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[FB 1623] Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort.

"Une bouteille d'eau. Deux mêmes !"

....

"Et deux bouteilles d'eau pour monsieur !"

Aahhh. Rien d'meilleur qu'une bonne grosse gorgée d'eau fraiche. Cette traversée a été tellement épuisante. J'ai bien failli n'pas voir cette magnifique ville. L'Capitaine a voulu faire escale sur cette île. J'aurai bien voulu aller sur Grand Line directement mais j'ai pas osé lever la voix. Et comme j'allais pas rester sur l'Ecume car le bateau ça m'soule légèrement, j'ai décidé d'venir faire un tour dans le coin. Idée qui s'est révélée être pas si cool que ça au final. Pourquoi ? Traverse le désert tout seul, avec une et une seule gourde et tu comprendras. J'ai vécu l'enfer pendant plus de trois heures. Mais c'est d'l'histoire ancienne. Maintenant j'suis ici, j'suis bien, j'me repose, j'vais aller admirer le quartier, pépère. L'Capitaine et Jack sont partis les premiers. J'les ai croisé nulle part. Que ça soit dans le désert ou en ville. Faut dire que j'dois être plus lent qu'eux, beaucoup plus lent. Et j'ai pas vraiment chercher à les r'trouver dans cette grande cité. J'suis rentré dans le premier bar venu, histoire de pas se déshydrater. Histoire de boire un bon coup.

Il m'tarde quand même de visiter ce magnifique lieu. Y'a pas à dire, de c'que j'ai déjà vu, l'endroit est somptueux. L'architecture est à des années lumières de c'que j'ai pu voir auparavant. Même cette taverne perdue où crèche deux pelés et trois tondus a d'la gueule. 'La Serpe d'Or'. Rien qu'le nom te donne envie de rentrer. Autre chose que les bars de Las Camp, ça c'est sûr. Ca fait du bien de prendre un peu de recul, d'se retrouver un peu tout seul. Pas qu'l'équipage me les brise mais des fois, il faut souffler un bon coup et prendre ses distances. Pour mieux s'retrouver après. De plus, ces p'tits combats sur l'Archip m'ont fait réfléchir. Les scalpels et seringues c'est bien, mais c'est pas top. J'veux dire par là que l'Capitaine à son sabre, Jack ses poings, Walt sa masse, Micha ses poêles, ... Et moi j'me contente de truc de blaireaux. Faut qu'ça change, faut qu'je m'trouve un truc qui pète, un truc rien qu'à moi. Et comme y'a une belle armurerie à c'qu'on dit, j'pourrais surement trouver mon bonheur.

Je regarde le mur et m'demande quelle arme avoir pour être au maximum de la classe. Un sabre ? Trop classique. Une lance ? Trop long. Une masse ? Trop Walt. Mes poings ? Trop naze ... A c'train là, j'vais r'partir avec mon matériel de doc. Pfff. Je sais pas quoi prendre. Faut dire que l'cerveau est un peu en surchauffe aussi. 'Réfléchis trop l'Bishop, i'réflechis trop. La meilleure solution, c'est d'aller dans cette boutique, demander conseil au patron, voir la marchandise et le tour est joué. L'inconvénient c'est que j'vais devoir acheter l'arme. C'est du fric dépensé dans le vent. La piquer ? Pas sûr que le gérant me laisse faire. Et un gars qui tient une boutique d'armes doit s'y connaitre en matière de combat. Arghh, vraiment pas envie de donner la moitié d'ma bourse juste pour me démarquer. Juste prends ton temps, pense plus à rien, laisse l'horloge tourner un peu et détends-toi.

Deux secondes plus tard, la porte s'ouvre, la cloche retentit et deux types rentrent. Deux piliers de comptoir à première vue.

"Bienvenu à la Serpe d'Or messieurs."

Bienvenu à la Serpe d'Or. Serpe d'Or. Serpe. Serpe. Serpe ... J'me demande parfois comment j'réfléchis. J'ai la solution à mon problème, qu'est juste devant moi et j'suis même pas capable de la voir. Une serpe, arme à mi-chemin entre une faux et un couteau. Idéal. J'imagine déjà tout c'que j'vais pouvoir faire avec un tel truc en ma possession. Faire rentrer la lame dans le bide d'un gars, bien profond, relever un peu l'manche et déballer les tripes d'la victime. Ca l'tuera pas tout de suite et il aura l'temps d'voir à quoi il ressemble de l'intérieur. J'matte les alentours, histoire de voir quelle serpe serait la meilleure, l'idéale. Certaines sont vieilles, d'autres ont la lame trop peu courbées, d'autres encore semblent être aussi aiguisées qu'un manche à balai. Et soudain, mon regard s'arrête. Manche en bois, courbe parfaite, fine extrémité, taille moyenne, lame brillante. Ca sera celle-là et pas une autre. J'me lève et m'dirige vers la perle. Elle est à moi maintenant. My precious. Je pose ma main sur le manche et sens une puissance se dégager de l'arme. Elle est faite pour moi, je suis faite pour elle. Je m'en saisis et la décroche du mur. Car ouais, elle faisait parti de la déco. Elle était pas à sa place, je suis venu la délivrer. Je la brandis et la contemple, de nouveau.

"Monsieur ?"

Le patron d'l'établissement se demande ce qu'il se passe. J'vais t'le dire mon grand. J'vais plutôt t'le faire comprendre en fait. Le poing fermement serré sur le manche, il est temps de lui montrer la colère de cette serpe. J'approche du bar. Lentement. Mais surement. Le gars pose sa main sur le comptoir, les doigts bien écartés. Une putain d'bague sur le majeur. Une chevalière en or.

"Pouvez-vous reposer ça je vous prie ?"

"Bien sûr !"

Lame vers le bas, je pose la serpe sur le comptoir. Enfin, pas exactement. Je plante la serpe dans le comptoir. Enfin ... Je la plante. Mais dans les doigts d'ce gars. Index, majeur et annulaire sectionnés. Un cri retentit. En même temps mon gars, fallait s'douter qu'y'avait un truc qui clochait. Sa voix m'énerve, j'vais d'voir lui clouer l'bec. Lame vers le haut. Et on remonte ! J'le griffe du torse au gosier et l'extrémité d'la serpe vient percer la peau en dessous du menton. J'redresse le manche et voit la lame qui sort à présent de la bouche de l'homme. Je tire un peu et avance ma tête. Un bon coup de boule et le voila avec la mandibule coupée en deux. L'a toujours pas fini d'gueuler. Et comme j'veux pas nécessairement m'faire m'prendre, faut lui ôter la vie. Triste. J'voulais encore m'amuser avec lui. Pas le choix. Coup de gauche à droite, découpe de la carotide, fontaine de sang, la victime s'écroule. Pendant c'temps là, personne a bougé. Les deux ivrognes s'demandent si leur cerveau leur joue des tours, le vieux assis là-bas est à la limite d'la crise cardiaque, la famille d'trois personnes tremblent de partout et l'père se dresse, en quelque sorte, entre moi et eux. Comme si t'allais m'arrêter. Plouc va. Et les deux jeunes hommes dans le coin du bar qui se collent l'un à l'autre. Peureux. Et tantouze en prime. Peureuses alors.

Et là c'est le doute, l'hésitation. L'hésitation entre sortir et faire comme s'il c'était rien passer. Ou perpétuer l'massacre. Allons mon brave, toi et moi on sait bien s'qu'i va s'passer. J'me déplace donc vers la porte. L'atmosphère qu'était tendue s'détend un peu. La porte étant transparente, j'jette un œil rapidos. Personne à l'horizon. Personne pour v'nir me faire chier. Bon ça. J'prend l'écriteau closed/open et l'retourne. L'bistrot est fermé à présent. Demi-tour, histoire de faire face à mes victimes. Futures victimes pardon. L'atmosphère détendue s'retend. Finalement, j'prends du bon temps ici.
    Les huit personnes restantes tirent tous la tronche. J'aime voir ces visages effrayés, ça m'donne la pêche, la patate et la banane. Par qui commencer ? Telle est la question. J'ai bien envie d'voir si le cœur du vieux tiendra encore longtemps. Donc pas lui. Les deux soulards pour après car c'est pas marrant des types comme ça. Plus beaucoup l'choix. On débutera donc par les folles. Je pointe l'arme dans leur direction.

    "Amenez-vous."

    La mère cache les yeux et les oreilles de son enfants. Les ivrognes continuent d'boire. Sérieux les gars, votre vie est si bad que ça à s'en foutre de la mort ? Et les deux désignés bougent pas. Vont pas m'faire répéter quand même ? Ah, l'un des deux bouge son cul. Sa face a quelque peu changée. 'Dirait qu'il a pris confiance en lui l'petit bonhomme. Toujours était un héros dans l'âme j'parie ? Le v'la qu'avance. Mieux, il court. Et il essaye d'me mettre une prune du droit. Trop classique mon grand. Un coup comme ça marchera pas sur moi. Surtout qu'Jacky m'a montré qu'c'était l'coup le plus facile à esquiver. Alors j'me baisse tranquillement. Contre-attaque maintenant. Je plante la lame dans le coude droit. Une fois l'arme bien entrée dans la chaire, j'tire bien fort et fais un tour sur moi-même. C'qui fait qu'le gars suit l'mouvement et une fois que j'stoppe le mien, son bras se délivre de ma serpe, et l'type s'en va embrasser un bout de table. L'homme appelle sa mère, appelle Dieu. Désolé, j'pense pas qu'il y en ait un des deux qui va t'répondre. Il s'retourne vers moi et me supplie d'arrêter, d'le laisser en vie. Deux coups brefs, rapides, bien placés et monsieur se retrouve aveugle. Ah, t'inquiète pas va, j'vais pas te tuer. J'ai juste des envies de faire souffrir, pas pareil.

    Phase deux, done. L'prochain sera un soulard finalement. Y'a qu'les cons qui changent pas d'avis. Je viens l'buveur, j'viens. Faudrait bien le foutre par terre tiens. Un coup de pied dans le pied du tabouret et le voila à mes pieds. J'm'empare de sa bouteille, boit une gorgée et lui recrache tout à la gueule. Il s'frotte les yeux et beugle un truc incompréhensible. L'ivrogne s'la joue australopithèque. Tant qu'y'a la bouche bien ouverte, faut saisir l'occasion Bishop. J'lui attrape sa langue et lui coupe bien net. Comme ça au moins, t'auras plus le goût des conneries qu'tu bois. Tout s'enchaine rapidement, comme si rien pouvait arrêter ma folie, comme si le plan se déroulait à merveille. Alors qu'y'a pas de plan.

    J'sais pas pourquoi mais ça m'est v'nu d'un coup, comme par magie. J'me suis dit tiens, pourquoi pas utiliser une sorte de thème, une logique dans c'que j'fais. L'essence même d'un scientifique. L'essence, les sens, 'doit surement être pour ça que la pièce est tombée direct. L'ordre m'importe peu à présent, j'prends c'lui qui vient. L'autre alcoolique en l'occurrence. J'tiens la serpe à l'envers maintenant. C't'à dire que le début d'la lame est à coté d'mon petit doigt et qu'le bout du manche est entre mon pouce et mon index. Une première droite dans son nez, une deuxième, une première gauche dans ses narines, une deuxième, et ainsi d'suite. Jusqu'à qu'il l'est complètement anéanti. Afin que les merveilleuses effluves de parfum ne puissent plus atteindre ses sinus. Déjà trois d'fait sur cinq, que l'temps passe vite. Et j'me lasse. Si ça t'nais qu'à moi, j'arrêterai. Mais on n'peut pas ne pas terminer une œuvre entamée enfin.

    Alors on passe au suivant. Ca s'ra encore plus expéditif que pour les autres. J'attrape le deuxième jeune homme, le pote de l'aveugle, par les tifs et lui tranche l'oreille gauche, puis la droite. Et j'le balance. Reste plus qu'la famille. La mère est terrorisée, le père est terrorisé, l'enfant est p'tet encore un peu jeune pour comprendre c'qu'i s'passe vraiment dans ce bar mais qui sait, y'en a qui disent qu'à pas plus intelligent qu'un gosse pour comprendre les choses. Le père tient à prendre ses responsabilité d'protecteur. Crois-moi, t'auras pas à l'faire.

    "Désolé vieux, mais le toucher c'est trop d'boulot. Une autre fois peut-être ?"

    J'aurais pu t'couper la main car après tout, c'est c'qui représente ce dernier sens mais la vérité c'est qu'c'est la peau qui permet l'toucher. Et j'me vois pas te dépiauter. Beaucoup beaucoup trop long comme job.

    "Bon allez, bonne journée !"

    Et c'est sur ce sentiment d'inachevé que j'men vais rejoindre l'extérieur. Mais avant, j'fais un détour par le bar. Car si toi tu l'as oubliée, moi pas. Cette chevalière en or m'est restée gravée. Un peu comme cette serpe d'ailleurs. J'voulais d'jà m'faire un bijou d'la sorte avec les pépites trouvées sur l'Archipel mais l'Capitaine a réquisitionné trop d'or pour ça. Normal, faut bien renflouer les caisses du navire. J'la passe autour d'mon index. Magnifico. Avec ça, les donzelles vont tomber folle de moi. Uhuh. Enfin je sors, car b'soin d'prendre un bon bol d'air frais. Et puis j'y repense. Putain Bishop, t'aurais du penser à la peau en premier ! T'aurais bien vu qu'c'était pas possible. Toute la logique de merde que t'as essayé d'mettre dans ces atrocités est partie en fumée. Ca a plus aucun sens. Uhuh. Notez le jeu d'mot un peu déplacé envers ces pauvres personnes. J'me dis aussi que tout est allez très vite, trop vite. J'ai pas eu l'temps d'apprécier le moment. J'ai pas fait gaffe à c'que pouvait faire les survivants. J'ai pas r'garder la peur dans leur yeux. J'ai senti que trop peu l'adrénaline monter en moi. Le challenge était pas suffisant sans doute. Envie d'se battre contre quelqu'un d'fort, quelqu'un qui en vaut la peine. Un combat sans merci et sans relâche ou chaque coup donné est un coup rendu. Saigneur Bishop, t'es dev'nu un putain d'pirate.

    Et tout en m'baladant, j'me dis que j'dois pas être normal, qu'i doit y'avoir un truc qu'a pété durant c'recrutement chez les Saigneurs. Et qu'le fait de côtoyer des malades comme Jack, Noah et L'Capitaine ou des gens bizarres comme Maya, Walt et Oz doit pas aider non plus. Un gars banal aurait tuer personne et s'rait parti acheter du pain au lieu d'une arme. Un gars totalement barré aurait tuer tout le monde et p'tet même plus encore. Et puis y'a moi, qui bute la moitié des gens présents et qui s'en va finalement voir la marchandise de l'armurerie. Je sais, j'suis un type chelou. J'pense pas trouver mieux qu'la serpe car franchement, elle est jette. Mais p'tet qu'y'aura un truc supplémentaire qui m'plaira. Puis façon j'ai l'temps. S'faire chier ici ou sur le bateau, c'est le même ...