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Lost in Transgression [FB 1622]

Terre ! Terre à l’horizon !

Qu’beugle la vigie. Beugl’rait. Si y en avait une. Là-haut. A la pointe du mât. Mais y en a pas. Suis tout seul. Tout putain d’seul sur c’rafiot à la con. J’aurais ptet dû la garder à bord, la miss. La miss salope du cimetière. Mais seul’ment voilà. On m’la fait pas à moi. On m’suit pas pour mes beaux yeux. On m’suit pour me coffrer. Et ça j’aime pas. C’est intéressé. C’pas sincère comme affection. J’aime pas. Alors jbalance. A la flotte. A la bonne fortune. En pleine mer. Et démerde-toi si tu peux. On s’retrouv’ra en enfer, ptite garce. A la bonne tienne, et hisse et ho santiano.

J’oublie la gueuse deux instants. En face y a la terre, donc. Une terre grise. Pack’y fait nuit, aussi, j’t’ai pas dit. Nuit et moche. Moche genre humide. Pluvieux mais pas brumeux. On y voit. Y a deux fanaux par exemple à l’entrée du port là-bas sur la droite. Des loupiotes un peu partout pour l’gros d’la ville, et du gris sombre partout autour. A l’œil et à la longue vue, la même. Et les chantiers navals là-bas sur le côté un peu plus loin à droite. Bliss. Qu’est-ce que jfous près d’ce nid à mouettes, tu t’dis ?

J’y fous qu’ce con d’navire s’est foutu en dials-automatique et qu’j’ai rien pu caler à comment les arrêter, ces cons d’machins modernes. Ca c’était au début d’mon malheur. Après, j’ai grillé un reste de truc à fumer qu’y avait sur la table, j’ai vu des trucs flous, et j’me suis dit qu’c’tait mon étoile qui m’conduisait en direction d’aventures supertops floues, alors j’ai dit okay, jme suis assis les doigts d’pieds en éventail d’vant la barre qui bougeait toute seule, j’ai j’té l’sextant à la flotte, et j’me suis dit : Tahar, mon couillon, pionce.

Et j’ai pioncé.

Et là jme quille. J’m’étire façon gymnastique matinale. Sauf qu’on est l’minuit. Et jme d’mande un peu c’que jfous là. Y rest’rait pas un peu du truc qu’j’ai fumé par hasard ? Jretourne le rafiot pour trouver. Mais y a plus rien. Pourtant y aurait des cachettes, note. L’rafiot c’est un un-mât à moitié à vapeur que jsais pas trop comment ça fonctionne à part qu’ça fonctionne tout seul. C’est un peu flippant au début mais vachement pratique en définitive. Rien à glander. Juste r’garder qu’y ait rien d’vant d’temps en temps. Et encore, même les récifs qui sont sur les cartes ça les esquive tout seul. C’est merveilleux.

Un prototype ptet bien. Ca expliquerait l’coup d’rev’nir à Bliss tout seul. Vu qu’Bliss c’est un peu là où la Marine construit ses navires, stu vois c’que jveux dire. C’est aussi là où elle parquait deux d’ses divisions quand j’étais en poste sur South. Plein d’milliers d’hommes, des officiers à la pelle et des gonzes qui s’poutrent pas facilement tout en haut pour les surveiller. Yay.

Y a un truc quand même qu’j’ai bitté dans la notice, c’est comment jouer sur l’levier d’vitesse. Pas trop dur, r’marque : faut juste pousser ou tirer un machin près d’la barre. J’ai jamais réussi à arrêter l’truc complètement, mais j’peux ralentir. Alors j’ralentis. L’temps d’me boire un verre. Pis deux. A la place du tabac d’contrebande coupé à l’ail et à la ciboulette. Pis trois, allez, l’en reste plus masse dans la bouteille.

L’rafiot tousse, m’sort d’mon coma. Jvoudrais bien r’tourner sur West, jme dis. J’ai des trucs à y faire. Une Sublime qui m’y attend. Un vrai bateau à voile, la Sublime. Mais faut croire qu’la Dame veut pas. Ca m’gonfle.

Ca m’gonfle alors j’m’énerve. Et quand j’m’énerve jfais des trucs. Là en l’occurrence, jfais c’que personne aurait fait. Jpousse le levier à fond. Pis jvais à la sainte-barbe après avoir fait un détour à la réserve d’bouffe récupérer d’quoi faire des réactions chimiques sympas. Ouais pack’y a beau y avoir aucun canon à bord de c’rafiot, y a quand même une bonne cinquaine de barils de poudre entreposés là. Pour les mousquets planqués dans l’râtelier, probabl’ment. Jme concentre un peu. Manière d’me rappeler les quelques l’çons qu’m’avait balançées Piotr. Brosse-Man. A l’époque. Quand j’suis arrivé sur South et qu’on est allés casser du pirate méchant lui et moi et La Plaie. C’tait fun, c’qu’y m’disait.

Pis jconcocte un truc. Oh, Piotr aurait fait mieux. Sûr. Mais jpense ça va rendre un truc sympa quand même. J’apprends bien et vite. Tu m’diras, vu l’temps qu’il est resté en vie, valait mieux qu’j’apprenne vite. Mais bon. Passons. Jressors d’la pièce, jferme à clef, j’arrache la clenche et jbalance les deux à la baille. Quand jmire où on est, on est d’jà comme prévu près d’l’entrée d’un des deux chantiers. Jsuis trop fort, j’l’avais d’viné. Mine de rien c’t’herbe qu’était pas du tabac m’a ptet bien dév’loppé les capacités cognitives. On passe juste l’entrée du port. J’avise la tour avec le feu d’joie en haut, à quinze ou vingt brasses sur la gauche. Jme planque, j’ai vu des sentinelles s’agiter.

Les entrées doivent pas être autorisées à c’t’heure-ci.

Mais z’auront pas l’temps d’prendre la décision d’tirer a canon sur la coque. Chaîne des responsabilités, tout ça. Alors jcrache une dernière fois sur l’pont d’ce truc trop moderne pour moi, j’resserre ma ceinture pour pas paumer Narnak en nageant, et jsaute à l’eau. Du bord où ils peuvent pas m’voir. Et pendant qu’y bigophonent, affolés, à leur supérieur en s’rendant compte que malgré leur appel l’embarcation ralentit pas, jnage vers leur flanc. Jdégouline en sortant mais z’ont pas l’temps d’voir ma face avant d’être farçis par mon serviteur. J’m’assieds et j’mate au télescope, qu’j’ai gardé sur moi.

L’rafiot avance tranquille, et ralentit. P’tain d’guigne, les dials sont vraiment des inventions d’sagouin. L’rafiot s’arrête. Sur un quai pas loin d’un autre truc, en bois. Qu’est pas loin d’autres trucs en bois. Ca peut l’faire. Y a moyen qu’ça flambe assez fort, assez loin, assez longtemps. Pour que oui. Pour que ça. L’rafiot est investi. Des plantons, un gradé, des ordres qu’j’entends pas mais qu’jlis sur des lèvres. L’rafiot rougeoie. L’rafiot tremble. L’rafiot fumèche. L’rafiot fait boum.

L’reste aussi.

Boum. Reboum. Rereboum. Et l’dernier baril. Yee-haa.

Et maint’nant jfais quoi ? J’me barre en crawl. Vers l’port civil. Si jpouvais j’sifflerais, mais en battant des bras c’est pas pratique.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 13 Avr 2012 - 8:30, édité 1 fois
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Un refus. Un de plus. C’était une habitude à prendre. En deux ans à écumer les mers de long en large, j’avais pris l’habitude. Et c’était sûrement le plus malheureux dans cette histoire. Voir les portes se fermaient sous mon nez, des gens se fâchaient, parfois tentaient de me tuer.
Ce n’était jamais une partie de plaisir de se voir refuser quelque chose, mais à force, on s’y faisait, et on abandonnait. Dans mon cas, c’était principalement parce que ces gens ne n’étaient pas fréquentables, et que même si leurs refus me brisaient le cœur, c’était tout aussi bien pour moi de m’éloigner de ce petit monde qui gravitait autour d’un géant. Il me fallait moi-même m’extirper de là et me faire une raison. Il n’y avait que ça, car à force, ils auraient ma peau.
Je voulais tomber sur des personnes plus saines, plus acceptables pour le commun des mortels. Mais il y avait quelque chose qui les attirait, tous, vers moi et qui les poussaient à me mentir, me voler ou avoir envie de me planter ; ou alors au contraire, qui les rebutait complètement et qui les amenaient à m’ignorer, à me snober, à m’insulter. Un nom, particulièrement. Ce nom que j’avais tenté de ne plus dire, avec le temps, qui me fermait plus qu’il ne m’ouvrait de porte. Ou lorsqu’il m’en ouvrait, c’était seulement celles ou le loup dormait.

Alors, j’étais au royaume de Bliss, devant une porte encore fraichement close, sous la pluie, dégoulinante de soupe aux choux et m’étant prise une série d’insultes en pleine poire.
Et je me faisais une raison.

Savanah me l’avait appris. Les six mois à ses côtés m’avaient permis d’acquérir d’autres connaissances. Pas seulement sur l’ingénierie, mais sur l’humanité en générale. Alors, oui, elle m’avait appris qu’on ne transformait pas un tigre en chaton avec des caresses, qu’il ne fallait pas s’en prendre à plus fort que soit. Elle m’avait appris à fuir, plus vite, plus loin, surtout lorsque le danger commençait juste à se faire à peine menaçant, à renifler l’entourloupe à des kilomètres. En six mois, j’étais devenue comme elle. Mais je ne m’en portais pas plus mal. Et j’étais même plutôt fière. Elle-même avait compris que j’avais muri, intérieurement, que je n’étais plus la fille naïve qui était venue la voir dans son trou perdu pour apprendre d’elle, qui avait insisté pour être en sa compagnie. J’étais changée grâce à elle et je l’en remerciai. Et jour après jour, j’appliquai tout ce qu’elle m’avait enseignée durant notre collaboration.
Comme aujourd’hui. Ou j’étais là, sous la flotte, reniflant le chou à des kilomètres, les cheveux sales, la mine qui tentait de rester impassible. Bee à côté de moi qui me regardait pour savoir comment réagir. En temps normal, j’aurais simplement supplié pendant des heures et aurait fait le pied de guerre pour avoir ce que je voulais. A cet instant, je pris simplement la salade de choux sur ma tête, enfonçai la porte, arrivai jusqu’à l’homme qui m’avait humilié, lui fourrai la salade dans la bouche et tournai les talons comme si de rien n’était.




« Je te jure, le respect, c’est plus ce que c’était ! »

Bee haussa les épaules, tentant de suivre mes pas. J’avais une allure soutenue, les poings fermés, l’air d’une furie. Il se contentait d’acquiescer à tout ce que je disais, pour ne pas me fâcher plus.

« Ces gens sont véritablement des abrutis ! J’hallucine complètement quand je vois ça ! Non mais tu te prends pour qui, crâne d’œuf ?! Des gars comme toi, j’en bouffe douze par jour ! »

Je tapais mon poing contre la paume de ma main, mais me fis mal. Alors, je grognai, râlant toujours à haute voix.
Et puis au même moment, coupant toutes « conversations », happant l’attention de tous : une putain d’explosion. Un grand fracas. Un truc qui aurait pu réveiller les morts. Nous nous stoppâmes tous les deux dans notre avancée, regardant derrière nous. Une fumée noire s’élevait et se discernait à peine. C’était à quelques kilomètres de nous et nous n’étions visiblement (et pour une fois) pas responsable de ce qui s’était produit. J’haussai les épaules et repris ma route avec mon coéquipier, qui jetait en arrière des regards inquiets et curieux.
J’enfonçai mes poings dans mes poches, mirant au loin. Nous étions sur le port, il faisait clairement moche. Mais cette petite marche m’aidait un peu à me calmer. Et puis tout à coup, Bee sauta devant mes yeux et se mit à faire de grands gestes vers la mer. Ne comprenant rien à ce qu’il me disait, je lui fis sèchement :

« QUOI ? Qu’est-ce qu’il y a ENCORE ?! »

Ses gros doigts montraient le large. Je pris la peine de tourner le regard, la mine blasée, vers l’océan. Et puis, là, au milieu des vagues, à quelques mètres de nous, je remarquai la présence d’un homme qui faisait beaucoup de remous. Ni une ni deux : je ne savais plus quoi faire ! Levant les bras au ciel, regardant Bee, persuadée de voir l’homme se noyer… Bon dieu, c’était ma soirée !

« Oh ! Bah reste pas là, envois lui… euh… Cette corde avec ce harpon, là ! »

Près de la bitte d’amarrage se trouvait l’équipement cité. Le robot s’exécuta instantanément, prenant de l’élan, faisant tourner la corde au-dessus de sa tête, il l’envoya violemment à la rencontre de l’homme pour… l’assommer. Le corps plongea sous l’eau.

« Putain ! Putain ! Tu l’as assommé ! »

Oh bon dieu. Quoi faire ? Quoi faire ? Ah bah, sauter, se mouiller et à aller le sauver ! Bon sang mais bien sûr ! Ça c’est de l’idée, Lilou ! Rapidement, j’enlevai mes chaussures et mon jean qui risquaient de me couler et puis je sautai à la mer et nageai rapidement vers l’homme. L’eau était fraiche. Très fraiche. Et je n’étais pas sûr d’avoir la force de le tracter jusqu’ici. Mais je n’avais pas le choix.
Approchant de lui, mettant la tête sous l’eau, je l’aperçu au loin qui coulait un peu plus. Je nageai vers lui et l’attrapai par sa chemise avant de le tirer à deux mains vers la surface. Le gus était lourd. Particulièrement lourd. Ou alors, je n’avais vraiment pas de force, ce qui était aussi vraisemblable. J’avais du mal à maintenir la tête hors de l’eau. Et la sienne, même pas je vous en parlais. Le pauvre allait vraiment se noyer avec mes conneries. Luttant de toutes mes forces pour le ramener près du bord, j’arrivai au bout de cinq bonnes grosses minutes non loin de Bee qui courrait dans tous les sens, affolé.

« Beh… Beh aide-moi, il est louuurd ! »

Le robot s’exécuta et nous sortit tous les deux de la flotte. Pas le temps de me remettre d’aplomb, je retournai l’homme sur le dos et me pencha au-dessus de son nez pour voir s’il y avait une respiration. Il cracha une fontaine d’eau et ronfla fort après ça, sans pour autant prendre conscience. Chouette ! Il était vivant.
Mais euh…

« Non t’inquiète Bee. Il ne remarquera jamais l’énorme bosse qu’il a sur le front. »

Le robot hocha la tête, lui aussi convaincu par ce que je venais de dire.

« On retourne à l’auberge, y’aura bien quelqu’un pour le soigner là-bas. »

Il attrapa le corps sans vie du gus que je venais de sauver. J’en profitai pour remettre mes habits et essorer mes cheveux. Bon, c’était mon aventure du mois, plus question de faire des folies après ça.

En quelques minutes, nous arrivâmes à l’auberge. Bee n’avait pas la taille pour rentrer, voilà pourquoi je dus prendre le gars sur mon dos pour l’amener à l’intérieur. Juste histoire d’imager : mettez un âne mort sur les épaules d’une sauterelle. Beh oui, ça ne donne pas grand-chose.
Bah c’était un peu notre cas. Je luttais comme pas deux pour rentrer, poussant la porte, les bras ballant du gus qui entouraient mon cou, j’essayai de le tenir par les jambes, mais ses vêtements mouillés me glissaient des mains.

« Y-Y’aurait… pas q-quelqu’un pour n…nous aider ??! »

J’étais rouge, je ne tenais plus. J’allai mourir. C’était bien ma veine.
Et puis, paf. Je tombai avec le poids du type en avant, lâchant tout, je me retrouvai rapidement sous le corps sans vie du gars que j’avais sauvé.
Et j’étouffai.
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Mais si ! Croyez-moi ! Essayer, c'est l'adopter ! L'amour du Seigneur est grand, il est bon ! Vous ne voulez pas être bon, laver de tous ses maux de ce monde et vous relever blancs, purs de toute méchanceté.

Je jette un regard aux vêtements des cinq types que je cherche à convertir depuis dix minutes. J'aurais dû y penser à deux fois avant de les accoster. Question propreté, c'est sûr que j'étais tombée sur la meilleure bande du coin. L'un avait la chemise très sale, il a surement vomi dessus. En même temps, il a le regard inexpressif et les verres s'empilent devant lui. À l'odeur, il a vraiment dû vomir. Le problème, c'est qu'il y a un tarif de groupe pour la bande. Ils empestent sérieusement ! C'est une horreur ! J'ai bien du mal à me retenir de fuir ce recoin d'auberge malodorante, mais je ne peux pas ! Je me dois d'accomplir ma juste mission ! La juste conversion se fait même dans les plus sales taudis, parfois... même si je préfère des endroits où il y a moins de mouches que d'hommes. Le leader de la bande me fixe comme si j'étais justement l'une de ses mouches. Je l'embête. Le rustre. Aucune attention pour une demoiselle comme moi qui cherche à l'aider et à le sortir de la crasse qui lui sert de quotidien. Les imbéciles. J'pourrais peut-être avoir un résultat avec l'ahuri derrière le groupe ; à sa tête, il suit plus le groupe qu'il ne réfléchit pour son propre compte. Deux arguments bien placés et il changerait d'avis, forcément ! Sauf qu'il faudrait passer devant les autres zigotos qui ne seront surement pas de cet avis.

Bon ! Casse toi la nonne ! Tu me fais chier !


C'pas bien de dire des gros mots !


J'vais t'en foutre, moi, des gros mots, avec mon gros …


Il s'arrête, le regard s'est fixé sur mon bras. Je viens à peine de remonter mes manches pour me donner un genre de femme prête à manier la poêle à frire pour corriger un malotru. Ce n’est pas l'action en elle-même qui semble le choquer … mais peut être le fait que j'ai un bras comme sa cuisse. Il n’avait pas encore remarqué mon charmant corps ? Ah, zut, j'ai pas la tenue décontractée. J'suis toujours en nonne. En même temps, ça évite les embrouilles ; il y en a encore qui respecte l'habit qui fait la religieuse. Pour ceux qui ne le respectent pas, c'est ma religieuse de main dans ta figure. C'est généralement là qu'il se réconcilie avec le Seigneur. Bon, du coup, les zigotos ont un peu bloqué, ils savent plus quoi faire. Je ferme le poing et je l'amène à côté de ma tête que je penche de côté avec un quelque chose dans le regard qui en dit long. J'sais ça parce que les autres semblent avoir compris, ou bien, 'sont vachement réactif. J'veux pas en venir à la force brute, ça serait un constat d'échec et, en haut, on sera pas content. J'veux juste faire passer le message que ça serait con de sortir avec des bouts en moins. Heureusement pour eux, il y a le tavernier qui se précipite entre moi et les crasseux.

Pas de bagarre dans mon établissement ! Faites ça dehors alors !

J'ai pas envie d'aller dehors. Fait un poil froid. J'suis pas super bien ces derniers temps, j'ai dû attraper froid. Je couve peut-être quelque chose. J'ai beau essayer de me diagnostiquer moi-même, j'trouve rien. C'con quand même. J'peux réparer des os, ou les briser, mais j'peux pas savoir si j'ai une grippe. J'fais un peu amatrice sur l'coup. Enfin, comme l'autre patron a pas l'air d'un mauvais bougre, j'vais pas refaire la peinture à grand coup de missel. Du coup, je tourne le dos d'un air digne aux sales types et je reviens à ma place où j'ai déposé mes affaires. Mon sac et ma hache. On est inséparable. Personne n'est venu me les piquer. T'façon, les deux sont déjà bien gros. Ça passe pas inaperçu de piquer plusieurs dizaines de kilos, surtout quand j'garde toujours un oeil dessus. Je jette un regard dans l'établissement. Pas grand monde à cette heure. Les petits groupes discutent entre eux sans trop s'occuper de moi, sauf celui que je viens de quitter, évidemment. Le chef est toujours fixé sur moi. J'ai peut-être une touche ? Non, ne faut pas y penser. J'veux pas me faire bouffer par les morpions. Faute de chose à faire et de gens un peu suspects pour écouter mes sermons, je retourne à mon verre de lait. C'est pas un grand cru, en plus c'est celui de chèvre, mais j'vais pas non plus protester. Le lait, c'bon pour renouveler la flore de mon petit ventre.

Puis entra une personne. J'tourne la tête machinalement pour savoir si la tête de gus semble signaler une vie de crime et de vice. J'tombe sur une jeune femme. J'la fixe bien deux secondes, la bouche entrouverte. Ça fait bien longtemps que j'ai pas croisé une fille aussi belle ! Elle est bien loin de ce qu'on peut croiser dans la rue, dans les tavernes ou sur les navires divers et variés. D'un coup, je me sens toute moche à côté d'elle. Je sens monter un peu de jalousie en moi, mais j'y pense rapidement plus ; j'ai entendu le mot « aide ». Je tilte alors que la femme porte quelqu'un sur son dos. Vu le gabarit de la fille et sa souffrance à porter le gus, ce dernier doit pas être un poids plume. Ni une ni deux, je me précipite vers elle alors qu'elle tombait, à bout de forces. Je passe mes bras sous le corps inanimé de l'homme et je le pose délicatement sur une table. Un peu lourd, mais pas trop ; on peut être belle, faut quand même faire de la muscu' ! Je contrôle rapidement la respiration de la demoiselle. Pas d'inquiétude, juste besoin d'un peu de repos. J'enchaine sur l'homme ; ça doit être lui qui a besoin d'aide. Je comprends rapidement que le type a dû perdre connaissance alors qu'il se noyait. Encore un pauvre hère qui fait le fier-à-bras et qui ne sait pas faire deux mètres dans l'eau. Je fais un contrôle rapide de sa respiration. C'est moi où il respire pas ? Je sens rien ! Faut pas perdre de temps ! Je lui arrache ses vêtements et je fais apparaître un torse musclé et velu. Des gens entourent notre trio. On veut me voir en action ! Quel honneur !

C'est alors que je tilte que l'homme est pas mal non plus dans son genre. C'quoi ce truc ? J'suis tombée sur un couple de belle gueule ? Un prince et une princesse ? Ça a l'air trop bieeeeen ! Il faut pas le laisser mourir ! Non ! Assurément ! Pas d'autres solutions possibles. Faut faire la respiration artificielle. Bouche à bouche en premier ? J'sais plus ! Arf. Ça fait longtemps que j'ai pas fait. Va pour le bouche-à-bouche en premier. Je m'approche du visage un poil serein de l'homme. Je m'apprête à agir. J'appose mes lèvres sur les siennes et je commence à souffler. Mais au fait, si c'est un prince, suffit d'un bisou magique pour qu'il se réveille ? Maman m'a toujours dit que les contes de fées avaient une base véridique. C'est surement ça ! Un bisou … c'est déjà mieux lui que ce que je côtoie d'habitude. Juste la langue, on verra si ça a un effet particulier.... Kissss !


Dernière édition par Adrienne Ramba le Dim 11 Mar 2012 - 22:55, édité 1 fois
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Mh…

J’rouvre mes mires en fentes. Jsens qu’on m’balade mais jcapte plus bien. Tàl j’étais dans la flotte en train d’taffer ma nage indienne, tranquille, et là jsuis… Jsuis où d’ailleurs, bordel ? En ville ? Dans une auberge ? Sur les éclanches d’une gamine probabl’ment plus jeune qu’ma première fille illégitime ? Mais !? Bordel, et en plus elle s’casse la gueule, la gourdasse ! Woh ! Et j’ai l’front qui m’darde comme si on m’avait trépan’ à cerveau ouvert, mais c’quoi c’merdier nom d’une truie en cloque !?

Vais pour m’rel’ver tranquille et foutre deux ou trois tannées afin d’m’faire expliquer l’bousin dans les grandes longueurs. Jvais. Mais à peine jprends appui sur mes pognes qu’une force colossale m’prend par les côtes, m’en luxe deux au passage et m’balance avec la délicatesse d’un taureau en rut sur une table pleine d’trucs qui m’rentrent dans l’manteau en cuir. J’ai à peine l’temps d’aperc’voir un bras large comme mon ego qui m’palpe et m’arrache les fringues. J’note au passage que Narnak s’fait la malle et s’carapate vers l’sol en deux-deux dans un cliquèt’ment qui m’fout les foies.

Qu’est-ce qu’il a vu putain ? Qu’est-ce qu’il a vu ?!

C’qu’il a vu, j’le vois à mon tour en plan large dans la fraction d’moment qui suit. C’te fraction où y a mon souffle aussi qui s’escampe. Mon cœur qui bat plus. Jsuis canné. Cliniqu’ment canné. Canné mais en vie. En apnée. En apnée d’partout. Nan mais pour te dire, la coupe garçonne, c’est son angle le plus sexy. A la fille. La fille ouais. La putain d’fille avec ses deux nibards comme des pastèques qui d’sous sa toge de nonne m’défoncent l’épaule pendant qu’elle s’penche pour m’résurrectionner. Putain mais elle est gonflée à quoi ? Les injections d’béton sont pas interdites par la convention d’Jeun-Aive de 1596 ?

Ahhh.

Huummf.

Gaaahh.

Jpeux rien baver, jpeux rien cracher, c’te salope de vachosœur m’écrase sous la surprise et m’presse le dos sur un plat en céramique broyé pour en faire du jus. J’ai la moelle qu’doit s’barrer d’ma colonne, jsuis sûr. Rah. Rah. RAAH. Ca y est, j’ai les glandes. Jvoulais baiser un port, moi, pas m’faire baiser comme un porc. Putain. Jvois rouge. L’manque d’oxygène sans doute. La superglande aussi. Sans doute.

Et en plus elle met la langue. Qui a dit qu’les nonnes sont pas des grognasses moches et frustrées ?

Avant qu’elle m’grimpe d’ssus et m’aplatisse d’sa musculature v’nue d’ailleurs pour assouvir ses fantasmes pas nets, j’contract’ grand l’poitrail dans une subite r’prise de conscience. Ca écarte ses lèvres des miennes d’pas grand-chose, un d’mi-pouce à peine, mais ça m’suffit à r’prendre un quart d’poumon d’air. Un quart du droit, qu’j’ai un poil plus grand qu’l’autre. Et ça ça m’refile la patate. Alors j’la beigne. J’la beigne bien. D’la senestre. Calotte sur sa bouche en cœur. J’respire mieux. Et elle vole. Elle vole vers l’mur où y a une f’nêtre. Une f’nêtre derrière laquelle y a un truc qui brille dans l’noir. Brille jaune.

What the fuck ?

Jcrachote un peu comme un noyé qui r’fait surface. D’une main sur l’fronton, jsens la bosse grosse comme une bille qu’j’y ai, probabl’ment cause de tout c’nawak, trou noir compris. Jfinis par m’rel’ver. En face d’moi y a la rosière qu’m’a traîné jusqu’ici, qu’récupère sa cont’nance elle aussi. A ma droite, l’mur dans l’état où la r’ligieuse l’a laissé. Et la r’ligieuse. Et c’machin chelou derrière avec des globes ronds qu’regardent la scène d’dehors. Et tout autour, partout, des paires d’mires de branquignols sans existence propre.

Qui matent, qui matent. Qu’expliquent keud’ et qui matent. Qui matent mais qu’expliquent keud’.

Ou alors qu’ont peur d’moi parc’qu’m’ont r’connu ? Imagine qu’mes exploits avec l’Saru-gamin aient circulé. Imagine. Hinhin.

J’aime bien qu’on m’mate. Mais j’aime pas rien bitter au bordel qui m’entoure. D’même que j’aime pas qu’on m’pelote sans consent’ment préalable quand on est moche. Alors jramasse ma lame et j’beugle un coup en réajustant ma ch’mise ouverte. Jbeugle parce que jsuis pas très content. Jbeugle parce qu’au loin j’entends les sirènes d’la Marine qui s’agitent et qu’jpeux pas aller en profiter d’plus près. Jpeux pas pack’ tant qu’jsais pas pourquoi jsuis ici jpeux pas décider d’si j’frais mieux d’rester ou pas.

Okay les louloutes. Y a un connard ici pour m’expliquer c’que jfous là avant qu’jvous dérouille tous ? Toi la mignonne. C’toi qu’m’as traîné ici, j’ai bon ? T’as pas les arguments d’un connard, mais tu m’expliques ?


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Mer 18 Avr 2012 - 15:30, édité 1 fois
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Oh mon dieu ! De l’air. Enfin, de l’air ! Le poids de l’homme commençait vraiment à m’asphyxier, et comme cause de décès, c’était quasiment le summum du ridicule. Me redressant doucement, je remarquai la silhouette massive d’une personne à côté de moi qui vérifiait si j’allai bien. Je relevai la tête et devinai la tenue d’une nonne, surmonté d’une charmante tête blonde, de quoi éventuellement me faire croire à l’arrivée du messie, car sa réaction presque immédiate, son aide volontaire, les soins qu’elle apportait sans poser de question était des plus agréables.
Elle m’avait débarrassé d’un poids qui trônait (à moitié endormi, une bosse grossissante sur la tête et la respiration faible) sur mes épaules. Poids qui prenait ici un double sens bien marqué et assumé. Je me trainai jusqu’à une chaise proche du lit de fortune de l’inconnu que j’avais secouru (et aussi mis dans l’état actuel, mais inutile de le préciser encore une fois), me rapprochant pour voir ce que la nonne comptait faire. Ce fut-là, le souffle encore saccadé, que j’eu l’occasion de détailler un peu le gus que j’avais pris la peine de transporter jusqu’ici.

En omettant le fait que sa tronche me disait vaguement quelque chose, mes yeux étaient irrémédiablement attirés par la boule sur sa tête qui était la conséquence d’une maladresse. Jetant un regard vers la fenêtre, je remarquai les deux yeux luisant de Bee qui observait la scène de son endroit, concentré, curieux, méfiant et inquiet. Mon compagnon s’en voulait d’avoir commis cette imprudence qui aurait pu couter la vie à notre inconnu. En parlant de lui, il était allongé et inerte sur la table, posé sur un tas de couvert et autres assiettes pleines que la Nonne n’avait pas pris le soin d’enlever dans la précipitation. Son visage était étrangement calme, une barbe naissante, des cheveux longs, un… Oh mon dieu, mais qu’est-ce qu’elle fait ? D’un geste sec, la nonne arracha la chemise de l’inconnu, cherchant une respiration, se pencha vers la bouche et le nez du type avec toujours la même idée en tête, le regarda, réfléchit vaguement, fit mine de trouver une solution et…
La suite, je n’en savais rien et préférai sérieusement ne pas savoir. J’avais placé mes mains devant mes yeux lorsqu’elle commença à défaire l’homme de ses habits, essayant tant bien que mal de garder l’innocence de mon regard qui n’avait jamais observé un corps d’Homme (car on pouvait indéniablement l’appeler « Homme ») dénudé d’aussi près. Pas que ça me gênait, mais je ne tenais pas forcément à me rincer l’œil sur le type que j’avais préalablement fait assommé. Ajoutons à cela que je ne voulais pas non plus perdre mon innocence et ma naïveté qui faisaient mon charme… Hein, que ça fait mon charme ?

Je sais, vous me prenez maintenant pour une pucelle joyeuse, mais n’ayant strictement rien à faire de votre avis, je tenais à vous dire d’aller vous faire voir. Non mais.

Comme je disais, pour la suite, impossible de vous dire ce qu’il s’était passé. De ce que j’avais compris et des vagues bruits que j’entendais, la Nonne entreprit tant bien que mal de sauver la vie de l’inconnu-qu’avait-une-tête-que-j’avais-déjà-vu-quelque-part mais les choses ne s’étaient pas comme prévu. Certainement les bruits de suffocations, mélangé à des bruits de bouches qui s’embrassent goulument, donnant une mixture parfaitement étrange et surtout, détonante.
Ah bah si, détonante.
C’était bien le mot.
La vitre qui vola en éclat, les gus autour qui s’écartèrent en voyant la réaction de l’évanouis. Moi, je ne réagis qu’en entendant le fracas énorme que son réveil provoqua. Enlevant les mains de mes yeux, je les clignais plusieurs fois en regardant dans la direction du mur. Sur la table, le gars qui se redressait progressivement, la tête encore un peu dans le cul, mais très vif d’esprit. La Nonne qui avait disparu. En quelques secondes, le rapprochement se fit dans ma petite cervelle : Ce gars avait fait voler la Nonne dans la fenêtre ou Bee était. Oh mon dieu ! Mais c’pas sympa ! D’ailleurs, le Robot tenta d’enlever les débris du corps de la Nonne ; moi, je regardai le gus avec des yeux ronds et une tête qui disait « non mais t’es malade mec ? ça va pas ? ça tourne pas rond ? C’est la bosse sur ta tête qui te met dans cet état ? ». Mais y’avait que ma tête qui disait ça, car l’ambiance autour était particulièrement lourde et silencieuse.

Il avait l’air d’avoir du mal. Regarda autour de lui, puis se releva en tentant de reprendre sa contenance. Fallait réagir, à mon tour je me mis sur mes jambes pour lui faire face, tandis que les gus autour reculèrent encore d’un pas. Bordel de chien, impossible de savoir d’où j’avais vu sa tête. Et plus je cherchais, moins je trouvais. Les mains sur les hanches qui marquaient mon mécontentement, la tête penchée sur le côté avec la mine fâchée, j’étais prête à lui passer un savon comme l’aurait fait une personne courageuse et plus ou moins responsable d’un blessé. J’allai le faire, je jure que j’allai le faire. Mais ce gars se mit à beugler bruyamment. De quoi me couper dans mon élan. Et puis paf, il s’adressa à l’assemblée :

« Okay les louloutes. Y a un connard ici pour m’expliquer c’que jfous là avant qu’jvous dérouille tous ? Toi la mignonne. C’toi qu’m’as traîné ici, j’ai bon ? T’as pas les arguments d’un connard, mais tu m’expliques ? »

Wait. Je regardai autour, histoire de voir à qui il parlait. Son regard dans ma direction, je zieutai derrière pour tenter d’y découvrir « la mignonne » nommée. Personne. Wait, encore… C’est moi la mignonne ? Humpf. Je fronçai le nez, agacée. Non mais, oh.

« Ouais mon beau, c’est moi. »

Bee se retourna vers lui après en avoir fini avec le sauvetage de la Nonne. Conscient que l’on s’adressait à moi, avançant son immense main à l’intérieur, se baissant pour y passer la tête. Ses quatre mètres surplombèrent l’autre violent, il s’apprêta à armer son bras droit lorsque je l’interrompis d’un mouvement de main. Pas la peine de jouer le même jeu, on devait la vérité à ce gars. Enfin, la vérité… Un peu déformée. Inutile de lui signifier qu’on l’avait préalablement assommé avant de lui sauver la vie. Enjolivons la vérité, plutôt.

« On t’a trouvé près du port en train de te noyer, puis ta tête a rencontré un OVNI. J’ai dû venir te sauver. Vu que tu respirais à peine, on est venu chercher du secours ici, et voilà toute l’histoire. Rien de plus, rien de moins. »

Haha. Parfait, Lilou, ça passera crème, ça. Me raclant la gorge, fronçant un sourcil, je rajoutai :

« Tu ferais peut être mieux de te reposer, pas la peine de jouer les gros durs entre nous. Pas que je te prends pour une petite nature non plus, mais l’OVNI était plutôt dur, ultra rapide et violent, puis le manque d’oxygène, peut être que toutes tes idées ne sont pas encore en place. »

Outre ça, non, non, je ne me moque pas du tout.
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Se réveillera ? Se réveillera pas ? Faute de signe de rétablissement, autant continue. Faut pas que j'oublie de prendre de l'air, ça va paraître suspect. Il y a pas un truc comme quoi je dois faire battre le cœur ? Appuyer sur le torse, tout ça ? J'sais plus. J'ai oublié. C'est bête. Ça devrait marcher au point rien qu'avec la respiration artificielle. Et puis, j'ai pas envie de me retirer. Je suis en train de sauver une vie quand même ! Courage ! Il faut que je continue. Les bruits de succion ne sont pas très jolis … c'est toujours comme ça un baiser ? C'est bizarre ! Ça donne pas envie en fait. J'espère que le prince charmant va bientôt revenir à lui. Au moins, j'aurais échangé mon premier baiser. Aaah ! Faible cœur que j'ai, je n'ai pu résister à l'attraction de tenter la chose. On me pardonnera ? Je ferais cent chapelets pour la peine ! Je continue encore un peu, puis je suis obligée de reprendre ma respiration. Je quitte mon labeur un instant avec tristesse. Le temps d'une bouffée d'air et je suis de retour ! C'est alors que je vois sa main se lever. Chouette ! Il est de retour parmi nous ! La main s'approche vers moi de plus en plus vite. Je rêve ?! C'est surement pour me donner une marque d'affection ! Il va me caresser la joue ! Ah ! Je suis dans tout mes états ! Que faire ? Que dire ? J'attends pendant cet instant de quelques microsecondes l'affectueux contact de sa main avec ma joue. Au dernier moment, la main se ferme en poing. J'ai à peine le temps de m'en apercevoir que c'est le choc.

Violent. Brutal. Puissant au delà ce que j'ai pu connaître jusqu'à aujourd'hui. Bien plus fort que les sœurs de l'Église de la Juste Violence, le poing de l'homme me fait vibrer tout entière. De douleur ! Je me sens quitter le sol, propulsé vers le mur, ou, plus exactement, une fenêtre. J'ai à peine la réaction de me protéger que je la traverse déjà. Cette vitesse ! Cette force ! C'est incroyable ! Peu ont été les hommes à avoir pu me déplacer de la sorte. J'ai toujours de l'émerveillement alors que je rencontre brutalement une chose massive et jaune. Rapidement, la douleur devient prédominante. Les multiples écorchures causées par les débris de verres font couler de minces filets de sang sur ma chair brièvement endoloris par la réception avec la chose. Je reste un instant sur le sol, immobile. Que faut-il en penser ? J'en sais fichtrement rien ! Ou non, j'en sais une chose ! J'étais en train de l'aider et voilà comment on me remercie ? On me frappe ! Il y a aucun respect pour les religieuses et les infirmières ! Le rustre ! Du coup, il perd beaucoup de son prestige de prince charmant. C'est même un salaud d'enfoiré !

Puis, je sentais quelque chose se mouvoir autour de moi. Des débris de verre étaient retirés de mon épiderme. Je me mets sur le dos lentement en évitant de me couper à nouveau. Je tombe nez à nez avec une grosse tête toute mécanique ! Mais c'est quoi c'truc ?! J'ai jamais vu ça ! C'est pas humain ! C'est même pas animal ! C'est même pas du tout vivant ! J'ai déjà entendu parler de truc comme ça, mais je pensais que c'était des bêtises. C'est un robot, c'est ça ? Mais que fait ce truc ici ? La chose mécanique me regarde, la tête de coin. Ça brise un peu le cliché du truc inanimé et sans trace d'humanité. Le robot jaune semble être doué d'une certaine forme d'intelligence. Mais comment un truc pareil, qui est pas vivant, peut être intelligent ? C'est contre nature ! En d'autres circonstances, j'aurais bien cherché un moyen de faire disparaître un tel blasphème « vivant », mais comme il semble m'avoir aider, je vais éviter de m'énerver. Je pardonne pour cette fois. Du coup, je me relève avec précautions, puis je me débarrasse des derniers bouts de verre. J'ai la tête qui me fait mal ; le contre coup du poing. Normal. Sinon, ça va pas mal. Je fais quelques pas, histoire de voir que tout va effectivement bien.

J'entends que ça parle à l'intérieur. Malgré une sortie spectaculaire, je ne vais quand même pas faire une entrée du même genre. Je me contente de la porte principale que j'ouvre sans trop de spectacles. Le type est debout. Il est bien vivant au moins, c'est bien ! L'autre fille est à côté. Les gens les entourent et attendent. La princesse lui demande de retourner se reposer. Vu comment il m'a fait valdingué tout à l'heure, il faudrait que j'ai un peu plus d'arguments pour lui faire entendre raison. Du coup, je m'approche de mes affaires et je saisis ma belle hache. Des gens me regardent ; leurs yeux s'écarquillent. J'fais mon petit effet avec ma belle hache ? Je m'approche du duo, mon arme bien en vue de tout le monde, qui s'écartent un peu beaucoup.

Je pointe un doigt accusateur vers l'homme.

Écoutez la dame ! Il faut vous reposer ! Vous avez peut-être de graves séquelles qui vont s'aggraver si vous vous agitez ! Je sais d'quoi je parle ! Je suis infirmière ! J'voudrais pas faire une amputation parce que t'as la gangrène !

C'est comment qu'on attrape la gangrène déjà ? J'ai oublié. Je me souviens que de l'opération en fait. Enfin, j'espère que l'autre va se calmer !
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Okay les, euh, filles, z’avez raison, posons-nous.

Contrecoup, tu connais la notion ? C’quand t’as déployé toute ton énergie restante pour faire un truc suite à un traumatisme, et qu’quand t’as fait c’truc t’as la tension qui r’chute un bon coup jusqu’à t’forcer à poser, l’temps d’reprendre des forces plus vraies plus durables. C’est c’qui m’arrive, là, ça m’rend faible et j’me pose. Ca calme l’jeu un peu, j’me rassieds cul sur la table dont jviens d’me l’ver, l’œil farfouillant dans la pièce jusqu’à aviser un godet encore plein d’rouquin.

Y a pas b’soin d’énergie pour mettre la main sur un verre d’fermenté. J’me lève, j’traverse la salle dans l’brouhaha qui r’prend et r’cause d’moi et r’cherche mon blase dans les archives collectives, pis jvide le broc. Une gorgée, deux g-ah ben non, une gorgée c’tout. La donzelle et la gonzelle ont pas bougé. Personne a bougé. La s’conde avec sa hache et sa voix d’flûtiste m’donne l’impression d’avoir trop tiré sur un cigare pas net avec sa hache-massue. La première avec son air d’pucelle et son copain jaune métal qui s’cogne au plaftard m’titille la libidine en même temps qu’la claque pour mentir comme elle a fait.

Posons-nous…

Jconnais les gens moi. Jconnais les femmes. Et bordel j’tais pas en train d’me noyer ! J’me noie pas moi, jsuis Tahar Tahgel et Tahar Tahgel s’noie pas, putain d’merde. Et si j’me noyais pas, c’est qu’le truc qui m’a cogné était pas aussi NI que tu l’dis, simplette. Et essaie pas d’m’avoir avec les noisettes douçâtres qui t’servent de mires, tu crois jsuis un tendron qu’on aguiche comme ça ?

Bon, ouais, j’le suis un peu, c’vrai. Mais c’pas avec ton copain ’tomate à côté qu’j’vais vraiment m’détendre et qu’tu pourras m’avoir. Conseil d’pas ami, stu veux charmer un gusse, fais-le en plus intime, okay ? Et pas avec une nonne psychonympho à côté. Kay ? Mh, et pourquoi tu tournes l’regard, c’mon insistance qui t’fait frémir ? Héhé. Jchange d’cible et j’garde l’silence encore, l’temps d’choper deux ou trois casse-dalle et coupe-soif sur l’reste des tables. Ca rend l’ambiance épaisse.

Posons-nous, ouais…

C’est marrant, on ose pas m’dire non quand j’me sers dans les assiettes. Parmi les gars assis. Et on r’garde pas ma tête quand jsuis juste à côté. Ben pourquoi les mecs, elle vous r’vient pas ma trombine ? Jsuis pas laid pourtant, on m’a dit. C’est l’Tahar qui vous fait peur ? La bosse ? Ah merde, la bosse. J’ai senti t’àl en passant la pogne sur l’haut. Hmf, on va guérir ça.

J’prends une inspi et j’me fous une latte. Ca cogne sec. Ca cogne sonore. Ca cogne profond. La protubérance fait pas un pli et s’carapate face à ma violence. S’densifie. S’aplatit. Disparaît, a disparu. Suis tout lisse du crâne, now. Yeahé. L’œil humide, jme r’tourne vers mon public qu’a pas l’air d’paner l’miracle. Ben quoi les zigues et ziguettes, z’avez jamais vu un vrai homme ?

Pis y s’passe c’qu’y s’passe quand j’m’automandale. Au lieu qu’c’soient les endorphines qui sortent d’leur niche pour calmer les douleurs, c’l’adré qui s’met à filer dans mes veines. Suis foutu comme ça, et t’avouerais qu’c’est pratique en situation d’urgence. On est pas en situation d’urgence mais n’empêche qu’ça m’sert bien. J’me réveille, mes puces s’s’couent. Jsuis relà, et plein là.

La dernière table près d’laquelle j’tais s’met à voler sans qu’jme rende bien compte. Pas grand-chose. Juste elle pivote sur l’axe vertico-horizontal et fait un quart d’tour sur elle-même. En gros elle s’soulève et s’casse la gueule sur l’côté, ouais. L’ai juste soul’vée un peu pour montrer l’flux énergétique qui m’rev’nait. J’arrête d’faire mon radoteur aussi. M’retrouve moi-même.

Nan mais vous croyiez vraiment j’allais m’calmer ? Ptites connes ! Z’êtes de mèche c’ça ?

Toi, la sœur. Tu la voudrais pas dans ta gueule, ma gangrène, des fois ? J’aime pas qu’on m’menace, tu cales ? Ou alors faut qu’t’assumes. Et j’ai pas l’impression qu’tu veuilles assumer. Et toi, la nymphette, c’tait pas une menace aussi l’coup d’l’objet volant non-identifié plutôt dur, ultra-rapide et violent, ptet !? J’ai bon, ’core une fois, hein ? C’t’était quoi, c’tait ton copain la boîte jaune, là, qu’t’as envoyé m’casser la tête ? Rien à foutre qu’tu m’as ram’né jusqu’ici après et qu’ça voudrait plutôt dire qu’t’as voulu m’sauver. C’ça, hein ? Hein ? HEIN ? Hum. Pardon, ma parano s’sent des ailes. Ta gueule, la parano. Voilà, reprenons.

On a pas l’temps d’reprendre.


Lost in Transgression [FB 1622] 661875SignTahar


Dernière édition par Tahar Tahgel le Sam 17 Mar 2012 - 11:52, édité 1 fois
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« Écoutez la dame ! Il faut vous reposer ! Vous avez peut-être de graves séquelles qui vont s'aggraver si vous vous agitez ! Je sais d'quoi je parle ! Je suis infirmière ! J'voudrais pas faire une amputation parce que t'as la gangrène ! »

La porte claqua derrière moi. Je me retournai pour voir ce qui se tramait et eu la surprise de voir la blonde de tantôt revenir sur le devant de la scène. Elle attrapa sa hache pour faire face à son agresseur de tout à l’heure - je dis « agresseur », mais il pourrait très bien (pour la seule et unique fois de sa vie) plaider la légitime défense – et appuyer mes propos de l’arme plutôt menaçante. Elle mit un entrain certain dans sa voix, mais sa réponse me sembla particulièrement… loufoque ? Oui, c’était bien le mot : loufoque. Elle n’avait clairement ni queue ni tête, mais ça ne parut pas choquer l’Homme qui, pour la première fois depuis son réveil, eu une idée plutôt intelligente.
Si sa réaction traduisait une certaine forme de jugeote, j’étais à peu près certaine que le gus avait du mal à faire les connexions entre tout ce qui tramait. Il semblait un peu plus fatigué, un contre coup de son éveil brutal, probablement. Pas de quoi paniquer non plus, l’Homme traversa la salle pour aller se chercher un verre et se remettre sur les rails, chose qui sembla particulièrement compliqué pour le faux-noyé. Je le fixai du coin de l’œil, les bras croisés sous ma poitrine en soupirant. Bon dieu, dans quelle galère m’étais-je encore fourrée ? Ça me faisait encore doucement suer. Et puis, cette Nonne était aussi infirmière que moi bodybuildeuse ou que le gus aimable. C’était dire !
Et en parlant du gus, il continuait doucement à parler dans sa barbe, disant qu’il voulait se poser en faisant le tour de la salle. Le gars avait sûrement pas compris que pour se "poser", fallait pas chercher à becqueter dans les assiettes de tout le monde (chose qui remettait sérieusement en question ses capacités de réflexion, mais ma paranoïa naturelle m’interdisait de piocher dans la gamelle de gens dont je ne connaissais rien : impossible de savoir ce qu’on avait pu mettre dedans, donc dans le doute). Il se refaisait une santé et personne n’osait lui dire quoi que ce soit, ni l’arrêtait. L’on se taisait lorsqu’il approchait, et voilà tout.

Moi, dans mon coin, toujours pas moyen de remettre un nom sur sa tronche. Et j’avais beau creusé, ça voulait pas. Pas du tout. Pourtant, sa face de mec pas net devrait me revenir, mais nan. Bee restait attentif, attendant patiemment que quelque chose se passe pour pouvoir réagir et me protéger. Il regardait avec une grande réserve le sauvé qui faisait le tour toujours en piquant chez les autres pour se remplir la panse. Il m’interrogea du regard, se demandant si de telles pratiques étaient naturelles chez ces gens, je lui répondis simplement par un haussement d’épaule, ne sachant pas quoi dire d’autre.

Et puis d’un coup, sans que personne ne comprenne quelle mouche venait de le piquer, le type envoya valser une table et nous fit face avec l’air furieux. J’eus un petit sursaut mais me tournai vers lui. Ce mec m’avait foutu la trouille avec ses conneries, et voilà qu’il se mettait en plus de ça à beugler comme un porc :

« Nan mais vous croyiez vraiment j’allais m’calmer ? Ptites connes ! Z’êtes de mèche c’ça ? »

… Euh ?

« Hein ?… »

Je ne savais pas trop ce que j’avais du mal à réaliser. L’insulte ou son geste ? Sérieusement… P’tite conne ? C’est toi la conne, bâtard ! Tu me fais quoi ? Tu craque ton slip ? T’as la testostérone qui te travaille la cervelle ? T’as enfin atteint la puberté à te sentir obligé de retourner des tables ? Ça pousse dans le pantalon, t’as pas l’habitude, t’es perturbé ? Faut qu’on t’assomme encore pour que t’arrêtes de faire ton fier, du con ?
Je m’avançai vers lui, pas franchement contente mais essayant de temporiser son mécontentement. Temporiser façon Lilou, quoi :

« Ça va pas bien ? Qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi ?! »

Et j’attendis la réponse. Mais elle n’arriva jamais. Un autre truc arriva à sa place : une douzaine de marines, armés jusqu’aux dents, venant du fond de la salle en un fracas énorme, l’équipement tendu vers l’autre frappé et ceux qui étaient juste à côté. Dont moi.

« Tahar Tahgel, rendez-vous ! »

Un sifflement strident passa près de mon oreille, avant qu’un bruit sourd emporte les marins face à nous.

BOUM.

De la fenêtre brisée, surpris par l’assaut soudain, Bee avait tendu son bras et envoyé le boulet de canon armé dans son bras, celui-ci happa quatre des douze marins fraichement débarqué. Les gus se crashèrent sur les tables et détruisirent le mobilier, emportant d’autres protagonistes en fond. Mes yeux ronds se tournèrent vers Bee, l’air affolé :

« Put… »

Attendez, erreur de connexion des neurones... J’avais du mal à réaliser concrètement ce que mon coéquipier venait de réaliser. Il n’y avait pas que moi qui avais des problèmes de transmission, hein.

« PUTAIN ?!!!!! »

J’étais complètement ébahie : Qu’est-ce qu’il fichait, bordel ?
Et qu’est-ce que les autres allaient en penser ? Pourvu qu’ils ne me prennent pas pour une associer de ce mec qu’il venait chercher. Et je n’avais pas non plus spécialement envie que la Nonne s’en prenne à moi avec sa hache… Grrr.

« MAIS QU’EST-CE QUE TU FOUS ?! T’ES DINGUE ! »

En réponse, Bee haussa les épaules et arma les pistolets à ses doigts, les tendant vers l’avant pour tenir en ligne de mire les autres gus, si jamais ils tentaient de répliquer. Un frisson parcourut mon dos. Putain, il me foutait dans une merde monstrueuse. Surtout si les marins venaient en effet attraper ce…
Ce comment déjà ?
Tahar comment qu’ils ont dit ?
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Merci, mon dieu ! Ce pauvre hère perdu a su trouver le bon chemin parmi les méandres de sa conscience, esquivant les pièges de l'alcool et de la bêtise ! L'homme semble avoir assimilé mes avertissements forts judicieux. Ça aurait été dommage qu'il aggrave ses blessures ! Pire, s'il avait continué, j'aurais été obligée de l'assommer ! J'aime pas déjà la violence, mais, parfois, c'est nécessaire. Cependant, le coup qu'il m'a envoyé tout à l'heure m'a fait un sacré effet. Il aurait fallu ne pas le prendre à la légère. Heureusement qu'il s'est calmé, donc. Il était bon en fait. Quoique. Je ferme les yeux sur les vols à l'étalage flagrants qu'il vient de commettre sous mes yeux. On ne prend pas dans les assiettes des autres. On lui a jamais dit ? Ou alors, il faut mettre ça sur le traumatisme. Le coup sur la tête, l'inconscience et le fait d'avoir approché la mort, tout ça, c'est pas facile pour tout le monde. Soit. Pardonne-lui, Seigneur, il ne sait pas ce qu'il fait. Enfin, à force de tourner en rond en baragouinant pour lui-même, j'fais finir par remettre en cause son intégrité mentale ! J'l'ai pas déjà remise en cause, hein ? Peut être que l'anesthésie s'impose finalement. Je reste dans mon coin en surveillant l'homme. À la moindre incartade, je fais chauffer le poing qui fait dodo.

J'aurais dû l'endormir. V'là qu'il se met à casser une table et à gueuler encore plus fort qu'avant ! Il me traite de … conne ! C'est vraiment méchant, ça ! Sur le coup, je réagis sans vraiment y réfléchir et mes propos fusent dans la tourmente de voix et d'exclamations suite à son revirement de comportement.

C'est toi le gros con !!


Oups ! Pardon. C'est mal. Il ne faut pas s'abaisser aux faibles méthodes des brebis égarées. Je ferais pénitence. Je m'occuperais de lui inculquer les bonnes manières... C'est peut-être un peu trop dur pour un crime aussi faible. Ça va pas être commode de lui faire entrer quelque chose utile dans la caboche. Je compte bien m'occuper de lui d'un seul coup. C'est alors là qu'une bande de marines entrent dans le bar. La cible est claire. Le dérangé mental. Tahar Taghel qui s'appelle. Jamais entendu parler de ce nom. C'est con … bête comme nom. Visiblement, les marines le connaissent. Généralement, ils connaissent des personnes pas gentilles, surtout quand elles sont mises en joue. Le Taghel est la cible des fusils, la logique me fait dire qu'il a fait de méchantes choses. Ce qui pourrait s'expliquer par ses problèmes mentaux et sa prédisposition à s'emporter pour la violence. Logique. Du coup, il faut le chopper ! C'est ma mission !

Je brandis ma hache bien haut dans le but affirmer de l'abattre sur l'homme après une rapide course. L'abattre sur le flanc ; 's'agirait de pas le tuer non plus. C'est alors que le bidule jaune se met à tirer à boulet noir sur les marines. Là, ça sent le roussi. Les gens à côté prennent peur et cours dans tous les sens. C'est pas le moment de paniquer. J'suis encore surprise par ce qu'il vient de se passer. Faut faire un petit point de la situation. Quelle est la priorité ? Le Taghel, la fille ou le bidule jaune ? Potentiellement, le déranger est prêt à se livrer à la marine. Hypothétiquement. Donc, moyennement dangereux. La fille, j'vois pas trop ce qu'elle pourrait faire. Elle a l'air un peu paumé et semble très surprise de la réaction du machin jaune. Pas du tout dangereux elle. C'est donc le truc jaune le plus dangereux. Il attaque à vue les marines ! C'est évident ! Il est inhumain, il a dû disjoncter, d'où la surprise de sa copine. Que faisait-il avec ses mains ? Mais déjà, ou le boulet était parti ?! Cache t'il d'autres surprises dans son corps métallique ? Une bombe peut-être ?! Il ne faut surtout pas le laisser faire.

Ni une ni deux, je cours vers le machin jaune, je saute et je me réceptionne dans le dos de l'engin, me retenant à sa tête et à son coup.

Fuyez ! Il est devenu fou ! Il est incontrôlable ! Fuyez ! Fuyez pour vos vies !


La chose ne semblait pas trop apprécier ce que j'avais fait et commençait à s'agiter en tout sens. J'affermis ma prise en passant le manche de ma hache de l'autre côté de la tête et qui venait buter contre son cou, m'empêchant de toucher terre. J'ne suis pas un poids mouche, c'est sûr ; ça suffit pour le faire bouger un peu. En plus, je lui force à avoir la tête haute, c'pas cool pour continuer sa petite tuerie ! Une fois que tout le monde aura fui, j'vais le découper en morceau, la boite de conserve. Ce n’est pas humain, j'ai le droit d'entreprendre la juste violence !
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On a pas repris.

Bruit, poussières et cris. Une mouette ricane qu’elle a perdu sa patte. Un officier mieux planqué qu’les autres lui dit que non, courage soldat. Pourtant une gambette vient d’me fouetter la broyeuse, l’ai pas rêvée et mes molaires non plus. Alors bon. Sang partout. Fumées d’poudre. Moellons qui tombent. J’me casse la gueule comme le reste de l’auberge. Pas été touché, mais surpris ça ouais. L’peuple fuit. M’fuit pas. Fuit. La Marine. Le combat. Le carnage qui s’est pas annoncé. Le gros truc jaune qui vient d’tout faire sauter. Fuit pour sa vie. Ca siffle. Acouphènes à la con, c’est pas l’moment. Ca siffle plus. J’relève les yeux.

La mignonne engueule l’armoire jaune. Putain, c’est donc bien son copain ? Mais, de une, quelle tarée irait s’balader avec un truc automatisé pareil et, de deux, pourquoi cette couleur plus voyante qu’un amiral dans une taverne pour pirates en chaleur ? Et après c’est moi qu’aurait un truc qui tourn’rait pas rond ? R’garde-toi poupée. R’garde-toi bien et t’me parleras meilleur après. R’garde-moi aussi un peu avant, tu m’remettras ptet. Tu r’mettras ptet Tahar Tahgel, c’ui qu’ici on doit appeller le boucher des landes du Seigneur Debbylseaunofeubitch. Et alors ptet tu t’diras « méfiance, surveillons donc notre langue, car ce monsieur est très dangereux ». R’marque y a aussi la possibilité qu’t’es une tanche finie et qu’t’entraverais queud’ à c’qu’on pourrait t’baver. Ca expliquerait pourquoi tu m’regardes sans ciller alors que jdois t’faire voler en éternuant.

Et la nonnesse qui s’y met. Saute sur la boîte masatarde. Tiens, mastarde ça r’ssemble à moutarde. Et moutarde, c’est une couleur pas loin d’jaune. Saute sur l’pot d’moutarde, donc. Héhé. Hache en main. Mais bordel, c’moi l’truand impulsif ici ! C’quoi c’show qu’vous nous faites, là ? Bon, la r’ligieuse, à la rigueur, jveux bien, t’as pas vraiment une gueule de sainte nitouche bien dans sa peau. Dans sa bure. Mais toi, là, la gamine. D’vrais surveiller tes fréquentations t’sais. L’a l’air un peu chaotique, ton pote doré.

Les deux pelés en blanc encore d’bout s’mettent à tromblonner en r’tour, légitime défense et défense de la sécurité publique, tout ça. J’évite les tirs qui partent d’toute façon pas sur moi et en avise un troisième qui martèle son escargot comme un satané con, planqué derrière une ardoise bien salée qu’personne paiera.

Réponds Youstone, putain, réponds ! B’soin d’renforts, ça urge ! Etat d’alerte et tout l’bordel ! Ouais ! L’est là ! Tahar Tahgel ! Et l’a du matos avec lui ! Un robot ! Géant ! C’est une boucherie ! Grouille, transmets ! Et si on s’revoit pas, dis à ma femme que j’l’aime ! Et passe faire un tour dans mon casier avant elle, steup. Y a des trucs qu’vaut mieux pas qu’elle voie dedans. Des trucs ouais. Putain. Y m’a vu. Tahgel. Jte laisse, mais magne, on va pas t’nir longtemps ! Couic.

Couic, il l’a pas dit. Mais c’est l’bruit qu’il a fait en s’séparant en deux. A l’aut’ bout l’pote Youstone a l’air d’faire la tronche et m’baliverne des menaces, comme quoi j’m’en tir’rai pas comme ça si j’ai fait du mal à son ptit frère Lather. Mais jcrois que j’pourrais pas en avoir plus rien à carrer. Ses mots s’brisent sur les murs d’mon j’en ai rien à foutre et l’escargot fait un autre son pas propre quand j’raccroche et qu’y s’brise aussi. Restent les deux marins mais en fait y sont déjà par terre en train d’crawler sur les débris. Pourquoi mais pourquoi, tu t’demanderas en ayant bien raison ? Pack’ s’sont fait tirer d’ssus au gros sel par une machine qu’a l’air d’pas avoir bien intégré qu’si on pouvait tirer sur les pigeons pour les bouffer, les mouettes c’tait moins comestible. Le tout à l’aveugle vu les misères qu’cherche à lui faire la nympho en uniforme mieux agrippée à lui qu’une tique sur une peau d’pouilleux. Jte la fais rapide : du coup l’mur autour des macchab’ s’est transformé en vide tenu par un peu d’ciment pour faire genre.

Sacré bestiau qu’t’as là ma mignonne. Jpourrais lui dire. A la mignonne. Manière d’ouvrir la conversation tout en prenant les paris sur l’issue du combat d’catch. mais elle a pas l’air disposée à vraiment blablater. Pourtant c’est con. Jsais pas si c’est juste la mitraille ou l’coup d’son affidé tirant négligemment au boulet d’douze sur la maréchaussée d’ce brave bled qu’est Bliss mais j’ai blié toute ma colère et ma parano a tracé avec elle, m’laissant l’loisir de la trouver à mon goût. La mignonne. Ou tout au moins d’vouloir être urbain avec elle. Mais non, donc. Jreste muet, jpanse mon ego frustré d’pas avoir pu mettre la main à la pâte, pis jvais voir un des potes à Lather qu’a encore assez d’poumons pour rauquer.

Comment v’saviez qu’c’tait moi ? Parle et j’t’achève.

J’lui paierais même bien une tournée d’dernier cigare, mais ceux qu’j’avais s’sont tous foirés quand on m’a balancé sur la table d’op. Alors non, juste j’l’achève. Grand seigneur, t’as vu. Y m’a dit, jtiens parole. Y m’a dit qu’un citoyen m’avait spotté sur l’dos d’une fille de joie, et qu’on avait fait l’rapproch’ment. Jsoupire. J’avais juste envie d’me faire le port, pas forcément les goélands qui vont avec et qui maint’nant partent en chasse cont’ moi. M’enfin. C’est fait. J’lâche le canné et m’retourne vers les deux zozotes. Les trois. Fille de joie, la rouquine, hein ? J’la mate sourire en coin, elle aimerait probabl’ment pas l’titre. L’a pas la tête pour. La garçonne, en r’vanche, dans son style monstre forain…

Vais pour engager la convers’ quand même, y dire qu’on est partis sur d’mauvaises bases, tout ça, lui d’mander en bon gentleman c’qu’elle compte faire d’sa soirée maint’nant qu’elle est r’cherchée par toutes les polices du royaume, elle et son grand pote blond avec ses chaussures noires d’poussière. Mais un r’gard à la sœur m’fait m’dire qu’ça va pas être aussi simple. Et effectivement ça va pas l’être, vu qu’une voix connue s’fait entendre d’puis l’fond d’la rue sur laquelle l’établissement fait d’sormais terrasse. Z’ont été rapides, putain, et sont pas peu nombreux, si j’en crois les claquements de bottes qui résonnent… So long pour l’côté cadeau d’adieu rapide et discret sur South avant d’retourner sur West, hein.

Lather ? C’est Youstone, Lather ! T’es où mon vieux ? Lather !! Tiens bon mec, la cavalerie est là !


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Sam 14 Avr 2012 - 22:01, édité 2 fois
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Tahar Tahgel.
Ouais, Tahar Tahgel.

Sur tous les cons existant sur la terre, c’était sur lui que je devais tomber. Si son visage ne me disait rien, son nom aurait dû me rappeler ce qu’il était. Et ce qu’il était, c’était loin d’être brillant. Alors, au milieu de tout ce bordel, entre le Tahar qui faisait son cakou et mon Bee qui s’amusait à riposter (non sans avoir commencé, certes), je remarquai que j’avais sauvé, tantôt, un véritable fumier. Je fronçai le nez en regardant le gus en face de moi avec un mépris profond. Comme s’il y pouvait vraiment quelque chose quand à notre situation… Pfffiou.
Ce n’était visiblement pas ma soirée. Entre la rencontre de plus tôt qui me faisait empester la soupe aux choux, et celle-ci qui me foutait dans une merde noire, je n’avais qu’une envie : me pendre. La nonne n’arrangeait pas le tableau, comme je voulais l’espérer à la base, vu qu’elle s’attaquer à mon coéquipier avec une hache en hurlant qu’il était incontrôlable, fou, en affolant tout le monde. En posant mon regard sur elle, une autre forme de mépris monta au fond de moi. Fronçant les sourcils, je me demandai comment est-ce que je pourrais me sortir de cette galère, qui, pour une fois, n’était pas totalement de mon fait.
J’avais bien envie de tout mettre sur le dos de Monsieur Connard, en sachant pourtant que j’avais ma part de responsabilité. Je l’avais sauvé. Sans savoir qui est-ce que c’était, certes, mais sauvé quand même. Bordel, j’avais sauvé un gars primé après l’avoir, au préalable, assommé dans de la flotte en le noyant à moitié ! Chier. Pourquoi fallait-il toujours que je m’attèle à conserver la vie des gens que je ne connaissais pas ? Pourquoi fallait-il que je n’ai aucune mémoire, ou tout simplement rien à carrer des actualités ? Et pourquoi est-ce que ça me mettait dans la merde à chaque fois ?
Rah, et puis cette Nonne qui ne s’arrêtait pas !

« Ah non mais ça suffit maintenant ! »

Je me tournai vivement et fonçai vers Bee, il posa sa main à terre et me permis d’escalader son bras, j’arrivai à son épaule et attrapai la bonne sœur par le cou, me lançant par-dessus elle pour la faire tomber en arrière. Bee m’aida en se secouant vivement, faisant lâcher prise à la bonne femme qui s’écrasa trois mètres plus bas. Je chutai maladroitement, me rattrapant de justesse sur les fesses. Le choc parcourut mes membres et je compris, bien rapidement, que ma Hanche n’allait pas encaisser la dégringolade. Elle se fêla, tandis que j’étouffai un cri dans ma gorge.
Ça faisait vachement mal ! J’avais toujours réussi à éviter de me briser cet os-là, aujourd’hui, c’était raté… De quoi me mettre encore plus en colère contre ces deux rigolos qui gâchaient ma soirée, en mode combo casses-couilles.Bee se pencha vers moi pour voir si tout allait bien. Il m’attrapa par les côtes et me hissa sur sa grande main. Rouge de douleur, de colère aussi, il me mit au niveau de la bonne sœur et me permit de lui adresser la parole :

« Écoutez ma sœur, il n’est pas fou, je vous l’assure. Regarder, il ne fait que s’occuper de moi. Ce robot est là pour assurer ma protection, vous ne pouvez pas l’abîmer, Il veille sur moi, comprenez… »

Le regard implorant, la moue boudeuse, les yeux pétillant de larmes, pourvu qu’elle arrête de s’en prendre à lui.
Et puis derrière, il n’y avait plus un bruit, si ce n’est la voix d’un autre homme affolé. Bee porta son regard vers Tahar, qui zigouillait un des derniers types en vie. Le robot n’apprécia pas le geste mais préféra ne pas réagir. M’aidant à me tenir sur mes jambes, elles manquèrent de se dérober à nouveau lorsque je remarquai en fond de scène la cavalerie qui s’approchait à vitesse Grand V. Bon dieu, c’était quoi que ce cirque ? C’était pour nous ? Sérieusement ? Mais, mais… On avait quasiment rien fait là…
PUTAIN.

« Bee, transforme-toi en canard. »

Le robot s’exécuta et passa sous sa forme animale sans chercher à comprendre plus loin. Il ne restait que nous trois à savoir ce qu’était Bee. Plus de Robot. Et le premier qui le balançait, je lui ferais moi-même la tête au carré. Une chose était sûre, les moustiques étaient là pour nous. Plus ou moins nous. Plus lui, je crois. Je l’espèrai. En même temps, c’est le Tahar qui était primé, pas le reste de la fine équipe. A côté, on faisait saintes-nitouches (et pourtant, je ne suis pas du genre très blanche avec toutes les magouilles que j’ai mis en place. Le truc, c’est que j’ai toujours eu la présence d’esprit d’arnaquer les arnaqueurs. Moins dangereux, par expérience, quand on est malin.)
Bee caquetait, tournant sur lui-même en battant des ailes, probablement pour effrayer nos ennemis, comme les animaux dans son genre avaient l’habitude de le faire. Pas très impressionnant à distance. Et les armes pointées vers nous, vers lui, avaient l’air décidé de nous arrêter. Je ne savais pas la marine aussi douée pour repérer ses ennemis, pas aussi vite en tout cas.
A croire que le gus leurs avait envoyé une petite lettre signé d’un « Je suis ici les loulous, Bisous bisous. Signé Tahar lol ». Enfin une question légitime à lui poser, au Tahar en question :

« Hey, gars. Comment ils savent que t’es là, en fait ? T’es si chiant que ça pour qu’ils veulent à ce point te faire la peau, hein ? »

En tout cas, mec, comprend que là, je ne pourrais sincèrement pas te suivre dans ton délire. Mettre à sac une auberge avec d’autres monsieurs connards un peu dans ton genre, ça peut rouler. Frapper du marine sans faire exprès, passe encore. Mais me battre contre une cavalerie volontairement avec à la sortie une prime sur ma tronche, non merci.
Allez, t’es gentil, t’es mignon. Sans rancunes ?
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Je bouge dans tous les sens, mais je reste fermement accrochée à la tête. La créature ne dit pas grand-chose. Ou alors des bips électroniques. Il y a aussi les bruits de frottement de son espèce de carapace. Cette chose ne crie pas. Ça serait vraiment bizarre là ! J'ne saurais pas comment réagir ! Ou si ! Il faudrait la détruire ! Comment une chose qui parle ne pourrait pas être ton oeuvre ?! Donner la vie, c'est ton rôle, pas le notre ; pauvres enfants, fruit de ton intellect et de ton imagination débordante ! Je fais quoi alors ? Je le détruis ? Ça va être un peu difficile. Il est quand même grand ! Et large aussi ! Et puis, il a pas l'air si facile à tuer que ça ! Mais, j'y pense, tuer une aberration de la nature, c'est un crime ? Mmmmh. C'est problématique ! Pendant ce temps, je manque presque de me faire jarter de ma position. J'suis en peu dans l'impasse. Ça a pas servi grand-chose, en fait. Que faire ? J'regarde un peu ce qui se passe entre deux soubresauts. Le Tahar s'amuse avec les marines. Les pauvres. Le fou ! Le meurtrier ! Si j'étais pas occupée à attaquer la folie jaune, je lui apprendrais les bonnes manières ! J'pense que son cas est irrécupérable, non ? J'ai le droit d'user un peu de mes arguments interdit !

J'pense à ça et j'oublie de voir que l'autre fille s'est fait attraper par le monstre. Ah ! Misère ! J'ai failli à ma tâche ! Tel un gorille poilu, il va surement l'emmener en haut d'une maison sous les regards choqués d'une foule nombreuse. Qu'est-il capable de faire ? Aïe, Aïe, aïe ! Pardon, Seigneur, j'ai péché ! J'ai foiré même ! Il approche la fille de moi. Il faut que je fasse quelque chose pour la délivrer. Il m'observe. Ah ! Je vois la fureur sur son visage. La fureur de s'être fait prendre ! La peur aussi ! La peur du tragique destin que pourrait lui faire vivre l'horrible chose ! Je bouge dans tous les sens, mais ma tentative ne sert à rien ; surtout parce que je ne savais pas quoi faire d'autres d'utiles. Je vois sa main qui se tend vers moi... Mais en fait, elle est juste debout sur sa main... nan ?
La bizarrerie continue ! Elle m'attrape à la gorge. La grosse surprise ! Elle fait une sorte de pirouette et m'attire vers le sol. Je ne peux pas résister. Je lâche ma hache d'une main et je tombe par terre, mon arme glissant contre le cou robotique et suivant mon corps. Je m'écroule durement par terre, sonnée l'espace d'une seconde. Je sens se réveiller en moi la douleur de l'attaque-surprise du dénommé Tahar. J'ai pas grand-chose de cassé de plus, mais ça fait mal ! Heureusement, ma hache s'est pas plantée dans moi. Ni dans celui de la fille. Elle s'est plantée pile entre nous deux. C'est plutôt une bonne chose.

Mais j'oublie le principal ! La chose est toujours là ! Elle attrape même la fille. Une nouvelle fois ! Le vil chenapan ! J'vois bien qu'elle a morflé à l'atterrissage. Il faudrait que je m'occupe d'elle, mais c'est peut-être pas le bon endroit. Enfin, je m'apprête à frapper violemment le bidule jaune, histoire de la délivrer, mais elle m'en dissuade par quelques mots qui met la lumière sur quelques points sombres.
C'est un gentil ? C'pas un méchant ? Sans déconner ! Hé bah ! J'me suis mis le doigt dans l'oeil jusqu'au cervelas ! Elle a l'air si triste, elle doit pas me mentir. En même temps, si elle ment, c'est qu'elle adore se faire enlever par le bidule jaune. De là, ça ne me regarde pas ses lubies. Et puis, c'pas possible de mentir en étant aussi malheureuse ! C'trop triste !

Aaaah ! D'accord ! Désolé ! J'pensais pas ! Enfin, j'savais pas. Parce que j'pense en fait. Ah ? Hé …

Enfin, voilà, j'lui fais bien comprendre que je lui veux plus rien, à son bidule. Quoique, ça reste encore, un blasphème devant le créateur ! Faudrait que je demande à la mère supérieure, elle m'a pas parlé des cas mécaniques dans ma formation ! J'pourrais en profiter pour la soigner et voir ce qui va pas, maintenant que le grand jaune est devenu un ami, mais elle semble pas trop en souffrir. Et puis, le grand jaune s'est transformé en petit canard. J'ai cru un moment que j'étais en train de rêver. Je revais pas ! La preuve, j'avais toujours mal de ma réception foireuse ! J'ai lâché un cri de surprise puis j'ai fermé mon clapet. Ça devait être normal. J'ai du loupé un épisode. Inspiration. Expiration. Tout va bien.
'Tin, mais c'est quoi ce truc électronique trop bizarroïdes ?! Il y a des anomalies dans c'monde, c'est effarant !
Petit topo sur la situation. J'ai pas les esprits clairs, c'est pas bon pour bien réfléchir. Ex-danger public numéro 1, bidule jaune devenu canard ; plus un danger finalement. Il reste quoi ? L'autre Tahar ! Évidemment ! J'l'avais zappé ! Il en avait fini avec ses marines et il semble que d'autres arrivent. La tuile pour lui. La tuile pour eux ; vu comment il a massacré leur pote avec désinvolture, ils vont pas faire long feu ! L'autre fille pose une question, mais ne tente rien. Il faut faire quelque chose pourtant ! Il va massacrer des innocents ! Enfin, tout le monde est innocent face à une ordure pareille. Pour que la marine le veuille, il ne devait pas être une petite frappe et la facilité avec laquelle il a tué ne présageait rien de bon.
Adrienne, il faut que tu fasses quelques choses ! Je laisse ma hache là où elle est. Pas besoin. Je regarde à gauche et à droite. Personne, ou plutôt, j'vois personne. Les gugusses ont dû filer quand ils en avaient l'occasion. Tant mieux. Au poil même. Je m'approche de Tahar. Il a l'air toujours dans le vague. Ou alors, il est plus intéressé par l'imminence de l'arrivée des marines.

M'sieur, j'ai quelque chose à vous dire.

En fait, j'ai rien à te dire à des gars de ton espèce. J'balance toute ma force dans mon mouvement de tête. Optimisation de la vitesse et de l'impact, je lui mets un coup de boule collector dans sa face. Outch ! Ça fait mal ! J'recule moi-même, un peu sonnée par l'impact. Pour le Tahar, j'vois pas si ça a fait aussi de l'effet. T'façon, la bande de gardiens de la justice arrive. Choper le moi, j'l'ai envoyé momentanément dans les étoiles ! Et l'autre fait rien ?

Vas y ! C'est le moment !
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Les maréchaux, c’est un régiment complet qui s’en ramène. Pas bézef rapport à la populace milouf du coin mais pas mal quand même. Du troufion surtout, d’la chair à sabre pour c’que j’capte de leurs jérémiades organisationnelles par le mur défenestré. Mais y a aussi un tiot groupeton d’off et sous-off qui m’a fait d’l’œil, entré en procession dans un crèche cossu sur l’autre rive de la rue. Pas vu les insignes mais à leurs trognes et si l’coin est toujours géré comme d’mon temps, y a moyen qu’un colonel s’soit ram’né. J’doute qu’on plaisante avec les gusses à avis d’recherche qui s’paient l’luxe de faire boumer des chantiers navals. J’aime bien les colonels, ça croque sous la dent d’hab. Ca s’débat. Ca résiste. Et jpense pas ça pack’ c’est l’honneur auquel jme suis arrêté, dans mon aut’ vie d’avant.

Me r’tourne et la gueuse me tchatche. La rouquine. J’y prête une feuille, c’qu’elle caquète me polit l’auricule comme ça s’fait d’hab, mais j’décode pas. La faute à c’te con de barboteur qui m’occupe le panorama. Ouais ouais, un caneton bien comme dans les bouquins, couleur soleil levé et tout. Et qui fait des bruits relous comme son engeance seule sait les faire. Et qui nous guinche autour comme une gallinace dont on vient d’couper l’chef. Sans ordre, sans raison, sans but. Sans robot à l’arrière-plan.

J’additionne, jsoustrais, jmultiplie par douze et jretiens quatre. J’en déduis rapide qu’y a des forces occultes à l’œuvre dans c’merdier et ça m’met la patate. J’aime bien l’occulte, c’est obscur. Et dans l’obscur tous les chats sont gris. Et quand tous les chats sont gris, les souris dansent. Hm, j’m’égare. Mais la cane qui piaille, là, elle m’aide pas. L’temps d’émerger, l’aut’ gueuse s’y met. La blonde. Le blond ? Bref ille s’approche, m’bave un truc, m’allonge une avoine têtue. Putain, elle a l’amour vache.

Mais j’ai l’panard rétif moi, gente damoiseau, jdécolle pas comme ça moi. Bon, jdis pas qu’son swing m’gratte pas l’tarin, et jdois même avoir deux gouttes de sanguinolent qui volètent et m’redécorent la boutonnière. Mais j’ai l’conscient qui reste en surface, et c’te fois-ci j’ai l’esgourde qui m’traduit en simultané au bulbe. D’mander des renforts à la rosière, t’es sérieuse là ? Vrai qu’t’as la foi mais bon…

Enfin. Encore un coup des mouettes, avant qu’j’y claque le museau en r’tour de bâton la cloison à gauche s’effrite, s’craquèle, s’gondole puis nous choit sur l’coin du clapet. Jdis ça pour la volaille, qu’était mieux placée pour s’récup la poudre aux yeux. Et pas b’soin d’être du bâtiment pour savoir qu’un carré à étages qu’a plus qu’deux murs porteurs contigus pour pleurer fait pas long feu. Va y avoir d’la fracasse, reste plus qu’à compter jusqu’à deux cents. Trois cents ? Adjugé vendu, faut que jtire, que jme tire, et on verra pour c’qu’est d’tirer encore après. Mais d’abord, r’prendre où j’en étions.

Jfixe la béguine, manière d’lui signifier que j’ai tellement beaucoup aimé c’qu’elle a fait qu’moi aussi je résiste pas au plaisir de lui déclamer quelques vers. Des verres, j’lui en balance une pleine armoire, qui par la volonté du foutreciel avait su jusqu’là résister aux assauts des shraps. Pis j’enchaîne sans bien viser par l’cageal à provisions qui trainait près du comptoir et par l’comptoir lui même. Merde à la fin. Tu m’bécotes, tu m’pelotes, tu m’niques un costard à cinq mille plaques, et après tu t’étonnes que jsois pas jouasse et même tu t’rebiffes ? Mais d’quelle couvent d’pécores tu sors, toi ?

C’est d’justesse que j’me r’tiens d’faire valdingue l’garde-boire dans l’mouv’ment.

Mais j’me r’tiens. Au col d’une tanche de pif sombre pas prétentieux, que j’siffle sans qu’y s’débine pack’ y a pas d’raison, faut profiter d’l’instant. Grosglou. L’instant d’après, plus l’moment d’renâcler, faut s’mettre au turbin. Pour cause qu’y a quinze dizaines de soldatesques qui s’approchent bâton-qui-crache-du-feu en pogne et qui s’prennent pour des génies en nous beuglant à moi et ma complice par la voix d’un r’présentant syndical d’leur lâcher ma propriété armurière et d’me présenter les paumes en l’air comme un premier d’la classe, dernier avertissement, et rendez-nous Lather bordel de connards, la ferme commandant Youstone. C’est là que jme dis : Tahar, mon canard, tu peux y aller. Bon, le canard c’est pas un bon choix d’langue mais j’y vais quand même.

Hinhin.

Faut dire qu’suis inspiré. Sans trop m’préoccuper de c’que branle la fille au Père, j’me téléporte en deux enjambées viriles dans l’dos d’la donzelle zoomécanophile qu’est aussi censée être prostipute et j’y annonce que rien d’personnel. Pis d’un coup j’l’emmène dehors et, sans crier gare pour qu’ça paraisse plus naturel quand elle criera, j’y torsade le bras. Pis comme ça m’est v’nu et qu’j’ai trouvé ça rigolo j’y susurre mot pour mot à l’oreille l’appel du bougre femelle juste après m’avoir labouré les naseaux.

Vas-y. C'est l’moment.

Et tout fort, à l’assistance, pour montrer qu’suis bien couillu et qu’j’ai pas l’intention d’faire dans l’coopératif :

Youstone, sais pas l’quel t’es mais va falloir qu’tu trouves un nouveau ptit copain. Par contre stu veux sauver une gente demoiselle c’t’encore dans tes cordes. Suffit qu’tu m’laisses passer et qu’tu m’trouves un dirigeable.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 9 Avr 2012 - 17:43, édité 1 fois
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Putain, le Tahar, ce n’était pas un rigolo. Pour qu’il y ait une prime sur sa tronche, en même temps. Rien d’étonnant, il avait sincèrement l’air d’un casse-couille. Enfin, genre casse-couille de haut niveau. Il était au-dessus de tous les tops, surclassé le premier, largement. En bref, il méritait largement son titre de Monsieur Connard. Et plus cela allait, plus il le prouvait. Il n’en avait d’ailleurs strictement rien à foutre de voir la marine débarquer pour l’arrêter et le mettre en taule. Ah non, ça, ça lui passait au-dessus, complètement.
« Boarf, j’suis assez mastoc pour m’les faire tous en même temps », qu’il avait l’air de dire. Y’avait de quoi, au vu de la prime qu’on lui avait foutu sur le coin de la gueule. De combien déjà ? Mh, était-ce vraiment le moment d’y penser. Quelques millions, probablement de quoi vivre à l’aise quelque temps. Mais ce n’était vraiment pas pour moi. J’avais pas les arguments pour le faire fléchir, mise à part un gros coup de bol, lui balancer un truc dessus alors qu’il flotte et le noyer comme ça…
En gros, un truc qui n’arrive qu’une seule fois dans une vie.

Enfin, tout ça pour dire que la marine avait débarqué sur la scène en mode « coucou, on vient arrêter Tahar parce qu’il est très méchant, hihi », que Bee était revenu à sa forme animale et que les deux gus le regardaient avec des yeux écarquillés, en oubliant de m’écouter ou même de me répondre, voire de réagir simplement. Ça faisait toujours son petit effet, et je n’étais pas peu fière. Bon, ce n’était pas forcément le moment de se la péter pour avoir mis au point un petit engin magnifique comme ça… Mais quand même, y’avait de quoi se la donner, nan ?

Mh, bref. La nonne se mit à nous causer. Je me tournai vers elle pour voir ce qu’elle avait à dire. Elle déclama qu’elle avait besoin de parler a Tahar avec un peu d’intimité, ce qui ne semblait pas réellement possible dans notre situation. Et puis, sans prévenir, sans même que je ne puisse réagir ou calculer ce qu’elle allait faire… Elle lui mit un coup de tête, là, comme ça. Genre normal… (pour moi, quand une bonne sœur me dit « j’ai besoin de vous parler », c’est pour qu’elle me parle, pas pour qu’elle me colle une patate dans le nez). Et quelle patate ! Un truc qui m’aurait enfoncé le visage dans le cerveau, refait le portrait.
Enfin, je disais ça pour moi, mais le Tahar n’avait pas l’air d’être plus enquiquiner que ça parce qu’il venait de se prendre. Non, rien. Pas de réaction. Même pas un mouvement de recul. Un peu de sang coula de son nez, sans qu’il ne s’en affole plus en se disant « Ah putain, une nonne vient de me foutre un coup de tête dans le nez, ça fait mal, ouille, ouille, ouille ». Enfin, dans les faits, quand une Sœur te colle une mornifle comme ça, même si elle ne te fait pas mal parce que t’es vachement fort, ça a de quoi choquer, non ? Une bonne sœur, PUTAIN. Y’a que moi que ça surprend ?
Apparemment. Le pire, le summum du pire, ce fut lorsqu’elle me demanda de réagir, genre que c’était à mon tour de lui bourrer la gueule à coup de poings. Genre, MOI ? Ma cuisse rentrait trois fois dans son bras, j’avais la hanche en vrac, j’étais à peu près la seule consciente de me trouver dans une merde noire et que j’allai probablement y passer si on continuait dans ce sens (surtout si on continuait à trainer avec l’autre type, là, hein.) Alors, forcément, je n’avais pas le temps de faire quoique ce soit pour venir en aide à l’envoyée de dieu, Tahar se remit d’aplomb quelques secondes après pour commencer à tabasser allégrement la blonde.

Oh mon dieu ! Mais… mais… Mais il vient de casser le mur, là ?! Et… Et il lui balance des trucs à la gueule ? Ah mais !

Ce mec était un malade. Un gros malade. Je n’avais pas envie d’être là. Partout sauf ici. Oh non. Et pourquoi tu t’approches ? Nan, reste loin. Loin de moi. Non mais ? Quoi ? Qu’est-ce que tu veux ? Que je quoi ? Comment ça rien de personnel ? Non mais j’ai pas envie, vraiment pas. Non. Noooooon. Et… Et pourquoi on va les voir, eux ? Non mais t’as pas compris qu’ils veulent trouver un moyen de te défoncer ? Et… Et attends ? Qu’est-ce que tu …

« AAAAH ! AIE ! »

Ah, tu voulais du réaliste, et bah en voilà. Monsieur connard me tordit le bras, au point que j’hurle. Ça faisait super mal ! Il allait me le briser, me le casser, oh putain !

« Vas-y. C'est l’moment. »

Ahah ? Et il se croyait drôle en plus ? Et puis, il se mit à faire des réclamations, genre qu’on le laisse passer et qu’on lui trouve un dirigeable. Genre ? Ah non mais est-ce qu’il pensait sérieusement que les autres allaient estimer ma vie à ça…? Si oui, ça me faisait chier. De toute façon, il se foutait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Et putain, ce que j’avais mal. Bee se tenait derrière et piailler à nous en crever les tympans.

« Ok ! J’y vais ! Fit Youston en quittant les rangs. »

Erf…

Bref… Tahar, je sais, tu voulais du réaliste mais t’étais pas obligé d’y aller si fort, je pouvais faire genre… Je simule bien, dans mon genre
Bon, ok. Pas le temps d’en dire plus, de négocier avec lui pour qu’il se calme niveau tordage de bras. Un Gonk. Ouais, voilà. C’est comme le Ponk, mais en différent. Vous ne savez pas ce que c’est que ça ? Je vais vous le dire, moi… Le gonk, c’est un enchaînement de coup bien placé, idéal dans la position que nous tenions tous les deux… Bon, c’est parti ?

Cambré pour limiter la douleur, je m’appuyai légèrement contre lui pour me caler. Pas de bol, je devais prendre appuie sur la jambe qui était contre la fêlure. J’allai douiller, mais ça valait la peine. Sans prévenir, j’envoyai donc mon pied rencontrer son genou. Le but ? Le faire fléchir, le déstabiliser. Si le coup était assez violent, je pourrais même le tordre. J’arrêtai de respirer, sous la douleur et la pression que je me mettais. Et j’enchaînai, envoyant mon talon écraser son petit orteil (qui a été exclusivement créé pour faire mal), et continuai lorsque l’arrière de ma tête percuta son nez à nouveau. Assez fort. Très fort. Aie.
J’avais la tête qui tournait, mais il ne fallait pas que je m’arrête, je me libérai de ma prise en me débattant légèrement. Alors, pour mettre la cerise sur le gâteau, je me mis face à lui et envoyait mon genou rencontrer la moitié de sa future progéniture.
Entre temps, Bee avait repris sa forme de Robot, réactif, chargeant son avant-bras des débris autour de lui en le pointant ensuite vers le pirate. Chancelante, pas sûr que cela ait fait énormément d’effet à ce gars (qui avait la ferme intention de se servir de moi comme chair à canon, quand je vous disais que c’était Monsieur Connard en personne…). Les marines nous regardaient, pas certain de savoir quoi faire.

« Bee, atomise lui la gueule ! »

Cinq. Quatre. Trois…
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Je tente un coup d'oeil au Tahar pour savoir si j'l'ai knocking sa face. Y'est pas à terre. Y'est pas en train de gueuler de souffrance. Il est juste là, un peu plus loin. L'Tahar a juste mis un pied en arrière pour se rattraper. C'est pas les deux goutes de sang qui vont me ravir. Ça sent le sapin. Il a pas l'air très joyeux de mon petit coup de boule. Fichtre ! Si j'arrive même pas le faire bouger alors que j'envoie tout ce que j'ai en un coup, j'crois que c'est moi qui vais plutôt Knoking to Heaven's Door à ce rythme. J'suis sacrément dans la mouise ! Allez ! Reprends-toi ! Tu vas t'en sortir. Y a Tahar qui se prépare surement à te massacrer la figure et ça promet d'être saignant vu comment il en caisse. Peace. Calme. Don't Cry. Tout ce que t'as à faire, c'est rester en vie. Le mieux serait que les marines fassent diversion. Les pauvres. Enfin, il y a des limites, j'vais quand même pas me sacrifier alors que je lui ai rien fait rien à ce type ! Et puis, c'est un mal pour un bien. En restant en vie, je vais pouvoir sauver plein d'autres brebis égarer sur les chemins de la perdition. Ouai. C'est ce qu'il faut que je me dise.

Coup du destin ? On dirait bien ! Un mur explose. Enfin, je sais pas trop en fait. C'est vachement le foutoir. Ça vole dans tout les sens, c'est comme si une locomotive avait percuté le mur... le truc qui roule quoi. La poussière et les cailloux, toutes ces conneries, c'est pas top. Surtout que j'ai toujours le crâne un peu en compote ! Tant que ça attire l'attention du Tahar, je peux bien le supporter. Justement ! Le Tahar. Merde, il me regarde toujours. Il en a rien à foutre que ça explose de tout côté ? Et les marines qui viennent le chercher, il s'en fou aussi ? Complètement toqué c'mec là ! Qu'est ce que je fais ? Je ferais bien de partir ! Il bloque la seule issue. Enfin, la seule issue connue. J'pourrais tenter ma chance avec une porte de derrière. Si je la trouve au milieu de tout ce chaos. Je fais quelques pas en arrière en le surveillant. Je le vois prendre des verres. Il a soif ? Hein ?! Il me les balance ! J'me protège avec mes mains. Difficilement. Soit je les pousse plus loin, soit ils pètent et m'écorche la peau. C'est la merde. Il commence à enchainer avec les trucs un peu plus gros. Ça sent de plus en plus la mouise. J'suis submergée par les attaques ! Ça plus la commotion cérébrale volontaire et sa première beigne, j'suis pas loin d'être kaputt. Un objet plus gros que les autres arrivent. Je me le prends en pleine figure. Outch ! Je m'écroule à terre, complètement hors jeu. Breakdown. Plus rien ne marche. Il vient pas m'achever. C'est plutôt bon. J'fais le mort, mais j'ai pas grand-chose en fait. Je récapitule. Des côtes en sale état le crâne en compote, la peau mitraillée et la face écrasée. J'ai pas grand-chose… genre. Bon, il faudrait mieux se faire discret un instant. J'écoute ce qu'il se passe ; ça a du bon de rien faire, parfois.

J'entends des bruits de luttes. J'entends les marines. J'entends Tahar. Brrr. Il fait peur. J'entends aussi un autre truc qui fait peur. C'est… le plafond. Ça grince, ça couine, ça craque. Mon paternel aurait surement crié « tiiiiiiiiimmmbeeeerrr » dans ces cas-là, quand il entendait que ça craquer. Il me disait toujours de ne pas me mettre en dessous. Ça fait mal à l'arbre. Sauf que c'était papounet, il avait la tête dure. Et là, c'est la baraque en entier qui grince. Il faudrait peut être que je dégage avant que My World m'endébrisse vivant. Je m'agite en tous sens. Je fais valdinguer les débris autour de moi. Pardon si ça tombe sur la gueule de quelqu'un. J'fais de la place. Je me relève tant bien que mal et je fais quelques pas en avant. Plus de Tahar. Plus de gamine. J'vois son robot de dos. Ils sont Estranged ? Quand même pas ! Je m'avance encore un peu et je me décale. Je vois tous les marines qui pointent leurs fusils vers un type. Tahar. Évidemment. Il retient la Pretty Tied Up de gamine. J'fais quoi ? J'vais l'aider. Ça continue de craquer en haut. Ça sent vraiment pas bon. Une grosse poutre se fracasse juste sur moi. Je prends sévère sur le coup, mais j'encaisse. Toute façon, je suis obligée d'encaisser si j'veux sortir ! J'veux sauter dehors et me sauver la vie, mais j'oublie mes affaires ! Pas questions de partir son mon sac et ma hache ! Je parcours la distance qui me sépare de mes instruments en esquivant maladroitement le premier étage qui commence à s'écrouler. Puis je me précipite dehors. L'étage finit par vraiment s'écrouler et je balance mes affaires dehors pour leur sauver la vie. Enfin, avant que tout s'écroule sur ma gueule, je saute et je roule sur le sol. Sauver ! Mais je me suis péter l'épaule en voulant faire mon héros ! Heureusement, ma hache n'a rien, c'est l'important.

Dehors, il y a toujours les bleus avec leur Shotgun Blues. En face, ça a bougé. Le Tahar est là, il a mal ? Je sais pas. Il est bizarre, mais il est toujours aussi so fine. Avec le bâtiment qui s'écroule et tous les marines de l'ile qui se baladent dans le coin, il faudrait éviter la Civil War ! C'est franchement le chaos ! J'aurais dû rester dans les décombres, c'était plus sûr. 'tin, cette aventure m'a laissé des séquelles. Yesterday, j'aurais pas agi comme ça. En même temps, c'est bien la première fois que je rencontre un type pareil. Une vraie brutasse. Faut se dire aussi, j'allais pas attendre 14 years pour rencontrer un type de se calibre. Le monde est vaste, mais quand même.

T'as l'autre gamine qui veut « atomiser », via le canard-robot, le Tahar. J'sais pas ce que ça va faire, mais je crains le pire. J'pense que j'vais éviter de Get in the ring. Par contre, je sais pas quoi faire d'autre. Avec le robot qui s'apprête à lancer un truc de la mort qui tue, j'ai bien l'impression que le Taghel va en baver. Dommage, you could be mine, mais t'as choisi ta route de ténèbres. Le Seigneur te fera la morale !


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Vas-y fais pas ta majorette !

Jte résume. La rosière vient d’se transformer en teigne, coiffe échev’lée et bas-ventre qui s’agite genre pas amical’ment. Ca s’agite, ça s’agite, mais ça fait pas des ptits rouquins. Un talon dans la rotule, que jme prends, la même sur l’peton droit, et un nouveau coup d’tif dans l’pif. Combo ultime qui sans m’assommer vu qu’jsuis très fort et très bien gaulé par la castagne contre de vrais hommes m’en met plein la vue. ’reus’ment, même aveugle, j’ai les réflexes d’folie du mec qu’a grandi dans la rue qu’c’est la jungle, sinon là j’aurais la nouille posée sur du gravier d’cajoux, avec le coup final d’son enchaîn’ment d’furie qui m’a cherché les parties. Mais non. Réflexe donc. Et suffit d’plier les g’noux en collant les gambettes et c’est stoppé. Bon, du coup ça fait double tarif pour la jointure fémur-tibia qu’encaisse à la place mais au moins mes projets d’descendants sont pas complèt’ment à la ruine.

T’as vu.

La ruine, parlons-en. La feuille grattée par un brin d’poussière et un chtiot souffle de truc qui s’casse en f’sant d’la fumée, jme r’tourne après vérif qu’la donzelle s’taira pour la prochaine fraction d’instant. Et qu’est-ce que jvois ? Qu’j’avais raison. Deux murs porteurs en moins, et l’bousin s’est viandé façon j’en fous partout. La nonnesse s’en est bien tirée on dirait, mais l’reste du mobilier, héhé. So long pour les bouteilles. Autour, chacun s’fout la palme sur les mires pour les protéger, réflexe classique encore une fois. Les visières des uniformes ça fait pas tout, sinon ça s’saurait. Ca, ça m’laisse à nouveau l’bout d’moment qu’y m’faut pour r’porter la tension. L’attention. Sur la miss jaurée. Et qu’est-ce que jvois c’te fois ? Que l’caneton a r’pris sa forme démoniaco-jaune et m’reprépare un coup d’mitraille de derrière les buissons. Non, y a pas d’buissons, c’t’une image.

L’coup d’la mitraille par contre, c’pas une image jsens. J’entends un bruit d’machine pas jouasse. Un bruit d’mort qu’passe dans ses yeux pas bien vivants. L’truc m’rappelle des souv’nirs d’ces armes qu’j’ai croisées une ou deux fois sur GrandLine. A part l’côté jaune qui s’voit dans la nuit. Des cyborgs, z’avaient app’lé ça, jcrois bien. Rien d’pire qu’ces saloperies sur un champ d’horreur, pas même l’napalm ou l’eau douce. Pour cause qu’ça vit pas, qu’ça meurt jamais vraiment. Qu’deux coups d’masse ou d’tournevis et c’est r’parti. J’aime pas l’progrès. J’aime pas c’truc. Ca tombe bien, t’me diras, m’aime pas masse non plus jcrois lire. Dans son bras qui s’ouvre. Ouais. Un bras d’cinq pouces. Qui s’ouvre.

La main tombe d’un bloc, genre comme quand t’amputes. Mais reste accrochée. Genre comme quand tu t’es loupé, qu’y reste la peau pour ret’nir le tout. Et une gueule noire derrière. Ca, y a pas d’secret. Même si j’avais pas déjà vu l’canard à l’œuvre, robot ou pas, machin moderne ou pas, jsaurais c’que ça veut dire. Les trous noirs, c’est univoque. J’en ai vu des bouches à feu comme ça. Ouais j’en ai vu. C’pas du ptit pruneau qui va sortir. L’bulbe est tell’ment habitué qu’y m’sort le calibre avant qu’d’me proposer une porte de sortie. Si c’tait un boulet qu’était prêt à m’jaculer dans cinq, quatre, c’srait une boule de douze livres. Mais c’est pas un boulet. Jsais pas pourquoi jle sais.

Mais j’le sens. Instinct guerrier. Ou alors, la nature vicieuse d’la volaille qui m’apparaît en pleine lumière. Enfin lumière. Fait sombre. Et blaoum, ça part. Dans tous les sens. Ca dégueule au sens propre. Et au sens sale aussi. Après. Dans les rangs derrière moi. Moi. J’ai pu m’protéger en lançant d’l’air avec le Narnak d’vant moi. Un coup d’cul que j’me sois découvert c’genre de techniques trop classes. Mais les gars derrière… Arf, encore un souv’nir du bon vieux temps qui r’vient. Ent’ les pavés qu’ont joué à la version violente de pigeon-vole avec la tête de certains et les autres qui s’sont pris du projectile en plein dans la vitrine, les stocks d’viande hachée sont faits pour l’petit-déj’ à v’nir.

Et l’aut’ qui r’charge. D’vant moi. Avec d’la brique et du goudron. Et qui r’bourre. Et qui r’braque. Et qui r’tire. Sur moi. Blaoum. S’emballe. Fume. Comme l’sol. Comme moi sous la flotte. La sueur fait chauffer l’cuir, l’cuir fait ’vaporer la flotte. Fait cuire les neurones. Oh elle va pas m’gonfler longtemps la rouquine. C’est dit, c’est fait. Pas par moi. La mouette s’bouge enfin les rémiges, sous l’cocorico craché par les pelés en manteaux blancs d’puis l’QG improvisé. Met en joue tout l’monde et canarde le canard qu’est plus sous sa forme canard, et moi, et la bonne sœur et l’aguicheuse. Dans tous les sens. A la militaire. Hahaha, jsens mes humeurs qui r’montent. Mon sourire d’méchant. Mon ivresse publique. Mais avant d’m’attaquer à l’obèse d’la troupe et d’me tirer pour une mer où la fortune t’laisse éclater des ports sans t’obliger à péter un régiment avec. Et tandis qu’jme démène pour éviter les obus et les balles. Avant, et tandis, jtrouve moyen d’acculer la rousse, en tout bien tout honneur pour l’instant. Et d’lui d’mander son blase. Après un sourire canaille au blonde r’ligieux qui m’mate avec luxure d’puis à côté.

Avant qu’on s’quitte. Ouais, r’garde, y a c’brave Youstone qui r’vient avec sa mongolfière là-bas au loin. T’as vu si y tient à toi un peu ? Héhé, allez quoi… T’as bien eu l’mien, on t’a pas appris les civilités dans ces cas-là ? Faut donner l’tien aussi. Ouais, toi aussi ma sœur, stu veux ! Vas-y, montre lui l’exemple.

T’m’attises pas d’la même manière la rancune, mais tu peux balancer aussi. Ent’ deux plombs volants, ptet j’not’rai l’info pour l’jour où jvoudrai l’absolution. Pas crédible ? Mais qui a b’soin d’être crédible dans c’monde de chiens ?


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Bon allez, une troisième fois pour la route.

Face à nous, des marins par paquets de quinze qui nous visaient dans l’optique de trouer la peau au Tahar en m’évitant moi dans l’idéal. L’un d’entre eux venait de quitter les rangs pour aller chercher au minet de quoi se tirer d’ici en vitesse et sans péter la gueule à tout le monde. Derrière nous, l’auberge détruite par nos soins et ceux des gentils, s’effondrant de toute sa masse sur ce qu’il y avait en dessous, Bee qui armait son canon dans l’optique d’atomiser la gueule à l’autre barge à côté de moi, la nonne qui arriva à s’en sortir in-extrémiste, se tirant des décombres, amochée comme pas permis.
Et puis là, y’avait nous. Genre moi qu’avait préalablement réussi à me libérer de la prise du pirate sanguinaire après lui avoir donné quelques coups bien placés. Ma seule déception ? De ne pas avoir réussi à le castrer en bonne et due forme. Manquerait plus que ça se reproduise, ce machin-là, et on allait en voir de toutes les couleurs. Zut. Il sauvait sa future progéniture d’un mouvement habile qui m’empêchait d’aller plus haut. Soit, tant pis. Enfin, tant mieux pour lui. Ça sera pour une prochaine fois.

Ensuite, ce fut au tour de Bee d’entrer en action, suite à mes ordres. Il ne savait pas trop quoi faire vu que je me trouvais dans sa ligne de mire à côté de sa cible, mais s’exécuta devant ma voix et mon regard autoritaire. Il ne fallait pas qu’il s’en fasse pour moi, je pouvais toujours me protéger derrière la stature du gaillard, hein. Ce que je fis, d’ailleurs. Lorsque le coup parti en un bruit tonitruant à vous en crever les tympans, je fondis derrière la silhouette du type en me protégeant la nuque. Ce que je ne pouvais pas prévoir, c’est qu’il réussisse à éviter l’offensive en sortant son arme et en lançant une lame d’air. Forcément, fallait que ça soit un type vachement fort, hein !
Autour par contre, ça ne tirait pas la même gueule. On pouvait être fier d’être passé « à travers » les éclats de bois, de verres, de goudron, que Bee nous avait balancés, les marines n’eurent pas forcément la même chance. Eux se reçurent les gravats en pleine poire, sans pouvoir éviter. Ce fut le remix d’une boucherie, mais y’avait pas à chercher plus loin, il fallait ce qu’il fallait pour venir à bout de ce gars.
Lorsque je rouvris les yeux à la fin de la première vague, je compris que l’attaque n’avait pas eu l’effet escompté. Faisait chier ! Pourquoi fallait-il qu’on s’occupe d’un gus comme lui ? Pourquoi l’avais-je sauvé aussi ? Mais quelle cruche ! Putain. Putain de putain de putain ! Et forcément, les moustiques, qui étaient là des dommages collatéraux de l’offensive de mon ami, attaquèrent et répliquèrent. Nous, au centre, pris entre deux feux particulièrement généreux. D’un côté Bee, toujours avec l’optique de viser le Tahar. De l’autre, les Marines avec comme cible le gros robot géant qui leurs tirait dessus tout en essayant d’avoir le malfrat en cavale.

Lorsque la marine répliqua, Bee eut comme reflexe de se mettre devant la nonne pour ne pas qu’elle soit blessée. Pas question de s’attirer les foudres du bon dieu en ne vaillant pas sur l’une de ses protégées. Bee ne chercha même pas à comprendre le pourquoi du comment, l’important était de faire en sorte qu’elle s’en sorte malgré ses blessures déjà importantes. Alors, qu’on lui tire dessus avec des petites balles, ça ne lui faisait pas grand-chose, surtout avec l’acier qui le recouvrait.
Des chatouilles, voilà ce que c’était.
Il jeta un coup d’œil vers moi, pour voir ou est-ce que j’en étais. Et j’avais profité d’un moment de répit pour me tirer en vitesse du centre de ce carnage, m’extirpant en compagnie de l’autre enflure qui n’avait toujours pas dans l’idée de se laisser gentiment arrêté. Re-zut.
Maintenant que l’endroit ressemblait à un véritable champ de bataille, qu’on avait plus ou moins réussi à se mettre à l’abri pour quelques minutes, le temps que le Tahar puisse rentrer dans sa montgolfière ou je ne sais quoi d’autres, voilà que ce dernier se mit à m’adresser la parole pour savoir comment je m’appelai. Un sourire qu’on n’aurait su dire bon ou mauvais, l’air que je ne saurais qualifier objectivement… Argh.

Et c’est qu’il insistait en plus. Ça commença gentiment, comme s’il me demandait mon numéro genre « c’était une chouette journée, on s’appelle pour remettre ça un de ses quatre ? », puis « Allez meuf, j’t’ai donné mon nom, file moi l’tien ! », poursuivant dans un « tes parents t’ont pas appris la politesse ? » pour terminer par un « Hey, Sister Act, montre lui l’exemple en me donnant ton blaze, qu’on s’retrouve un de ses jours pour s’faire une bouffe tous ensemble ».

« Rah. »

Il pensait sérieusement que c’était le moment de s’échanger des civilités du genre ? Levant les yeux au ciel, je stoppai Bee d’une main pour qu’il arrête de tirer. Il se calma, remis même son poing en place, restant près de la sœur pour ne pas qu’elle soit blesser si les feux reprenaient.
Et puis… de mon nom, qu’est-ce qu’il en ferait ? ça ne lui servirait à rien. On n’allait pas se revoir, ni se payer un verre pour reparler du bon vieux temps, et s’il avait dans la tête de garder mon nom sous le coude pour un jour se venger des noix que j’ai failli lui casser, ça allait encore être pour ma pomme, et ça, non merci ! Que faire ? Jetant un regard presque implorant en direction de la nonne pour savoir si je devais ou non me plier à sa demande, j’attendais qu’elle l’ouvre pour pouvoir éventuellement en faire autant. Bon, au pire, pour qu’il se rappelle qu’il ne faut pas faire chier une nonne balaise et une rouquine poisseuse réunies dans une même pièce, parce que ça fait souvent des étincelles. Je la laissai parler et pris la suite :

« Lilou. »

Maintenant que t’as ça mon beau, démerde toi. T’es content, au moins ?

Rah.
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'tin, quel merdier ! C'est bien le mot oui ! Déjà que c'est pas trop la joie personnellement, je vais mettre un paquet de jours pour m'en remettre, mais je plains les familles de ces pauvres gens. Je vois le canari jaune qui canarde le Tahar qui évite les coups. Le salaud. Derrière, les marines se prennent les balles perdues. Ce n’est même pas des balles ! Je veux pas savoir, ça a l'air de faire suffisamment de dégâts. Chez les marines, Ils en tirent, des gueules. Ou plutôt, certains n'avaient plus de gueule. Pas de truc qui ressemble à ce que j'ai en tout cas. L'autre bidule enchaine. C'est la mort qui fauche par poignet les marines. Et l'Tahar a toujours rien. Bon Dieu ! Ce type est le diable en personne ! Il flirte avec la mort comme s'il était son amant ! Il était déjà bien taré toute à l'heure dans le bar, c'est encore pire maintenant. En parlant du bar, je jette un rapide coup d'œil derrière moi. La poussière se dissipe encore, mais les débris de ce qui avait été la bâtisse forment un joli tas. Quoique, ça aurait été plus joli si la baraque avait tenu le coup. Encore un type qui aura tout perdu dans l'histoire ; j'espère au moins qu'il est toujours en vie.

Faudrait que je pense à sauver ma peau aussi.

En face, on compte les morts et les blessés. Plus ils comptent et plus ils sont pas contents. Les fusils sont chargés. Leur cible, évidente, mais pourquoi s'embarrasser de viser ? Ils commencent à tirer dans le tas ; ils finiront bien par toucher ce qu'ils doivent toucher qu'ils se disent. Et puis, au vu de la boucherie du grand méchant jaune, il peut pas être placé dans la catégorie gentille. J'les comprends. J'espère qu'ils m'ont vue quand même. Aïe. C'pas que j'suis en super état quand même. Je tente tant bien que mal que de me relever ; il s'agirait pas de rester sous les balles. C'est alors que le gros bidule jaune se met entre moi et les marines. Entre moi et les balles surtout. Ça tambourine sur sa coquille, c'est mignon. Merci machin, j'apprécie le geste, mais...

Mais dégage, gros truc jaune !!


Ils vont croire que je suis avec toi ! Avec la boucherie que t'as faite, il me faudra plus que le Saint-Esprit pour sortir de là en un seul morceau ! Déjà que c'est mal barré ! Bon. J'vais pas faire ma complète ingrate. T'as le mérite de me laisser la place de me relever sans qu'on me transforme en passoire et j'veux pas encore me transformer en passoire. C'est fait pour que l'eau passe au travers et j'ai pas tout de suite envie de perdre mes eaux. Enfin, j'arrive à me mettre sur mes guibolles tremblotantes. Je checke rapidement du regard toutes mes écorchures, puis j'arrête rapidement de compter quand ça devient trop important. La prochaine fois, je sortirai du bar quand le premier mur tombera. Je passe à autre chose ; je vérifie les deux autres zozios. La gamine n’est pas loi dans une relative sécurité. L'autre taré en chef, il s'approche de nous comme s'il avait pas assez causé de dégâts ! J'veux pas qu'il m'achève ! Vite ! Je prends une posture défensive ; je prends ma hache, trop lourde pour le coup, mais je me sens toute nue sans elle. Et puis, j'ai pas fait beaucoup d'effet avant, c'est pas comme ça que ça va changer. C'est plus pour l'honneur en fait.

Il commence à sortir un blabla incompréhensible. Il a eu un coup sur la tête ? J'veux dire, un coup en plus que celui qu'il a dû avoir dès la sortie de sa pauvre maman ? Donner quoi ? Qu'est ce qu'il veut ? Tu veux prendre ma vie ?! Pauvre fou, jamais ! Je tends mon poing dans sa direction et je lui sors fièrement :

Jamais ! Moi, Adrienne Ramba ! Soeur Marie-Thérèse ! Tu ne prendras jamais ma vie ! Je t'ocirer ... je t'oscille... je te tuerais, vil démon ! File !

L'autre répond par son nom. Qu'est ce qu'elle veut ? Boire un thé avec ce criminel sanguinaire ? Je la comprendrais jamais. L'autre s'esquive un peu. De l'autre côté du mur jaune, ça continue à mitrailler. On va pas pouvoir faire quelque chose dans ses conditions. Pas question de compter sur une aide du démon. L'autre fille, Lilou qu'elle s'appelle, elle est pour rien dans c'te histoire. Son pote robotique a massacré quelques marines, mais c'est un accident. T'façon, l'autre timbré aurait surement fait pire. Dans mon inestimable besoin de servir mon prochain, il est de mon devoir de faire en sorte que cette pauvre enfant s'en sort indemne. Oui. Toute façon, je peux pas courir dans ses conditions. C'est la meilleure chose que je puisse faire. Le Seigneur verra mon geste plein de noblesse et interagira en ma faveur. Surement. Car il est bon !

Je fixe la gamine.

Ma chère enfant. Cours. Échappe-toi. Garde ton âme pure et sauve-toi sans te retourner. Tu n'as pas à devoir souffrir de cette mésaventure. Je vais les retenir. Disparais dans les ombres. J'attirerais la lumière du Seigneur !


Dans la foulée, je bondis sur le côté et j'avance en dépassant le robot jaune. Je lève mes mains bien haut. La moitié des marines me mettent en joue sans tirer. L'autre tire. Je me prends une balle dans l'estomac et j'accuse le coup.

Marines ! Je suis soeur de l'Église de la Miséricorde ! Ne tirez plus ! Si quelqu'un doit expliquer, c'est moi ! Continuer à faire souffrir, c'est aller à l'encontre du Seigneur tout puissant ! Ne négligez pas son juste courroux !

J'écarquille les yeux en continuant d'avancer. Toute l'attention est reportée vers moi. Je fais mon petit effet, surtout avec ma toute fraiche blessure; sauf qu'elle fait un mal de chien. Pwah ! Je sens que je vais pas rester éveilleuse longtemps à ce rythme.

Je suis infirmière ! Je peux aider vos blessés !

Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour aider son prochain ?

Suite pour Lilou et Adrienne.


Dernière édition par Adrienne Ramba le Sam 14 Avr 2012 - 19:43, édité 1 fois
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Mais j’en veux pas d’sa vie, à la nonne, qu’est-ce qu’elle m’escagasse les noix, là ? Ton blase, c’est ton blase que jveux, grogn!-Ah bah en fait voilà, tu vois quand tu veux. Adrienne Ramba ? T’es pas une fille du coin toi, hein, jme trompe ? Egarée loin d’ton île natale de pécores dégénérés ? C’pour ça qu’t’as mis les voiles ? Les voiles. La bure. Humour. Haha. Que j’décanille ? Ouais, c’est ça, cause toujours et cule un m. Lilou ? Oh, c’est tout meugnon. Nan mais jsuis sérieux, ça sonne tout mignon, pourquoi elle m’tire la gueule en m’disant ça, la rouquinette ? Elle croit j’vais la violer ?

Jpourrais.

Mais pas là maint’nant d’vant tous ces gens enfin. J’ai b’soin d’mon intimité. C’est important l’intimité. Ouais ? Alors qu’elle s’relax, quoi, on est entre potes, là. Elle, elle, le canard, la canarde. Et moi. Seigneur des lieux. Putain c’est un bon titre, ça, seigneur. Faudra que j’le ressorte un jour. Qu’j’m’en serve. Seigneur Tahar. Classe, jcomprends pourquoi les Tenryuu sont aussi chiants pour qu’on les appelle Saint-truc. Le ptit machin avant l’prénom, ça fait son eff-Mais qu’est-ce qu’elle branle !? Oh ! Sœuw Mawi-Théwèse, qu’est-ce que tu fous ?! Bordel. Jsavais qu’elle était couillue la burnée. Burée.

See ? I did it again.

Mais n’empêche. Jsavais. Et j’ai eu raison d’pas m’laisser violer. Cette vache m’aurait ensuqué. Jusqu’à l’os. Voire pire. Breuh, jvais r. J’ai rendu. Et les autres cons qui la r’gardent sans rien paner. Mais tirez bande de nazes, tirez pour vos santés mentales ! Mais encore, encore ! Ouais, l’avez touchée, bah continuez ! Rah, les cons, y s’laissent avoir par sa baliverne déiste ? Mais démerdez-vous bande de glands. Ouais, même toi l’officier sup qui m’regardes puis qui la r’gardes puis qui m’regardes encore. Tu crois quoi, le veau ? Tu crois jvais t’expliquer c’qu’y s’passe ? Tu veux un dessin en deux parties, deux sous-parties, ptet ? Y s’passe que la nounou m’casse l’envie, là. Voilà. T’es content ?

Mh.

Jtire ma gueule des mauvais jours. D’un côté c’pas plus mal, ça veut dire qu’jpeux m’tirer maint’nant qu’l’attention est plus portée sur moi, et comme jvoulais pas m’faire le régiment à la base, c’est top. Mais de l’autre, final’ment j’l’ai eu l’gourdin. A l’idée d’me l’faire. Le régiment. Et là. Plus rien. Braah. On va croire jsuis sensible à la parole divine, putain. Faut qu’jtrouve un truc. J’avise Youstone à une encablure derrière la ligne de front. Enfin. J’avise le ballon qui s’rapproche derrière les toits, et jprésume que l’gars Youstone est d’ssous, pour cause qu’jle vois pas, le zigue. D’autant qu’j'ai aucune foutue idée d’quoi il a l’air, jsrais bien en peine d’savoir quel pingouin c’est parmi la masse.

Bref.

Salut chérie, à la prochaine. S’tu tiens à tes copains, jte conseille d’ret’nir c’ui en toge, là. Adrienne. Va lui arriver des bricoles s’y continue comme ça. L’aut’ aussi. L’barboteur. Va t’arriver des bricoles s’y continue à défourailler.

J’le sens. C’est l’moment des adieux déchirants. Alors jdéchire. Le rideau d’la classe. Pour être encore plus classe que la classe dans mes actes. D’abord, j’attrape en Buzz Lécler-style la miss sunshine par le col, pis j’la bécote un peu. Beaucoup, mais suffisamment peu pour pas lui laisser l’temps d’me viser à nouveau les figues ou d’m’arracher la langue avé ses dents d’fille violée. Buzz Lécler, c’était un mec du régiment, sur West. Un gars con comme une bûche. Mais qui courait vite. Du coup maint’nant, quand tu fais un truc vitesse grand V. Tu dis Buzz Lécler-style. Voilà. Heureux ? Elle a pas l’air. Heureuse. M’en fous, jsuis sur ma lancée. Avant qu’elle ou son cygne aient pu m’approximer du viseur, jsaute en l’air d’derrière l’reste de p’louse où c’qu’on marivaudait elle et moi, pis jbalance trois ou quatre coups d’surin là où y faut pour qu’on m’remarque aussi. Merde la pénitente, t’vas pas m’piquer la vedette, non plus. Oh. C’moi l’pécheur ici.

On m’laisse passer. Même les off. Surtout les off. Ptain d’galonnés. Bon, au moins ça résout la question, l’colonel a pas fait l’déplac’ment. L’fumier, jsuis vexé. C’tait moi qu’il avait quand même. Moi. Maint’nant m’aura pas. Tant pis. Pour lui.

Braah.

Mérit’rait que j’lui brûle encore plus sa base. Jusqu’à c’qu’y sorte enfin pour m’tirer les oreilles. Et qu’jlui tire. Les siennes. Mais jpeux plus. Jsuis d’jà deux rues plus loin, j’ai d’jà les deux pieds dans les deux torses des mecs qui t’naient les cordages pour r’tenir le ballon gonflé au gaz. Salut Youstone, t’étais l’un deux ? Mes compliments, jte pensais quand même pas assez nœud pour oser m’rapporter c’que j’exigeais cont’ la vie d’mon otage. Vrai qu’elle est jolie. Mais quand même. Pis t’as aucune chance avec elle, r’garde comme elle était rétive avec moi. Enfin. Merci mec. Woho, ça grimpe vite ce truc ! Un peu plus et jloupais la nacelle. Alors, comment ça marche ce truc ? Encore un machin scientifique ? Con, c’est une ville du futur ici !? Bah, pas grave, c’est l’aventure. Là ? Jtourne la molette ? Ca lâche du gaz, ça gonfle ? Jtourne dans l’aut’ sens, ça coupe ? On stagne ? Et si jfais pas gaffe jsuppose jme casse la gueule ? Okay. Et j’ai du lest pour faire genre en cas d’urgence ? Non ? Okay, okay. Ca va êt’ fun. Redline, bouge pas. T’es au m’nu.

Oh, tous ces points en bas. C’est meugnon aussi, tiens. Vraiment dommage qu’j’ai pas d’sac de sable, jpeux pas jouer à écrase-mi écrase-moi avec les têtes. Misère. Bon. Allez…

Tcho Bliss, à la prochaine ! Bonne, les nonnes ! A la prochaine ! Rendez-vous est pris. Hein ? Héhé.

Putain, classe le soleil qui s’lève vu d’en-très haut. Son père qui es aux cieux, jcomprends pourquoi tu traînes par là.


Lost in Transgression [FB 1622] 661875SignTahar


Dernière édition par Tahar Tahgel le Sam 14 Avr 2012 - 22:10, édité 2 fois
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J’avais du mal à suivre tout, mais l’aventure n’allait pas tarder à s’arrêter. On venait de se présenter au rustre à nos côtés, on savait qui on était, à qui on avait eu à faire pendant tout ce temps. Adrienne, qu’elle s’appelait la Nonne. En compagnie d’un discours tonitruant sur comment est-ce qu’elle ne laisserait pas faire Tahar s’il voulait la tuer. Et puis, elle se tourna vers moi avec des yeux pleins d’espoirs, une bienveillance nouvelle qui me fit chaud au cœur. Ses paroles me touchèrent, parce qu’elle était prête à se sacrifier, ou tout du moins à temporiser la colère de la marine pour me venir en aide.
Je lui fis un sourire pour la remercier, voulant lui toucher quelques mots quant à sa bonté. Je n’en eus pas le temps, elle sauta vers les marines en levant les mains, hurlant qu’elle était une bonne sœur et qu’elle ne leurs voulait pas de mal, à les menacer des représailles du seigneur tout puissant. Bee la regarda se dérober à nous, surveillant de près qu’on ne lui fasse pas de mal. Il s’était pris d’affection pour elle, un peu, même si elle voulait le massacrer parce qu’il n’était pas un être créé par Dieu. Il sentait qu’elle était gentille, sympathique, prête à tout pour venir en aide à l’autre. Et c’était suffisant pour le convaincre de continuer à veiller un peu sur elle.
Je ne croyais pas en dieu, j’étais pourtant presque convaincue d’une présence divine qui avait mené les mésaventures jusqu’ici. Tout le monde était choqué de la voir arriver jusqu’à eux en louant la puissance du Seigneur. L’un d’eux tira sur elle, provoquant une montée de colère chez mon compère que je dus stopper d’un mouvement de main. Il recula simplement en laissant le devant de la scène à la nonne, qui continua, malgré sa blessure fraiche, à vouloir aider. A côté, le ténor du pirate attira mon attention : il n’avait pas l’air aussi convaincu que moi par la prestation d’Adrienne.

Ou tout du moins, pas emballé. Elle gâchait quelque chose, pour lui. Quelque chose qu’il avait provoqué, plus ou moins attisé, et dont il ne pouvait malheureusement pas profité. A sa place, j’aurais vivement profité que l’attention ne soit pas pour une fois centrée sur moi pour prendre mes jambes à mon cou et me tirer d’ici en vitesse. Je comprenais sans comprendre ce qui l’embêtait, les gars comme lui, je les avais plus ou moins fréquenté fut un temps. Pas avec plaisir, cela dit. Et pas de cette façon. Détruire, c’est grisant, qu’il parait. Extrêmement. Comme le fait d’enlever la vie, dépasser des limites, ramener l’autre à l’inanimé. Parce qu’on ne peut pas vraiment maitriser ce genre de choses mais qu’on veut essayer, parce que c’est avoir une forme de pouvoir sur l’autre à défaut d’en avoir sur nous-même, parce que ça déclenche des sensations que l’on n’aurait pas imaginé. Et puis, on finit par trouver ça normal, pour finir comme un type comme Lui.
Là.
A côté.

Au loin, un énorme ballon pointait le bout de son nez, par-dessus les toits et approchant doucement. Finalement, il l’avait vraiment eu, sa montgolfière. Et la dure révélation de la journée : je valais une montgolfière. PUTAIN. Un gros coup dans mon égo, histoire de, et Tahar s’adressa à moi pour me dire « à la prochaine », comme si on allait vraiment se recroiser un jour. S’ajoutant à cela quelques petits conseils pour ma survie, pour celle de la Nonne qui risquait toujours gros face aux marines, pour Bee qui risquait un jour de me causer des soucis à tirer plus vite que son ombre.
Je poussai un soupir, ne sachant pas comment prendre trop ça. Au point ou on en était, autant se quitter en plus ou moins bon terme, histoire d’éviter de remettre le couvert la prochaine fois.

« Ouais, à tou-miu ! »



Put…
Putain ?
Putain !
Qu’est-ce qu’il fichait ? C’était quoi ce bordel ? Oh mon dieu ! Cerveau en rade, je ne comprenais plus rien. Inutile d’essayer, les connexions venaient tout simplement de foirer, mise en rade, morte, HS. Putain !
Impossible de dire quoique ce soit, lorsqu’il m’attrapa le col, j’étais déjà trop surprise pour réagir concrètement. Je m’attendais presque à ce qu’il m’en colle une, ce qui aurait été plus ou moins logique dans l’histoire (histoire de se venger de la tentative de castration de tantôt ?), mais non, le Tahar m’embrassa. Genre, ouais. Et genre bien. Genre sans me laisser le temps de vraiment réaliser ce qu’il venait de faire, ni de partager si le cœur m’en disait ou de lui coller une mornifle vu que j’en avais l’occasion. Le palpitant battant à tout rompre après s’être stoppé suite au bécotage, le souffle reprenant son rythme en regardant l’homme tourner les talons et filer comme une flèche vers la montgolfière.
A moi de presque me casser la figure en essayant de réaliser. Puis enfin, de réussir à reprendre le contrôle. Je m’attendais à tout sauf à ça. On pouvait dire qu’il savait y faire. Pour déstabiliser, j’entends. Pas que le ba-… Oh et puis merde, je n’avais pas à me justifier non plus sur ce que j’en pensais. Tout allait bien. Très bien. Pour le mieux.

Allez Lilou, on se calme. On respire profondément et on reprend ses esprits. Oui, voilà comme ça… Pfffffiou. Oui, tu t’es trouvée un nouvel objectif ma grande, ne t’en fais pas. Tout à fait, lui faire ravaler son air romantico-rustre et lui fourrer ton poing dans la gueule pour te faire ce genre de chose et d’effet sans ton consentement. Parfaitement. A noter d’ailleurs : « Péter la gueule de Tahar Tahgel à l’occasion ».

Bon, et maintenant ? S’enfuir, très vite et très loin !

« Bee, on se tire ! »

C’était à notre tour de décamper, on ne pouvait se permettre de rester dans le coin, surtout que la Nonne avait tout fait pour me préserver du moindre souci. Bee prit sa forme animale et agita les ailes. Je grimpai sur son dos et il décolla en trombe, agitant de la poussière en prenant son élan, ce qui nous permis de nous fondre un peu mieux dans le décor. Je jetai un coup d’œil en bas pour voir ce qui se tramait et aperçu les marines s’agglutiner autour de la nonne. L’un d’eux sorti ses menottes et l’obligea à se relever.
Merde ; pas elle.
Ils s’étaient trompés ! Si y’en avait un à foutre en taule, ce n’était certainement pas la bonne sœur, mais plutôt le Tahgel qui s’enfuyait sur son ballon, là ! Mais bordel ! Ils étaient cons ou quoi ? Ils ne comprenaient rien à l’histoire ! C’était une nonne, bordel de chien ! Une putain de nonne ! Elle n’allait certainement pas faire de mal, e n’était pas son but de causer des soucis à la base ! Et eux, comme des couillons, ils laissent s’enfuir un criminel activement recherché ?

Le monde à l’envers !

Bee caqueta en apercevant la chose, pris au dépourvu par aussi peu de bon sens… On ne pouvait pas laisser faire ça… Il nous fallait rester sur Bliss et faire en sorte de tirer Adrienne de prison.

On lui devait bien ça.
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