Suna-Land, encore et toujours... A force de mes alentours entre les différentes mers, je commence à trouver que le Sud n'est pas un si bel endroit. Pour moi, rien ne vaut le Nord.
Mais alors, pourquoi est-ce que je me sens irrémédiablement attiré vers cette île ? Si je m'écoutais, je poserais mes valises dans North-Blue et continuerai mon initiation là-bas. Mais je sens que si je le fais, je vais passer à côté de quelque chose.
J'ai compris depuis quelques temps qu'il s'agit de Cassandre, ma seule amie, resté ici, à South-Blue. Je me dois de la retrouver avant un quelconque changement de mer. Je lui ai fait une promesse, et pour rien au monde, je ne la briserai.
Ma petite embarcation à voile approche des côtes. Je vois au loin les nombreux toboggans et les grandes structures de loisirs installées de ce côté de l'île. Je contourne cette masse par l'Est : ce n'est pas de ce côté que je veux arriver.
Le versant opposé de l'île m'apparait au bout de trois-quarts d'heure de navigation. Ce flanc là est recouvert de montagne, et on peut apercevoir une étrange structure en forme de palais miniature : un monastère, que j'avais aperçu à l'un de mes premiers passages sur l'île.
Qu'est-ce qu'un monastère fait donc sur une île comme Suna-Land, capitale de l'amusement, lieu tout sauf humble ? Et bien il faut savoir que la bâtisse a été construite bien avant l'arrivée des toboggans de Végapunk, et que les moines n'ont nulle part ailleurs où aller : ils sont les derniers représentants d'une obscure branche du christianisme, prônant une maîtrise parfaite des arts martiaux afin de pouvoir défendre les pauvres et les faibles. Des mecs plutôt cool en somme, mais auxquelles il faut éviter de se frotter.
J'avais prévu de faire une pause de quelques semaines dans ce lieu de calme et de paix. Après tout les évènements que j'avais vécu, il était temps pour moi de faire une pause. J'avais libéré affronté un Marine gradé, libéré une île de la Mafia, combattu un maréchal et un Marine d'élite, survécu à un duel avec un cyborg, escaladé l'arbre Torino, mon corps me suppliait d'arrêter de mettre ma vie en péril, du moins pendant quelque temps. Et vu mon état de fatigue assez avancé, j'étais très enclin à l'écouter.
Mon navire touche enfin la terre ferme. A l'aide d'une corde, je l'attache à un rocher afin qu'il ne parte pas à la dérive. J'entame alors ma marche vers le Monastère..._____________________________
Depuis la montagne, deux moines en robe rouge cramoisi observe la petite embarcation qui fait voile en leur direction. L'un des deux hommes semblent très âgé : son visages ressemble à un champs aprs le passage des bœufs, pleins de sillons. Quelques mèches de cheveux gris dépassent encore de son crâne ridé. L'autre moine est, quant à lui, beaucoup plus jeune : on lui donne tout juste une vingtaine d'année. Ses cheveux blonds retombent en cascade sur ses épaules.
Le cadet se retourne vers le vieil homme :
-Vous êtes certains qu'il s'agit de lui, père Brahms ?
-Il semblerait... Je sens émaner de lui une grande pureté. Nous serons fixés lorsque nous le verrons bien...
Les deux hommes continuèrent d'attendre. Au loin, la barque à voile faisait les dernières manœuvres pour un accostage correct. Une fois que le bateau entra en contact avec le sol, un jeune garçon aux cheveux blancs en descendit. Le père Brahms reprit la parole :
-Pas le moindre doute, mon fils, c'est bien lui. Retourner au monastère prévenir vos frères que celui que nous attendions est arrivé.
-Et vous, père Brahms, qu'allez vous faire ?
-Moi ? Je m'en vais l'accueillir comme il se doit..._____________________________
J'étais maintenant à une petite vingtaine de mètres des portes du monastère. Devant celle ci se tenait un vieil homme en robe rouge. Alors que je m'approchais, il me salua de la main et me dis :
-Bienvenue dans l'humble monastère de l'île de Suna, mon fils. Je suis le père Brahms, l'abbé de ces lieux. Puis-je connaître les raisons de votre venue ?
Et ben... C'était ça un moine combattant ? J'étais un peu déçu... Je m'attendais quand même à un mec plutôt balèze, même vieux. Là, j'avais en face de moi un vieillard courbé par les ans.
Je lui réponds sur le ton le plus cérémonieux et le plus poli qu'il me soit possible d'adopter :
-Je suis venu ici dans le but de me reposer de mes nombreuses aventures. Aussi, je viens vous demander l'hospitalité pour un certain temps, mon père.
Le vieillard se retourne vers la porte, ouvre une espèce de trappe coulissante et chuchote quelques mots au portier. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre, et le père Brahms m'invite à le suivre à l'intérieur du monastère.
-Si vous voulez bien me suivre, mon jeune ami...
Je lui emboîte le pas. J'arrive dans une cour magnifique, entouré de couloirs extérieurs qui donnent sur des artères permettant de s'enfoncer plus profondément dans le monastère. Le lieu est immense : je pense qu'une centaine d'hommes pouvait prendre place en cet endroit sans être incommodé par le manque de place.
La cour est complétement herbue. Des moines qui s'entraînent au combat en suivant les mouvements que leur indique un autre religieux, face à eux. Ils doivent être tout au plus une vingtaine...
Je sens que le père Brahms est bizarre : il ne me quitte pas des yeux, comme si il avait peur que je disparaisse. Un comportement étrange qui me mets mal à l'aise.
Nous pénétrons dans un couloir sombre éclairé par quelques lanternes. Sur les murs, je peux voir des fresques représentant des épisodes bibliques. Sauf à un endroit. A la place, se trouve une étrange inscription :Lorsque les temps seront sombres
Et que l'équilibre de la foi sera menacé
Un jeune garçon sortira de l'ombre
Et se déclarera maître de la légendaire épée
Le bras armé, son esprit pur recouvert
D'un nouveau voile de pureté
Il ira porter l'épée au quatre coins du monde
Et portera ainsi, avec lui, la volonté du Seigneur.
Nous ressortons finalement sur une réplique miniature de la cour principale. Mais les couloirs extérieurs, cette fois, ne mènent pas sur d'autres couloirs : ceux-ci donne directement sur des portes. Le père Brahms m'informe :
-Voici les chambres que nous mettons à disposition des étrangers qui voudraient séjourner parmi nous. Choisissez quel sera la votre et mettez-vous à l'aise. J'enverrai un moine vous prévenir lorsque le repas sera servi. En attendant, reposez-vous bien.
Le vieillard s'incline légèrement et commence à rebrousser chemin. Il s’interrompt et se retourne vers moi :
-Au fait, quel est votre nom ?
-Yukisame. Yukisame Pandora.
Le religieux hoche la tête repart de là où il est venu. Je me dirige vers la chambre la plus éloignée du couloir et ouvre la porte.
L'intérieur est très sobre : des meubles en chênes et des murs en pierres. Une table, un lit, une commode et un fauteuil (qui n'est, lui, pas en chêne) constitue le seul mobilier. La fenêtre apporte la lumière de l'extérieur et donne une vue sur les montagnes.
Je pose les quelques bagages qui me reste, range mes habits dans la commode et me jette sur le matelas du lit : voilà longtemps que je n'ai pas dormi dans une chambre digne de ce nom !
Je regarde le plafond gris et repense au comportement du père Brahms : qu'avais-je de si particulier pour qu'il s'intéresse à moi de telle manière ?_____________________________
Le père Brahms est troublé... Il a ressenti une chose étrange chez les jeune garçon : une tâche d'une grande noirceur souille sa pureté...
Il va retrouver Pierre, le jeune moine qui l'a accompagné à l'extérieur tout à l'heure. Celui-ci est, comme à son habitude, fourré dans la bibliothèque. Il sort le nez de son livre et voit le trouble qui habite le cœur de l'abbé.
-Qu'y a t-il donc, mon père ? Un problème avec le garçon ?
-En effet, mon fils... J'ai cru tout à l'heure qu'il s'agissait d'une âme pure par excellence. Or, il s'avère qu'il possède aussi une grande part de ténèbres. Très enfouie, certes, mais elle est bien présente, et forte.
Le jeune moine est pensif : le garçon lui paraissait à lui aussi parfaitement correspondre.
-Je pense que ce garçon n'est pas celui que nous attendions, est le temps presse. Je crois que tout ne soit perdu...
-Mon père, je pense au plus profond de moi que ce garçon est celui que nous cherchons. Je vais vous proposer quelque chose : nous allons garder ce jeune homme avec nous quelques jours et continuer de l'examiner. Si, au bout de cinq jours, nous ne sommes pas fixés, nous lui ferons passer le test de l'épée par un moyen détourné.
-Tu sais que mettre le Poing de Dieu entre des mains mauvaises pourrait avoir de terribles conséquences ?
-Je le sais bien...
Le regard de Pierre se perd au loin...
-Mais je suis certain que nous ne courons aucun risque.
Dernière édition par Yukisame le Dim 26 Fév 2012 - 17:13, édité 1 fois