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Le début de la fin

Impel Down, c'est un peu comme de belles vacances, en plus violent, en moins sympathique. Ici les jeunots comme toi, soit ils se battent, soit ils se font bouffer. Tu as beau être au niveau le moins dangereux, il y a quand même un bon gros tas de guss tous aussi violents les uns que les autres.

Au départ tu as tenté de longer les murs, de te faire aussi discret que possible, mais ta stupidité et ton arrogance de jeunot t'ont bouffé. Tu n'as pas pû supporter les pauvres pirates qui se croyaient tous permis lorsque la surveillance baissait. Dès que le chat n'est pas là, les souris dansent. Tout le monde connaît cette expression qu'une grande tante a sortis le jour de sa première bétise d'enfant. Mais toi, t'as beau être encore jeune, tu as déjà fait tellement de conneries que cette expression tu lui as toujours montré ton doigt en promettant de l'enfoncer bien au fond.

En fin de compte, ce n'est qu'aujourd'hui que tu comprends la subtilité de la phrase. Le problème c'est qu'ici ce ne sont pas de simples matous qui posent soucis, ce sont de vrais brutes assoiffées de sang dont le métier n'a été que tuer, piller et voler durant toutes leurs vies, jusqu'à ce qu'ils se fassent prendre par un chien de garde nommé Marine.

Les bagarres ici, ou plutôt les saignées et les meurtres sans préméditations, c'est aussi courant que l'odeur de chiasse dans les chiottes de l’hôtel. Ça empeste. Il y a bien quelques gens à peu près normaux, mais ça reste dans la limite dictée par les normes d'entrée : des garçons qui ne pensent pas qu'à frapper, ou si c'est le cas, qui ont un but défini derrière. Certains même, n'ont jamais tué.

L'homme à qui tu parles maintenant tout en continuant à marcher sur les piques affûtés et t’exposer les guibolles déjà saignantes, c'est Franck Zeinstain. Un homme bien, comme il est presque impossible d'en trouver ici. Dans une autre vie, il était révolutionnaire. Tu ne sais pas trop pourquoi il s'est engagé, à vrai dire tu ne lui as jamais demandé et les fois où vous parlez de vos propres vies sont rares. Tu sais juste que c'était un scientifique, qu'il n'a jamais tenu d'autres armes qu'un petit calepin et un crayon. Il travaillait sur un projet d'envergure lorsqu'il s'est fait prendre par un régiment de marine. Depuis, un bon nombre d'autres révos, une bonne dizaine s'est mise à le protéger à l’intérieur de la prison et tu fais maintenant partie de ceux là. Tu ne sais trop comment cette histoire s'est goupillée. Peut être bien qu'ici, les hommes se regroupent selon leur passé pour mieux tenir, peut être bien que tu as été attiré par ce garçon sympathique, peut être que …

DRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIING

La fin de la journée, la fin du calvaire. Les monstres de gardes renvoient les hommes à leurs cellules où maintenant le seul adversaire sera le prisonnier d'à côté, la faim, la douleur de la journée passée, et la fatigue. Alors que tu vas entrer dans ta cellule et enfin pouvoir poser ton corps abîmé pour tenter de le reposer, un des gardes te saisis par le col.


_Numéro 0276136634. Tu n'passes pas la nuit dans cette cellule. T'es envoyé aut' part.

Sans comprendre ce qu'il se passe, sans que tu n'puisses même réagir, tu te fais ainsi pousser bien plus loin vers un couloir inconnu, accompagné d'autres gars eux aussi poussés par des gardes. Parmi les victimes de ce changement étrange, tu reconnais le pauvre Franck dont les lunettes cassées par l'un des vigiles pendent dangereusement, prêtes à tomber. Mais le scientifique ne s'en rend même plus compte, la langue pendante et la bave au lèvres avec le regard dans le vide, tu comprends qu'il ne tiendra plus longtemps dans cet enfer.


Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Mar 27 Mar 2012 - 14:58, édité 1 fois
    Spoiler:


    Pludbus lisait quelques papiers alors que sa discussion via Den-Den Muchi se terminait.

    … Non… Je dois absolument le voir... C'est important et par pitié, n'ébruitez rien, c'est déjà assez difficile de maintenir le secret sur cette affaire... Je ne voudrais pas qu'il y ait des fuites. Personne n'en a envie. … Le pourquoi de tout cela ? Le renouveau révolutionnaire, ça vous va comme explication ? … Maintenant, ça suffit, plus d'autres questions. J'ai déjà été assez clémente... De toute façon, je suis déjà en route... oui… oui… 'me semble que mon navire est déjà devant la porte. C'est entendu. Et je vous rappelle : discrétion et mutisme de rigueur ! Bien. Je vous remercie.

    Il raccrocha puis se leva et alla à son hublot. Il attendit une minute avant de s'apercevoir que les portes de la Justice d'Impel Down s'ouvraient réellement. C'est un poids de moins pour l'Amiral en chef. Il répéta une dernière fois dans sa tête les différentes étapes de son plan. Son timing parfait devait être respecté. La moindre erreur pouvait lui valoir sa tête. Au bas mot. Tandis que le navire reprenait sa route vers la plus grande prison du Monde, Pludbus retourna à son bureau et lut quelques-unes de ses notes, mais le cœur n'était plus à travailler. Son esprit ne cessait de se préoccuper des différentes actions qui étaient déjà engagées pour lui assurer la sécurité, aussi bien de sa vie que de son poste, contre le plus grand adversaire que le monde puisse connaître, le monde lui-même. Le Gouvernement Mondial pour les intimes.

    Une vingtaine de jours auparavant, il était encore à Marineford, d'où il dirigeait la marine aussi efficacement qu'il le pouvait. En toute discrétion, il s'était mis à interroger des révolutionnaires afin de trouver d'éventuels soutiens dans la mission de haute voltige qu'il souhaitait accomplir. La chasse n'avait pas été très bonne, avouons-le. Seuls trois révolutionnaires avaient retenu l'attention de Pludbus Céldéborde. Pas des révolutionnaires de hauts rangs, mais des sous-fifres qui pouvaient surement le mettre en contact avec des plus haut placés, ou, tout du moins, les contacter pour écouter ce qu'il avait à proposer. Évidemment, il n'avait pu les faire sortir de Marineford. Tout le monde le surveillait et ils étaient impossibles de passer inaperçus au milieu de cette fourmilière de soldats et de civiles. Ils avaient donc été envoyés à Impel Down, au premier étage plus exactement, avec la ferme intention pour le marine de les faire sortir de cet endroit qui était loin d'être connu pour son hospitalité.

    Évidemment, faire s'évader des révolutionnaires d'une prison n'est pas une chose aisée. S'évader d'Impel Down est encore plus difficile. Rares étaient les évasions. Très rare même. On parlait plus souvent de disparition en réalité. Comment savoir si un prisonnier s'est évadé alors qu'il existe de nombreux recoins où l'on pourrait découvrir des cadavres pourrissant là depuis des années ? Les moyens de tuer les prisonniers sont tellement nombreux dans cette prison qu'il est impossible de répertorier efficacement les décès. Seules les évasions en force pouvaient être connues de tous. Du coup, une opération discrète était préconisée. De plus, Pludbus ne pouvait détruire sa réputation. Pas maintenant. Et puis même, jamais ! À quoi pourrait lui servir de pouvoir faire pression sur le Gouvernement s'il est de notoriété public que l'on est responsable d'une évasion de la prison la plus sûre du monde ? Non, c'était à éviter.

    Même pour un Amiral en chef, on n’entre pas à Impel Down sans raison. Déjà que Pludbus était connu pour certaines demandes extravagantes, il lui fallait une raison en béton armé pour pouvoir venir à Impel Down. Il se l'était créé il y a quelques semaines. Il avait fait enfermer, au premier étage, justement, un lieutenant de la marine sous des motifs de trahison et de meurtres. En vérité, l'enquête qu'il avait téléguidée le designer comme un indic' de la révolution, connaissant lui même d'autres traitres au sein de la marine. Évidemment, rien de tout cela n’était vrai. Il était facile pour un Amiral en chef de fabriquer quelques témoignages afin de faire tomber un pauvre lieutenant de la marine qui, de toute façon, n'était pas connu pour son efficacité et son sens de la justice. Le bouc-émissaire parfait en fait. Ainsi, la raison de sa visite, officiellement, était de rencontrer cet homme afin de lui tirer les vers du nez. Pludbus avait fait en sort de mettre peu de personnes dans la confidence. L'interrogatoire devait vraiment avoir l'air d'être capital pour la sécurité mondiale. Moins les gens étaient au courant, moins on pouvait influencer le destin de l'homme. C'était la ligne directrice. Le coup de Den-Den Muchi au directeur d'Impel Down à l'instant avait été fait pour le mettre à son tour dans la confidence. L'Amiral en chef était persuadé de l'avoir convaincu. Avec son aide involontaire, peu de gens allaient le déranger pendant qu'il opèrerait au premier étage. Aucune possibilité de le contredire. Déjà, on ne remet pas en cause sa parole, vu son grade. Et deuxièmement, Pludbus avait suffisamment insisté sur la discrétion pour qu'aucune information ne remonte jusqu'en haut. Trop de risques que des informations soient interceptées, disait-il. Il n'aurait jamais cru que le renouveau révolutionnaire qu'il n'avait pas suffisamment combattu ; il le regrettait ; lui serait aussi utile. Cela donnait un peu plus de véracité aux théories du complot et de l'infiltration.

    Bref, de ce côté, c'était bétonné.

    Autre point important. Entrer dans Impel Down seul pour en sortir à deux, voir a plus nombreux, c'était plutôt suspect. Heureusement, le Gouvernement Mondial lui avait fourni la solution à ce problème. On lui avait collé une Enseigne chargée de l'aider dans ses déplacements. Un commandant selon son dossier. Pludbus le soupçonnait plus d'être un agent d'un quelconque Ciphel Pol. Les services Internes encore. Un collègue à ce petit merdeux de Jezal. Il avait le physique du type banal dans son uniforme d'officier et il ne cessait de le suivre. Pour son voyage à Impel Down, il ne dérogeait pas à la règle. Il s'occupait à l'heure actuelle de diriger le navire. Il avait bien cherché la raison de cette visite, mais Pludbus avait aussi discret qu'une tombe. Mieux, il avait prétexté le mystère d'une affaire secrète. Malgré sa nature soupçonneuse, l'agent ne semblait pas encore sur le point de le dénoncer. De toute façon, la possibilité qu'il découvre le pot au feu n'était plus un danger. Sa route s'arrêterait à Impel Down, vivant ou mort ; Pludbus allait travailler pour la deuxième option. Du coup, il aurait l'opportunité de faire sortir un révolutionnaire. Pour les deux autres, il se débrouillerait. Il avait une idée derrière la tête au cas où. Il est reconnu que les évasions sont rares, mais les tentatives ne sont pas si rares ; il faut bien que les gardiens s'occupent de temps en temps. Enfin, il se débrouillerait. Il n'avait tout de même pas tout préparer.

    Dernière action pour préparer son plan ; sa démission qui allait lui ouvrir Marinejoa. Avant de partir, il avait annoncé qu'il souhaitait s'entretenir avec le conseil de cinq et que cela était très important. Un rendez-vous était fixé. Dans deux semaines exactement. Le timing était plutôt court, mais il ne pouvait rien y faire. Il n'allait tout de même pas imposer le calendrier aux cinq vieillards ! Pour se donner un peu de temps et un peu de légitimité, il avait lancé la rumeur comme quoi son départ était pour bientôt. Aux yeux de tous, il faisait mine de ne pas la connaître, mais beaucoup avait prêté oreille à l'information. Depuis, les gens étaient un peu plus « gentils » avec lui. Le prestige de l'homme sur le départ. On pouvait lui pardonner quelques étrangetés. Par exemple, sa visite à Impel Down était expliquée par certains comme une volonté de parader une dernière fois contre tous ceux qui ont formé ses adversaires. L'imagination est débordante dans ce genre de situation. Si seulement il savait qu'une opération de haute trahison se préparait...


    On vint taper à sa porte. C'était son commandant de baby-sitter qui venait le chercher.


    Nous sommes arrivés.

    Pludbus le regarda un instant dans les yeux, toujours assis. Il aurait voulu lui dire « tu vas mourir ici ». Il échoua. Ou alors, il ne comprit pas le message. Tant pis pour lui. Dans quelques heures, il devait être de retour dans cette même pièce. Un dangereux acte allait se jouer dans la tragédie qui allait faire de lui un marine à vie ou bien un mort prématuré.


    Bien. Allons-y !


    Dernière édition par Pludbus Céldèborde le Dim 1 Avr 2012 - 16:50, édité 1 fois
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    Les mains serrées et la bouche pâteuse, tu te caches dans un coin d'une cellule inconnue, comme pour te protéger d'un quelconque danger. Les genoux repliés et entourés de tes bras, tu attends. Tu attends que la fatigue prenne le pas et que quelques instants plus tard, l'horreur de ta situation vienne empêcher le sommeil de s'installer, te réveillant à coup d'horribles cauchemars.

    Malgré tout, malgré la violence de la vie, tu tiens bon. Tu tiens car tu attends l'homme qui a dit venir te sauver. Alors même qu'il y a quelques semaines, ou peut être quelques mois, tu lui faisais aussi confiance qu'à tes parents... Tu l'attends maintenant comme le messie, comme ton sauveur. Plus rien, non plus rien d'autre ne peut te sortir de là.

    Il ne te reste que ce mince filet pour tenir jour après jour et supporter la torture de ton hôtel forcé.

    Alors que tes pupilles se ferment et que tu commences à t’enfoncer dans un rêve éphémère, tous tes muscles et tes sens se font réveiller en sursaut par un bruit mat d'un bâton frappé contre un barreau. Tes yeux s'ouvrent en grand d'effroi tandis que tes mains recommencent à trembler. Une foutue habitude qu'elles ont prise ces petites mains, de trembler sans arrêt et sans raison, jusqu'à ce que tu ne puisse même plus tenir un verre d'eau sans en renverser.

    Entre deux barres de ferre, tu vois apparaître la face blafarde de ton tortionnaire. Le bon vieux Sade, cela faisait longtemps que tu ne l'avais pas vu. Au moins deux heures... Peut être trois... Dès que ses yeux croisent les tiens, son regard se ferme et tes doigts se mettent à frémir encore plus de peur, de râge. Tu serai en état, tu ne serais pas déjà mort de fatigue et de faim... Alors même que la cage de fer dans laquelle tu es enfermé s'ouvre, une envie de meurtre se profuse dans tout ton corps.

    _Mais dis moi le merdeux, c'est quoi ce regard de chien rageur ? Tu sais c'qu'on leur fait aux chiens baveux ? Ceux qui ont la rage, on leur coupe la tête ! Mais avant on s'amuse avec eux, jusqu'à ce que toute la bave soit sortis et qu'ils t'aient léchés les pieds pour te supplier de les sauver. Parce que toi le révo, tu n'es qu'une merde, une sale merde tellement pourrie qu'elle n'est bonne qu'à finir au fond d'un trou de merde encore plus gros que sa chienne de vie. Tu entends ça le merdeux ?
    Tu comprends ça toi ? T'es p't'être pas encore assez merdeux alors, si tu réussis à comprendre ce que je dis.


    Toi, tu ne cherches même plus à répondre à ses coups, tu ne cherches même plus à te protéger, car tu sais qu'autrement il appellera des gardes pour te prendre les bras. C'est devenu une habitude, une sorte de rituelle sordide auquel personne n'oserait imaginer. Cette prison, par rapport à ce que tu as vécu quelques années avant sur une île d'East Blue, c'est pire, bien pire. Tellement qu'il t'arrive même parfois de regretter le bon vieux temps où tu te faisais chatouiller les pieds dans une salle de torture d'Orange.

    Cet enfoiré de Sade, il sait s'y prendre, il sait comment faire mal sans que tu ne t'évanouisses, il sait reveiller chacun de tes nerfs pour te faire hurler à la mort. Mais toi tu continues à le mirrer de ton regard haïneux, la sueur tombante mais la bouche close. Tu tiens tout ce que tu peux, jusqu'à ce que chaque partie de ton corps se mette à crier et que l'enfoiré ne s'en aille, satisfait. Il lance un petite phrase, comme s'il ne t'avait pas assez fait mal, mais tu ne l'entends qu'à peine.


    _P'tit merdeux de révo. Tu crois jouer au p'tit malin en tenant ta langue, mais tu ne tiens pas comme toutes les autres merdes de ta famille de merdeux de révo. Tu resteras une merde, entourée de merdes. Et moi je suis là pour vous nettoyer ! Héhéhé.

    Tu crois bien qu'il en a fini pour le moment et tu entends maintenant ses pas se dissiper vers la sortie de ta prison. Soudain ils s’arrêtent. Rouvrant les yeux que tu avais fermé sans t'en rendre compte, tu aperçois l'enfoiré mirer vers la droite du couloir à un endroit que tu ne peux apercevoir de ta place.

    _M... Monsieur l'AMIRAL ! Que faîtes vous là ? Quel honneur !

    Tu entends le son de sa voix se défaire d'émotion à chaque mot prononcé sans que tu ne comprennes pourquoi. Et puis tu entends ce que tu as si longtemps attendu. Et ton cœur se mets à battre comme au premier jour de ta naissance. Peut être vas tu enfin pouvoir sortir...
      Pludbus descendit du navire d'un pas rapide. Derrière lui, son aide de camp parvenait avec peine à le suivre malgré son avantage en âge par rapport à l'Amiral. Ce dernier était animé par une force qui ne pouvait être arrêtée. Beaucoup de choses dépendaient de ses actions. Il avait bien besoin de toute cette énergie. Il posa le pied sur le ponton. Derrière lui, le navire était immobile. Calm Belt. Cette mer réputée pour son calme était la première défense d'Impel Down et surement bien la plus puissante. L'immobilité de la mer ne traduisait en rien les mouvements sous-marins. D'énormes monstres s'agitaient tout autour de la prison, s'assurant que jamais personne n'en sort sans l'autorisation du Directeur. Rares avaient été les évasions. Aujourd'hui, une nouvelle allait avoir lieu et personne ne le saurait jamais.

      L'Enseigne Kiri Intor toussota. Pludbus s'était arrêté en plein milieu, perdu dans ses pensées. Cela lui suffit à retrouver ses esprits et reprendre sa marche après avoir fait un geste de remerciement à Intor. Si seulement il savait. Les portes s'ouvrirent avec fracas et une vingtaine de gardes de la prison en sortirent, formant une haie d'honneur pour les deux hommes. Ils traversèrent les deux rangées d'hommes sans les regarder et passèrent les portes. Une fois à l'intérieur, ils firent face à un homme moustachu, plutôt grand et portant un calepin. Pludbus déclina son identité et celle de son Enseigne. Ce n'était qu'une formalité, mais le directeur aimait que les règles soient appliquées. Le sous-fifre cocha quelques cases sur sa première page, puis autorisa le passage aux deux marines. Derrière, les portes de la prison se refermèrent après avoir laissé tous les hommes revenir à l'intérieur.
      Il était dorénavant enfermé.

      L'homme de l'accueil les guida vers l'entrée des « visiteurs ». Ils passèrent à côté de la célèbre zone de stérilisation où chaque prisonnier est soumis à une agréable baignade dans l'eau bouillante. Pludbus grimaça à sa vue, mais ne dit rien. Intor laissa échapper un rire sadique. Ils entrèrent ensuite dans une pièce plutôt grande avec de nombreuses portes. Plusieurs geôliers attendaient là. Leur guide les présenta.


      C'est la règle. Tous invités doivent être fouillés. Personne ne peut s'y dérober, pas même vous, Amiral en chef.

      Pludbus ouvrit les mains et sourit.


      Et bien, si c'est la règle, pourquoi ne pas l'appliquer ?

      Le geôlier en chef sourit, mais les autres ne dirent rien. Pludbus s'avança vers le premier geôlier qui s'avéra être une jeune femme. Celle-ci invita l'Amiral en chef à passer une des innombrables portes qui permettait d'accéder à une petite pièce afin que l'inspection se déroule dans une relative intimité. Pludbus eut le temps de voir Kiri Intor partir avec un homme à la mine patibulaire avant que la porte ne se referme. Il se retourna vers la femme et la contempla de toute sa hauteur et de son grade. Elle faisait bien frêle à ses côtés. Elle-même était consciente de la différence de prestige entre eux deux.


      Et bien… déshabillez-vous.

      Pludbus jeta un oeil dans les recoins et remarqua plusieurs escargocarméras. Il commença à se déshabiller rapidement. Il n'y avait pas de doute dans ses gestes, comme si se mettre à nu devant une femme ne le dérangeait pas. Il ne remarqua même pas la gêne visible de la jeune femme ; on n'avait pas tous les jours un Amiral en chef aussi charmant qui se met à nu devant vous ! Pludbus allait enlever l'ultime sous-vêtement quand la geôlière, trop gênée, s'écria subitement.


      C'est bon ! Ça ira ! Pas plus !

      Elle était devenue très rouge. Elle fouilla à peine les vêtements de l'Amiral en chef, mais elle avait vu qu'il n'y avait rien de bien suspect. Ne fixant pas directement l'enveloppe charnelle du séduisant Pludbus, elle lui permit de se rhabiller. Pludbus n'avait pas tout capté. Il avait la tête ailleurs. Il se rhabilla aussi vite qu'il s'était déshabillé. Lorsqu'il fut prêt, il emboita le pas à la geôlière qui sortit par l'autre porte. Là, il retrouva le geôlier en chef et ils attendirent que Kiri Intor en finisse avec son inspection, ce qui eut lieu cinq bonnes minutes après la fin de celle de Pludbus. Il en sortit rouge et la mine fâcheuse. Tandis que leur guide se remettait en marche, le marine murmura quelques mots à Pludbus.

      Ça vous a plu ? Plutôt mignonne la petite...

      Hein ? Heu… oui bien. Et vous ? Bien passé ?
      Une horreur. Ce mec… Rah...
      Je vois.

      Il ne voyait pas du tout et il s'en contrefichait royalement. Ils arrivaient à une salle de taille moyenne. Il y avait là l'entrée d'un ascenseur et l'accès à un escalier. Sans demander son avis à Pludbus, il commença à descendre l'escalier et les deux marines ne purent que le suivre. La descente parut interminable tellement elle était monotone. La régularité avec laquelle les torches avaient été placées était saisissante. C'était à se demander si l'essentiel du travail à cet endroit avait été de les placer à intervalles réguliers aux millimètres près. Toutes ces observations étaient bien inutiles, mais Pludbus n'avait que ça à faire ; les deux hommes étaient bien silencieux. Ils finirent par arriver au premier sous sol. Devant eux s'ouvrait un long couloir permettant l'accès à de nombreuses cellules. Une demi-douzaine de Blugoris passèrent devant l'entrer et s'engouffrèrent dans un couloir parallèle. Tout semblait calme. Pludbus s'avança et dépassa leur guide.

      Où se trouve le lieutenant Roseberry ? C'est lui que je veux voir et cela se fera sans vous, sécurité d'état oblige. J'ai averti le directeur.

      C'est que, ce n'est pas conforme aux règles...

      Enfin ! Que voulez-vous qu'il se passe ?! Je suis l'Amiral en chef, que diable ! Je ne vais me mettre à massacrer les prisonniers si c'est ça que vous craignez ! Ou pire, je ne vais pas les libérer ! On a bien du mal à les emprisonner ! Il s'agit d'un très gros problème et je ne voudrais pas qu'une fuite d'informations ait lieu, même si vous paraissez plutôt digne de confiance.

      Mais… euh… enfin… d'accord. Je serais dans le QG de l'étage si vous me cherchez.


      L'homme hésita un instant puis tendit le bras vers le fond du couloir principal, désignant la cellule du lieutenant Roseberry. Enfin, il partit dans la même direction que les Blugoris précédemment, laissant seul Pludbus avec son aide de camp. Celui-ci tenta de questionner Pludbus.

      Mais enfin, Amiral, si vous m'expliquiez…?
      Plus tard.

      Le ton de l'Amiral en chef était sans appel. Il se mit en marche dans la direction indiquée, suivi de près par Kiri Intor qui était prêt à redemander à la moindre occasion. Ils passèrent devant nombre de cellules. Certaines étaient vides, d'autres regorgeaient de détenus à la mine sévère. La vie carcérale n'était pas très bonne. On l'insulta plusieurs fois, mais, dès que le bruit devenait trop fort, un ou deux Blugoris arrivaient rapidement calmer les esprits et tranchaient dans le vif. Au détour d'un couloir, ils rencontrèrent un homme. Un gardien vu ses habits qui s'exclama très fort en voyant l'Amiral en chef. Il s'agissait du gardien Sade comme l'indiquait son écusson.

      Spoiler:


      Ça tombait bien pour Pludbus. Il vint lui donner une tape amicale dans le dos.

      Depuis quand un gardien demande ce que fait là un Amiral en chef ? Ah ah ! Bon réflexe. Ne pas se fier à l'uniforme, gardien Sade. Dites moi. Vous paraissez tout connaître de cet étage, non ? Ça vous direz de nous guider à la cellule du lieutenant Roseberry, je crois qu'on ne va pas trouver tout seul.


      Ah ? Hé… hé hé, bien sûr ! Ce n'est pas très loin, je vais vous montrer.

      Ils se mirent en route, Sade prenant la tête du trio. Kiri Intor semblait méfiant. Le changement d'attitude de Pludbus était des plus suspects. Il était sur le qui-vive. Pludbus l'avait remarqué et s'apprêtait à agir en conséquence. Alors qu'ils passaient devant une cellule, le marine reconnut le jeune Sergueï malgré l'état dans lequel il se trouvait. Il s'arrêta brusquement ; Kiri le percuta sans toutefois le faire bouger. Sade se retourna.

      Un problème, monsieur l'amiral ?

      Je reconnais c'type. Là. J'ai fait quelques interrogatoires à Marineford pour me « reposer ». Je me suis occupé de lui. Bon client ?


      Sade s'approcha des barreaux et découvrit qu'il était question de Sergueï. Son sourire s'élargit et ses yeux se mirent à briller d'une lueur malicieuse. Kiri s'approcha à son tour afin de mieux voir celui qui attirait l'attention du si mystérieux Pludbus. Deux choses vinrent alors à l'esprit de Pludbus. La première fut que les deux hommes étaient contre la grille et ne le surveillaient pas. La deuxième était qu'un trousseau de clés était accroché à la ceinture de Sade.

      Ah ah ! Oui ! Je le connais ! C'est ce petit merdeux de révolutionnaire ! Ah… 'Scusez pour le mot, je veux pas être vulgaire, mais ce genre de racaille ne mérite pas moins. J'ai pas raison ?

      Si ça ne tenait qu'à moi, je les ferais exécutés.


      Mmmh. C'est sûr.

      Pludbus chipa le trousseau de clés et les cacha rapidement dans sa poche. Il tapota l'épaule de Sade et lui intima de reprendre la route. Celui-ci donna un coup de bâton contre la grille en direction de Sergueï avant de se détourner de la grille. Kiri Intor le suivit. Avant de partir à son tour, Pludbus jeta les clés au travers de la grille. Il adressa un clin d'oeil à Sergueï avant de rattraper les deux hommes qui n'avaient rien vu. Il y avait juste Kiri qui s'était retourné en entendant le bruit des clés tombait, mais devant le calme olympien de Pludbus, il ne soupçonna rien. Le trio reprit un rythme rapide. Pludbus revint aux côtés de Sade et l'interrogea sur le ton de la conversation.

      Vous connaissez tout le monde, ici, pas vrai ? J'ai envoyé d'autres types ici. En particulier, un certain Dimitriev et Vladimir. Des révolutionnaires. Ils ont vraiment des noms à la con, vous ne trouvez pas ? C'est presque écrit à leur naissance qu'ils seront révolutionnaires !

      Sade s'esclaffa. Kiri eut un petit rire forcé.


      Ah ! C'est sûr ! C'est écrit aussi sur leur visage que ce seront des merdes toutes leurs vies ! J'les connais vos deux zigotos. Ils ont crus vouloir s'évader il y a quelques jours. Il se sont fait découper par les Blugoris. Les cons !

      Oh oui !

      Pludbus le pensait sérieusement. Quels cons ! Les deux meilleurs candidats pour l'évasion étaient morts. Il ne restait plus grand monde. Il pouvait toujours chercher au milieu des prisonniers, mais il risquait de se faire repérer. Il y avait toujours le Sergueï, au moins. Avec les clés en main, Pludbus espérait qu'il serait capable d'être utile au plan. Dans le cas contraire, il le laisserait tomber. Après quelques minutes de marches, ils parvinrent finalement devant une petite cellule. Il n'y avait qu'un prisonnier, solidement enchainé au mur. Sade semblait vouloir rester et voir le traitement qu'allait lui infliger l'Amiral en chef. Pludbus le regarda dans les yeux ; les mauvaises nouvelles qu'il venait de recevoir n'arrangeaient pas son humeur. Son regard était glacial. Disparu le Pludbus sympathique. Sade avala de travers, toussa, puis s'éloigna rapidement. Pludbus le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse. Enfin, il était seul avec le prisonnier et Kiri.

      Vous allez enfin m'expliquer ce que vous tramez ?

      Vous allez vite comprendre.


      Pludbus se téléporta en deux pas à côté de Kiri et lui attrapa la tête. Il l'emmena percuter brutalement un mur de la cellule. Surpris, l'homme se laissa presque faire. Il sombra dans l'inconscience sous la puissance du choc. Il s'écroula par terre. Voilà qui était fait. Il avait été rapide et efficace. Pludbus regarda autour de lui et ne vit personne. C'était un endroit plutôt calme, heureusement. Il fit quelques pas vers une autre cellule où se trouvaient trois hommes. Ils avaient entendu le bruit, mais ne pouvait voir ce qu'il s'était passé du fait de la disposition de leur grille. Pludbus frappa brutalement le mur de son poing. Les détenus sursautèrent, presque effrayés. Ils étaient les purs produits du premier sous-sol. Faible et apeurés.

      Tes fringues.


      Ça se passait de commentaire. La menace était comprise de tous. Un homme se déshabilla et lui fila sa tenue de bagnard en tremblotant. Pludbus les prit et retourna à corps de Kiri Intor. Là, il le déshabilla de tout ce qui faisait de lui un marine et l'habilla des vêtements du prisonnier. Il plia les vêtements du marine et les cacha dans sa veste. C'était maintenant le moment de retrouver son révolutionnaire. Un Blugoris allait finir par trouver Kiri Intor et lui donner le traitement que méritaient tous ceux qui sortaient de leur cellule.

      La justice d'Impel Down est impitoyable, même au premier sous-sol.


      Dernière édition par Pludbus Céldèborde le Jeu 26 Avr 2012 - 22:24, édité 1 fois
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      Tant bien que mal, tu résistes à la tentation de crier à l'aide lorsque tu aperçois Pludbus. Puis tu te rends compte que de toute façon, ta gorge n'est plus qu'un immense gouffre aride d'où ne peuvent sortir que tes dents tombées par la sous nutrition. Cet homme t'a fait une promesse. Cet homme t'as promis de te sortir de cet enfer. Ce mince filet qui continue de te rallier à la raison, il se cassera dans les prochaines minutes, ou il se solidifiera. Mais il ne restera pas de marbre face à cette confrontation. Tu es encore naïf à cet époque, toutes les crasses du monde ne te sont pas encore tombées dessus et tu gardes encore un mince filet d'espoir enfantin.

      Tes globes tremblants mirent les trois hommes s'avancer vers toi tandis que tes oreilles écoutent ces horribles vociférations qui ne peuvent venir que de cet enfoiré de Sade. Tu ne comprends plus rien. Alors que le sale gardien et l'autre homme que tu ne connais pas ont le dos tourné à l'amiral, celui ci ne réagit pas. Il pourrait leur enfoncer la tête dans les barreaux mais il ne fait rien. Il se contente de bavasser et d’acquiescer les horreurs de l'enfoiré. Puis ils partent. Toi tu restes ainsi cloîtré dans ta cellule tandis que tes nerfs descendent de plus en plus en enfer, sentant que tu t'es trompé. Cet amiral est donc un marine au service du gouvernement. Un monstre parmi les monstre. Pourquoi en serait-ce autrement ? Un homme aussi gradé ne pouvait être autre chose. Il aura juste tenté de te faire cracher des informations, il aura juste tenté de remonter la piste des gradés révolutionnaire en passant pour un simple homme au service de son peuple.

      Tes deux guibolles d'habitude emplis d'entrain se lèvent difficilement, prêts à hurler vengeance. Tu sais bien que des barreaux existent entre vous deux, et tu sais pertinemment qu'il t'ait impossible de les passer. Mais à cet instant, tu mises sur le peu de forces qu'il te reste pour en finir avec la vie le plus bruyamment possible.
      A l'instant même où le peu de cordes vocales qu'il te reste se préparent à crier tu mires des clefs voler en ta direction. Sous le coup de la surprise et bête comme tu es, tu ne penses même pas à les rattraper. Tu les regardes juste tomber à grand éclat sur le sol comme un âne voit tomber la cargaison qu'il transporte tout en continuant à avancer. Tes deux globes fatigués regardent niaisent le trousseau de fer alors que maintenant l'amiral s'est retourné vers les deux autres marines.

      Les clefs. Les clefs d'la cage. Les clefs d'la liberté.

      Ton cerveau harassé et tes nerfs crispés commencent peu à peu à craquer sous la fatigue à force de passer de l’espoir, au désespoir à la surprise puis de nouveau à l’espoir. Gamin que tu es, tu ne te rends pas encore compte que ce que tu as vécu durant ces quelques années ne sont que les prémices d'une longue liste d'autres horreurs. Rien n'empêche, tu ne penses maintenant plus qu'à t'échapper. Sortir de cette cage, de cette prison n'est plus un objectif mais LE but de ta vie. Tu as cette occasion, tu ne la laisseras pas passer.


      Faisant tourner la clé dans le verrou, tu fais le premier pas vers l'air libre. Puis tu entres dans le couloir sans un bruit, ne voulant réveiller les prisonniers à moitié endormis et les DenDen Mushis caméras en mouvement automatique. Tu te faufiles entre les ombres tentant pour la première fois de ta courte vie de passer inaperçu. Ahahah ça c'est sûr que jusqu'à présent tu n'as jamais fait dans la discrétion, mais il faut bien un début à tout, et au pied du mur comme tu es, tu n'as guère le choix.

      Pour l'instant tu as de la chance, aucun Blue Gorille n'est sur ta route, aucun garde ne fait son apparition et aucun des quelques prisonniers enchaînés dans ce couloir ne semble être en état de t'apercevoir. A croire que l'Amiral a fait nettoyer l'endroit pour son arrivée de toute la crapule marine. Mais ce serait trop beau. Tu arrives au bout du couloir au début d'un virage lorsque tu entends des bruits de pas arriver. Tu arrêtes de respirer, écoutant les pas se rapprocher. Tu ne bouges plus, les pas arrivant de plus en plus près.

      Le temps se met à passer au ralentis tandis que les pas continuent leur chemin jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'à quelques centimètres du croisement. A ce moment tu ne réfléchis même plus, aucune cachette n'est possible. Tu fonces les poings en avant vers le marcheur inconnu, écrasant tes deux bras sur ce qui ressemble à des joues. Alors que tes membres s'écrasent sur son visage tes globes s'ouvrent et aperçoivent les globes effrayés de l'enfoiré de Sade. Tu ne réfléchis même plus, c'est maintenant tes jambes qui partent se perdent dans son estomac, puis tes ongles dans ses globes puis tes dents sur ses joues. Tu te venges de toutes ces tortures subies, tant et si bien que toute ta rage ressort de ton corps sans que tu ne puisses la contrôler. Tu merds totalement la main sur toi même, comme pris d'une transe ensanglantée.

      Peu à peu, la râge se dissipe pour laisser place à la sérénité. C'était horrible, mais il fallait que tu le fasses. Tes nerfs se sont vengés, ton cœur a parlé. Sans même un rictus, tu te déshabilles et renfiles les vêtement du tortionnaire, échangeant vos deux tenues. Puis tu repars retrouver l'Amiral sans une once de sentiment.

      Ce qui est fait est fait. Maintenant tu marcher la tête haute, tu n'es plus prisonnier, tu es gardien et l'homme quelques mètres devant toi est amiral.


      "_'Jour à toi la mouette. Alors comme ça même les marines ont une parole" que tu déblatères de ta voix cassée et fuyante.
        Le silence était dérangeant, comme si tout le monde retenait son souffle. Ça sentait quelque chose de bizarre. Pas l'odeur du sang ou de la peur qui imprégnait ses murs depuis déjà bien des siècles, non. L'odeur de l'étrangeté. Quelque chose de pas commun se passait. Comme une trainée de poudre, la nouvelle s'était répandue parmi les cellules. L'Amiral en chef était ici. Que faisait-il là ? Bon nombre de prisonniers étaient enfermés grâce à son commandement un peu efficace contre les pirates. Certains avaient même fait les frais de lavoir rencontré en vrai. Tous savaient qu'ils n'étaient pas l'un des meilleurs, mais ils n'étaient pas qu'un bon à rien. Ainsi, sa présence était source de beaucoup d'interrogation. « Pourquoi ? » était la question qui était sur toutes les lèvres, ou plutôt, dans tout les esprits, car les blugoris arpentaient les couloirs ; on avait signalé des prisonniers en vadrouille. L'heure était à s'amuser. Deux exemplaires de cette espèce étrange aperçurent Pludbus, mais, étant doués d'intelligence, ils préfèrent l'éviter. Les insignes de la marine donnent un certain droit d'immunité. Ils prirent une autre direction. La présence de l'Amiral en chef était un facteur aléatoire dans l'équation qu'était la sécurité, les gardiens le savaient pertinemment. Plus il lui facilitait sa sombre tache et plus ce facteur disparaitrait de leur chère prison.

        C'est ce qu'il espérait.

        Revenant vers la cellule du Sergueï, il le trouva libre, habiller comme un gardien. Le corps du gardien Sade gisait sur le sol, ravagé, comme si attaqué par un animal. L'animal s'avançait vers lui, confiant ; trop confiant. Pludbus esquissa un rictus de colère. Le révolutionnaire s'adressa comme s'ils avaient élevé les poules ensemble ce qui ne fut pas du goût de Pludbus. Il s'approcha de lui, passa à ses côtés puis s'arrêta. Soudain, il se retourna. Il attrapa l'arrière du crâne de Sergueï au passage et le plaqua au sol, le visage contre la froide pierre, s'agenouillant à ses côtés. Il vint lui susurrer quelques mots à l'oreille.


        J'ai qu'une seule parole. Et je te promets que je t'envoie en enfer si tu continues avec tes conneries. Tu sors de ta cellule, ok, mais c'est quoi ce carton sur le gardien ? Un pas de travers et on est grillé. J'ai pas envie de tout foirer parce qu'un petit con sait pas se contrôler. Alors, t'arrêtes tes conneries et j'te fais sortir d'ici, d'accord ? À la moindre bourde, t'es un homme mort.

        Pludbus fit mine de le frapper contre le sol, mais il s'arrêta un centimètre avant qu'il ne fracasse la caboche de l'autre type. L'avertissement était clair. En même temps, les enjeux étaient bien trop grands pour sa personne. Si le plan échouait, il ferait en sorte d'éviter d'aggraver les soupçons sur sa personne et continuerait son bonhomme de chemin en se faisant discret. C'était pas franchement ce qu'il voulait de l'avenir, mais c'était mieux que la potence parce qu'un jeune chien fou ne savait pas se contrôler. Il le lâcha sans prévenir et le révolutionnaire s'écroula par terre. Pludbus se releva et s'éloigna de quelques pas en lui tournant le dos. Il écouta les alentours, mais il semblait bien qu'ils étaient relativement seuls. Il se retourna vers le jeune homme. Il sortit de son vêtement les habits qu'il venait de prendre à son ancien enseigne. Il les lança à Serguei.


        Tu croyais vraiment passer inaperçu avec ces fringues ? À Impel Down, tout le monde se connait. Te voir passer en tenu de gardien, ça va faire tache. T'enfileras ça, mais pas maintenant. T'as encore les clés ? Libère-moi le plus de monde possible. J'veux que tout le premier étage soit occupé à gérer cette fuite. Après les avoir libéré, tu te ramènes fringuer à l'entrée du niveau. Fait pas l'imbécile. Dès que t'enfiles c't'uniforme, t'es un marine limite agent du gouvernement. On se revoit à l'entrer.


        Pludbus s'en alla sans se retourner, faisant un simple salut de la main en guise d'au revoir. Une fois passer un angle, son pas s'accéléra. Il espérait sérieusement qu'il saurait se tenir à carreau. En cas de pépin, il fallait prévoir le coup. Pludbus se dirigeait vers le centre des gardiens de cet étage, centre qu'il trouva bien rapidement ; c'était de là que partait le plus grand nombre de blugoris et de gardiens. Il entra sans frapper ; c'était quand même un amiral en chef, il n’avait pas besoin de ça. Il découvrit une dizaine de gardiens qui étaient occupés à regarder modérément quelques écrans et à remplir des fiches. La routine.


        C'est quoi, ce foutoir ? Qui est le responsable ici ? Je n’ai pas vu une prison aussi mal sécuriser qu'ici. La honte d'Impel Down. Vous avez des prisonniers qui se baladent en liberté et qui pourraient faire sortir tout le monde si vous ne vous bougez pas le train !

        Les gardiens se regardèrent un instant, puis une moitié sauta sur les écrans de contrôle à la recherche de la moindre bébête. L'autre moitié moins un sortit précipitamment, fusil en main. Le dernier fixa Pludbus, dubitatif.

        Vous auriez pu les arrêter, Amiral en chef. Ce n'est pas comme si vous étiez … « Faible ».

        Il sourit. Il se foutait de la gueule de Pludbus. Après l'autre gaffe de l'autre révos, Pludbus n'était vraiment pas d'humeur. Il se mit alors à rentrer dans le lard de la fierté de c't'homme. C'est bien connu, les gardiens d'Impel Down sont très fiers de servir dans la prestigieuse prison. C'était exactement le genre de chose qui ne devait pas être sali : cette réputation mondiale.

        Tiens, pas encore parti mater ça ? C'est ça, les gardiens d'Impel Down ? Des fonctionnaires qui se la coulent douce ? Des planqués ? J'suis pas Amiral en chef pour chaperonner des gamins en couche-culotte qui ne savent même pas attraper quelques attardés. C'est à se demander qui sont les attardés. Il faut que la marine vous aide à tenir c't'endroit ou bien on vous remplace ? Ça sera plus simple, non ?


        Au fur et à mesure de ses paroles, le gardien s'était mis à bouillir de fureur. Il serrait les poings, mais ne fit rien ; on ne s'attaquait pas à un amiral, surtout quand on venait de l'asticoter. Il ne dit rien et fit volt-face, donnant des ordres sèchement à ceux qui faisaient semblant de regarder les écrans. Pludbus rajouta un truc qu'il faillit oublier.

        Ah, au fait, j'ai mon collègue qu'est parti en mater quelques-uns. Faut bien que jeunesse se fasse. Ça tombe, il va se faire bouffer tout cru. S'il vous apparaît bizarre pour un marine, c'est que c'est pas lui. À vous de voir ce que vous lui ferez. J'vais l'attendre, on sait jamais.

        Pludbus s'en retourna sans se préoccuper davantage de l'endroit. Il se dirigea lentement vers l'entrée du niveau un. Il lui fallait plus qu'attendre l'autre type. C'était l'affaire d'une dizaine de minutes. Il resterait aussi longtemps que personne n'aurait de soupçons. Si un problème devait apparaître, Pludbus n'aurait aucune pitié pour éliminer ceux qui ont connaissance de son plan et ils ne sont pas beaucoup.
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        Un amiral ça a d'la force et tenter de jouer au plus malin avec l'un d'eux, c'est se risquer à une punition Divine. Toi trop stupide, encore trop insouciant et surtout trop heureux de voir la trogne charismatique du Céldèborde, tu ne t'en es pas rendu compte. C'est lorsque ton crane est à quelques millimètre de s'écraser contre le sol, à un fil de se faire réduire en poussière que tu réagis.

        Avec d'autres, c'eut été trop tard, tu serais déjà au royaume de la bière révolutionnaire à regarder la vie du haut de ton nuage. Mais le bon Pludbus te laisse une chance. Pas des plus facile cette chance, mais il te la laisse quand même.

        Les ordres sont lancés, le marine a dicté, il ne te reste plus qu'à obéir. Et sagement cette fois ci.

        Tu enfonces la casquette de gardien sur ton crane, cachant ton visage du mieux que tu peux tandis que tu t'avances vers l'un des Den Den Mushis caméra du couloir. Rendu à porté, ton poing abîmé vient s'écraser contre le pauvre animal n'ayant rien demandé. Un coin du corridor sera sans surveillance, il ne te reste maintenant plus qu'à ouvrir les cages, le plus de cages possibles. Tu cours en tout sens, tu ouvres les portes unes par unes tout en continuant de garder ton visage à couvert.


        Alors que le premier étage devient un bordel général où les prisonniers se demandent ce qu'ils font libérés, toi tu te changes. Et rapidement. Les Blues Gorilles ne vont pas tarder et tu sais pertinemment qu'à ce moment là, ça risque de saigner. Alors tu profites du coin sans den den mushi caméra pour changer de vêtement en toute discrétion.

        Tu finis à peine de récupérer les frusques de l'ancienne mouette que les monstres arrivent. Par dizaines. Tu n'as pas le temps de les voir qu'un bon nombre de rayés se mettent à voler en tous sens. Les cris de libertés se transforment en râles de douleur. Les prisonniers se rendent compte qu'au final, ils étaient peut être aussi bien à l’intérieur de leurs cellules. Certains aperçoivent ton uniforme de marine et s'disent qu'en te le volant ils auraient une chance de s'en sortir. Les bougres ne connaissent pas ta trogne, ils ne se rendent pas compte que tu es toi-même déguisé. Alors ils foncent sur toi, armés de leur peur de voir leur vie se finir.

        Lorsqu'un homme est au pied du mur, qu'il voit la mort refermer son étreinte sur ses épaules, cet homme peut parfois se montrer d'une incroyable virulence. Le bougre s'avançant vers toi fait partis de ces hommes là.

        Le regard ferme de celui qui sait où il va, le poing serré de celui qui frappera fort, les yeux plissés de concentration, tu sens que ce bougre fera mal. L’œil droit du bonhomme porte une large cicatrice sanguinolente. A cette caractéristique tu crois bien reconnaître Jacky La Trouille. L'un des bourreaux du 1er sous sol, qui s'est fait un nom à force de frapper tout ce qui bouge.


        _File moi tes fringues ou crèves.

        _Même pas peur. Tu crois m'impressionner avec ta cicatrice de tarlouze ?

        _ Tu crois pas si bien dire ! C'est un souvenir du mal voulant lui même.

        _L'mal voulant ? Drôle de surnom que tu donnes à ton chat.

        La discutions a été endiablé, c'est l'heure de faire parler les poings. Le brave à la cicatrice digne du plus beau shonen avance ses poings vers toi. Ta stupidité t'empêche d'esquiver l'attaque et vos bras s'enfoncent dans vos trognes au même moment. Le choc est rude, vos corps se font propulser en arrière tandis que vos cerveaux se perdent entre l'au delà et l'ici.

        Tes deux globes tentent tout de même de se rouvrir, ton corps bien amoché se relève et tu observes un spéctacle saisissant : Une nuée de monstre bleus écrasant chaque rayé, le Jacky faisant fâce à deux de ses monstres bleus sans fléchir et un garde te faire signe au milieu de toute cette pagaille.


        _Monsieur Intor? Monsieur Intor !! Venez avec moi !

        Tu ne réfléchis plus. P't'être bien que tu es en tord, mais tu n'à que faire. C'est ta chance. Tu cours vers le marine et t'enfuis vers la sortie du 1er sous sol sans regarder en arrière.
          Pludbus allait partir. Il devait même déjà être parti. Il venait de donner une minute de répit au révolutionnaire pour la deuxième fois. Après la première, un gardien était venu s'excuser du fait qu'on n’arrivait pas à trouver son collègue. Pludbus avait répondu par un grognement qui tenait plus du « casse toi, tu me fais chier » que du « merci du renseignement fieu, t'as une belle montre ». L'amiral en chef était pas content. L'homme était parti sans retenter rediscuter., surtout qu'il avait effectivement une belle montre. Au loin, on entendait les rumeurs de la révolte et de la répression sanglante. L'ex-enseigne devait avoir fini en pâté pour blugoris depuis longtemps. En parlant de ces monstres, un contingent de dix spécimens passa devant Pludbus sans s'arrêter. Cela faisait le quatrième groupe qu'il voyait. Les prisonniers allaient vite retourner dans leur cellule s'il ne voulait pas rejoindre le probable état de l'ex-chaperon de Plud'. Et si le révolutionnaire s'était fait prendre ? Ça ne l'aurait pas surpris. C'est un révolutionnaire après tout. Il s'est peut-être cru intelligent de vouloir libérer tout le monde afin de provoquer un chaos sans nom dans la prison et ainsi perturber l'équilibre de ce monde en faisant tomber la prison la plus sur du monde. Probable. Pludbus croisait les dents ; pas aussi idiot quand même.
          Alors qu'il commençait sérieusement à penser le contraire, il vit l'ex-prisonnier s'approchait en compagnie de deux gardiens et d'un blugori ; sa hache était sanglante. Ils avaient dû le récupérer en plein milieu du merdier. Pludbus se mordit brièvement la lèvre et jetant un regard noir à Sergueï tandis qu'ils arrivaient à sa hauteur.


          Alors, Intor. Vous vous êtes bien amusé contre les prisonniers ? Vous êtes entier, c'est le principal ; je n'irais pas à vérifier si tout est là.
          Messieurs, je pense que vous avez une révolte à mater. Amusez-vous. L'honneur d'Impel Down est entre vos mains.


          D'un geste, il intima aux trois fonctionnaires carcérales de retourner à leur dur de matages de fortes têtes. Alors qu'ils 'éloignaient, Pludbus ne put s'empêcher de fixer Sergueî d'un regard assassin en lâchant ces quelques mots comme si c'était du poison.

          Vous avez pris votre temps. Venez. Allons-y.

          Ils remontèrent l'escalier vers la surface. Normalement, un gardien aurait dû les accompagner, comme à l'aller, mais le remue-ménage avait un peu chamboulé les habitudes. Pludbus en profita pour remonter d'un pas rapide sans se soucier, contrairement à l'aller, de la disposition des torches. Sergueï le suivait de près et Pludbus le surveillait du coin de l'oeil ; on est jamais trop prudent. Ils arrivèrent rapidement en haut et il fit de nouveau face aux nombreuses portes menant aux vestiaires individuelles. Pour Sergueï, c'était la première fois et c'était bien ce qui pouvait poser problème. Les mêmes gardiens étaient là. La même jeune fille ; elle était un peu plus sûre d'elle.

          Doit-on vraiment passer par cette étape ? Encore une fois ?


          C'est la règle, Amiral en chef.


          Pludbus faillit s'insurger de cette règle, mais cela aurait été bien étrange comparé à sa réaction tantôt ; il s'était laissé faire de bon cœur.

          Bien. Allons-y.

          Pludbus tourna le dos aux gardiens, puis il recula en écartant les mains comme pour dire à son collègue qu'ils devaient se laisser faire. Il accompagna son geste d'un hochement d'épaule. Ce comportement n'était pas sans but non avouer. Il jeta un regard appuyé à Sergueï. Ses lèvres bougèrent sans émettre un son. « Comporter-vous comme le marine Kiri Intor ». Il se retourna vers les gardiens, mettant un terme au conseil faisant presque office d'ordre. La jeune femme de la première fois fit un pas en direction de Pludbus, mais celui-ci passa devant elle pour s'arrêter devant l'homme qui s'était occupé du vrai Kiri Intor. C'était une condition nécessaire pour éviter que la supercherie soit révéler. Les deux gardiens échangèrent un regard, puis l'homme hocha des épaules. La fille semblait contrarier, mais elle fit signe à Sergueï de le suivre sans tarder. L'homme fit de même avec Pludbus.

          Il entra dans la petite salle qui était en tout point similaire à l'autre. Un escargocaméra le surveillait dans un coin. Sans même attendre qu'on le lui dise, Pludbus se déshabilla tout aussi efficacement que la première fois. Le gardien ne rougissait pas, il se contentait de détailler avec un certain sans gène le corps de Plud'. Ce dernier sentit le dégout monter en lui et il dut se contrôler pour ne pas lui mettre son poing dans la figure. Cette opération avait le don de rapidement le mettre aux limites de son self-control. Tandis qu'il prenait son temps pour mettre un terme à la fouille, Pludbus toussota et le regarda fixement. Un regard froid, sans pitié, sans chaleur. Un regard qui en disait long sur ce qu'il voulait faire. L'homme s'arrêta un instant. Ses traits oscillaient entre la peur et la suffisance. L'instant dura plusieurs secondes et Plud' ne s'avouait pas vaincu. Finalement, le gardien baissa les yeux et permit à Plud' de se rhabiller, ce qu'il fit à une vitesse effarante. Lorsqu'il quitta la pièce, il ne prêta aucune attention au gardien.

          Kiri Intor avait dit « horrible ». Il comprenait. Ça n'avait pas dû être facile pour lui. Étrange sentiment qui était de s'apitoyer sur un moment difficile d'un homme qu'on venait d'envoyer à la mort.

          De l'autre côté, Plud' attendit une nouvelle fois Sergueï. Il espérait que tout se passerait bien. Si le révolutionnaire sortait de là sans problème, ils se dépêcheraient, modérément, de rejoindre son navire afin de mettre le plus de distance entre lui et Impel Down.
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          La mine éteinte, tu te laisses enfin aller, te faisant guider par les gardes et le Blue Gorille. Tes pieds se mettent l'un devant l'autre sans qu'aucun mot ne sorte d'aucun bec. Le visage penché caché sous la casquette de l'ancien Intor, tu ne te risques pas à parler. Trop fatigué, les nerfs trop abîmés pour de toute façon tenter une déblatération, tu reste coi.


          ________

          Plus loin, dans une salle de garde, deux hommes discutent avec la geôlière s'étant occupé de la fouille de l'amiral.

          _Eh Morry, t'as entendu ça ? Le premier sous sol s'est soulevé, et Intor s'est fait emporté dans la bataille !!
          _Ouai Bobby j'ai vu ça sur les Den Den caméras... Tu imagines le bordel si ça remonte jusqu'à Marineford ?
          _Ouai, les têtes vont tomber si on sait ça...
          _Faut trouver un moyen pour faire oublier cette histoire.
          _Faudrait faire un p'tit cadeau à l'Intor pour qu'il se la ferme...
          _Uhuhuhu.
          _Ahahah.

          Les regards des deux hommes se tournent alors vers la jeune femme.

          _Pardon ?
          _Héhé. Un p'tit cadeau.
          _Une p'tite récompense même. Le genre de récompense qui redonne le sourire uh uh uh.
          _C'sera une jolie carotte même. Croquante comme il faut.
          _Faut lui faire comprendre au Intor, que lui et Plud seraient méchants de reparler de cette histoire.
          _Uh uh uh.
          _Ahahah.

          Le regard toujours tourné vers la demoiselle, les deux hommes affichent un sourire resplendissant. A contrario, la miss ne semble que très peu enchantée par les insinuation de ses deux collègues. Le problème étant, les petites insignes au niveau des épaules des deux hommes font clairement comprendre ce qu'il faut. Qui doit obéir, qui doit ordonner. Loin d'en être heureuse, la jeune femme se replie sur elle même écœurée des ordres reçus.

          ________

          Une demi heure après cette discussion, la plus grande victime de l'histoire se trouve devant l'amiral et son subordonné, contrainte de faire un choix. Choix qui au final est celui de l’insubordination. Mais l'amiral ne l'entend pas de cette oreille et quelques temps plus tard la jeune femme se trouve seule dans une pièce avec le faux Intor.

          ________

          A ce même moment, dans la salle de vidéo-surveillance par Den Den mushi caméra, Morry et Bobby débattent.

          _Dis, on regarde ?
          _Uh uh uh, vrai que ça ferait plaisir aux yeux.
          _Héhé elle envoie quand même du beau rêve la geôlière. Un corps bien comme il faut.
          _Uh uh, une jolie paire comme on aimerait en voir plus souvent.
          _Mets le en grand écran !
          _Ouai c'serait bête d'en rater une miette.
          _Fais gaffe à ne pas baver quand même.
          _..
          _Non mais j'te dis d'arrêtter d'baver ! Ca n'a même pas encore commencé.
          _Slurp..
          _Arrêtte que j'te dis ! Ou je coupe !.
          _... L'est trop belle...
          _Tu l'auras cherché !!

          ZIIIIP.

          _Rhaaaaaaa salop ça allait commencer !!

          BIM ! BAM ! SPLAF ! BOUUUM !



          ________

          *C'est peut être bien la mission la plus difficile que l'on m'ait donné* se dit la jeune femme alors qu'elle se trouve en face de toi. Elle ne comprend d’ailleurs pas ton comportement. Plutôt que de te déshabiller, tu continues à mirer la jeune femme d'un regard froid, profond, le dos tourné à la caméra. Tes yeux plantés dans ceux de la geôlière la mettent si mal à l'aise qu'elle ne sait plus que faire. Mais surtout elle reconnaît en toi le visage d'un homme détruit par la plus vile prison du monde, et non pas celui d'un soldat de la marine.

          _Euh... Si vous pouviez, euh...

          Aucune réponse ni aucune fin ne vient combler ce début de phrase. Pour seule réplique, tu te dévêtis d'un geste nonchalant, laissant apparaître ton torse sailli de griffures et cicatrices, saignant de toutes parts. Les yeux mi-horrifiés, mi-choqués de la jeune femme viennent se perdre sur toutes tes blessures tandis que tu continues à mirer la minette d'un œil glacial. Ton air de jeune chien sauvage vient piquer à vif comme autant de griffures mortelles le coeur de la geôlière. Toi le dos toujours tourné au Den Den, tu continues à rester immobile, faisant le moins de gestes inutiles possibles. Comme seul mouvement, ta main vient trembler de temps à autre, preuve de ta peur profonde. Le moment est crucial. Ton cœur tambourine à l'idée que la jeune femme découvre ton identité.

          Bien sûr qu'elle le découvre. Toutes ces blessures ne datent pas d'hier mais sont chacune les traces des jours passées à se faire torturer dans Impel Down. Tes pieds ne sont qu'un ramassis d'ecchymose et de trous béants crées par un sol de piques. Ton torse n'est plus qu'un ramassis de jours de souffrances à se faire cogner au fer rouge.


          _Vous n'êtes... Vous n'êtes pas […]


          Non tu n'es pas. Pour sur. Mais répondre simplement ainsi, c'est s'assurer de retourner au fond d'une geôle d'Impel Down. Alors ta substance grise se remet à tenter de trouver une idée. Un bon poing dans le minoi est celle qui te vient en premier. Là encore, l'idée n'est pas fameuse. Le discours, un peu plus. Peut être bien qu'tu réussiras.

          _Non, je n'suis pas. Je n'suis pas un marine. Mais te dire qui je suis voudrait dire te mettre sur la liste des personnes à faire disparaître. Et ça, faudrait être stupide pour le faire. Un si joli minoi, ça ne se gâche pas.

          Là, tu lui fais peur. Alors que tu étais censé gagner sa confiance tu te mets à la menacer. Le compliment de la fin ne suffit pas, tu le sais. Il faut que tu continues, sinon ton coup de poker ne marchera jamais. L’œil interloqué, impressionné de la jeune femme doit se transformer en respect. Ca aussi tu le sais. Alors que ses jolis yeux verts se perdent sur tes innombrables cicatrices et que ses poings se serrent, tu reprends la parole :

          _Cela fait un an que j'ai infiltré les révolutionnaires d'Impel Down. Un an que je collecte des informations au milieu de tous ces truands, voleurs, tueurs. Je n'ai plus une minute à perdre. Alors que l'on parle ici, se prépare quelque chose de bien de trop grand. M'empêcher de sortir, c'est non seulement s'interposer face au gouvernement que je représente, mais c'est aussi mettre la sécurité du monde en jeu.

          Tu n'y vas pas avec le dos de la cuillère. Tu en mets une tonne même. Reste à voir si la couche ne déborde pas.

          _Mais … Qui est la personne qui est entrée, où est elle maintenant ?

          _Qui est-ce? Un sacrifice obligatoire. Je ne fais confiance à personne. Certains gardes sont impliqués.

          _Comment... Comment je peux savoir que ce que vous dîtes est vrai ?

          _Rien. Rien n'prouve que je dis vrai. La seule manière de vérifier est de me laisser ici. Et d'attendre le choc qui finira par venir. Vous serez viré dans le meilleur des cas. Dans le pire, votre famille en patira et ce que je dois éviter fera la une de toutes les gazettes dans peu de temps. A vous de voir.

          La miss n'y crois guère. Tu as échoué. Elle se recule, prète à appeler la garde, les yeux trempés de larmes à cause de tes menaces. Alors qu'elle s'avance vers la porte, tu lui prends le bras, sans aucune délicatesse. Tu lui bloques le visage de l'autre main et tu la mires de tes deux globes comme s'ils pouvaient à eux seuls lui faire comprendre la gravité de la situation. La scène dure ainsi. Immobiles, vous vous observez sans qu'aucun mot ne vienne couper le silence grandissant ayant envahis la pièce. Seul bruit venant ternir l'ambiance, des gouttes de sang tombant de ton bras viennent perler et s'écraser contre le sol. Tu la transperces de tes deux yeux, une dernière fois, puis tu la relâches.

          Tu te rhabilles sans lui préter plus attention et une fois fait ressors de la pièce où t'attendent à l'entrée l'amiral en chef et d'autres gardes.

            L'attente était insupportable. Attendre, toujours attendre ; ce n'était pas son rôle. Dépendre d'un révolutionnaire de bas étage, c'est déjà beaucoup, mais attendre qu'il passe les étapes de la sécurité, la peur au ventre. Toutes les secondes, il imaginait voir débouler des dizaines de gardiens en armes, encerclant la zone et prêt à faire feu sur l'amiral en chef. La sueur perlait son front. Il était proche de la sortie. C'était la dernière étape ! Il avait tout fait pour qu'il s'en sorte le mieux possible. Hélas, il y avait des variables qu'il ne pouvait contrôler. Tout se jouer à l'intérieur de cette pièce. Deux protagonistes sans compter les escargocaméras. Il allait devoir être convaincant. Le plus grand rôle de sa vie. Plus important que toute sa vie réuni. S'il échouait, c'était Impel Down jusqu'à la mort. Et de grave problème pour Pludbus. C'était ce qui l'inquiétait le plus, évidemment. S'il pouvait sortir de la prison sans aucun mal, il le ferait sans hésiter, même s'il doit abandonner le révolutionnaire à la mort. Après tout, c'est un révolutionnaire. Malgré lui, il s'était mis à prier. Prière à qui ? Il ne savait pas. Il ne priait jamais. Il ne connaissait pas quelle divinité on pouvait prier. C'était si important pour le reste de sa vie qu'une prière n'était pas si futile que ça. Si ça marchait, pourvu que ça marche cette fois. C'est ce qu'il se disait. La fouille du révolutionnaire était plutôt longue. Plus les secondes s'égrenaient et plus la victoire semblait s'échapper. Non. Il ne voulait pas que ça termine ainsi.

            Tout lui semblait suspect. L'homme avait-il été découvert ? L'avait-on appréhendé ? Le quartier était peut-être même bouclé en ce moment. Deux gardes échangèrent quelques mots à voix basse. Pludbus ne sut ce qu'ils se disaient, mais la tension monta d'un cran. Préparaient-ils son arrestation ? Les regards de chacun, d'abord indifférent, semblaient maintenant suspicieux comme s'ils cherchaient à révéler la vraie nature de Pludbus. Un gardien mit un instant sa main sur sa matraque. Son regard croisa brièvement celui de l'amiral en chef. Une décharge électrique traversa son corps. La peur ; il avait senti comme la joie de la victoire dans ce regard. Ils allaient le terrrasser ! Ils avaient gagné. C'était la fin ! La fin de sa tentative pour préserver les idéaux de la marine ! Ils allaient être enchâssés aux plus profond de cette prison, sinon pire encore ! La marine allait totalement tomber sous la main-mise du gouvernement mondial, un gouvernement peu scrupuleux. Tous ces hommes et ces femmes qui luttent chaque jour pour la paix et la justice seront manipulés par une minorité afin de préserver leur intérêt. La nature même de la Justice sera corrompue par ce pouvoir. Trop de vie dépend de la marine. La vie même dépendait d'elle ! Un homme s'approcha de lui. Un gardien. Pludbus l'attendit, tendu, brièvement persuadé que celui-ci allait lui annoncer sa fin.


            La révolte a été matée.


            Pludbus ne répondit pas, mais sourit. Il respira plus sereinement.

            La porte s'ouvrit et Sergueï en sortit, libre. Son visage dissimulé sous sa casquette ne laissait rien paraître. Personne ne chercha à l'attraper. On s'en désintéressait. Était-ce bon ? Ça s'était bien passé ? Pludbus ne remercia même pas le Dieu qui avait pu réaliser ce miracle. Il reprit le contrôle de lui-même et afficha une mine austère. Il était de nouveau l'Amiral en chef Pludbus Céldéborde, le sans-peur. La jeune femme apparue à la porte. Elle semblait différente. Il s'était passé quelque chose de très important dans cette pièce. Son regard chercha celui du marine. Elle semblait attendre quelque chose. Ses yeux étaient apeurés. Pludbus ne savait pas ce qu'il s'était passé. Il ne savait pas quoi faire. Cependant, il tenta quelque chose. Cela semblait vital pour sortir. Il la fixa un instant, puis hocha de la tête, laissant un bref sourire apparaître sur son visage. La femme sembla un instant délivrer d'un poids et ses yeux s'abaissèrent. Pludbus se retourna et se mit en marche vers la sortie, suivi par le révolutionnaire masqué.


            Bien jouer.


            Deux mots murmuraient pour un seul destinataire, rien de plus. Peut être aurait il dû attendre qu'il soit véritablement sorti de la prison, mais la victoire lui semblait assuré. Vraiment. Ils passèrent devant le bain d'acide et s'approchèrent de la grande porte. Un autre gardien se tenait là. Il cocha rapidement quelques cases sur sa feuille et ordonna à d'autres d'ouvrir la porte. Pas un mot ne fut échangé. Toutefois, avant de passer les portes qui menaient Sergueï vers une relative sécurité, Plud' se retourna vers le gardien.


            Seul le résultat compte. Qu'importe la méthode et le temps pour la mettre en pratique. Malgré les problèmes, cette émeute a été maitrisée. Vous pouvez être fier de vous.


            Quelques gardiens ne purent cacher un sourire de satisfaction. Pludbus reprit sa marche. Tandis qu'ils montaient à bord du navire de l'Amiral, les portes se refermaient. Ils avaient réussi, mais le temps s'écoulait et l'Amiral en chef avait bien d'autres choses à faire avant le temps imparti. Il ordonna le départ tandis qu'il accompagnait Sergueï vers ses quartiers. Personne ne devait le voir. Le voyage n'allait pas être plaisant, mais c'était nécessaire. L'histoire de quelques jours. Jusqu'à Shabondy.
            • https://www.onepiece-requiem.net/t2303-fiche-du-vieux-pludbus
            • https://www.onepiece-requiem.net/t2255-toujours-pas-six-pieds-sous-terretermine-meme
            Lorsque tu sors de la pièce, ton vissage impassible caché derrière ta casquette ne laisse paraître aucun sentiment. Aucun rictus ne vient rompre ce calme quasi inhumain. Tes gestes lents et calmes n'expriment qu'une chose : tu auras tout fait. Tu auras tout tenté pour réussir cette mission si difficile, mais les jeux sont maintenant faits. Tu ne tentes même pas de mirer la minette pour voir sa réaction, cela ne servirait de toute façon à rien. Si elle crie, si elle émet un geste suspect ou suspicieux envers toi, tu sais très bien qu'une lame viendra vite se loger dans ton cou ou une balle entre tes deux yeux. On ne rigole pas avec la sécurité à Impel Down.

            Mais les miracles existent et rien ne se passe. Alors tu suis l'amiral sans un mot, sans même prêter attention à ses paroles qui sifflent à tes oreilles, aussi inaudibles que le souffle du vent.

            Alors que tes pas t'amènent sur le pont du bateau, un sourire de satisfaction ne peut s'empêcher de prendre place sur ton visage. Tu ne dis mot mais tout ton corps crie au bonheur. Le soleil vient doucement bercer ta trogne de son éclat tandis que quelques gouttes se laissent tomber sur tes frusques. Ce bonheur si simple que tu n'as pas connu depuis trop longtemps, ce bonheur là vient éclabousser ton esprit comme une claque revigorante.

            Cette nuit, lorsque la lune disparaîtra pour illuminer le ciel noir, tu ne seras pas au fond d'une geôle immonde à te demander comment survivre au lendemain. Non tu seras au fond d'un lit confortable à admirer l'éclat du cercle jaune par le hublot de la cabine. Tu seras vivant comme tu ne l'as jamais été jusqu'alors.

            L'amiral n'a donc qu'une parole. Toi qui prenait les marines pour des ordures au service d'un gouvernement amoral, te voilà bien mis à mal par cet homme. Si chaque mouette était comme lui, la révolution n'aurait plus aucun sens, le rêve de ta vie n'aurait aucune raison d'exister.

            Malheureusement pour l'homme, l'amiral n'est qu'une exception, un ange au milieu de l'enfer et tu sais que malgré tout vos divergences d'opinion vous empêcheront de vous entendre. Pour le moment, vous respectez tous les deux vos engagements mais lorsque cette affaire sera fini tu ne peux imaginer comment vous vous quitterez. Entre toi qui prone la violence pour répondre à l'infamie et lui qui veut changer les choses de l'interieur, aucun arrangement n'est possible.

            Tu le sais très bien et au moment de rentrer dans ta cabine tu ne peux t'empêcher de t'en attrister. Tu sais aussi que maintenant les journées seront longues. Malgré ton bonheur de revoir le ciel, tu ne pourras sortir de la cabine, tu devras te faire aussi discret que possible afin de ne pas éveiller l'attention des autres marins. Tu quittes une prison pour entrer dans une autre, mais la deuxième ne compte pas de gardiens, ni de tortures ni de barreaux. Forcément ça t'enjolive le cœur.

            Alors que ton corps épuisé s'avachit sur le lit, tu fermes les yeux en imaginant la lune te bercer.


            Libre... Enfin... Merci...