Le Baratie, un jour forcément glorieux.
Rien de tel qu’un bon festin pour se remettre en forme après avoir fait un pied de nez pareil à la Passeuse. Assis à ma table je me tâte toutes les coutures mentalement. Un mois. Il m’aura fallu un mois pour me remettre sur pattes après cette rencontre au sommet avec le sieur Red. Un mois à ne rien faire d’autre que boire et manger les préparations de Sar la dévouée. Elle mériterait une médaille, la petite. Au lieu de ça, elle doit avoir quelques millions sur la tête maintenant. Hum. La vie est une chienne. Et elle c’est une brave fille. Enfin personne ne la trouvera là où elle est maintenant.
Personne n’a bougé quand je suis entré. La barbe de trois centimètres y est peut-être pour quelque chose. Les poils. Ca vous change un homme ces petites bêtes-là. La prochaine fois je me raserai. On verra bien la différence. En attendant, donc, manger. Manger un repas d’ogre. Et attendre qu’on le prépare. Ca s’agite en cuisine. Et en sirotant l’apéritif je regarde la manchette du Mondial que j’ai chopé sur le trajet jusqu’ici. Ca m’arrache un soupir du nez. Ironique, le journaleux rédacteur ?
La une, à côté de ma trogne dans la colonne "Sensations du moment" : "Rétrospective, une vie après la Marine ?" J’admire le timing. Sous l’appât en gras majuscule police trente-huit, suit tout un laïus sur comment se sont reconvertis les vieux grigous de l’EMM qui, à la différence du vieux Céldèborde, ont préféré se retirer dignement avant de devenir incontinents. Ou d’être troués par un Cipher Pol un peu méfiant. Ou de gagner leurs galons de traître à la patrie en se découvrant une conscience à soixante-dix balais plus ou moins tassés et en partant sur les doux sentiers de la révolte pour s’occuper un peu avant la mort. Certains sont devenus conseillers, d’autres ont disparu de la circulation, certains se sont même faits enseignants. Tout dépend un peu du grade de sortie si je lis bien. Je lis vite.
Du montant de la pension.
La livre de vachoratops maison ? C’est pour vous monsieur ? Saignante, c’est bien ça ?
C’est bien ça, c’est bien pour moi bichonne. Donne à Papa. Papa a faim.
Les deux autres arrivent tout de suite monsieur.
J’attaque. Une livre, c’est un centième de quintal. Un centième de quintal, c’est peu. L’ennemi capitule vite. Une bouchée, deux bouchées, trois bouchées et c’est fini. L’assiette est transformée en vrai champ de bataille. Du sang, du poivre, des herbes partout. Bave aux lèvres, j’attends le service suivant comme un soldat qui réussit à sortir vivant d’une charge attend la suivante. L’adrénaline. Le goût de la viande. Les papilles déflorées, la langue orgasmée. C’était bon. J’en reveux.
Voilà monsieur, avec les compliments du chef.
Le chef est un chic type bichonne. Tu lui diras bravo de ma part.
Et un cadeau de la dame là-bas.
Hein ?
Hm, ça aussi j’en veux ma mignonne. Mazette. Des rousses, j’en ai connu déjà. C’est une couleur pas si fréquente que ça mais qui se remarque. Le feu. En tête de liste, Céléno. Evidemment Céléno. Mais la Harpie est hors-jeu. Au-delà d’une femme, c’est La Captain. Après, il y a les autres. Toutes les autres. Les anonymes. Mais elle. Sorties des tentures sous lesquelles elle s’abritait, elle, elle n’a pas une tête d’anonyme. Elle, elle a une tête à avoir un nom très classe. Une voix chaude et envoûtante. Une démarche féline et caresse. Des aptitudes exquises. A prendre la première place de la liste des rousses du monde. Une femme complète. Epanouie. Qui sait où elle va. Où elle ira.
Où elle va, pour l’instant, c’est ma table. Ses mires d’or tiennent le vert des miennes. Bottes longues, cape, renforts en cuir et reste en coton. Marron, rouge et bleu. Aventurière qui veut se montrer. Qui sait se montrer. J’avais raison sur la démarche et la voix. Sur la détermination aussi. Elle me plaît, dis.
Colonel Tahgel, je dois vous tuer.
Prévisible. Mais avant ça, vous me joignez dans la dégustation de ce vin que vous m’offrez ?
J’y comptais bien, Colonel.
Bichonne ? Un verre supplémentaire pour Miss…
Agent Viper. Enchantée, Colonel.
Appelle-moi Tahar, chérie, tu sais bien que je n’ai plus rien d’un colonel. Une relation de l’agent Red ?
Non non. Je suis d’une autre unité.
Rien de tel qu’un bon festin pour se remettre en forme après avoir fait un pied de nez pareil à la Passeuse. Assis à ma table je me tâte toutes les coutures mentalement. Un mois. Il m’aura fallu un mois pour me remettre sur pattes après cette rencontre au sommet avec le sieur Red. Un mois à ne rien faire d’autre que boire et manger les préparations de Sar la dévouée. Elle mériterait une médaille, la petite. Au lieu de ça, elle doit avoir quelques millions sur la tête maintenant. Hum. La vie est une chienne. Et elle c’est une brave fille. Enfin personne ne la trouvera là où elle est maintenant.
Personne n’a bougé quand je suis entré. La barbe de trois centimètres y est peut-être pour quelque chose. Les poils. Ca vous change un homme ces petites bêtes-là. La prochaine fois je me raserai. On verra bien la différence. En attendant, donc, manger. Manger un repas d’ogre. Et attendre qu’on le prépare. Ca s’agite en cuisine. Et en sirotant l’apéritif je regarde la manchette du Mondial que j’ai chopé sur le trajet jusqu’ici. Ca m’arrache un soupir du nez. Ironique, le journaleux rédacteur ?
La une, à côté de ma trogne dans la colonne "Sensations du moment" : "Rétrospective, une vie après la Marine ?" J’admire le timing. Sous l’appât en gras majuscule police trente-huit, suit tout un laïus sur comment se sont reconvertis les vieux grigous de l’EMM qui, à la différence du vieux Céldèborde, ont préféré se retirer dignement avant de devenir incontinents. Ou d’être troués par un Cipher Pol un peu méfiant. Ou de gagner leurs galons de traître à la patrie en se découvrant une conscience à soixante-dix balais plus ou moins tassés et en partant sur les doux sentiers de la révolte pour s’occuper un peu avant la mort. Certains sont devenus conseillers, d’autres ont disparu de la circulation, certains se sont même faits enseignants. Tout dépend un peu du grade de sortie si je lis bien. Je lis vite.
Du montant de la pension.
La livre de vachoratops maison ? C’est pour vous monsieur ? Saignante, c’est bien ça ?
C’est bien ça, c’est bien pour moi bichonne. Donne à Papa. Papa a faim.
Les deux autres arrivent tout de suite monsieur.
J’attaque. Une livre, c’est un centième de quintal. Un centième de quintal, c’est peu. L’ennemi capitule vite. Une bouchée, deux bouchées, trois bouchées et c’est fini. L’assiette est transformée en vrai champ de bataille. Du sang, du poivre, des herbes partout. Bave aux lèvres, j’attends le service suivant comme un soldat qui réussit à sortir vivant d’une charge attend la suivante. L’adrénaline. Le goût de la viande. Les papilles déflorées, la langue orgasmée. C’était bon. J’en reveux.
Voilà monsieur, avec les compliments du chef.
Le chef est un chic type bichonne. Tu lui diras bravo de ma part.
Et un cadeau de la dame là-bas.
Hein ?
Hm, ça aussi j’en veux ma mignonne. Mazette. Des rousses, j’en ai connu déjà. C’est une couleur pas si fréquente que ça mais qui se remarque. Le feu. En tête de liste, Céléno. Evidemment Céléno. Mais la Harpie est hors-jeu. Au-delà d’une femme, c’est La Captain. Après, il y a les autres. Toutes les autres. Les anonymes. Mais elle. Sorties des tentures sous lesquelles elle s’abritait, elle, elle n’a pas une tête d’anonyme. Elle, elle a une tête à avoir un nom très classe. Une voix chaude et envoûtante. Une démarche féline et caresse. Des aptitudes exquises. A prendre la première place de la liste des rousses du monde. Une femme complète. Epanouie. Qui sait où elle va. Où elle ira.
Où elle va, pour l’instant, c’est ma table. Ses mires d’or tiennent le vert des miennes. Bottes longues, cape, renforts en cuir et reste en coton. Marron, rouge et bleu. Aventurière qui veut se montrer. Qui sait se montrer. J’avais raison sur la démarche et la voix. Sur la détermination aussi. Elle me plaît, dis.
Colonel Tahgel, je dois vous tuer.
Prévisible. Mais avant ça, vous me joignez dans la dégustation de ce vin que vous m’offrez ?
J’y comptais bien, Colonel.
Bichonne ? Un verre supplémentaire pour Miss…
Agent Viper. Enchantée, Colonel.
Appelle-moi Tahar, chérie, tu sais bien que je n’ai plus rien d’un colonel. Une relation de l’agent Red ?
Non non. Je suis d’une autre unité.
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