « bonnet D » qui venait de se lever, plus bouillante de rage que l'eau dans laquelle tous trempaient, fusillait Rachel du regard comme si elle voulait la pétrifier sur place. Et en un simple mot, notre faucheuse l'avait réduite au silence, si bien qu'elle ne sut pas si elle devait se rasseoir ou se borner à rester debout, fulminant d'un rage partagée avec sa jumelle de débauche.

-N'avez-vous donc rien de mieux que deux catins à vous mettre sous la dent ?

    La deuxième s'était mise en position de riposte. Tandis que l'autre, toujours debout, exposant à la vue de tous ses attributs et arguments sans plus aucune gêne. C'était un duel, mes jolies. Alors à vous insulter, Rachel n'avait aucun remord. Et objectivement, vous n'aviez pas votre mot à dire, car ses pensées à lui ne doivent pas être si éloignées de celles de Rachel.

-Vous ne dîtes rien ? Minauda-t-elle, son geste interrompu alors qu'elle arrosait généreusement sa faible poitrine dévoilée.
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Pétillant à souhait. C'était là un défi comme il les aimait. Elle avait la verve vive et dégageait cette désagréable impression de dévisager un félin droit dans les yeux. Comme si en chaque instant, les deux prédateurs se jaugeaient, crachaient l'un et l'autre leur paroles en espérant avancer et gagner leur part de terrain. Une lutte sans merci, un jeu impitoyable. À tel point que tout ce qui semblait s'immiscer entre les deux joueurs risquait d'en prendre pour son grade. Et en plus de ça, elle osait recourir à de viles tactiques mettant à agiter devant Rafael le morceau de viande dans lequel il espérait se tailler une part. Un frisson parcourut son échine, mais nul n'aurait su dire s'il s'agissait de cette vision ou de la main de la jolie blonde qui descendait le long de son bras, le caressant du bout des ongles. Il n'y avait presque pas de désir, seul le plaisir de la chasse. Et si les deux femmes qui entouraient son corps étaient affables, elles ne présentaient pas de défi à ses yeux. Capturer une bête sans lutter n'était pas dans ses habitudes. Il aimait la difficulté, il aimait que la proie se montre habile afin qu'il puisse mettre ses compétences à l'épreuve, afin que la traque garde toujours la même saveur. Et encore une fois, elle l'appela par ce surnom qu'il abhorrait. Elle devait le sentir car il en perdait le sourire à chaque fois. C'était pareil au son d'une craie grinçant sur un tableau noir, comme le traiter en gentilhomme aussi mièvre et bedonnante qu'une dinde aux alentours des repas de famille. Il inspira longuement, tâchant de ne pas montrer à quel point il avait envie de croquer dans le fruit qui lui faisait face et de se concentrer sur les aspects du jeu. Lui qui espérait du simple bon temps, sans se préoccuper un instant des hommes qu'il devait traquer, de la mort qu'il devrait administrer, il trouvait là un plaisir insoupçonné qui dépassait le simple besoin qu'il avait de se détendre. Bien qu'il voyait une majorité de ses missions comme un jeu, ce n'était pas la même donne, ni la même récompense. C'était à la fois stimulant et irritant. Un terrain qu'il avait l'habitude d'emprunter mais pas dans les mêmes conditions. De coutume, il arrivait toujours à faire gober telle ou telle histoire, qu'elles soient incroyables ou non il arrivait en général à ses fins. Mais là, y avait-il une réelle fin à cette confrontation ?

Alors qu'il commençait à se questionner sur le sens de ce divertissement, la douce Rachel prit à nouveau la parole, tandis que l'assassin tâchait de se concentrer sur ses lèvres plutôt que sur ses mains qui se baladaient le long de son corps. Il n'était pas un de ces adolescents se contentant de mirer d'un air affamé la pièce qui leur faisait face. Relever les yeux ne lui coûtait presque pas d'efforts, si ce n'était de réfréner ses instincts de mâle. Et lorsqu'on était assassin, il était important de faire abstraction de ses émotions ou de toute autre manifestation de sa psyché. Ses épaules se raidirent alors qu'il contenait le fourmillement qui lui creusait les tripes. Peu importe que cela soit visible ou pas, il ne lâcherait pas le regard de la jeune femme. Et alors qu'il affirmait sa résolution, les paroles de Rachel firent mouche. Aussi acide et sournoise que la langue d'un serpent, elle frappa là où la faiblesse de Rafael résidait. S'il se montrait inébranlable et semblait faire fi des attaques de la jolie fleur, ses deux protégées étaient enragées. Et il suffisait d'une étincelle pour mettre le feu au poudre, une étincelle qui manquait cependant de charme. Une seconde il voulut s'opposer à ce qu'elle se lève mais l'idée de s'imposer par la force lui sembla ridicule. Du coin de l'oeil, il la vit se lever, prévisible comme elle l'était. La blonde se raidit tout autant mais ne se leva pas, non sans adresser un regard lourd de colère à Rachel. Mais alors que la situation allait tourner au règlement de compte à la féminine, la voix de l'impudente provocatrice tonna dans la salle, cinglante et sans condition. Aussi tôt, l'assassin riva sur elle un regard vidé de toute convoitise, un instant il la considéra autrement que comme un trophée. Il n'aimait pas ce ton, il n'aimait pas cette attitude. Puis il se rappela qu'il n'était que dans un bain, à affronter une bagarre de jeunes femmes. Il ne fallait pas oublier qu'elles étaient parfois bien plus dures que cela, et ce n'était pas à cause d'une quelconque tension qu'il devait la condamner. Mais l'ordre avait fusé avec une telle précision et une telle ferveur qu'il en était resté stupéfait. Rafael plissa les yeux, risquant son combat à alterner du regard entre les deux brunettes. La sienne ne s'était pas rassise, mais l'autre l'avait réduite au silence. La température montait, désirait-elle voir s'il désamorcerait la situation ? Bien qu'il eut soudain une forte envie de les voir se battre pour lui, il reconsidéra la chose quelques secondes.

"De tels mots ne devraient pas sortir d'une si jolie bouche."
répondit l'assassin, sur un ton beaucoup moins enjoué qu'auparavant.

Ses yeux pétillaient, mais sa voix ne laissaient aucun doute sur le fait qu'il désapprouvait ces dires. Non pas parce que Rachel accusait ses deux conquêtes, mais parce qu'elle mettait en doute sa compétence à trouver mieux. Mais ça, ce n'était pas si évident à comprendre. Il les avait tellement enjôlées qu'elles n'auraient pu penser ainsi. La jeune femme qui lui faisait face, par contre, c'était une autre paire de manches. Il caressa du bout des doigts le creux des reins de la brune et frôla la nuque de son autre compagne.

"J'ai sans l'ombre d'un doute manqué de manières. Si c'est là la façon que vous avez de me le faire remarquer." ironisa-t-il "Voici Bethany, charmante serveuse de l'établissement, et voici Félicia, une des plus jolies masseuses, sinon la plus belle."

Ce faisant, il désigna tour à tour la brune et la blonde, afin de montrer à son interlocutrice qu'elle ne l'aurait pas à ce petit jeu. Ne venait-il pas de dire qu'il avait trouvé ce qu'il y avait de mieux en ces lieux ? Et que, bien entendu, elles n'avaient pas vocation à courir le trottoir ? Insistant légèrement, il ramena Bethany à ses côtés, non sans qu'elle ne fusille Rachel du regard. Ses deux amies restèrent muettes à son compliment, les oreilles bourdonnant toujours de l'insulte faite par la troisième paire de ... chromosomes X leur faisant face.

"Excusez mon manquement, mes chères. Quant à vous, Rachel, quel bon vent vous amène dans de si prestigieux locaux ?"
demanda-t-il, engageant volontairement la discussion sur une nouvelle pente.

Car s'il ne désamorçait pas ainsi les choses, cela risquait fort de finir en griffures et chamailleries. Même si le spectacle serait plaisant à contempler, ce serait lui le grand perdant là dedans. Car il y perdrait massages et consommations à l'oeil. Et oui, l'ire du femme était toujours à redouter et ce quelque soit la situation. Une leçon qu'il avait durement appris durant ses premières années de jeu. Ne jamais se tromper de nom, jamais.
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    La main suspendue reprit sa course. Un peu lentement, certes, mais bien vite, notre poupée de porcelaine fut entièrement détrempée, les gouttes de la source coulant lentement sur son corps de nacre, exposées à la vue des trois autres protagonistes. Elle ne put réprimer un sourire énigmatique. Le genre de sourire banal et pourtant si cruel. Amusement, gêne, sournoiserie ou malice? Avec ces rougeurs qui gagnaient ses joues, on ne savait plus quoi en penser. Elle se plaisait et se complaisait dans cette si tenue limite entre charme et espièglerie. Évidemment, cette limite n'était destinée qu'à notre beau brun dont les vibrations de fauves commençaient à leur tour à faire tourner la pauvre tête de Rachel. Qu'importe les deux autres dindes : tout ce qu'aurait pu faire Rachel n'était pris que pour audace et atteinte personnelle à leur intégrité et honneur de femme. Aucune importance. Vraiment aucune. D'autant plus que les deux émeraudes qui sertissaient le visage fin et délicat de la jeune fille venaient d'être happées par les yeux profonds de Rafael. Une nouvelle fois. Elle en resta coi, lèvres très légèrement entrouvertes, respiration étrangement suspendue. Elle battit des cils comme son rythme cardiaque s’accélérait furieusement. Voulait-il sortir? Un prédateur. Un charme fou qui n'a vocation que d'attirer les douces proies dans ses filets. Douce petite araignée aux cheveux bruns et à la musculature attrayante. Rachel se reprit. Si bien qu'elle laissa glisser intempestivement sa langue sur ses lèvres, glissant hors de sa bouche dans un mouvement sensuel. Quitte à tomber sous le charme de cet homme qui n'était pas la moitié d'un, autant que la réciproque soit vraie. La commissure de ses lèvres s'étira lentement en un léger sourire. Mais plus suggestif fut le haussement de sourcil désinvolte qui marqua les paroles de la faucheuse. Une main fine aux doigts délicats vint même effleurer ladite bouche dans une mimique juste amèrement étonnée

-Une si jolie bouche? Vous trouvez? Ne préféreriez vous plutôt que d'autres mots... ne s'y insèrent entre ces fines lèvres?

    Quel plaisir de jouer avec les nerfs d'un mâle proche de ses pulsions et de ses deux femelles furieuses. Pourtant... Pourtant. Les paroles de Rachel n'eurent pas goût uniquement à agacer un peu plus les deux-moiselles aux bonnets D ou à asticoter un peu plus Rafael et son charisme de séducteur. Car, l'espace d'un instant, alors que les mots franchissaient ses lèvres, elle imagina ce qu'elle sous entendait. Un frisson la secoua soudainement. Sûrement pas prévu celui-ci. Les yeux fermés, elle resta immobile une seconde. Une seconde de trop. Une seconde où elle avait quitté ce regard océan. Une seconde qui devait sonner comme une victoire pour l'homme aux mots étrangers. Un beau brun qui se sait prendre l'avantage devient intenable. Et revenir au score ne risquait pas d'être une mince affaire. Alors Rachel prit sur elle. Elle s'amusait trop pour s'avouer vaincu pour si peu. Refoulant les images qui s'étaient imposées à elle, elle ouvrit les yeux, lentement, mais laissa les paupières à moitié fermées. Elle défit son chignon et rompit délibérément le contact avec les yeux de son adversaire improvisé pour refaire avec une grâce sensuelle tout ce qu'il y a de plus féminine, le nœud qui retenait ses cheveux. Longs et noirs, elle prit une petite minute où elle ne s'occupa plus de ses interlocuteurs, laissant le loisir à l'homme de caresser la croupe de ses conquêtes tout en se pourléchant les babines d'impatience. Elle, Rachel, se contentait à excès de dévoiler des parties de son corps, ses petits seins galbés, ses hanches fines, son ventre plat, le tout laissant apercevoir la musculature fine et discrète de la faucheuse aux yeux de tous. Surtout de l'homme nu avec qui elle partageait les bains. Lui et deux importunes...

-Bethany! Ton fils vient de m'escroquer 1000 Berries!
-Ton mari est là, Félicia, et il demande après toi pour un... massage... ~

    Deux importunes qui virèrent instantanément au cramoisi. Rouges. Comme des écrevisses. Des écrevisses dans un bain marie. Un bain marie qui ne les avait pas tant détendues que ça. Il leur fallut quelques secondes, à tous, pour réaliser l'importance de ces phrases. Rachel éclata d'un rire cristallin plus adorable que son jeu l'avait laissé présager. Elle partit d'un rire qui ne se calmera qu'une fois les deux pauvres filles disparues. Qu'avaient-elles bien pu inventer? Qu'avaient-elles raconté à Rafael pour qu'il les garde à ses côtés? Car, telles deux coquilles vides, elles s'extirpèrent du bain chaud et coururent jusqu'au vestiaire pour se préparer, sans même un regard pour le ring qui n'opposait maintenant plus que les deux favoris, sans même un mot doux pour celui sur lequel elles avaient des vues de charognardes. Finalement, même une fois la porte claquée, il fallut quelques secondes supplémentaires à Rachel pour calmer ses soubresauts et essuyer les larmes qui goutaient à ses paupières. Puis, malgré qu'elle ne fut pas tellement calmée, elle renoua le contact avec le beau brun mystérieux. Et la perspective d'être seuls, pour de bons, pour cette joute verbale n'était que plus enchanteresse maintenant. Ce serait à qui mieux mieux, et sans public pour les déranger. Le regard pétillant des larmes encore accrochées à ses cils ou des pensées qui la traversaient, elle se redressa et s'étira langoureusement dans ce bain chaud. Elle se décala légèrement vers lui, ostensiblement en appui sur un bras, mettant en valeur une position cambrée et une poitrine rehaussée.

-Je serai curieuse de savoir ce qu'elles avaient bien pu vous conter comme histoire. Savoir de quelle genre de salades vous vous nourrissez pour votre "quatre heures". Mais pour répondre à votre question, puisque la bienséance semble de mise. Durant mes heures de repos et mes jours de détente, je viens me prélasser auprès d'un grand et fort jeune homme ; car d'humeur généreuse, je lui offre une vue et une entrevue mémorable... Mais oserais-je vous retourner la question, Rafael?

    Le regard de Rachel se fit plus vert et plus pénétrant. Comme si toutes les barrières de la bienséance étaient tombées avec le départ des deux jumelles de débauche. Comme si elles avaient constitué le rempart, l'arbitre qui aurait contenu les attaques des deux camps. Pire, alors que notre faucheuse souriait, son regard vert s'alluma d'une lueur provocatrice. Plus que trois mètres séparaient les deux protagonistes, sûrement aussi nus l'un que l'autre, habillés des mêmes apparats. Le torse saillant du révolutionnaire face à la poitrine dégoulinante de la marine. Un secret qui resterai bien gardé des deux côtés. Rachel s'accorda même un clin d’œil aguicheur. Petite impétueuse.


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Elle savait s'y prendre pour aiguiser les appétits, il fallait lui reconnaître. Une mèche déplacée, un regard amusé. Tout cela s'enchaînait avec une telle maîtrise que l'assassin se demandait qui finirait par succomber au jeu de l'autre. Il y avait des combats bien plus impitoyables que ceux de fer et de sang. Et les dommages collatéraux y étaient nombreux. Certains racontaient que la violence était le langage des sots, mais là, ce n'était qu'une conclusion certaine. Et violence il y aurait, du moins si le terme violence impliquait quelques échauffourées. Une nouvelle fois, leur regard s'accrocha et chacun y perdit de plumes. Comment était-il possible de rester concentré sur la joute, alors qu'il était si facile de se laisser emporter par ces deux émeraudes ? Et bon Dieu, elle savait y faire en comédie. Il suivit le parcours de sa main, résista à se laisser aller à un frisson d'envie. Mais un feu certain brulait dans ses yeux, peu importait qui ou ce qu'elle était, il n'y avait qu'eux en cet instant. Et elle lui porta un estoc fatal, jouant sur les mots et l'imagination de Rafael. Un esprit de stupre dans un corps de porcelaine, intéressant. La question lui fit l'effet d'un coup dans l'estomac, certes, ils jouaient à ce jeu depuis le début, mais elle y allait fort. Il en fut presque soulagé lorsqu'elle ferma les yeux. Savourait-elle de l'avoir ainsi mis en branle, de l'avoir fait vaciller un fraction de seconde ? Mais ce qui était certain, c'était qu'elle n'était pas serveuse ou masseuse. Alors qu'il l'admirait, il en profitait pour la détailler, étudier chaque parcelle de son corps dénudé. C'était un spectacle intéressant, captivant. Plutôt que de tomber à nouveau dans le vice de son regard. L'assassin inspira longuement, se demandant quelle était cette belle inconnue, d'où venait-elle, alors qu'un instant plus tôt cela n'avait aucune importance pour lui. Mais ainsi il apaisait son coeur, le ramenait peu à peu à une allure normale. Aux premiers abords, on l'aurait prise pour une poupée, et pourtant elle était de ces femmes qui aimaient se faire passer pour de fragiles petites choses, mais qui n'en étaient pas. De ces femmes qui prenaient un malin plaisir pour briser les pauvres hères qui tombaient dans les mailles dans leurs filets. Il le sentait, il le voyait. Elle se jouait de lui, l'asticotait et l'appâtait. Et sans cesse, il répondait suivant le même jeu. Mais il jouait sur un autre terrain car il avait déjà conquis une partie des pions de la partie. Alors qu'elle ne faisait que montrer à quel point ses conquêtes à lui étaient mal assorties. Alors il se décida à porter le coup fatal, à s'amuser de voir jusqu'où elle irait. Rafael commença à se relever lentement, lorsque ses plans volèrent en éclat.

Diantre, tout perdre d'un coup, c'était dur. Enfin, tout, restait seulement sa 'proie'. Elle éclata de rire, plantant une flèche mesquine dans le piètre tableau que faisait l'assassin. Il les contempla sortir du bain, s'exhiber et se prendre de remords puis s'enfuir loin de leur regard. Un frisson de colère parcourut l'échine de Rafael, qui détourna la tête du tableau que formaient les deux ingénues se pressant hors de la salle. Et lorsqu'elles claquèrent la porte, il offrait déjà un regard libre de toute humiliation à Rachel. Elle en riait encore, la garce, de ce mauvais coup du sort ! Fort heureusement, elle n'avait pu voir la moue assassine qui s'était emparé de lui quelques secondes. Après tout, n'avait-il pas souhaité se retrouver avec elle, seule ? Il éluda autant qu'il put cette défaite, se concentrant sur le combat qui allait se dresser par la suite. Il perçut son léger mouvement vers lui lorsqu'elle s'arrêta de hoqueter péniblement. Il ne souffrait pas que l'on se moque de lui, ou alors en de très rares occasions. Elle s'étira et se cambra. Il n'en fallut pas plus à l'assassin pour oublier ses deux précédentes conquêtes et se focaliser sur la mante religieuse qui se prélassait dans les bains. Un léger sourire s'épancha sur ses traits, alors qu'elle qualifiait les deux femmes de 'quatre heures'. Ainsi, c'était comme ça qu'elle le voyait ? Amusant. Elle l'avait en un sens percé à jour, mais se doutait-elle qu'il avait une idée plus ou moins similaire à son égard. Et à nouveau, le feu embrasa son regard. Un feu océan et vaniteux, qui ne souffrait pas de comparaison. Il en sourit à pleines dents. Elle le gourmandait outrageusement, et c'était délectable. Etait-il homme à l'égo si émancipé qu'il le prenait comme tel ? Certainement. Elle choisissait bien ses mots, la belle. Le départ des deux autres n'avait que relancé le débat de plus belle, et fait céder bien des barrières. Parlaient-ils à présent sans demi-mesures ? Loin de là, c'était une nouvelle étape dans leur affrontement. Et c'était lorsque tout semblait gagné que les chances de perdre étaient maximales. Et la défaite était exclue.

" Salades ? Voyons, il est évident que je suis carnivore, bellissima. Et pourquoi faudrait-il une excuse pour se baigner avec moi ? Vous n'en avez aucune, vous ..." répondit-il, s'avançant légèrement vers Rachel, un léger sourire amusé sur le bord des lèvres.

"Quant à moi, je viens prendre un repos mérité après de longues heures de dur labeur ... aux cotés d'une charmante créature, et je tente de rivaliser avec ses offrandes ..."
continua-t-il, toujours aussi charmeur.

Ils n'étaient à présent plus séparés que par une vingtaine de centimètres, mais il était trop tôt pour céder. Il planta ses yeux dans les siens et répondit à son clin d'œil par un sourire prédateur. A chaque seconde qui passait, ils se rapprochaient un peu plus l'un de l'autre, alors que la tension n'en finissait pas de monter. Son souffle s'accélérait, et son sang affluait à vitesse croissante. Jamais chasse n'avait été aussi délectable ...

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    Quelle drôle d'idée tout de même.
    Venue en ce lieu, seule, pour s'y prélasser et se débarrasser de toutes les tensions accumulées durant les derniers moments qu'elle avait passée à la chasse aux pirates. Des souvenirs de Alucard et d'un navire de révolutionnaires remontèrent et elle les chassa. Mais en soi, se prélasser, loin de tout tracas, n'avait pas été chose répréhensible, loin de là, mais comment avait-elle pu en arriver à ce point, à rivaliser d'audace et d'impétuosité face à une homme face à qui elle était sûre de perdre. Il n'y avait pas que la chaleur qui faisait fondre. Ce beau Rafael était une entité bouillonnante qui laissait Rachel frémissante. Comme l'eau dans laquelle tous deux baignaient depuis une petite dizaine de minutes. Elle avait beau dire. Elle avait beau faire. Mais tout ça n'était qu'une façade pour masquer la torsion qui avait saisi son ventre depuis quelques minutes déjà. Un peu avant que les deux filles s'en aillent, lorsqu'il avait entreprit de se relever pour se dévoiler entièrement, elle avait cru que son cœur tombait du haut d'une falaise et s'il n'y avait pas eu le départ des spectatrices avides, elle aurait sombré aussi sûrement qu'un navire sans quille. Et depuis, elle ne savait plus ce qui l'attendait au bout du chemin qu'ils s'étaient tracés. Et puis il fallait avouer que le sentier avait beau être sinueux et sombre, le regard océan, profond, de Rafael était un phare, un feu-follet qui la guidait. Alors oui, elle se laissait conduire sans opposer plus de résistance que celle de la provocation.

-Vous seriez donc du genre à dévorer tout cru la première jeune fille qui vous fait de l’œil, si je comprends bien. Peut-être qu'entre prédateurs, on pourrait s'entendre. Puisque mes offrandes ne font que pâle figure comparées à vos arguments... poignants.

    Elle parlait, pouvait dire ce qu'elle voulait, mais elle ne pouvait plus masquer son regard. Les yeux sont le miroir de l'âme, dit-on. Alors, à cette distance, comme elle pouvait voir ce qui animait le beau brun, lui-même devait pouvoir déceler le trouble dans lequel elle était plongée. Une eau plus chaude que celle dans laquelle elle baignait. Chauffée par des flammes plus ardentes. Une flamme à la silhouette d'un gaillard solidement bâti. Et si lui avait une respiration étrangement rapide, celle de Rachel était quasiment inexistante. Elle n'arrivait plus à trouver l'oxygène nécessaire à respirer. Indispensable pour réfléchir. Seules quelques images fugaces faisaient acte de pensées. Des images qui n'étaient autre que signes de dépravation pour d'autres ; de luxure. Et elle eut de la chance que les bains et ses vapeurs la fasse paraître si pâle et luisante de sueur, car il n'était pas exclu que la chaleur ne fusse pas le seul responsable de son état. Il suffisait pour ça de voir ses lèvres entrouvertes, de remarquer son regard rivé sur celles de l'homme maintenant si proche d'elle et d'écouter sa respiration saccadée, hésitante, haletante. Par réflexe, elle vint raccrocher une mèche de cheveux derrière son oreille de sa main libre, dévoilant une nouvelle fois une maigre poitrine rehaussée par sa position extrêmement cambrée. Mais ses doigts ne se rétractèrent pas vers elle. Ils franchirent le no man's land qui les séparait encore.

    Elle venait de perdre le bras de fer... et alors ?

    En espérant que les personnes dérangées ne fussent pas trop élevé...
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