Minami Yuki/Yukio

C'est simple, regardez vous quelques secondes ou quelques minutes si vous le désirez et vous verrez votre reflet dans votre miroir. Vous pouvez voir la couleur de vos cheveux, de vos yeux, la forme de votre visage, la silhouette que vous avez, la taille que vous avez, la couleur de votre peau et tout ce que les autres voient aux premiers abords ou en privé. Et c'est ainsi que vous pouvez le plus facilement vous décrire.

J'étais en train de prendre un bain dans une grande baignoire blanche que j'avais remplie à rabord et où j'entrais entièrement. La chaleur qui se dégageait de l'eau tiède me faisait du bien et ce moment de repos m'apaisait. J'avais envie de m'endormir et de rester dans cet état pour un long moment, seulement cela faisait déjà un bon moment que j'étais dans l'eau et il fallait bien que je sorte à un moment ou un autre. Je pris donc la décision de sortir malgré mon envie. Je me levai doucement et j'enlevai le bouchon qui empêchait l'eau de s'écouler jusqu'à ne plus être. Je passai un pied d'abord puis l'autre en dehors de la baignoire pour les poser sur un tapis sec. Je m'essuyai brièvement et je m'arrêtai devant le miroir pour me regarder. On me disait toujours aux premiers abords que j'étais quelqu'un de très mignon et je ne pouvais que le constater. J'avais un air mignon et mon corps qui était petit et fin n'appuyait que plus encore cet air. Il me semble que mon frère m'avait dit une fois que je ressemblais beaucoup à ma mère, je ne pouvais pas vraiment le savoir puisque je ne les avais jamais connus. Je ne pouvais pas vraiment dire quelle taille je faisais exactement, mais je pouvais certainement dire que ce n'était pas loin d'un mètre soixante. Enfin je savais ça parce que je m'étais tout de même mesuré il y a un petit moment avant. Et par contre, je savais que je pesais quarante-cinq kilos environ. C'est vraiment peu, mais j'étais vraiment une personne chétive. Je peux aussi vous dire que je suis d'un groupe sanguin rare il paraît, mais je m'en moque un peu à vrai dire qu'il le soit.

Je me mis ensuite à me détailler de la tête aux pieds. Mes cheveux étaient d'une couleur étrange, ils étaient bleus comme ceux de ma mère défunte. Ils étaient également longs et ils rebiquaient un peu lorsqu'ils atteignaient ma nuque. Certaines mèches parcouraient aussi mon front. Venait ensuite mon visage. Un visage de pair avec mon corps, chétif et mignon. J'avais un air constamment enfantin et légèrement béat sur mon visage. La couleur de mes yeux variait entre le jaune et le marron clair enfin on m'avait dit que cette couleur s'appelait "ambre". La seule chose qui gâchait mon visage enfantin était ce bandage que j'avais pour cacher mon oeil droit. Moi, je m'y étais fait à force. Pourquoi j'avais un bandeau ? Parce que j'étais obligé tout simplement. Ensuite venait mon cou qui était aussi fin que mon torse et que les autres parties de mon corps. Mon torse qui d'ailleurs arborait la couleur rosée de ma peau comme tout le reste de mon corps et sur lequel apparaissait de très légers muscles. Mes bras n'étaient pas très musclés eux aussi ainsi que mes jambes. En revanche, mes jambes me permettaient d'avoir une agilité incroyable et c'était aussi sûrement grâce à la finesse de mon corps. Et enfin mes pieds, qui sont normaux et qui n'ont rien de spéciaux. Yukio m'interpella, il voulait se voir lui aussi.

Je bougeai mon bandeau pour le mettre à mon oeil gauche et pour ensuite ouvrir mon oeil droit afin de faire venir Yukio. Et me voilà moi, Yukio ! Je regardais le miroir en face de moi qui me renvoyait mon reflet. Je savais ce que Yuki avait pensé puisque nous étions dans le même corps. Je ne pouvais qu'affirmer ses dires, mais avec moi c'était différent. Bien que mon corps soit toujours aussi fin et petit, il n'avait plus ce regard innocent et cet air béat. Lorsque je prenais possession de notre corps, mon sourire était carnassier notamment à cause de mes canines qui devenaient pointues tels de petites crocs. Et l'oeil droit était différent du gauche puisque la pupille de celui-ci avait la même forme que ceux des serpents ou des T-Rex, le genre d'oeil qui effraie au simple regard. Mis à part ces petits détails, rien ne changeait dans le physique lorsque je prenais possession de notre corps. Je me regardais une dernière fois dans le miroir avant de partir vers ma chambre pour m'habiller. J'enfilai la tenue que je préférais le plus. C'était un t-shirt blanc, simple et sans dessin, caché par une veste orange avec des rayures noires et blanches. Cette veste possédait une capuche et des manches bien trop longues pour moi. Il y avait aussi un pantalon de couleur beige qui laissait mes mouvements souples et libres. Enfin, des petites chaussures noires et résistantes. Il m'arrivait de m'habiller de différentes façons bien sûr, mais c'était toujours des vêtements plutôt originaux que pour ma part, j'appréciais beaucoup. Maintenant que j'étais prêt, je pouvais sortir vers ce monde empli de chaos.

Logiquement, une personne ne peut se décrire psychologiquement. On oubliera toujours de dire les choses que l'on aime pas chez nous et de parler surtout des bon côtés en essayant d'exagérer un peu pour paraître le plus sympa. Mais lorsque deux personnes partagent un même corps, alors une personnalité peut en décrire une autre. Et bien c'est ce que je vais faire. Mais personne ne se décrit comme ça, sur un coup de tête me direz-vous. Exact, seulement je m'en moque.

J'étais, à ce moment précis, en train de me reposer sur l'herbe fraîche et verte d'une île. Une légère brise agréable caressait mon visage doucement, m'apaisant encore plus que je ne l'étais déjà. Il était rare de pouvoir se reposer ainsi, sans penser à rien, de nos jours. Je pensais à Yukio et moi. Je pensais à comment nous étions mentalement. Pourquoi penser cela ? Je n'en savais rien, j'y pensais tout simplement. Après tout, nous n'avions pas des caractères simples, mais je savais qu'un jour quelqu'un et peut-être même plusieurs personnes nous accepteraient tel que nous sommes. Enfin, disons plutôt que je l'espérais de tout mon coeur...En plus, pour ne rien arranger à notre situation, les gens nous prenaient souvent pour des fous à cause de notre double personnalité et voulais encore moins nous approcher. Mais qui sait, un jour peut-être que quelqu'un trouvera cette différence amusante.

Je pensais tout d'abord à moi-même, Yuki, le premier de ce corps. Je me disais : "Je ne suis pas quelqu'un de méchant, pas du tout même. En fait, je suis une personne mignonne physiquement et mentalement. C'est-à-dire que je suis toujours heureux, je déteste très peu de choses et j'en aime donc beaucoup et je suis plutôt innocent et naïf. Je prends toujours la vie du bon côté et j'essaie de me cacher de cette misère dans laquelle le monde se trouve. J'aimerais que tout soit plus beau, cependant je ne peux rien y faire à moi tout seul avec mes tout petits bras. En fait, je suis un peu comme un enfant mis à part que j'ai la maturité d'une personne de mon âge voire un peu plus. Parce que oui, je suis malgré tout quelqu'un de plutôt réfléchi, plus même que Yukio et je ne fonce pas tête baissée dans un piège évident. Mais je n'ai pas toujours était ainsi, auparavant, j'aurais pu me battre et même tuer mes victimes sans éprouver aucun remord ou presque. Seulement, j'ai changé depuis cette époque et désormais j'aime tout et tout le monde. Enfin pas vraiment en fait, j'aimerais trouver la perle rare qui changera ma vie à jamais et lorsque je trouverais enfin cette perle, je ferais tout ce qu'il faut pour passer tout mon temps avec."

Ensuite je pensais à Yukio qui n'aurait jamais pu se décrire lui-même ou plutôt qui aurait caché certains points de sa personnalité. Je me disais : "Yukio est, à l'origine, une de mes créations lorsque j'ai changé de comportement. C'est un garçon qui n'est pas beaucoup apprécié des autres pour la simple et bonne raison qu'il possède beaucoup de défauts. Il est colérique, sadique, il aime voir le sang de ses adversaires couler et il n'est jamais content. C'est un peu le contraire de moi en fait. Il se plaint souvent et aime bien dire des mots méchants. Il ne supporte pas de perdre et encore moins de se faire humilier. Lui, il sait que la vie est cruelle et il n'hésite pas à faire passer ce message à ses ennemis. Mais moi je connais sa vraie nature. Au fond, il n'est pas si méchant que ça. Il a bon coeur, il aime être entouré d'amis et il est aussi très protecteur, surtout envers moi. Il est aussi assez timide et de ce fait, il se sent mal à l'aise quand quelqu'un réussit à le faire rougir un peu. Cependant, il ne faut pas s'attendre à voir cette personnalité de lui facilement puisque c'est presque impossible. Je regrette d'ailleurs qu'il soit ainsi puisque c'est à cause de moi, à cause de ma faiblesse qu'il est devenu comme cela."

Tout le monde sait que le monde dans lequel nous vivons n'est pas tout rose. Ainsi, la plupart des enfants nés à cette époque ne peuvent pas dire qu'ils ont vécu un passé des plus joyeux et bien entendu, je ne suis pas une exception à cela. Laissez-moi donc vous raconter mon histoire qui ne vaut peut-être pas des centaines d'autres mais qui peut éventuellement interesser.

Chapitre 1 : Un amour fort

Tout a évidemment commencé avec la rencontre entre un homme fort et brave, luttant avec fierté pour ses idéaux et une femme douce mais sauvage vivant loin de toutes sociétés. Ils se rencontrèrent par hasard et tombèrent fou amoureux l'un de l'autre en très peu de temps. Leur amour grandissait au fil des jours et ils décidèrent de finalement donner forme à cet amour. Ainsi, la jeune femme tomba enceinte d'un bébé qu'elle chérissait énormément bien qu'il n'était pas encore né, ce bébé n'était autre que moi, Yuki. Mon père qui n'était autre qu'un révolutionnaire nous amena ma mère et moi dans une maison à l'abri des gens, là où nous serions en sécurité. Il n'était pas recherché ou quoique ce soit, mais lorsque l'on est membre d'une organisation qui lutte face au gouvernement mondial, il faut toujours prendre ses précautions. Les neuf moi s'écoulèrent tranquillement et vint le jour de ma naissance.

Vivre loin de la ville ne rendait pas les choses faciles et lorsque ma mère se préparait à accoucher, il n'y avait que mon père qui ne savait pas quoi faire et qui ne pouvait pas demander de l'aide à un médecin puisqu'ils étaient trop loin. Il devait alors se débrouiller tout seul et essaya d'aider ma mère du mieux qu'il pouvait, mais devant l'horreur de l'acte le plus beau au monde, il perdit connaissance. Ma mère se retrouvait seule toutefois elle souffrait trop pour paniquer et prit elle-même les choses en main. Ce fut long et difficile, mais elle réussit à donner vie et à me sortir au grand jour. Mon père se réveilla peu de temps après et oublia les instants effrayants d'auparavant pour se concentrer sur moi. Ils étaient fiers d'eux et de ce qu'ils avaient engendrés, ils ne pensait à rien d'autre à ce moment précis qu'au bonheur qu'ils ressentaient.

Comme il neigeait le jour de ma naissance, ma mère me nomma Yuki. Six années s'écoulèrent après ma venue au monde et mes parents trouvaient incroyable à quel point je ressemblais à ma mère, j'étais presque une copie conforme en masculin. Enfin, ça ne les dérangeaient pas le moins du monde et au contraire ils me trouvaient plus beau encore. Cependant, cela faisait plus en plus de temps que mon père s'absentait pour de longues durées à cause de missions qu'ils devaient remplir. Je voyais donc plus ma mère qui s'occupait de moi et qui ne vivait que grâce à l'argent que gagnait mon père. Mais quelque chose allait changer, tout allait changer en fait à partir d'un certain jour. Ce jour là, le soleil brillait haut dans le ciel en contradiction avec ce qui se passait dans ma maison.

Mon père était revenu d'une autre mission depuis quelques jours et il avait reçu une nouvelle requête. Mais celle-là était différente des autres à vrai dire, elle était bien plus dangereuse. Il devait se faufiler au sein du gouvernement afin de transmettre des informations en permanence. Ma mère refusait qu'il effectue cette tâche car elle savait qu'il finirait par mourir s'il jouait le rôle de la taupe. Cependant, mon père voulait se battre pour ce qu'il pensait juste, il était prêt à mourir pour la liberté et accepta alors cette mission. Je n'ai bien sûr pas de souvenir de cela, mais je me souviens que ma mère s'était retenue de pleurer en face de mon père, pour qu'il garde en mémoire une bonne image d'elle, mais dès l'instant où mon père s'éloignait, elle m'avait pris dans ses bras et avait laissé ses larmes couler.

Chapitre 2 : Une tragédie familiale

Une année s'écoula depuis cet incident et ma mère tentait toujours d'avoir des nouvelles de mon père. Parfois elle en recevait et était rassurée de le savoir toujours en vie, mais parfois cela mettait plus de temps et elle s'inquiétait alors. Pour ma part, j'avais atteins l'âge de raison et j'avais décide de suivre l'exemple de mon père en commençant à m'entraîner. Je n'entraînais pas mes muscles ou quoique ce soit, je m'occupais plutôt d'entraîner mon agilité, ma discrétion et j'appris aussi à manier les couteaux. Je m'étais moi-même destiné vers l'assassinat plutôt que vers le combat au corps à corps. Mais ce n'était pas tout car j'entraînais surtout mon cerveau en apprenant tout un tas de choses. Ma mère savait tout ça, mais elle ne disait rien puisqu'elle savait que je devais apprendre à survivre même si je ne suivais pas les traces de mon père.

Un soir, alors que j'étais encore sorti pour m'entraîner et pour apprendre, je retrouvais ma mère dont les yeux étaient rouges, comme si elle avait pleuré pendant un long moment. Je m'installai à table puisqu'il était l'heure de manger, mais je n'osais rien demander. Au bout de quelques minutes de silence, elle prit la parole.

-Yuki...J'ai reçu une lettre et...ton père...ton père est mort...

Elle commençait à sangloter et je ne mis pas longtemps avant de la rejoindre et de me laisser pleurer. Je ne l'avais connu que dans les moments où il passait à la maison, mais j'étais quand même attaché à lui, c'était mon père après tout. Le gouvernement qui n'était autre que les exécuteurs avaient bien entendu gardés le corps. Le lendemain, quelqu'un toqua à la porte. Un groupe de trois révolutionnaires essoufflés s'étaient pressés pour venir jusque chez nous.

-Vous êtes en dangers ! La marine a identifié votre mari et vous recherche désormais. Venez avec nous !

Tous se passa très vite, ma mère et moi avions pris très peu d'affaires et nous nous étions enfuis à bord d'un bateau accompagnés des révolutionnaires. Ils nous avaient amenés sur une île très peu connue pour nous cacher. Nous nous sommes ainsi installés dans une petite maison sale et lugubre, mais nous n'avions pas d'autre choix. Nous sommes restés cacher pendant un an environ avant d'être découverts. Ma mère avait aperçue l'insigne de la marine au loin et avait réussie à trouver une petite cachette pour m'y mettre. Quant à elle, elle comptait faire face à la mort. Les hommes armés débarquèrent rapidement et pointèrent leurs armes face à ma mère.

-Vous êtes accusés d’assistance à un ou plusieurs révolutionnaires, le niez-vous ?

-Non, j'aimais un révolutionnaire et jamais je ne nierais mon amour.

Elle sortit un couteau et fonça droit vers les hommes qui tirèrent sous le coup de la surprise. Ma mère s'écroula ainsi dans une mare de sang et son visage était dirigée vers moi. Alors même que j'étais triste et furieux, que je voulais tous les tuer jusqu'au dernier, je fus surpris de voir un sourire sur son visage apaisé. C'était comme si elle m'encourageait à vivre encore et encore jusqu'à trouver le même apaisement qu'elle. Lorsque les hommes sortirent, je sortis de ma cachette et me mit à hurler et à pleurer toutes les larmes de mon corps. Mes parents étaient morts et je me retrouvais tout seul sans but. J'étais resté un long moment à pleurer sur le corps de ma mère, mais j'entendis les hommes revenir alors je me suis rapidement enfui.

Je courais vers je ne sais où, toutefois je courais pour échapper à ce cauchemar, je voulais me réveiller et revoir ma mère et mon père en vie. Mais malheureusement, c'était a vérité. Mes jambes me lâchèrent au bout d'un moment et je m'évanouis. Je me suis ensuite réveillé bien plus tard et en ouvrant les yeux, j'aperçus des barreaux. Je remarquais que j'étais à l'intérieur d'une cage et un collier en métal entourait mon cou. Un vieil homme qui se trouvait dans le même état que moi aperçu que je m'étais réveillé.

-Mon pauvre petit...Te voilà devenu un esclave.

Chapitre 3 : La liberté à un prix

Cela faisait déjà quelques temps que j'étais un esclave et je m'étais habitué à cette condition. Ce n'était pas agréable du tout, j'étais très mal nourri, les gens me regardaient d'un oeil dégouté la plupart du temps, les vendeurs s'amusaient à nous maltraiter et nous ne pouvions rien y faire sous peine de mourir. De plus, je subissais un traitement spécial depuis quelques temps. Du fait que j'étais maigre et petit, personne ne voulait m'acheter alors le vendeur qui s'occupait de moi me punissait par des séances de tortures. Je pense surtout qu'il trouvait là un bon moyen de décharger ses nerfs. Toutefois, cela restait supportable à ce moment. Voilà comment je vivais en tant qu'esclave.

Les mois passaient et personne ne m'achetait. Le vendeur avait tenté de baisser les prix, de vanter mes possibilités en tant qu'esclave et bien d'autres solutions plus humiliantes encore, mais rien n'y faisait, ma condition physique rebutait les gens. Même le vieil homme qui était le seul avec qui je parlais de temps en temps qui était loin d'être un esclave de choix avait été acheté. Ce jour là, les tortures empirèrent. Le vendeur était très mécontent et il me le fit comprendre. Je croyais voir, à ce moment-là, la mort qui venait me chercher. C'en était trop, mon esprit ne pouvait plus le supporter et j'allais mourir si cela continuait ainsi. Cependant, j'entendis une voix en moi, une voix qui me sauverait.

Je m'étais créé un deuxième esprit, une deuxième personnalité, quelqu'un qui pourrait résister face à cette souffrance alors que moi je n'en avais plus la force. C'est ainsi qu'est né Yukio, lors d'une séance de torture. Et alors que j'hurlais face à ce que je subissais, mes cris s'éteignirent et Yukio fit surface pour la première fois. Il arborait un sourire sadique et attaqua le vendeur avec ses propres outils de tortures. Il ne réussit toutefois qu'à lui faire subir une coupure sur la joue car des gardes ou je ne sais quoi étaient vite intervenus. Le vendeur qui remarqua le changement soudain de personnalité engagea un médecin pour mettre cela au clair. Ce dernier mit un ruban cachant mon œil droit comme un catalyseur, afin d'empêcher Yukio et moi apparaitre en même temps

Le temps passa encore et bien que personne ne le remarquait, Yukio était énormément présent et souffrait à ma place. Il était bien plus endurant et rebelle que moi et tenta un bon nombre de fois de tuer le vendeur. Ce dernier qui en avait plus qu'assez décida de nous offrir à un autre marchand d'esclave. Il préférait cela à nous tuer puisqu'ainsi, nous souffririons plus. Il devait alors nous emmener Yukio et moi ainsi que d'autres sur une île dans les blues. Et pendant le voyage, il vint face à notre cage arborant son habituel sourire arrogant.

-Je vais enfin me débarrasser de toi ! J'espère que la mort ne t'attrapera pas trop vite pour que tu aies le temps de souffrir comme il se doit !

Il partit ensuite en riant. Nous arrivions finalement sur l'île où devait se dérouler l'échange toutefois, quelque chose d'imprévu se passa. Un équipage dont le capitaine possédait une petite prime avait aperçu cette livraison et avait décidé de voir la marchandise. Le capitaine s'arrête en face de Yukio et moi et nous observa un long moment. Il parla ensuite un moment avec le vendeur avant de revenir me voir et de m'amener avec lui. Il nous avait acheté et nous emmener vers son bateau. Une fois arrivé, il nous donna la liste de toutes les tâches que je devais accomplir et nous laissa commencer.

Notre vie d'esclave continuait encore. Nous ne pouvions pas nous enfuir bien que Yukio avait essayé plusieurs fois. Certes nous n'avions plus de collier explosif risquant de nous tuer instantanément, mais le capitaine de l'équipage était plus fort que nous et il nous battait chaque fois que nous essayions de nous échapper. Ainsi, j'avais décidé de ne pas me rebeller et de me soumettre à cet homme afin de ne plus souffrir physiquement. Et qui sait, peut-être que quelqu'un nous sauvera de cet horrible destin qu'est le notre. J'avais en tout cas pris une décision, il me fallait un but pour survivre et je l'avais trouvé. Je voulais me venger du gouvernement qui avait tué mes parents et aussi détruire l'esclavage, voilà ce qui allait désormais me pousser à vivre.

Je suis différent des autres bien que chacun soit différent à sa manière. Moi, je ne suis pas seul, nous sommes deux dans un seul corps. Toutefois, tout n'a pas été toujours ainsi car il n’avait qu'une seule personnalité possédant notre corps à Yukio et moi. C'était en un jour funeste que Yukio est apparu pour la première fois.

À ce moment là, je ne sais pas vraiment s'il faisait beau ou pas, je me souviens seulement que cette journée avait démarrée par un réveil brutal. Des cris et des bruits métallique avaient interrompu mon sommeil déjà court. Mais je n'étais pas vraiment affecté par cela ou plutôt je ne l'étais désormais plus. Ces bruits horribles m'étaient devenus familiers bien que je ne les aimais toujours pas. Enfin, nous étions ce jour là dans une sorte d'arrière boutique sombre et froide et des employés qui accompagnaient celui qui devait nous vendre étaient venus me rendre une petite visite pour se moquer de moi et s'amuser devant mon visage maigre. Ils riaient en face de moi en me traitant d'un tas de choses avant de partir pour embêter quelqu'un d'autre. Ce n'était pas un quotidien très agréable, mais je n'avais pas le choix.

Le reste de la matinée se passa calmement en revanche. Je ne pouvais rien faire à part rester assis dans ma cage, mais c'était ennuyeux et j'avais envie de m'occuper. Je me suis ainsi approché de la cage qui se trouvait à ma gauche puisque c'était là où il y avait le vieil homme qui était un ami à moi. Par chance, il était réveillé. Je fis alors un peu de bruit pour qu'il se tourne en ma direction et je lui fit un petit sourire pour je ne sais quelle raison. Il essaya de me le rendre, mais son visage était bien trop triste pour sourire.

-Yuki tu sais...Heureusement que tu es avec nous parce que je pense que ta vivacité et ta bonne humeur est la seule chose qui m'a permis de vivre un peu plus.

-Dis pas ça grand père ! T'es fort toi, tu survivras à tout !

Il se mit à rire, chose rare par ici, puis s'allongea afin de se reposer. Je ne voulais pas l'embêter alors je fis la même chose que lui, seulement un bruit attira l'attention de tout le monde. Le vendeur, celui que chacun d'entre nous voulait tuer de ses propres mains plus que n'importe quoi d'autre se tenait droit face à nous et il voulait parler.

-Mes chers esclaves, aujourd'hui c'est jour de vente alors je compte sur vous pour vous faire le plus beau possible et j'espère que la plupart d'entre vous seront partis ce soir sinon vous savez ce qu'il se passera.

Il tenait un fouet dans ses mains et il le fit claquer pour nous faire comprendre que ce qui nous attendait était la torture. Son sourire sadique partit avec lui vers la sortie et le silence, quant à lui, fit surface à nouveau. Nous ne savions pas vraiment si être vendu était une bonne chose ou pas parce qu'une fois vendu, il nous faut faire plusieurs tâches désagréables et nous sommes toujours considérés comme des moins que rien. Mais ici, dans la boutique, la vie ne vaut pas mieux non plus. Bref, chacun d'entre nous attendait la vente et lorsque l'on nous fit sortir de nos cages, le silence devint énormément pesant.

Nous passions chacun notre tour devant une salle de gens trop bien pour faire eux-même le ménage et mon tour arriva plutôt rapidement. J'avançais doucement sur l'estrade attaché au cou, aux mains et aux pieds et une fois face au public, je restais immobile. Le vendeur donna mon prix mais aucune main ne se leva, personne ne voulait m'acheter une fois encore. J'entendais des murmures qui disaient que j'étais trop maigre, trop petit et donc que je n'étais pas fiable. Mon tour se termina rapidement et je compris d'après le regard du vendeur que j'allais passer un mauvais moment à la fin de la vente.

Plus tard, le vieil homme alla à son tour sur l'estrade et bien qu'il se passa du temps sans que personne ne lève la main, un homme leva la sienne et donna son prix. Il était le seul à avoir levé la main et il obtint ainsi le vieil homme. Cependant, cela n'allait qu'empirer ma torture. La vente se termina finalement et bien que j'étais triste à cause du fait que le vieil homme était parti, je pensais plutôt à ce qui allait arriver. On m’emmena dans une salle plus sombre et plus froide encore que l'arrière boutique, une salle remplie d'instruments de torture.

Je ne veux même pas repensé à ce que j'ai subi ce jour là tellement j'ai souffert. J'ai du tester toutes les machines et tous les moyens en passant du plus faible au pire. Toutefois c'en était trop, alors que le vendeur me donnait des puissants coups de fouets dans le dos, je pensais. Je pensais que j'allais y rester, que mon esprit ne pouvait plus supporter cela et que mon corps m'entraînerait vers la mort. J'étais prêt, même si je ne voulais pas mourir maintenant. Mais j'entendis une voix, une voix qui était semblable à la mienne.

-Tu n'es plus obligé de souffrir, je sais que tu es à bout. Arrête et laisse-moi prendre ta place. Je te protègerais et j'encaisserais tout à ta place.

C'est à ce moment précis que Yukio arriva. Je voulais écouter cette voix alors je laissa une autre personne contrôler mon corps. Mon œil gauche se ferma alors que le droit changea de couleurs et même ma dentition changea. Un léger rire sortit de ma bouche et stoppa le vendeur surpris. Yukio se libéra de son emprise et se tourna face au bourreau qui était stupéfait et effrayé. Mon double attrapa le fouet qui me faisait souffrir et afficha à son tour un sourire plus sadique encore que celui du vendeur avant de l'attaquer avec le fouet. Le coup ne fit qu'une petite coupure sur la joue du brigand, mais il se mit à crier tellement fort que des employés arrivèrent en courant. Ils maitrisèrent rapidement Yukio qui continuait de rire comme un fou.

Une fois remis en cage, il se calma et décida de me parler. Il m'indiqua son prénom bien que je le connaissais, étrangement, déjà et il me promis à nouveau de me protéger. Je ne pouvais qu'accepter sa proposition car il avait l'air plus fort et plus endurant que je ne l'étais. Ainsi, nous étions désormais deux personnes dans un seul corps et c'est sans aucun doute grâce à cette différence que nous avons pu survivre, en nous soutenant toujours l'un l'autre.