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Allons-y, tuons un contre-amiral, tout va bien, je gère.[Première partie]

« - C’est une blague ?
- Vous ferez ce qu’on vous dit de faire et puis c’est tout.
- Non, mais déconne pas, je ne vais pas aller dézinguer un contre-amiral en plein Marie-joie, Mère.
- Ah non, je suis votre supérieur et je ne vous permets pas. Ne m’appelez pas mère.
- Je pourrais vous appeler Père, mais c’est pas un peu chaud niveau gonades ? »

Quelques mètres plus loin.

« - J’avais oublié ces claques, donc en gros, c’est un traitre et je dois le cramer. Mais bon, s’il est coupable, c’est pas plus facile de l’arrêter et de le traduire en cour martiale ? Il n’y a pas moyen de m’éviter le meurtre chez l’amirauté ?
- C’est un trouduc de traitre, mais, on ne peut pas le mettre officiellement aux arrêts et ce parce qu’on n’a pas de preuves pour l’instant.
- Alors, je vais les chercher et je vous les ramène, ces preuves.
- Bon, d’accord, tu m'apportes ces preuves, mais, là aussi, je suis obligée, tu le butes quand même.
- Admettons, je fais comment pour m’en sortir derrière ? J’explique aux trois amiraux en présence que c’est pour faire plaisir à maman.
- Tu te démerdes, je ne vais pas te torcher le cul non plus.
- Signe-moi cet ordre de mission et je veux une promotion après.
- Je ne te signe rien et tu dégages.
- Si tu ne signes pas, je ne fais pas la mission.
- Mais, c’est de l’insubordination !
- Ce n’est pas ça du tout puisque je n’ai pas d’ordre officiel.
- T’as pas confiance en moi ?
- Pas la moindre once de confiance, en effet. D’ailleurs, tu m’envoies raccourcir un haut gradé, je ne vois pas ce que t’as fait pour mériter que j’aie foi en toi.
- Quand je pense à tout ce que j’ai fait pour toi, sale gosse.
- Question de point de vue, quand on sait que la seule fois où t’es restée plus de dix minutes en ma compagnie c’était pendant ta grossesse, on se demande ce que j’ai bien dû te coûter en efforts.
- Pénélope ! Arrête d’être insolente et pose ce presse-papier, je te vois en train de le glisser dans ta manche.
- Mais il est magnifique et tu ne t’en sers même pas !
- On en a déjà parlé, tu fous la paix à mes affaires et tu vas bosser et prends ce papier à la con. C’est tout ce qu’il y a de plus officiel, je te demande du haut de mon autorité d’aller dégommer un haut membre de la marine. Ça ne te servira à rien avec la marine, par contre. Et d’ailleurs, tire-toi, tu me files de l’urticaire. Tâche quand, même de pas clamser, que je ne passe pas pour une mauvaise mère. Et mange mieux que ça, t’es affreuse à force de crever de faim, c’est pas comme ça que tu vas te trouver un homme.
- Parle pour toi !
- Quoi ?
- J’ai dit bonne journée.
- C’est ça, reste pas là, j’ai à faire. »

Eh ben, je ne suis pas dans la merde, moi. Je fais comment pour prouver que c’est un méchant le gars ? D’ailleurs, ce n’est pas tellement ça le problème, ça ne va pas être facile de le tuer. Imaginons qu’il ne soit pas un manche, s’il voit venir la tentative d’assassinat je vais morfler sévère. À l’amirauté, ils ne recrutent pas du glandu de base. À ce niveau, si je dois le combattre, il va me démolir. Alors, je peux toujours tenter le poison et la dague dans le lit, mais faut pas que ça fasse un pli. Y a toujours cette probabilité qu’il me repère et tente de me tuer. En plus, il paraît qu’il possède un putain de pouvoir qui lui permet de voir les coups venir. Quoique ça a l’air d’être une grosse connerie. C’est pas une cartomancienne le gars, c’est probablement un mensonge de ma salope de mère destiné à m’emmerder.

« - On ne parle pas de sa mère comme ça !
- Écoute Rapporteur, c’est pas ma journée, si t’es venu m’apporter une aide concrète je t’écoute. Si par contre, tu viens me bourrer le mou avec tes conneries, t’es poliment prié d’aller te faire foutre.
- Malotrue ! Butorde, harengère, poissarde !
- Le premier, je connais, mais les trois derniers, jamais entendu. Bon, bon, bref. Je suis désolée, voilà. J’aurais pas dû, j’ai du boulot, alors sans vouloir te commander, tu peux me laisser ?
- J’accepte vos excuses et je vous quitte drapé dans le mépris que je porte à votre langage ordurier et à votre éducation négligée. »

C’est pas du tout ça qui va me faire avancer, bon, il va falloir que je me renseigne un peu.


__________________


Ah ! Ouais, d’accord, donc je n’ai aucune chance en fait. Ces glands-là arrivent même à repérer les gens qui leur veulent du mal sans interrompre leurs parties de coinche. Je fais quoi ? Je lui demande s’il veut me laisser le suicider ? Ah tiens, ils ont quand même une faiblesse, là ici, machin, blablabla, le mantra nécessite un état d’esprit serein et une concentration de tout instant, aussi il est incompatible avec le sommeil et les troubles de l’humeur. C’est quoi déjà le mantra ? Ah, oui, je suis con, c’est pareil que le Haki de l’observation. Donc, je dois gagner sa confiance et l’approcher dans son sommeil ou alors lui pourrir la vie pour le faire déprimer.

« - Tu vas vraiment essayer de gagner la confiance de quelqu’un ?
- C’est quoi cette question de merde, tu insinues quelque chose ?
- Je n’insinue rien du tout.
- Tant mieux parce que je croyais.
- Je suis certain de mon fait, t’en es incapable.
- D’où tu tiens ça ?
- Allez, cite-moi quelqu’un qui te fait confiance et les autres esprits ne comptent pas ! »

On s'est quand même regardés pendant quelques minutes. Je n'ai pas trouvé. J'ai tenté un ou deux noms et je me suis arrêté avant de les dire. Finalement, la liste des gens qui me font confiance n'est pas très longue. Je dirais qu'elle n'a même pas lieu d'être. Ce n'est pas pour autant que j'ai apprécié la remarque totalement déplacée et hors de propos de Stylo.

« On fait comment pour pourrir la vie de quelqu’un ? »


Dernière édition par Pénélope Solète le Dim 8 Mai 2016 - 16:46, édité 6 fois
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Intéressant. Ou non finalement. Sa femme se tape allégrement la moitié de leurs serviteurs, hommes et femmes confondus. Le fait qu’elle le trompe ne me surprend pas, il est tout le temps en déplacement. Est-ce que cela veut dire qu’il est au courant ? Ça m’étonnerait, pour un homme qui se croit aussi viril, c’est inimaginable comme situation. C’est vrai que je ne comprends pas beaucoup ces crétins bouffis de testostérone, mais je sais que ce qu’ils pensent être leur force n’est en vérité que leur plus grande faiblesse. Même avec son Haki, il ne voit rien parce qu’il ne regarde pas dans cette direction. Ça fait déjà un point pour moi, une arme à mon actif.

Pourtant, le plus étrange, c’est sa relation avec son navire. On a beau se dire qu’il est humain, farouchement hétéro et positivement contre toute espèce de variation dans sa vie sexuelle, il a l’air de l’aimer plus que sa compagne. Cette façon qu’il a de passer langoureusement sa main sur la coque de son navire en chuchotant à voix basse c’est tout bonnement choquant. J’ai beau avoir vu des tas de trucs, je n’avais jamais rencontré un homme qui se frottait à un bateau en faisant des trucs inavouables avec. Même si ça me peine d’y penser, mettons un deux au score, ce sera fait.

Je pourrais aussi ressasser les trucs stupides qu’il fait, dans le genre faire le tour de son jardin avec une sous-tasse en équilibre sur le coin du melon et un slip en dentelle rose pour seul costume, mais je n’en vois pas l’utilité pratique.


« - Ah bon ?
- Bah oui, il fait ce qu’il veut le gars.
- Oui, bon, ok, mais imagine un peu que ça arrive aux mains du quartier général.
- Qu’est-ce que ça peut leur foutre ?
- Rien, mais les gens sont comme ça.
- Donc je peux dire trois ?
- Même trois et demi si tu veux.
- Non, ça ne marche pas comme ça.
- D'accord, alors trois pour toi.
- En tout cas, merci Équerre.»

Dernier détail et non des moindres, il utilise un stylo à plume inadapté à sa situation de gaucher ce con. Ça lui fait écrire de travers et ça lui fait perdre toute crédibilité. Si ça se sait, il aura certainement envie de se pendre tellement il sera ridicule aux yeux de tous.

« - Mais pas du tout. Tout le monde s’en fout.
- Comment ça tout le monde s’en fout ? Débrouillez-vous sans moi, je m'en vais bande de crétins !
- Bravo, tu me l’as vexé maintenant. Je te félicite.
- N’empêche que je maintiens qu’à part toi, personne ne se sentira concerné.
- Tu crois ?
- Fais-moi confiance.
- Bon, toujours trois donc. Tu vas me soutenir que les gens vont plus s’intéresser à l’ours en peluche qui partage son lit qu’à son incapacité honteuse à choisir une bonne plume ?
- Quatre et n’essaye pas de comprendre, ce sont eux les anormaux, ne te fais pas de bile. En tout cas, s'il lui arrive malheur, on sait d'avance qu'il ne sera pas content de sa journée.»

Pour comprendre comment j’ai fait pour le suivre sans être repérée, j’ai dû tenter une expérience. J’ai convaincu quelqu’un de lui verser du café sur lui moyennant finances. Il ne l’a pas vu venir. J’ai aussi payé quelqu’un d’autre pour le bousculer. Il lui a fait renverser ses dossiers sans que l’autre n'ait pu anticiper le coup. Alors, j’en ai conclu qu’à moins de vouloir lui nuire directement, son Haki ne détecte rien. J’ai donc trouvé une faille dans sa maîtrise à lui. Tant que je n’essaye pas de passer à l’action, je suis certaine de pouvoir passer inaperçue. De toute façon, je n’ai eu d’autres choix que d’essayer. Parce que tuer quelqu’un sans l’observer un minimum, c’est du travail mal fait et moi, le travail mal fait, je n’en fais pas.

Deux semaines de travail que cela m’a pris d’apprendre tout ça et quelques autres menus détails comme l’agencement de sa maison et les accès. Maintenant, il fallait tout organiser, tout faire pour que la journée d’après-demain soit la plus horrible qui soit. Une journée telle qu’il souhaitera de mourir à sa fin et moi, bien sûr, lui ferai l’aumône en libérant de sa chair d’infâme l’âme putride qu’elle renferme.


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Le contre-amiral Timett a du pognon. Mais alors, au-delà de l’imaginable. Comme quoi, voir les coups venir est aussi bon pour les affaires que la castagne. Ou alors je comprends mal le Haki. Cela étant dit, je suis tout de même sur le cul de voir qu’il a amassé une telle fortune pour la dépenser dans une villa. Rien que le fait de posséder un lopin de terre à peine plus large qu’une paume de main dans ce lieu est déjà impressionnant. Il pousse le vice jusqu'à posséder un manoir de plusieurs étages. La décoration est, par contre, de mauvais goût à cause du style clinquant et m’as-tu-vu tristement répandu à Marie-joie. Toujours est-il que nous sommes en présence d’un jardin assez large où les haies hautes comme deux hommes empilés favorisent l’entrée d’un éventuel espion ; espion qui n’est autre que votre serviteur le cas échéant. Pourtant, ce ne fut pas une mince affaire, et ce à cause de l’odeur entêtante des fleurs exotiques omniprésentes. C’en est à gerber, j’aime autant prévenir les gens sensibles du pif.

Alors, je passe. Il fait à peine jour, les loufiats s’agitent déjà dans les parages, mais je sais de source sûre qu’ils ne montent pas aussitôt à l’étage des maîtres. La source sûre est une bonne poire qui s’est farcie le quotidien vide et sans intérêt d’un marine entre deux missions pendant deux interminables semaines, à savoir, moi. Je monte d’un habile mouvement de Geppoû sur le toit. Même cet endroit dont tout le monde se fout royalement est décoré avec luxe et ostentation. Il faut quand même être sacrément fortuné pour foutre du marbre ici. Il faut aussi être sacrément con, mais là c’est une autre histoire.

Je ne résiste pas à la tentation de glisser tout le long du bazar. Heureusement que je m’arrête au bon moment, parce que j’entends la porte s’ouvrir laissant place à deux domestiques qui entrent en discutant :


« - Si seulement tu l’avais vu, c’était à se pisser dessus de rire.
- Ah ouais ? Mais je ne comprends toujours pas pourquoi il s’est énervé.
- Bah nous non plus. En général, il nous surveille quand on nettoie son bureau. Là, il a suffi que Maëlle s’approche de l’armoire à droite pour qu’il devienne pourpre. Il s’est tout de suite mis à gueuler et à s’étouffer. On n’a rien compris.
- Il ne lui a pas fait de mal, j’espère ? Elle est mignonne la petite.
- Non, il nous a virés pour finir le ménage tout seul. Putain ce que j’aurais donné pour voir ça. Quoi que non, finalement j’ai trouvé une bonne occupation. Je suis allé réconforter Maëlle.
- Oh le salaud, tu te l’es faite ?
- Carrément, la pure journée. Pas de corvées parce que le vieux a pété son câble et la fille pour faire passer le temps. »

Sauf qu’il n’a pas entendu la porte s’ouvrir une seconde fois et que je ne l’ai pas prévenu. C’est vrai qu’elle est plutôt jolie, la baffe qu’elle lui a mise aussi. Un sans-faute, j’ai envie de dire : le claquement sonore, la tête qui se barre vers l’autre côté, les lèvres qui oscillent en laissant échapper un filet de bave. Beigne opérée avec maestria. Applaudissons mentalement l’artiste afin de ne pas se faire gauler dès le début. Après, l'artiste a eu la bonne inspiration d'enchaîner sur un coup de genou dans les valseuses avant de le finir à terre. Elle est bien trop forte pour une servante ou alors ce sont des gardes du corps polyvalents. Cela étant dit, je prends pour note de me méfier de ces gens-là.

Ils repartent chacun à son tour. Le dernier soulagé de sa dignité a tout de même pris le temps de ramasser une canine et une incisive avant de rejoindre ses copains en claudiquant. Et me voilà à nouveau seule, orpheline du spectacle jouissif de cette jeune fille lattant à mort un homme qui fait deux fois sa taille.

J’attends donc quelques instants, beaucoup en fait. Le temps que la cible sorte et que le déjeuner se finisse. Le soleil arrive à son zénith pendant que je finis de rôtir sur cette surface devenue brûlante. Si quelqu’un était monté, il m’aurait vu en tenue outrancièrement dénudée et fort peu règlementaire. Comme je n’ai nul projet de crever de déshydratation pour faire plaisir, je me suis mise à l’aise malgré ce qu'en penserait ma mère. De toute façon, il faut que l’heure de la sieste sonne avant que je ne puisse faire mon prochain mouvement.

Arrive le moment où, enfin, je peux quitter cet infâme sauna pour m’aventurer dans la pénombre fraîche et fastueuse de cette demeure seigneuriale. La richesse de la moquette et des tentures est époustouflante. Quand tu vois ça, tu imagines la montagne de blé sur laquelle doit s’assoir ce guignol et l’usage honteux qu’il en fait. Est-ce bien utile d’avoir une sculpture en argent ou or massif dans chaque couloir ? Y a même des endroits où l’on doit presque enjamber des trucs incompréhensibles, moches et encombrants certainement en rapport avec de l’art contemporain. Je n’ai rencontré personne depuis mon entrée dans l’édifice proprement dit, et ce parce que la patronne vire tout le monde de l’étage lorsqu’elle reçoit son amant précisément à cette heure-ci. Bien que ce soit fait dans un souci hypothétique de confidentialité, tout le monde semble au courant probablement parce qu’elle tape parfois dans le personnel quand elle n’a rien de bien propre sous la main. Ceci étant une énième anecdote, dont les détails sordides impliquant du sexe avec multiples partenaires, du cuir et des boules de pétanque n’intéressent probablement personne. Je suis passé vite fait pour immortaliser ses ébats avec deux hommes. Je m’y suis reprise à trois fois pour être certaine d’avoir au moins un bon cliché. En tout cas, laisser sa porte entrouverte n’est pas l’idée que je me fais de la discrétion.

J’arrive donc en face de l’imposante porte marquant l’entrée du repère de ma proie. Je regarde et je vois que je n’ai aucune chance de passer. J’ai bien dû passer quinze minutes à regarder la serrure sous toutes ses coutures sans en comprendre le mécanisme. C’est une voie sans issue. Il va falloir que je revienne un autre jour avec ce gros lourdaud que je ne vais certainement pas pouvoir trimballer discrètement parce qu’il est aussi large et haut que la porte devant laquelle je me fais monumentalement chier. Merde.

Je ne sais pas ce qui m’arrive, mais je tente d’ouvrir la porte dans un élan de désespoir et là, il s’avère qu’elle n’est pas du tout verrouillée. C’est quand même bien étrange, voire trop facile. Je me suis même demandé si ce n’est pas la mauvaise porte ou un piège. Comme, c’est déjà grand ouvert, je me suis dit que de toute manière c’est trop tard. Si j’ai déclenché un quelconque mécanisme occulte, je n’ai d’autre choix que de finir ce que j’ai à faire et de partir au plus vite. J’examine donc l’endroit dont j’ai entendu parler tantôt et je trouve tout aussi simplement les documents que je cherche. Pas une serrure, pas une difficulté. Moi qui ai planifié une recherche longue et fastidieuse, je me suis retrouvée bien perplexe avec un dossier hautement important et pourtant si facile à trouver. Je ne sais même pas quoi en penser.
Finalement, je suis allée à la chambre du mari qui fait chambre à part avec sa femme. Après un moment de fouilles, j’ai trouvé le Graal. Son mignon doudou. Il sent tellement bon et il est tellement doux que je comprends sa passion pour cet objet. J'ai tout de même eu un léger pincement en le fendant en deux, c'est dire. L’espace d’une seconde.

Finalement, je me suis mise dans le jardin pour l’y attendre. Il est arrivé deux heures avant le crépuscule. Je l’ai vu s’installer de loin, de très loin même. Il ne faut surtout pas qu’il m’attrape parce que je n’ai rien à faire chez lui déjà et que je me suis déjà pas mal mouillée avec ces fichiers en ma possession. Bon, il a mis sa tenue, cela ne l’a pas mis en valeur, mais je n’y vois pas de mal. Il le fait pour lui dans son coin. J’ai tout de même pris quelques photographies histoire de ne pas vexer Équerre et je suis repartie vers mon appartement afin de tenir prêtes les missives porteuses de chaos.

Voilà, tout est prêt, il ne me reste plus qu’à parachever mon œuvre demain en m’en prenant le bateau. Après, il ne me restera plus qu’à le tuer.



*Ah, merci maman, vraiment, merci. Sans toi, je pourrais espérer survivre à la journée de demain.*


Dernière édition par Pénélope Solète le Dim 8 Mai 2016 - 16:47, édité 1 fois
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Je suis allongée depuis bientôt deux heures et je ne trouve pas le sommeil pour autant. C’est tout de même un peu con que ça m’arrive ce soir en particulier. J’ai eu deux semaines à vide où j’aurais pu avoir des insomnies à volonté sans que cela me gêne. Et là, la veille d’une journée d’une importance primordiale, je me retrouve à compter les moutons. Au trentième ovidé, je me suis sentie au bord de la crise de nerfs. Quelle idée stupide que de se les imaginer ! J’n’ai que ça à foutre, moi. Alors, je me suis mise à me remémorer la suite de mon plan, livrer les documents, saborder le navire et finalement le tuer. Facile, non ? Tellement pas, surtout la dernière partie. Aucun droit à l’échec cependant, eh oui, sinon, il y aurait des questions.

Il faut que je dorme, merde. Je suis allongée depuis déjà trois heures et ça n’arrive toujours pas. Demain, je vais avoir les yeux au milieu de la figure et ça ne me rendra pas service. Quand je pense que je dois tuer un contre-amiral. Mère espère-t-elle que je réussisse ? Elle est barge, complètement.

Bon, je me demande comment j’en suis arrivée à rédiger cet article à la lumière d’une bougie. Je crois que je perds la tête. En tout cas, ça m’a permis de me fatiguer et je peux enfin m’assoupir.
Quelle heure est-il ? Suis-je en retard ? Ai-je les chaussures adéquates à cette tenue ? Mangé-je cette confiture à l’aspect franchement douteux ou n’en mangé-je pas ?

Je sors tout de même de ma piaule en arrêtant le cortège interminable des questions que je me pose chaque matin dans l’agitation habituelle lorsque je me lève un peu en retard. Parce que comme j’ai veillé, j’ai dû me jeter littéralement hors du lit pour ne pas foirer ce en quoi j’ai investi toutes mes forces depuis tant de temps.

Heureusement que j’arrive à temps à l’imposant bâtiment où travaille Timett en attendant sa nouvelle affectation. Il faut dire que c’est franchement bien foutu. Ce n’est pas le poste de la marine du fin fond du trou de balle du monde. C’est beau, c’est classe et à l’accueil y a même une pétasse. Un effort d’architecture notable dans un style tout à fait réglementaire. Comme quoi, à Marie-Joie, le pognon ne manque pas. Pour détourner l’attention de l'hôtesse d'accueil, j’appelle sur mon escargophone en le bâillonnant. Cruauté animale ? Vraiment ? Je ne suis pas du tout sensible à ce genre d’arguments. En attendant, je réussis à placer les enveloppes dans le desk de la demoiselle qui continue de patienter en ligne en enroulant inlassablement son chewing-gum autour de son index. Vais-je parler de son physique ? Pourquoi pas : blondasse insipide totalement décolletée. Cliché remâché à souhait, mais toujours vendeur.

Je m’éclipse avant de me faire remarquer. De loin, je vois la poufiasse tendre les colis à un jeune brun plutôt pas mal. J’en sais assez pour m’installer un peu plus loin en attendant l’arrivée de ma cible. Les hauts officiers arrivent tard, outrancièrement tard. Ils investissent le bâtiment avec pompe comme si la pierraille allait se sentir honorée de leur présence divine. Chacun entre en bombant tant le torse que ça leur fait un cul ridicule. Je parle, je parle, mais je ne vois pas encore ma cible. Ah, enfin, la voilà. Je commençais à m’inquiéter. Il a l’air vraiment mal, le mec. Ses yeux cernés et sa mine renfrognée lui donnent encore plus une gueule de chiotte que d’habitude. Il entre et chaque personne qu’il rencontre le mate gravement de loin. Le message est passé.

Voilà, c’est le moment pour moi d’aller visiter son bateau. Le « Devil Widow » est un navire de guerre à trois mats et à la coque renforcée avec de l’acier. Il serait impossible à distinguer de la masse des bâtiments du même acabit en ce lieu si ce n’était sa figure de proue : une jeune femme diablement sexy. En voilà du charme. Rien à voir avec les pétasses sans intérêt qui pullulent. Enfin, il fait jour, je ne peux rien faire de bien concret. En tout cas, j’ai repéré son emplacement. Il est temps de revenir le surveiller.

Il ne mange pas un seul morceau. On sent qu’il est au bord de l’explosion. Il jette des regards haineux autour de lui. Je me demande même s’il m’a repérée. Non, c’est impossible, je suis simplement une cliente quelconque qui engloutit son steak tartare à quelques tables de lui. Il n’a aucune raison de se méfier de moi particulièrement. En même temps, quand on prend en filature un homme réputé aussi puissant, il faut savoir se méfier de son ombre. C’est un peu perturbant de savoir que cet homme s’écroule mentalement à cause de vous. C’est une forme de meurtre que je n’ai jamais expérimentée, elle est un peu plus cruelle que les autres visiblement. Torturer quelqu’un sans lui donner l’occasion de se protéger avec une haine de son bourreau est un acte vicieux.

Une fois que je me suis assurée qu’il ait rejoint son bureau, je suis allée voir l’embarcation à l’embarcadère. Il y a déjà moins de monde que tout à l’heure, cependant ça fait trop pour une mission discrète.

Merde, je n’ai pas du tout prévu le coup, il faut que je l’abime avant que l’autre con ne sorte du boulot et ça ne devrait pas tarder. Créer une diversion pour la trentaine de gaillards sur le bord et profiter de la courte fenêtre d’action pour frapper efficacement n’allaient pas être facile. Des filles, il me faut des filles pour qu’ils ne me voient plus. Marie-Joie a beau être un endroit prestigieux, il n’en reste pas moins que c’est une ville où les marins sont nombreux. Il doit certainement y avoir un truc ou deux du côté du port.
Bingo, elles ne sont pas toutes très fraîches, mais ça fera l’affaire. Après une courte tractation, les voilà lancées à l’assaut de la virilité des hommes sur le pont. Elles les appellent, elles dévoilent leurs charmes sans retenue, mais ils ne les regardent pas.

Quoi ? Mais qu’est-ce qu’ils foutent ces glands ? Elles m’ont coûté vingt mille Berrys ces connasses ! Bougez-vous le fion et allez les mater au moins. Non, rien, imperturbables, ils continuent à bosser. Jusqu’à ce qu’il arrive un évènement que je n’aurais pas pu prévoir. Les putes se sont vexées et ont commencé à taper elles-mêmes sur le bateau. Rien de bien méchant, toutefois, ça a alerté toute l’équipe. Pendant qu’ils étaient en train de mettre sur la gueule des prostitués, j’ai pu en profiter pour péter le nez de la figure de proue et lui écraser un sein. Je n’ai pas pu faire plus parce que les péripatéticiennes n’ont pas fait long feu contre les membres de la marine.

Tout est prêt, il faut maintenant attendre la nuit pour espérer obtenir un effet de surprise. Vu la tournure des évènements, je n’ai aucune chance de mieux le perturber pour annihiler son pouvoir. Il faut impérativement profiter de son état de concentration pour frapper fort et boucler le tout sans qu’il ait le temps de réagir. Autrement, je suis foutue.


Dernière édition par Pénélope Solète le Dim 8 Mai 2016 - 16:47, édité 1 fois
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Il fait enfin nuit. Je dis enfin comme si j’étais impatiente que cela arrive. En fait, j’ai peur. Tout mon plan s’est à peu près bien passé, cependant rien n’est fait. On arrive au moment fatidique, ce moment où la mort est si proche que l’on sent son haleine fétide. Macabre ? Oui. Y a-t-il plus morbide que d’approcher un contre-amiral en douce sous le couvert des ténèbres avec pour unique espérance de le tuer un plan purement hypothétique ?

Je cours à ma perte, j’en ai bien peur. Eh oui, j’ai peur et j’assume. Ce n’est tout de même pas Joe le clodo le mec d’en face. Il doit en être à son millième pirate tué et dans ce nombre, on doit bien pouvoir compter une vingtaine qui me surclasse. J’ai presque envie de ne pas le faire. Mais je sais que si je n’y vais pas, Mère va m’y renvoyer de force et je n’aurais jamais meilleure chance que celle-ci.

Allez, je me lance quand même, il vient à peine de découvrir les dégâts sur sa figure de proue. Sa peine doit être à son paroxysme. Il rentre penaud chez lui. Son dos est voûté et sa démarche est lente. J’ai presque pitié pour lui, presque, et ce parce que j’en ai plus pour moi à cet instant. Il me faut tout de même cinq bonnes minutes pour rassembler mon courage et me forcer à calmer les battements de mon cœur. Une seule tentative, il ne faut pas la rater.


« Soru »

Je suis déjà à sa portée. Mon équerre affûtée depuis ce matin plonge vers sa trachée. Mes yeux rencontrent les siens et je remarque les cernes qu’ils portent autour de ses mirettes au regard dur et implacable. Il est déjà trop tard pour réagir, même si je vois son avant-bras en opposition, il est trop bas situé. Soudain, mon arme ripe sur une surface rose-fluo. Elle forme une sorte de bouclier apparu comme par enchantement. Je perds un peu l’équilibre, mais je me remets en position pour attaquer à nouveau sauf que je me reçois l’apparition en plein dans la gueule. C’est moins solide que l’acier, mais plus solide que mon nez qui se met à saigner en nappe. Je tremble un peu des guibolles alors que le goût métallique vient chatouiller mes papilles et il en profite pour porter sa main à son flanc gauche. Il fait mine de dégainer une arme qu’il ne porte visiblement pas. Je me jette à nouveau sur lui dans l’espoir de finir le combat avant que je ne me prenne un autre mauvais coup. Je saute et je percute son bouclier avec mon genou, cela lui fait faire un pas en arrière avant qu’il sorte du néant une épée de la même couleur que son bouclier, elle fend l’air et vient à une vitesse fulgurante se loger dans mon épaule gauche.

Écrasée par la douleur, je me maintiens avec peine sur mes guitares pendant que l’autre gars s’approche de moi. Il a l’air d’un zombie qui essaye d’apprendre à sourire, le résultat est flippant. En attendant, de mon côté gauche le sang s’écoule le long de mon bras inerte. La souffrance est telle que je vois des lucioles devant mes yeux. Je me contiens pour ne pas hurler.


« Shigan »

Ma main se cogne violemment contre son bouclier ébranlant tout mon squelette et ravivant la peine de mes deux plaies. Il me met un coup de boule qui brise mon Tekkaï et je me retrouve au sol. Et là, la fatigue se fait sentir : celle d’un combat déjà perdu, celle d’une nuit bien trop courte et celle qui vient avec le degré de douleur que je subis. Je le vois s’approcher de moi pendant que je recule en m’appuyant sur mon coude droit et mes pieds. Il pose son genou sur mon épaule en feu et là, le supplice est tel qu’un cri déchirant se fait entendre. Je commence à m’évanouir et à m’étouffer avec le mélange de ma salive et de mon sang. Je tousse et je m’agite pour me libérer. Sa prise ne s’en fait que plus puissante. Mais je ne veux pas abandonner, baisser les bras c’est déjà une mort et je ne suis pas prête à y laisser la vie, contre-amiral ou pas. Je rassemble un peu mes esprits et tente de faire passer la douleur en second plan, il me faut un truc, ne serait-ce que pour fuir.

Là, le gars se lève sans raison apparente et s’affaisse une seconde plus tard. J’ai vu une dague traverser son bouclier et se loger dans son cœur. Je me penche sur lui et constate que son cœur ne bat plus. Il gît sans vie et quand je déloge le projectile, je constate que sa pointe est en granit marin. Depuis tout ce temps, je me fais surveiller, depuis tout ce temps, quelqu’un a préparé un coup pour le tuer. Mais si c’était aussi simple, pourquoi avoir besoin de moi ?

Je vois une silhouette s’approcher. Elle crie, elle alerte les gens autour. Un témoin oculaire, mes empreintes partout et mon sang sur le sol, voilà ce que voulaient ceux qui m’ont piégée. Une tête de Turc.

Il me faut beaucoup de courage pour me tirer au trot du lieu du crime. Parce que mes jambes sont lourdes, parce que ma tête me fait mal en sus du reste. Je me sens nauséeuse et éreintée. La peur suspend mes impressions, reléguant la souffrance, l’épuisement et l'hémorragie au second plan. Je parcours les rues sombres de Marie-Joie à la manière d’une alcoolique sortant d’une bonne cuite. D’un coup, je vomis sur le sol et puis, plus rien.
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