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Apocalypse Now [FB 1623]

T’en veux chérie ? C’est d’la limonade…

Haha, t’ai bien eue, hein ? En même temps, pas t’nir l’alcool violent quand on a tes tifs, ça l’fait pas. T’parles d’un pouvoir de la coupe afro… Enfin bon. Fini la marrade post-butage de pigeon, temps d’reprendre le fil des choses là où on l’a laissé. Jprends une gorgée d’plus et mate un peu ma pogne gauche. D’dans, jserre le fourreau du Narnak. J’l’ai réparé comme j’ai pu avec de la corde et une manche de ch’mise prise sur un des macchab’ qui traînent dans l’coin. C’pas du grand art mais ça tiendra l’temps d’trouver une nouvelle gaine. Ou un forgeron. Un mec qui s’y connaît en ces choses.

Après un r’niflage pas classe pack’y fait humide, enfin j’me r’lève et j’jette un r’gard alentour. Un r’gard aux gars. Chacun s’est occupé d’soi. S’est essuyé comme y pouvait des torrents d’sanglant giclés d’la pintade quand elle a canné. S’est rincé l’gosier un peu. S’est pansé un poil, avec l’concours ou pas du vieux Bishop qu’a décidément un bon grain à la place ou dans l’neurone. Et maint’nant, avec Walt qui s’est barré comme un toqué tàl sans qu’j’aie l’temps d’lui dire que j’allais lui tailler les oreilles s’y nous continuait à nous laisser en plan, moi j’me r’trouve avec cinq paires d’bras à occuper.

Celle de Jack qui s’tape avec c’con s’singe qui lui colle aux basques depuis la matinée. Celle d’Alex qui r’vient avec le matos de Maya. Celle de Maya justement, qui vient d’se faire deux copains bien à elle. Celle de Noah qu’a récup la masse du borgne et qui fait joujou avec. Et la mienne. J’compte pas celle d’Oz. Lui il a l’air d’vouloir rester avec Hope pour s’occuper du méga-ramier. Tant mieux, ça f’ra des bras pour aider Afro-Girl à ram’ner les pièces de barbaque aux navires, d’l’autre côté d’l’île.

Là où on va.

J’propose à ceux qui veulent d’rester avec elle et j’laisse Hope r’tourner à son pigeon. Pis on s’envole avec les zouaves qu’ont la violence dans l’sang. Y commence à être tard, on va arriver là-bas à la nuit vu l’temps qu’on a mis à grimper jusqu’à c’te clairière. On doit être au milieu d’l’île. Après une ptite lieue d’grimpette on atteint un piton rocheux qui surplombe tout. L’genre de truc mi-falaise mi-colline. Mi herbeux mi caillouteux. J’glisse sur deux ou trois graviers et j’m’étale même une fois. Suis pas complèt’ment r’mis des parades du piaf. Ca m’fait r’penser à la masta fête qu’on va s’taper plus tard. Quand on aura r’trouvé les autres et la réserve à spiritueux d’la Santa.

Mais d’abord.

D’abord, comme prévu, l’soleil s’couchote là-bas dans l’coin. D’abord, d’ici pas longtemps on s’ra dans l’noir. D’abord, la nuit, tous les gens sont gris. D’abord, ces galeries à fleurs de falaise là-bas. Celles où jdevine les pépites qui brillent dans l’néant tout noir de l’intérieur. D’abord.

Ces foyers étalés sur tout le flanc du coteau en face.

Dans les bois, dans les arbres, dans la garrigue. Sais plus bien quand c’était mais j’ai déjà traîné dans des villages de chercheurs d’or. Jparle pas d’un village de mineurs. Jparle d’un village de chercheurs d’or. C’est différent. L’mineur pro aime à s’regrouper en un village bien délimité et organisé pour se mettre minable tous ensemble avec ses collègues le soir après quinze heures de taff acharné et avant d’recommencer l’lend’main. L’chercheur d’or est plus un indépendant. Certes, y r’chigne pas à taper la bavette avec ses voisins d’la concession plus haut ou plus bas, pack’ on obtient rien en tirant dans les pattes de ses compères dans c’métier, à part du plomb et pas d’or. Mais les distances d’sécurité sont plus importantes ent’ les gens. Les propriétés plus éparpillées. On vit à la cool. A la hippie.

A preuve, donc, c’coteau tout entier qu’est occupé par, quoi… Allez, cinq cents, mille pelés ?

Autant dire personne.

Autant dire qu’à aussi peu nombreux qu’on est, ça va nous prendre toute la nuit d’les r’grouper, d’les otager pendant qu’on massacr’ra leur bétail et leur bien. D’les massacrer ensuite entre deux lâchers d’enfants illégitimes. J’ai une pensée pour nos victimes. Une autre pour leurs bourreaux. Pour nous.

Pis j’me fais une torche rapide avec un bois, une masta tranche d’graisse pigeonnière récupérée plus tôt par habitude militaire, et une autre ch’mise. Et j’lance la marche au flambeau en f’sant l’premier pas.

Manqueraient les ch’waux pour faire style on est les cavaliers d’la Fin. Mais au final ça changera nib.


Apocalypse Now [FB 1623] 661875SignTahar
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Y a beau fouiller du cadavre, c'te cim'tière cache rien. Queud'. Pas de trésor mastoc. Ni d'reste précieux. Rien. Que de la chiass' de pigeon. Après tout c'qu'on a donné. Ça fout les boules. Ça met les nerfs. J'travaille pas gratos, moi. Non messieurs. Dames. J'suis pas l'seul. On aspire tous à un stading autre qu'les crèves-la-dalle des océans. c'est clair. Alors quand l'Cap' propose d'choisir. aller chercher not'dû, ou jouer d'la spatule, pas difficile de cramer ma décision.

J'essuie quelqu'restes sanguins du piaf, qui m'couvrent. Peine perdue; suis Saigneur d'la tronche aux panards. Me suis mangé la giclure en premier rang. D'puis, j'ai la tronche d'une tarte aux fraises. Parfait. Faisons comme ça. Histoire de donner l'ton, d'avance. La p'tite troupe de castards s'avance donc. Quitte l'épaisse forêt, r'père du monstro. Avancent sur les étendues vertes. Celles d'où on peut voir les fumées naissantes des foyers. La fin du grand clinquant. Pour aujourd'hui. Et les 'tits mini pat'lins qui peuplent l'espace.

Tahar prend la tête. Du cortège. Torche en berne. Moi? J'surveille par dessus mon épaule. J'surveille l'autre infect. L'monkey. Jamais loin. Qui surveille, sans trop qu'j'sache quoi. Ou plutôt pourquoi. Vu que quoi, c'est moi. 'Soit. J'viens caler un pigeon d'dix tonnes, j'vais pas m'laisser faire par un singe. On suit Tahar. On observe. Le soleil est couché. Maintenant. On avance, progresse, sur l'entrée d'la mine. Vers l'plus gros fatras d'baraques. De cahuttes. De tentes. C'est bien qu'on vise une mine d'or... Perso, l'village doit pas valoir plus d'un kopek. Et à nouveau j'travaille pas gratos.

Mes jambes tirent un peu. M'rappellent l'combat qu'a précédé. Héhé. La rançon d'la gloire. Qui s'ra vite oublié d'ailleurs. Concentractons nous plutôt sur l'carnage à v'nir. J'me sens chaud. La facilité s'ra pas pour m'déplaire. Casser du pélo', dans la plus pur tradition rançonnage. J'imagine qu'fallait passer par là. Non c'est pas pour m'déplaire, vraiment. Ca m'chauffe à mort en fait. J'commence à irradier la mauvais'té. Les plumes d'piaf étaient vilaines pour l'égo. Les mâchoires d'bouseux l'seront moins. Au contraire. Elles seront salutaires. J'bous, dans l'intérieur. Ça s'voit, à l'extérieur. Si c'est pas beau ça.

Le pat'lin est là, maintenant. On est aux portes. Deux cul-terreux tirés par leur torche nous hèlent. 'Stoire vérifier qui sont ces sales trognes qui débarquent leurs casser les burnes. De nuit en plus.La sécurité... Le premier s'écroule. A l'initiative du Cap'. L'second r'part d'où y vient. La tronche d'abord. Sans les dents. Qu'sont encore sur mon poing. Héhé. J'l'avais dit. J'l'avais dit.

En dents la taxe. En dents j'ai dit.

Le dessert est servi.
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Deux heure de marche pour rejoindre un bled de clampins pas fichus de regrouper leur bicoques de manière décente. Cent putain d'huitante minutes à crapahuter dans les fourrés avec la dalle qui colle au ventre et des claquage de porte en série à la clef. Un sixième de demie journée, tout ça pour se retrouver à errer dans la nuit noire et muette, seul et affamé.

Il a beau être patient, comme tous les Scott, ces dix-milles huit-cents secondes suffisent largement à le faire sortir de ses gonds, le bosco de ces Saigneurs. Si bien que, se dirigeant vers le taudis suivant, c'est a coup de pied qu'il frappe, en ayant assez d'attendre qu'on vienne lui ouvrir à chaque fois. Il entre donc, se retrouve avec trois pairs d'yeux écarquillés fixés sur lui. Il ouvre la bouche pour pousser sa gueulante de réclamation de diner, mais n'a pas le temps de cracher une parole que les quatre clampins ramassent la première chose qui leur tombe sous la main, c'est à dire une fourchette pour le premier, la chaise sur laquelle son voisin était assis pour le second, une pioche qui trainait sous la table dans le cas du troisième qui s'est étalé par la faute de son pote et sa canne d'aveugle pour le dernier. Quatre frangins et leur padre, leur ordre d'arrivée dans ce bas monde, vous devrez le déduire par la suite.

"Bande de cons."

Ne se faisant pas d'illusion quant à l'échec de la diplomatie, à laquelle il n'a d'ailleurs même pas envie de penser, Walters attrape le bras qui veut le fourchetter et enfonce l'arme dans une cuisse choisie au hasard. La chaise tombe au sol, son porteur succombant à la douleur qu'un service de table vient de lui infliger. Le type à la pioche, de son côté, se fait trébucher dessus par son ancêtre malvoyant, qui cesse par la même occasion se petits cris de "il est où l'méchant ?". Round un terminé, avantage au borgne.

On enchaine direct avec le deuxième. L'initiative est pour l'intru, qui colle une belle droite à l'amateur d'argenterie, qui relâche la pression sur son arme. Cette dernière est vite récupérée par le propriétaire de la cuisse blessée qui, entre deux jurons, tente de re-éborgner son adversaire, mais échoue lamentablement à cause du paternel qui s'accroche à ses épaules dans sa chute. Mauvaise journée pour la famille, c'est le moins qu'on puisse dire. Récapitulatif du combat: l'aîné compte les pépites dans son inconscient, le fils du milieu est en train de se vautrer en arrière à cause de son géniteur, qui piétine d'ailleurs allégrement son propre cadet. Walt' quand à lui commence à peine à s'amuser.

C'est bon vous suivez ? On continue ? Ok c'est parti !

Il commence de s'amuser, oui, mais ça lui creuse aussi au niveau du bassin. Du coup, il va abréger vite fait et se mettre à la recherche du garde manger. Les trois membres de la fratrie comprennent vite qu'ils vont payer pour le douzième de journée pourrave que leur visiteur du soir vient de se taper. Le résultat est le suivant: le plus vieux a le crâne brisé, le cou du plus jeune a opéré un magnifique trois-cent soixante degrés et le cerveau du petit vieux fini desséché à cause d'un arrêt soudain du flux sanguin. Voilà, y'avait trois paires d'yeux au départ et trois cadavres à l'arrivée. Tout va bien.

...

C'est bon, l'esprit de Walters a compté la monnaie et se rend compte qu'un homme boiteux est en train de fuir à l'extérieur. Il réfléchit un petit coup, il devrait creuser un trou pour mettre tout ce beau monde à l'intérieur, mais il se rend compte que ça n'en vaut pas vraiment la peine, et qu'il a de toute façon un mec à refroidir dehors. Il choppe tout de même le crouton qui traine sur la table qui, miraculeusement, n'a pas bougé de toute la scène, et retourne dans l'obscurité. Il y voit quelques personnes qui se font face, et un homme peinant à marcher qui tente de les rejoindre. Très vite, il rattrape ce dernier et le prend sous le coude, avant de reconnaitre le grand gars qui porte une torche devant ce qui semble être l'entrée du village.

"Eh, mais c'est l'mec Tahar ! OOOOOHOOOOO TAAAAAAHAAAAAR !"

Une voix vient alors d'un côté, le genre de celles qui ce veulent menaçantes sans trop d'espoir d'y parvenir, question d'habitude. Le type sait visiblement que, même si ça lui déplait, il devra jouer des poings avec les visiteurs de son bled.

"Tu l'connais ? T'es avec lui ?"

Walters se tourne vers le locuteur, lui lance le regard du type qui sait pas pourquoi on lui pose une question à la réponse aussi évidente, relâche le cadavre qui était jusque là sous son bras, et répond:

"Ben ouais quoi, c'Tahar."
    Sur la liste des choses à faire, la mention 'tuer un pigeon' venait d'être rayé. Manque plus qu'un pillage, rasage, cassage, brûlage, plein d'trucs en -age d'un village. Chopper un peu d'or dans la mine par la suite, car c'est quand même un peu pour ça qu'on est venu. Et finir l'épisode Archipel Vert par une bonne fête à bord d'l'Ecume. Un bon programme. Mais pour cocher la case à coté d'l'activité numéro deux, fallait marcher. Marcher. Marcher. Un peu, beaucoup, passionnément, j'en perds l'esprit. Au début c'pas mal. On parle de Bobby, de Cacao, de Miel, de lui, de nous, de ils. De tout et de rien. Beaucoup de rien même. Mais ça devient chiant. Du genre aussi chiant qu'le trajet 'camp d'base à l'arrache - clairière de Bobby'. En plus c'est la nuit. Et la nuit c'est moche. C'est tout noir et on peut pas apprécier l'paysage. Puis l'Capitaine a eu la bonne idée d'allumer un bout d'bois, très intelligent. D'ailleurs j'le soupçonne d'avoir scanner mon subconscient. Car seul Bishop peut avoir une idée aussi lumineuse. Uhuh. Je m'aime.

    Alors quand j'vois des halos lumineux au loin, j'me dis qu'on va bientôt passer à l'action. Alors faut s'remotiver. J'm'étire un peu, fait craquer mes doigts, frotte mes yeux pour bien m'réveiller. Petit saut sur place. Flexion. Talons-fesses. Nickel. Et comme j'suis impatient, j'fonce. Mais avant d'partir à l'assaut, j'demande pas la permission au Capitaine. Façon il aurait pas dit non, c'est toujours le premier à être motivé pour faire couler l'sang et ça fait beaucoup trop longtemps qu'on s'fait chier dans c'te forêt. Et comme on dit : premier arrivé, premier servi. Alors si j'trace, j'aurai l'choix de mes victimes. C'qui risquerait de pas être forcément le cas si Jack, Noah, Maya et l'Capitaine passe devant. Surtout l'Capitaine à vrai dire.

    Donc j'cours. Mais j'galère. Car j'vois rien, car y'a des branches partout, car ça glisse, car j'ai encore mal au mollet et au cul, connard de lapin, et car j'suis pas totalement réveillé en fait. Putain, on aurait pas pu attendre l'matin pour attaquer l'village ? En même temps, l'effet d'surprise s'ra pas au rendez-vous si on frappe en plein jour. Du coup, l'idée d'la nuit est pas mauvaise. Mais est pas au top non plus. Car la nuit, tous les chats sont gris. C'qui veut dire que les chercheurs d'or verront pas vraiment c'qui leur tombe sur la gueule. Et moi, j'aimerais bien qu'on m'reconnaisse. J'aimerais bien qu'ma victime voit la gueule de son bourreau. Surtout qu'la face du Bishop, elle fait parfois peur. Parfois.

    J'ai pas voulu passer par l'entrée. Car j'ai réfléchi. J'vais préparer une surprise. Et pour ça, faut la jouer plutôt finaud et pas taper dans l'tas comme un bourrin. En plus, j'suis sûr qu'les Saigneurs vont jouir quand ils verront c'que j'leur réserve. Donc j'fais l'tour par la gauche et observe l'village qui roupille. En premier lieu, faut trouver des explosifs. D'vrait pas être très difficile compte tenu du fait qu'on s'trouve près d'une mine et qu'les péons doivent parfois faire péter un ou deux trucs dans ces galeries. J'dirai qu'l'objet d'mes convoitises doit s'trouver dans une baraque et pas dans des tentes, tipis, ou chalet en bois. Qui doit avoir au minimum un ou deux gardes devant la porte. Et qu'l'endroit doit pas se situer au centre du village mais plutôt sur les extérieurs. Donc j'zieute, épie, guette, rôde. Espion-style.

    Bingo ? Une bâtisse de pierre, qui ressemble pas à une maison d'l'extérieur, avec deux gardes postés à l'entrée. Un garde et demi plutôt. Car l'un d'eux est dans les bras de Morphée. C'veut pas dire qu'il embrasse une femme hein, c'veut dire qui dort. Inculte. Bon, on va y'aller Bishop. On neutralise le gars qu'est l'plus vigilant en premier, logique, puis j'assomme le deuxième. Car le plan a plus ou moins évolué. Dans l'bon sens. J'avance. Silencieux. J'hésite à quoi faire. Soit j'la joue top discrétion. Soit j'me fait voir et j'lui parle comme si j'étais un gars du coin. Il fait noir, ce type connait p'tet pas toutes les têtes. Hummm. C'est tentant. C'est parti. J'me décolle du mur du coté du bâtiment, débarque sur le chemin d'terre en face d'la façade et joue l'homme bourré. Tout en cachant au maximum mon visage. J'titube et parle entre mes dents. Jack s'fait souvent la conversation tout seul quand y'est ivre. Alors j'prends exemple. Et quel exemple ! Le regard du guet se fixe sur moi. Il s'lève et s'dirige dans ma direction. A priori, ma prestation d'ivrogne le convainc pas des masses. Il s'met un beugler un 'Qui va là ?' et il s'rapproche encore.

    L'homme bourré. C'était tentant. Ca a été tenté. C'est raté. Mais c'pas grave, l'est trop proche de moi de maintenant. Une fois qu'il pose sa main sur mon épaule, j'lui tords le bras puis lui serre la gorge. Tu vas mourir. Et ce, sans faire de bruit. Si c'est pas beau ça ! Personne dans les alentours alors j'assomme le deuxième monsieur. Parce que lui il mérite pas d'mourir étouffé. Il mérite mieux. J'jette un coup d'œil à droite, à gauche, pour être sûr de pas être suivi. Seul dans le noir. Parfait. J'ouvre la porte. 'Fait encore plus sombre que dehors alors j'allume mon briquet.

    "Oh my ..."

    C'pas une bonne idée d'se balader avec du feu dans c'te bâtiment. Pourquoi ? Si tu voyais la quantité d'matos qu'y'a ici, tu comprendrais pourquoi. Du coup j'reste fixe et regarde c'que j'peux faire. Y'a une table, qu'est écartée des barils de poudre et autres bâtons de dynamite, sur laquelle repose une bougie. J'allume la mèche et la lumière s'amplifie. J'peux éteindre mon briquet maintenant. Parfait. A présent, le plan c'est d'trouver un détonateur, le relier à un explosif, délier le fil, s'foutre à l'abri et admirer le feu d'artifice. Mais avant ça, j'sors, j'choppe le bonhomme que j'ai assommé, ainsi qu'le mort, pour les foutre à l'intérieur. J'prends ensuite d'la dynamite et en fous partout dans les poches du pas mort. On va en faire une bombe humaine. Et maintenant on cherche un détonateur. Pas difficile à trouver j'dois dire. J'sais pas trop comment ça marche mais j'crois qui faut planter les deux fils dans un bâton de TNT. C'est c'que j'fais. Maintenant j'suis prêt.

    J'ouvre la porte, j'prends mon kamikaze d'une main, en le foutant à moitié sur mon épaule, et le détonateur de l'autre patte. Et j'me casse. J'veille à c'que l'fil s'défasse comme il faut. Pour la discrétion, j'en ai plus rien à cirer. D'ailleurs y'a un gosse qui passe. J'lui tire une gueule de psychopathe et ...

    "Bouh !"

    Le môme se barre en courant. C'est ça p'tit, va chercher papa. Dis-lui qu'c'est feu d'artifice ce soir. Et nous y voilà ! J'suis assez loin là. En plus j's'rai en première loge pour contempler mon chef d'œuvre. J'entends du grabuge vers l'entrée du village et deux types se pointent en cavalant comme des dingues. A noter qu'ils gueulent tous les deux comme des putois. 'On est attaqué', 'Alerte', 'Aux armes'. Le signal d'alarme j'suppose. Bon timing les Saigneurs. J'crois qu'c'est l'instant, c'est l'moment. Les deux mecs me r'gardent. Comme si j'étais une menace. Uhuh. J'me r'trouve tout con d'un coup. J'sais pas quoi faire, j'sais pas quoi dire et eux non plus on dirait. J'leur jette mon homme explosif, pose en vitesse le détonateur par terre, met mes deux mains dessus. Puis j'les scrute, droit dans les yeux.

    "Ca va FAIREEE BADA...

    BOUM !

    J'suis assez loin là. C'est bien c'que j'croyais. Mais c'était pas le cas. Le boum est immense, gigantesque, Saigneurial. Le souffle de l'explosion m'envoie valdinguer dans un chalet juste à coté. Pareil sort pour les chercheurs d'or. L'choc est rude mais j'vais m'en remettre. Là j'crois que ça y'est, les gens du village sont prévenus. J'me redresse sur mes guiboles, tangue un peu mais j'dois continuer selon l'plan. J'allume une barre de dynamite et la lance vers mon human-bomb. Et comme faut pas rester dans les parages, j'me casse. Puis un deuxième boum. Plus petit cette fois. Et j'continue d'la même manière. M'reste quatre petits bâtonnets. J'les allume un à un et les catapulte à droite à gauche. A travers une fenêtre ouverte, au-dessus d'un toit, au milieu d'un groupe de villageois, ... C'est la fête du feu. Vive le feu.

    "YUUUUUHHUUUU "!

    Bon bah tu sais quoi, j'crois que j'en ai fini avec ce village d'mon coté ! Capitaine, Jacky, Noah, Maya, à vot' tour. Et m'décevez pas surtout ! Histoire qu'on ait des trucs à s'raconter sur le chemin. Mais j'panique pas pour ça, on sait y faire nous pour s'faire remarquer. Tant par nos attitudes, nos look que par nos actes.

    On va dev'nir l'équipage le plus connu dans le monde, l'équipage qui inspirera le plus la terreur , l'équipage le plus fort, l'équipage le plus fou. Mais on restera nous même, à continuer à s'taper des barres sur l'Ecume. Car on est les Saigneurs.

    "VIVE LES SAIGNEURS !"
      Les mini-pigeons, qui faisaient tout de même deux mètres, obéirent à Maya. Au début du moins. Occupés à manger les cadavres des lapins qui jonchaient le sol, ils ne la virent pas partir, suivant le groupe de Saigneur. Ça s’nettoie, ça s’soigne, ça boit un peu aussi. Et ça repars. Tandis que Michaela et Oz restent pour dépecer le pigeon mort, Maya décide de se joindre au reste des Saigneurs pour se joindre à la fête. Miel et Cacao semblent vouloir la suivre, mais la borgne fait le gros œil (ou les gros yeux au singulier) et les pigonneaux prennent l’air penaud, allant accompagner Michaela et Oz jusqu’aux navires. Et Maya, elle, elle suit les hommes. L’après-midi se finit alors qu’ils avancent à travers de l’île, qu’ils arrivent près d’un.. village ? Près d’un regroupement de maison. Mais regroupement est encore trop fort. Disons que les cahutes sont éparpillées et assez éloignées les unes des autres. Tahar allume une torche. Ça fume un peu. Les deux premiers gus qui s’avancent se font renvoyer vite-fait. Par le capitaine, et par Jack. Si c’est pas beau ça. Et Alex qui trace, pressé peut-être de faire un carnage.

      Puis voilà qu’une voix apostrophe Tahar. C’est Walters. Il est revenu tiens. L’a dû bien s’amuser et puis le hasard fait que les Saigneurs le recroise. Lui aussi à l’air partant pour tuer du chercheur d’or. Et comme Maya n’est pas en reste... Elle sourit. Un sourire doux d’abord. Comme nostalgique. Même si ça ne fait pas si longtemps qu’elle n’a pas dépiauter d’humains. Qu’elle ne s’est pas amusée à faire l’apprentie chirurgienne. Mais son sourire devient un peu troublant, voir franchement flippant pour les pauvres gens qui la croiseront. Car c’est un sourire joyeux, anticipant le carnage avec bonne humeur, et se réjouissant de voir le sang couler/gicler/goutter, etc... Elle n’a pas le temps de s’avancer beaucoup au milieux des cabanes qu’un « BOOM » la fait sursauter. Alex a joué avec le feu. Elle sent la chaleur du souffle de l’explosion jouer avec ses cheveux, mais elle était suffisamment loin pour ne pas être éjectée. Elle éternue, alors que la fumée vient chatouiller ses narines. Et puis elle se reprend. Son regard vert brille à la lueur des flammes, mais la fumée masque sa silhouette. Elle s’avance doucement, presque guillerette. Elle se trouve soudain au milieu de cinq gars. Surprise tout d’abord, elle se reprend vite. Elle leur offre un sourire tout ce qu’il y a de plus innocent, et elle penche la tête sur le côté comme pour leur dire d’attaquer les premiers. Au départ, ils sont décontenancés. Bien que Maya soit couverte de sang séché, de tache d’œufs, etc... Elle a quelques bandages aussi, pour ne pas se vider de son sang. Et même si elle est moins vive que d’habitude, elle pense pouvoir s’en sortir fasse à ces chercheurs d’or. Le premier lui demande d’où elle vient, pourquoi elle est là. Le second, lui, regarde en direction de la torche de Tahar, du brasier d’Alex, et enfin se pose à nouveau sur la blonde. Il semble comprendre. Il donne un coup de coude à son camarade le plus proche, et lui désigne les quelques Saigneurs visible à travers la fumée. Les autres semblent comprendre aussi, et le premier qui a parlé demande d’une voix cassée si elle fait partie des barbares. Avec un grand sourire, elle hoche la tête. Puis son sourire s’évanouit, laissant place à un rictus dangereux.

      Avec toute ces fumée, ces flammes qui éclairent la scène de façon aléatoire, elle se sent comme un démon venu sur l’île pour foutre le bordel et leur faire la peur de leur vie. Elle se sent comme la Mort qui vient réclamer son dû, armée de sa faux, et le doigt crochu se pointant vers la victime du destin. Elle donne rapidement dix coups sur le sol, et se déplace à l’aide du Soru. D’abord derrière le premier homme. Sans qu’il l’ai vu venir, elle pose ses mains sur sa tête et lui brise la nuque d’un mouvement sec. Il s’effondre, et ses camarades peuvent voir la jeune femme se dresser à sa place, auréolée de fumée et la lueur du brasier dans son dos formant un halo rougeoyant, lui donnant un air diabolique. Ses cheveux d’or semblaient littéralement flamber dans la nuit, et son œil d’émeraude fixait sa prochaine victime avec un détachement assez terrifiant pour qui ne connaît pas Maya. Et sa prochaine victime, celui qui a fait le rapprochement avec les Seigneurs, voit sa fin venir à pas lent, lui laissant le temps de se préparer. Le gourdin qu’il tenait à la main se leva, menaçant, et essaya de frapper la jeune femme. Mais, concentrée, elle fait usage du Kami-E. Son corps semble dépourvu d’os tandis qu’elle évite encore et encore les coups de plus en plus désordonnés. Changeant de tactique, son corps semble se rigidifier, et le coup suivant brisa le gourdin tandis que le Tekkaï rendait Maya aussi solide que du fer. Elle riposta aussitôt par quelques coups, son index traversant le muscles du bras qui tenait le reste de gourdin, puis la cuisse en-dessous, puis l’autre bras, et finit par transpercer la carotide. Son Shigan était presque parfait. L’homme s’écroula. Un troisième essaya d’avoir la jeune femme par surprise. Il réussit à la ceinturer, mais en contractant ses muscles, elle réussit à s’appuyer sur le torse d’un quatrième qui s’avançait et à l’éjecter tout en renversant celui qui la maintenant. Se retournant, elle se retrouva à cheval sur son torse, et le couvrit de coups de poings pour réussir à l’assommer.

      Se redressant, elle se trouva face au dernier des cinq hommes. Elle lui sourit, comme si c’était un ami de longue date, et elle ramassa les restes du gourdins pour ensuite se jeter sur lui à l’aide du Soru et planter les échardes du bout de bois dans la poitrine du chercheur d’or, transperçant sa cage thoracique. Son sang éclaboussa Maya, comme celui du mec à qui elle avait percé la carotide. Elle se releva en s’ébrouant légèrement, lissant ses cheveux pour les débarrasser du liquide vermeil, et retourna à son patient assommé. Elle le fouilla. Elle trouva une pépite d’or de la taille d’une pièce de monnaie. Elle trouva également un poignard, un briquet, et un paquet de clopes. Mettant ces deux derniers de côtés, avec la pépite d’or, elle se servit du poignard pour déchiqueter la chemise que portait sa victime. Le débarrassant de ce tissu désormais inutile, elle traça deux lignes fines le long de son torse, de chaque côté, partant de la clavicule et descendant jusqu’aux hanches. Elle réitéra son geste trois fois, le poignard s’enfonçant de plus en plus dans la chair. Finalement, elle arriva à toucher les os. Curieuse, elle regarda quelle épaisseur de peau les protégeait, et se trouva légèrement déçu. On dit toujours que les chercheurs d’or ont le cuir épais, mais c’était un mensonge. Leur peau avait exactement la même épaisseur que celle des précédentes victimes de Maya. Elle se sentit trahie, comme si les racontards populaire étaient pour elle une source de vérité. L’homme commençant à se réveiller l’occupa à nouveau, et elle oublia sa déception. Il hurla lorsque la douleur parvint à son encéphale, et écarquilla les yeux en voyant la jeune femme à califourchon sur lui comme une amazone démoniaque, son œil unique brillant de mille feux. Elle trancha les tendons qui lui permettaient de bouger ses épaules et ses bras, afin de ne pas avoir à le maintenir, et fit la même chose par rapport à ses jambes. Il hurla de nouveau. Elle posa un doigt ensanglanté sur ses lèvres, et mima un « Chuut », avant de s’emparer des lambeaux de chemise pour le bâillonner. Elle se mordit la lèvre ensuite, léchant sans s’en rendre compte le sang qui s’y était déposé. Le goût métallique de cette liqueur épaisse et écarlate envahit son palais. Elle fronça les sourcils. C’était pas « bon ». Ça lui rappelait lorsqu’elle se léchait un doigt entaillé par maladresse ou autre. C’était comme replonger en enfance. Un souvenir en particulier la saisit. Et tandis que sa tête dodelinait, qu’elle s’affalait sur sa victime à cause de sa narcolepsie, elle rêva de ce souvenir.


      Elle était à Baterilla, sur South Blue. Dans son village. Sa mère avait joué à la corde trois semaines plus tôt. Depuis, elle n’était pas revenue. Maya avait encore la trace de la corde sur la gorge, datant de quand elle avait voulu l’imiter pour s’amuser aussi. Enfin, la trace... Il restait un bon gros bleu qui virait au violet/marron et qui faisait presque le tour de sa gorge. Elle jouait toute seule, loin des enfants du village qui l’évitaient à cause de son étrange manie de parler à la troisième personne. Elle avait encore ses deux yeux à ce moment là. Ses deux yeux qui observaient la lame d’une épée. Cette épée, elle l’avait trouvé appuyée contre un mur à la taverne. Elle l’avait prise, croyant qu’elle n’était à personne, et l’observait depuis. Son père avait la même. Elle s’amusait avec, passant son doigt le long du fil de la lame. A sa grande surprise, la peau de son index s’était ouverte et avait livré passage à son sang. Quelques gouttes qui enflaient et finissaient par couler le long de son doigts, tombant sur le sol. Lâchant l’épée, elle avait alors observé son doigt, fixement, avant de le porte à ses lèvres. Le bisou magique disait Maman. Elle suçotait son index, trouvant avec surprise que le liquide vermeil avait un arrière-goût métallique. Elle n’avait pas eu mal, mais ce souvenir l’avait marqué. C’était la première fois qu’elle faisait couler son sang.

      Pendant que Maya était endormie sur son cobaye, trois autres hommes s’approchaient. Ils restèrent un instant figés par la surprise, se demandant ce qu’une jeune femme faisait effondrée sur leur pote. En se penchant un peu plus, ils virent que leur ami avec les yeux écarquillés d’horreur et qu’il gémissaient à défaut de pouvoir crier. Ils mirent un moment à réagir. Ce fut à cet instant que la blonde se redressa, rouvrant son œil unique. Elle posa un regard étonné sur les trois nouveaux arrivant, et n’eut pas la présence d’esprit d’esquiver le premier coup que lui donna le plus grand du lot. Elle valsa, à quelques pas de son cobaye, et heurta le sol poussiéreux et caillouteux avec un bruit sourd. Fronçant les sourcils, elle se redressa immédiatement, et ne pris pas de précaution pour ces trois hommes. Ils l’avaient distraite, ils l’avaient dérangée. Elle n’était pas contente. Usant du Soru et du Shigan, elle fit s’écrouler celui qui l’avait frappée. Elle ramassa le poignard à terre et égorgea un second, avant de planter l’arme dans l’œil du dernier, profondément. Et elle retourna à son patient, tranchant le cartilage de l’épaule tant bien que mal avec ce poignard. Sa victime, qui se vidait de son sang depuis tout à l’heure, finit par mourir alors qu’elle n’avait même pas réussi à décrocher le bras. Laissant tomber, elle se releva et fonça dans la masse de la quinzaine de chercheurs d’or qui se dirigeaient vers le carnage. Les techniques apprises au gouvernement lui furent très utiles. Le Soru, pour un effet de surprise maximum, Le Ran Kyaku, pour se débarrasser de plusieurs péquenots d’un seul coups, le Tekkaï et le Kami-E pour éviter les attaques, et le Shigan pour achever ceux qui restaient. Elle n’utilisa pas le Geppou, qu’elle maîtrisait moins bien, mais le résultat fut le même. Elle était la seule debout au milieu des cadavres. Et pour bonus, elle avait réussi à détruire deux masures en y propulsant quelques types.


      Dernière édition par Mayaku Miso le Lun 28 Mai 2012, 18:18, édité 1 fois
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      Jeux d’ombres, jeux d’décombres. Jeux d’chiens, jeux d’vilains. Jeux d’vilains, jeux malsains.

      ’m’vient des rimes d’circonstances. L’noir rend poète. Esthète. Après les deux obstacles anonymes d’l’entrée en matière, jme fais carrément artiste pyrotechnique. Ma torche s’enfonce dans un toit en chaume après une volée d’toute beauté. Ca crépite, ça fume, ça flambe. Pis les occupants s’tirent. D’ssus, certains s’suicident. Z’ont raison. Sur nous, certains s’défendent. Z’ont raison.

      J’aime bien la nature humaine, y en a pour tous les dégoûts. Pour les feignasses, les massacreurs du dimanche qu’veulent just’ l’titre et pas l’sang sur les mains. Pis pour les autres, les vrais qu’ont un problème dans leur tête et qui s’sentent le b’soin d’mettr’ la patte à la pâte d’leur légende. Genre moi.

      Et d’notr’ côté d’méchants aussi on est éclectiques. Y a les novices d’la profession : un peu bruyants un peu trop enthousiastes, qu’font tout dans leur premier et unique assaut. Ca c’est l’Alex, doyen en âge mais toujours s’sentant l’devoir d’en faire plus pour épater la jeunesse, qu’est allé faire péter des trucs en sous-main là-bas en guise d’ouverture. Les débris tombent partout et l’signal est donné.

      Y a les jeunes malades pire qu’moi qui sortent presqu’ d’terre avec une mine de décavé et la gueule encore un peu trop grande pour être bien classes : ça c’est l’Walty qu’fait sa réapparition sans sa masse et avec un compteur d’cadavres d’jà bien entamé visibl’ment. C’donc là qu’il était allé.

      Prendr’ d’l’avance c’pas sympa. Mérit’rait qu’Noah lui rende pas son joujou, tiens. Trop tard. Mh.

      Y a la Maya aussi. Qu’part faire sa cueillette sans dire un mot quand elle comprend qu’les animations sont lancées dans c’parc d’attraction géant ouvert rien qu’pour elle. Mayaku-land, pas d’attente et pas b’soin d’carte coupe-file pour faire la maison hantée ni l’grand huit de l’horreur. L’tout presqu’ silencieus’ment. D’son côté, l'silence. Ses copains pour la nuit ont pas tous l’estomac accroché pareil.

      Pis y a les briscards enfin. Chacun son style mais toujours efficace. Noah, Jack et Tahar. Moi. Les trois archanges du mal. Ceux qui commencent et ceux qui terminent. L’dieu des horreurs parle par leurs bras vengeurs, efface les péchés en même temps qu’les fauteurs. Nos bras vengeurs.

      Les trois jeunes et ma torche ont fait un chœur des anges diabl’ment efficace pour nous annoncer. Dans l’gris d’la nuit noire, les toits en flammes sont comme des feux follets qui marqu’raient les endroits où on doit passer. Alors pack’on est des archanges et qu’on passe là où on nous dit, on passe. On passe ailleurs aussi, dans l’doute. On passe partout. Apaiser les souffrances, répandre la bonne parole, exercer notre injuste courroux. Toujours la même énigme, jamais la bonne réponse.

      Six ombres fondent sur deux cents foyers, qu’est-ce qu’y reste ?

      Pas grand-chose. Mais jamais y répondent ça. Y peuvent pas, faudrait pas être humain pour connaître la vérité. Nous on est pas humains. Alors on répond à leur place. T’ai dit qu’on était archanges. Tu savais qu’apocalypse ça voulait dire « révélation » ? On révèle. On essaie. On porte-à-porte.

      On dégonde. On dépuce. Enfin moi je.

      Ca d’mande d’l’endurance. Ent’ les fumées à r’cracher, les absolutions à donner, les colères divines à r’lâcher, et la prestance à garder. Faut gérer. La clef c’l’alternance. Un peu d’l’un, un peu d’l’autre, êt’ partout à la fois. Voler d’un coin à l’autre du coteau. Violer d’un coin à l’autre. Paradoxal mais r’posant.

      Et jusqu’au nouveau jour on continue. Bras d’ssus bras d’ssous, en haut, en bas. D’temps en temps y aller au hachoir. L’détendre, l’rouiller un peu. D’main j’le nettoierai. D’main j’le poussetterai.

      Pas s’arrêter aux erreurs d’jugeote, aussi. S’t’en as un qui s’fait la malle, tu l’laisses. T’y cours pas après, sinon t’y passes la nuit et l’gros d’l’œuvre avance plus. ’l’a méritée sa survie t’façon. L’fuyard. La mérit’ra ptet pas longtemps à s’terrer dans la jungle, mais l’a méritée.

      Y aura toujours un aut’ abreuvoir pas loin où donner à boire à la bête. Tant que la bête aura soif.


      Apocalypse Now [FB 1623] 661875SignTahar
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      "J'ai ressenti les premières atteintes du mal,
      affalé sur les côtes du Caillou.
      Mon âme sous des maux d'une
      violence infernal
      se morcela de bout en bout."



      Y s'amassent comme les feuilles d'automne. Au sol, à mes pieds. Y tombent. Et moi, j'avance. Puis il en r'vient. D'autres types. Armés, ou non. Prêts à tout pour sauver l'peu qu'y z'ont. Sans comprendre tout c'qu'y leur reste, c'est leur p'tite part d'néant cafardeux. Leur vie. Mais au lieu d'fuir, d'assurer la survie d'l'espèce, y préfèrent crever pour un rêve à base d'pépites d'or. Qu'l'en soit ainsi. C'est beau d'poursuivre un rêve. Même quand t'es pas équipé pour...

      Les feux dévorent maint'nant tout l'camp'ment. La nuit n'est plus qu'une épaisse fumée noirâtre, éclairée d'ci d'là par des reflets grenats. Le carnage qui y règne n'apparait aux mires qu'par éclairs sporadiques. Par images isolées. Mais l'air ne ment pas. Malgré la puanteur des vapeurs sombres, c'qui transpire ici, c'est la peur. La panique. Totale. Passé la surprise d'notre déboulage, les mineurs s'étaient pourtant ragaillardis. Rapport à not'nombre. Cinq, six assaillants ? Pirates ou non, c't'une bagatelle, pour une centaine d'honnêtes ouvriers. Mais, à mesure qu'on y mirait plus trop rien, un doute les a pris. Les silhouettes, à la différence d'eux, n'tombaient pas. Jamais. Malgré leur nombre. Malgré leurs efforts. Héhé.Lorsqu'un homme est face à un fait qu'y peut pas piger, sa trogne commence à chercher plus loin. Vers l'impossible, l'inconnu.

      J'ai entendu leurs cris. Certains gueulent aux spectres. D'autres aux monstres. Puis les voix s'taisent. Confirmant leurs derniers dires. J'suis ni spectre, ni monstre. J'suis d'chair et d'sang. D'bois p't'être aussi. Et d'panache. Une belle création d'la Mère Nature. Un prototype personnel. Fait pour déconstruire. J'l'ai toujours dit, les cendres font un très bon terreau. C'qui y r'pousse a meilleure gueule. Ici, ça r'poussera bien. Ça oui.

      Un nouveau gus apparait. Un nouveau gus s'effondre. J'suis arrivé dans l'cœur du camp'ment. Là où on fait la tambouille. Une placette de terre, où fait plus dégagé. Plus visible. En plus d'un mignon feu d'cuisson, y s'y trouve p't'être l'seul bâtiment d'bois d'l'endroit. Belle facture. Un étage. On peut lire sur la d'vanture, en grosses lett' blanches :

      Shérif.

      Héhé. Par les f'nêtres d'la bicoque, qu'j'peux voir qu'ça s'active, à l'intérieur. Doit bien y avoir une dizaine d'gus qui cavalent dans tous les sens. Et qui s'arment. Fusils. Flingues. J'aperçois même une grosse pétoire. Alors v'là leur arsenal... Un péon tourne la tronche. Par la f'nêtre, me mire. Et d'vient blanc comme un linge. Je ris. Et m'rappelle qu'j'suis toujours couvert d'sang. Du vieux, c'lui d'la bête, et du nouveau. Vrai qu'j'dois avoir l'air d'un démon. Parfait. Faisons comme ça. En face, la nouvelle se répand. Y s'bousculent à la porte. Peureux, mais en confiance. Rapport à leur artillerie. Qu'y m'braquent droit sur l'pif. J'agis. Le plat d'mon panard cogne le sol. Une fois. Fort. Soulève un nuage d'poussière, qu'envahit l'espace. Ils tirent. Mais m'rate. J'ai plongé à plat ventre, masqué par un écran d'crasses terreuses. En suspension. Je roule de coté. Glisse derrière une tente. Flirte avec les ombres. Pour y progresser. Eux, ont stoppé l'feu nourri. Ils observent le nuage qui s'dissipent. Découvrent qu'ils n'ont rien touchés. L'air, à nouveau, suintent la panique. J'les vois, agités. Mal à l'aise. Et, toujours tapis j'inspire un grand coup.

      *Run this way*

      Une ombre passe, sans qu'ils n'aient pu la voir venir. Elle prend au passage l'un d'entre eux. Qui disparait dans l'obscur, ne laissant derrière lui qu'un couinement sourd. Des coups de feu sont tirés au hasard. On chuchote. On crie, on se sert. Mais l'ombre repasse, à nouveau. Elle n'accroche personne cette fois-ci. Mais sur son passage, elle a envoyé valser un mâle costaud, solide. Il s'est écrasé dans la toile d'une tente, à une trentaine de pas. Et ne se relève pas. Un nouveau passage de ma part. Deux autres sont fauchés. C'est la débandade dans leurs rangs. Ils chialent tels des pucelles, crient à la fuite et courent s'enfermer à l'intérieur du bâtiment. C'est fou la vitesse avec laquelle ils barricadent les entrées.

      Drappé dans la nuit, je contourne la future ruine de bois. Que je grimpe, à pas de chat. La structure grince. D'ci de là. Sans qu'on sache vraiment d'où. J'atteins l'toit.. Là, mon kodak, imprime sur les plaques sensibles d'mon cerveau une vision de claque. Elle s'étend là, en vrac. La destruction tout d'un block d'un village de macaques. Qui crame, crapote. Rest'ra plus qu'un roc, après la mise à sac. Je lève la patte. La droite. Et l'écrase dans les lattes. De bois. Elles cèdent. Et CRAC. Me v'la sur l'plancher. D'en bas. En une phase. En zappant l'premier. En plein milieu des zouaves. De là, pas besoin de me fatiguer, pour qu'ils décèdent. L'histoire de quelques coups p't'être. Si rapide qu'j'm'en souviens pas.
      Un seul s'échappe. Un gagnant. Y saute à travers la f'nêtre, s'viande en roulant dans l'dehors. S'met à courir. Mais continue à me r'garder. Mû par la force du désespoir, y m'pointe. Du canon d'son flingue. Il aurait du r'garder ailleurs. Derrière lui. L'aurait pu voir la montagne Noah. Son ombre, sur lui. Trop tard. L'Saigneur l'attrape, comme un bûche. Le présente bien haut, au zénith. Puis le brise en deux, comme du petit bois. J’entraperçois un sourire complice de sa part, et Noah retourne à son carnage. Brave Homme. M'apprêtant à sortir d'l'office d'la loi, j'fais néanmoins un stop. Sur l'plancher, un pétoire mastoc attire mes globuleux. C't'un canon, portable à l'épaule. Le genre d'petit engin qu't'envoie des pruneaux qu'soufflent une bicoque. Du matos High Class. Héhé. Viens avec Jack toi. Sur le dos, voilà. Et là, dans l'sac, y a ... oh. Tes copains pruneaux. D'quoi s'amuser un peu. Vous v'nez aussi.

      J'm'écarte d'quelques pas. Charge l'engin. Patauge un peu, pour enfin l'enfiler à l'épaule. Prêt à cracher. Je vise la maison de monsieur Shérif. Presse la détente. Mon tube d'mort tonne, et la baraque s'mange un MÔK en façade. Elle tangue un court instant, puis s’effondre. Les flammes se précipitent, vont se repaître du bois délicieux. Héhé. Ça marche. Et maint'nant qu'le ménage est fait, il est temps d'aller chercher l'dû. D'aller piller c'te mine et ses richesses. L'entrée n'est plus très loin. À jugé d'pavillon, faut suivre les tint'ments du sabre. Qui tranche. Qui tranche. L'coupe-choux du Cap', j'ai déjà r'marqué, il fait un bruit différent qu'les autres. Héhé. Suivez l'guide.


      "Il casse, coupe. Détruit et fracasse.
      Deux soucoupes sont tout ouïe, en poupe.
      Elles impriment l'acte de l'homme abruti.
      Elles goutent.
      Le singe en rascasse, est presque séduit.
      Efficace."
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      Feu. Les Saigneurs m'ont suivi dans mon trip de tout faire brûler, de tout faire péter. Des débuts d'incendies par-ci par-là. De nouvelles explosions. Du feu partout. La chaleur monte. Le sang bout. La fumée noire empoisonne le village. Elle est dense et ne permet pas de voir à deux mètres. L'ambiance est infernale. Je ne me sens ni Hadès, ni Anubis, ni Ah Puch, ni Tezcatlipoca, ni Odin. Je laisse ces rôles, respectivement, au Capitaine, à Jack, à Maya, à Walt et à Noah. Je ne me considère pas non plus comme la Faucheuse. Disons simplement que je suis comme Charon, aidant les âmes à traverser de l'autre coté de la rivière. Tout brûle. Tout flambe. Les flammes engloutiront bientôt la totalité de l'endroit, la totalité de l'île. Bienvenu à l'Archipel des Ténèbres où le maître mot est Feu.

      Peur. La panique a également envahi la localité. Même si la visibilité est fortement réduite, je peux lire la crainte sur le visage des gens. Et dans la seconde d'après, je lis l'apaisement, la délivrance. Car le nocher vient d'accomplir son devoir. On entend des cris. Des cris de douleur, de souffrance, de terreur. Et dans la seconde d'après, plus rien. Un silence de mort. Des ombres se déplacent et sonnent le glas. Cette nuit restera à jamais gravée. Dans nos mémoires, dans celles de nos victimes, dans celles des fuyards. En lettres, rouges, comme le feu, comme le sang, seront inscrits nos actes dans le journal. Le jour où les Saigneurs réduisirent une île entière au néant. Le jour où un groupe de six hommes tuèrent plus de six cents êtres en moins de soixante minutes. 666. Nombre du Saigneur. Notre confiance, notre folie, notre diabolisme contraste avec leur frousse, leur inquiétude. Bienvenu à l'Archipel de l'épouvante où les maîtres mots sont Feu et Peur.

      Sang. Le rouge a coulé, le rouge coule et le rouge coulera pendant encore quelques minutes. La terre sous nos pieds sera bientôt recouvert d'une énorme flaque de ce liquide vermeil. Car nous, les Saigneurs, c'est ce que nous faisons. Le Capitaine doit user de Narnak, Jack de ses poings, Maya doit faire cela dans la joie et la bonne humeur, Noah doit broyer des os et découper de la chair tel un boucher et Walty doit aplatir tout c'qui bouge. Bienvenu en Enfer où les maîtres mots sont Feu, Peur et Sang.

      Je pensais mon devoir accompli mais un vide s'fait ressentir. Je n'ai tapé qu'un gros coup. Un énorme coup certes mais c'n'est pas assez. Alors j'continue mon périple. Je n'abats pas tout le monde, non. Je choisis mes victimes. Tel Charon. Les plus peureux courent, fuient, essayant d'sauver leur peau. Les plus courageux restent. Et meurent. Je m'fais bousculer. Mais j'réagis pas. Pas pour l'instant. Pas pour des gens comme eux. Et puis l'étincelle. Celui-là ! Coup de pied dans la rotule gauche du type qui s'dirige vers moi. L'homme pose l'autre genou au sol. Il m'regarde. Peur. J'enfonce ensuite mes deux pouces dans ses yeux. Cri. Il ne lui reste plus longtemps à vivre, il est condamné. Alors j'passe mon chemin. Un nouvel individu s'présente. Il voit la Mort. Il m'voit moi. Il s'est pas trompé. Je l'attrape et l'jette contre un mur en pierre, tête la première. Il tend ses bras et évite le choc. Il se retourne mais il est trop tard. J'suis déjà là, à coté de lui, prêt à lui faire traverser la rivière. Cette fois-ci, mes mains viennent étreindre son visage et j'martèle le mur à coup de caboche. Plusieurs 'crac, beaucoup de 'crac'. Plus qu'il n'en faut. Mais on est jamais trop sûr. Et puis un mioche s'pointe. Un gosse devenu très récemment orphelin à priori. Il est pétrifié. Je pose ma main sur le dessus de son crâne.

      "J'te laisse en vie petit. Mais rappelle-toi bien d'cet équipage : les Saigneurs. Ainsi que d'leur Capitaine, Tahar Tahgel ! Bonne nuit petit."

      Une petite tape amicale et j'marche en direction du brouhaha. J'devrais bientôt tomber sur un compère. Et j'ai bien envie d'voir c'qu'ils sont en train de faire. L'problème, c'est qu'on voit pas grand chose. Alors j'ramasse un bâton qui traine et j'l'allume grâce à c'te baraque qui flambe. Le bois s'embrase et m'éclaire le ch'min. Un bibendum bouge, avec galère, son corps graisseux et essaie d'se frayer un chemin dans c'te brouillard noir. Lui mérite pas d'vivre. Alors quand il passe pas loin, j'lui fais un croche-pied et l'gros s'retrouve le cul par terre. Il s'retourne, essaie d'se redresser et m'supplie. Mon choix est d'jà fait gars, l'est trop tard pour toi. Un coup de pied dans le bide et l'dodu ouvre la bouche pour brailler. Parfait. J'prends ma torche et l'enfonce jusqu'à sa gorge. On dit que temps qu'y'a une p'tite flamme qui brûle à l'intérieur de notre corps, y'a d'la vie, y'a d'l'espoir. Par conséquent, il lui reste plus d'une dizaine de minutes à vivre. Uhuh.

      Mais c'qu'est moche, c'est qu'j'ai plus mon bâton d'feu. Pas grave, y'en a un autre juste là-bas. On prend les mêmes et on recommence. A coté d'l'endroit, y'a une bouteille. Probablement rhum. J'aime bien l'idée qui m'vient en tête. J'prends l'biberon et ingurgite une gorgée. Puis une deuxième. Enfin pas vraiment, la deuxième 'gorgée' reste dans l'bec. Un nouveau type se pointe. Une nouvelle future victime. Comme tu l'as deviné, quand l'mec est assez près, j'crache l'alcool sur la flamme, en l'dirigeant vers la cible. C'est magnifique, le visage prend feu instantanément. J'rechoppe le goulot, nouvelle lampée puis nouveau jet d'flamme. Encore plus beau qu'le premier. J'commence à avoir la main. Sauf que l'adversaire est malin, il s'roule par terre pour s'éteindre. Mais la Bish a l'plan B. J'catapulte le flacon direct sur l'ami. Comme ça, l'job est sûr d'être achevé. L'homme bouge mais l'brasier prend l'dessus et l'homme bouge plus. Bon bah maintenant, j'ai plus d'idée. Qu'est-ce tu dirais si j'm'arrêtais maintenant ? Ca te vas ? Bah si ca t'vas, ça m'va aussi. J'sors le paquet clope, en fous une en bouche et l'allume grâce à l'incinération d'l'ami. Merci l'ami.

      Quelques secondes plus tard, j'aperçois, tant bien qu'mal, tout l'monde. Y'a moins d'fumée ici mais y'en a quand même. Et j'regarde les alentours. On dirait qu's'ont bien travaillé eux aussi. 'Sont tous contents, 'sont tous plein d'sang. Comme moi. J'fais signe à Noah qui m'fais signe lui aussi. Et finalement, j'me dis qu'on a fait du bon boulot. L'histoire était écrite d'avance, mais on a bien fait ça. Dans la plus pure tradition. Car on est les Saigneurs. Vive les Saigneurs.

      Bienvenu en Enfer. Bienvenu chez nous.
        Il a pas l'air content de la nouvelle le type, ses potes non plus d'ailleurs. Ils s'approchent et commencent à encercler le bosco, l'idée de s'en servir pour parlementer avec les pirates leur a peut-être traversé l'esprit, mais la conclusion c'est qu'il vaut visiblement mieux s'en servir comme otage plutôt que d'intermédiaire. Ils veulent une monnaie d'échange et garder leur or, ils veulent mettre Walters sous fer, bonne chance les gars, bonne chance, moi je regarde.

        Eh oui, j'suis là, ça fait un bail tu trouves ? Bah t'sais, j'suis jamais tellement loin, c'est juste que j'suis pas toujours actif, mais là ça va en valoir la peine, du coup moi je mate l'action et toi, ben tu lis sur ton écran, comme ça les rôles sont bien définis et on avance.

        Les mecs autours du jeune Scott s'avancent eux aussi. Armés de pioches, de sabres rouillés, de pelles et d'outils à l'entretiens douteux. Tant qu'à faire, refiler le tétanos ou d'autre charogneries du genre, c'est toujours bonus dans ce genre d'ambiance.
        D'ailleurs, niveau ambiance, ça commence d'y foutre. Une grosse explosion qui retenti depuis derrière, des pugilats qui commencent tranquillement dans leur coin. Les Saigneurs qui s'échauffent sur les seigneurs du lieu. Le but, pas de prendre leur place mais bien de détruire la place. Des flammes s'élèvent, avec elles de la fumées. Les yeux piquent enfin... l’œil quoi.
        Ils n'ont d'ailleurs pas le temps de s'approcher beaucoup plus les sept - huit gus qu'il en manque déjà un. Le pauvre, il s'est choppé bien vingt kilos de fonte dans les dents. Et pas le temps de se demander ce qu'il se passe que la masse revient et massacre les attributs du type qui se trouve à l'opposé. C'est là que s'installe la panique: qu'est ce qu'on fout chef ? On le bute ouais mais comment on s'y prend ? Chier merde il vient de péter la jambe à Johny ! On y va ! Vas y tout seul tocard !
        Vous l'aurez compris, ça pue l'abandon de ses potes là. Mais le Walt', il est pas d'humeur à laisser les gens se casser comme ça. Pourquoi ça ? Parce qu'il connait cette ambiance, où on désespère, où on préfère sa peau à celle des autres, où on se marche dessus pour prendre le dessus, ou le perdre.
        Où fleurit toute la beauté de la nature humaine.

        Et du coup, le gars qui fuit, il sent qu'il va revenir par derrière. P'tet pas tout de suite, p'tet pas le lendemain mais un jour... Un jour il viendra clamer sa vengeance. Il viendra buter ce connard qu'a buter ses potes. Potes qui ne l'étaient pas d'ailleurs, mais c'est pour le principe. On ne tue pas les gars qui me remplissent les poches bordel ! Mais j'me choppe une chaine en travers de la gueule par contre et m'fais foutre à terre aussi.
        Quatre en moins, reste pareil, environ. La fumée des incendies réduit à néant toute visibilité aux alentours. Les yeux pleurent, les deux cette fois. C'est d'ailleurs aussi le cas des clampins qui foncent en hurlant leurs terreurs sur le Walters. Il pensent: qu'ess'va m'arriver si j'le loupe ? Si le pote le loupe ? Si on le loupe ? Il va violer ma gamine c'est ça ?! Pas question ! Pas question !!
        Le fossoyeur ne le sait pas, il le sent, il s'en souvient, il l'a aussi pensé. Il s'est donné du courage en le faisant. Et ça lui a servi à qued' de le faire. Au final, tous ceux pour qui il s'est battu ont tenté de l'entuber. Et là, il se bat pour qui ? Pour le mec Tahar ? Avec son pote Jacky et toute la compagnie ? J'pense pas non, j'pense pas. Pour lui même non plus d'ailleurs. Il se bat pas pour un truc avec des jambes et des bras ou qu'on peut toucher et faire saigner. Il se bat pour moi, pour moi qui l'ai créé, qui lui ai montré la voie.
        Pour K.
        La Guerre, il l'a vécue, chez lui et dans une taverne, bataille où on se fritte pour savoir qui s'en sort, qui vit. Il a gagné.
        La Pestilence aussi, a bien tenté de le faire clamser. Et y'a pas trente heure qu'elle a récidivé la salope. Mais c'est qu'il a des tripes le gamin.
        La Famine, elle, elle le tient depuis un moment déjà. Mais elle sait très bien qu'il aura raison d'elle.
        La Mort, j'sais pas quand elle viendra. Qui sait d'ailleurs, mais elle a déjà étendu ses griffes une première fois, j'étais là. Et j'serai là aussi pour la seconde, mais j'servirai de spectateur cette fois là, l'est grand le garçon, l'a plus besoin d'aide.
        Ils sont trois à vouloir la lui offrir en même temps. Y'en a un qui se tape un beau vol plané direction au dessus de la fumée. Y'a pas à dire, elle pardonne pas cette masse. Pour ce qui est des deux derniers, vu que son arme vient de valdinguer, Walters en chope un pour taper sur l'autre. Et il continue une fois à terre, se sert du crâne de l'un pour défoncer celui de l'autre. Il se sent plus, ça fait un moment qu'il sait plus ce qu'il fait d'ailleurs. C'est pas de la folie, il pourrait y avoir un sens dans la folie. C'est pas de l'insanité, ça va pas assez loin pour comprendre. Si voulez avoir une idée de ce qui se trame dans la tête du borgne, et croyez moi vous n'avez pas envie, prenez le bon sens et retournez le comme un gant. Accumulez toutes les pulsions destructrices que vous, vos proches, les proches de vos proches et ainsi de suite, avez eu dans votre pénible existence et faites en un agglomérat dans une seule boite crânienne. Peut être que vous pourriez vous faire une vague idée de ce qui se passe dans celle du fossoyeur.
        Et là, il entend un bruit derrière lui, se retourne et s'arrête. Y'en avait combien des gulus au départ ? Sept - huit ? T'as trouvé ça vague ? T'as voulu sortir ton stylo rouge pour mettre une coche ? Ben valà, le huitième de la p'tite équipe qui se pointe, avec son putain de tranchant avec lequel il estocade l’œil de mon ami Walty. Il a l'air de pas en revenir. Il se marre. Il crie à ses potes morts qu'il l'a eut. Il gueule à qui veut l'entendre qu'il en a eu un !
        Et sent une main se poser sur son poignet. La douleur physique qui s'en suit le fait lâcher prise sur son arme. Il lève les yeux vers ce destructeur inébranlable et le voit retirer la lame qui avait traversé son cache-œil. Le bandeau vient avec.
        Vous vous êtes jamais demandé ce qu'il y avait dessous ?
        Le dernier de la petite équipe assista au spectacle le plus affreux qu'il lui ait été donné de voir. Il doit bien exister des choses plus horribles que l'orbite droite du pirate, mais ça atteint tout de même un sacré niveau. La croute qui avait pratiquement fusionnée avec le morceau de tissu s'était arrachée, et de la plaie béante s'échappa un liquide noir formé de sang du liquide contenu dans ce qui était autrefois un globe oculaire. Un résidu du-dit globe plongeait dans le regard de cette homme, qui regretta de ne pas s'être tranché la gorge avec son arme. L'œil noir cristallin sembla scruter au plus profond de son âme. Puis le cimeterre qui avait rouvert la cicatrice s'éleva dans les airs et fendit le visage du malheureux, ne s'arrêtant qu'à la seconde rangée de dents qu'il croisa.
        Cette épitaphe terminée, oublions cette victime pour revenir au sujet qui nous intéresse. Walters Scott, dont l'esprit est depuis un moment déjà entré dans état où néant et immensités se lient, se battent, se baisent. Corporellement, il déambule dans les rues et tue tout ce qu'il croise. Une femme qui tente de cacher sa gamine dans un tonneau, jugulaire arrachée. La chialeuse dans sa planque s'arrête de couiner quand le couvercle s'écrase sur elle. L'orphelin qui pense avoir échappé à la mort, éclaté à coups de savates. Des proies médiocres qui pensent pouvoir faire appel à la pitié. Quelle pitié pensez vous que ce monde offre ? Faire acte de clémence, c'est bénéfique pour celui qui reçoit et celui qui donne ? Allez vous faire foutre. Si un Dieu peut juger les actes d'hommes tels que Walters, qu'il soit pendu pour avoir créé un engeance capable de telles atrocités.
        Il continue sa promenade. Toujours insensible, écrasant ou démembrant les cloportes qu'il croise jusqu'à une grande baraque dont la porte se ferme. Vas, entre, vois, détruits. Voilà les mots que je lui susurre à l'oreille. Il écoute, exécute. C'est bien. Il pousse la grande porte. Bloquée. Il lève le pied. Défoncée. Dans les ténèbres de cette bicoque sont accroupis tous les enfants du village. Voici un cadeau qui sied à merveille à mon protégé. Moi, son mécène, lui offre une foule de mioches sur un plateau d'argent. Il ferme le panneau de bois, tenant maintenant à peine sur ses gonds, et se met à l'ouvrage.

        Le temps passe, et la conscience revient. Comme le calme, la sérénité d'avoir accompli comme il le fallait son travail. Walters Scott attend dans cette grange, trop écartée du village pour prendre feu, qu'un quiconque vienne le tirer de sa catatonie. Il attend là, l'orbite béante, entouré des cadavres des enfants, et des mères qui les accompagnaient.


        Dernière édition par Walters Scott le Ven 13 Avr 2012, 12:57, édité 1 fois
          Puaaaaah !
          Ah putain, c’est dégueulasse ! Et tu trouves ça drôle… Merde, j’ai jamais vu un con pareil.
          Je pose le verre avec l’air dédaigneux, ça pique sévère dans la gorge. Tu parles qu’un alcool comme ça, ça se vide pas cul sec, à part peut-être pour avoir mal aux cheveux le lendemain matin. Ouais cap’, j’aime bien l’alcool, mais pas comme ça. Je toussote, j’ai la coupe qui va défriser. Non quand même pas…
          Enfin, bref, je suis à côté du pigeon pendant que mes copains s’en vont répandre la bonne parole dans le village d’à côté. Enfin, s’il y a un village. Je crois bien, mais je suis pas sûre non plus. Moi, j’ai du boulot, et une autre forme de boulot. Je suis pas le messie, mais pour que les saigneurs multiplient les pains, faut que je les nourrisse. Alors je m’y attèle. J’attrape mon couteau et j’engage Oz dans le déplumage du pigeon. J’viens trouver de quoi nourrir le géant pour un petit moment, ça m’enlève des grosses angoisses et des nuits sans dormir. Ça fait plaisir. Alors, la fine équipe s’en va en me laissant là avec mes petites affaires, et c’est à moi d’ordonner à Oz de me filer un vrai coup de main dans l’histoire.
          Attrape l’aile. Enlève les plumes. Tire fort gars. Plus fort. Je m’occupe des petites plumes. Ouais, ça aussi. Coupe la tête. On le retourne. Je suis pas fan des tripes. On les enlève. C’est pas fameux, même si c’est nourrissant. Tu crois que les autres aimeraient ? Tu t’en fou ? Ouais tu t’en fou. Ç’aurait été bien d’avoir un avis, peut-être pas commun à tous mais. Enfin. Bref, vous avez compris. Ouais bon Oz, vide lui les tripes. Putain gros, tu rechignes pas à la tâche. Mh. Ça pue. J’aime pas cette odeur. Beuh. Bon, allez. Et maintenant que c’est fait, faudrait peut-être voir à le découper pour que ce soit plus transportable. Quoi ? Tu peux porter ça tout seul… ? Bah écoute mon gros, fais toi plaisir.

          « Amène donc ça au navire, on se retrouve là-bas. »

          Le Oz me dit un truc que je pige pas. Question de décibel je crois. Et puis, il attrape le pigeon déplumé et le fourre sur son épaule. Ses ailes sont attachées à son corps, c’est plus pratique pour le géant. Moi, j’attrape les outils et je les lave comme je peux. Faudra s’en occuper en rentrant, que je me note en faisant demi-tour.
          Bon, par ou sont partis les couillons déjà ? Par-là ? Non, par-là…
          Attendez, je crois que Walters est parti par-là… Mais dans le doute, je vais pas aller dans sa direction. Alors, j’essaye de me souvenir et je prends là où j’ai bien envie. Suffit peut être de tendre l’oreille pour entendre leurs conneries. Prendre de la hauteur, pour me situer ? J’avance donc et suis une montée, j’arrive en haut et je regarde. Au loin, y’a les lueurs d’un joli feu qui flambe et je me dis que ça doit être là-bas que la petite fête doit avoir lieu.
          J’en prends la route, même si je pense que c’est vachement loin.



          « Et bah. »

          C’est le seul truc qui me sort de la bouche. Genre, je regarde l’endroit. Et ils se sont déchainés. Ce qui devait être des gens à la base ne l’était plus vraiment. Je saurais pas dire qui a fait quoi et comment, ce que je peux dire, c’est que c’est comme la première fois ou je les ai rencontré. Un bordel infâme. Avec une touche à la Maya et Jack en prime. Que j’avais pas vu la dernière fois. Je dirais que ça ajoute un petit quelque chose de… euh… Je saurais pas dire, c’est mignon.
          Alors, si je résume, dans le coin, c’est le remix de l’apocalypse en mieux. En plus sanglant même. En plus apocalyptique. Les gars ont du talent pour le sordide, le pas net, le dégueulasse. Pour bruler des maisons aussi. Quoique c’était pas bien compliqué, de base. Avec un certain recul, peut-être bien que c’était de l’art d’être aussi psychopathe. Pour sûr, c’était de l’art. Et les Saigneurs peignaient un tableau avec une… matière différente, sur une toile différente. Mh, bon, je vais pas philosopher plus longtemps.

          « Vous vous êtes défoulés, les gars. »

          En conclusion ? Allez, je vous mets A+. Mais c’est vraiment parce que je vous aime bien.

          « Beau boulot. »

          Maintenant que Tahar a décapité des gens et bruler des maisons, Jack botté des culs, Maya éventrée des malchanceux, que Walt les a enterré, Alex fait des trucs dont je n’ai pas envie de parler… On a pas une mine à aller piller ? Non parce que, c’est bien des chercheurs d’ors ? Donc y’a un petit butin dans le coin…
          Hinhinhin, comme dirait l’autre.
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          La dernière baraque s’écroule, j’m’assieds sur un roc en surplomb un peu et j’attends qu’le jour nous pardonne. Un soleil rouge se lève, beaucoup de sang a dû couler cette nuit. Hinhin. Jsais. Mission complete. Not’ mission d’méchants. J’m’attarde pas trop sur le pourquoi. Mais un peu quand même. Pourquoi c’besoin d’tuer. D’casser. D’détruire. C’te nécessité d’répandre le mot, le mal. Not’ bonne parole. Dans l’injuste violence. Dans l’aveugle injustice. Et jme gratte. Les noix. Pack’ jtrouve pas. Un peu comme après les choses d’la vie. Suis vidé. Impensant. Des jeunes sont posés çà et là. Alex r’vient. Noah pareil. Et ça fume. Et ça charbonne un peu. Des braisons. Des fumées.

          L’brouillard de guerre est chassé par un ptit vent mou venu d’la côte. Et en sirotant un dernier verre d’désolation, j’me dis. Les ptits gars ont ça dans l’sang. Les pulsions d’mort. Moi, est-ce qu’c’est donc pour r’venir en arrière ? Aux temps des massacres réglos ? Est-ce qu’la mouette me manque donc ? Ha. Foutaises. Doit être aut’ chose. L’uniforme ? L’drapé dans un fringue classe ? Hm. J’ai toujours la classe, avec l’mantal inusable sur le dos. Et propos d’uniforme, j’avise Haar qui s’ramène avec ses gros sabots en acier armuré d’puis une descente qui doit conduire à la mer.

          Z’auriez pu en laisser qu’y nous dit. Il le dit pas fort. Z’aviez qu’à vous bouger hier soir, tas d’pouilleux ! qu’beugle Noah en r’tour. Noah est pas du matin. Et Haar s’tait. Mais ça réveille.

          L’ombre d’Oz chargé d’un pigeon mastoc et désossé nous dépasse dans la forêt derrière l’village, pis Hope arrive, fraîche comme une nuit blanche. Avise, constate, sourcil en l’air. Juge, assène la note. Ca va, on est passés. Pis la procession continue. Les plus jeunes arrivent, des bateaux là encore, dégueulent leurs tripes sous la force des effluves un poil morbides des bûchers lancés à la hâte. Pis Sonja, Geese, et deux-trois autres. Presqu’tout l’monde donc. Même Linus, même Lucia. Y a plus qu’Legault pour surveiller les navires. J’l’imagine en train d’pioncer plié dans son baril en haut d’son mât, ça m’détend l’humeur massacrante. J’jette un r’gard alentour en bon pasteur. Fatigue qui pointe.

          C’srait l’heure d’la sieste pour les braves qu’on est à avoir veillé comme on a fait, mais on est des guerriers alors jremets à plus tard. Faut qu’on bouge, faut qu’on finisse tout l’boulot. Et après on pionce. Après on pionce jusqu’à la prochaine, sur les flots jusqu’au bout du monde. Juste, donc, on attend qu’Oz se ramène. Oz, la fidèle mule du groupe. Y r’vient une cuisse de piaf entre les gencives.

          Okay le peuple ! Jvous avais promis des trucs. D’la baston et du biff…

          J’jette un œil à ceux qu’ont pas eu la baston, mais aucun n’moufte. Tant mieux. Sont disciplinés mine de rien. Et maint’nant, heure du susucre. D’la récomp. Pour avoir bossé ou pour s’être tenus à l’écart. Pour avoir tué ou pour avoir fait les basses besognes pas intéressantes genre manœuvre les navires.

          C’est l’heure du biff.

          C’est l’explosion. D’lumière, tout c’qui devait vraiment péter a déjà pété plus tôt sous les bonnes attentions du Bishop. D’l’étincelle dans toutes les prunelles. Pas d’la grosse hein. Question d’fatigue encore. Mais d’la bonne. D’l’intense. D’la qu’éclaire le ch’min jusqu’aux mines. Pour nourrir un peu les troupes, jsors ma plus grosse trouvaille d’la nuit. Chopée sous un matelas, gardée dans une poche jusqu’ici : une chtiote pétite. Entre un tiers et une moitié d’once à tout péter. D’quoi bien briller, d’quoi tirer quarante à cinquante mille berries. D’quoi faire baver les gars.

          D’quoi leur faire retrousser leurs manches pour en baver encore plus qu’avant. C’est qu’on a rien trouvé d’autre en or dans l’bled, malgré les efforts du brave Doc’ qu’a pourtant r’tourné l’tout bien efficacement. Et donc y a pas. C’dans les mines qu’faut aller. Dans les boyaux où qu’y fait noir, confiné et oppressant. Dans les mines où qui sait sur quelles bestioles on peut tomber. Et arracher la roche, qu’y faut. La roche des bons filons. Et la trimballer à dos d’homme ou d’mule sur les bateaux. Et la r’vendre en f’sant bien juter les ach’teurs, mais ça c’sra pas un problème.

          Jveux voir tout l’monde à l’œuvre dans cinq, quatre, trois !

          Le la, j’le donne en grimpant vers l’premier trou noir qui bée dans la falaise. Et en avant. C’soir on est morts, mais c’soir on fait la fiesta des morts qu’se sont tués à s’rendre riches. Et qu’ont réussi.

          Et après on s’tire. Et après on vogue. Et après on aventure dans des coins plus peuplés. Ouh yeah.


          Apocalypse Now [FB 1623] 661875SignTahar


          Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 01 Fév 2013, 17:56, édité 1 fois
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          C’est l’heure du biff.


          Qu'il dit. Et qu'j'entends, assis là, à fumer une tige. Les volutes s'dissipent, et j'esquisse un sourire. Le paiement. Héhé. J'étais au jus, du pourquoi du massacre. Bien qu'en fin d'compte, l'un pouvait s'faire sans l'autre, mais soit. N'empêche, ça fait plaisir. S'dire qu'enfin, notre travail va mériter salaire. Qu'enfin, ça paie. C't'un peu ma toute première fois. De c't'envergure. Bye, les rapines à deux sous. Bye, les butins en toc. Dépensés en quat'seconde cinq au coin d'un bar. Maint'nant, c't'une autre classe. Pour crever c'qu'on va gagner ici, va m'falloir au moins... arf. Probablement deux jours, accoudé au coin d'un bar. A boire du Sky High Level, dans un verre propre. L'tout avec une minette qui tourne autours d'moi en chantant:

          Facile pour Jack! Facile pour Jack!


          Ouaip. Ça va êt'bien. La troupe a la patate, elle exhulte. Et Tahar, pour donner l'premier cadeau, sort d'sa boite à malice une pépite d'or. Pas grande, mais suffisante. D'quoi r'lancer les ardeurs. Et chauffer les cœurs. Et pour l'implicite, c't'aussi bien jouer. Sans l'dire, ça dit:

          Au turbin les gars. Y a encore du taf.

          Alors direction les mines. J'ai de toutes façons pas envie d'm'attarder dans c'trou. Ça commence à sentir. J'avance vers les portes de bois. Celles-là même qui bloquent l'entrée du trou. J'hésite un peu. Mais en fin d'compte j'fais mon choix. Ce s'ra mon nouveau jouet, qu'va déblayer l'bazar. Je charge. J'épaule. Je tire. Et WOOOOUFF ! Plus d'portes. Juste du petit bois. Héhé. Joli jouet.

          M'enfonçant dans les boyaux, suivis, accompagnés par des Saigneurs assoiffés d'clinquant, j'envisage. Fait sombre comme dans l'trou d'bal d'Oz ici. Normal t'vas m'dire... Ouais, normal j'vais t'répondre. Avant de t'foutre une beigne, parce qu'c'est moi qui raconte. Sombre donc. 'Reusement, y a des torches aux murs. On les allume. On avance. Pas d'trace d'or. Juste des p'tits rails, rouillés, qu'je longe comme un fil d'Ariane*. Et même si des couloirs apparaissent ça et là, adjacents, j'me dis qu'les rails servent aux chariots. Qu'les chariots servent à déplacer l'or. Et qu'donc l'or vient d'au bout des rails. Pas con le Jack. Vas-y, embrasse mon portrait. Petit.

          On s'enfonce, on s'enfonce, et j'check. Derrière, les troupes.

          On y est bientôt. J'vous l'dis mauvaise troupe!

          Mais, Nondidju! L'en manque plein! ... Chié. ... Barf, m'en fous. Moi, j'avance.


          * Ariane, c't'est un pouf de West blue. Elle était vachement belle, mais aussi vachement con. Et aveugle de surcroit. Avec ses deux neurones monosyllabiques, elle avait tendance à suivre l'premier crétin v'nu, à croire qu'elle était malheureuse. Alors son "propriétaire" l'avait attaché à une sorte de fil... Une laisse en somme. 'Stoire de pas la perdre. L'fil d'Ariane quoi.
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          • https://www.onepiece-requiem.net/t2380-jack-sans-honneur
          La Maya l'avait prédit, l'apocalypse. C'a pas raté. J's'rais pas t'dire combien y'a eu d'pertes exactement mais j'pense à approximativement soixante à septante-cinq pour cents d'la population. Ajoute à ça le gros pigeon et les lapinous et y'a presque plus d'signe de vie sur c't'île. Mais j'me leurre pas, d'ici un ou deux mois, de nouveaux gens auront envahi l'endroit. Car même si on compte prendre un maximum d'or dans cette mine, il en restera assez pour l'exploiter pendant encore des décennies. A moins qu'un truc se passe. Mais on en est pas encore là.

          Après le massacre, on a fait un p'tit break. Fallait attendre le reste des Saigneurs. Mais l'Bishop est pas resté à rien faire. J'ai pris un peu l'temps d'fouiller les baraques qui tenaient encore un peu d'bout. Entre l'explosion qu'en a soufflé quelques unes, le feu qu'en a consumé d'autres, Jack qu'a fait mumuse avec son nouveau joujou et l'reste des Saigneurs qu'a mis la main à la patte, il en reste plus beaucoup des baraques en état. Et quand j'veux dire en état, j'veux bien sur parler d'une piaule où les quatre murs sont presque pas tombés et qu'est, qu'à moitié, ravagée. Ouep, j'me suis dit qu'y'aurait surement des choses de valeur dans le coin. Il s'est avéré qu'j'avais pas totalement tort, mais j'avais pas entièrement raison non plus. J'ai eu beau r'tourner les baraques dans tous les sens, j'en ai trouvé qu'deux. De pépite. Deux et seulement deux. Et du genre qui font que vingt-cinq, trente grammes chacune. Donc quand j'ai r'vu le Capitaine après, j'lui est dit qu'j'avais rien trouvé. Il s'avérera plus tard qu'en fait, c'était pas d'la gnognote c'que j'avais récupéré. Mais plus tard seulement.

          Et après ça s'enchaine, Micha qui r'vient avec Oz. Tiens, ça f'sait longtemps. Y'a aussi l'troisième borgne de l'équipage ainsi qu'l'ami Geese et ma Lucia. Plus les autres. L'Capitaine avait dit qu'il fallait un maximum de bras pour transporter la caillasse. Tout l'monde a répondu présent. Parce que y'avait pas l'choix. J'traine aux cotés d'Noah. En attendant qu'le chef dise qu'il est temps d'se bouger les miches. Et justement, il prend la parole. Exact Cap, sauf que baston, c'pas vraiment comme ça que j'définirais. Massacre j'aime mieux. Puis maintenant c't'au tour de l'argent. L'envie gagne certains d'entre nous. Moi, pas vraiment. Pas qu'j'en ai rien à foutre, mais y'a mieux à faire que d'courir dans les mines et chopper d'l'or à coup d'pioche. Raser un village c'est plus mieux par exemple. Mais y'en a plus dans le coin. Dommage. Et pour bien nous motiver, l'Capitaine sort une pépite de sa poche. A peu près deux fois plus p'tite que la mienne. Mouais, j'ai fait mieux et c'pas pour ça qu'j'en fait des caisses. Mais l'équipage est emballé. Les paillettes dans les yeux d'certains. Finalement, p'tet que t'as un bon pactole dans ta poche Bishop. Mais on verra ça plus tard car faut s'mettre en route.

          On suit Jacky qu'a pris les devants. V'la ti pas qui r'joue avec son nouveau bébé. Et l'est content. Les torches s'allument, ou plutôt on allume les torches. Et on suit toujours Jack qui suit les rails. J'suis toujours avec Noah et Lucia nous a rejoint. On discute de c'qu'on a fait d'beau. Car j'ai pas vu l'Noah en action. Et y'a d'quoi raconter. Lucia d'son coté avait continué d'prendre soin des blessés. Elle dit qu'tout s'est bien passé. En même temps, elle a l'meilleur des professeurs. Et j'dis pas ça parce qu'il s'agit d'moi hein. Uhuh. On est un peu à la traine. La troupe est motivée alors la troupe avance vite et elle commence à nous distancer sévère. Mais c'pas pour autant qu'on met les gaz. Façon, y'a pas moyen qu'on les perde dans c'te mine. Puis j'repère deux pioches qui sont posées contre un mur. J'en prends une et donne l'autre à Noah. Y'a aussi un vieux sac de patate. Sans patate bien sur. Lucia l'attrape et on continue not' chemin. Pouah, on est vraiment loin des autres maintenant. On aperçois plus personne. Pas très grave que j'pense mais j'espère quand même qu'le Capitaine nous en voudra pas. C'est que quelques minutes après qu'on s'dit qu'on est dans la merde. L'chemin se divise en deux. Arf, j'le sens pas bien c'truc. On s'arrête on s'regarde.

          "Et maintenant ? Droite ou gauche ?"

          Lucia dit gauche. Noah, droite. Me d'mandez pas mon avis, jamais été bon à c'jeu là. Mais forcément, on m'pose aussi la question. J'rejoins l'avis d'Noah. Doit avoir le sens de l'orientation lui. Et évidemment, comme tu peux t'en douter, on prend le mauvais chemin. Car quelques minutes plus tard, on voit une lueur au loin. Mais une lueur blanche, pas vraiment celle qui serait émise d'un feu mais celle qui ressemble plutôt à la lumière du jour. L'est trop tard pour faire demi-tour. Et puis, on a pas vraiment l'courage de s'retaper tout l'chemin. Donc on marche droit devant et effectivement, on r'ssort de la mine. Pour atterrir dans une nouvelle clairière. Et merde, là on risque vraiment d'se faire taper sur les doigts. Car on a rien trouvé. Bah, y'a bien ma cinquantaine de gramme mais c'est tout. Mais quand même, pour pas faire genre qu'on a rien branler du tout, Noah et moi on met des coups d'pioche dans les murs d'l'entrée d'la mine. On ramasse ensuite les cailloux et on les met dans l'sac. On l'remplit à ras et Noah s'charge de l'porter. Ca s'ra pas une grande surprise pour nous trois quand on découvrira qu'y'a pas grand chose là-dedans. Mais c'juste pour faire genre. Et comme on a bien travailler - Uhuh - il est temps d'rejoindre le bateau.

          Après une p'tite balade, on y arrive enfin. On grimpe, Noah dépose notre magnifique trouvaille sur le pont et j'y lâche les deux pépites du village. Quel fourbe ce Bishop. Personne est cor revenu. C'bien les gars, prenez un max d'or car d'notre coté, ce fut pas brillant. Et pour terminer, on s'choppe une bouteille et on s'détend. On s'échauffe et on s'repose en quelque sorte car ce soir, y'aura l'feu sur l'Ecume. L'épisode Archipel Vert est fini. C'tait bien , on s'est bien marré sauf que c'était trop court. Mais j'doute pas que c'qui nous attend s'ra vachement mieux. A nous Grand Line, à nous le Monde ...
            Catatonie... C'était un beau mot pourtant, et personne pour venir en tirer le bosco dans cet équipage de dégénérés. Ils auraient certainement réussi à l'oublier là, en haut de sa pile de corps froids si le soleil ne s'en était pas mêlé. Une simple ouverture, à peine définissable comme une fenêtre, qui suffit à laisser passer un rayon de lumière qui va piquer les yeux du borgne. C'est qu'il a toujours sa pupille flétrie à l'air le bonhomme, mais pas pour longtemps vu qu'il supporte mal le jour à cet endroit. Appelez ça un syndrome du pseudo vampire limité à une portion du corps si vous voulez, mais n'espérez pas le voir brilloter le Walters, il sait comment bronzer tout même.
            Sa première réaction face aux rayons solaires est de se plaquer une main sur l’œil, la seconde est d’arracher un bout de vêtement au gamin sur lequel il est assit pour se l'attacher autours du front. C'est pas grand chose mais ça fera l'affaire pour un moment, en tout cas jusqu'à ce qu'il puisse aller piquer un bandeau potable dans la réserve de Haar. C'est quand même dommage que ce doc ne se soit pas pointé, il aurait pu trouver une belle excuse pour pas aller taffer avec les autres. D'ailleurs, ils se font entendre les autres. Y'a comme qui dirait du grabuge qui vient du dehors. Le genre de grabuge que fait une grosse bande de pirates excités par l'appât de l'or.
            Le bosco réussi à sortir juste à temps pour voir les membres de l'équipage se ruer vers la mine. Y'en a pas un pour le remarquer... Ah si, y'a Joshua qui le voit, s'arrête et qui lui fait signe de le suivre. C'est pas qu'il est ultra avide d'autorité le Walters, mais c'est qu'il a tout de même réussi à comprendre qu'il avait un rôle à tenir parmi cette bande de sauvages. Tenter de lui donner un ordre, à lui, au type qui passe ses journées à gueuler sur ceux qui tentent de les passer à tirer au flanc. Ce serait quand même flan de laisser passer la faute, vous trouvez pas ? Il se passe pas quinze centièmes avant que le borgne se souvienne d'un ordre du capichef après le premier massacre de la bande à Las Camp, et c'est bon, y'a comme un esprit de récidiviste qui apparait.

            "JOSHUA ! QU'ESS'T'TU T'CROIS QU'T'ES EN TRAIN D'ME DIRE ?! TU T'GROUILLES DE VIENDRE ICI AU PAS D'CHARGE MAINT'NANT !"

            Et paf, le mousse percute qu'il vient de faire un gros faux pas. Pas d'chance mec, t'as mal géré et tu vas pas pouvoir aller t'amuser avec le reste du peuple. T'es forcé de faire un garde à vous de marine devant ton bosco et de bredouiller quelques excuses inutiles. T'aurais bien pu tenter d'échapper à la sentence, mais ç'aurait été inutile, le type est assez barge pour t'arracher les ongles et de te les faire bouffer si tu l'écoutes pas.

            "Arrêtes ton fromage mon gars, t'as du boulot de première classe à accomplir, t'as vu tous les machabés du coin ? Ben tu vas t'charger d'les saigner et d'trouver d'quoi cont'nir leur liquide. Allez, grouilles !"

            Putain, et tout ça pour tomber sur le job qui pue sévère. Vraiment là, le Josh' c'est le gars qu'aura loupé sa journée. Il se barre en courant, car mieux vaut finir le plus tôt possible avant que ses patients soient rôtis par le soleil et qu'ils se mettent à flairer l'malsain. Il se trouve donc rapidos un tonneau qui semble entier, peine à arracher son couvercle qu'est un peu défoncé, retiens sa gerbe quand il y trouve une gamine morte et se remet à sa tâche.

            Héhé, c'est cool la vie d'Saigneur.

            Walters, de son côté, se retourne vers sa grange. Lui aussi il a du boulot. Mais pour ça il lui faut sa pelle. Et comme ils sont gentils kikoo et tout dans l'équipage, y'en a un qui l'a bien gentiment rapportée et déposée au centre des ruines, où y'avait eu l'assemblée générale dirigée par le capitaine en chef. Il l'attrape, et retourne vers le mausolée improvisé. Et j'pense pas qu'il y ait besoin de vous faire un dessin ou bien ? Vous savez tous comment on se sert d'une pelle, eh bien le borgne le fait avec merveille et à vitesse mega grand V. Il se creuse un trou comme vous z'en avez jamais vu, un carré d'air de quinze pieds de côté et de deux mètres de profond qu'il crée. Il faut bien ça pour mettre tous les gamins des tarlouzes qui vivaient là. Et une fois que les corps sont jetés au fond de la fosse, il reste plus qu'à reboucher. Classique quoi.
            Il ressort, presque content du truc. Mais y'a tout de même un machin qui le chiffonne. Le boss avait rajouté sa touche perso la dernière fois. Un truc pour dire "Eh les gars, z'avez pas tout vu, y'a une surprise qui vous attend pas loin". Mais il a de la peine à se souvenir de quoi il s'agit jusqu'à ce qu'il voit le tonneau de fluide vermeille que Joshua termine de remplir. Et sa soeur n'est même pas venue lui donner un coup de main ? Comme c'est triste, pauvre gamin. Enfin bon, la journée avance et c'est bientôt le moment de faire un retour au navire. Juste le temps de signer le tout, il va y'avoir besoin d'un pinceau pour le job... Mouais...
            C'est quoi qu'il tient dans son bec là, le mini-pigéant de l'autre donzelle là... Qui s'nomme, euh... Bref, pas important cette gamine. Il tient quoi ? Un bras avec un bout de manche ? Parfait. On se fait un mini pugilat histoire de faire comprendre au piaf que le bout de chair est pas à lui. D'ailleurs il l'a trouvé où son membre humain ? Y'a pratiquement plus de cadavre aux alentours... Même si c'est pas Walters, y'a du y avoir quelqu'un pour s'en charger... Ah, ok, c'est le modèle réduit d'ultramier qui c'est tapé le boulot...
            C'est dommage pour son casse croute, mais c'est le moment de jouer au peintre en bâtiments. Ramener le tonneau de sang devant la grange, check. Y plonger le bento du piaf, check. Dessiner en aussi grand que permis une poulie, allez savoir pourquoi une poulie, mais check. Admirer l’œuvre avec un sourire satisfait puis Joshua avec toujours la même face malsaine, check. C'est bon, la journée est finie, on ramène le fluide corporel restant à l'Écume, le mec Tahar voudra surement faire un truc avec, et on fait pêter les bouchons.

            Et voilà, terminée la classe verte des Saigneurs.
              Bordel.
              Un beau bordel. Comme on les aime dans l’équipage. Mais j’vais pas repartir sur des descriptions en tout genre, plus sordides les unes que les autres, vis-à-vis de ce que j’ai pu voir. J’ai pas participé, c’est tout ce qu’on retient au machin. J’ai donc les mains plus ou moins propre. Et ça c’est « chouette ». Et on se calme on se félicite, on commente. La note vaut le résultat. Et le capitaine prend les devants en disant qu’il faut qu’on aille chercher ce qu’il nous a promis, un joli tas de cailloux brillant pour nous remplir les poches. Et il a, en main, de quoi nous mettre en appétit.
              Alors on y va, on se motive. Genre, on se dit que ça va bien bourrer les caisses si on a des pierres dans le même genre. Qu’on va être riche. Qu’on va pouvoir se payer tout ce qu’on veut. Chacun y va de son petit commentaire. Moi, je me dis que ça sera pratique pour remplir les estomacs sur pattes que j’ai à nourrir. J’y vois mon petit intérêt, vu que j’ai jamais été vraiment attiré par l’or en générale. C’est pratique, ça aide. Je sais. Et je sais aussi qu’il vaut mieux en avoir si on aime le confort. Et que si on s’en fout, bah… on s’en fout.

              On attrape ce qui traine, on se munit de ce qu’on a. Dans le doute c’est une pioche que je choppe derrière un des corps, et je la mets sur mon épaule. Et je suis le second du capitaine, Jack, qu’a l’air franchement motivé, qu’a envie d’en finir avec cette île.

              On avance, on y fonce. On avale la distance jusqu’à la mine, en suivant un chemin presque tracé, sur les talons des meneurs de l’équipage. C’est une voix presque royal, et en quelques minutes…

              On y est.
              Devant l’entrée. Alors, on rentre mais sans Oz parce qu’il est trop grand. Sans frapper. Ou presque. Et on se dit qu’on est presque arrivé. On est prêt à mettre les deux mains dans la merde pour sortir ce qu’il y a de plus précieux là-dedans. On avance encore en allumant les torches, parce qu’il fait de plus en plus sombre, on se sert un peu parce que y’en a des pas bien courageux qui se disent qu’il fait trop sombre, d’autres qui y vont sans se poser de question. Sur quoi on va tomber ? J’imagine. Des murs d’or. J’imagine seulement. Parce que pour l’instant, les parois ne sont qu’en pierre, et ça vaut pas un caillou.
              Vrai qu’on commence à se dire qu’on est fait entubé salement, et que y’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Mais on avance toujours jusqu’à se rendre compte que ça scintille par endroit et que finalement, on est pas venu pour rien. Ouais. Déplumer un pigeon géant, bruler une mini-ville, ça vaut bien un salaire. Un bon salaire.

              Et ça cri. Et ça ordonne. Et ça y va !

              Casse moi ça, va y sec, pas de quartier, et puis plus fort, mon gars, t’peux le faire. Gaffe, pas trop non plus, qu’on reste entier. Au boulot mon gros. Met ça dans ta poche, le reste dans le sac. Et enfourne moi ça, plus vite. Plus vite j’ai dit. Et paf. Toc. Gling. Youpi !
              Ça enchaine. On remplit tour à tour d’or et de pierre, un drôle de mélange que voilà, qui va être dur à séparer mais qui fait plaisir. Certain font des allés-retours jusqu’à la sortie pour libérer de l’espace, parce que ces sacs sont balèzes à force, qu’ils prennent de la place et qu’on en a besoin. On salue Walt qui peint à côté et Oz au passage, en lui disant de surtout pas bouger. Mais le géant s’impatiente. Il veut aider. Parce qu’il trouve ça joli. On le menace en lui disant que sinon, on va lui botter le cul. Mais faut croire que c’est vraiment pas crédible de balancer ça à un géant.
              Le cap’ s’y met aussi, ça le calme momentanément. Mais pas assez, faut croire.

              Parce qu’après le dixième sac sorti, on pense y retourner tous ensemble. Et là, Oz décide qu’il veut vraiment y aller. Et il lève ses grosses miches d’où il est en passant sa grande main dans le trou et gueulant un bon coup qu’Oz veut de l’or aussi pour le mettre dans sa poche. Et Arg ! Oz, casse-toi bordel, t’es trop gros pour passer là-dedans de toute façon ! Non, touche pas à ça, tu vas tout casser ! OZ, PUTAIN DE MERDE !…

              Et un bon bruit sourd comme on les entend souvent quand ça sent mauvais. Et ça sent vraiment mauvais. Parce qu’une énorme fissure commence à parcourir les parois jusqu’au fond de la mine, craquelant, éclatant tout autour d’elle, faisant chuter quelques morceaux du plafond qui à leur tour éclate les roches et le reste des murs qui finissent par ne plus soutenir grand-chose. Et le trou s’effondre, purement et simplement, emportant avec lui l’or qu’on était venu chercher.
              Et nous, on est là. Devant. Comme des cons. A moitié con, à moitié pas content. Le capitaine a le rictus qui en dit long sur la situation :

              « Et merde. »

              Boarf. Y’a pire. On aurait pu être à l’intérieur. On aurait pu y laisser notre vie pour un peu d’oseille. On l’a pas fait, c’est toujours ça de pris. Et puis, on a quelques sacs qui vont nous contenter un petit moment. Je tapote l’épaule du Tahar et tourne les talons avec un sac sur l’épaule. J’abandonne pioche et pelle. Quelques-uns me suivent.

              Et puis voilà.

              Et on arrive, au bateau, on retrouve le doc et le Noah qu’ont aussi des sacs. Mais la pêche n’a pas été bonne pour eux. Ils se font passer un savon. Et on contemple notre butin en levant les voiles. On trinque bien haut, bien fort et plusieurs fois. Qui est partant pour un steak de pigeon ? L’aile ou la cuisse ? T’inquiète mec, j’ai préparé le buffet. Et le navigateur commence à plus marcher très droit et à tenir la barre en gueulant fort « Uh cocote ! ». Et on sait pas trop ou on va, mais on y va.

              On s’en fout. Tu reprendras bien un peu de pigeon, mec ?
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