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Une initiation particulière [Partie 1]

L’année 1622. Ile du Karaté. 5H du matin

Une brume épaisse semblable à une purée de pois avait gagné la surface de l’île. Un temps hors du commun pour une contrée méridionale habitué à des températures bien plus estivales. L’histoire de cette île était connue de par le monde, la renommée et la virtuosité de ses maîtres karatékas n’étaient plus à démontrer tant ils ont su marqués de leurs empreintes l’ère sous laquelle ils vivaient. Ray Baka, Erya Kuchiki, autant de noms qui avaient hissé les arts martiaux à un niveau bien supérieur au simple entendement des hommes, ils avaient réussi l’exploit d’ériger leurs pratiques au rang d’arts artistiques à part entière, peaufinant leurs techniques jour après jour en vue de développer leurs propres styles de combat et écoles d’apprentissages. Ces êtres, unanimement respectés par la marine et le gouvernement mondial, avaient en de nombreuses occasions contribuées à la formation martiale d’officiers et de jeune recrue en temps de guerre. De nombreux officiers, encore en poste aujourd’hui leur sont redevables de leur enseignement et leur vouent une reconnaissance éternelle, ces officiers perpétuent la légende de ces grands maîtres en narrant l’histoire de ces illustres personnages aux enfants désireux de rentrer dans les rangs du gouvernement et de la marine.

Kaitô ne faisait pas exception à la règle. Natif de South Blue, l’île du karaté avait toujours suscité son admiration depuis qu’il était gosse, elle était le théâtre de rumeurs et d’histoires en tous genres qui cultivaient l’aura mystique qui se dégage de cette île. Kaitô était persuadé que ces maîtres spirituelles avaient une grande idée de la justice et de ses principes. Ils mettaient leurs enseignements au service d’êtres bienveillants, formaient des disciples pour perpétuer leurs combats contre le mal sous toutes ces formes. Ces actes constituaient des preuves formelles et authentiques de leur profond respect pour la justice. L’agent au service du gouvernement voulait voir de ses propres yeux les prouesses de ces quelques élus et s’assurer que les histoires qu’on lui avait narrées durant toute son enfance s’avéraient véridique. Il envisageait aussi secrètement d’éveiller son esprit à ces arts martiaux totalement inédits avec l’un des descendants des grandes figures du karaté.

« L’île est en vue.»

Le port d’amarrage n’était plus qu’a quelques nautiles de sa position actuelle. L’agent fit un bref signe de main à l’équipage du vaisseau, leur signifiant qu’ils devaient se préparer à accoster incessamment sous peu. L’amarrage était imminent, le contingent local occupait désormais l’embarcadère. Les quelques soldats qui accompagnaient Kaitô s’étaient regroupés sur le pont, attendant les directives de ce dernier. Ils étaient particulièrement anxieux et nerveux, l’accompagnement d’un agent du gouvernement est toujours délicat pour un marine inexpérimenté, les bavures et les déséquilibres comportementaux qui caractérisaient certains agents avaient forgé une image plus que préoccupante de ces hommes d'armes au service du gouvernement. Tantôt obsessionnel, tantôt lucide, ils inspiraient la crainte ou la confiance auprès des marines qu’on avait placé sous leur commandement temporaire. Kaitô n’était pas de la trempe de ces agents là, ces hommes-ci étaient précieux, ils avaient un savoir-faire certain et des familles qui les attendaient à leurs retours de mission, il ne comptait pas les utiliser comme chair à canon pour son bon plaisir. Bientôt Kaitô et les marines procédèrent à l’arrimage du bateau, posèrent pied sur le ponton et se firent accueillir par la faction locale. Il confia aux marines les plus expérimentés la surveillance du navire et laissa quartier libre aux autres mousses et matelots. Le gouvernement mondial avait volontairement prévenu les marines de l’arrivée de Kaitô, il ne s’était pas rendu en ces lieux pour honorer un ordre de mission, il n’avait pas reçu d’affectation particulière, il y consacrait uniquement quelques jours vacants dans son emploi du temps. 5H du matin, l’aube allait incessamment se lever et dissiper cette bruine humide. Kaitô décida de se diriger vers le centre-ville afin de se documenter sur les dojos et leurs adeptes
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Dernière édition par Atsuji Kaitô le Jeu 29 Mar 2012 - 16:52, édité 2 fois
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Cela faisait maintenant quelques heures que Kaitô déambulait dans la ville. L’île abritait une population très hétérogène, des étrangers de passage enthousiastes, à l’instar de Kaitô parcouraient la cité et achetaient une multitude de breloques sans valeurs dans les boutiques de souvenirs de la place principale. La longue tradition du karaté avait peu à peu contribué à l’affluence ininterrompue de visiteurs sur cette île, des fumistes avaient tiré parti de cette engouement, de cette ferveur pour le karaté et proposaient des cours de karaté à moindre coût aux touristes naïfs. C’était un bon business, de ceux qui rapporte sans pour autant trop se mouiller, ces imposteurs n’avaient aucune licence de karaté et n’avaient pour ainsi dire aucune connaissances techniques en termes de karaté cependant ils savaient choisir leurs proies, celles dont la niaiserie et l’ignorance n’ont aucune limite. Il arrivait parfois que, lors des descentes en ville des disciples des maîtres karatékas, ces mécréants se voient asséner une bonne correction à la surprise générale de leurs étudiants ébahis. Ces supercheries étaient monnaie courante sur cette île, une sorte de rançon de la gloire en somme que les autorités s’évertuent à interrompre le commerce. Ces usurpateurs ternissent le patrimoine historique et culturel de cette île et contribuent aux rumeurs et médisances colportés sur les maîtres karatékas. Les dirigeants de cette île avaient beau condamner ces actes officiellement répréhensibles, c’était un sacré filon pour leur développement et ces sagouins aux commandes s’en mettaient plein les poches, ils n’avaient pas l’intention de mettre un terme à ce petit jeu, ils l’orchestraient en partie et contribuaient à son expansion.

8H30, Kaitô s’arrêta en terrasse d’un café, le temps désormais radieux et le vent agréable prêtait à la consommation. Il commanda une boisson désaltérante et observa ce monde en plein mouvement mais d’un œil seulement, le second était rivé sur les agissements des autres clients de ce café. Les autochtones étaient résolument différents des îles qu’il avait traversé auparavant, leurs puissances respectives étaient de loin supérieures à celles des autres populations insulaires, cette ferveur pour le combat, l’affrontement se ressentait pleinement dans l’atmosphère de ce lieu chargé d’histoire. Grand, robuste et charpenté, les hommes d’ici ressemblaient en tout point aux marines d’expériences. Quelque uns était même bien plus valeureux et méritant que certains marines qui usait de leur influence pour s’attribuer des privilèges auxquels ils ne pouvaient prétendre. Kaitô fût surpris de constater que bon nombre d’entre eux portaient des armes apparentes à hauteur de leurs ceintures, Katanas, nunchaku, tachi, bâtons en grès. Ils ne faisaient pas dans la figuration, ils savaient éperdument s’en servir si l’occasion venait à se présenter et ces hommes là attendaient précisément un motif, un évènement qui ferait office de prétexte pour faire étalage de leurs aptitudes martiales. Une sorte de hiérarchie semblaient s’être installé au sein de cette île, fonction de la puissance des habitants. La marine avaient beau avoir une incidence, elle était loin de pouvoir prétendre à garantir à elle seule la prospérité de l’île, elle avait intimement besoin des facultés de ces hommes et femmes, pourtant civils, mais brillants dans les arts martiaux. La marine était cependant respectée par tous les habitants de l’île notamment par les maîtres karatékas qui insufflaient l’exemple à l’île toute entière, la marine avait concédé beaucoup de sacrifices humains et matériels pour sauvegarder cette île des équipages pirates voulant s’attribuer le savoir immémorial des élus karatékas.

« T’as entendu parler du prochain tournoi, on dit que certains maîtres vont y assister en tant que spectateur et leurs meilleurs disciples risquent de s’y rendre. Ca promet d’être du grand art »

C’était le genre de phrases que Kaitô avaient entendu à plusieurs reprises depuis son arrivée sur l’île, un évènement de grande ampleur remuait l’île de part en part et animait les discussions mitoyennes des habitants. Un tournoi semble t’il allait bientôt avoir lieu. L’agitation suscitée par cet évènement semblait animer et rythmer la vie de cette île. Beaucoup devaient se préparer physiquement et mentalement à la participation à cette aventure trépidante. Le terme tournoi était dans toutes les bouches, se lisait sur toutes les lèvres, habitait tous les esprits, il était devenu le leitmotiv de cette foule, participer au tournoi se révélait être un honneur immense que peu de gens pouvaient se vanter d’avoir eu durant leurs existences. Kaitô régla l’addition et profita de cette occasion pour demander des informations complémentaires à la serveuse.

« L’ambiance est particulièrement animée aujourd’hui, c’est toujours ainsi ? Un évènement va se tenir en ville ? «

« Effectivement le 118 ème tournoi des arts martiaux organisé cette année par Ray Baka va avoir lieu dans 10 jours sur l’île. On est tous littéralement surexcité quant à cet évènement qui va regrouper les meilleurs adeptes des arts martiaux à travers le monde. On dit même que certaines personnes viennent spécialement de Grand Line et du nouveau monde pour y participer, c’est tellement palpitant »

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L’agitation suscitée par ce tournoi était incommensurable, elle ravivait les aspirations ardentes des participants à prétendre au titre de meilleur karatéka. Chaque participant bénéficiait du soutien indéfectible de son île, ils étaient considérés comme des champions incontestés dans leur propre art martial. Cette tension était insoutenable et Kaitô, lui aussi, se surprit à éprouver un degré d’excitation rare et pourtant si inhabituel dans son tempérament. Cette nouvelle inédite fit émerger en lui le désir d’en apprendre davantage sur cette compétition et sur ceux qui en réclamaient le sacre légitime. Au fil des heures, des vaisseaux truffés de touristes et d’amateurs du karaté gagnaient la cale et inondaient les rues de cette vaste cité, transformé en immense foire pour l’espace de quelques jours. Kaitô vagabonda des heures durant dans les faubourgs de la cité, se renseignant auprès des petits commerces de détail et d’alimentation. Il pénétrait dans tous les établissements, repérait l’interlocuteur valable à celui qui lui ferait perdre son temps et collectait de précieuses informations sur les modalités d’exécution de cet affrontement au sommet.

Ces informations étaient loin d’être difficile à rassembler, les autochtones discutaient volontiers et avec aisance de cet héritage culturel préservé, ils en étaient fier et tenaient à le manifester à quiconque viendrait se documenter à leur sujet. Sans doute avaient-ils aussi pris l’habitude de se voir interroger scrupuleusement par les étrangers lors de ces évènements majeurs. Les circonstances favorables facilitaient la tâche au jeune agent du gouvernement cependant certains anciens restaient réticents et suspicieux quant à communiquer quelque informations sur cette manifestation. L’expérience leur avait appris que la moindre information transmise pouvait être potentiellement utilisé à leur insu et sans doute les évènements passés leur avaient donné raison. Kaitô détenait lui aussi quelques stratagèmes bien rôdés, des combines ingénieuses qui lui permettaient parfois d’extraire à ces fossiles surannés l’information essentielle qui ferait la différence, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleurs confitures. Au détour d’un café, Kaitô fit la connaissance de l’un de ces vieux sages au physique chétif, l’un de ces vieillards taciturnes qui en racontent bien moins que ce qu’il sait réellement.

« Encore toi vieux grigou, Qu’est ce qui t’amènes cette fois-ci »

Le tenancier de l’échoppe devait fort bien connaître les manières du personnage et il semblait le tenir en haute estime. Le vieillard avait à peine pénétré dans son établissement qu’il s’était empressé de venir à sa rencontre et de lui faire la conversation. Le vieillard rabougri faisait état d’aucun signe de défaillance physique, il arborait une démarche fluide sans gêne quelconque, on ne notait aucune surdité ou tremblement dans son comportement. Certes, il était éreinté par sa longue vie mais il émanait de sa personne un sentiment particulier que Kaitô ne pouvait nommer, une aura significative dont votre corps ressent instinctivement la puissance et qui vous conjure de ne pas vous frotter à l’individu. Ca ne s’apparentait pas aux énergies relatives aux fluides, Kaitô en avait déjà fait l’expérience, c’était quelque chose de plus singulier comme une marque de fabrique, une véritable signature. Le vieillard marcha d’un pas lent, avec le gérant du café pour seul cortège, à travers la boutique avant de s’asseoir sur un siège luxueux en ronce de noyer. Il demanda brièvement à son hôte une bouteille de son meilleur rhum, lequel s’exécuta sur le champ en sortant de derrière les fagots une flasque rouge où ne figurait aucunes étiquettes et indications sur le contenu. Ces bouteilles ressemblaient à celles que certains marines et hommes d’affaires véreux font passer en contrebande. L’irruption du vieillard avait lancé un froid dans la salle, transformant la pièce en une antichambre où la moindre sueur froide qui viendrait à tomber, s’écraserait avec fracas sur le parquet ciré. Les joueurs de cartes avaient cessé leurs parties auparavant si animé, le pianiste lui aussi était transi d’effroi, son visage réjoui et jovial avait tourné au teint livide et consterné. L’identité de cet homme devait être connue de tous au sein de cette assistance. Le vieillard débouteilla la bonbonne et la descendit vigoureusement de moitié avant de la lancer subitement sur le mur opposé en direction de Kaitô puis il déclara d’une voix présomptueuse :

« Tu boiras bien quelque chose ? Camarade »

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Kaitô saisit l’opercule de la bouteille au passage, arrêtant sa course folle d’une manière nette. L’ambiance était à son comble, personne ne s’attendait ici bas à ce que Kaitô intercepte la flasque dans sa trajectoire effréné, laissant l’assistance littéralement stupéfait de la tournure que prenaient les évènements. Le climat commençait à se corser et les civils se rendaient compte instinctivement qu’ils n’avaient plus leurs place dans ce lieu désormais hostile. Certains s’empressaient de balancer leurs petites monnaies et billets figurant dans leurs poches avant de prendre la poudre d’escampette. D’autres totalement figé par le contexte, s’agrippaient frénétiquement à ce qu’ils trouvaient sous la main de peur de voir de trop près la faucheuse. Kaitô à son tour, étancha sa soif et reposa soigneusement la bouteille sur le comptoir du bar. C’est dans ces situations complexes, qui peuvent dégénérer à tout moment que l’on qu’on prend en considération la véritable valeur du silence : Le silence est d’or. Cette absence de toute vibration, de toute intonation, de la moindre modulation sonore installait une atmosphère pesante et oppressante dans la salle. Le vieillard avait lui aussi bien conscience de cette peur qu’il suscitait et décida d’en abuser de manière triviale. Il frappa violemment le comptoir à l’aide de sa main droite, l’éclatement du chêne fit décamper du café tous les interlocuteurs jugés indésirables, qui se ruèrent dans la rue dans un vacarme assourdissant. Cette intimidation n’avait fait émerger aucunes craintes ni même émotion chez Kaitô. Imperturbable et inflexible, il n’avait pas bougé d’un cil quant à cette pression, comme pour défier l’autorité de cet homme qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Il ne restait désormais dans la pièce que le barman, le vieillard et l’agent du gouvernement. L’homme ricana grassement, fier de sa démonstration de force et adoptant une conduite nonchalante, se tourna dans la direction de Kaitô.

« N’est t’elle pas bonne ma bouteille étranger ? C’est de la vinasse que j’ai moi-même fait fermenter dans mes propres locaux. Donne moi ton ressenti ! »

« Elle est bonne, c’est de la vraie niaule comme j’aime. J’aurais bien aimé remercier l’homme qui me la fait découvrir mais je ne connais pas son nom »

Le vieillard ne put s’empêcher d’esquisser un sourire à l’écoute de la réponse de son interlocuteur puis il le dévisagea longuement, chacun tenant le regard de l’autre en guise de défiance comme pour mesurer le degré de volonté de l’individu dont ils avaient affaire. Il avait interrompu son ricanement grotesque et arborait désormais un visage sévère et intransigeant. Il fouilla quelques instants dans son étoffe pour y ressortir un journal usagé. L’agencement des rubriques, la disposition des images et la charte graphique du magazine rappelait fortement celle de l’édition quotidienne du journal. Au regard de l’encre et de l’état déplorable du papier, cette édition devait dater depuis plusieurs années, c’est même une aubaine qu’elle ne se soit pas désagrégé dans les poches encrassés de son habit. Kaitô avait dans l’idée que ce journal détenait les clefs des mystères entourant cet homme si singulier, qu’il découvrirait son identité et par extension ce pourquoi il inspire tant d’épouvante auprès de la population locale. Le vieillard fit coulisser le long du comptoir l’étrange bulletin. Kaitô récupéra précautionneusement le magazine et s’engagea dans la lecture de ce dernier.

« Je ne suis qu’une ombre, un reflet d’autrefois, celui qui jadis était adulé par les membres de cette île. Celui qui dorénavant erre sans fin et vit en marge de cette ville dans une maison reculé dans la cime des arbres. Etranger, tu me plais bien, t’as du cran et tu mérites de connaître le patronyme de celui que l’on connait sous le nom de Cobra »

Cobra…l’histoire et l’identité de cet homme lui était totalement étrangère. Kaitô pouvait dorénavant mettre un nom sur le faciès de l’homme qui lui faisait face. Il avait beau tenter de se remémorer inlassablement son nom et de l’affilier à des évènements s’étant produits sur South Blue, rien ne lui revenait en tête, pas le moindre fragment lui permettant de relier cet homme à un incident. Kaitô parcourait brièvement le journal, des photographies de l’homme exhibant des trophées et ceintures à travers des dojos et arènes de combat. Ces illustrations étaient surmontés de titres très évocateurs : « Une fois encore, il s’impose ! « « Cobra, le black mamba a encore frappé « autant de titres qui commençaient à mettre la puce à l’oreille au jeune agent du gouvernement. Kaitô était persuadé que cet homme là était un ancien maître karatéka qui s’est retiré de la compétition il y a de cà plus de 20 ans. L’aura du personnage, toutes ces récompenses et distinctions ne laissaient pas l’ombre d’un doute sur la véritable activité de ce Cobra. Après une observation plus approfondie des images, le public semblait apprécier sa compagnie et respectait sa position de grand maître. Une question subsistait dans l’esprit de Kaitô : Comment en était-il parvenu à son état de déchéance actuel ? L’homme qu’il avait en face de lui, n’avait plus rien de l’homme qui figurait sur les clichés. Il a perdu sa vigueur, son dynamisme et son énergie d’autrefois et semblait s’être réfugié dans l’alcool pour seule consolation de cet âge d’or. Cet homme devait avoir vécu des circonstances particulièrement troublantes pour en être arrivé à ce point d’avilissement mais il fallait lui reconnaître qu’il tient bien l’alcool, l’habitude sans doute lui a procuré cette résistance aux spiritueux.

« Eh bien, l’ami tu sembles avoir vécu une vie pleines de péripéties. La notoriété, la gloire, les médailles, t’étais quelqu’un d’influent. Comment en es tu arrivé à ton stade actuel ? »
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Le vieillard lança un regard abrupt au barman afin de lui signifier de remplir une nouvelle fois son verre. L’homme ingurgita instantanément le breuvage alcoolisé, il gesticula quelques secondes, se leva de son siège et se déplaça sereinement dans le café avant de s’arrêter subitement. L’esprit du vieil homme semblait avoir délaissé sa carcasse douloureuse et même si son enveloppe charnelle était bien là, sa conscience elle, s’était égarée dans les méandres sinueux de souvenirs refoulés et inhibés. Son corps paraissait inerte et éteint, le regard fixe sur le verre qu’il venait d’apposer sur la table comme si l’alcool était la source de tous ces maux ou au contraire l’absolution qui lui permettait de continuer à vivre quotidiennement. A l’extérieur, une foule noire avait gagné la devanture du restaurant, un brouhaha continu se faisait entendre et bien que ce rassemblement éprouve une forte colère, l’appréhension de cet homme les immobilisait dans leurs actes. Cependant des déclarations hostiles au personnage se firent bientôt entendre, arguant le départ immédiat de ce Cobra en dehors de l’île. Ils n’y allaient pas de main morte, ils avaient expressément une dent contre lui. Kaitô avait beau ignorer les actes commis par son interlocuteur, il n’en restait pas moins surpris du degré de velléité de certaines déclarations:

« Cobra, dégage de l’île. Crapule, Criminel » , « Tu jettes le déshonneur sur notre île »

« Que veux tu, la rançon de la gloire…très bien étranger, je vais te raconter mon histoire aussi pathétique et émouvante soit elle. Assieds toi, je ne te ferai rien et eux non plus ne tenteront rien, je ne les connais que trop bien. »

L’homme débuta la narration de son histoire remplie de rebondissements, il évoqua ses premiers combats, la gloire et la satisfaction qu’il tirait de chacun de ses combats. Il ne se battait pas pour la victoire, seule la fierté de tout avoir donné était sa motivation. Il combattait pour le perfectionnement de son art et non pour la renommée et la notoriété que de telles compétitions comportaient. C’était l’un de ses puristes, l’un de ces véritables karatékas qui n’ont pas vendus leurs âmes au diable pour quelque richesse futile. Il préservait cet art ancien et y était intimement rattaché, l’homme racontait les relations Maître-disciple qu’il entretenait avec son professeur, les moments de grande souffrance et de joie immense. Tout semblait radieux en somme. Mais la renommée, le prestige attire avec ses reconnaissances son lot de jalousies et de rivalités.

Le vieil homme aborda le long et inexorable déclin dont il avait été témoin. Cobra faisait partie de l’ordre du vent et subissait sur le versant de la montagne avec ses compagnons moines, de longs entrainements éreintant. Les techniques liées à cet ordre sont très particulières et reliés à la maîtrise des courants d’air et de pression. Seule une partie des initiés peuvent prétendre à développer des techniques martiales basées sur ce savoir ancestral. Les rites initiatiques et un comportement irréprochable rebutent la plupart des karatékas en herbe à la pratique de cet art, en ce sens ce dojo reste très fermé et énigmatique pour les autres écoles. Les nombreuses récompenses qu’il avait obtenu avait profondément irrité le dojo dit de « l’ordre animal «, prétextant des excuses multiples pour calomnier les disciples de l’ordre du vent. Tout motif susceptible de les incriminer et de les trainer dans la boue était employé afin de faire naître le suspicion du public à leur égard. Ces tentatives n’avaient pour ainsi dire aucunes répercussions sur la considération de l’ordre du vent, les accusateurs n’avaient aucunes preuves de ce qu’ils avançaient et se ridiculisaient encore et encore, perdant progressivement l’estime de la population locale. Ne s’attribuant que l’exaspération des autochtones, l’ordre animal et en particulier Sharp Vankuss, le challenger le plus féroce de la compétition mis en scène avec l’aide de quelques complices un complot visant à faire inculper l’ordre du vent. Ils fomentèrent un pacte avec un pirate de South Blue afin que celui-ci atteste de liens de parentés avec Cobra et à partir de documents officiels fallacieux. L’opération eu l’effet escompté, l’admiration qu’on lui suscitait était désormais mise en doute après la découverte de ces informations, Cobra avait beau nier ces déclarations insidieuses, le mal était fait. Le pirate savait apporter une vraisemblance certaine et le souci du détail à ces annonces et ce grâce aux informations récoltés à son insu par l’ordre animal. Au final, Cobra avait beau essayer de se justifier quant aux propos mensongers tenu à son encontre, il ne faisait que s’embourber, son détracteur lui opposait l’argument suivant : « Celui qui n’a rien à se reprocher, n’a rien à justifier «. Bientôt, les autochtones oublièrent la grandeur et l’altruisme de ce Cobra, aveuglés par le déshonneur et l’affront de compter parmi eux, un sympathisant de la flibuste. Bientôt, il dût quitter la ville et s’installa en secret dans la forêt environnante. De l’apogée à la déchéance, de la gloire à l’infamie, tel était la trame de vie de cet homme. Son histoire était désormais limpide. Kaitô restait soupçonneux quant à sa crédibilité, était t-il réellement le personnage dont il avait dépeint les traits ? N’avait t-il rien à se reprocher ?. Quelque chose d’intangible l’incitait à croire l’histoire de ce vieil homme, ce n’était pas tant de la compassion ou de la pitié à son égard mais il semblait avoir accepté ce destin et s’être accommodé de sa condition. Il n’implorait aucune réparation, le désir de vengeance n’habitait pas son esprit et qui plus est, il faisait preuve d’un grand sang-froid.

« Aussi insensé que cela puisse paraître, je crois en ton histoire vieil homme et je respecte tes valeurs. Le monde est tellement paradoxal, un jour on se réveille adulé et le jour suivant, on devient l’ennemi numéro 1. Crois-le ou non, je peux comprendre ce que tu as été amené à vivre ici bas»

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A l’extérieur, le tintamarre redoublait d’intensité si bien que le contingent local s’était rendu sur les lieux pour voir ce qu’il en retournait. Kaitô pris conscience aussitôt de la tournure que risquaient de prendre les évènements s’il n’intervenait pas. Allez savoir ce qu’une foule hargneuse peut commettre sous l’impulsion de la colère et de la haine. L’agent du gouvernement ne pouvait risquer de mettre en danger la vie de cet individu prétendu karatéka, un bain de sang ou une accalmie ne changerait en rien la donne au contraire. S’il s’avérait mentir, Kaitô veillerait personnellement à ce que le jugement et la sentence qui lui seraient attribuées reflètent les actes qu’il aurait commis. La situation présente ne lui laissait que peu de perspectives mais peu importe la justice fait foi sur toute choses. Bientôt, des bruits d’éclatement de projectiles diverses sur la façade se fit entendre, il était temps de rentrer en scène avant que la marine ou que ce vieil homme renfrogné passe à l’action. Kaitô se dirigea silencieusement en direction du seuil de la porte, à la grande exaspération de Cobra, pensant qu’il allait lui aussi le livrer aux autorités locales. L’émissaire du gouvernement tint à rassurer l’homme de ses véritables intentions.

« Laisse moi m’occuper d’eux, tu as respecté ta parole et n’a tenté aucune action à mon égard. Je respecterai la mienne »

Kaitô avait dorénavant quitté le troquet et se tint face à cette affluence ininterrompue de civils et de touristes en tous genres. Sa sortie du bâtiment avait suscité le scepticisme et la méfiance de la population, ils ne savaient si Kaitô s’était rangé du côté de ce Cobra, s’il s’était à la solde du prétendu criminel ou même si sa sortie n’était en somme qu’une diversion pour que l’autre acolyte s’échappe à l’insu de cet attroupement. Ils exigeaient formellement que Kaitô leur livre le vieil homme afin de le traîner en justice et de le voir condamner : une justice expéditive en somme. Kaitô restait immobile, impassible tandis que la grogne montait un peu plus à chaque minute qui passait. Il attendait le moment le plus propice pour attirer l’attention sur ses futurs propos et ainsi amener cette foule informe à réfléchir davantage sur le sort qu’il réservait à ce vieillard. Enfin, lorsque l’un des civils tenta de se précipiter à l’intérieur du café, Kaitô s’avança vers lui et dévoila l’insigne ornant la poche intérieure de sa veste, une plaque dorée où figurait le symbole du gouvernement mondial. L’homme stupéfait par ce retournement de situation, s’arrêta subitement dans sa lancée et pensa à deux fois avant de tenter quelque chose. La crispation et l’embarras avaient envahi son visage, il était à des années lumières de penser que Kaitô était un agent du gouvernement mondial. Kaitô anticipa sa prochaine réaction, le civil devait s’interroger quant aux raisons qui poussent le gouvernement à protéger les intérêts de quelqu’un comme Cobra. Il n’y avait aucune raisons valable qui justifie que Kaitô se soit interposé si ce n’est sa conception de la justice ou plutôt dans le cas présent de l’injustice qu’avait subit cet homme aux dépens des intérêts de karatékas mal avisés. C’était là sa première conviction, il n’avait cependant aucunes preuves pour étayer cette idée et cet amas d’individus frénétiques était loin de vouloir entendre ce qu’il aurait à défendre. Lorsque le civil décida de reculer progressivement pas après pas, Kaitô mis en évidence l’insigne du gouvernement aux yeux de tous, occasionnant la consternation de l’assistance en présence.

« Je n’ai pas à vous rappeler le sens de cette insigne, vous la connaissez tous. Cet homme là est du ressort du gouvernement mondial, ne vous emmêlez pas, il en va de votre sécurité. Je vous rappelle que tout acte commis à l’encontre d’un agent du gouvernement se traduirait de lourdes répercussions pour l’île. Par ailleurs, je n’aimerais pas avoir à déplorer des pertes humaines dans mon rapport »

Cette annonce se suivit d’un long silence, faisant apparaître des expressions déconcertées à l’écho de cette nouvelle. Kaitô demanda expressément à la marine de disperser la population et de laisser le gouvernement faire son travail. Le contingent local s’exécuta et bientôt la rue était désormais vide, les autochtones s’étaient barricadés contre leur gré dans leurs habitations, laissant ainsi le champ libre à l’agent du gouvernement pour opérer. Kaitô retourna à l’intérieur du café où le vieil homme abasourdi l’attendait, il indiqua au barman que ses services n’étaient plus désirés en ces lieux et l’invita à quitter la pièce. Le vieillard remercie d’un signe de tête le comportement de Kaitô et l’invita à se rasseoir pour un dernier verre.

« Je te suis reconnaissant étranger. Je t’en dois une et je tiens toujours mes promesses, question de valeur sinon je ne pourrais plus me regarder dans la glace chaque matin. »

« Je n’ai fait que retarder l’échéance, vieil homme, les dirigeants de la ville vont bientôt rappliquer avec le détachement marine. Je ne t’ai fait gagner que du temps. Je te conseille de me fausser compagnie avant qu’il ne soit trop tard, je prétexterai que tu t’es joué de moi. »

L’homme acquiesça, finit son verre, exprima solennellement sa gratitude et commença à se diriger vers la porte de service du bâtiment. Il lança alors un parchemin au jeune agent du gouvernement avant d’énoncer :

« Viens me revoir d’ici quelques années, j’ai bien répertorié ton faciès dans ma caboche. Y’a pas de lézard, cette note t’indiquera comment découvrir ma cachette sur cette île. Je t’en dois une, j’oublierai pas »

Le vieil homme décampa aussitôt et s’immisça dans le dédale sinueux des faubourgs de cette grande ville. Kaitô déroula le parchemin, un plan avec de nombreuses annotations y figurait, explicitant le trajet à mener pour venir à la rencontre du vieil homme. Un itinéraire semé d’embûches, c’était loin d’être un parcours de santé. Bientôt, les dirigeants de l’île gagnèrent les lieux et trouvèrent Kaitô au sol presque inconscient, indiquant aux marines la direction du vieil homme. Après une batterie d’analyses en tout genre qui n’avait dans le cas présent aucune utilité, Kaitô entendait bien dans un futur proche, revenir à la rencontre de ce marginal supposé hors–la-loi et s’initier aussi longtemps que nécessaire, aux bases des techniques de l’ordre du vent.

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