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[FB 1610]Un poisson dans la cuve

Le 25 septembre 1610.

Le soleil n'avait pas passé la ligne d'horizon, mais pour les vendangeurs, la journée était déjà commencée. A peine le temps d'avaler un café noir ou un bol de lait, et tous s'étaient mis en route vers les rangs. Personne n'était réellement réveillé, mais déjà, chacun s'efforçait d'afficher courage et bonne humeur. Non seulement par orgueil, mais parce que la journée serait longue et brûlante, même pour la région. Alors, mieux valait bien présenter dès la tombée du lit, sans quoi...

Ils n'étaient qu'une trentaine, mais tous échangeaient rires et plaisanteries, le seau passé autour de l'épaule à la manière d'un sac à dos. Plus en arrière, les porteurs ajustaient les hottes sur leurs hanches massives, en respirant profondément. Huit heures de travail dans sur les coteaux du domaine de Hurlevent, c'était ce qui les attendait tous. Bien pire qu'une bataille à livrer, bien plus périlleux qu'une décision cruciale à prendre. Une journée de dur labeur sous un soleil ardent, le dos brisé en deux pour les coupeurs, et les épaules écrasées pour les porteurs. On en venait à envier les vieux, qui triaient les grappes sur les chariots permettant le transport jusqu'aux cuves.

Chez le père Hurlevent, Jörgen, tout le monde était tenu de travailler. Ses fils et ses filles en premier lieu, pour donner l'exemple, et ce, quelque fut leur âge, du moment qu'ils se trouvaient capables de manier la serpette. Les plus jeunes, Niels et Elen, des jumeaux âgés de sept ans, apportaient le casse croûte et donnaient un coup de main en cuisine. Mais, du haut de ses neuf ans, Sören n'échappait pas aux vendanges.
Il fallait dire que, dans l'art de la cueillette, mieux valait être court sur pattes. Il n'y avait alors pas à se baisser, et le raisin se coupait sans peine excessive, ni douleur.

Sören était donc le plus jeune fils de la fratrie Hurlevent à vendanger, cette année là. Pas pour la première fois, d'ailleurs. Malgré sa taille réduite par-rapport aux enfants de son âge, il montrait un courage et un sérieux au travail qui lui valaient une certaine tendresse de la part des plus âgés.
Le seau sur l'épaule, la serpette dans le creux de la main, le garçon marchait en suivant le groupe de près. Dans les fourrés, il sentait que des yeux l'épiaient. C'étaient les chats de l'île, « ses » chats, qui venaient régulièrement à sa rencontre, comme aimantés par sa seule présence. Il était vrai qu'ils y gagnaient parfois un morceau de lard, ou un talon de jambon. Surtout par temps de vendanges, où la nourriture abondait toujours... Question d'honneur, plus que de moyens. Un propriétaire qui nourrissait mal ses vendangeurs avait tôt fait de récolter une réputation d'esclavagiste invétéré, en guise de piquette.


-Hop, les gars ! On commence par là, vous arrêtez au chemin ! La carriole tard'ra pas à arriver. Aller ! … Aller !

D'un pas lourd, qui se voulait économiser l'énergie au maximum, les vendangeurs s'approprièrent chacun une rangée. Sören, comme beaucoup, jeta un dernier regard en bas du coteau avant de plonger dans son premier cep. Ledit chemin était invisible, caché dans la masse des vignes qui s'agglutinaient sur la pente. Une nappe de brume, baignée par la lueur de l'aube, se dessinait en contre-bas.

-Aller, les gars ! On termine tout c'côté avant le casse-croûte !

Un grognement accueillit l'ordre du contre-maître. Tous baissèrent la tête, et se mirent à fouiller les ceps et à remplir les seaux, qu'ils empêchaient de dévaler en les bloquant du pied droit.
Bientôt, les porteurs charriaient des hottes remplies à ras-la-gueule, et remontaient péniblement, en s'accrochant aux ceps de vigne tant la pente était raide.
Le travail se faisait à belle vitesse, aidé par la fraîcheur relative du petit matin. Les premiers chants s'élevèrent, de plus en plus présents et réguliers. Une heure passa, puis deux. On cueillit les dernières grappes du secteur, puis, ce fut l'heure de la grande pause du matin.
Tous abandonnaient donc seaux et outils, et se couchaient dans l'herbe avec bonheur, afin de soulager leurs lombaires.
Les jumeaux étaient en retard, le casse-croûte aussi. Cela agaça les contre-maîtres, qui s'inquiétaient déjà de ne pas pouvoir achever le programme du jour. En-dehors d'eux, nul ne s'en souciait... Jusqu'à ce que le premier quart d'heure ne se soit écoulé. Et la pause ne dépassait pas la demie-heure !
On attendit encore un peu, mais les estomacs grognaient, et certains commençaient à s'irriter, en prétendant que les Hurlevents pouvaient bien avoir décidé d'économiser sur le casse-croûte.
Alors, l'un des contre-maîtres se décida à envoyer Sören voir ce qu'il se passait. De toute la fratrie, c'était lui qui se fatiguait le moins en cueillant, et qui avait les meilleures jambes. Il se chargea d'ailleurs de la mission avec plaisir. Ce serait toujours un peu de promenade de gagnée sur le temps de travail... Et puis, il en profiterait pour s'amuser un peu avec les chats qu'il croiserait sur le chemin. Si jamais sa mère en venait à le charger du panier, il pourrait même garder facilement quelques morceaux de lard pour ses amis félins !

Mais, plus il marchait, plus il pressentait que quelque chose d'inhabituel venait de se produire, du côté des cuves... ou peut-être même de la ferme. Et il avait beau tenter de chasser ses mauvaises pensées, elles revenaient au galop, rapportant avec elles les spéculations les plus insensées.
Pris d'angoisse, le garçon se prit à courir comme un forcené, prenant la direction de la cour. Il lui semblait déjà distinguer, au loin, des éclats de voix...


[Hrp : Toji, tu me dis si quelque chose ne te convient pas. J'ai planté le décor, mais vu que je ne sais pas ce que tu vas faire... En tous les cas, fais toi plaisir Smile]
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- Comment ça c'est pas un Pinot Noir ?! Vous vous foutez d'ma gueule ?!

- Non Monsieur. Navré mais vous avez tout faux.
- Par tous les barbillons d'Neptunes... Bon ben au moins il vient d'un sol schisteux !
- Non monsieur, calcaire.
- Nom de*... !

Affalé sur ma chaise avec un air mauvais, je scrute en détails et sans la moindre gène mon, interlocuteur... Fier et noble, le type ne baissera pas les yeux... Foutu connard... J't'apprendrai à m'contredire tu vas voir... Je saisis donc un autre verre de dégustation, avant de l'porter à mes lèvres afin d'en savourer le contenu. Des vins d'une qualité rare qu'on m'avait dit... Les coteaux des Hurlevent sont les meilleurs de cette partie des mers qu'on m'avait dit... Ouais ben on avait oublié d'm'informer que les Hurlevent étaient de sacrés chieurs et des foutus menteurs !

- Millésime 1608, Grand cru Sheiran... que j'lance d'un air connaisseur.
- Tout faux encore une fois monsieur. 1606. Pointeau Pinet. qu'on m'répond d'un air las.

Et cette foutue greluche qui pouffe dans un coin ! Raaah, ils s'foutent tous de ma gueule les enflures ! Ils osent se moquer d'moi, le grand Arashibourei, septuple champion des arènes privées du seigneur Okizuna. Ils ont pas dû m'reconnaitre c'est pas possible autrement ?! Reste cool Toji, reste cool... Fais pas l'con t'es sur la sellette... A peine une semaine que le Colonel O'Bannon t'as tirer le cul des arènes pour te faire rentrer dans la marine, ça s'rait con de redev'nir esclave pour une p'tite impulsion un poil trop brutale. T'as des projets Toji, pense à tout ce que tu t'es promis de faire... Chier ! Deux jours de perm' qu'il me donne d'office le colonel, ça sonnait bien à première vue... Alors j'métais dis qu'j'allais profiter de ce peu d'temps d'une liberté fraichement acquise pour aller m'faire plaisir sur l'île la plus proche. Treize ans d'esclavage et on vient m'souffler dans les bronches dès la première fois où j'fous l'nez dehors en solitaire. Avouez qu'ça mettrait les glandes à n'importe qui ! Et toi connasse t'as interré à fermer ton claque merde avant que j'te défonce !... Cool Toji... respire profondemment...

Surtout que ces connards font juste ça pour m'faire chier, obligé. Durant mes belles années de champion, j'en ai siroté des grands crus croyez moi. Privilège de la force v'voyez. Alors j'ai acquis la maitrise du sujet en bon hédoniste que je suis. A chaque fois que j'essayais de deviner, les esclaves qui me servaient m'acclamaient à grands renforts de félicitations. Un don qu'elles m'ont dit que j'avais. Et là, pfiuuut plus rien. Ils osent me contredire à chaque fois. C'est parc'que j'suis un Homme-poisson j'en suis sûr... putain d'fachos ! J'vais leur apprendre le respect vous allez voir, et à ma façon.



- Excusez-moi monsieur, Mais vous ne nous avez toujours pas dit votre nom.

Hum ?... Merde, pas question que j'leur dise mon vrai nom, ca s'rait un coup à m'plomber ma réputation d'entrée d'jeu... Faut que j'trouve autre chose... Heureusement que j'suis en civil. J'zieute donc mes avant-bras nus... et puis sans reflechir, y a ces mots qui sortent de ma bouche.

- Thunder Fish.

Je l'sais pas encore, mais ma deuxième identité vient d'naitre. Celle de l'ombre. Celle des exactions, qui sera synonyme de mort et d'peur dans quelques années... En attendant, c'est pour moi celle de la liberté... loin de la Marine et des arènes de Marie Joa. Un nom avec lequel j'peux et je f'rai c'qui me plaira, quand il me l'plaira. Liberté... Un mot qui prend enfin un sens véritable...
Une seconde perdu dans les pensées, j'ai tiré sans m'en rendre compte une cigarette de ma poche avant d'me la planter dans l'bec. C'est alors que j'capte tous ces regards portés sur moi... Au fond d'eux ils se moquent et me prennent pour un con... Tin' qu'j'ai horreur de ça. Mon nom sera craint d'par toutes les mers vous allez voir bande de bouseux !

- Du feu esclave. Que j'lance à la femme qui est à côté d'moi, presque par habitude.

Je vois alors le regard du patron se teinter d'une colère contenue... Quoi ? C'pas une esclave ? Ben alors c'est quoi ? Y a l'maître, toi, puis les esclaves non ? C'est pas comme ça qu'ça marche ici aussi ? Sa femme p'tetre, à la limite. Bah, pareil au même si j'ai bien compris... En tout cas pour ma clope va falloir que j'fasse ça en solo... qu'elle misère de n'plus être entouré de larbins serviles... Faudrait que j'me mette aux cigares, j'suis sûr que ça en imposerait plus.



- Dehors monsieur.

Calme, propre, poli... mais les faits sont là : le mec me fout à la porte de sa propriété. Moi ? Un client venu déguster ses produits. J'en reste con... les yeux grands ouverts. Puis quand j'vois qu'il plaisante pas, j'change de trogne. J'passe à celle des mauvais jours. Regard sombre, promesses de vengeances pleins les pupilles... J'me lève donc lentement, faisant inconsciemment jouer mes muscles volumineux sous ma chemise civile...L'air s'épaissit, la tension monte... Pas maintenant Toji... plus tard. Ok que j'me réponds. Plus tard... Sans un mot, me voilà donc repartis. Mais c'est pas dit que ce soir la nuit vous sera clémente... J'vais vous montrer comment améliorer votre pinard à la mode sanguinaire... Fallait pas s'mettre à dos Toji Arashibourei.
Ou plutôt, Thunder Fish.




Dernière édition par Toji Arashibourei le Jeu 10 Mai 2012 - 20:15, édité 3 fois
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Délicieuse, cette petite île. Un endroit paisible où la nature vivait en parfaite harmonie avec l'homme. Un endroit sous-développé pouvaient dire certains, mais un havre de paix pour quiconque connaissait la vraie valeur des choses. Le jeune marine, qui décidément n'arrêtait pas de prendre du galon, ne regrettait pas cette petite excursion sur son océan natal.

Il avait fait quelques rencontres vivifiantes non loin de la petite ville côtière au sud de l'île. Mais aujourd'hui, une révélation pourtant jugée anodine par son interlocuteur venait de le frapper en plein visage.

" Quoi? Vous n'avez qu'une seule école sur cette île?"

Un vieillard, visiblement éprouvé par la vie agricole vu comment il était continuellement plié en deux, venait de lui apprendre la nouvelle. Ses rides creusées et ses dents manquantes ne l'avaient pas empêché de rire joyeusement devant l'étonnement du sous-lieutenant.

" Beh oui! Pourquoi voulez-vous qu'on étudie alors que les enfants aident dans les champs?"

Une réponse simpliste qui traduisait un manque fondamental ignoré ou refoulé. Ces braves gens vivaient peut être au rythme des saisons et au bon vouloir du climat, mais les enfants devaient avoir le droit d'étudier pour ne pas se tuer à la tache dès leur plus jeune âge. Il fallait faire quelque chose. Soren n'avait bien entendu pas assez de pouvoir pour imposer la mise en place d'une éducation obligatoire. Mais son petit cœur tendre et compatissant ne pouvait se résoudre à laisser des âmes charitables dans l'ignorance.

Deux ans déjà qu'il avait découvert les bienfaits de son dogme. Le partage et l'entraide étaient des notions primordiales dans les écrits sacrés. Il avait ici l'occasion de rendre la vie plus facile et agréable à des êtres humains. Un privilège qu'il ne devait surtout pas laisser passer.
Pour cela il devait se rendre dans le hameau le plus proche afin de tenter de convaincre les pontes des lieux. Ensuite, sur le plan financier, il avait quelques sous de côté certes, mais contribuerait surtout à rembourser de telles constructions mois après mois. A quoi servait l'argent si ce n'était à aider son prochain?

" Apporter la joie chez des êtres en manque certain est une des plus belles formes du bonheur." Chapitre deux, verset trois

Les vignes, s'étendant à perte de vue, bercèrent son chemin vers sa destination, le coteau de Hurlevent. On pouvait sentir les embruns de la mer et Soren se souvint avec allégresse de ses jeunes années passées avec son frère dans un endroit pas si différent de celui-ci. Après quelques pérégrinations il arriva sur place. Un seul chemin assez large faisait office de rue principale, quelques maisons s'étaient rassemblées ici comme pour veiller les unes sur les autres. Le vieil homme l'avait dit, la maison du patriarche était la quatrième en arrivant, une bâtisse simple mais chaleureuse où l'on devait tout de même souffrir quelque peu des caprices de la météo. Il allait falloir attendre la pause du déjeuner pour le voir rappliquer, car en cette matinée presque caniculaire tous étaient de corvée de ramassage.

*Même les enfants, songea le marine.*

Lui qui n'avait que vingt et un ans, il savait qu'à son âge les dos devaient déjà être éprouvés. Le prix à payer pour vivre en communion avec Dame Nature.
La maison n'était plus très loin et il pensait déjà à se poser tranquillement sous un arbre pour relire ses versets en attendant la compagnie. Près de son objectif, une bourrasque manqua de le bousculer. Un homme, ou plutôt une bête vue sa carrure, venait de sortir en trombe d'une maison voisine, une auberge apparemment. Leurs regards se croisèrent. C'était un homme-poisson! Que venait-il faire ici? Son visage était tiré, de ceux qui viennent d'être passablement énervés par une situation. Sa bouche entrouverte laissa apercevoir un paquet de dents acérés. Cette vision assez effrayante inspira au sous-lieutenant un nom pour cette homme: "Les Dents de la mer". Un nom qui pouvait aisément servir de titre à un roman ou à un film à suspense. Malgré cela, Soren lui adressa un de ces sourires charmeurs dont les femmes raffolaient, toujours heureux de rencontrer de nouveaux individus divers et variés.

"Bien le bonjour mon ami! Ne soyez pas si brutal et prenez le temps de vous balader sur ce charmant îlot. Vous paraissez anxieux, puis-je vous aider?"

Le sourire n'eut visiblement pas l'effet escompté car après avoir maugréé quelques paroles douteuses l'intéressé tourna les talons sans cérémonie. Note pour l'avenir, ne pas tenter d'apaiser les pulsions d'un colosse, pas de face en tout cas.
Intrigué, Soren se dirigea vers le seuil de la porte que l'inconnu venait de quitter. Le patron, visiblement inquiet et un tantinet désappointé, regardait son précédent client quitter la place.

"Que se passe-t-il monsieur? Cet homme vous causes des tracas? Allez expliquez-moi tout ça autour d'un bon verre."

Il entra à la suite du commerçant. Certes il venait passer du bon temps ici mais il était un marine. Un homme intransigeant envers le crime, qui punissait les pêchés de ses congénères. Et un homme louche comme ça dans un hameau si tranquille, il allait falloir enquêter un tant soi peu.
    Le garçon courait toujours, lorsqu'il vit son père émerger de la cave. Pas seul, puisque sa mère le suivait de près. A leur suite venait un curieux bonhomme que Sören n'avait jamais vu. La cause du problème ? Que faisaient-ils donc à la cave à une heure pareille ? Eux, si soucieux du protocole... Et dire que le premier chariot était en route, et serait bientôt là, à vomir ses flots de raisins dans l'une des cuves !
    Malgré sa jeunesse, le petit vendangeur savait fort bien que ceux qui travaillaient aux pressoirs n'avaient pas tellement besoin de se rendre à l'atelier avant l'arrivée du premier chargement. Il savait aussi que, pendant les deux heures de désœuvrement matinal qui résultaient de l'attente, son père ouvrait toujours sa cave sans grande conviction. Il parvenait presque toujours à négocier la vente de quelques bouteilles en pleine saison, ainsi. Mais il savait aussi que le père Hurlevent était un homme plein de rigueur, et qu'il ne trainait jamais à la dégustation plus que nécessaire.
    Quand à la mère... Elle l'accompagnait généralement pour accueillir le client, une fois le lard, les saucisses au choux et le jambon placés au four. Un vieux four à bois, qu'elle maniait comme personne, et dont elle se réservait l'exclusivité.
    Mais elle était tenue de partir avant son époux, pour remplir les paniers et les charger sur les brouettes, que poussaient ensuite les jumeaux ! Pourquoi diable avait-elle tant traîné ?


    -Père, mère ! Les gars m'ont envoyé après vous... On a tous faim, et puis, quoi, c'est l'heure !
    -Du calme, fils.

    Sans dire un mot de plus, le vigneron se détourna, et, d'un geste brusque, ôta sa chemise qu'il abandonna sur un tas de bois. Il fit de même avec son pantalon, qu'il troqua contre une sorte de vieux short usé jusqu'à la corde et tâché de mou de raisin. Puis, il disparu dans l'atelier, au sein duquel trois de ses fils travaillaient déjà dur.
    Sören se laissa conduire par sa mère en cuisine. L'étranger, qui avait l'air très intrigué par tant de hâte, se mit en tête de les suivre.

    Devant le four, ils trouvèrent Niels et Elen. Perdus, ne sachant que faire, ils avaient tiré la viande du feu pour la placer dans les paniers, mais n'étaient absolument pas assez forts pour porter le tout dans les brouettes. Sans parler du fromage, une tomme dure comme le bois qu'il fallait couper pour gagner du temps ! Et l'heure qui tournait, le soleil qui, bientôt, écraserait le vendangeur de ses rayons brûlants, impitoyables...


    -Sören, carga ouna bariota amb las carn, zo, ZO ! Se passarà la tome e lou vin dans los rengs amb los bessona !
    -... Oc !

    Sylva, la mère Hurlevent, avait l'habitude de parler la langue de la région avec ses enfants. Surtout lorsque les circonstances étaient pressantes. Elle savait placer dans son accent des accélérations qui cinglaient comme des coups de fouet.
    Aussitôt, Sören avait chargé une brouette de charcuterie, et s'était lancé vers les vignes, poussant de toutes ses forces la brouette. Il risquait à chaque moment de se laisser emporter par son poids, mais qu'importait ! Au passage, il glanait des tranches de lard et de saucisson, qu'il fourrait dans ses poches. Ce serait pour les chats.

    Lorsqu'il parvint à l'endroit de la pause, les vendangeurs étaient prêts à se remettre au travail. Les visages fermés en disaient long sur ce que chacun pensait de ce retard inopportun...


    -Un quart d'heure de plus, les gars ! On rattrap'ra sur midi, aller !

    Les mains se jetèrent en masse sur la viande. Quelques râleurs déplorèrent l'absence de fromage et de vin, lorsque, du haut de la colline, l'on vit arriver la Mère, suivie du curieux personnage que Sören avait entrevu un peu plus tôt. Un touriste qui se sentait chez lui, un peu persistant, sans doute... S'il voulait rester, il serait très vite mis à contribution.

    -On reprend... On reprend ! La tête dans l'cep, les gars ! … Aller, DAÏ DAÏ !

    De plus ou moins bonne grâce, chacun repris son seau et sa serpette, et entama un nouveau rang. Le fromage et la boisson furent très vite les bienvenus. Les chansons repartaient de part et d'autre.
    Sören, le ventre plein, buvait une tasse d'eau sans détacher les yeux de ses raisins. Il ne s'aperçut même pas que celui qui venait de le servir n'était pas sa mère, mais bien l'étranger, qui avait l'air fort intrigué de le voir suer ainsi sous le soleil de dix heures...


    [Hrp : Tchop', Soren ! Si ça te va, pendant que Toji rumine ses sombres projets, on a le temps de faire plus ample connaissance dans les vignes. Dis moi, si ça ne te convient pas. ]
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    [Hrp: Ca me convient très bien, un peu moins au dos de Soren pour le coup!]

    ****


    Alors comme ça l'étrange inconnu à l'air haineux les avait insulté. Comment diable pouvait-on appeler son hôte "esclave" ? Les jurons bien sentis qu'il avait reçu lors de leur brève entrevue collaient bien à la description du personnage que venaient de faire les deux vignobles.
    Cette île n'était finalement pas si grande, il se mettrait sur cette affaire si le gredin revenait dans le coin pour faire des siennes. Thunder F qu'il avait déclaré s'appeler. Pas très académique comme surnom.

    En attendant il avait aussi eu le temps de questionner la famille sur l'endroit où il pouvait trouver le maire du village ou en tout cas la personne la plus influente qui s'occupait couramment des négociations et des débats inter-coteaux. Ce dénommé Brom était apparemment en ce moment même dans les vignes, à aider ses compagnons dans leur dure tache sous ce soleil écrasant. Après leur avoir promis de revenir consommer des vins visiblement délicieux, Soren fut surpris de leur rapidité à vouloir repartir dans les champs et décida de leur emboiter le pas.

    Soit, je vous suis dans ce cas.

    Les champs s'étendaient à perte de vue, vue qu'on perdait justement assez vite en raison de la brume matinale qui déjà commençait à s'estomper, et la trentaine de travailleurs qui s'affairait au travail paraissait bien ridicule en comparaison avec le nombre incroyable de rangées. Le marine se sentit bien petit en cet instant et se demanda alors si dans ce vaste monde certaines personnes avaient le pouvoir de se dédoubler. Ici en tout cas, cela aurait bien facilité le mouvement. Cela ne gênait pas les braves hommes -et enfants- qui devaient sans doute refaire le même trajet années après années. Il questionna brièvement la tenancière de l'endroit qu'ils avaient quitté un peu plus tôt.

    Toute votre famille travaille ici dans les champs? Même les enfants?

    Non, pas nos plus jeunes enfants. Mais notre Sören qui aura bientôt dix ans lui a déjà commencé oui.

    Sören? Il n'avait vraiment pas l'habitude de voir quelqu'un porter son auguste prénom et ne s'attendait certainement pas à trouver quelqu'un affublé de ce délicieux intitulé ici même.

    Oh, pardonnez-moi, ce prénom me fait penser que je ne me suis pas présenté madame. Laissez moi rattraper mon manque évident de courtoisie...


    Il ne dévoila pas son statut de marine. Les paysans se seraient demandés ce qu'un militaire pouvait faire ici et il ne voulait pas les inquiéter. Et puis il n'était pas en mission, à quoi cela aurait servi?
    Soren oublia pour un moment ledit Brom et préféra s'intéresser de plus près au jeune garçon qui avait repris le travail comme tout le monde. En l'observant quelques secondes, il lui décela un petit air malin, de ceux qui plus tard pouvaient devenir de bons commerçants ou des diplomates avisés. Rien de bien vraiment commun avec le travail manuel et épuisant physiquement qu'il s'imposait actuellement.

    Il était si concentré par son travail qu'il ne fit en premier lieu même pas attention au gradé qui venait de lui donner un grand bol d'eau rafraîchissante.

    Eh bien mon jeune ami, ce travail n'est pas trop éprouvant pour quelqu'un de ton âge?

    Il avait voulu rendre son ton amical mais il regretta à moitié ses paroles après les avoir formulées, espérant que son interlocuteur ne prenait pas cette remarque pour de l'animosité ou un quelconque air hautain. Il s'empressa d'ajouter:

    Je veux dire que pour ta croissance, rester à moitié baissé pendant plusieurs heures n'est peut être pas l'idéal.

    Il avait peut être mis les pieds dans le plat, mais son objectif premier était de bavarder avec des enfants pour voir si l'idée d'une éducation sérieuse et complète leur était déjà venue à l'esprit. Le petit homme paraissait intrigué par ces déclarations directes. Soren changea de tactique.

    Dis moi mon brave Sören, pourrais-tu m'apprendre à couper les vignes? J'ai demandé à ta mère et elle m'a dit que tu étais un expert! Nous pourrions discuter en même temps. J'ai même un instrument spécial pour couper en précision, tu m'en diras des nouvelles.

    Il dégaina discrètement Mel, sa plus petite dague qui devait à peu près faire la taille d'une serpette. Elle était jaune et blanche et sa lame était tout sauf émoussée. En général ce n'était pas des vignes qu'elle tranchait mais après tout une arme n'avait pas qu'un seul usage. Surtout cette facétieuse Mel.


    Tu sais quoi Sören, avec un tel prénom tu iras forcément loin, crois en un spécialiste!

      Un... Couteau ? Ce type voulait vraiment vendanger avec un machin pareil ? Une petite lame trop droite, trop large et trop longue... Mais il était fou ! C'était un coup à se planter un doigt, au mieux !
      D'un revers de main, Sören s'essuya les lèvres, et rendit la tasse à l'homme qui s'était improvisé distributeur. Il ne répondit rien à ce qu'il avait dit sur son travail, sa croissance, tout un tas de choses qui ne lui évoquait rien que de l'antipathie.
      Certes, Sören était un petit garçon plutôt atypique. Ses amis étaient des chats, il avait un goût pour l'indépendance, les sorties nocturnes, le secret, les grandes courses dans les bois, comme ça, pour rien, pour se sentir vivre. Mais il conservait, malgré une certaine réserve, des attitudes d'enfant paysan. Il n'aimait pas les gens qui, à peine sortis des villes, s'amenaient avec leurs gants blancs et leurs grands discours.


      -Eh...

      En plus, il disait s'appeler Soren, et avait l'air de se trouver bien content de lui... Les gens des campagnes n'aimaient pas l'auto-suffisance. « Il est ben fier », disait-on d'un homme qui venait à se montrer un peu trop sur de lui, et qui prenait des airs de supériorité. Et dès lors, on lui tournait le dos, jusqu'à ce qu'il ait compris la leçon.
      Sans avoir à se baisser, le garçon s'était attaqué à un nouveau cep. D'une habileté étonnante, il détachait les grappes d'un geste sûr et précis. Sans même y penser, il planta son regard dans celui de l'homme. Un regard entièrement dénué d'agressivité, rempli d'une simplicité détendue. Avec un aplomb qui ne s'apprenait pas dans les écoles, il répondit avec calme.


      -J'sais pas trop où j'irais, m'sieur. Au bout d'mon rang, déjà. Et... y'en a qu'ont soif, parler, c'est bien, mais faut penser aux autres. Et puis... et puis tu f'ras rien avec ce couteau. Si mère est d'accord, t'auras qu'à aller chercher un seau et une serpette en bas. C'est tout, voilà.

      Comme pour appuyer les paroles de l'enfant, une voix féminine autoritaire s'éleva d'une rangée.

      -Eh, là ! L'homme-fontaine ! Faudrait voir à y avancer, y'en a qui sont déjà en train de sécher sur place !
      -Daï, DAÏ !

      Le contremaître du jour avait toujours tendance à se sentir obligé de ponctuer un ordre venant de plus haut par un cri d'encouragement. Alors, les vendangeurs redoublèrent d'efforts. Sans doute à regret, l'étranger fut bien obligé d'abreuver toute l'équipe, avant de descendre en direction du chariot pour récupérer son matériel.
      Entre temps, les coupeurs avaient achevé leurs rangs, et redescendaient. Sören prit une rangée au hasard, sans hâte, tandis que le nouvel arrivant, qui avait retroussé ses manches, s'installait à ses côtés. Décidément, il avait vraiment l'air curieux, le bougre !
      Mais, peu soucieux de l'âge de l'homme auquel il s'adressait, il lui fit signe de regarder. Tout naturellement, il lui livra quelques explications rapides.


      -Ta serpette, tu la prends comme ça.

      Exhibant sa main droite, Sören montra avec patience la position : l'auriculaire dans le trou, qui servait à toujours avoir l'instrument bien en main, et le manche calé dans le creux des doigts. La partie coupante prolongeant tout juste le poing... C'était là la différence : une serpette ne dépassait guère les douze centimètres, ce qui en faisait un outil extrêmement maniable. Ce qui était proprement indispensable, pour atteindre la base tendre des grappes, qui seule pouvait être tranchée rapidement et sans effort.

      -Appuie pas sur les raisins, quand tu coupes. Et fais attention à tes doigts !

      Tout en donnant ses explications, avec un certain amusement qui se lisait dans ses yeux, Sören avait commencé à travailler. Bientôt, son seau fut plein. Les porteurs passèrent une première fois, puis une seconde. Lentement mais surement, l'étranger prenait le rythme. Alors, bien content au fond d'avoir en face de lui un partenaire loquace, le garçon laissa la curiosité de celui-ci s'exprimer. Curiosité qui paraissait intarissable...

      [Hrp : une serpette de vendanges, c'est ça :
      Spoiler:

      J'ai volontairement pas trop avancé sur ce coup. Histoire que tu aies une idée du petit bonhomme. Fais toi plaisir sur ce post :p]
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      Voilà un bon moment qu’il n’avait pas fait le serveur pour tous les travailleurs. Quand il était petit il lui était arrivé d’aller réapprovisionner des paysans dans leurs champs avec son frère cadet, mais il en avait presque perdu l’habitude. Après tout rien n’était trop bon pour obtenir des sourires chaleureux. Ou le cas présent des « merci » rauques d’hommes bien trop occupés pour lever les yeux. Il se sentit soudain étranger, comme si cette sphère le rejetait, comme s’il n’avait pas sa place dans ces vignes ou plutôt qu’on ne voulait pas lui en laisser.

      Mais ce n’était qu’une première impression pour eux. La grande force de Soren était sa ténacité, sa manière de revenir encore et encore à l’assaut jusqu’à son intégration à un groupe. Le processus paraissait ici ambitieux étant donné le temps réduit qu’il avait prévu de passer sur place. Mais essayer ne coûterait rien au fier sous-lieutenant qu’il était. Le petit gamin lui avait répondu très froidement tout à l’heure. De la méfiance sans doute. Il allait revenir à la charge et prouver sa bonne foi comme il le fallait. Une serpette en main il s’approcha de nouveau de l’enfant bougon pour mettre la main à la pâte. Pour se faire il remit sa dague dans son fourreau.


      * Ne t’inquiètes pas Mel, tu pourras t’amuser plus tard, il ne voulait pas te blesser, reste sage et tout ira bien.*


      Le Sören bis lui expliqua alors, et c’était un progrès, comment couper le plus efficacement les grappes de raisins. Toute une technique ! Au début il eut du mal et se retrouva vite distancé par les habitués du coin. Mais au fur et à mesure des minutes, son rythme s’accéléra. Il était devenu au fil des années un virtuose des lames et des objets contondants en général, ce n’était pas une petite serpe qui allait le bloquer
      Petit à petit il refit son retard, se retrouvant ainsi à hauteur, si on pouvait dire ça, de son hôte si accueillant.

      « Tu avais cru te débarrasser de moi hein ! » lui lança-t-il avec un grand sourire, de grosses gouttelettes de sueur perlant sur ses tempes.

      A présent qu’il avançait à une bonne allure, il reprit la discussion.

      « Bien Soren, dis-moi, as-tu déjà réfléchi sur ce que tu voulais faire plus tard ? Je veux dire, comptes-tu rester sur cette île ou t’envoler vers un monde plus vaste ? Je pourrai te raconter des histoires qui te feraient envie à coup sûr ! »

      Le petit ne paraissait pas vraiment emballé. Comment le lui reprocher ?

      « Enfin, si tu veux bien m’écouter bien sûr. Je dois paraître trop bavard, mais tu verras qu’une fois lancé, toi aussi ton esprit fourmillera de nombreuses questions. Si aujourd’hui tu en as déjà, je ferai ce que je pourrai pour pouvoir satisfaire ta soif de curiosité. »

      D’abord sur la défensive, l’enfant parut se détendre au fur et à mesure de leur petit échange. Certes au départ il n’était pas vraiment bavard et son langage restait châtié mais malgré tout Soren sentait qu’au fond de lui un désir d’aventure rugissait. Enfin peut être.

      Les minutes passèrent, puis les heures. L’officier sentit son dos faire des craquements incongrus et remercia le ciel de ne pas avoir du faire ce métier toute sa vie. Avec son acolyte ils avaient abordé quelques sujets intéressants et il l’avait même surpris à quelques reprises poser des questions pertinentes sur des points parfois obscurs. Le marin lui avait raconté quelques péripéties arrivées pendant ses voyages en mer, sans préciser son métier de militaire. Il lui posa une multitude questions aussi. Ses rêves, ses envies, son quotidien, ses racines, ses ailes. Il se revit presque quelques années plus tôt, distillant à son petit frère des conseils avisés, que celui-ci laissait à l’abandon la plupart du temps.
      Il avait abordé le thème de l’éducation déjà. Il avait senti chez son interlocuteur de la réticence, mais pas non plus de rejet total.

      Un des vendangeurs annonça la pause déjeuner. Il fallait maintenant trouver le dénommé Brom pour pouvoir parler calmement de son projet scolaire.

      « Mon cher, sais-tu lequel de ces hommes est Brom ? Si je suis ici au départ c’est pour le voir. »

      Il fallait maintenant espérer que ce monsieur serait plus compréhensif et plus enclin à l’écoute que la plupart des gens qu’il avait rencontré jusqu’alors. « Faut pas rêver » disaient certains.
        Décidément, ce jour là, Sören s'était retrouvé confronté à un bavard comme il n'en avait encore jamais vu. Le bonhomme, sans cesser de travailler, avait recommencé à le questionner sur ses projets, sur ce qu'il ferait lorsqu'il serait plus grand, toute une somme de choses qui n'avaient guère de sens pour le petit paysan. Il était bien vrai que le garçon avait quelque chose de spécial en lui, qu'il gardait secret. Évidemment, il y avait l'amitié profonde qui le liait aux chats; mais il y avait aussi, sans qu'il le sache lui-même de façon claire, un drôle de sentiment enraciné au fond de son cœur. Un sentiment qui n'allait guère de pair avec une vie sédentaire passée à rendre fertile un seul et même sol. Derrière ses gestes assurés de vendangeur, il y avait un lion qui tournait dans sa cage, qui attendait le bon moment pour rugir, se libérer, et aller voir ailleurs. Il y avait un besoin d'aventure, de risque et d'inconnu, un instinct de chasseur.
        C'était là une chose qui arrivait relativement fréquemment, dans les familles de paysans : l'un des enfants finissait toujours par céder au besoin du vagabondage, comme si le fait de cultiver la terre avec résignation avait quelque chose de trop violent et de trop terne pour être constamment accepté par tous, sans heurts ni discussion.

        Ce curieux sentiment, Sören n'y pensait alors, pour ainsi dire, jamais. Bien sûr, à la différence du reste de sa fratrie, il se ménageait du temps libre qu'il grappillait sur ses nuits pour aller courir la campagne avec « ses » chats. En faisant cela, il répondait à un désir impérieux, qui n'engageait pas nécessairement de réflexion sur l'avenir. Au printemps, parfois, il allait garder les montons d'un cousin, de l'autre côté de l'île. Alors, il lui arrivait de chanter, de laisser son esprit vagabonder, et il se prêtait à rêver. Mais jamais il n'avait encore pensé donner corps et âme aux chimères qu'il brodait, tout en sifflant pour rappeler une bête à ses côtés.


        -Je pense pas à demain, parce que, demain, c'est loin, tu sais, m'sieur ! Et puis, t'as oublié une grappe !

        Mais malgré tout, cep après cep, Sören se laissa prendre par les histoires que racontait l'étranger. Des histoires de pirates, de courageux marines, de justice bafouée et rétablie non sans mal, d'océans bleus et de mers abyssales. N'importe quel gamin aurait été séduit. De tels récits, l'on en écoutait toujours des tonnes durant les veillées, en hiver. Du reste, il était évident qu'un homme qui avait vécu au même endroit toute sa vie durant se laissait toujours, ou presque, bercer par la musique d'un conte, aussi basique soit-il. Il n'y avait que les citadins, eux qui voyaient tant de monde défiler sous leurs yeux, pour se montrer blasés et insensibles.

        Mais aux vendanges, il y a une heure que chacun attend toujours avec impatience : celle du repas de midi. Et le contre-maître venait justement de donner le signal tant attendu.


        -Okay, les gars, on arrête là ! Videz vos seaux, laissez les serpettes dedans, on r'prendra après manger !

        Nul besoin d'ajouter un « daï, daï ! ». En moins d'une minute, les vendangeurs s'étaient exécutés, et, comme attendris par la perspective d'un bon repas, tous riaient aux éclats en plaisantant bruyamment. Ce fut le moment que choisit l'étranger pour demander à voir Brom. Brom ! Rien que ça ! Il fallait bien dire qu'il s'agissait, sur l'île, d'une personnalité.

        D'un tempérament paisible, Brom était d'abord celui que l'on appelait pour régler les conflits, quelque fût leur échelle et leur ampleur. Il était également un excellent conteur, et l'hiver, les foyers se le disputaient à la veillée. Il était l'un des seuls éleveurs de l'île, et garantissait l'approvisionnement de tous en viandes et en fromages. Pendant la saison des vendanges, il se faisait toujours le plaisir de « prendre des vacances », comme il disait en souriant sous son épaisse moustache qui soulignait son ton ironique. En réalité, ces congés se résumaient à aller offrir son aide et sa bonne humeur aux trois familles viticultrices de l'île, qui se l'arrachaient. A lui tout seul, l'homme abattait un travail monstre.
        Cela faisait bientôt cinq ans qu'il avait été désigné pour servir de diplomate et de chef administratif de l'île. Pour le cas où il y aurait des choses officielles à négocier avec le gouvernement, des mésententes commerciales à régler, ou même une reconstruction à organiser suite à un sinistre. Et jusque là, personne encore n'avait trouvé matière à se plaindre du service qu'il rendait à la communauté.

        Pour achever le portrait, il fallait encore dire que Brom vivait sans famille véritable, hébergeant chez lui quelques apprentis, seulement. Chacun savait qu'en réalité, il s'agissait d'un ancien pirate ayant été victime d'une mutinerie, ses compagnons le trouvant trop doux pour être leur capitaine. Jeté à l'eau, il avait nagé en plein hiver jusqu'à l'île du Loupiac, qu'il avait réussi à atteindre sain et sauf, miraculeusement. Les paysans du nord étant comme la plupart de leurs cousins des autres blues, il lui avait fallu faire ses preuves pendant quinze longues années, avant d'être véritablement accepté au sein de la communauté. Et il était évident qu'un tel miracle (car l'on pouvait bien ici parler de miracle !) n'avait été possible qu'à la suite d'une persévérance, d'une joie de vivre et d'un courage à toute épreuve.

        Il y avait encore une chose, bien moins connue : de toute l'île, Brom était l'un des seuls habitants à savoir lire et écrire. Savoir dont il ne se vantait du reste jamais, enseignant sur demande (demandes qui se faisaient on ne peut plus rares), et ne tenant pas ce talent en grande estime. Pour lui, comme pour les autres, les véritables connaissances se transmettaient par la parole et par le geste.


        -T'as d'la chance ! Il travaille ici, cette semaine, il est aux cuves avec père et les autres ! Ils viennent tous au repas, tu les verras, t'en fais pas.

        Entraîné dans le sillage des travailleurs, et poussé par le petit garçon, Soren fut bien obligé de se mettre à table avec les autres. Il n'y avait d'ailleurs rien à regretter à ce sujet : un bon repas le midi, et bien arrosé ! C'était la norme, sans quoi, la famille se serait vue accusée d'avarice, ce qui aurait jeté à coup sûr l'opprobre sur toute la récolte, et sur le vin en résultant.

        [Hrp : encore un échange de posts maxi, et la nuit tombe ? Ça serait pas mal que le Toji passe à l'action =). A la rigueur, hésite pas à faire avancer le temps dans ton post.]
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        Quelle tablée ! Les ouvriers ne manquaient décidément pas de gouaille et d’humour. Certes, pendant tout le repas ou presque, Soren avait été la cible des quolibets, rangé directement dans la catégorie des touristes ne connaissant rien à la terre et à son travail. Néanmoins, il prenait ça avec un sourire sincère, conscient de n’être sans doute pas à sa place, mais se prenant au jeu de « Qui a fait la chose la plus incroyable ? »

        « Un tronc entier que j’t’ai porté un jour! » lança un paysan.

        « Bap, moi quand j’étais plus gaillard, un bœuf entier que j’te soulevais. Et facile ! rétorquait un autre. Et toi gamin, vas-y, raconte nous c’que t’as déjà fait avec ta ch’mise et ton chapeau ! »

        Le marine ne sut quoi répondre dans un premier temps. Impossible de citer un fait d’arme sans révéler son identité. Il choisit le ton du défi, amusé de la réaction immanquable qui en suivrait.

        « Et bien moi mes amis, avec l’aide notre chère Mère toute puissante, je peux courir plus vite et plus longtemps que n’importe quel homme. »


        Des rugissements surgirent de toutes parts. Chacun targuait à présent le fils de la famille de ridiculiser l’étranger. « Mon fils y le bat sur les mains ! » entendit-il même dans l’assistance. De quoi le faire rire aux éclats.

        Le repas presque terminé, Soren en profita pour fausser compagnie aux mangeurs pour aller de l’autre côté de la table, près de Brom qui finissait gentiment son pain. Malgré son air avenant, il dégageait une force et une sagesse impressionnantes. En se penchant vers lui, le sous-lieutenant lui chuchota à l’oreille.

        « Monsieur Brom ? Pourrais-je vous parler une minute en privé ? J’ai d’importantes choses à vous proposer. »

        Des yeux d’un vert perçant. Voilà ce qui frappa le plus le fils Lawblood. Avec un sourire amical, le diplomate acquiesça d’un signe de tête. Quelques secondes plus tard, les voilà qui discutaient près d’un chêne, à l’abri des oreilles indiscrètes. Soren lui exposa ses projets. Permettre à tous les enfants le désirant d’avoir des moyens décents d’instruction.
        Il lui expliqua son plan.
        Créer une association caritative à plusieurs endroits, dans plusieurs villes de North Blue. Se servir dans le futur de dons des grosses métropoles pour assurer l’éducation du plus grand nombre et l’aide financière nécessaire à chacun. Grâce à ceci, sur une période de dix à quinze ans, le village pourrait ne plus avoir de problèmes d’argent et se développer suffisamment pour s’épargner des douleurs inutiles.
        Dernière chose, créer une aumônerie, pour tous ceux souhaitant partager un lien et être rassurés. Pour tous ceux ayant peur de lendemains difficiles, une oreille attentive saurait les conseiller.
        Une entreprise risquée, peut être folle, mais qui prônait des valeurs nobles et primordiales : l’entraide, le partage, la connaissance et le respect.

        « Pour cela j’ai besoin de vous mon ami. Aidez moi à convaincre votre village, et à terme tous les cantons, de l’utilité de ce que je propose. Je ne suis pas un économiste, je ne tirerai qu’une seule gloire de tout cela : le bonheur de mon prochain. »

        Brom l’écouta jusqu’au bout sans l’interrompre. L’expression de son visage ne changea pas pendant toute la plaidoirie. Après quelques secondes de réflexion et un long regard échangé, il répondit brièvement mais sûrement, de sa voix suave et mystérieuse.

        « Vous êtes utopiste mon ami. Vous voyez le monde plus beau qu’il ne l’est. Cela vous perdra, vous le savez ? »


        Nouveau silence, nouvel échange de regard. Il reprit la parole, sans changer de ton.

        « J’en parlerai à notre réunion hebdomadaire demain soir. Mais vous êtes un inconnu, ne croyez pas que vos idées vont être acceptées en un claquement de doigt. Votre jeunesse vous aveugle, vous ne prenez pas le temps de voir la réalité des choses. Vous allez devoir faire vos preuves mon enfant, comme moi il y a bien longtemps. »


        Sur ces paroles il rejoignit ses camarades à table. L’officier resta immobile un moment. De l’autre côté de l’auditoire, le jeune Sören semblait le regarder, perdu dans ses pensées.

        L’après midi se passa à peu près comme le reste de la journée, le dos courbé, le front ruisselant. Au petit détail près que Soren, préoccupé par les paroles de Brom, se fit beaucoup plus silencieux. Il fut même surpris de voir que son mini homonyme tentait même parfois de lui faire la conversation. Un retournement de situation assez comique.

        Le soir arriva. Courbaturé, fatigué, Soren s’écroula dans le lit qu’on lui proposa. Il paierait le lendemain. En attendant tout ce qu’il voulait était régénérer son corps quelques heures, se laisser bercer par les limbes du sommeil.

        Il rêva de paysages magnifiques, d’enfants heureux d’apprendre, d’une société où chacun s’aidait, où il n’avait plus besoin de libérer de pauvres âmes. Une magnifique licorne le transportait dans un ciel bleu azur, vers une île inconnue où un grand nombre de personnes l’attendait. De nombreux étudiants le remerciaient d’avoir financé leurs études, il avait...

        BOUM !


        Un grand fracas le réveilla en sursaut. Coup de feu, tempête, accident, que venait-il de se passer ? Il dévala quatre à quatre les marches de l’auberge. Quoi qu’il ait pu arriver, ce bruit n’avait rien de naturel. Pourquoi diable fallait-il que ça arrive alors que ses muscles étaient encore tout endoloris !

          Minuit, l’heure du crime...

          Foutus Hurlevents ! Bande de snobinards prétentieux ! Avec leurs p’tits vins dégueulasses et leur pseudo coopérative de pouilleux élevés à la bouse ! Jt’en fout’rai du Pointaux Pinet... Jt’en fout’rai du sol calcaire... On ne s’était pas permis de m’humilier d’la sorte depuis des années ! MOI ! Le grand Toji Arashibourei ! Adulé par les foules et craint par ses ennemis ! Envoyé paître par un trou’d’balle de vignoble à la manque ! J’enrage, j’fulmine. Cette injustice me bouffe les tripes comme de l’acide tandis que j’me ressasse encore et encore la scène avec toujours plus de colère. Une putain d’boule dans l’ventre et dans la gorge que j’arrive pas à digérer. Ça m’a pourri ma journée d’perm’ et l’appétit qui allait avec du coup. Même pas j’ai pu bouffer un quignon d’pain au resto’ avec ces conn’ries ! Raaaaah, ça va s’payer ! On ne s’moque pas sans conséquence de Toj *, de Thunder F. !

          Minuit, l’heure du crime donc.
          Comme l’être plein de malveillance que j’suis, j’ai pas mis longtemps à trouver un moyen d’évacuer ma rancœur. Hop, pour un filou doublé d’un vicelard comme moi, s’infiltrer dans un village sans surveillance a tout d’un jeu d’enfant ; de même pour c’qui est de « croch’ter » d’un coup sec d’épaule la porte de la réserve. Me voilà donc tapis dans l’noir, les deux pieds aux bords de la grande cuve de fermentation. Un zip de braguette plus tard, j’évacue alors ma rancœur en même temps qu’un bon litre d’ammoniaque. Huhuhu, y a plus classe, mais à cette époque j’débutais encore dans la vengeance. Et puis c’est que l’début... En tout cas ça fait un bien fou ! J’sens l’poids qui s’estompe peu à peu, au fur et à mesure que je jubile de mon sale coup.
          « Une affaire de précision » qu’il m’disait le sieur Hurlevent... Ben v’là pour tes concentrations sodées connards !



          « Hey mais vous faites quoi là ?! »

          Hum ?! Merde de chienlit, ch’uis repéré ! Mon crochetage furtif a pas dû être si discret qu’ça, à moins que j’ai juste manqué d’bol. Dans tous les cas, j’ai un gus sur l’pas d’la porte, en contre-jour des rayons que la pleine lune daigne nous offrir. Tin’ d’bordel de bitte à cornes ! J’sens que l’type s’apprête à beugler comme un âne, alors j’ai mes réflexes de chien d’guerre qui jaillissent et qui m’prennent en charge ; ma main s’tend d’un coup sec, faisant alors voler mon immense poignard qui va s’impacter en plein dans son plexus solaire. Tchack-à-Ponk ! Son corps s’effondre instantanément par terre, tandis qu’une flaque carmine commence déjà à se répandre à grands flots. Pas idée d’qui s’était c’mec, mais il aurait mieux fait d’éviter les curiosités nocturnes. Y a des choses qui rodent dans les ténèbres parfois, huhuhu.

          Me voilà donc en train de remonter ma braguette, avant de tirer le corps par les pieds pour refermer la porte derrière lui. S’agirait pas non plus d’leur abandonner mon précieux couteau. Non mais ho... Et bien que j’ai plein’ment conscience du p’tit meurtre entre ami qu’on vient d’se faire, j’en éprouve pas le moindre remord. Pour n’pas dire que ça m’ferait presque chaud au cœur. C’est si bon de faire c’qui nous plait héhé. Et puis ils l’avaient bien cherché ces corniauds d’bouseux d’fils de catin. C’est vrai ça d’ailleurs ! Quitte à en être là, autant aller au bout des choses ! Ils m’ont cherché, ils vont m’trouver !


          Je redouble de vitesse pour finaliser ma vendetta personnelle, avant qu’un éventuel bruit ne fasse rappliquer toute la maisonnée. Je descends ainsi trois par trois les marches qui mènent à la cave, sautillant presque comme un môme qui se précipite vers sa nouvelle air de jeu. Huhuhu, la cave c’est le coffre fort des vignobles, leur sanctuaire, leur âme pour ainsi dire... Bam ! Gros coup d’pied qui m’ouvre la porte pourtant massive de leur âme. Jm’allume ensuite une clope, et contemple un instant les lieux. Vrai que ça en jette... tant de bouteilles de qualités, cette atmosphère si particulière, ce silence presque religieux. Un profond sentiment de respect m’envahit peu à peu... Puis je sors de mon manteau une grenade d’abordage chipée à la caserne, que j’allume sans hésitation à la braise de mon mégot. Pshiiiiiiiii... La petite sphère métallique roule et roule entre les rayons et les précieuses bouteilles de millésimes.
          Et tandis que je sortirai en ricanant comme un démon, un puissant jet de poussière et de gravât me suivra par l’embouchure de la cave, tandis que l’explosion de la grenade concentrée par l’espace exigu de la cave fera éclater toutes les bouteilles de la réserve !
          BOUM !

          Ça vous apprendra bandes de sales zom’ ! Mwouahahah* Keuf keuf !...


          Dernière édition par Toji Arashibourei le Mar 1 Mai 2012 - 23:52, édité 2 fois
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          La nuit était paisible, mais Sören se sentait curieusement tourmenté. Il avait certes l'habitude de ne pas toujours bien dormir. Souvent, il lui semblait que la forêt l'appelait de ses mille voix, et que le vent qui bruissait dans les feuilles l'invitait à prendre le large. Alors, il s'échappait de son lit, et partait courir la campagne avec ses chats, qui avaient toujours l'air de l'attendre un peu. Comme il les enviait alors, eux qui étaient libres, qui mangeaient ce qu'ils trouvaient ou ce que l'on voulait bien leur donner, et qui vivaient dans le soleil sans jamais avoir l'air de devoir se soucier du lendemain !
          Mais, lors de la saison des vendanges, le garçon était bien trop fatigué pour penser à cela, et faisait ses nuits normalement. Cette fois, pourtant, un curieux cauchemar était venu le visiter.

          Il était adulte, et une barbe blonde lui mangeait les joues. Il ne sentait plus sa main droite. En baissant les yeux, il vit avec horreur qu'un crochet la remplaçait. Sa vue elle aussi lui paraissait étrange, comme aplatie. Il marchait dans un long corridor, et sur le mur du fond, un grand miroir trônait en majesté. Il s'en était approché avec lenteur, sur un air lugubre. Dans un coin, un chat tournait la manivelle d'une boite à musique. Lorsqu'il fut face à son reflet, il s'aperçut que son œil gauche était barré d'une cicatrice épaisse, dont il ressentait étrangement la douleur. Il passa sa seule main valide sur son visage buriné, lorsque, soudain, un courant d'air s'était mis à souffler...
          A l'autre bout de la pièce, un vigneron était rentré. C'était Brom, qui brandissait une bouteille de rouge en riant aux éclats. La voix très grave, Sören lui demanda :


          -Brom ! Quelle est la couleur préférée du grand serpent d'l'île qui vole ?
          -Hya, ah ah ! Tu veux vraiment l'savoir, mon petit ? Hein ?

          L'homme avait l'air fou. En regardant mieux, le garçon s'aperçut qu'il portait un tricorne rapiécé, comme un pirate. Avec les dents, il déboucha la bouteille, et cracha le bouchon. Puis, il se mit à déverser son contenu sur le sol.

          -Rouge ! Comme l'espoir d'un pirate, comme le sang injustement versé, comme le cœur des vignes, comme l'amour, comme la vie ! Rouge !

          La bouteille n'en finissait plus de se vider. Bientôt, ce fût toute la salle qui fût inondée. Sören commença à paniquer, pendant que Brom riait aux éclats.

          -Hein, p'tit ? Ils ont l'air si tristes quand ils espèrent le vide ! Du rouge, c'est c'qu'ils ont pas pigé. C'est c'qui leur manque, à tous ! TOUS ! Hya, yak, yak !

          [i]La musique devenait assourdissante, mais le chat était parti. La manivelle tournait seule...
          Effrayé par cette dernière image, le garçon ouvrit les yeux en sursaut. Il lui semblait encore nager, tant ses draps étaient trempés de sueur... Non, vraiment, il ne se sentait pas de réitérer pour le moment. Il se leva donc silencieusement, et descendit sans un bruit par la fenêtre ouverte. Un regard en direction de la voûte céleste lui indiqua qu'il ne devait être que minuit, à une heure près... Il se promit donc de se contenter de marcher un peu, pour se débarrasser de la moiteur du rêve dont les images lui revenaient encore avec force. Il retournerait dormir lorsqu'il se sentirait apaisé.

          Mais il n'avait pas atteint les vignes qu'une puissante détonation le fit littéralement bondir. Mu par une présence d'esprit qu'il avait déjà acquise, à force de sorties nocturnes interdites, il retint le cri de terreur qu'il sentait naître au fond de sa gorge.
          Comme une ruche réveillée en sursaut, les dortoirs retentissaient de cris, d'ordres, de contre-ordres, le tout dans une pagaille des plus aberrantes. Sören s'était caché derrière un buisson, près du chemin qui menait au village. Il pensait être hors de danger lorsque, soudain, une forte silhouette se découpa dans les ténèbres. Le visage, à peine éclairé par la lune, remplit l'enfant d'une curiosité qui se teintait de peur. Il avait été repéré... Mais par qui, au juste ? Il n'eut pas le temps de le deviner que l'ombre l'attrapa au col, le forçant à sortir de sa cachette.


          [Hrp : post un peu bref, je suis désolée. J'ai un peu trop trippé sur le rêve pour garder de l'énergie pour le reste (si, si...). A vous de voir à qui appartient la silhouette qui a tiré Sören de sa planque. Brom, Toji, Soren ou un quidam, je suis open x) ]
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          De la fumée. Beaucoup. Une cave à vin qui fumait. Accident ?
          Soren n’était pas le premier sur les lieux. Déjà un bon nombre d’habitants s’étaient réunis pour endiguer de possibles départs de feux. Que s’était-il passé ?

          Il se fraya un chemin jusqu’à la porte. Un paysan gémissait au sol, détruit par la gravité de la situation.

          « La réserve est fichue ! Fichue ! Comment on va survivre si on vend pas nos bouteilles ? »

          Sans prendre en compte la méfiance relative des locaux, sa formation de militaire le poussa directement à faire un rapide tour des lieux.
          Il pénétra dans la cave, sa main sur sa chemise pour ne pas respirer trop de fumée. La chaleur était suffocante. Des traces de poudre étaient visibles au sol. Tout sauf les signes d’un incident involontaire.
          Il fut alors témoin d’une scène qui lui glaça les sangs. Un cadavre était présent, dans un coin, à moitié carbonisé. Un pauvre veilleur qui n’avait rien demandé.
          Paix à son âme. Il était à présent chez notre Sainte Mère, qui l’accueillerait et lui permettrait de rejoindre ses anciens amis. Tout revient toujours à la Nature, il ne fallait jamais l’oublier.
          Mais une tache écarlate attira le regard du jeune officier.
          Le malheureux... avait un trou dans la poitrine. Un trou qui n’avait pu être causé que par une arme blanche.
          C’était un meurtre. Les dégâts matériels étaient une chose, mais la vie d’un innocent classait l’affaire dans un registre tout à fait différent. Quelqu’un allait devoir payer pour ce geste. Et très cher.

          Il ressortit à la hâte. Brom et d’autres s’étaient rassemblés pour coordonner le tout. Soren le rejoignit pour lui expliquer la situation.

          « Un des villageois est mort à l’intérieur. Et pas à cause de l’explosion. Dites à tout le monde de rester groupé, ce village n’est pas sûr en cette nuit funèbre. »

          Il ne sut pourquoi mais il était presque persuadé que celui-ci avait démasqué sa réelle identité. Peut être dans la manière de réagir à la situation. Il n’opposa cependant pas de résistance, n’en fit pas mention et lui demanda simplement ce qu’il comptait faire.

          «Ne me demandez pas ça, il n’y a pas de réponse respectable. Fouillez le village, mais quoi qu’il arrive que personne ne reste seul. »

          À part moi pensa-t-il intérieurement. La situation était claire. Le sang n’avait pas fini de couler cette nuit. Le monstre qui venait de faire ça allait rejoindre rapidement notre Sainte Nature. Et pas de la manière la plus décente qui soit.
          Il retourna à l’auberge et reprit sa veste. Il put dénicher un long morceau de corde solide. Il en attacha un bout à l’extrémité de Mel. Ce soir il allait jouer au lasso. Il ne savait pas encore envers qui, mais la corrida serait mortelle.

          Il n’eut pas à chercher longtemps. Aux abords du village, alors que l’endroit était presque désert, il entendit de faibles cris. Glissant dans l’obscurité comme une ombre, il se rapprocha.
          Et un peu plus loin il le vit. L’homme poisson qui l’avait bousculé, qui avait été si grossier envers ces braves villageois. Il était là et tenait à bout de bras un petit enfant. Un enfant qui avait de l’avenir et qui portait un prénom délicieux.
          Sans attendre de dénouement tragique il se rapprocha suffisamment, masqué par une ultime maison vide, et lança sa petite dague et la corde à sa suite. Le but était simple, enrouler le tout autour du cou de l’adversaire et serrer assez fort pour qu’il s’évanouisse. Et le reste n’était qu’histoire. Le petit Sören ne devait en aucun cas être la victime expiatoire d’un colosse malfaisant. En tant que marine, en tant qu’être humain et en tant qu’ecclésiastique, il cesserait cette folie.

          Plan n°1 : Éviter le corps à corps. Cette brute ne lui laisserait aucune chance.

            - Bor...del...de...merde !

            Suite à ma p’tite vendetta à la mode "j’ventile de l’alcool", j’étais sur le point d’me tirer peinard en m’fendant la poire, quand tout à coup j’ai été pris d’un doute horrible... Et si ces glands n’étaient pas capables de faire le lien entre moi et mon joli p’tit sabotage ? Quitte à s’venger, ça s’rait con que ça passe pour un acte anonyme non ?! Chier de pute... Surtout que j’leur ai donné un faux nom, alors autant mettre à profit. Du coup j’tourne et retourne sur les abords du bled, avant de m’efforcer à poser ma signature sur un des murs blanc d'la copropriété. Et j’vous cacherai pas qu’c’est galère à mort d’écrire la nuit avec juste un gros bout d’charbon ! Ca marque mal, on voit rien, jm’en fous plein les pognes et jm’énerve ! Du coup forcement, j’fais des fautes en plus... Bordel, les graffitis c’est pas pour moi.

            « Goutter la van vengeance de Thunder F.... »
            Plus assez de charbon pour faire la fin du Fish... Thunder F... ça veut rien dire bordel ! Du coup, quand j’me recule de quelques pas pour admirer mon "œuvre", j’ai l'sentiment cruel d’avoir sérieus’ment manqué d’classe... Ça rend pas comme je l’espérais y a pas escargo-photo ! Note pour l’avenir : arrêter les graf’, à moins d’avoir sept bons litres de sang sous la main. Et faire gaffe à la conjugaison aussi... "Goutter" ?! Roooh putainnnn... Mais bon que voulez-vous, on s’improvise pas baron du crime et duc de la mort du jour au lendemain quoi... Ça s’apprend c’genre de chose.

            - Crack.
            - Hum ?



            Bruit d’branche qui s’pète dans la nuit. J’suis suivi ! Un témoin ? Yes un putain d’témoin pour rattraper l’coup en jouant les passeurs à tabac ! Ni une ni deux je me rue en silence vers le buisson que je vois encore bouger malgré les ténèbres, avant d’y plonger une main avide !
            Hum ?! Chier un môme... Ben alors morveux, t’es perdu ? Trop curieux p’têtre ? Bah ça f’ra l’affaire, suffit d’gérer la scénette pour l’marquer à vie l’môme. J’fais donc ma plus mauvaise tête, avant de m’adresser à lui d’un voix poussée dans les graves.

            - Petit curieux ! Tu vas regretter ta... curiosité. Harf harf harf !

            « Harf harf harf » ?! Putain mais il craint ce rire ! Faut que j’trouve autre chose dans l’style rire gras.

            - Zeahahahahh ?

            Non plus... Un coup à m’taper une angine un rire pareil...

            - Moahahahah ?...

            Ah ?! Pas mal c’ui-là ! Peux mieux faire mais pas mal. Du coup je poursuis mon rire qui se veut machiavélique et qui l’est sans doute un peu, avec un sourire aiguisé à en faire flipper un coutelier. L’môme en reste muet, les miros grands ouverts.



            Sauf que j’aurais pas l’temps finir mon p’tit numéro d’vilain, qu’un foutu gêneur viendra faire son apparition ! Avant que j’ai l’temps d’comprendre quoi qu’ce soit, une corde vient s’enrouler autour d’mon cou comme un bolas, bolas dont le bout ressemble cruell’ment à une lame fine ! Atch’de con ! J’ai tout juste le réflexe de lever ma main libre devant mon visage, le protégeant ainsi d’un poignard malintentionné ! Moralité, le voilà tanqué dans ma pogne, la traversant de part en part... Ça pique un peu, j’avoue... Voir même ça fait un putain d’mal de chien ! Mais heureus’ment aucun tendon ni os n’a été touché, la lame se plantant parallèlement aux métacarpes... Mais le pire c’est que j’peux même pas prendre l’temps d’avoir mal que l’type qui est au bout d’la corde tire dessus comme un sauvage, probablement afin de m‘étrangler. Fumier d’fils d’anchois !
            Sauf que là où j’vois que j’suis né sous l’signe du démon, c’est que la corde en s’enroulant autour de mon cou, n’a pas pu s’empêcher dans sa courbe circulaire de prendre aussi avec elle celui du gamin. Levé au niveau de mon visage, le môme a donc lui aussi la tête enchâssée dans le collet, sa joue alors bien collée à la mienne ! Du coup, si le mec tire un peu trop fort, ça risque fort de sentir la vertèbre prépubère brisée. Huhuhu, en voilà un joli p’tit otage improvisé !

            Je profite donc de la fraction de seconde d’hésitation de mon adversaire pour arracher d’un coup de dent la lame toujours plantée dans ma pogne, avant d’agripper de ma main ainsi libre la corde qui nous relie. Ah tu veux jouer à ça ? Et bien viens donc jouer avec Toj*... euh non merde avec Thunder F. au-temps pour moi. Je tire alors d’un coup sec sur la corde, afin de projeter vers moi mon adversaire du soir, ceci avant qu’il n’ai le réflexe de relâcher sa prise sur son collet. Une main d’libre et un otage collé à moi, il m’en faudra pas plus pour t’mettre une taule mémorable crois-moi ! Déjà m’apprête à le réceptionner comme il se doit, d’un bon gros middle-kick ; question d’allonge, au cas où il voudrait en profiter pour jouer les attaques plongeantes.

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            Sören n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait qu'il se retrouva plaqué contre une poitrine massive, sentant fort le poisson chat frelaté, une corde l'étranglant tant et si bien qu'il sentit soudain sa vue se troubler, et ses joues, chauffer terriblement.

            -Lâ... chez...

            Mais la corde était impitoyable. Elle cisaillait la chair du garçon, laissant apparaître des marques rouges. Puis, soudain, son étreinte se relâcha. Toujours aveuglé, il eut conscience de paroles échangées, et d'un mouvement violent, suivi d'un choc... Puis d'un autre...
            Il toussa, cherchant désespérément à reprendre pied dans le présent malgré la peur qui ressuscitait en lui le souvenir du dîner de la veille. Il souffla, cligna des yeux, et se rendit soudain compte que ses mains enserraient furieusement le bras démesuré qui le tenait captif. Au dessus, un visage terrifiant. Devant, le blanc bec qui avait passé la journée dans les vignes...
            Et derrière, un feulement terrible, comme lancé par une cinquantaine de chats simultanément. Un... Feulement ? Si puissant ?
            Se dégageant autant qu'il put de l'étreinte qui l'immobilisé, pieds dans le vide, le garçon tourna la tête à l'extrême, et aperçu une étrange flopée d'yeux luisants, d'un blanc rendu terrifiant par la lumière de la lune qui venait s'y refléter. Les chats de l'île, « ses » chats étaient là. Poil dressé, ils observaient sans bouger, se contentant de cracher furieusement.

            Les secondes s'écoulèrent comme des heures. L'esprit encore confus, pris entre deux cauchemars, Sören ne bougeait plus, lorsqu'un miaulement terrible sembla résonner jusqu'aux étoiles. [/color]

            -MEEAOOOOOW !!

            [i]Comme des feux follets, les chats venaient de bondir sur l'agresseur toutes griffes dehors, mordant et déchirant ce qu'ils pouvaient, le tout dans la confusion la plus totale. L'effet de surprise fut absolu. Brusquement, le garçon se sentit tomber sur le sol, duquel il se releva aussi prestement que possible. Mais les jambes lui manquèrent, et il dut se contenter de se jeter hors de portée de l'homme à l'odeur marine, pour atterrir aux côtés de son homonyme qui venait de prendre quelque peu l'avantage.

            Mais malgré le choc, Sören n'avait qu'une idée en tête : empêcher que les félins ne soient massacrés par la colère de son agresseur. Que deviendrait-il, si les amis dont il préférait la compagnie à toute autre venaient à mourir ?!


            -RAGAS, RAGAS !! DEZENGATZ, ANATZ !

            Les mots avaient couru comme s'ils étaient mus par une volonté extérieure. Comme sa mère, le garçon avait tendance à utiliser sa langue maternelle dans les moments de panique ou d'urgence. Quelques chats se figèrent, et repartirent aussitôt dans la brousse, mais la plupart firent la sourde oreille. Parmi eux, un énorme Menkoun noir qui, juché sur la tête du monstre, venait de déféquer tout ce qu'il pouvait sur son visage. Visage qui, instantanément, vira au rouge sanguin.

            -De... DEZENGATZ !

            Mais il était trop tard. Il y avait d'ors et déjà des chances pour que la race féline se soit octroyée la haine éternelle de Thunder F...
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            Impossible de serrer ! Le jeune vigneron avait lui aussi était pris dans le piège. S’il relâchait sa prise maintenant, le géant le hacherait menu. Mais comment accepter de voir souffrir un pauvre enfant innocent, même analphabète ?
            L’hésitation fut trop longue. Et en un temps record il se retrouva propulsé vers l’avant, à la merci d’un poing qui allait finir irrémédiablement dans son joli minois.
            Par pur réflexe, il tenta de rendre sa future déculottée un tant soi peu utile. Il dégaina et lança immédiatement Rita en direction de l’ennemi qui se rapprochait. Elle ne ferait sans doute pas grand mal, mais son poison paralysant permettrait au moins de ralentir l’ennemi, voire de l’hébéter un peu. À condition de le toucher bien sûr.
            En ce moment pré-apocalyptique, il aurait bien eu besoin d’une bonne tequila...

            PAF

            Le choc le propulsa violemment en arrière, il chuta lourdement sur le sol. Ses membres déjà bien endoloris furent sacrément amochés, et un filet de sang commença à couler de sa bouche. Il fut sonné par le coup, mais savait qu’il devait se relever au plus vite pour ne pas laisser le temps à son adversaire de finir son œuvre. Il essaya une première fois sans grand succès. Les connexions nerveuses de son cerveau n’étaient pas encore tout à fait opérationnelles, il rechuta donc sans cérémonie.

            Après quelques secondes qui lui parurent une éternité il parvint à se redresser, en position de garde, Edmund à la main. Pour assister à un spectacle déconcertant. Une multitude de chats s’attaquaient à la bête, lui grimpant allègrement sur les écailles. Pendant quelques instants Soren crut être victime d’hallucinations dues au coup. Il vérifia bien que Carlyle était restée au fourreau. Non, pas de doute, il ne rêvait pas. Un gros matou venait même de se... soulager sur le visage haineux de l’homme-poisson. Le tout sur les invectives du petit paysan qui paraissait affolé.

            La suite, plus prévisible, fut tout de même cruelle. Un, deux, trois félins furent projetés au loin. Morts ? Il ne pouvait l’affirmer à la faible lueur de la lune et des lanternes avoisinantes. Mais au vu des impacts, ils ne devaient sans doute pas ronronner. Le marine devait agir, et vite. Nul doute qu’il n’avait pas été oublié, déjà deux dagues avaient été cédées. Il ne pouvait pas fuir, mais la présence de l’enfant le handicapait trop. Avec un témoin présent, il ne pouvait faire disparaitre un corps sans soucis. D’un autre côté, l’afflux de monde était peut être une bonne chose, abattre un mastodonte pareil seul était un défi bien trop osé. Il ne savait donc pas vraiment s’il devait prolonger le combat ou tenter de l’écourter.


            « Fuis, les villageois vont arriver, tu ne peux rien faire, je m’occupe de lui. »


            Sans attendre de réponse, il fit entrer Argos en scène. Sa lame le dopait dans la plupart des caractéristiques physiques. En échange, il devait continuellement la nourrir en énergie. Une contrepartie qui pouvait vite s’avérer mortelle, une fois le jus de l’existence pompé jusqu’à la sécheresse. Ses globes oculaires se teintèrent de rouge vif, pareils à des phares démoniaques dans la nuit. Sa voix, beaucoup plus grave et profonde qu’à l’accoutumée, résonna dans la nuit.


            « Vous êtes le mal. »


            Il bondit sur son adversaire, visant le cœur, tentant de reprendre des mains impies sa chère Rita, qui pouvait rapidement finir le travail. La riposte qui surviendrait lui importait peu, après ce coup il n’aurait de toute façon plus beaucoup de force pour tenter autre chose. S’il parvenait à le blesser, s’il arrivait à planter à nouveau Rita dans une zone vitale, il pouvait clouer le monstre au sol.
            En attendant les renforts de bêches et de fourches.

              - MEEAOOOOOW !!

              Nom de *!... Pas l’temps de jubiler au son mat de l’impact d’ma reprise de volley, que m’arrive de toutes parts une myriades d’ombres toutes en poils et en feul’ments ! Aussi-sec, j’dois avoir mes gènes de poisson qui s’affolent, comme une sorte de peur instinctive envers la gente féline ; vu que j’me paralyse d’un bloc. Seuls mes yeux s’activent dans tous les sens en passant d’un assaillant à l’autre. Bordel, à moins que ce soit l’putain d’poignard que j’ai figé dans l’cuissot qui m’fait cet effet là ? Bizar’ment j’le remarque pas sur le coup, sûrement trop occupé à renvoyer vers les étoiles l’andouille au grand cœur et à la langue trop pendu. A moins que... poison ? Mais pas l’temps pour ces conn‘ries d’détails à la manque, les félins montent à la brèche ! En un instant, j’suis recouvert de tout ce qu’on peut trouver de griffes et d’moustaches à des kilomètres à la ronde ! Griffé, entaillé, labouré ! J’ai l’droit à la totale malgré bon nombre de moulinets réflexes. Ces salop’rie s’accrochent comme un gigolo aux miches d’une vieille aristocrate ! Heureus’ment qu’j’ai l’cuir épais et que par réflexe j’me suis protégé les yeux et la gorge avec le coude... Mais tout ça ne m’empêche pas d’être rapid’ment couvert de multiples perles carmines, les nerfs en feu et la conscience en panique. Mais lâchez-moi foutus matous à la m*... Splotch.

              Splotch ? Oui splotch... Il a osé me splotcher. Moi. Tant d’années dans les arènes à lutter contre des psychopathes et des gladiateurs de renommée mondiale… pour me faire splotcher par un matou. Juste sur l’bout du pif. Juste là, sous mes yeux qui louchent en espérant une illusion d’optique, en vain. Splotché... Je m’arrête sur le coup, figé dans une attitude qui trahi une terrible envie de détruire le monde et tous ses habitants. Les chats ont du le sentir, tout comme le gamin qui crie à s’en péter la voix. Ça va ch*... saigner saigner ! Ça va saigner. Je fulmine, m’embrase presque sous l’effet d’une colère qui m’emplit tel une raz-de-marée. Le barrage de mon self-control tente d’endiguer le tout, mais déjà des fêlures apparaissent ça et là... Splotché, moi...
              Tels les rayons du soleil concentré par une loupe, deux rayons de pure colère jaillissent de mes rétines pour carboniser en une fraction d’seconde la déjection tant honnie, jusqu’au plus petit niveau atomique. Un clin d’œil plus tard, il n’en reste alors que la terrible haine viscérale qui en résulte dans mon cœur. Pas même la plus petite odeur ou grain de poussière... Mes yeux se pose ensuite sur le chat, toujours sur ma tête mais cette fois dans une position plus précaire... Tentative de saut, qu’une main avide de vengeance vouera à l’échec en broyant presque la queue saisie ! Je vais tuer ce gamin. Ce putain d’gamin qui semble si copains copains avec ces damnés chats. Quoique... reste concentré Toji, si tu butes un môme ça va attirer trop l’attention sur cette histoire. Te fais pas choper si près de t’sortir du pétrin. T’as trop besoin d’la marine et des connaissances du colonel O’Brian sur ce fameux haki pour risquer d’te faire arrêter pour une telle conn’rie.



              « Fuis, les villageois vont arriver, tu ne peux rien faire, je m’occupe de lui. »

              Hum ? J’t’avais presque oublié toi... toi et tes d’principes à la noix et tes p’tits couteaux. Fuir ?! Par'c'que tu crois que je vais vous laissez fuir impunément ?! Naifs, nul ne fuira sans avoir payer ses dettes envers moi, et croyez moi que les intérêts vont êtres lourds. La loi du plus fort me dicte de rester et d’vous faire payer l’prix fort de votre résistance !

              « Vous êtes le mal. »

              « Pire, je suis Thunder F*Meaooow...»

              Alors que la fin de mon nom est coupé par un chat qui se débat en vain pour sa vie, je vois mon adversaire se fendre dans une superbe démonstration de vitesse, heureusement pénalisée par une approche bien trop directe pour prendre le pas sur mes réflexes exacerbés par la douleur et le gout amer de l'humiliation. Avec un calme froid, voir glacé, que seul l’homme qui a tant navigué sur l’océan de la colère qu’il en est arrivé sur les berges de l’implacable vengeance peut avoir ; je me décale donc d’une simple rotation de buste pour laisser filer la lame qui se voulait meurtrière. Une telle attaque directe n’a aucune chance de m’toucher. Pas moi, pas dans cet état de rancœur. Mais ce n’est pas encore ton tour. D’abord le gamin et ces chats... Et tandis que je fais peser tout le poids de ma haine et de mon assurance dans ma déclaration, je fixe droit dans les yeux le môme, source de mon humiliation. Regarde gamin, regarde ce qu’il en coûte de te dresser face à un homme tel que moi. J’vais pas te tuer, mais sois certain que j’saurai d’te faire souffrir comme tu l’mérites. T’aurais pas dû impliquer tes amis, ni tes sales p’tits yeux d’foinards d’ailleurs. Regarde...

              Alors, sans la moindre once de pitié, je saisis le gros Menkoun noir entre deux mains... avant d’le compacter dans un grand bruit d’osselets comme on écraserait une brique de lait vide !

              Craaahaaaackrrrr !
              Mes yeux ne se sont pas détachés un seul instant du visage du morveux, savourant ses sentiments soudains. Traumatiser un enfant, ça n’a pas d’prix quand on sait apprécier l’instant.

              Bon, fini d’jouer. Passons au paladin du dimanche.




              Dernière édition par Toji Arashibourei le Sam 16 Juin 2012 - 0:49, édité 1 fois
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              Le prédicateur était en mauvaise posture. La sueur perlait sur son front, et ses mouvements avaient l'air de se faire bien pénibles à supporter. En face, le géant écailleux ne faiblissait pas. Non loin, les cris des vendangeurs se faisaient entendre, ils ne tarderaient plus guère à ratisser le secteur, et à tomber sur le responsable du sinistre. Bientôt, le cauchemar s'achèverait. L'on terminerait les vendanges, et la saison passée, l'on reconstruirait avec stoïcisme. On oublierait. Sans pardonner, c'était certain, mais on oublierait.

              Tout cela n'occupait cependant qu'une place secondaire dans l'esprit du jeune garçon. Les yeux figés, les mains tremblantes de rage, il fixait la dépouille du gros Menkoun. Tordu dans une position obscène, les os en miettes et le poil trempé de son propre sang, celui-ci avait l'air de le regarder encore, ses iris blanchis par le reflet de la lune.

              Sören était un bon garçon. Pas vraiment le genre à se mettre en rogne pour un rien... On aimait à dire de lui qu'il était un peu comme une brave bête de somme, qui porte, porte, et porte encore sans jamais trouver motif à se plaindre. Les choses passaient sur lui comme l'eau sur la toile cirée.

              Mais là... Il sentait que quelque chose venait de se briser net. Un flot brûlant, terrible se déversait dans chacune de ses veines. On lui aurait dit que son cœur était sur le point d'exploser qu'il l'aurait cru sans hésitation. Devant, toute la scène lui paraissait tourner au ralenti. Il n'entendait même plus le rire gras de l'assassin, du salaud qui avait osé s'en prendre aux seuls vrais amis qu'il avait sur la terre ! Il aurait pu tuer froidement ses frères et ses sœurs qu'il n'aurait certainement pas ressenti autant de colère !

              Il n'avait que dix ans, son courage, et un mètre quarante à opposer au monstre. C'était irrationnel, mais il avait déjà perdu la raison. Les yeux fous, il sortit de sa poche le petit couteau à cran d'arrêt que tout fils de paysan se voyait offrir pour son sixième anniversaire.

              L'air farouche, il brandit vaillamment la courte lame en direction de son adversaire, qui avait l'air de trouver la chose très plaisante. Peut-être même en oubliait-il la colère causée par l'attentat fécal du gros chat noir.


              -Re... Reculatz, fugissètz ! Vau...

              Incapable de parler, Sören bondit comme un chat, en imitant le feulement à la perfection. La lame de son couteau pointée en avant, il espérait visiblement planter net son adversaire, tout comme son homonyme l'avait espéré avant lui. C'était dangereux, mais il n'était plus en état d'y penser. Ses mouvements étaient certes vifs, inspirés par le comportement des félins en chasse. Mais face à Thunder F. c'était évident, il n'était rien. Rien de plus que les chats qui avaient déjà trouvé la mort en cette nuit sanglante.




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              Trop facile. Trop facile pour le géant d’éviter l’assaut. Il s’était précipité, il avait voulu en finir vite, quitte à laisser sa vie de côté au passage. Mais d’un simple mouvement on l’avait ignoré, on lui avait bien fait comprendre qu’il n’était encore qu’un lionceau tentant de rugir plus fort que le chef de la meute. En vain.

              Emporté par sa vitesse il mit plusieurs mètres à s’arrêter, juste devant un hangar entrebâillé rempli de tonneaux. Sans doute de la mélasse. Ils étaient tous retenus par un système de piquets et de cordes. Sans ça, la pente avoisinante les aurait propulsé jusqu’au bout de la descente, des dizaines de mètres plus loin.

              En se retournant, il rangea tant bien que mal Argos. Quelques secondes de plus et il aurait pu saluer le Passeur avec un grand sourire dénué d’âme. Le contrecoup l’atteignit aussitôt. Posant un genou à terre, il vomit son diner sur le sol sans cérémonie. À voir la mare surplombée de petits rochers qu’il venait de créer, il avait bien du mal à digérer le maïs.

              Devant lui, une scène aussi irréaliste que dramatique. Le petit garçon tentait d’attaquer le colosse ! Après une joute dont les résultats furent masqués par l’angle de vue, l’homme poisson saisit sa victime par le col. Soren devait crier au monde ce qu’il se passait. Il allait assister au meurtre d’un pauvre enfant sous ses propres yeux qui s’embuaient déjà. Son corps était si lourd. Jamais il ne pourrait agir à temps. Après une brève mais intense analyse de la situation, il tenta un dernier geste inconsidéré. D’un coup les cordes furent sectionnées. Comme un seul homme les barils se mirent en route vers leur prochaine destination, prenant à chaque seconde de la vitesse.

              Par un effort qu’il croyait ne pas être capable de faire, le jeune homme se remit en selle. Et bondit sur certains tonneaux en mouvement, en direction de la future scène du crime.


              « Voilà le dessert ! »


              Ces mots pourtant presque inappropriés fusèrent de sa bouche alors qu’un strike se préparait. Sans savoir si la prise adverse s’était relâchée par réflexe ou par appréhension du futur choc, il récupéra l’enfant d’un bond, s’écorchant au passage sur les écailles du Titan, future quille annoncée.
              Sans se retourner il se mit alors à courir vers le village, colis sous le bras, sans prêter attention aux injonctions avoisinantes, sans vérifier s’il était talonné ou pas de près.
              Il courut comme jamais il n’avait couru. Autour de lui, le temps parut se dilater, comme si son cerveau bouillonnait tellement qu’il frôlait la surchauffe. Ses pas résonnèrent en écho dans sa tête, et il put entendre le son de cloches. La Lumière de la Toute-puissante l’enveloppa, et il se sentit recouvert d’un voile invisible, régulant sa chaleur corporelle, annihilant sa peur, aspirant sa douleur.

              Au loin, des têtes vaguement connues apparurent. Les paysans affluaient, le cauchemar allait se terminer. Il allait peut être enfin pouvoir se reposer jusqu’au lendemain.
              À moins que La Maligne n’en décide autrement en attisant la haine d’un de ses fidèles lieutenants.

                Huhuhu. Mieux que je ne l'imaginais ! Le morveux ressent enfin au plus profond de son p'tit coeur de guimauve les seuls vrais sentiments de ce monde : haine et colère. Viens là mon p'tit, viens venger ce tas d'poils impudent. Huhuhu, je sens qu'on va bien s'amuser ! Toujours un sourire moqueur brillant sur le visage, j'esquive sans peine les coups de lame donnés en furie par le jeune garçon, savourant à chacun de ses efforts la vanité de ses attaques. Ceci dit, il est rapide pour un morveux... bien plus que bon nombre de soldats du régiment malgré son jeune âge... Qui sait quel avenir le destin réserve à un tel gamin ?... Peut être aucun, héhéhé. Finalement, bien que ce p'tit jeu m'ait bien aidé à faire passer la fureur de ma précédente humiliation, je finis par me lasser de toute cette comédie.

                - Il suffit petit. Tu m'as assez diverti. Lui annonce-je d'un air grave.

                Ma main s'abat alors sur son cou, l’enserrant d'un un étau malgré les coups vifs du canifs sur mes écailles. Ci et là, quelques cicatrices carmines font ainsi surfacent parmi toutes les autres griffures des chats... Je ne grimace même pas... Pour un peu je serais presque admiratif devant tant d’énergie, notamment devant son regard dans lequel je plonge... Un instant, l'odeur du sable me revient en mémoire... l'odeur acre du sang qui l'imbibe... la clameur d'une foule... Et la terreur d'un enfant seul qui se perd derrière le bouclier de la rage. Immobile, je le regarde en silence s'activer frénétiquement, comme perdu dans mes songes. Plus de trace de sourire sur mon visage. Une certaine gravité l'a remplacée. On reste donc là, l'enfant et le monstre...

                « Voilà le dessert ! »


                Hum ?! Merde le paladin ! Foutre roux et mortes burnes, jl'avais zappé ce couillon là ! Mais le voilà donc qui refait surface dans mon esprit, cette fois escorté par une bonne vingtaine de barils en pleine jeu de "celui qui ira le plus vite dans ta gueule". Tin' décidément c'est la soirée des emmerdeurs. J'aurais du le buter quand j'en avais l'occaz', une bonne leçon à retenir tiens. On m'la ref'ra pas celle-là. Pas l'temps d'esquiver complétement la déferlante de cylindre, reste le bloc. Hommage à mes origines de la mer, c'est un vrai cap sur lequel cette vague va se briser ! Ourya ! Sans plus attendre, je me prépare à lancer ma plus belle attaque en riposte à la déferlante. Maitrisée depuis peu, mon "Tsunami fist" devrait déployer assez de puissance pour n'en faire qu'un bouchée, héhéhé. Sauf que j'suis pas encore assez à l'aise avec ça pour lancer ma technique sans un minimum de préparation. Je me débarrasse donc du môme en le jetant directement vers notre samaritain du dimanche, histoire de l'embrouiller un peu plus. Erreur de calcul, je l'ai visiblement sous-estimé sur c'coup là ; vu qu'au lieu d'être fauché en plein vol, le type récupère le môme et se carapate dans la foulée ! Bien joué gary... bien joué... Mais pas l'temps pour penser à ça, j'ai c'qu'il reste de ma peau à conserver !
                Bien campé sur mes hanches, je recule donc mes deux poings, avant d'y concentré puissance et énergie dans un grondement sourd. Au moment où les barriques déboulent sur moi, mon poings se lance à leur rencontre, avant d'y décharger tout ce qu'il me reste en puissance destructrice ! Le "Tsunami Fist" explose alors dans une vague d'énergie qui disloque dans un grand fracas l'ensemble des tonneaux ! Copeaux et mélasse s'élèvent dans les airs... je souris, fier de ma force... Indemne, une fois de plus, Thunder Fish est intoucha*... Et c'est la douche ! Quelques 2000 litres de mélasse poisseuse retombent en masse sur ma tronche, me trempant pour de bon à défaut de m'écraser au sol. Tin'... Quel con j'vous jure... Me v'là poisseux autant que poisson.

                Je regarde ainsi les deux zig' s'enfuir à grandes enjambées, sans pour autant que l'envie ne me prenne de leur courir après. Une traque à mort c'est classe, mais pas quand on sent le sucre à des kilomètres. Puis j'avoue que cette douche m'a bien calmé... Bon, ben reste plus que à se tirer en gardant la tête haute, et aller vite fait faire trempette dans notre bonne vieille mer. Vive les poissons nettoyeurs. Sagirait d'faire ma toilette et d'me trouver un sacré bon lot e sparadraps avant que l'adrénaline ne suffise plus à cacher toutes mes plaies... Spouitch spouitch... Me voilà donc repartant de mon côté, le bruit de succion de mes bottes engluées cassant cependant un peu l'effet ténébreux que j'voudrais donner à ma retraite dans les ténèbres. Pour compenser et finir sur une note plus victorieuse, je me sens un devoir de lancer dans la nuit un puissant rire qui pourra s'entendre jusqu'au village. Histoire de marquer une dernière fois les esprits sur mon passage. Thunder Fish vient de naitre, ce monstre a enfin été libérée sur les mers de ce monde... Craignez mortels, craignez la bête !

                - Moahahah... Hum non.
                - ...
                - Mwouahahah ? Hey, pas mal !
                - ...
                - Mwouahahaha ! Clair !
                - ...
                - Mwouahahaha !

                - Mwouahahahahaha !!!
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                Pas fier, plus endolori que s'il avait enduré quinze jours de vendanges, Sören se releva lentement. Il essayait d'avoir l'air de rien, comme on le lui avait appris à force de travail. Le milieu rural ne laissait guère de place aux faibles. En tous les cas, pas lorsque l'on voulait élever sa famille vers le sommet. Et les Hurlevent étaient fiers de pouvoir se considérer, du haut de leur coteau, comme étant constitutifs même de ce sommet, cette fine fleur des agriculteurs.
                Les enfants n'en étaient pour ainsi dire pas longtemps. On ne les habituait pas à vivre coupés du monde des adultes, monde qui demandait de la réserve, du self-contrôle, de la force et du courage.

                Il y avait de cela, dans le regard résigné de Sören, malgré la révolte qui lui agitait encore le corps. La révolte qui parcourait ses nerfs de long en large, tandis que ses yeux restaient dans le vague.
                Souvent, il sentait que, malgré tout ce qui l'attachait à sa terre, à sa famille, il n'était pas de ce monde. Cela était encore bien confus dans son esprit, comme une masse compacte qui diffusait émotions et sentiments. Émotions face au tableau d'un bateau qui lève l'ancre; sentiments confus devant le spectacle d'un barde de passage.
                Cette masse, c'était ce qui deviendrait plus tard la certitude qu'il n'était pas fait pour vivre selon un destin tout tracé de viticulteur. Quelque part, cette histoire de Thunder F. n'avait fait que remuer en lui toutes ces choses qu'il s'efforçait d'ignorer au quotidien. Malgré le lien étrange qui l'unissait aux chats, et l'affection profonde qu'il portait à leur manière de vivre au petit bonheur. Il savait qu'il ne résisterait pas longtemps à l'appel du vagabondage, qu'il pratiquait déjà en secret.

                De l'autre côté de l'abri vidé de ses bidons, la cavalerie arrivait enfin. Les torches brandies, et Brom en tête, chacun vociférait comme à la chasse au loup. Mais le loup s'était déjà fait la malle, et ne comptait évidemment pas revenir de si tôt.
                Sur les visage, la frustration se lisait, profonde...

                Le père Hurlevent porta le regard sur la poix étalée sur le sol. Il vit les traces de pas englués former un lien continu, et terriblement inflammable, à-travers les vignes... Dans un élan de colère, il brandit sa torche, et s'en alla pour l'écraser dans la substance visqueuse...


                -Eh, là !

                De tout son poids, Brom fit barrage à la témérité du jeune homme qui se mit à protester bruyamment. Quoi donc ? Était-il du côté du monstre, pour l'empêcher de la sorte de le réduire en cendres ?

                -Tu vas surtout mettre les vignes à feu et à sang ! Et puis, je parierais ma pipe et mon élevage qu'il se trouve déjà protégé par les flots, à l'heure qu'il est ! Calme toi, par tous les caveaux de Saint Urea !

                La scène offrit un répit à Sören, qui maîtrisa enfin le grand frisson qui lui parcourait l'échine. Respirer... C'était déjà mieux.
                Du côté des paysans, le contremaître s'était mêlé au débat.


                -Les flots ? Eh là, l'vieux, t'as poussé la gnôle jusqu'au cul ! On est sur North ! Personne peut aller loin d'la sorte !
                -Faux ! Un humain normalement constitué le peut pas ! Si t'avais bourlingué un peu plus loin que du côté d'la plage de l'est, tu saurais qu'il y a pas que ça en ce bas monde !
                -Il a raison. On s'calme, Burzon.

                L'autorité du père prit le dessus, les esprits se refroidirent peu à peu. L'on constata les dégâts.

                De son côté, Sören sentit ses muscles se détendre. Mais sans qu'il ne parvienne à s'expliquer pourquoi il sentit de grosses larmes rouler sur ses joues. Des larmes qui trempaient la poussière accumulée sur son visage d'enfant qui réapparaissait bien malgré lui. La pression avait été trop forte et à présent... Il sanglotait comme un nourrisson en mal de sa mère. Heureusement que ses frères ne le voyaient pas ! Il aurait aimé être seul, avec seulement ce qu'il restait de ses chats. Mais l'étranger était encore près de lui, et lui passait une main pleine de compassion sur l'épaule.

                Ce simple contact figea le garçon, qui essuya ses yeux d'un revers de manche, et pris la fuite en direction du cottage où il était supposé dormir. Il était temps. Les vignerons venaient de repérer Soren, et marchaient vers lui. Ils avaient l'air d'hésiter encore en ce qui concernait la conduite à suivre... Car nul ne savait exactement, en définitive, ce qu'était venu faire un homme si propre sur sa personne sur une si petite île...


                [Hrp : ça peut être mon dernier post, vu que je pars en début de semaine prochaine. Dis moi par mp si tu comptes finir ou non, si oui, je posterais ma demande de récompense pour que ça puisse être fait =)]
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